Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1844-12-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1844 13 décembre 1844
Description : 1844/12/13 (Numéro 348). 1844/12/13 (Numéro 348).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
LE CONSTITUTIONNEL, VENDREDI 13 DÉCEMBRE 18£K
r» Dans la même partie de la division d'Alger, Si-Amar, frère de l'un
4e* chefs hostiles, Bel-Kasem, et qui a récemment demandé - l'aman, a
également entrepris la recon8lruction.de la Zapuia désespères (petite
mosquée servant d'école), prés de l'Oued-Boudouaqtii ? T
» Les Arabes ont d'ailleurs commencé partout lenr? cultures, qui pren
dront cette année un accroissement considérable! j - i ,, ,
» Le commerce du littoral avec lf> Sjhar# algérien s'étaËlit sur dès basés
régulières. Alger a reçu récemment une caravane de Tongourt, qui est
impartie aptes avoir fait de nombrëtax achats. Il y a lien d'espérer que ce,
pTçmier exemple sera d'un bon effet, et que, d'ici & pen de tenips, tous }es,
K)arch«odf'dadésert viendront s'approvisionner dans les ville/européen •'
ngâdefedM. »
Dans une lettre écrite deTaïti au Times, au milieu des accusations les
plus extravagantes portées contre les Français, et que nous, croyons
tout-à-fait inutile de rapporter, nous trouvons les passages suivans :
««. Les missionnaires sont devenus tout-à-fait inutiles ici, puisqu'il n'y
a pins de naturels devant qui ils puissent prêcher.. Le. gouverneur a mis
en liberté, il y a peu de temps, quelques prisonniers,' et il l'a fait très-pu
bliquement, car on avait fait construire une sorte de théâtre pour cela.
Cette libération est due à l'intercession des prêtres catholiques romains,
tandis que. le propre missionnaire des prisonniers avait en vain inter
cédé pour eux.
„» Notre pauvre amie la reine est toujours avec nons; elle désire tou
jours vivement être mise sur le même pied que le roi des lies Sandwich.
Vous verrez le compte-rendu de la soumission de quelques chefs qni se
raient venus auprès du gouverneur Bruat reconnaître Louis-Philippe. Ils
«mit déclaré depuis qu'ils avaient agi par intimidation. Pomaré a reçu
d'Eimeo .une lettre. On lui dit que l'Ile entière lui est encore dévouée, à
l'exception de trois chefs gagnés par les Français. Le dernier message ex
pédié du camp taïtien disait qu'ils sont décidés à combattre jusqu'à ce
qti'il ne reste plus que deux hommes. » '
*. :
On a reçu des nouvelles de Lisbonne du 3 décembre. Un membre de
la chambre des pairs, M. Geraldas, s'est démis de sa dignité, à raison
du dernier vote de la chambre qui a approuvé les mesurés dictatoriales
prises par le gouvernement.
■' LE DOCTEUR WOLFF A BOCKHARA.
On a parlé souvent, et même au sein du parlement anglais, du
malheureux sort du colonel Stoddart et du capitaine Conolly, re
tenus prisonniers d'abord et mis k mort ensuite par le khan de
Bockhara. Long-temps on a voulu douter de la mort de ces deux
agensplus ou moins avoués du gouvernement anglais, et ce gui
ayaitcontribué à entretenir les doutes, c'est que les ministres, in
terrogés à la tribune, n'avaient jamais fait que des réponses évar-
sives. ■■
.Enfin, le docteur Wolff résolut d'aller à leur recherche; déjà
connu par des voyages qu'il avait faits dans l'Orient, où il avait
pu prêcher sans danger l'Evangile aux infidèles, par l'excellente
raison qu'ils ne comprenaient rien ou fort peu de chose à ses pré
dications faites dans un persan ou dans un arabe assez douteux,
ce,, docteur, qui avait été bien accueilli, à raison de son bon carac
tère, d'un esprit ingénieur, qui sait se tirer des circonstances les
plus difficiles, obtint des lettres de recommandation du gouverne
ment anglais; il en obtint aussi du souverain de la Turquie et
d'autres chefs des pays voisins. Ce ne fut pas sans difficulté qu'il
parvint jusqu'à Bocknara. Il y arriva cependant, et voici la cu-
riçusp relation que donne la Gazette de Dekli du 9 octobre, de sa
missionet du résultat. C'est le récit, fait par un nommé Ibrahim
qui avait accompagné le capitaine Conolly à Bockhara, et qui est
arrivé à Peshawer ; nous lui avons conservé son originalité :
Y Le doçteur Wolff présenta les lettres au roi de Bokhara, et lui de-
Biap^a pourquoi il avait mis àmort les vakils (envoyés) du roi de l'in-
glistàu, sans motif. Le roj de Bokhara répondit qu'il n'a jamais mis à
mort aucun vakil appartenant au roi de l'Inglistân. Aucun dés Ferin
ghis (Européens), qui ont été mis àmort, n'a eu un papier quelconque
oû,un sannad (diplôme) de leur roi, prouvant cju'il était vakil. Il y a trois
ans.un Feringhinommé Stoddart Saheb vint à Bokhara , s'efforçant de
cacher sa qualité de Feiingbi. « Plus tard moi, le roi, j'en ai été ins
truit. Je .l'ai envoyé chercher, et je lui ai demandé qui il 'était e t pour
quoi il était venu a Bokhara ? Stoddart Saheb me répondit qu'il était un
voyageur désirant visiter le pays, etne cacha pas qu'il était un Feringhi.
Moi, Je roi, j'ai ordonnéimmédiatementqu'ilfûtmisen prison. Cependant
leseinyi de ina courriie représentèrentqu'ilétaitdangereuxderetenir un
homme "pareil dans le pays, àmoins qu'il ne consentit à devenir musul
man. Je lui dis donc que s'il voulait se convertir à lasaintefoimusuliiiane,
Userait libre de viyreou il voudrait, àBokhara, où sans douté il se ferait
beaucoup d'amis, au nombre desquels je voulais être. Stoddart Saheb,
accepta ia proposition. Quelque temps après , arriva à Bokhara un au-
moiixlorbaf (c&jr) et prit ensuite son . logenjent „
idartJSahebi. Âlonpls se ponfônis tous les dçux à correspondre; avec les
émirs de Farang 'sur les affaires de Bokhara ; en môme temps Stoddart
Saheb abandonna la religion mahométanë et redevint chrétien. Aussitôt
je,réunis les ulémas etjles moulvies de mon pays et je leur soumis la
question suivante": En supposant qu'une pèrsbnne ait été convertie de 1
la religion kaffir (infidèle) à la religion manométane et que plus tard elle'
eût renoncé à la foi de l'Islam pour re tourner à sa croyance, quelle peine
aurait-elle méritée? Les ulémas répondirent que, conformément au ché-
rou chérif (loi du prophète) elle méritait la mort. ' ;
: » Cependant, je retins encore Stoddart Saheb en prison pendant quel-
'que temps,' pensant qu'il pouvait être un vakil (envoyé) du roi d'Angle
terre, et j'ai fait faire des recherches pour m'en convaincre. Mais ces
.recherches étant restées sans résultat j'ai été enfin obligé; de donner
l'ordre de le mettre à mort. Quant à Konolly Saheb, comme' il ne vou
lut pas se faire musulman j'ai ordonné qu'il fût également mis à mort.
» Après ce récit, Wolff Saheb demanda qu'on lui délivrât les os des
deux Feringhis qui avaient été exécutés, déclarant d'ailleurs qu'il les
distinguerait des os d'autres morts. Le roi de Bokhara ordonna aux
djallads (exécuteurs des hautes œuvres) qui avaient exécuté la sentence,
de délivrer les os des deux Feringhis au docteur. Les djallads apportè
rent à deux ou trois reprises des os d'autres hommes, mais le docteur
reconnut que cen'étaient pas les ossemens véritables. A la quatrième fois
les djallads apportèrent les os des deux Feringhis ; le docteur les prit et
les déposa dans une boîte.
» Le docteur Wolff va chez le roi très souvent, il a fait entendre qu'il
resterait toute l'année, comme jouissant de la protection des deux souve
rains puissans de Iloum et d'Irân. Il dit qu'il veut prouver avant de
partir que les deux Feringhis étaient des vakils du roi d'Angleterre et
qu'ils ont été inscrits comme tels dans les listes officielles. »
On a su depuis que le docteur "Wolff avait obtenu difficilement
de quitter Bockhara. On apprendra sans douté bientôt son retour
en Europe par la Perse et la Turquie.
Intérieur»
PARIS, 12 DÉCEMBRE.
M. le duc et Mme la duchesse d'Aumale sont arrivés à Lyon le 9, à
quatre heures de l'après-midi. LL. AA. RR. sont descendues à la Pré
fecture. Les réceptions ont eu lieu le lendemain matin. Le soir, il de
vait y avoir bal au Grand-Théâtre, et LL. AA. RR., qui ont dû quitter.
Lyon hier seulement, sont attendues demain à Paris. Leduc de Nemours
et le duc de Montpensier sont partis aujourd'hui des Tuileries pour aller
au-devant d'elles jusqu'à Fontainebleau. *
M. le prince de Joinville a devancé à Paris M. le duc et Mme la du
chesse d'Aumale. Il est arrivé ce matin en calèche à quatre chevaux aux
Tuileries.
— Les examens de l'Ecole Polytechnique suivent leur cours sans in
cident. On espère que tous les élèves seront successivement rappelés.
— Nous apprenons, dit un journal, que M. Auguste Blanqui vient
d'être amnistié.
—La seule nouvelle importante,que donne aujourd'hui la presse belge
est celle d'un triomphe électoral; remporté par le parti libéral à Turn-
hout, pays où la domination cléricale paraissait bien difficile à ébranler.
— Nous lisons dans le Pilote du Calvados :
« Nos éleveurs n'apprendront pas sans satisfaction que les remontes
font pour 4845 une demande de 2,217 chevaux ; c'est un des chiffres les
plus élevés qu'aient jamais atteint ces commandes. »
— L'hiver n'est pas précoce en,,France seulement. A Turin, l'on a dé-
ik éprouvé des froids bien plus vifs qu'à Paris. Dans la nuit du 6 au 7,
le thermomètre est desçenauà 49 degrés centigrades, au-dessous de
zéro. C'est là un fait exceptionnel et digne de remarque. Des lettres
particulières de Turin dit que des sentinelles ont été trouvées mortes de
froid.
A Nantes, la Loire est arrêtée. Le Rhin est également pris par les
glaces. '
—La compagnie d'assurance mutuelle contre l'incendie pour les mai
sons situées à Paris, et dont le siège est établi rue de Richelieu, n. 89,
vient de faire son versement annuel à la caisse des hospices, de la som
me de neuf mille francs, à titre de don, pour distribuer des combustibles
aux indigens dé Paris. Ces neuf mille francs ont été immédiatement répartis
par le conseil général des hospices, entre les douze bureaux de bienfai
sance, et seront employés en'achats de cotrets, dont la distribution sera
faite aux pauvres dans lecourantdu présént mois de décembre, par MM.
les administrateurs de bienfaisance, au nom de la compagnie jd'assurance
mptuelle .v r . v - i - s. .. .v., »'■
/ i— Hier, à minuit, le thermomètre centigrade de l'ingénieur Chevallier
parquait 6 degrés au-dessous de zéro ; aujourd'hui, à six heures du ma-
lip, 5 degrés 8/ÎO" ; à ^idijjb degrés: " . *
— Voici une maison malheureuse : v
Rue de Lancry, à onze heures envirtm le fea prit aux vêtemens tf'une
i© de trente ans. En appelant au tefoVs, elle courut, enveloppée
par les flammes , se jeter chez une de ses voisines, qui entr'ouvrit sa
porte. Celle-ci tomba aussitôt, frappée d'épouvante, dans l'escalier; Heui-
reusement un commissionnaire habitant le même/carré, et plusieurs jeu
nes gens de l'étage inférieur, arrivèrent et parvinrent à éteindre le feu
qui dévorait cette malheureuse femme , et s'étendait déjà avec une ef
frayante rapidité. La victime fut immédiatement transportée à l'hospice
Saint-Louis. Le médecin qui l'a visitée a laissé peu d'espoir de la sauver.
Huit jours avant, deux voleurs en manteaux s'introduisaientà l'aide de
monseigneurs, dans deux chambres du même étage de cette maison , et
emportaient, en effets et argenterie, pour 200 fr. environ. Le concierge
lui-même est victime de ce vol.
Une scène affreuse se passait, il y a trois mois , toujours au même
étage. Un jeune homme de vingt-sept ans se suicidait en se portant sept
coups de rasoir, dont il mourut, après vingt-quatre heures d'atroces
souffrances.
—On écrit de Quimper que, mercredi dernier, MmeB..., femme d'un
employé des ponts-et-chaussées, voulant s'assurer si le fusil de son mari
était chargé, a fait partir l'un des coups, et a blessé à la jambe sa jeune
servante à peine âgée de quinze ans. Celle-ci a été transportée à l'hospi
ce, où l'on craint d'être forcé de lui faire l'amputation. »
— Les loups dela forêtdu Pertre, poussés par le froid, se jettent sur,
les communes environnantes. Il y a trois jours un fermier de là com
mune de Champeaux a vu tout à coup un énorme loup entrer dans la-
cour de sa ferme et y dérober une brebis, au milieu au troupeau. Une
battue serait utile. 1
— Le curé de M celui-là {B-écisément qui s'astprévalu d'une en
flure pour refuser la bannière blanche au 4 cortège funèbre d'une jeune
fille, se trouvait sur la porte de son église, quand vinrent à passer deux,
sœurs déjà grandes et qui portaient des outils à repasser chez le maré-*
chai de l'endroit. Le curé les appelle , met benoitement la main sur
les ustensiles et déclare aux jeunes filles qu'il ne les leur rendra que si
elles viennent se confesser. — Cela dit, il entre dans le confessionnal,
conservant en gage les objets qu'il venait de prendre. Craignant le cuTé,
redoutant la colère de leur père si elles tardaient à rentrer, ousi elles ne
rapportaient pas les outils, les deux sœurs se décidèrent à se mettre
chacune dans l'un des compartimens du confessionnal. Pendant que le-
curé, enchanté de ce stratagème, confessait à droite et à gauche, le père,
averti, intervint, réclamant ses filles et ses outils, qu'il obtint non sans
difficulté. (Propagateur de l'Aube )
— La cour royale de Paris a désigné cette année, comme l'année der
nière, les Petites-Affiches et les Affiches-Parisiennes pour l'insertion des
annonces judiciaires, ......
— Une explosion de gaz assez violente a mis en désordre ce matin la
boutique n° 10, sur le Pont-Neuf, occupée par un marchand de tabac li-
quoriste. On travaille en ce moment à réparer le dégât, qui est assez
considérable. Tontes les vitres ont été brisées; ainsi que tous les bocaux
contenant les liqueurs.
— M. Léon Pillet nous adresse une lettre qui a pour but de rectifier,
dit-il, certaines allégations contenues dans notrearticlesur Marie Stuart.
L'auteur de cet article, s'appuyant sur des renseignemens donnés depuis
quelques jours par le Siècle et par plusieurs autres journaux, et que M.
Pillet n'a pas démentis, a fait allusion à un Mémoire adressé à l'autorité
Supérieure par l'administration de l'Opéra, et il a dit, sous la forme d'une
plaisanterie , bonne ou mauvaise , que cet écrit pourrait s'intituler :
Grandeur et décadence de l'Opéra. M. Léon Pillet nous déclare que tel
n'est point le titre de son Mémoire; qu'il n'y parle nullement de déca
dence, et qu'il y énumère seulement les nouvelles difficultés contre les
quelles il a à lutter. M. Léon Pillet ajoute que , depuis quatre ans , les
recettes de l'Opéra ont été annuellement aussi élevées que les plus fortes
recettes annuelles depuis 4830 , et que, sous le rapport de 1 exécution
musicale, l'Opéra est aujourd'hui à la tête de tous les théâtres lyriques
de l'Europe. Telles sont les principales assertions contenues dans la let
tre de M. Léon Pillet et qui peuvent se rattacher à notre article sur
Marie Stuart. Nous nous faisons un plaisir de les reproduire.
Messieurs les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 15, sont priés de le renouveler* s 'ils ne
veulent, pas éprouver de vetard dans l'envoi du
Journal.
Cet avis ne concerne pas les abonnés servis directement par les
avez droit d'être vaine, qui achèvent"de nous séparer..." Me préserve le
ciel de l'apparence d'un calcul intéressé!..
-4 Que dites-vous? interrompit-elle avec le même accent incrédule et
sourdement irrité ; votre susceptibilité s'alarme, votre fierté se révolte à
l'idée qu'on pourrait vous soupçonner de faire en m'épousant un ma
riage aargent! Mais ctais-je moins riche, il y a quelques mois, lorsque
vous acceptiez sans scrupule le partage de cette fortune ?...
— Alors je n'étais pas éclairé comme aujourd'hui sur ma véritable si
tuation, répondit le jeune homme avec effort ; alors je pouvais, sans m'a-
vilir à mes propres yeux, accepter une communauté d'intérêts où nous
apportions, vous une fortune presque royale, moi un "médiocre patri
moine et des espérances incertaines...
— Ainsi votre résolution n'a point d'autre motif que ces scrupules ?
— Point d'autre que le soin de mon honneur.
— Et c'est à ces susceptibilités que vous me sacrifiez ! s'écria la jeune
dame ayec uife violence ironique , qui tourna bientôt à la tendresse et
aux larmes; oui, vous êtes fier... vous avez l'ame grande!.. Plutôt
que d'accepter la fortune d'nne femme, vous repoussez sa main, vous
dédaignez son amour... C'est désintéressé! c'est noble! c'est beau, cela!
— Êt après un silence, elle ajouta avec un accent indicible de reproche,
de ressentiment et de passion : — Dans l'égoïsme affreux de votre or
gueil, voué avez compté pour rien mes souffrances... vous n'avez pas
calculé cè que me coûterait, à moi, ce que vous appelez le soin de votre
honneur... vous n'avez pas songé que je le payais de tout le bonheur de
ma vie!..
—- Epargnez-moi ces reproches!... Ne me forcez pas d'y répondre,
miss Diana! interrompit le jeune homme d'un ton qui décelait à la fois
une profonde douleur et une sourde irritation. Puis s'apaisant tout-à-
coup, il reprit avec une calme tristesse :
—J'en ai l'espérance, l'intime conviction, Diana : cette blessure de
votre cœur, dé votre orgueil, ne vous fora pas long-temps souffrir...Rien
n'est perdu à jamais, ni votre repos, ni votre bonheur.:. Vous avez vingt
ans,^* vous êtes belle... votre existence est environnée dé toutes les
splendeurs, de toutes les joies... Le monde, où vous tenez une place si
haute, si enviée; le monde, où vous êtes entourée de tant d'hommages,
vous distraira d'abord ; puis un autre amour vous consolera. . . Vous
m'oublierez... tout s'oublie...
— Ah! plût au ciel qu'il fût vrai, ce mot cruel!... Je pourrais vivre
alors!... s'écria la jeune dame avec un accentqui fit tressaillir Félicie, et
qui toucha sans doute celui à qui ces paroles s'adressaient, car il mur
mura d'une > voix brisée :
— Au prix de mon sang, je voudrais effacer de votre vie et de la
mienne le jour funeste où nous nous sommes vus pour la première fois !
celui plus fatal encore où nous avons échangé de mutuelles promesses...
Apparemment l'amante délaissée crutvoir dans ces paroles l'expression
d'un regret ; il lui sembla peut-être que ce cœur, qui voulait s'éloigner
d'elle, chancelait dans sa résolution, car elle s'écria avec un retour d'es
poir soudain: ,
— Lucien! vous n'avez pas oublié ces promesses que vous reniez!...
Ah! nous rie somiiies pas tout-à-fait séparés encore.'... Votre cœur hé
site; ;. vous/craignez également de rompre nos liens ou de les renouer...
Eh bien! ajournons nos'résolutions et laissons-nous aller où la destinée
nous conduira... Nous nous verrons chaque jour comme autrefois...,
Mon Dieu!... Je ne serai pas exigeante... je ne vous demanderai point
compte de vos hésitations, de vos caprices... je ne m'indignerai point de
votre indifférence... Je mécontenterai de ces relations froidement ami
cales... Quedis-je! j'en serai heureuse, car, je le sens maintenant, de
vous je peux tout souffrir avec abnégation, avec joie... Je peux tout
supporter, hormis votre absence..'. Lucien, c'est convenu, vous viendrez
demain...
— Demain, je serai parti, répondit-il d'une voix altérée, mais ferme.
A ce mot sans appel, Mme de Clavière» sentit un frisson courir dans
ses veines; par un mouvement machinal elle se pencha vers le tableau
en retenant sa respiration. Son visage touchait presque la toile, qui seule
la séparait des acteurs de ce drame invisible, et il lui semblait qu'un
arôme, le parfum violent d'un flacon que miss Diana tenait sans doute
dans sa main, arrivait jusqu'à elle. Pendant un moment elle n'entendit
plus rien, et ce silence, cette immobilité l'effrayèrent plus que des
cris et des sanglots. Eijfm le jeune homme reprit d'un ton grave et pé
nétré :
— Ne nous séparons point avec d'amères paroles, Diana, laissez-moi
du moins vous.quitter comme-un -.aHM .-Un jour,-quand vous serez con
solée et que vous pourrez jeter un* regard calme et désintéressé sur le
passé,, vous vous souviendrez de mèi sans colère... Alors il vous sera
doux peut-être de vous rappeler nos adieux, de vous dire qu'ils furent
douloureux; mais dignes... ?
— Vous partez demain ! murmura la jeune dame comme si de tout ce
qu'elle venait d'entendre elle n'eut retenu que ce seul mot : Ah ! c'était
décidé !... et votre absence durera long-temps?...
— Oui, long-temps, je crois, répondit le jeune homme toujours du
même ton triste et résolu. .
— Ainsi, reprit la jeune dame avec une violence contenue, mais qui
bientôt déborda,' ainsi vous partez le cœur léger, l'esprit distrait et con
tent, l'ame tranquille... et moi je reste livrée à des tourmens que non
seulement vous ne plaignez pas, mais qu'il ne vous est pas même donné
de comprendre... vous avez creusé autour de moi un abîme où ma rai
son doit sombrer avec mon bonheur déjà englouti... Je mesure avec
terreur ce gouffre au bord duquel je chancelle.... Il n'y a qu'un instant
le vertige de la folie a ébranlé mon cerveau... j'ai senti ma raison s'éga
rer... Oui, tandis que vous parliez il me' semblait qu'un froid mortel"
me pénétrait intérieurement et glaçait mon cœur qui cessait de bat
tre... Ma force, ma volonté, ma douleur, mon amour, tout périssait en
moi... et dans cet anéantissement passager de tout mon être, j'ai com
pris le bonheur de mourir! Voilà pourtant ce que vous avez fait de moi,
Lucien ! Oh ! si avant le terme de cette agonie à laquelle je succom
berai, je cessais un seul moment de vous aimer comme mon amant, je
vous haïrais comme mon bourreau!...
Le jeune homme fit un mouvement ; Mme de Clavières comprit qu'il
s'était levé; et bientôt elle l'entendit dire d'une voixagitéô, sourdement
menaçante : — Séparons-nous, miss Diana... pour vous, pour moi, il
en est temps:... nous ne prolongerions pas cet entretien sans nous faire
de mortelles blessures:.. . -
— Ëh ! que puis-je craindre, à présent? répondit-elle, quel coup plus
mortel pouvez-vous me porter? Dites! où me frapperez-vous? — et
comme il gardait un sombre silence, elle reprit d'une voix tour à tour
furieuse et suppliante Insensé! vous avez cru ne me retirer que votre
cœur, et c'est ma vie que vous avez prise... Hélas ! je vous parle avec
des larmes, des transports de douleur qui fléchiraient la haine la plus
cruelle, et je ne puis obtenir de votre indifférence un motde sympathie,
un regard de pitié!... Mais vous ne comprenez donc pas que vous me tuez !...
Si je ne succombais pas à ces tortures, que serait ma vie désormais?
un affreux néant , quelque chose de monstrueux, qui ne serait ni l'exis
tence, ni la mort... Et c'est vous qui m'avez froidement condamnée, qui
m'avez tuée dans mes espérances, dans mon bonheur, dans mon
amour... Les susceptibilités de votre honneur l'exigent, dites-vous!.,
mais ne devez-vous pas avoir aussi quelque souci du mien, Monsieur le
comte? Pensez-vous qu'il n'est point compromis par cette rupture, par
la démarche que je fais en ce moment ?.. Voyez i je suis seule ici, chez -
vous, au milieu de la nuit, moi, miss Diana Névil... Si-demain on venait
à le savoir, si l'on apprenait en môme temps que vous êtes parti, je
serais déshonorée, perdue... et alorsn'aurais-je pas le droit de dire que
vous êtes un homme sans foi, un lâche !
A cette sanglante injure, ie jeune homme fit un mouvement, comme
quelqu'un qui recule saisi do courroux et d'indignation, et presque au
môme instant Mme de Clavières entendit la malheureuse jeune fille.
qui tombait à genoux en s'écriant :
— Pardonnez! pardonnez-moi, Lucien!... Je suis folle .. Si vous ne
voulez pas que j'expire de douleur à vos pieds, ne me regardez plus de
cet œil morne, irrité... avec cette expression de dédain et de colère...
Mais ne voyez-vous pas ce qui m'égare et met dans ma bouche des paro
les de menace et de naine? Ne voyez-vous pas que je mentais il n'y. a
qu'un instant, lorsque je feignais de croire à ces scrupules, à cet inexo
rable point d'honneur qui vous sert de prétexte... Vous vous séparez de
moi, parce que tous êtes iufidèle... L amour que vous avez pour une
autre femme peut seul vous donner ce barbare courage...
—Je jure sur l'honneur que je vous ai dit la vérité!... s'écria le jeune
homme avec énergie. ,
— Vos actes démentent votre serment!... interrompit la dame avec
une sombre violence; je ne vous crois pas... et, si je vous croyais, je ..
vous tiendrais pour un homme faible, sans cœur, qui sacrifie la femma ,
qui l'aime à je ne sais quelle chimère !
Au lieu de répondre, le jeûne homme revint lentement au fond de
l'appartement et ramena miss Diana à la place qu'elle venait de quitter,
en lui disant avec un accent inexprimable de dignité, de douleur, d'in- .
dignation réprimée :
— J'ai dit la vérité, miss Diana ; mais je ne l'ai pas dite tout en
tière...
— Ah ! enfin! murmura-t-elle d'une voix éteinte.
M me CHARLES REYBAUD.
(La suite à dm«».)
r» Dans la même partie de la division d'Alger, Si-Amar, frère de l'un
4e* chefs hostiles, Bel-Kasem, et qui a récemment demandé - l'aman, a
également entrepris la recon8lruction.de la Zapuia désespères (petite
mosquée servant d'école), prés de l'Oued-Boudouaqtii ? T
» Les Arabes ont d'ailleurs commencé partout lenr? cultures, qui pren
dront cette année un accroissement considérable! j - i ,, ,
» Le commerce du littoral avec lf> Sjhar# algérien s'étaËlit sur dès basés
régulières. Alger a reçu récemment une caravane de Tongourt, qui est
impartie aptes avoir fait de nombrëtax achats. Il y a lien d'espérer que ce,
pTçmier exemple sera d'un bon effet, et que, d'ici & pen de tenips, tous }es,
K)arch«odf'dadésert viendront s'approvisionner dans les ville/européen •'
ngâdefedM. »
Dans une lettre écrite deTaïti au Times, au milieu des accusations les
plus extravagantes portées contre les Français, et que nous, croyons
tout-à-fait inutile de rapporter, nous trouvons les passages suivans :
««. Les missionnaires sont devenus tout-à-fait inutiles ici, puisqu'il n'y
a pins de naturels devant qui ils puissent prêcher.. Le. gouverneur a mis
en liberté, il y a peu de temps, quelques prisonniers,' et il l'a fait très-pu
bliquement, car on avait fait construire une sorte de théâtre pour cela.
Cette libération est due à l'intercession des prêtres catholiques romains,
tandis que. le propre missionnaire des prisonniers avait en vain inter
cédé pour eux.
„» Notre pauvre amie la reine est toujours avec nons; elle désire tou
jours vivement être mise sur le même pied que le roi des lies Sandwich.
Vous verrez le compte-rendu de la soumission de quelques chefs qni se
raient venus auprès du gouverneur Bruat reconnaître Louis-Philippe. Ils
«mit déclaré depuis qu'ils avaient agi par intimidation. Pomaré a reçu
d'Eimeo .une lettre. On lui dit que l'Ile entière lui est encore dévouée, à
l'exception de trois chefs gagnés par les Français. Le dernier message ex
pédié du camp taïtien disait qu'ils sont décidés à combattre jusqu'à ce
qti'il ne reste plus que deux hommes. » '
*. :
On a reçu des nouvelles de Lisbonne du 3 décembre. Un membre de
la chambre des pairs, M. Geraldas, s'est démis de sa dignité, à raison
du dernier vote de la chambre qui a approuvé les mesurés dictatoriales
prises par le gouvernement.
■' LE DOCTEUR WOLFF A BOCKHARA.
On a parlé souvent, et même au sein du parlement anglais, du
malheureux sort du colonel Stoddart et du capitaine Conolly, re
tenus prisonniers d'abord et mis k mort ensuite par le khan de
Bockhara. Long-temps on a voulu douter de la mort de ces deux
agensplus ou moins avoués du gouvernement anglais, et ce gui
ayaitcontribué à entretenir les doutes, c'est que les ministres, in
terrogés à la tribune, n'avaient jamais fait que des réponses évar-
sives. ■■
.Enfin, le docteur Wolff résolut d'aller à leur recherche; déjà
connu par des voyages qu'il avait faits dans l'Orient, où il avait
pu prêcher sans danger l'Evangile aux infidèles, par l'excellente
raison qu'ils ne comprenaient rien ou fort peu de chose à ses pré
dications faites dans un persan ou dans un arabe assez douteux,
ce,, docteur, qui avait été bien accueilli, à raison de son bon carac
tère, d'un esprit ingénieur, qui sait se tirer des circonstances les
plus difficiles, obtint des lettres de recommandation du gouverne
ment anglais; il en obtint aussi du souverain de la Turquie et
d'autres chefs des pays voisins. Ce ne fut pas sans difficulté qu'il
parvint jusqu'à Bocknara. Il y arriva cependant, et voici la cu-
riçusp relation que donne la Gazette de Dekli du 9 octobre, de sa
missionet du résultat. C'est le récit, fait par un nommé Ibrahim
qui avait accompagné le capitaine Conolly à Bockhara, et qui est
arrivé à Peshawer ; nous lui avons conservé son originalité :
Y Le doçteur Wolff présenta les lettres au roi de Bokhara, et lui de-
Biap^a pourquoi il avait mis àmort les vakils (envoyés) du roi de l'in-
glistàu, sans motif. Le roj de Bokhara répondit qu'il n'a jamais mis à
mort aucun vakil appartenant au roi de l'Inglistân. Aucun dés Ferin
ghis (Européens), qui ont été mis àmort, n'a eu un papier quelconque
oû,un sannad (diplôme) de leur roi, prouvant cju'il était vakil. Il y a trois
ans.un Feringhinommé Stoddart Saheb vint à Bokhara , s'efforçant de
cacher sa qualité de Feiingbi. « Plus tard moi, le roi, j'en ai été ins
truit. Je .l'ai envoyé chercher, et je lui ai demandé qui il 'était e t pour
quoi il était venu a Bokhara ? Stoddart Saheb me répondit qu'il était un
voyageur désirant visiter le pays, etne cacha pas qu'il était un Feringhi.
Moi, Je roi, j'ai ordonnéimmédiatementqu'ilfûtmisen prison. Cependant
leseinyi de ina courriie représentèrentqu'ilétaitdangereuxderetenir un
homme "pareil dans le pays, àmoins qu'il ne consentit à devenir musul
man. Je lui dis donc que s'il voulait se convertir à lasaintefoimusuliiiane,
Userait libre de viyreou il voudrait, àBokhara, où sans douté il se ferait
beaucoup d'amis, au nombre desquels je voulais être. Stoddart Saheb,
accepta ia proposition. Quelque temps après , arriva à Bokhara un au-
moiixlorbaf (c&jr) et prit ensuite son . logenjent „
idartJSahebi. Âlonpls se ponfônis tous les dçux à correspondre; avec les
émirs de Farang 'sur les affaires de Bokhara ; en môme temps Stoddart
Saheb abandonna la religion mahométanë et redevint chrétien. Aussitôt
je,réunis les ulémas etjles moulvies de mon pays et je leur soumis la
question suivante": En supposant qu'une pèrsbnne ait été convertie de 1
la religion kaffir (infidèle) à la religion manométane et que plus tard elle'
eût renoncé à la foi de l'Islam pour re tourner à sa croyance, quelle peine
aurait-elle méritée? Les ulémas répondirent que, conformément au ché-
rou chérif (loi du prophète) elle méritait la mort. ' ;
: » Cependant, je retins encore Stoddart Saheb en prison pendant quel-
'que temps,' pensant qu'il pouvait être un vakil (envoyé) du roi d'Angle
terre, et j'ai fait faire des recherches pour m'en convaincre. Mais ces
.recherches étant restées sans résultat j'ai été enfin obligé; de donner
l'ordre de le mettre à mort. Quant à Konolly Saheb, comme' il ne vou
lut pas se faire musulman j'ai ordonné qu'il fût également mis à mort.
» Après ce récit, Wolff Saheb demanda qu'on lui délivrât les os des
deux Feringhis qui avaient été exécutés, déclarant d'ailleurs qu'il les
distinguerait des os d'autres morts. Le roi de Bokhara ordonna aux
djallads (exécuteurs des hautes œuvres) qui avaient exécuté la sentence,
de délivrer les os des deux Feringhis au docteur. Les djallads apportè
rent à deux ou trois reprises des os d'autres hommes, mais le docteur
reconnut que cen'étaient pas les ossemens véritables. A la quatrième fois
les djallads apportèrent les os des deux Feringhis ; le docteur les prit et
les déposa dans une boîte.
» Le docteur Wolff va chez le roi très souvent, il a fait entendre qu'il
resterait toute l'année, comme jouissant de la protection des deux souve
rains puissans de Iloum et d'Irân. Il dit qu'il veut prouver avant de
partir que les deux Feringhis étaient des vakils du roi d'Angleterre et
qu'ils ont été inscrits comme tels dans les listes officielles. »
On a su depuis que le docteur "Wolff avait obtenu difficilement
de quitter Bockhara. On apprendra sans douté bientôt son retour
en Europe par la Perse et la Turquie.
Intérieur»
PARIS, 12 DÉCEMBRE.
M. le duc et Mme la duchesse d'Aumale sont arrivés à Lyon le 9, à
quatre heures de l'après-midi. LL. AA. RR. sont descendues à la Pré
fecture. Les réceptions ont eu lieu le lendemain matin. Le soir, il de
vait y avoir bal au Grand-Théâtre, et LL. AA. RR., qui ont dû quitter.
Lyon hier seulement, sont attendues demain à Paris. Leduc de Nemours
et le duc de Montpensier sont partis aujourd'hui des Tuileries pour aller
au-devant d'elles jusqu'à Fontainebleau. *
M. le prince de Joinville a devancé à Paris M. le duc et Mme la du
chesse d'Aumale. Il est arrivé ce matin en calèche à quatre chevaux aux
Tuileries.
— Les examens de l'Ecole Polytechnique suivent leur cours sans in
cident. On espère que tous les élèves seront successivement rappelés.
— Nous apprenons, dit un journal, que M. Auguste Blanqui vient
d'être amnistié.
—La seule nouvelle importante,que donne aujourd'hui la presse belge
est celle d'un triomphe électoral; remporté par le parti libéral à Turn-
hout, pays où la domination cléricale paraissait bien difficile à ébranler.
— Nous lisons dans le Pilote du Calvados :
« Nos éleveurs n'apprendront pas sans satisfaction que les remontes
font pour 4845 une demande de 2,217 chevaux ; c'est un des chiffres les
plus élevés qu'aient jamais atteint ces commandes. »
— L'hiver n'est pas précoce en,,France seulement. A Turin, l'on a dé-
ik éprouvé des froids bien plus vifs qu'à Paris. Dans la nuit du 6 au 7,
le thermomètre est desçenauà 49 degrés centigrades, au-dessous de
zéro. C'est là un fait exceptionnel et digne de remarque. Des lettres
particulières de Turin dit que des sentinelles ont été trouvées mortes de
froid.
A Nantes, la Loire est arrêtée. Le Rhin est également pris par les
glaces. '
—La compagnie d'assurance mutuelle contre l'incendie pour les mai
sons situées à Paris, et dont le siège est établi rue de Richelieu, n. 89,
vient de faire son versement annuel à la caisse des hospices, de la som
me de neuf mille francs, à titre de don, pour distribuer des combustibles
aux indigens dé Paris. Ces neuf mille francs ont été immédiatement répartis
par le conseil général des hospices, entre les douze bureaux de bienfai
sance, et seront employés en'achats de cotrets, dont la distribution sera
faite aux pauvres dans lecourantdu présént mois de décembre, par MM.
les administrateurs de bienfaisance, au nom de la compagnie jd'assurance
mptuelle .v r . v - i - s. .. .v., »'■
/ i— Hier, à minuit, le thermomètre centigrade de l'ingénieur Chevallier
parquait 6 degrés au-dessous de zéro ; aujourd'hui, à six heures du ma-
lip, 5 degrés 8/ÎO" ; à ^idijjb degrés: " . *
— Voici une maison malheureuse : v
Rue de Lancry, à onze heures envirtm le fea prit aux vêtemens tf'une
i© de trente ans. En appelant au tefoVs, elle courut, enveloppée
par les flammes , se jeter chez une de ses voisines, qui entr'ouvrit sa
porte. Celle-ci tomba aussitôt, frappée d'épouvante, dans l'escalier; Heui-
reusement un commissionnaire habitant le même/carré, et plusieurs jeu
nes gens de l'étage inférieur, arrivèrent et parvinrent à éteindre le feu
qui dévorait cette malheureuse femme , et s'étendait déjà avec une ef
frayante rapidité. La victime fut immédiatement transportée à l'hospice
Saint-Louis. Le médecin qui l'a visitée a laissé peu d'espoir de la sauver.
Huit jours avant, deux voleurs en manteaux s'introduisaientà l'aide de
monseigneurs, dans deux chambres du même étage de cette maison , et
emportaient, en effets et argenterie, pour 200 fr. environ. Le concierge
lui-même est victime de ce vol.
Une scène affreuse se passait, il y a trois mois , toujours au même
étage. Un jeune homme de vingt-sept ans se suicidait en se portant sept
coups de rasoir, dont il mourut, après vingt-quatre heures d'atroces
souffrances.
—On écrit de Quimper que, mercredi dernier, MmeB..., femme d'un
employé des ponts-et-chaussées, voulant s'assurer si le fusil de son mari
était chargé, a fait partir l'un des coups, et a blessé à la jambe sa jeune
servante à peine âgée de quinze ans. Celle-ci a été transportée à l'hospi
ce, où l'on craint d'être forcé de lui faire l'amputation. »
— Les loups dela forêtdu Pertre, poussés par le froid, se jettent sur,
les communes environnantes. Il y a trois jours un fermier de là com
mune de Champeaux a vu tout à coup un énorme loup entrer dans la-
cour de sa ferme et y dérober une brebis, au milieu au troupeau. Une
battue serait utile. 1
— Le curé de M celui-là {B-écisément qui s'astprévalu d'une en
flure pour refuser la bannière blanche au 4 cortège funèbre d'une jeune
fille, se trouvait sur la porte de son église, quand vinrent à passer deux,
sœurs déjà grandes et qui portaient des outils à repasser chez le maré-*
chai de l'endroit. Le curé les appelle , met benoitement la main sur
les ustensiles et déclare aux jeunes filles qu'il ne les leur rendra que si
elles viennent se confesser. — Cela dit, il entre dans le confessionnal,
conservant en gage les objets qu'il venait de prendre. Craignant le cuTé,
redoutant la colère de leur père si elles tardaient à rentrer, ousi elles ne
rapportaient pas les outils, les deux sœurs se décidèrent à se mettre
chacune dans l'un des compartimens du confessionnal. Pendant que le-
curé, enchanté de ce stratagème, confessait à droite et à gauche, le père,
averti, intervint, réclamant ses filles et ses outils, qu'il obtint non sans
difficulté. (Propagateur de l'Aube )
— La cour royale de Paris a désigné cette année, comme l'année der
nière, les Petites-Affiches et les Affiches-Parisiennes pour l'insertion des
annonces judiciaires, ......
— Une explosion de gaz assez violente a mis en désordre ce matin la
boutique n° 10, sur le Pont-Neuf, occupée par un marchand de tabac li-
quoriste. On travaille en ce moment à réparer le dégât, qui est assez
considérable. Tontes les vitres ont été brisées; ainsi que tous les bocaux
contenant les liqueurs.
— M. Léon Pillet nous adresse une lettre qui a pour but de rectifier,
dit-il, certaines allégations contenues dans notrearticlesur Marie Stuart.
L'auteur de cet article, s'appuyant sur des renseignemens donnés depuis
quelques jours par le Siècle et par plusieurs autres journaux, et que M.
Pillet n'a pas démentis, a fait allusion à un Mémoire adressé à l'autorité
Supérieure par l'administration de l'Opéra, et il a dit, sous la forme d'une
plaisanterie , bonne ou mauvaise , que cet écrit pourrait s'intituler :
Grandeur et décadence de l'Opéra. M. Léon Pillet nous déclare que tel
n'est point le titre de son Mémoire; qu'il n'y parle nullement de déca
dence, et qu'il y énumère seulement les nouvelles difficultés contre les
quelles il a à lutter. M. Léon Pillet ajoute que , depuis quatre ans , les
recettes de l'Opéra ont été annuellement aussi élevées que les plus fortes
recettes annuelles depuis 4830 , et que, sous le rapport de 1 exécution
musicale, l'Opéra est aujourd'hui à la tête de tous les théâtres lyriques
de l'Europe. Telles sont les principales assertions contenues dans la let
tre de M. Léon Pillet et qui peuvent se rattacher à notre article sur
Marie Stuart. Nous nous faisons un plaisir de les reproduire.
Messieurs les souscripteurs dont l'abonnement
expire le 15, sont priés de le renouveler* s 'ils ne
veulent, pas éprouver de vetard dans l'envoi du
Journal.
Cet avis ne concerne pas les abonnés servis directement par les
avez droit d'être vaine, qui achèvent"de nous séparer..." Me préserve le
ciel de l'apparence d'un calcul intéressé!..
-4 Que dites-vous? interrompit-elle avec le même accent incrédule et
sourdement irrité ; votre susceptibilité s'alarme, votre fierté se révolte à
l'idée qu'on pourrait vous soupçonner de faire en m'épousant un ma
riage aargent! Mais ctais-je moins riche, il y a quelques mois, lorsque
vous acceptiez sans scrupule le partage de cette fortune ?...
— Alors je n'étais pas éclairé comme aujourd'hui sur ma véritable si
tuation, répondit le jeune homme avec effort ; alors je pouvais, sans m'a-
vilir à mes propres yeux, accepter une communauté d'intérêts où nous
apportions, vous une fortune presque royale, moi un "médiocre patri
moine et des espérances incertaines...
— Ainsi votre résolution n'a point d'autre motif que ces scrupules ?
— Point d'autre que le soin de mon honneur.
— Et c'est à ces susceptibilités que vous me sacrifiez ! s'écria la jeune
dame ayec uife violence ironique , qui tourna bientôt à la tendresse et
aux larmes; oui, vous êtes fier... vous avez l'ame grande!.. Plutôt
que d'accepter la fortune d'nne femme, vous repoussez sa main, vous
dédaignez son amour... C'est désintéressé! c'est noble! c'est beau, cela!
— Êt après un silence, elle ajouta avec un accent indicible de reproche,
de ressentiment et de passion : — Dans l'égoïsme affreux de votre or
gueil, voué avez compté pour rien mes souffrances... vous n'avez pas
calculé cè que me coûterait, à moi, ce que vous appelez le soin de votre
honneur... vous n'avez pas songé que je le payais de tout le bonheur de
ma vie!..
—- Epargnez-moi ces reproches!... Ne me forcez pas d'y répondre,
miss Diana! interrompit le jeune homme d'un ton qui décelait à la fois
une profonde douleur et une sourde irritation. Puis s'apaisant tout-à-
coup, il reprit avec une calme tristesse :
—J'en ai l'espérance, l'intime conviction, Diana : cette blessure de
votre cœur, dé votre orgueil, ne vous fora pas long-temps souffrir...Rien
n'est perdu à jamais, ni votre repos, ni votre bonheur.:. Vous avez vingt
ans,^* vous êtes belle... votre existence est environnée dé toutes les
splendeurs, de toutes les joies... Le monde, où vous tenez une place si
haute, si enviée; le monde, où vous êtes entourée de tant d'hommages,
vous distraira d'abord ; puis un autre amour vous consolera. . . Vous
m'oublierez... tout s'oublie...
— Ah! plût au ciel qu'il fût vrai, ce mot cruel!... Je pourrais vivre
alors!... s'écria la jeune dame avec un accentqui fit tressaillir Félicie, et
qui toucha sans doute celui à qui ces paroles s'adressaient, car il mur
mura d'une > voix brisée :
— Au prix de mon sang, je voudrais effacer de votre vie et de la
mienne le jour funeste où nous nous sommes vus pour la première fois !
celui plus fatal encore où nous avons échangé de mutuelles promesses...
Apparemment l'amante délaissée crutvoir dans ces paroles l'expression
d'un regret ; il lui sembla peut-être que ce cœur, qui voulait s'éloigner
d'elle, chancelait dans sa résolution, car elle s'écria avec un retour d'es
poir soudain: ,
— Lucien! vous n'avez pas oublié ces promesses que vous reniez!...
Ah! nous rie somiiies pas tout-à-fait séparés encore.'... Votre cœur hé
site; ;. vous/craignez également de rompre nos liens ou de les renouer...
Eh bien! ajournons nos'résolutions et laissons-nous aller où la destinée
nous conduira... Nous nous verrons chaque jour comme autrefois...,
Mon Dieu!... Je ne serai pas exigeante... je ne vous demanderai point
compte de vos hésitations, de vos caprices... je ne m'indignerai point de
votre indifférence... Je mécontenterai de ces relations froidement ami
cales... Quedis-je! j'en serai heureuse, car, je le sens maintenant, de
vous je peux tout souffrir avec abnégation, avec joie... Je peux tout
supporter, hormis votre absence..'. Lucien, c'est convenu, vous viendrez
demain...
— Demain, je serai parti, répondit-il d'une voix altérée, mais ferme.
A ce mot sans appel, Mme de Clavière» sentit un frisson courir dans
ses veines; par un mouvement machinal elle se pencha vers le tableau
en retenant sa respiration. Son visage touchait presque la toile, qui seule
la séparait des acteurs de ce drame invisible, et il lui semblait qu'un
arôme, le parfum violent d'un flacon que miss Diana tenait sans doute
dans sa main, arrivait jusqu'à elle. Pendant un moment elle n'entendit
plus rien, et ce silence, cette immobilité l'effrayèrent plus que des
cris et des sanglots. Eijfm le jeune homme reprit d'un ton grave et pé
nétré :
— Ne nous séparons point avec d'amères paroles, Diana, laissez-moi
du moins vous.quitter comme-un -.aHM .-Un jour,-quand vous serez con
solée et que vous pourrez jeter un* regard calme et désintéressé sur le
passé,, vous vous souviendrez de mèi sans colère... Alors il vous sera
doux peut-être de vous rappeler nos adieux, de vous dire qu'ils furent
douloureux; mais dignes... ?
— Vous partez demain ! murmura la jeune dame comme si de tout ce
qu'elle venait d'entendre elle n'eut retenu que ce seul mot : Ah ! c'était
décidé !... et votre absence durera long-temps?...
— Oui, long-temps, je crois, répondit le jeune homme toujours du
même ton triste et résolu. .
— Ainsi, reprit la jeune dame avec une violence contenue, mais qui
bientôt déborda,' ainsi vous partez le cœur léger, l'esprit distrait et con
tent, l'ame tranquille... et moi je reste livrée à des tourmens que non
seulement vous ne plaignez pas, mais qu'il ne vous est pas même donné
de comprendre... vous avez creusé autour de moi un abîme où ma rai
son doit sombrer avec mon bonheur déjà englouti... Je mesure avec
terreur ce gouffre au bord duquel je chancelle.... Il n'y a qu'un instant
le vertige de la folie a ébranlé mon cerveau... j'ai senti ma raison s'éga
rer... Oui, tandis que vous parliez il me' semblait qu'un froid mortel"
me pénétrait intérieurement et glaçait mon cœur qui cessait de bat
tre... Ma force, ma volonté, ma douleur, mon amour, tout périssait en
moi... et dans cet anéantissement passager de tout mon être, j'ai com
pris le bonheur de mourir! Voilà pourtant ce que vous avez fait de moi,
Lucien ! Oh ! si avant le terme de cette agonie à laquelle je succom
berai, je cessais un seul moment de vous aimer comme mon amant, je
vous haïrais comme mon bourreau!...
Le jeune homme fit un mouvement ; Mme de Clavières comprit qu'il
s'était levé; et bientôt elle l'entendit dire d'une voixagitéô, sourdement
menaçante : — Séparons-nous, miss Diana... pour vous, pour moi, il
en est temps:... nous ne prolongerions pas cet entretien sans nous faire
de mortelles blessures:.. . -
— Ëh ! que puis-je craindre, à présent? répondit-elle, quel coup plus
mortel pouvez-vous me porter? Dites! où me frapperez-vous? — et
comme il gardait un sombre silence, elle reprit d'une voix tour à tour
furieuse et suppliante Insensé! vous avez cru ne me retirer que votre
cœur, et c'est ma vie que vous avez prise... Hélas ! je vous parle avec
des larmes, des transports de douleur qui fléchiraient la haine la plus
cruelle, et je ne puis obtenir de votre indifférence un motde sympathie,
un regard de pitié!... Mais vous ne comprenez donc pas que vous me tuez !...
Si je ne succombais pas à ces tortures, que serait ma vie désormais?
un affreux néant , quelque chose de monstrueux, qui ne serait ni l'exis
tence, ni la mort... Et c'est vous qui m'avez froidement condamnée, qui
m'avez tuée dans mes espérances, dans mon bonheur, dans mon
amour... Les susceptibilités de votre honneur l'exigent, dites-vous!.,
mais ne devez-vous pas avoir aussi quelque souci du mien, Monsieur le
comte? Pensez-vous qu'il n'est point compromis par cette rupture, par
la démarche que je fais en ce moment ?.. Voyez i je suis seule ici, chez -
vous, au milieu de la nuit, moi, miss Diana Névil... Si-demain on venait
à le savoir, si l'on apprenait en môme temps que vous êtes parti, je
serais déshonorée, perdue... et alorsn'aurais-je pas le droit de dire que
vous êtes un homme sans foi, un lâche !
A cette sanglante injure, ie jeune homme fit un mouvement, comme
quelqu'un qui recule saisi do courroux et d'indignation, et presque au
môme instant Mme de Clavières entendit la malheureuse jeune fille.
qui tombait à genoux en s'écriant :
— Pardonnez! pardonnez-moi, Lucien!... Je suis folle .. Si vous ne
voulez pas que j'expire de douleur à vos pieds, ne me regardez plus de
cet œil morne, irrité... avec cette expression de dédain et de colère...
Mais ne voyez-vous pas ce qui m'égare et met dans ma bouche des paro
les de menace et de naine? Ne voyez-vous pas que je mentais il n'y. a
qu'un instant, lorsque je feignais de croire à ces scrupules, à cet inexo
rable point d'honneur qui vous sert de prétexte... Vous vous séparez de
moi, parce que tous êtes iufidèle... L amour que vous avez pour une
autre femme peut seul vous donner ce barbare courage...
—Je jure sur l'honneur que je vous ai dit la vérité!... s'écria le jeune
homme avec énergie. ,
— Vos actes démentent votre serment!... interrompit la dame avec
une sombre violence; je ne vous crois pas... et, si je vous croyais, je ..
vous tiendrais pour un homme faible, sans cœur, qui sacrifie la femma ,
qui l'aime à je ne sais quelle chimère !
Au lieu de répondre, le jeûne homme revint lentement au fond de
l'appartement et ramena miss Diana à la place qu'elle venait de quitter,
en lui disant avec un accent inexprimable de dignité, de douleur, d'in- .
dignation réprimée :
— J'ai dit la vérité, miss Diana ; mais je ne l'ai pas dite tout en
tière...
— Ah ! enfin! murmura-t-elle d'une voix éteinte.
M me CHARLES REYBAUD.
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