Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1844-12-12
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 décembre 1844 12 décembre 1844
Description : 1844/12/12 (Numéro 347). 1844/12/12 (Numéro 347).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k666936d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
JEUDI 12 DÉCEMBRE 1844.
PARIS,'
M8 TBXMESTBJE
DIX FRANCS*
*5»
^ JOURNAL DP COMMERCE, POLITIQUE ET LlTTKRAIRKr
DEPABTKMESi S , v
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PÀ*L TRIKCESTBJE,
.ftWzE FRANCS.
A
.,»r.
ON S'ABONNE A PARIS, BUG MOPfTMARTRE, N° 121»
BT , DANS LES séPABTBMBHS, CHEZ LES DIRECIBUBS DBS POSXKS,
KT A TOUTES LES MESSAGERIES.
A Londres, chex SUS. Courte et fils,Saint-Anne'* Lane.
PARIS.
toi ar 40 và.
SIX DOIS 30
TROIS MOIS............ 10
BÉPARTEMENS ET ÉTRANGER.
Bï AU ' 48 Ï8»,
six mois............... 24 ,
TROIS UOIS....... ...... 12
i
. / annonces. : ■ \. " ;■
1 franc 80 cent. la petite ligne; — 3 francs la ligne de réclame.
TOOTE INSERTION' DOIT ÊTRE AGRÉÉS PAS LE GÉRANT. .; 1 ^
Les lettres non affranchies seront rigoureusement < " v "
PARIS, 11 DECEMBBE.
LES NOUVELLES CONQUÊTES DU MINISTÈRE.
, Le dernier numéro de V Ôcéanie^ journal de Taïti, a apporté une
nouvelle qui a grandement surpris tous les hommes politiques et
tous le»gens sensés. Le gouvernement français vient d'accepter le
protectorat de l'île Wallis et de l'île Fontana. C'est un triste pré
sage que l'annoncede ces nouvelles conquêtes dé M. Guizot, nous
arrivât en même temps que le récit des insurrections excitées
contre, nous à Taïti par les intrigues des missionnaires et des offi
ciers anglais, !! est impossible 4e ne pas songer au désaveu de îà-
mira! Dupètit-Thouars, au blâme de M. d'Aubigny, à l'indem
nité Pritchard; en lisant la nouvelle de cette frivole acquisitioh de
territoires'inféconds, fertiles seulement en querelles; nous avons
peine à' yeroire, malgré la sourde officielle- Nous ne savons com
ment comprendre qbé M., Guizot veuille une fois encore dépenser
l'argent et peut-être le sang de la France, pour reculer ensuite,
pour noùs ! placer partout: dans une situation impuissante eteom-
promise, nous faire toujours payer les injures que nous recevons
et les pertes que nous éprouvons niais les faits rapportés par le
journal Z'Oc&mie n'ontpas été démentis; ils sont donc constans,
lïfûlleurs, / leur accomplissement appartient à la période de po
litique où M. Guizot battait la charge dans l'Océanie pour nous
cacher sa retraite sur les terrains diplomatiques de l'Europe. C'é
tait aussi le temps où cë ministre gouvernemental soutenait à la
tribunë qu'un gouvérnettent intelligent ne devait pas diriger ses
agents," m'leur donner d'instructions, et que nos marins envoyés
dans l'Océan-Pacitique savaient mieux que lui ce qu'il convient
d'y faire. Si des renseignemens plus nombreux ne nous sont pas
parvenus, cela tient probablement à cet étrange mystère dont on en
toure toutes les affaires de l'Océanie, à cette dissimulation du gou
vernement, qui n'a pas cessé-depuis l'arrivée du navire l'Elisabeth
jusqu'à aujourd'hui ; à ce silence sur les faits les plus graves, qui
désole tant de familles et inquiète tout le pays.
" A ceux dont les fils et les amis doivent subir des humiliations
eja récompense de leurs services, nous n'avons malheureusement
r^e» à, dire ; mais l'indication précise de la feuille officielle rédigée
pair M. Bruat, nous permet d'examiner la nature et la portée^e ce
nouvel embarras que la prudence de M. Guizot vient encore de
ménager à la France. *
L'île Wallis et l'île Fontana sont, très peu connues. Cette der
nière a si peu de célébrité, que des recherches attentives peuvent
sëulès faire découvrir le çoiu du globe où elle est située. L'annoncé
de l'acceptation desçn protectorat nous arrivant par Taïti, on de
vait croire qu'elle était l'une des îles Pomotou, ou se perdait dans
l'un de ces archipels voisins de la reine déchue de l'Océariie, dont
un voyageur parlait en ces termes : « Le groupe entier a 440; à
450 îles, qui, toutes réunies, préséntent une superficie de sept
lieues cajrrees'. » Néanmoins, si l'on en croit les dictionnaires géo
graphiques les plus exafcts, Fontana n'appartiendrait pas à cette
poussière d'îles sëmées sur l'Océan-Pacifique, à ces fràgmens de
rochers, où se sont. accrochés quelques hommes, ainsi que le fer
raient des malheureux naufragés, sur les débris d'un navire. C'est
dans d'autres mers et sur des côtes plus désolées qu'il faut cher-
ch,èr notré brillantè conquête. Nous avons déjà parlé d'un ancien
projet de M. Guizot, qui.aspirait à s'emparer d'une île dans les
<■. mers de Chinî. Par crainte du mécontentement de l'Angleterre,
notre conquérant s'était ensuite rabattu sur un rocher de l'archi-
5el Malais, et de la: dernière dégénérescence de ce plan, est sans
oute sortie Fontana. Cette îlè; ainsi que celle deBougainville, de
Cassini etd'Adel, la plus grande de toutes, est située le long de la
côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande appelée terre de Witt.
"Voici la description que Péron fait de ce pays d'après Dampierre
eî Bougaiuville. .
nTOUUSTON VU CONSTITUTIONNEl SU 12 DÉC. 1844.
SANS DOT
ROSETTE.
VI.
Tandis ; que, Félicie cherchait inutilement le mot de l'énigme que lui
avaitpropogée, gans le savoir, la Carbonnet, celle-ci était.allée assister au
lever de Mlle de Clavières Déjà les autres suivantes étaient accourues au
coup de sonnette de leur maîtresse. L'une entr'ouvrait les persiennes et
abaissait devant; la fenêtre On, store de satin blanc sur lequel un artiste
chinois payait, peint des< oiseaux d',«n plumage inouï, des fleurs impossi-,
bles ; une autre relevait les rideaux du lit et rajustait les draps de ba
tiste garnis de dentelle » une troisième, agenouillée surle tapis, se tenait
prête à chausser d'une mule de velours Brodé le pied maigre et plat de
Sérapliinè.; C'était un curieux et triste tableau d'intérieur. La chambre à
coucner de Mlle de Clavières était digne d'une reine ou d'une jolie fem
me; des tentures de lampas 4>teu de ciel, encadrées de légères baguettes
d'ojé, farinaient unfondqe tapisserie de l'effet le plus riche et le plus
frais. L'ameublement, pur style Louis XV, , semblait avoir été tiré des'
petitsappar terriens de Versailles, et la pendule dont le cadran émaillé
portait le nom de Lepaute, avait dû sonner l'heure de plus d'un galant
rendez-vous dpnné au jeu de la reine ou au lever -de la favorite. Si par
un prodige l'ame condamnée d'un de ces jolis marquis, de ces charmans
roues qui; formaient la cour dp Mme Dubarry avait pu, reprenant son
co.çp% mortel, retourner dans les demeures héréditaires de la vieille no
blesse, elle, se serait arrêtée palpitante au seuil de cette chambre où rien
ne semblait avoir été changé; depuis trois quarts de siècle, où elle n'au
rait riéii aperçu de nouveau que le; journal chamarré d'annonces et orné
d'un feuilleton de neuf colonnes, dont les pages gigantesques couvraient,
le . guéridon où Mlle de Clavières, qui n'aimait pas les romans, l'avait jeté
d'une main dédaigneuse.. ~
Séraphine se laissa vêtir sans dire un seul mot. Il ne lui était pas
.(1) Toqte. reproduction, même partielle, de ce feuilleton, est interdite.
.Voir paur les trois premiers chapitres, les numéros des ii, 6, 7, 8 et
11 décembre.
« Toute cette côte est composée de dunes continuelles formées
d'un sable blanc rejeté par la mér. On n'y trouve que très peu d'eau,
très peu d'herbes; les oiseaux mêmes et tons les animaux parais
sent avoir déserté cette plage stérile. Quelques malheureuses tri
bus de sauvages errent dan? ces îles et sur les côtes. Leur nourri
ture consiste en poissons et en coquillages. Us couchent en plein
air, et paraissent vivre à la manière des brutes; L'homme a foi ces J .
rivages d'où la végétation est bannie et sur lesquels le ciej>*ffl-
jours sec, toujours ardent, ne répand point une y
santé. » ' 'w
N'insistons pas davantage sur l'île Fontana, dont le protectorat
en lui-même ne signifie rien. Personne ne viendranouslédispu-
ter; mais il faut que la France sache que si on y envoyait des
troupes, si l'on y formait un établissement, ce serait del'argentet
des nommes dépensés en pure perte, pour y fournir un pitoyable
argument au ministère. • ^
Quant à l'île Wallis; c'est autre chose. Si le protectorat français
y est un fait , sérieux, nous aurons bientôt là, la répétition "des
guerres et des reculades de Taïti. A mesure qu'on s'approche de là
Nouvelle-Hollande et de la ; Nouvelle-Zélande, lf. lutte, avec, les
missionnaires méthodistes devient plus violente et le conflit avec
les autoritésbritaniques plus imminent; à moins, toutefois,
qu'il n'y ait ni habitans à exploiter, ni commerce espérer; alors,
on ne rencontré pas dé missionnaires marchands: ; i K ^ ,
• Kous n'avonsqu'une.chosie Kdire ^iJ'onveuise.nieUreen.l*Ue
ouverte avec la Grande-Bretagne, le théâtre est mal choisi ; si l'on
veut éviter les conflits, il est imprudent de créer à plaisir, sans
qu'aucun avantage puisse en résulter, des points decoatact et d'ir
ritation. Eh bien ! 1 île Wallis se trouve justement' comme encla
vée entre les trois grands archipels Samoe, Tonga et Vifi. Elle est
sur la bise nord de ce vaàte triangle Dans les différéns voyages
de Dumont-d Urville et de l'amiral Dupetit-Thouars, nous voyons
que sur tous ces archipels se sont répandus les missionnaires we|s-
leyens. Ils se sont fait bâtir de grandes maisons par les indigènes;
tous les bestiaux leur appartiennent ; un certain capitaine de la
marine de 'Sa Majesté Britannique, appelé Drink-Water, a par
couru toutes ces îles, et à partout établi des droits" dé au pro- ;
fit des missionnaires: Aux îles Tonga, ces mêmës : missionnaires,'
ainsi qu'ils l'avaient fait il y a trente ans pour Pomaré 1", réfu
gié à Eimeo, foiirnissaieiit des armes aux convertis, sous prétexte
de subjuguer les idolâtres. Dans toutes ces îles, par, force et par
ruse, par la prédication, par le commerce et par laguerrë, ils trar.
vaillent à assurer leur suprétijatie. Lors du dernier voyage de
Dumont-d'Urville, M. Pompallier, évêque de la Nouvelle-Zélande,
passant par Yadao, envoya deux missionnaires catholiques à l'île
Wallis, dont la cruauté des habitans avait jusqu'alors repoussé les
Européens. . ;
Quine comprend qu'aucun peuple ne demande à être protégé,
c'est-à-dire à perdre une partie de son indépendance que pour son
propre intérêt; que lorsqu'il est menacé par un dapger? Entre
deux maux, il choisit celui qui lui paraît le moindre, et si le pro
tectorat crée des ,droits, il implique aussi des devoir^ (Qes devoirs,
si on les accepte, il faut savoir lés remplir'; sans cela on paie la
gloriole d'un jour par le discrédit et la déconsidération-. £e$ enne
mis qui menacent l'île Wallis, là France les connaît, déjà ; ceux
contre lesquels on nous demande de protéger les habitans dé cette
île, ce sont lès missionnaires qui ont fourni la poudre et les armes
aux insurgés de Mahahéna. Si nous jugeons de l'avenir par le
passé, la guerre et les humiliations pour la France v^pt avoir un
petit théâtre de plus en Océanie. Anglais et Français, catholiques
et protestans, seront une fois de plus mis en présence, grâce à la
prudence de la paix à tout prix.
Le sublime du ridicule si l'on peut se servir de cette expression
dans une matière qui est dévenue grave, c'est que par un hasard
ou un choix vraiment heùrëux, rîleWallis4ontM. Guizot à accepté.
Je protectorat, n'étant séparéequëparuneassëz courte distance de,,
l'archipel Samoe, ressort probablement du, consul&t. britanniquej
d'Appia. L'archipel Samoe, autrement dit l'archipel des Naviga^.
tèurs, va posséder pour consul britannique M: Pritchard: C'est
avec ce conciliant personnage que nous allons avoir de nouveau* 1
rapports:* C'est lui qui se chargera d'adoucir toutes les irritations
et de maintenir l'entente cordiale. Mais qu'importe? les grands es- '
prits aiment les M;*
Guizot;l'opposition aunepolitiquetrop modeste .Avee lapaixàtoyt
prix, ofl n a rien à craindre: on devient le maître des évènemeùs ;
on peut toujours reculer. r 5 ^
La chambre des représentai de Belgique.est sur lie point d'à- .
border l'exàmen et la discussion du traité cdnclu avec l'assoéiatioa /
allemande des douanes. M. de Deker a fait à ce sujet un rap^prt *
fort diffus dans lequel il donne à cette transaction Une,importance,,,
iqti'élle n'a pas. Nous avons déjà fait remarquer aue la plupart des
stipulations n'étaient qué la consécration d un . état* dè choses qu| '
existait depuis long-temps; et qui
fiëtite guerre douanière terminée à la grande joie des parties par.:
ë traité en question. Là Prusse ^montré dans ce cohflit une plu«
grande intelligence des affaires que la Belgique, et en définitive ,,
elle a obtenu quelqùes avantages pour son transit, sa nayigàtion,^
et pour nu petit nombre d'articles de
Quoique M. le rapporteur du drojjest^ de toi actueîlemèht souinis'à
la chambre des représentans, fasse une énumération très prolixe
des avantages et immunités, que le traité, confère à la Bëlgîirtïë,
nous croyons que ce long procès-verbarn'a d'autre but quede,.,
masquer le vide de la transaction On pçut sti|tuler pour la nayi-
gation quand on possédé une marine. Ni la^ Belgique ni je Zollve-, "
rein ne peuvent avoir sérieusement une semblable prétention, du .
moins quant à présent. Cependant la réciprocité qui a exercé une >
si grande séduction sur la commission, profitera plutôt au Zollve-> 1
rein qu'à la Belgique, attendu qiie la marine prussienne, 'quelque' '
insignifiante qu elle soit, est cependant plus considétebleqùe celle l
du roi Léopold. .
GUERRE DES JÉSUITES. >
La guérre des jésuitès continue en Suisse, et bientôt peut-ôlre :
le sang coulera grâce aux bons pères. Leur présence enfante et pnii
trètient partout la discorde. Voici les nouvelles qui nous sontï
transmises par: notre correspondance particulière : . i
' - - , ' Bérriè; le 7 décembre 4844. '
Les nouvelles dé Lucernq d'liier au soir, 6,. annoncent qii'aucui^ col
lision sérieuse n'a qnepre la pluâ;
grandè effervescence continuai t à régner. dans les,esprits, et l'annoncedes
mesures militaires prises par Berne y avait eausé une grande gensatwn
Le gouvernement a tellement l'appréhension d'un mouvetnentuqu'il .a:
renforcé la garnison d'un,bataillon tiç'é des districts où les esprits sont; V '
lé mieux disposés en faveur des jésuites. Le chef du parti liberal. l'anT
cien avoyer Kopp. a fait partir sa famille du chef-lieu. D'un.autre.côté,,,
on remarque à Lucerne la présence d'un homme qui a joué un grand .
rôle dans lés tentatives réactionnaires, dé 1833, le colonel Abyberg» , ; -y
:Le 5' bataillon d'élite bernois pe trouvait déjà, réuni hier à ; midi à.'
Hutwyl, à un quart de lieuè de.la frontière lucernoise ; lé 14 e bataillons
a sèn quàrtier à Langnau, autre point de la-frontière, et le i' à Interlac-r »
ken, d'où il observelesmouvemens des cantons primitifs., , r yt,
Bâle-Campagne et Argovie ont dû prendre des mesures militaires ana-, :
logues à celles de Berne, et de nombreux volontaires sont prêts à mar- *
cher au secours des libéraux*. ,
Berne, le 8 décembre. . .
Les événemens de Lucerne ne prenant pas immédiatement le dévelop
pement que, semblait comporter la révolte de Willisau, le conseil exé- ''
cutif de Berne avait décidé nier de suspendre la marche des troupes qu» 1
arrivé une fois en sa vie d'émettre un avis sur sa toilette, et ses fem
mes, accoutumées à cette indifférence absolue; l'habillaient à leur fan
taisie avec les robes que la plus habile couturière de Paris avait choi
sies à son gré. Elle se prêtait à leurs soins.avec une sorte d'impatience
et ne levait jamais les yeux sur son miroir pour juger leur ouvrage.
Lorsque l'une eut peigné et relevé ses cheveux,. de manière à former
derrière la tête un mince chignon, l'autre lui passa une robe de barége
noir, doublée de satin, et la troisième se hâta de mettre la dernière
main à cette toilette de deuil en jetant sur les épaulés de sa maîtresse
un mantelet de dentelle noire.
— Bien! C'est fini, dit Mlle dé Clavières. i
,Ensuite elle renvoya d'un signe ses suivantes et reprit, en se tour
nant vers la Carbonnet :
— Vous avez quelque chose à, me dire, Dorothée?
— Rien de bien essentiel, répondit-elle, je venais seulement deman
der à Mademoiselle si je dois continuer mon service auprès de Madame
sa belle-sœur, quoique Rosette soit rentrée chez elle aujourd'hui.
— Mais non, c'est inutile; je pense, répondit Séraphine.
Et, après un moment de réflexion, elle ajouta : t
■_-i- Dites-moi, Dorothée, quelle raison avez-vous eue pour insister sur
la nécessité de mettre encoreauprès de ma sœur cette petite Rosette?
A cetle question la Carbonnet hocha la tête et sourit finement. ;;
—- C'est un choix auquel vous attachez quelque importance, continua
Séraphine ; car vous m'en avez parlé avant même que j'allasse chercher
nia sœur à Meudon ; vous avez insisté là-dessus. Dans quelle idée, et
quelle est donc cette jeune fille ? ; : • • r.,
Une pauvre créature que Madame avait prise à son service presque
par charité, répondit tranquillement la Carbonnet ; elle n'est pas propre
à grand'chose, j'en conviens... <
— Eh bien ! alors , pourquoi l'avez-vous proposée ? interrompit brus
quement Mlle de Clavières. . ,
— Parce qu'elle ne fera pas grand bruit ici, poursuivit la Carbonnet
du même ton, parce qu'elle ne sera pas sans cesse à observer ce qu'on
fait, à écouter ce qu'on dit, pour en faire.ensuite des réflexions tout
haut devant sa maîtresse. C'est une petite fille bien tranquille , à la
quelle on n'a jamais pu reprocher la moindre indiscrétion , qui n'a ja
mais répété un seul mot de ce qu'on dit en sa présence...
— Elle est muette ! interrompit Séraphine. : , : .
— Sourde et muette de naissance," répondit la Carbonnet ; une femme
de chambre qui ne .parle pas plus qu'un poisson,ronge ! C'est un sujet
précieux, et j'ai pensé que Mademoiselle approuverait ce choix. .
— Je m'en rappoite à ce que dira ma sœur, dit Mlle de Clavièrea, in
térieurement satisfaite de cet arrangement, qui mettait auprès de Féir-
cie un être dont la bonne volonté, le dévoûment devaient être nécèssai- '
rement stériles. ; '
Un moment après, elle passa chez la jeune femme pour lui proposer' 7
d'aller entendre la messe à SaintrRoch ; car, bien qu'elle ne fût pas dé
vote, elle ne se dispensait pas de certains exercices religieux-que, dans
le désœuvrement impie de son ame, elle pratiquait en manière de passe-
temps: -
Rosette venait d'arriver, conduite par la Carbonnet. C'était une pau- ! "
vre petite créature assez jolie, et si délicate qu'au premier abord l'on au-*
rait pu croire qu'elle sortait à peine de l'adolescence. Quoiqu'elle eût ùn«F
vingtaine d'années, ses membres avaient encore les formes grêles-de a
l'enfance; mais sa figure annonçait bien plus d'âge que sa taille. Ce con
traste naissait de son infirmité ; obligée pour se faire comprendre de for- -
cer l'expression de ses traits, et de suppléer à la parole par une pan te-
mimeexagérée, elle avait au front des rides précoces, et un léger pli mar
quait déjà la commissure de ses lèvres vermeilles. Ell» avait d'ailleurs la
physionomie des êtres malheureux qui vivent séparés moralement de;
ceux qui les entourent, et dont l'éducation intellectuelle est tout-à-fait
nulle. Son regard était mobile, inquiet, vague parfois, et il y avait dans -
son sourire quelque chose de triste et d'effaré qui peignait 1 effort conti
nuel d'une intelligence travaillant, incertaine, au milieu d'un silence
éternel. :
Lorsque Mlle de Clavières entra , Rosette, debout devant sa jeune •
maîtresse, la considérait d'un air ravi et manifestait la joie qu'elle avait
de la revoir, par un petit rire silencieux qui était la plus haute èxpVes^
Sion de son contentement; puis, comme pour rentrer sur-le-champ en
fonctions, elle lui fit signe qu'elle n'était pas habillée avec Un soin irré
prochable, et elle se mit à la rajuster de ses petites mains adroites.
s Lé regard que Félicie leva vers la porte en entendant Mlle de Clavières,,
détourna Rosette de cette occupation ; elle leva aussi la vue et demeura -
teomme pétrifiée à l'aspectde cette tête de Méduse. Un>signe presque im-'
perceptible de Félicie, l'avertit de ne pas laisser parler sa physionomie.
La jeune femme, se levant aussitôt, courut au-aevant de sa bélle-sosur
et l'entraîna dans lesalon où elles restèrent seules. * ' ;
De leur côté Rosette et la Carbonnet se r#tirèrent par l'escalier de séP*'
Vice. La muette courut aussitôt au jardin:' elle venait d'apercevoir une
des femmes de chambre qui promenait sur la pelouse lin chien gros com
me le poing, dont les soies galamment relevées en chignon étaient atta-,
chées avec un nœud de rubans roses. "w ;
Va et bavarde: si tu peux !..: murmura la Cartonnét eni la voyant
aborder ga nouvelle compagne: je pe risqué rien de vous laisser ensemble.
PARIS,'
M8 TBXMESTBJE
DIX FRANCS*
*5»
^ JOURNAL DP COMMERCE, POLITIQUE ET LlTTKRAIRKr
DEPABTKMESi S , v
. î I
PÀ*L TRIKCESTBJE,
.ftWzE FRANCS.
A
.,»r.
ON S'ABONNE A PARIS, BUG MOPfTMARTRE, N° 121»
BT , DANS LES séPABTBMBHS, CHEZ LES DIRECIBUBS DBS POSXKS,
KT A TOUTES LES MESSAGERIES.
A Londres, chex SUS. Courte et fils,Saint-Anne'* Lane.
PARIS.
toi ar 40 và.
SIX DOIS 30
TROIS MOIS............ 10
BÉPARTEMENS ET ÉTRANGER.
Bï AU ' 48 Ï8»,
six mois............... 24 ,
TROIS UOIS....... ...... 12
i
. / annonces. : ■ \. " ;■
1 franc 80 cent. la petite ligne; — 3 francs la ligne de réclame.
TOOTE INSERTION' DOIT ÊTRE AGRÉÉS PAS LE GÉRANT. .; 1 ^
Les lettres non affranchies seront rigoureusement < " v "
PARIS, 11 DECEMBBE.
LES NOUVELLES CONQUÊTES DU MINISTÈRE.
, Le dernier numéro de V Ôcéanie^ journal de Taïti, a apporté une
nouvelle qui a grandement surpris tous les hommes politiques et
tous le»gens sensés. Le gouvernement français vient d'accepter le
protectorat de l'île Wallis et de l'île Fontana. C'est un triste pré
sage que l'annoncede ces nouvelles conquêtes dé M. Guizot, nous
arrivât en même temps que le récit des insurrections excitées
contre, nous à Taïti par les intrigues des missionnaires et des offi
ciers anglais, !! est impossible 4e ne pas songer au désaveu de îà-
mira! Dupètit-Thouars, au blâme de M. d'Aubigny, à l'indem
nité Pritchard; en lisant la nouvelle de cette frivole acquisitioh de
territoires'inféconds, fertiles seulement en querelles; nous avons
peine à' yeroire, malgré la sourde officielle- Nous ne savons com
ment comprendre qbé M., Guizot veuille une fois encore dépenser
l'argent et peut-être le sang de la France, pour reculer ensuite,
pour noùs ! placer partout: dans une situation impuissante eteom-
promise, nous faire toujours payer les injures que nous recevons
et les pertes que nous éprouvons niais les faits rapportés par le
journal Z'Oc&mie n'ontpas été démentis; ils sont donc constans,
lïfûlleurs, / leur accomplissement appartient à la période de po
litique où M. Guizot battait la charge dans l'Océanie pour nous
cacher sa retraite sur les terrains diplomatiques de l'Europe. C'é
tait aussi le temps où cë ministre gouvernemental soutenait à la
tribunë qu'un gouvérnettent intelligent ne devait pas diriger ses
agents," m'leur donner d'instructions, et que nos marins envoyés
dans l'Océan-Pacitique savaient mieux que lui ce qu'il convient
d'y faire. Si des renseignemens plus nombreux ne nous sont pas
parvenus, cela tient probablement à cet étrange mystère dont on en
toure toutes les affaires de l'Océanie, à cette dissimulation du gou
vernement, qui n'a pas cessé-depuis l'arrivée du navire l'Elisabeth
jusqu'à aujourd'hui ; à ce silence sur les faits les plus graves, qui
désole tant de familles et inquiète tout le pays.
" A ceux dont les fils et les amis doivent subir des humiliations
eja récompense de leurs services, nous n'avons malheureusement
r^e» à, dire ; mais l'indication précise de la feuille officielle rédigée
pair M. Bruat, nous permet d'examiner la nature et la portée^e ce
nouvel embarras que la prudence de M. Guizot vient encore de
ménager à la France. *
L'île Wallis et l'île Fontana sont, très peu connues. Cette der
nière a si peu de célébrité, que des recherches attentives peuvent
sëulès faire découvrir le çoiu du globe où elle est située. L'annoncé
de l'acceptation desçn protectorat nous arrivant par Taïti, on de
vait croire qu'elle était l'une des îles Pomotou, ou se perdait dans
l'un de ces archipels voisins de la reine déchue de l'Océariie, dont
un voyageur parlait en ces termes : « Le groupe entier a 440; à
450 îles, qui, toutes réunies, préséntent une superficie de sept
lieues cajrrees'. » Néanmoins, si l'on en croit les dictionnaires géo
graphiques les plus exafcts, Fontana n'appartiendrait pas à cette
poussière d'îles sëmées sur l'Océan-Pacifique, à ces fràgmens de
rochers, où se sont. accrochés quelques hommes, ainsi que le fer
raient des malheureux naufragés, sur les débris d'un navire. C'est
dans d'autres mers et sur des côtes plus désolées qu'il faut cher-
ch,èr notré brillantè conquête. Nous avons déjà parlé d'un ancien
projet de M. Guizot, qui.aspirait à s'emparer d'une île dans les
<■. mers de Chinî. Par crainte du mécontentement de l'Angleterre,
notre conquérant s'était ensuite rabattu sur un rocher de l'archi-
5el Malais, et de la: dernière dégénérescence de ce plan, est sans
oute sortie Fontana. Cette îlè; ainsi que celle deBougainville, de
Cassini etd'Adel, la plus grande de toutes, est située le long de la
côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande appelée terre de Witt.
"Voici la description que Péron fait de ce pays d'après Dampierre
eî Bougaiuville. .
nTOUUSTON VU CONSTITUTIONNEl SU 12 DÉC. 1844.
SANS DOT
ROSETTE.
VI.
Tandis ; que, Félicie cherchait inutilement le mot de l'énigme que lui
avaitpropogée, gans le savoir, la Carbonnet, celle-ci était.allée assister au
lever de Mlle de Clavières Déjà les autres suivantes étaient accourues au
coup de sonnette de leur maîtresse. L'une entr'ouvrait les persiennes et
abaissait devant; la fenêtre On, store de satin blanc sur lequel un artiste
chinois payait, peint des< oiseaux d',«n plumage inouï, des fleurs impossi-,
bles ; une autre relevait les rideaux du lit et rajustait les draps de ba
tiste garnis de dentelle » une troisième, agenouillée surle tapis, se tenait
prête à chausser d'une mule de velours Brodé le pied maigre et plat de
Sérapliinè.; C'était un curieux et triste tableau d'intérieur. La chambre à
coucner de Mlle de Clavières était digne d'une reine ou d'une jolie fem
me; des tentures de lampas 4>teu de ciel, encadrées de légères baguettes
d'ojé, farinaient unfondqe tapisserie de l'effet le plus riche et le plus
frais. L'ameublement, pur style Louis XV, , semblait avoir été tiré des'
petitsappar terriens de Versailles, et la pendule dont le cadran émaillé
portait le nom de Lepaute, avait dû sonner l'heure de plus d'un galant
rendez-vous dpnné au jeu de la reine ou au lever -de la favorite. Si par
un prodige l'ame condamnée d'un de ces jolis marquis, de ces charmans
roues qui; formaient la cour dp Mme Dubarry avait pu, reprenant son
co.çp% mortel, retourner dans les demeures héréditaires de la vieille no
blesse, elle, se serait arrêtée palpitante au seuil de cette chambre où rien
ne semblait avoir été changé; depuis trois quarts de siècle, où elle n'au
rait riéii aperçu de nouveau que le; journal chamarré d'annonces et orné
d'un feuilleton de neuf colonnes, dont les pages gigantesques couvraient,
le . guéridon où Mlle de Clavières, qui n'aimait pas les romans, l'avait jeté
d'une main dédaigneuse.. ~
Séraphine se laissa vêtir sans dire un seul mot. Il ne lui était pas
.(1) Toqte. reproduction, même partielle, de ce feuilleton, est interdite.
.Voir paur les trois premiers chapitres, les numéros des ii, 6, 7, 8 et
11 décembre.
« Toute cette côte est composée de dunes continuelles formées
d'un sable blanc rejeté par la mér. On n'y trouve que très peu d'eau,
très peu d'herbes; les oiseaux mêmes et tons les animaux parais
sent avoir déserté cette plage stérile. Quelques malheureuses tri
bus de sauvages errent dan? ces îles et sur les côtes. Leur nourri
ture consiste en poissons et en coquillages. Us couchent en plein
air, et paraissent vivre à la manière des brutes; L'homme a foi ces J .
rivages d'où la végétation est bannie et sur lesquels le ciej>*ffl-
jours sec, toujours ardent, ne répand point une y
santé. » ' 'w
N'insistons pas davantage sur l'île Fontana, dont le protectorat
en lui-même ne signifie rien. Personne ne viendranouslédispu-
ter; mais il faut que la France sache que si on y envoyait des
troupes, si l'on y formait un établissement, ce serait del'argentet
des nommes dépensés en pure perte, pour y fournir un pitoyable
argument au ministère. • ^
Quant à l'île Wallis; c'est autre chose. Si le protectorat français
y est un fait , sérieux, nous aurons bientôt là, la répétition "des
guerres et des reculades de Taïti. A mesure qu'on s'approche de là
Nouvelle-Hollande et de la ; Nouvelle-Zélande, lf. lutte, avec, les
missionnaires méthodistes devient plus violente et le conflit avec
les autoritésbritaniques plus imminent; à moins, toutefois,
qu'il n'y ait ni habitans à exploiter, ni commerce espérer; alors,
on ne rencontré pas dé missionnaires marchands: ; i K ^ ,
• Kous n'avonsqu'une.chosie Kdire ^iJ'onveuise.nieUreen.l*Ue
ouverte avec la Grande-Bretagne, le théâtre est mal choisi ; si l'on
veut éviter les conflits, il est imprudent de créer à plaisir, sans
qu'aucun avantage puisse en résulter, des points decoatact et d'ir
ritation. Eh bien ! 1 île Wallis se trouve justement' comme encla
vée entre les trois grands archipels Samoe, Tonga et Vifi. Elle est
sur la bise nord de ce vaàte triangle Dans les différéns voyages
de Dumont-d Urville et de l'amiral Dupetit-Thouars, nous voyons
que sur tous ces archipels se sont répandus les missionnaires we|s-
leyens. Ils se sont fait bâtir de grandes maisons par les indigènes;
tous les bestiaux leur appartiennent ; un certain capitaine de la
marine de 'Sa Majesté Britannique, appelé Drink-Water, a par
couru toutes ces îles, et à partout établi des droits" dé au pro- ;
fit des missionnaires: Aux îles Tonga, ces mêmës : missionnaires,'
ainsi qu'ils l'avaient fait il y a trente ans pour Pomaré 1", réfu
gié à Eimeo, foiirnissaieiit des armes aux convertis, sous prétexte
de subjuguer les idolâtres. Dans toutes ces îles, par, force et par
ruse, par la prédication, par le commerce et par laguerrë, ils trar.
vaillent à assurer leur suprétijatie. Lors du dernier voyage de
Dumont-d'Urville, M. Pompallier, évêque de la Nouvelle-Zélande,
passant par Yadao, envoya deux missionnaires catholiques à l'île
Wallis, dont la cruauté des habitans avait jusqu'alors repoussé les
Européens. . ;
Quine comprend qu'aucun peuple ne demande à être protégé,
c'est-à-dire à perdre une partie de son indépendance que pour son
propre intérêt; que lorsqu'il est menacé par un dapger? Entre
deux maux, il choisit celui qui lui paraît le moindre, et si le pro
tectorat crée des ,droits, il implique aussi des devoir^ (Qes devoirs,
si on les accepte, il faut savoir lés remplir'; sans cela on paie la
gloriole d'un jour par le discrédit et la déconsidération-. £e$ enne
mis qui menacent l'île Wallis, là France les connaît, déjà ; ceux
contre lesquels on nous demande de protéger les habitans dé cette
île, ce sont lès missionnaires qui ont fourni la poudre et les armes
aux insurgés de Mahahéna. Si nous jugeons de l'avenir par le
passé, la guerre et les humiliations pour la France v^pt avoir un
petit théâtre de plus en Océanie. Anglais et Français, catholiques
et protestans, seront une fois de plus mis en présence, grâce à la
prudence de la paix à tout prix.
Le sublime du ridicule si l'on peut se servir de cette expression
dans une matière qui est dévenue grave, c'est que par un hasard
ou un choix vraiment heùrëux, rîleWallis4ontM. Guizot à accepté.
Je protectorat, n'étant séparéequëparuneassëz courte distance de,,
l'archipel Samoe, ressort probablement du, consul&t. britanniquej
d'Appia. L'archipel Samoe, autrement dit l'archipel des Naviga^.
tèurs, va posséder pour consul britannique M: Pritchard: C'est
avec ce conciliant personnage que nous allons avoir de nouveau* 1
rapports:* C'est lui qui se chargera d'adoucir toutes les irritations
et de maintenir l'entente cordiale. Mais qu'importe? les grands es- '
prits aiment les M;*
Guizot;l'opposition aunepolitiquetrop modeste .Avee lapaixàtoyt
prix, ofl n a rien à craindre: on devient le maître des évènemeùs ;
on peut toujours reculer. r 5 ^
La chambre des représentai de Belgique.est sur lie point d'à- .
border l'exàmen et la discussion du traité cdnclu avec l'assoéiatioa /
allemande des douanes. M. de Deker a fait à ce sujet un rap^prt *
fort diffus dans lequel il donne à cette transaction Une,importance,,,
iqti'élle n'a pas. Nous avons déjà fait remarquer aue la plupart des
stipulations n'étaient qué la consécration d un . état* dè choses qu| '
existait depuis long-temps; et qui
fiëtite guerre douanière terminée à la grande joie des parties par.:
ë traité en question. Là Prusse ^montré dans ce cohflit une plu«
grande intelligence des affaires que la Belgique, et en définitive ,,
elle a obtenu quelqùes avantages pour son transit, sa nayigàtion,^
et pour nu petit nombre d'articles de
Quoique M. le rapporteur du drojjest^ de toi actueîlemèht souinis'à
la chambre des représentans, fasse une énumération très prolixe
des avantages et immunités, que le traité, confère à la Bëlgîirtïë,
nous croyons que ce long procès-verbarn'a d'autre but quede,.,
masquer le vide de la transaction On pçut sti|tuler pour la nayi-
gation quand on possédé une marine. Ni la^ Belgique ni je Zollve-, "
rein ne peuvent avoir sérieusement une semblable prétention, du .
moins quant à présent. Cependant la réciprocité qui a exercé une >
si grande séduction sur la commission, profitera plutôt au Zollve-> 1
rein qu'à la Belgique, attendu qiie la marine prussienne, 'quelque' '
insignifiante qu elle soit, est cependant plus considétebleqùe celle l
du roi Léopold. .
GUERRE DES JÉSUITES. >
La guérre des jésuitès continue en Suisse, et bientôt peut-ôlre :
le sang coulera grâce aux bons pères. Leur présence enfante et pnii
trètient partout la discorde. Voici les nouvelles qui nous sontï
transmises par: notre correspondance particulière : . i
' - - , ' Bérriè; le 7 décembre 4844. '
Les nouvelles dé Lucernq d'liier au soir, 6,. annoncent qii'aucui^ col
lision sérieuse n'a qnepre la pluâ;
grandè effervescence continuai t à régner. dans les,esprits, et l'annoncedes
mesures militaires prises par Berne y avait eausé une grande gensatwn
Le gouvernement a tellement l'appréhension d'un mouvetnentuqu'il .a:
renforcé la garnison d'un,bataillon tiç'é des districts où les esprits sont; V '
lé mieux disposés en faveur des jésuites. Le chef du parti liberal. l'anT
cien avoyer Kopp. a fait partir sa famille du chef-lieu. D'un.autre.côté,,,
on remarque à Lucerne la présence d'un homme qui a joué un grand .
rôle dans lés tentatives réactionnaires, dé 1833, le colonel Abyberg» , ; -y
:Le 5' bataillon d'élite bernois pe trouvait déjà, réuni hier à ; midi à.'
Hutwyl, à un quart de lieuè de.la frontière lucernoise ; lé 14 e bataillons
a sèn quàrtier à Langnau, autre point de la-frontière, et le i' à Interlac-r »
ken, d'où il observelesmouvemens des cantons primitifs., , r yt,
Bâle-Campagne et Argovie ont dû prendre des mesures militaires ana-, :
logues à celles de Berne, et de nombreux volontaires sont prêts à mar- *
cher au secours des libéraux*. ,
Berne, le 8 décembre. . .
Les événemens de Lucerne ne prenant pas immédiatement le dévelop
pement que, semblait comporter la révolte de Willisau, le conseil exé- ''
cutif de Berne avait décidé nier de suspendre la marche des troupes qu» 1
arrivé une fois en sa vie d'émettre un avis sur sa toilette, et ses fem
mes, accoutumées à cette indifférence absolue; l'habillaient à leur fan
taisie avec les robes que la plus habile couturière de Paris avait choi
sies à son gré. Elle se prêtait à leurs soins.avec une sorte d'impatience
et ne levait jamais les yeux sur son miroir pour juger leur ouvrage.
Lorsque l'une eut peigné et relevé ses cheveux,. de manière à former
derrière la tête un mince chignon, l'autre lui passa une robe de barége
noir, doublée de satin, et la troisième se hâta de mettre la dernière
main à cette toilette de deuil en jetant sur les épaulés de sa maîtresse
un mantelet de dentelle noire.
— Bien! C'est fini, dit Mlle dé Clavières. i
,Ensuite elle renvoya d'un signe ses suivantes et reprit, en se tour
nant vers la Carbonnet :
— Vous avez quelque chose à, me dire, Dorothée?
— Rien de bien essentiel, répondit-elle, je venais seulement deman
der à Mademoiselle si je dois continuer mon service auprès de Madame
sa belle-sœur, quoique Rosette soit rentrée chez elle aujourd'hui.
— Mais non, c'est inutile; je pense, répondit Séraphine.
Et, après un moment de réflexion, elle ajouta : t
■_-i- Dites-moi, Dorothée, quelle raison avez-vous eue pour insister sur
la nécessité de mettre encoreauprès de ma sœur cette petite Rosette?
A cetle question la Carbonnet hocha la tête et sourit finement. ;;
—- C'est un choix auquel vous attachez quelque importance, continua
Séraphine ; car vous m'en avez parlé avant même que j'allasse chercher
nia sœur à Meudon ; vous avez insisté là-dessus. Dans quelle idée, et
quelle est donc cette jeune fille ? ; : • • r.,
Une pauvre créature que Madame avait prise à son service presque
par charité, répondit tranquillement la Carbonnet ; elle n'est pas propre
à grand'chose, j'en conviens... <
— Eh bien ! alors , pourquoi l'avez-vous proposée ? interrompit brus
quement Mlle de Clavières. . ,
— Parce qu'elle ne fera pas grand bruit ici, poursuivit la Carbonnet
du même ton, parce qu'elle ne sera pas sans cesse à observer ce qu'on
fait, à écouter ce qu'on dit, pour en faire.ensuite des réflexions tout
haut devant sa maîtresse. C'est une petite fille bien tranquille , à la
quelle on n'a jamais pu reprocher la moindre indiscrétion , qui n'a ja
mais répété un seul mot de ce qu'on dit en sa présence...
— Elle est muette ! interrompit Séraphine. : , : .
— Sourde et muette de naissance," répondit la Carbonnet ; une femme
de chambre qui ne .parle pas plus qu'un poisson,ronge ! C'est un sujet
précieux, et j'ai pensé que Mademoiselle approuverait ce choix. .
— Je m'en rappoite à ce que dira ma sœur, dit Mlle de Clavièrea, in
térieurement satisfaite de cet arrangement, qui mettait auprès de Féir-
cie un être dont la bonne volonté, le dévoûment devaient être nécèssai- '
rement stériles. ; '
Un moment après, elle passa chez la jeune femme pour lui proposer' 7
d'aller entendre la messe à SaintrRoch ; car, bien qu'elle ne fût pas dé
vote, elle ne se dispensait pas de certains exercices religieux-que, dans
le désœuvrement impie de son ame, elle pratiquait en manière de passe-
temps: -
Rosette venait d'arriver, conduite par la Carbonnet. C'était une pau- ! "
vre petite créature assez jolie, et si délicate qu'au premier abord l'on au-*
rait pu croire qu'elle sortait à peine de l'adolescence. Quoiqu'elle eût ùn«F
vingtaine d'années, ses membres avaient encore les formes grêles-de a
l'enfance; mais sa figure annonçait bien plus d'âge que sa taille. Ce con
traste naissait de son infirmité ; obligée pour se faire comprendre de for- -
cer l'expression de ses traits, et de suppléer à la parole par une pan te-
mimeexagérée, elle avait au front des rides précoces, et un léger pli mar
quait déjà la commissure de ses lèvres vermeilles. Ell» avait d'ailleurs la
physionomie des êtres malheureux qui vivent séparés moralement de;
ceux qui les entourent, et dont l'éducation intellectuelle est tout-à-fait
nulle. Son regard était mobile, inquiet, vague parfois, et il y avait dans -
son sourire quelque chose de triste et d'effaré qui peignait 1 effort conti
nuel d'une intelligence travaillant, incertaine, au milieu d'un silence
éternel. :
Lorsque Mlle de Clavières entra , Rosette, debout devant sa jeune •
maîtresse, la considérait d'un air ravi et manifestait la joie qu'elle avait
de la revoir, par un petit rire silencieux qui était la plus haute èxpVes^
Sion de son contentement; puis, comme pour rentrer sur-le-champ en
fonctions, elle lui fit signe qu'elle n'était pas habillée avec Un soin irré
prochable, et elle se mit à la rajuster de ses petites mains adroites.
s Lé regard que Félicie leva vers la porte en entendant Mlle de Clavières,,
détourna Rosette de cette occupation ; elle leva aussi la vue et demeura -
teomme pétrifiée à l'aspectde cette tête de Méduse. Un>signe presque im-'
perceptible de Félicie, l'avertit de ne pas laisser parler sa physionomie.
La jeune femme, se levant aussitôt, courut au-aevant de sa bélle-sosur
et l'entraîna dans lesalon où elles restèrent seules. * ' ;
De leur côté Rosette et la Carbonnet se r#tirèrent par l'escalier de séP*'
Vice. La muette courut aussitôt au jardin:' elle venait d'apercevoir une
des femmes de chambre qui promenait sur la pelouse lin chien gros com
me le poing, dont les soies galamment relevées en chignon étaient atta-,
chées avec un nœud de rubans roses. "w ;
Va et bavarde: si tu peux !..: murmura la Cartonnét eni la voyant
aborder ga nouvelle compagne: je pe risqué rien de vous laisser ensemble.
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