204 l'Aérophile, Juillet 1932
qu'ils croient en son avenir. Aussi se conten-
tent-ils de représenter ce qu'ils en connais-
sent et ce qui peut, en montrant la vie et l'acti-
vité des aérodromes, intéresser directement le
Le dieu nouveau
Bas-relief de A. Amat, qui fut exposé au Salon,
cette année.
public; en un mot, ils font du documentaire
pittoresque, de l'illustration prise sur la vie.
Par là, ils captent la curiosité toujours avide
d'un public que l'indifférence ou l'incompré-
hension tient éloigné des aérodromes — avec
l'esprit actuel, il n'y a pas autre chose à faire
en ce moment — et ainsi ils rendent déjà de
bons services à une cause dont ils se font les
fourriers de la propagande.
Cependant, l'avenir nous semble de plus
d'envergure.
Peu à peu on se familiarisera avec les appa-
reils, on volera de plus en plus, le tourisme se
développera, les appareils eux-mêmes augmen-
teront de volume et de puissance, révéleront
d'autres qualités, se fixeront peut-être dans
des formes diamétralement opposées à celles
auxquelles nous sommes accoutumés. La vie
des aéroports, avec son nombreux personnel,
ses avions multiples, ses départs et ses arrivées
incessantes dans un perpétuel chassé-croisé,
sera une fourmilière en mouvement, ayant ses
heures d'affluence et ses temps morts, comme
les grands ports; alors, l'art pourra aller plus
loin que le documentaire fragmentaire, il de-
vra voir large et dégager sa noblesse, pour-
suivre d'autres objectifs. Qu'est-ce qui fait, au-
jourd'hui, le succès des films ou des dessins
d'aviation? Ce n'est pas l'esthétique et l'élé-
ment de beauté qui, dans la mesure du possible,
y est incorporé, mais la vision de choses que
le public ne connaît pas ou peu et qui lui
sont ainsi révélées, Il ne s'arrêtera pas encore
à la ligne d'un appareil ou à la sensation
éprouvée par un artiste, il ne voit que le côté
anecdotique. Mais, dans quelque temps, les ar-
tistes pourront s'exprimer autrement, car ils
trouveront, dans ce même public, des récep-
tacles préparés. Les organes moteurs, les pers-
pectives déformées, les changements de plans
dans l'espace, leur fourniront des motifs déco-
ratifs, alors que les images atmosphériques
entrevues en vol provoqueront leurs impres-
sions picturales. Notre siècle, qui procède de
la ligne, belle en elle-même, trouvera dans
l'aéronef sa justification et son emploi ration-
nel. Je crois en un art d'aviation parce que, en
dehors de la machine elle-même, il y a — et
surtout il y aura — toute une ambiance parti-
culière, aussi changeante et variée que le ciel
lui-même, cadre inséparable de l'avion qu'il
enveloppe de sa poésie.
Définir cet art, par anticipation, est difficile.
On ne peut jamais prophétiser en art; et au
surplus, nous-mêmes, que la question passionne
cependant, avons-nous l'esprit formé déjà à
ces conceptions? Les artistes d'aujourd'hui
sont prisonniers d'une formation, d'une éduca-
tion, de réalisations toutes autres, et peut-être
se verront-ils dépassés par de nouveaux venus
dont les premiers pas auront été bercés du
ronronnement des moteurs? Ils ont été, suivant
l'expression de Fortunat Strovsky, « les hôm-
mes de l'insensibilité » où l'avion est vitesse et
tout l'avenir sera influencé par cela. Les tra-
ductions de l'art sont en relations directes avec
la nouvelle puissance du monde.
Raymond Galoyer.
le cinéma
L'as. malgré lui
Un film qui semble un peu analogue à
L'Aviateur de Douglas Fairbanks, doit être
présenté prochainement. On y verra les acro-
baties exécutées par un pilote qui, dans le
film, est sensé partir sur un avion sans aucune
notion de sa conduite.
a
Jeanne Helbling, séduite par l'avion, veut
devenir pilote. Elle a commencé dernièrement
son apprentissage à Orly.
a
Gennaro Righelli, dans les laboratoires ciné-
matographiques de Rome, compose un grand
film de propagande pour l'aviation italienne.
Ses collaborateurs principaux sont : Germana
Paolieri, Leda Gloria, Alfredo Moretti, Ennio
Cerlesi et Guide Celano.
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