LA PEINE DE MORT
(AFFAIRE MONTCHARMONT, - PROCÈS DE L'É VÉNEMENl)
Le 29 mars 1851, devant la Cour d'assises de Saône-et-Loire comparaissait un bracon-
nier nommé Montcharmont.
Voici comment l'acte d'accusation racontait les faits qui avaient amené cette compa-
rution.
« Claude Montcharmont appartient à une famille de cultivateurs, ancienne dans le pays,
:nombreuse et généralement estimée. Ayant appris la profession de maréchal ferrant, il vint
en 1844 s'établir à Saint-Prix-sous-Beuvray, lieu de sa naissance, et sa boutique ne tarda
pas à être convenablement achalandée. Mais au bout de quelque temps l'amour de la chasse
lui fit négliger le travail, et les événements politiques achevèrent de déranger l'ouvrier qui,
jusqu'alors, s'était montré intelligent, honnête et laborieux. Pris en délit dans les premiers
mois de l'année 1848, il conçut contre le garde-champêtre, qui lui déclarait procès-verbal,
et même contre le maire de Saint-Prix, une inimitié violente qui le porta à provoquer leur
destitution. Plaintes, dénonciations, manifestations hostiles et bruyantes, rien ne fut épargné
dam; ce but; l'insuccès de ses efforts ne fit que l'aigrir et augmenter ses sentiments de
liaine. Ces dispositions malveillantes s'accrurent encore l'année suivante, par suite du refus
que lui fit l'administration supérieure de lui délivrer, comme en 1849, un permis de chasse.
Montcharmont n'avait pas acquitté les frais de ses premières condamnations, on usa à son
•égard d'un droit qu'il considéra comme une rigueur imméritée; alors il chassa sans permis.
« De nouvelles condamnations pécuniaires vinrent le frapper; il parut en faire un jeu, il
-n'était point à même d'y satisfaire; ses parents ne pouvaient l'aider de leur bourse. Il ne
voulut écouter aucun avertissement, repoussa tous les conseils, et continua avec ardeur à se
livrer à une passion qui paraissait le dominer, et dans laquelle il ne connut plus de bornes.
« Cependant la justice dut se montrer plus sévère; Montcharmont, convaincu de nouveaux
délits, fut condamné, le 25 juillet 1850, à huit jours d'emprisonnement; le 29 août suivant,
.à quinze jours de la même peine. Son irritation contre le garde-champêtre fut portée au der-
Jiier degré. L'ayant rencontré vers la même époque dans un bois où il travaillait seul, Mont-
charmont, qui était armé d'un fusil, lui demanda s'il allait encore lui déclarer procès-verbal.
Sur la réponse du garde que, s'il le trouvait en contravention, il n'hésiterait pas à faire son
devoir, l'accusé lui reprocha de commettre des faux, s'emporta en menaces et en injures,
ajoutant : « Je ne tiens pas à la vie, pars d'ici, ou je vais te faire voir quelque chose ». Le
.garde termina sa besogne et alla un peu plus loin ; mais l'accusé revint à lui, tenant son
fusil armé et amorcé ; il s'approcha à cinq ou six pas et lui dit : « Commence à f. le camp
bien vite, ou je te brûle la cervelle ! » et comme, devant cette menace, le garde ne reculait
pas, il s'écria : « Pars de là, la rage s'est emparée de moi, je vais faire un meùrtre ! »
« Le garde qui était sans armes crut en effet prudent de quitter la place, il porta plainte et
pour ee fait Montcharmont fut condamné par défaut, le 26 septembre 1850, à six mois d'em-
prisonnement,
« Averti plusieurs fois de se libérer des condamnations pécuniaires prononcées contre lui, et
làe- subir les peines corporelles qu'il avait encourues, Montcharmont se prétendit injustement
frappé, et pressentant qu'il serait bientôt recherché par la force publique, il abandonna com-
plètement sa profession, ne parut plus que - rarement à son domicile, et fit sa retraite habi-
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