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- BULLETIN TRIMESTRIEL DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE T. XLI - Année 1986
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— 419 —
L'Hôtel de la Chancellerie
à Tours
par MM. Michel MAITRE et André MONTOUX
Rien au premier abord ne semble attirer l'attention du promeneur qui
passe indifférent devant l'immeuble sis au n° 60 de cette rue de la Scelle-
rie, dont le nom a donné lieu à tant d'hypothèses. Cependant, l'épais mur
aveugle, long de cinq mètres, sur lequel repose largement en retrait son
premier étage auquel il sert de balcon, est pourtant l'un des vestiges d'une
ancienne porte de la cité démolie seulement au siècle dernier.
Celle-ci, qui n'avait plus guère d'utilité après la construction de la
grande enceinte du XIVe siècle, avait déjà fait l'objet des convoitises de
Louis de Luxembourg, chancelier de 1425 à 1435. « Monsieur d'Espeigny
étant bailli de Touraine et capitaine du château et de la ville, Louis de
Luxembourg demanda aux élus le portail de la place située près et aux
environs de Saint-Vincent ». Sans doute par crainte de lui déplaire, ceci
lui fut accordé par délibération du 11 février (1435, semble-t-il). Benoît
de la Grandière qui rapporte ce fait (1) ajoute : « On doit penser que ce
terrain et ce portail est depuis retourné aux habitants et que l'un et l'autre
ont permis à la ville d'en disposer par la suite ».
C'est en effet ce qui arriva quelques années plus tard et M. Bernard
CHEVALIER dans son ouvrage « Tours ville royale », nous explique avec
précision, les circonstances qui amenèrent la construction de cet Hôtel de
la Chancellerie et nous en fournit l'origine : « A cet endroit la rue de la
Scellerie venait buter sur le vieux rempart des Arcis qui avec ses douves
formait un obstacle infranchissable. La ville décida en 1446 de reporter
d'une dizaine de mètres vers le sud le mur d'enceinte afin d'améliorer la
défense entre Saint-Vincent et Saint-Etienne et d'ouvrir dans le prolonge-
ment de la rue de la Scellerie une voie nouvelle pour mettre en relation
directe la cathédrale et Saint-Martin. Il y avait donc là au moins vingt ares
à gagner, plus même avec les jardins pouvant devenir de bons terrains à
bâtir » (2). Le Chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins y vit une fruc-
tueuse opération à réaliser. « Il se fit bailler par l'archevêque tout le sol,
moyennant le cens ridicule d'un denier », et par la ville « le vieil portal de
Sainct Vincent. et aussi les places qui sont hors la dite rue
1) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome XLVII, 1908, page 140.
2) Tours. Ville royale (1975) p. 377, 378, 379, 380. Nous remercions M. Bernard CHEVALIER qui
a bien voulu nous autoriser à reproduire ce texte.
Bulletin de la Société Archéologique de Touraine - Tome XLI - Année 1986.
L'Hôtel de la Chancellerie
à Tours
par MM. Michel MAITRE et André MONTOUX
Rien au premier abord ne semble attirer l'attention du promeneur qui
passe indifférent devant l'immeuble sis au n° 60 de cette rue de la Scelle-
rie, dont le nom a donné lieu à tant d'hypothèses. Cependant, l'épais mur
aveugle, long de cinq mètres, sur lequel repose largement en retrait son
premier étage auquel il sert de balcon, est pourtant l'un des vestiges d'une
ancienne porte de la cité démolie seulement au siècle dernier.
Celle-ci, qui n'avait plus guère d'utilité après la construction de la
grande enceinte du XIVe siècle, avait déjà fait l'objet des convoitises de
Louis de Luxembourg, chancelier de 1425 à 1435. « Monsieur d'Espeigny
étant bailli de Touraine et capitaine du château et de la ville, Louis de
Luxembourg demanda aux élus le portail de la place située près et aux
environs de Saint-Vincent ». Sans doute par crainte de lui déplaire, ceci
lui fut accordé par délibération du 11 février (1435, semble-t-il). Benoît
de la Grandière qui rapporte ce fait (1) ajoute : « On doit penser que ce
terrain et ce portail est depuis retourné aux habitants et que l'un et l'autre
ont permis à la ville d'en disposer par la suite ».
C'est en effet ce qui arriva quelques années plus tard et M. Bernard
CHEVALIER dans son ouvrage « Tours ville royale », nous explique avec
précision, les circonstances qui amenèrent la construction de cet Hôtel de
la Chancellerie et nous en fournit l'origine : « A cet endroit la rue de la
Scellerie venait buter sur le vieux rempart des Arcis qui avec ses douves
formait un obstacle infranchissable. La ville décida en 1446 de reporter
d'une dizaine de mètres vers le sud le mur d'enceinte afin d'améliorer la
défense entre Saint-Vincent et Saint-Etienne et d'ouvrir dans le prolonge-
ment de la rue de la Scellerie une voie nouvelle pour mettre en relation
directe la cathédrale et Saint-Martin. Il y avait donc là au moins vingt ares
à gagner, plus même avec les jardins pouvant devenir de bons terrains à
bâtir » (2). Le Chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins y vit une fruc-
tueuse opération à réaliser. « Il se fit bailler par l'archevêque tout le sol,
moyennant le cens ridicule d'un denier », et par la ville « le vieil portal de
Sainct Vincent. et aussi les places qui sont hors la dite rue
1) Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome XLVII, 1908, page 140.
2) Tours. Ville royale (1975) p. 377, 378, 379, 380. Nous remercions M. Bernard CHEVALIER qui
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