Titre : Bulletin de la Société archéologique de Touraine
Auteur : Société archéologique de Touraine. Auteur du texte
Éditeur : Guillaud-Verger (Tours)
Éditeur : Georget-Joubert (Tours)
Date d'édition : 2003
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429572f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 29552 Nombre total de vues : 29552
Description : 2003 2003
Description : 2003 (T49). 2003 (T49).
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k65324237
Source : Société archéologique de Touraine, 2008-208966
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/06/2013
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- BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE TOURAINE TOME XLIX - ANNÉE 2003
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L'ancien Hôtel de La Bourdaisière
ou du Gouvernement (XVIe-XIXe siècles) Pierre LEVEEL
1
'histoire mouvementée de cette grande
demeure, naguère située au centre des
quartiers historiques de Tours à l'em-
placement d'immeubles numérotés 77,
79 et 81 rue Colbert, a été souvent évoquée, mais
jamais précisée sans erreurs.
L'un des meilleurs chercheurs de notre Société
Archéologique de Touraine, le baron Henry Auvray
(1878-1947), en était parfaitement conscient. Il
voulait y remédier, en mettant au point, de manière
très remarquable, les origines de l'Hôtel Babou de
la Bourdaisière, situé 8 place Foire-le-Roi, qui
appartient toujours à la Société Archéologique ;
après avoir séparé les documents qui s'appliquent à
l'une et à l'autre demeure portant le nom de la
Bourdaisière, H. Auvray nous prévient : «Nous
nous arrêterons ici pour tout ce qui touche à
l'histoire de l'hôtel (de la Bourdaisière ou) du
Gouvernement, que nous n'avons pas à faire
aujourd'hui». Ainsi concernant la demeure ouverte
sur la Grande-Rue (rue Colbert) le secours d'H.
Auvray est précieux, mais limité.
1. L'ascension rapide de Philibert
Babou
Ce personnage, très souvent cité, mais qui n'a jamais
fait l'objet d'une biographie complète, pourrait avoir
une place dans le mouvement de la Renaissance en
Touraine, une place comparable à celle de Jacques
de Beaune-Semblançay, tellement plus connu à
cause de sa fin, si tragique et si injuste, au gibet de
Montfaucon le 12 août 1527. Babou avait fortement
contribué à la chute de son rival dans la gestion des
comptes royaux : «Babou avoit dès 2 longtemps
inimitié couverte contre de Beaune»2. L'un et
l'autre sans cesse en chevauchées avec la Cour
itinérante du roi et de sa mère la régente Louise de
Savoie, souvent aussi à l'armée d'Italie, n'en
1 Baron H. Auvray, «L'Hôtel de la Société Archéologique
ou Babou de la Bourdaisière», dans Bulletin de la S.A. T.,
t. XXVII, 1940, p. 441-479.
2 A. Spont, Semblançay, Paris, 1895, p. 199, n. 3, d'après
B.N.F., ms. fr. 2941, fol. 2 va.
faisaient pas moins construire de beaux hôtels en
ville de Tours, et des châteaux «renaissance» dans
la campagne tourangelle. Pour nous en tenir à
Philibert Babou, lui-même avec son épouse la belle
Marie Gaudin avaient à peine fini, à la Bourdai-
sière de Montlouis, de transformer la forteresse du
maréchal Boucicaut en une remarquable demeure à
la mode nouvelle (1520-1521) qu'il mettait en
chantier deux hôtels, voisins l'un de l'autre, en
ville de Tours. Que la beauté de Marie Babou et de
ses filles ait contribué aux royales libéralités envers
cette famille, ne paraît guère douteux. Nous nous
en tiendrons ici à la sage réflexion du regretté cha-
noine Audard : «On doit remarquer cependant que
la grandeur des Babou trouva dans la grandeur des
Gaudin un piédestal solide et haut placé, antérieur
aux mérites spéciaux des héroïnes de Brantôme» 3.
L'étude précitée du baron Auvray nous apprend
que dès novembre 1520 «par lettres royaulx datés
d'Amboise»., «Iedict seigneur (le roi) a donné,
ceddé, transporté et délaissé à maistre Philibert
Babou, conseiller dudict seigneur et trésorier de
France, impétrant desdictes lettres, l'allée et place
qui est oultre les murs et clostures de ladicte ville
de Tours et le couvent des Jacobins de ladicte ville,
et la maison où pend pour enseigne le daulphin,
que ledict impétrant a naguère acquise du bailly de
Rouan, seigneur de La Barre» et aussi baron de
Véretz en Touraine4.
Ces terrains donnés par le roi, proches du mur de
ville et de sa porte Foire-le-Roi (XIVe siècle) à
l'ouest des Jacobins, concernent à l'évidence
l'hôtel que Philibert allait peu après, vers 1522-
1523, faire construire sur les plans de Martin et
Gatien François, disciples et parents du maître
Michel Colombe, familiers de son atelier de la rue
du faubourg Saint-Étienne, aujourd'hui rue Bernard
Palissy5. Il s'ensuivit toute une polémique, ardente
mais vaine à cause de la volonté du roi, entre
3 Chanoine E. Audard, «Les Gaudin, seigneurs de Jallan-
ges, de Montifray et de la Bourdaisière», dans Bulletin de
la Société Archéologique de Touraine, ibid, p. 347-352.
4 Auvray, loc. cit., p. 45859.
5 Ibid., p. 448-449.
Bulletin de la Société Archéologique de Touraine - Année 2003. 129
ou du Gouvernement (XVIe-XIXe siècles) Pierre LEVEEL
1
'histoire mouvementée de cette grande
demeure, naguère située au centre des
quartiers historiques de Tours à l'em-
placement d'immeubles numérotés 77,
79 et 81 rue Colbert, a été souvent évoquée, mais
jamais précisée sans erreurs.
L'un des meilleurs chercheurs de notre Société
Archéologique de Touraine, le baron Henry Auvray
(1878-1947), en était parfaitement conscient. Il
voulait y remédier, en mettant au point, de manière
très remarquable, les origines de l'Hôtel Babou de
la Bourdaisière, situé 8 place Foire-le-Roi, qui
appartient toujours à la Société Archéologique ;
après avoir séparé les documents qui s'appliquent à
l'une et à l'autre demeure portant le nom de la
Bourdaisière, H. Auvray nous prévient : «Nous
nous arrêterons ici pour tout ce qui touche à
l'histoire de l'hôtel (de la Bourdaisière ou) du
Gouvernement, que nous n'avons pas à faire
aujourd'hui». Ainsi concernant la demeure ouverte
sur la Grande-Rue (rue Colbert) le secours d'H.
Auvray est précieux, mais limité.
1. L'ascension rapide de Philibert
Babou
Ce personnage, très souvent cité, mais qui n'a jamais
fait l'objet d'une biographie complète, pourrait avoir
une place dans le mouvement de la Renaissance en
Touraine, une place comparable à celle de Jacques
de Beaune-Semblançay, tellement plus connu à
cause de sa fin, si tragique et si injuste, au gibet de
Montfaucon le 12 août 1527. Babou avait fortement
contribué à la chute de son rival dans la gestion des
comptes royaux : «Babou avoit dès 2 longtemps
inimitié couverte contre de Beaune»2. L'un et
l'autre sans cesse en chevauchées avec la Cour
itinérante du roi et de sa mère la régente Louise de
Savoie, souvent aussi à l'armée d'Italie, n'en
1 Baron H. Auvray, «L'Hôtel de la Société Archéologique
ou Babou de la Bourdaisière», dans Bulletin de la S.A. T.,
t. XXVII, 1940, p. 441-479.
2 A. Spont, Semblançay, Paris, 1895, p. 199, n. 3, d'après
B.N.F., ms. fr. 2941, fol. 2 va.
faisaient pas moins construire de beaux hôtels en
ville de Tours, et des châteaux «renaissance» dans
la campagne tourangelle. Pour nous en tenir à
Philibert Babou, lui-même avec son épouse la belle
Marie Gaudin avaient à peine fini, à la Bourdai-
sière de Montlouis, de transformer la forteresse du
maréchal Boucicaut en une remarquable demeure à
la mode nouvelle (1520-1521) qu'il mettait en
chantier deux hôtels, voisins l'un de l'autre, en
ville de Tours. Que la beauté de Marie Babou et de
ses filles ait contribué aux royales libéralités envers
cette famille, ne paraît guère douteux. Nous nous
en tiendrons ici à la sage réflexion du regretté cha-
noine Audard : «On doit remarquer cependant que
la grandeur des Babou trouva dans la grandeur des
Gaudin un piédestal solide et haut placé, antérieur
aux mérites spéciaux des héroïnes de Brantôme» 3.
L'étude précitée du baron Auvray nous apprend
que dès novembre 1520 «par lettres royaulx datés
d'Amboise»., «Iedict seigneur (le roi) a donné,
ceddé, transporté et délaissé à maistre Philibert
Babou, conseiller dudict seigneur et trésorier de
France, impétrant desdictes lettres, l'allée et place
qui est oultre les murs et clostures de ladicte ville
de Tours et le couvent des Jacobins de ladicte ville,
et la maison où pend pour enseigne le daulphin,
que ledict impétrant a naguère acquise du bailly de
Rouan, seigneur de La Barre» et aussi baron de
Véretz en Touraine4.
Ces terrains donnés par le roi, proches du mur de
ville et de sa porte Foire-le-Roi (XIVe siècle) à
l'ouest des Jacobins, concernent à l'évidence
l'hôtel que Philibert allait peu après, vers 1522-
1523, faire construire sur les plans de Martin et
Gatien François, disciples et parents du maître
Michel Colombe, familiers de son atelier de la rue
du faubourg Saint-Étienne, aujourd'hui rue Bernard
Palissy5. Il s'ensuivit toute une polémique, ardente
mais vaine à cause de la volonté du roi, entre
3 Chanoine E. Audard, «Les Gaudin, seigneurs de Jallan-
ges, de Montifray et de la Bourdaisière», dans Bulletin de
la Société Archéologique de Touraine, ibid, p. 347-352.
4 Auvray, loc. cit., p. 45859.
5 Ibid., p. 448-449.
Bulletin de la Société Archéologique de Touraine - Année 2003. 129
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