378 LE GÉNIE CIVIL TOME LXXIX - No 18
Constructions en paille, système Feuillette.
Un nouveau système de construction, imaginé par M. Feuillette,
utilise comme matériau la paille pressée et moulée en blocs de
dimensions convenables.
Certes, la paille a été employée depuis longtemps pour la con-
struction, principalement pour la couverture, mais il ne s'agissait
que de constructions légères et fragiles, alors que le système dont
nous allons parler produit des maisons solides, qui peuvent
résister aussi longtemps que les autres aux intempéries.
Les nouvelles maisons en paille sont constituées par une ossa-
ture en pans de bois très légère, avec remplissage en blocs de
paille comprimée pour former les murs et cloisons. Ces blocs
sont obtenus en soumettant la paille à une forte compression dans
une presse analogue aux presses à fourrage.
La caractéristique première des murs en paille est la légèreté ;
leur poids n'est que le sixième de celui de la maçonnerie et, par
suite, les fondations, toujours nécessaires, sont réduites à leur
minimum. D'autre part, la paille est très mauvaise conductrice
de la chaleur, de sorte que les habitations en paille comprimée
sont faciles à chauffer.
L'ossature de ces maisons est établie avec des poteaux et des
FIG. 1. — Vue prise pendant la construction
d'une maison en paille.
ermes de bois minces, dont les éléments peuvent être construits
à part et en série. On les amène ensuite à pied d'œuvre et on
procède sur place au montage.
Pour éviter que l'humidité ne monte par capillarité depuis les
fondations jusque dans les murs, on place le premier rang de
blocs sur une feuille en carton bitumé reposant sur les fonda-
tions.
Les blocs ont une largeur de 40 centimètres et une longueur
qui dépend de l'écartement des poteaux de l'ossature.
A l'extérieur, on revêt les murs d'un enduit armé imperméable
qu'il suffit ensuite d'entretenir, comme on le fait pour les enduits
des maisons en maçonnerie. Cependant, la chose est ici plus
facile, car, sur la paille pressée, l'enduit a une adhérence meil-
leure que sur la pierre.
A l'intérieur, on dispose un enduit léger destiné à supporter
les papiers, les tentures, les motifs décoratifs, quand il s'agit
d'appartements.
Les efforts sont supportés uniquement par l'ossature et les
blocs de paille ne servent qu'au remplissage des pans de char-
pente.
La durée des matériaux protégés par les enduits est indéfinie
tant que l'enduit est entretenu ; l'épaisseur des murs isolants
constitue une maison véritablement isothermique.
La couverture se fait en matériaux ordinaires. Les croisées et
les portes sont montées sur des châssis, qu'on assemble avec
l'ossature principale.
Les fenêtres sont posées sur un appui spécial en ciment moulé,
comportant un dispositif intérieur, pour éviter que l'eau prove-
nant de la condensation ou du dégel ne soit projetée dans les
appartements.
Grâce à la légèreté des éléments, qui peuvent être établis en
série, on arrive à édifier rapidement une maison : suivant l'im-
portance, il ne faut guère plus d'un mois ou deux pour obtenir
une construction complètement habitable, et l'économie qu'on
peut réaliser sur les maçonneries ordinaires atteindrait 40
d'après l'inventeur du système. Cette économie serait même
plus importante dans le cas de constructions industrielles ou
agricoles, pour lesquelles le prix de la maçonnerie proprement
dite constitue la dépense la plus importante. -
La paille, laissée brute, pourrait, comme le bois, donner asile
à des colonies d'insectes, de parasites et de rongeurs. pour
l'éviter, les constructions Feuillette sont munies d'un système
permanent de désinfection. Ce système se compose d'une cana-
lisation très simple, à l'intérieur des murs, sur le périmètre entre
les fondations et la première assise des blocs de paille. Dans
cette canalisation, on peut faire passer des gaz toxiques, par
exemple du gaz sulfureux, de l'aldéhyde formique, qui vont se
répandre dans l'épaisseur des murs et traverser l'enduit intérieur
perméable. On arrive ainsi à désinfecter la maison tout entière.
L'expérience a montré, sur les maisons déjà construites à
Montargis, Boulogne-sur-Mer, Tourcoing, et dans l'Aisne, que,
FIG. 2. — Vue d'une maison en paille terminée.
grâce à cette précaution, les murs ne sont pas plus colonisés par
les divers parasites que ceux en maçonnerie.
Les risques d'incendie ne semblent pas élevés : les Compagnies
d'assurances intéressées appliquent le tarif normal à ce nouveau
système de construction.
Les constructions de ce système, légères, insonores, isother-
miques semblent destinées à de nombreuses applications, princi-
palement dans les pays agricoles où les matériaux usuels sont
rares.
Elles pourraient, sans doute, rendre des services dans les
régions dévastées où elles permettraient la reconstitution rapide
des habitations.
Enfin, pour les pays sujets aux tremblements de terre, la
maison en paille est intéressante à cause de sa légèreté et, par
suite, de son peu d'inertie. Son ossature, relativement élastique,
lui permettrait sans doute de résister aux secousses sismiques.
E. W.
L'utilisation des faibles gîtes de naphte.
Appareil de distillation des benzines.
Les premiers gîtes de naphte exploités ont été généralement
découverts par hasard : c'est en creusant des puits à eau que les
Galiciens ont vu un peu de naphte ; ils l'onr recueilli par des
moyens de fortune et ont trouvé à l'utiliser presque sur place,
puis à le vendre dans la région voisine de leurs fouilles. Comme
ils travaillaient à très peu de frais, ils recueillaient quelques béné-
fices, et c'est là une condition essentielle à la poursuite des tra-
, pour l'évaluation des eaux d'une nappe souterraine (alluvions),
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