Titre : Journal officiel de l'Empire français
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-10-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32802031s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 octobre 1869 05 octobre 1869
Description : 1869/10/05 (A1,N274). 1869/10/05 (A1,N274).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 2010-217349
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
i" AftNÉE — NUMÉRO 274
IMPRIMERIE — ABONNEMENTS
A Paris, Quai Voltaire, 31. — Affranchir.
POUR LES RÉCLAMATIONS
S'adifler rra. à l'Imprimeur-Géraat
.t 1
JOURNAL
OFFICIEL
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.DE L'EMPIRÉ FRANCAIS
i
MARDI 5 eeTOBRE 1869
DIRECTION — RÉDACTIOII
A Par. Quai Voltaire, 31. — Affrarekir.
AGENCE SPÉCIALE DES ANNCgïCES
S'adresser quai Voltaire, Si le
tin ân : ^0 fr. — 6 ols, 20 rr. — 3 mois, 10 fr.
Paris et départements. — Envoyer un mandat sur la, poste. — Affranchir
Mardi 5 Octobre 1869
Les abonnements partent des 1er et 16 de chaque mois
Joindre-aux renouvellements et réclamations la dernière bande. - Affranchir
SOMMAIRE
PARTIE OFFICIELLE. - Décret contérant la mé-
daille militaire.
PARTIE NON OFFICIELLE. — Bulletin.
Correspondance du Centre-Amérique.
Nouvelles étrangères.
Rapport-au miillstre de l'intérieur par le directeur
général des lignes télégraphiques.
Liste des 136 premiers candidats reconnus admissi-
bles à l'Epole impériale polytechnique.
F&its divers. — Bourses et marchés.
Rapport sur un nouveau système de chemin de fer
à un seul rail.
Académie des sciences, par M, HENRI DE PAR-
VILûE.
FEUILLETON.—Les Perles noires, par M. Louis
ENAULT.
PARTIE OFFICIELLE
Paris, le 4 octobre.
Par décret en date du 2 octobre 1869, la mé-
daille militaire a été conférée au sieur Vento (Paul-
Joseph), aooien.matelot : 8 ans 1/2 de services,
amputé du poignet droit.
PARTIE NON OFFICIELLE
Paris, le 4 octobre,
BULLETIN
4e roi Victor-Emmanuel a quitté Venise
hier pour retourner à Turin.
Après un nouveau scrutin pour la nomi-
nation de son président, qui, pour la sixiè-
me fois, n'a pas donné de résultat, ia
çhafrilîre des députés de Bavière s'est
journée au mardi 5 octobre.
-i On écrit de Mostar, le 24 septembre, que
le mutessarif Mahmoud Pacha et le géné-
ral de brigade Ahmed Pacha venaient de
rentrer au siège de leur résidence officielle,
après avoir fait, dans l'intérieur de la pro-
vince, une tournée qui n'a été signalée par
atlbUÍl incident important.
Les correspondances de Rio de Janeiro
et de Buenos Ayres confirment les der-
niers succès des armes brésiliennes au Pa-
rag uay. Après. être entrés sans coup férir à
Valenzuela, les alliés se sont emparés de
ÊjçpfaeJïUy* où l'ennemi a abandonné un
gxlnd, ombre de prisonniers et un maté-
riel important. Les forces argentines pre-
naient possession, pendant ce temps, d'As-
curra et opéraient leur jonction avec le
corps 'd'armée principal, à Caraguatay.
C'est dans cette direction que le maréchal
Loptz s'était replié après l'occupation de
Peribebuy, laissant au pouvoir des alliés la
CordiUère d'Ascurra. Une division d'infan-
terie et cinq mille chevaux ont été lancés
à la poursuite du président, que l'on sup-
posait devoir s'être dirigé vers la grande
Cordillère.
.00 -
CORRESPONDANCE ÉTRANGÈRE
On écrit du Centre-Amérique,le 42 juillet:
La rapidité des communications étant
un des besoins les plus marqués de l'épo-
que actuelle, il n'est pas surprenant de
voir se manifester, dans le nouveau mon-
de, les mêmes aspirations qui portent
l'Europe à améliorer, à développer sôii
système général de canalisation et l'im-
mense réseau de sesvoies ferrées. L'isthme
américain, si étroit et si facile à franchir,
surtout en présence des progrès de la
science moderne, a été depuis longtemps
l'objet d'études tendant à la réunion des
deux iners ou à l'établissement de chemins
de fer mettant en contact ses deux rives.
Toutes les républiques situés dans cette
région de l'Amérique espagnole ont mis la
plus louable émulation à réaliser d'urie ma-
nière ou d'une autre les projets de jonction.
A Panama, le chemin de fer semble ne de-
voir être que le précurseur d'un canal
maritime. Au Nicaragua, la nature elle-
même a tracé la voie à travers les rivières
et les lacs. Dans le Honduras, enfin, on
paraît préférer un chemin de fer partant
du port de Puerto Caballos, sur l'Atlan-
tique, et aboutissant à la baie profonde de
Fonseca sur le Pacifique. Cette ligne serait
voisine, au nord, de l'Etat de Guatemala, et
an sud, de ceux de Nicaragua et de San
Salvador.
Le gouvernement de Comayagua a déjà
contracté, en Europe, un emprunt dont le
produit est exclusivement destiné à la con-
struction de ce chemin de fer. Le capitaine
général Medina, chef de la république,
réélu spontanément il y a trois mois, tient,
dit-on, à honneur de voir, dans le cours
de sa nouveUe présidence, les travaux
complètement terminés. Quoi qu'il ad-
vienne de la réalisation de ces divers pro-
jets, dont l'époque est plus ou moins éloi-
gnée, il est impossible de méconnaître les
grands avantages que le commerce et la
navigation en général retireront de la mul-
tiplicité des communications interocéani-
ques.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
ITALIE
FLORENCE, 2 octobre. — Le ministre de la
guerre a ordonné qu'à dater du 30 septembre,
seraient envoyés en congé tous les militaires
de la classe dite provinciale, 1844, y compris
les Mantouans et Vénitiens appelés par la
levée de 186&.
Les militaires de la classe susmentionnée
ont été déjà envoyés en congé à dater du 1er
mai dernier, dans les corps des sapeurs du
génie, du train de l'armée et de l'administra-
tion.
La même mesure sera appliquée dans tous
les autres corps à dater de ce jour, 1er octo-
bre.
Le nombre des congédiés s'élève, pour tou-
te l'armée, à 32,000 hommes; leur présence
sous les drapeaux devrait légalement se pro-
longer jusqu'au 1er janvier 1870.
Cette mesure, sans nuire à la constitution
de l'armée, permet d'économiser une soiftî%&
dont l'importance couvrirà en partie les frais
exigés par les grandes manœuvres qui vien-
nent d'avoir lieu. (Italie.)
ESPAGNE
MADRID, 3 octobre. — MINISTÈRE DE LA
GUERRE. — Hier, la colonne du lieutenant-
colonel Cadorniga, établie à Granolleri, en
combinaisoil avec celle du lieutenant-colonel
Macias, à Mataro, abattu le terrain inquiété
par des bandes insurgées ; il a fait 49 prison-
niers, qui ont déclaré n'avoir pris les armes
que par intimidation ; une colonna de répu-
blicains, qui avait voulu quitter les environs
de Sarria pour s'incorporer avec les bandes,
a été surprise par une colonne de volontaires.
On a tué deux hommes et pris des muni-
tions.
Lea volontaires du bataillon républicain
de Reus se sont mis hier en révolte, profitant
de l'absence du bataillon de Lucchana, qui
fêtait rendu à Taragone à cause des derniers
événements. Les insurgés ont occupé la
ligne télégraphique et arrêté les trains des
troupes sous les ordres du maréchal de camp
Gabriel Baldrich, se rendant à Reus pour y
rétablir l'ordre.
Le député aux cortès, Froilan Noguero, s'est
présenté jeudi aoir à Giaiien (Huesca) à la
tête de 40 hommes ; il a abîmé le chemin Se
fer. A Sarmena, il a mis en liberté les cent
individus détenus dans la prison, et il a em-
porté douze fusils de la Justice.
La bande est mal armée, sans ressources.
Noguero a déclaré s'être mis à sa tête en
exécution du serment qu'il avait fait à Lé-
rida le 29 du mois dernier, ainsi que d'au-
tres individus, que chacun soulèverait sa
province.
A Barbastro, 30 ou 40 républicains armés
se sont emparés du bureau du télégraphe;
"ils e#e'nt chassé les employés et ils se sont
emparés des clefs. Un bataillon du régiment
de Cadix, sous les ordres de son colonel, est
parti hier de Huesca pour cette ville.
Le bataillon des chasseurs de Figueras,
qui est parti hier de Saragosse, est passé par
Sal'inena, poursuivant les insurgés qui font
route sur Barbastro, ville dans laquelle a dû
entrer ce soir le bataillon de Cadix.
Il y a eu une petite alarme à Béjar ; on
annonçait l'arrivée du cabecilla Peco ; mais
l'attitude énergique du gouverneur civil de
la province, appuyé de plus de 1,000 hom-
mes de toutes les classes de la population, y
compris les plus élevées, a immédiatement
rétabli la tranquillité.
,.rLe, reste de la péninsule contmue-de de-
meurer parfaitement calme. (Gazette de Ma-
drid.)
PRINCIPAUTÉS DANUBIENNES
BUCHAREST, 26 septembre. — La session
extraordinaire des chambres est close; la
convocation n'était que de pure forme ; il
s'agissait de réunir le sénat nouvellement
élu, ainsi qu'il est prescrit par la constitu-
tion ; aussi la seconde chambre ne s'est pas
même constituée.
La ville de Bucharest a négocié un em-
prunt de 15 millions de francs, somme des-
tinée principalement aux projets d'assainis-
sement et d'embellissement de cette cité.
Comme ses finances sont dans un fort bon
état, elle a pu facilement trouver ces fonds
en donnant comme garantie le produit de
ses octrois, de 2 millions par an, tandis que
l'amortissement de l'emprunt n'exige par an
que la moitié de cette somme. (Correspon-
dance du Nord-Est.)
--
ri Le directeur général des lignes télégra-
phiques a adressé au ministre de l'inté-
rieur le rapport suivant :
Paris, le 2 octobre 1869.
Monsieur le ministre,
Conformément à la loi du 4 juillet 1868, le tarif
des dépêches échangées entre deux bureaux de
l'Empire situés dans des départements différents,
sera réduit de 2 fri à 1 fr., à partir du 1er novem-
bre prochain. L'administration aurait tenu à de-
vancer ce terme dans l'application d'une mesure
favorable au public; mais, pour mettre les moyens
de tiansmission en rapport avec l'accroissement
prévu des correspondances, elle a dû effectuer sur
les lignes des travaux considérables, pour lesquels
suffisait, à peine l'intervalle compris entre la pro-
mulgation de la loi du 4 juillet et la date extrême
assignée pour son exécution.
Il n'en est pas, en effet, de la télégraphie comme
de certains services ayant des analogies avec elle,
et notamment la poste.
Celle-ai transporte les correspondances par
masse, à des heures déterminées et avec des
moyens dont il dépend d'elle d'augmenter la puis.
sance, pour ainsi dire instantanément.
La télégraphie, au contraire, est obligée de pren-
dre les heures du public, de passer les dépêches
l'une après l'autre, et comme le travail de chaque
fil, variable d'ailleurs avec le système et la sensi-
bilité des appareils employés, a, dans tous les cas,
,:Qe limites, il est nécessairë, des qué ces limites
sont atteintes, de créer-de nouvelles lignes, à moins
qu'une invention heureuse ne mette, au moment
voulu, à la disposition de l'administration un ap-
pareil permettant de reculer la limite de produc-
tion des conducteurs existants.
A défaut de cette dernière ressource, c'était sur-
tout par l'amélioration et le développement du
réseau qu'il fallait se préparer à faire facq aux ef-
fets probables, ou, pour mieux dire, certains, de
l'abaissement du tarif.
Les grandes lignes, celles qui constituent les ar-
tères principales, ont dû être remaniées et placées
dans des conditions de solidité et d'isolement qui
leur permettront d'opposer plus de résistance aux
actions perturbatrices de l'atmosphère et rendront
leur fonctionnement plus régulier et plus cons-
tant.
Des lignes nouvelles ont été établies, et, si le
projet qui consiste à relier directement chaque chef-
lieu de département à tous les chefs-lieux limitro-
phes, n'a pu être exécuté qu'en partie, les combi-
naisons adoptées y pourvoiront provisoirement
dans une mesure suffisante pour assurer le prompt
échange des dépêches locales. -
Enfin, sur les fils qui joignent des bureaux en-
tre lesquels la réduction de la taxe augmentera
notablement l'activité télégraphique, l'appareil
Morse a été remplacé par l'appareil Hugues, qui
dourait un, tmviii double dans le même temps.
En ce qui concerne le personnel, le recrutement
continue à s'opérer sans difficulté ; le dernier con-
cours a fourni deux cent trente surnuméraires.
J'envisage donc avec sécurité les conséquences,
probables de l'abaissement du tarif, et je crois
pouvoir affirmer sans témérité que sur aucun point
l'administration ne sera prise au dépourvu.
La télégraphie française a déjà parcouru une
longue carrière. Au moment où elle est appelée à
rendre plus de services encore que par le passé, je
demande à Votre Excellence de mesurer l'espace
parcouru jusqu'à ce moment et de résumer suc-
cinctement ce que le Gouvernement a déjà fait
pour faciliter les relations télégraphiques.
La faculté pour le public de se servir du télé-
graphe résulte de la lowdu29 novembre 1850. Mais
alors le réseau télégraphique n'existait pas en-
core. Le décret du 6 janvier i852 imprima à cette
branche du service public une impulsion qui ne
s'est pas ralentie.
Tandis qu'à la fin de 1851, il n'y avait en France
que 17 bureaux, on en comptait 1,701 au 1er jan-
vier 1869, non compris un millier de gares où le
public est admis à déposer ses dépêches par suite
thlfiè entente entre l'administration et les compa-
gnies de chemins de fer.
Aux mêmes époques, l'étendue kilométrique du
réseau est reflî&seritèe par les nombres 2,133 et
40,118; i
Le total annuel des dépêches privées, par les
nombres 9,014 et 3 millions 503,182.
La taxe, que j{,i du 29 novembre 1850 avait
composée de deux éléments, l'un fixe de 3 fr. par
dépêche, l'autre proportionnel à la distance par-
courue et ayant pour base 0,12 cent. par myria-
mètre, a été rendue uniforme et abaissée à 2 fr.
par la loi du 3 juillet 1861, à 1 fr. par celle du 4
juillet 1868.
L'idée de l'uniformité du tarif télégraphique est,
du reste, antérieure à ces deux lois ; elle s'était
fait jour dans la discussion de la loi du 29 novem-
bre 1850, sous la forme d'un amendement propo-
sant de fixer la taxe à 2 francs. Mais elle fut
écartée pour donner à l'administration le temps de
s'organiser et de constituer le réseau. Les efforts
de la direction des télégraphes ont toujours tendu
à hâter le moment où cette importante innovation
pourrait être admise. Des premières, en Europe,
elle a eu l'honneur de vaincre les difficultés qui
s'y opposaient.
En 1852 et dans les années qui suivirent cette
date, la télégraphie française dut marcher un peu
à tâtons, ne trouvant nulle part de modèles à imi-
ter, d'indications à suivre, sans expérience et sans
autre guide que l'intelligence et le savoir de son
personnel. •
Elle a cependant suffi à sa tâche, et aujourd'hui
les lignes aériennes récemment construites, sem-
blent ne rien laisser à désirer au point de vue de
la solidité et de l'isolement.
L'expérience a consacré le système de lignes
souterraines auquel l'administration s'est arrêtée,
et plusieurs Etats en Europe nous l'ont emprunté.
A Paris, les procédés télégraphiques habituels
ne répondaient plus à l'activité des correspon-
dances. On y a .suppléé par un système de tubes
souterrains dans lesquels on fait circuler, il. l'aide
d'air comprimé, dès boites contenant toutes les
dépêches à distribuer à un moment donné entre
les diverses stations de ce réseau spécial. Ce
système diffère essentiellement des systèmes
analogues en usage dans d'autres pays.
En ce qui touche aux appareils, les lignes fran-
çaises, après avoir été desservies à l'origine et jus-
qu'en 1855 par un instrument à aiguilles, analo-
gue à celui qui est en usage dans les gares de
chemins de fer et qui ne laissait aucune trace des
dépêches, aboutissent maintenant, soit à l'appa-
reil de M. Morse, soit à celui de M. Hughes : le
premier transmettant les dépêches en signaux
conventionnels, intelligibles seulement pour les
employés qui le manœuvrent, le second en ca-
ractères typographiques intelligibles pour tous.
Ces appareils ont reçu en France des perfection-
nements importants, et ce n'est qu'après s'y être
généralisé que celui de M. Hughes a été adopté
dans les principaux pays de l'Europe et est devenu
l'instrument presque exclusif des relations télégra-
phiques internationales.
Mais ni l'un ni l'autre ne garantissaient les
correspondances des chances d'altération tenant
aux conditions mêmes dans lesquelles ils fonc-
tionnent. Un employé français, M. Meyer, a
trouvé la meilleure solution de cet important pro-
blème. Dans son système, les dépêches se repro-
duisent en fac-simile; auçuneinexactitude ne peut
s'y glisser par le fait de la télégraphie, et elles
portent avec elles un caractère irrécusable d'au-
thenticité.
Cet appareil est en service entre Paris et Lyon
et donne de très-bons résultats ; je compte en
pourvoir successivement les fils qui mettent Paris
en relations avec les villes principales de l'Em-
pire.
Grâce à cet appareil, l'administration française
aura eu l'honneur de faire faire à la télégraphie un
progrès décisif.
Les principales améliorations introduites dans
la télégraphie appartiennent à la période comprise
entre 1860 et 1869 : les tubes pneumatiques, l'in-
troduction de fappareil Hughes sur toutes les
grandes lignes, l'invention de l'appareil Meyer,
l'adoption des tarifs uniformes et réduitfi.
C'est également dans la même périodo quelle
public a été admis à correspondre en langage se-
cret, qu'a été organisé le service électro-sémapho-
rique qui donne-aux .navipes en mer le moyen de
communiquer avec le continent, que le câble reliant
la France à l'Amérique a été construit et immergé,
enfin qu'ont eu lieu les conférences internationales
de Paris, qui ont abouti à l'adoption par toute
l'Europe de tarifs uniformes et téduits et d'un en-
semble de règles qui forment le code de la télégra-
phie internationale. -.
Tel est, monsieur le ministre, l'état de la télé-
graphie française au moment où son action va
s'étendre davantage. Je ne m'écarte pas de la ré-
serve qui m'est imposée, et je reste dans les limi-
tes de la vérité, en constatant qu'au point de vue
des facilités données au public, de son organisa-
tion, de la variété des moyens dont elle dispose et
de la régularité des opérations, elle ne le cède à
aucun service télégraphique étranger.
Je ne répondrais pas à la sollicitude de Votre
Excellence, si, après avoir parlé des choses de la
télégraphie, je gardais le silence sur le personnel
qui donne la vie à ce grand ensemble.
A tous les degrés de la hiérarchie, depuis le
grade d'employé jusqu'aux grades les plus élevés,
le personnel se distingue par son intelligence et
son instruction, et c'est avec son concours que-la
télégraphie est .devenue ce qu'elle est aujour-
d'hui. Mais les cadres secondaires et supé-
rieurs sont remplis par des fonctionnaires jeunes,
ayant encore de longues années de service à four-
nir, de telle sorte que le mouvement de bas en
haut, qui, dans les administrations anciennes, se
produit incessamment par l'effet des décès et des
admissions à la retraite, n'a pas encore pu s'éta-
blir. De là, un obstacle des plus sérieux à l'avance-
ment ; de là, la cause qui immobilise dans leurs
fonctions actuelles des employés tout à fait dignes
de les franchir. Cette bituation, dont je me préoc-
cupe depuis longtemps d'atténuer les effets, a fait
naître quelques mécomptes faciles à comprendre.
Mais le sentiment du devoir est resté intact, et,
après l'abaissement des taxes comme avant, Votre
Excellence peut compter sur le dévouement de
tous.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'homma-
ge de mon respect.
Le directeur général des lignes télégraphiques,
V* H. DE VOUGY.
Ecole impériale polytechnique.
CONCOURS D'ADMISSION EN 1869.
Liste par ordre de mérite des 136 premiers can-
didats reconnus admissibles à l'Ecole par le jur 7
d'admission, dans sa séance du 2 octobre 1869
1 Le Chàtelier (Henri-Louis).
2 Sauvage (Edouard-Louis-Auguste).
3 Lancrenora (Marie-Ferdinand).
4 Lesdcq-Destournelles (Jeau-Marie-Gustave).
5 Coulomb (Casimir-Scipion).
6 Thomas (Edouard-Fernand).
7 Harlé (Henri-Amédée-Emile).
8 Guiard (Emile-Georges-Lucien).
9 De Tavernier (Louis-Charles-Antonin\.
10 Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel).
11 Lahitte (Jean-Casimir).
12 JoulTray (Théodore-Antoine-Auguste).
13 Benecb (Louis-René).
14 Joffre (Joseph-Jacques-Césaire).
15 Gros (Philippe-Marcel).
16 Cabanv (Thomas-François-Raoul).
17 Bavie (Jean-Paul-Emile).
18 Mouret (Ernést-Jean-Georges).
19 Espitallier (Georges-Frédéric).
20 Piy (Paul-Emile-Gustave).
21 Nicolas (Charles-Marcel).
22 Sevène (Henri).
23 Bousson (Marie-Amédée-Edmond).
24 Mendousse (Fernand-Victor).
25 De Champeaux de Laboulaye (Etienne-Marie).
26 Sorel (Hugues-Ernest).
27 Schœridbertier (Paul).
28 Gerbaud (Henri-Charles).
29 Farinàux (Jules-Auguste-Albert).
30 Chedoau (Gérard-Emile).
FEUILLETON DU JOURNAL OFFICIEL
te MARDI 5 OCTOBRE 1869 (1)
-, , J t.
LES
PERLES NOIRES
i. i '- L
SJ p;
juo ]. : ,
,';f, :' HÉMIÈRE PARTIS
t ( Suite )
- Tout en parlant, l'enfant, entr'ouvrit
son vêtement, et présenta à Wolsky une
petite boite, soigneusement enveloppée, et
portant en grosses lettres le nom et l'a-
dréwe de sa; femme.
Alexis déenjuca les enveloppes avec une
"-4e.-.r¡J.geltJ:ftt ou;vrit la boite si précipi-
tamment qu'il faillit la briser. Le troisième
QHTO* était pareil ; a«x deux premiers : la
boite ifcn&rmait un écrîn, ét l'etritf éonté
rtiit, ùné pfJlië: -âvàit pkët-^aintê-
nant moyen de garder un doute : le. comte
'I1'1.Jll: -i .-, U- l'U' i ■ 1"" *
,,(u Yt)f (O 4 le il juillet
de Permoff s'avouait, ou plutôt se décla-
rait lui-même l'auteur de ce nouvel atten-
tat; il se désignait ainsi audacieusement
aux revanches d'Alexis, si Alexis osait
jamais essayer de se mesurer à lui; il
continuait donc, avec une audace sans
égale, ses détestables machinations; rien
ne le calmait, rien ne l'apaisait, et le mal
déjà fait lui donnait une soif nouvelle et
plus ardente encore du mal qui lui restait
à faire.
- Ah ! c'est infâme ! fit Wolsky en ser-
rant son front dans ses deux mains; s'at-
taquer à moi, même par des moyens in-
dignes, jusqu'à un certain point cela se
comprenait. car, enfin, je suis un homme,
moi, et il pouvait me traiter en ennemi.
Mais une enfant. une pauvre petite créa-
ture qui n'a pas dix ans, incapable de se
défendre, innocente de tout, qui jamais, de-
puis qu'elle est au monde, n'a fait de mal
ni à lui ni à personne, voilà un crime que
ni le ciel ni la terre ne lui pardonneront !
Je vois bien maintenant qu'entre nous
c'est une guerre à mort. Mais je ne puis
le frapper qu'à la tête, et lui peut percer
trois cœurs !
Les gens, qui se tenaient quelques pas
en arrière, virent que leur maître éprou-
vait une contrariété plus vive depuis qu'il
avait ouvert la boîte apportée par l'enfant ;
mais aucun d'eux ne se permit de l'inter-
roger, et ils attendirent ses ordres dans un
Silence qui respectait sa douleur.
Alexis reprit le chemin du château, et,
marchant tous à. sa suite, ils traversèrent
le parc avee la lenteur et la tristesse d'un
cortège funèbre.
Pleine d'angoisses, inimobile sur le per-
ron comme si la baguette d^un,enchanteur
l'eût tout a coup changée en statue, Véra
l'eût toùt ~à coü P- èhanî;*.e. ~, ~Ü ~e sans~ ose
regardait son mari venir à elle, sans dser
faire un pas au-devant de lui. Rien qu'à la
façon dont il marchait, dont il portait la
tête, elle comprit que les nouvelles étaient
mauvaises. Il montait déjà les premières
marches ; leurs regards se rencontrèrent ;
il ne dit rien, et elle n'osa pas l'interroger.
Ils entrèrent tous deux dans la maison ;
Véra prit le chemin de sa chambre, et
Wolsky la suivit.
Quand ils furent seuls tous deux, Alexis
tira l'écrin de sa poche, et, le présentant à
sa femme:
— Voici, lui dit-il, ce que l'on m'a re-
mis pour toi.
Véra ne prononça point une parole;
mais elle devint plus froide et plus pâle
que le marbre de la cheminée contre la-
quelle sa main venait de chercher un appui.
— Ah ! il est implacable ! murmura-t-
elle au bout d'un instant.
— Oui ! implacable comme la haine !
— Comme l'amour! répliqua Véra,
mais d'une voix Si basse que son mari ne
put pas l'entendre.
Les tristes époux tinrent conseil pour
savoir ce qu'il y avait de mieux à faire
dans des conjonctures aussi graves. Tous
deux convenaient bien qu'il fallait à tout
prix reprendre l'enfant à ces mains odieu-
ses qui venaient de prouver une fois de
plus jusqu'où pouvait aller leur scéléra-
tesse : mais ils ne s'entendaient pas aussi
bien sur le choix des moyens.
- Pour moi, je n'en vois qu un, disait
Alexis,, p'est ,de le dénoncer à la justice!
La jpstice doit son appui aux jbpns 'cb.
toyens, c'est fson devoir de poursuivre les
crimes. et en est-il de plus grand que
celui-là? :/ '¡: '; ; = vi- w .!■: - .t. ,'.
—Non, sans doute ! répondait la femme;
mais là jtisfcfcé a sou tout est obligée de se'
servir de ïa pôl'ic®, et, il riië1 '^p'ugne dé
faire intervenir la police entre lui et nous ;
elle' est maladroite, et cherche souvent
sans trouver; elle ne fera que l'irriter da-
vantage encore.
— Et pourra-t-il jamais nous faire plus
de mal qu'il ne nous en a fait ? t
— Il ne faut pas le dénoncer ! reprit'
Véra, avec une obstination que rien ne
semblait devoir vaincre.
— Oh! les femmes sont étranges! mur-
mura Wolsky. En voici une qui adore sa
fille. oui, elle l'adore, c'est une bonne
mère, une très-bonne mère, en vérité.
eh bien, on lui prend son enfant, son
unique enfant, et il lui semble qu'elle a
des ménagements à garder envers celui
qui l'a ravie!. N'est-ce point. vraiment
incompréhensible ?
Véra, douée d'uae finesse toute fémi-
nine, comprit tout ce que son mari ne lui
disait pas, et, d'elle-même, elle répondit à
l'observation qu'elle n'avait pu que presl
sentir.
— Plus que personne, lui dit-elle, nous
connaissons. nous devons connaître,
hélas ! l'habileté de Permoff et la profon-
deur de ses calculs ; plus que personne, il
sait unir la prudence à l'audace : il ne nous
l'a que trop prouvé; ses entreprises, en
apparence les plus témérairés, n'en sont
pas moins mûries dans le rècïièillèmentet
la réflexion. Il faut toiit craindrè de l'hom-
me qui a pu te faire enlever et éÔHri
Sibérie, malgré ta parfaite inriocènce. S'il a
osé venir jusqu'ici, s'il a pu nous enlever
notre etfîknt presque dans nos bras, c'est
qu'il liait pris aspez habilement ses Jn:
sures pour être certain du succès.comme
la première fois r- comme la seconde; l v-*
ajouta-t-elle tout bas ; il peut bràver nos
efforts tidju"'t' (jue nouk tente-
es,' nr.ef les' ùôt^éër^oùir te dom-
fcatfre.-; Vl ni'™b :r
— Ainsi, tu veux le laisser maître de,.
ton enfant? On t'a pris ta fille, et tu ne
fais rien pour la délivrer?. Et tu croyais
l'aimer peut-être ! ,-
- Eh ! je l'aime autant que toi et cent
fois plus que la vie! Pour la retrouver,
je sacrifierais jusqu'au dernier rouble de
notre fortune et jusqu'à la dernière goutte
de mon sang. Mais, vois-tu, nous som-
mes assez intelligents et assez actifs l'un
et l'autre pour faire nos affaires nous-
mêmes et sans avoir besoin que l'on nous
y aide. Nous chercherons, toi et moi, et
toi et moi nous retrouverons. mais sans
réclamer une assistance souvent compro-
mettante et toujours fâcheuse.
— Tu ménages beaucoup un ennemi !
— Tu te trompes, ce n'est pas lui que
je ménage, c'est notre fille, si malheureux
sement tombée dans ses mains.
— Comment ! notre fille?
— Eh ! sans doute! qui te dit que cet
homme si violent, si prompt à s'exaspérer, si
persistant dans ces rancunes, au moment où
il se sentirait poursuivi, où il verrait échap-
per sa vengeance et où il aurait à redouter
la nôtre, ne se sentirait pas tout à coup ca-
pable du dernier forfait ? Et qui te dit alors
qu'il reculerait devant rien. même de-
yant la mort de notre pauvre Sophie ?i;
',' - Non ! non ! fit Wolsky en hochant la
tête, non il n'irait pas jusque-là. ':1 ,
- — Il irait plus loin encore t fit Véra
avec forcé.
- Une fois engagée entre époux, une que-
relle, p&4durçriô.ngtçmp^ : ç^ac^n erpit
YQr ,J;a.Qp, i dç , l, ^èjUetife 0 fp : du
monde, et s'enpacioe d'autant plus dans
sa conviction qu'il: peut moins la faire par-
tager à l'autre. Aiejcis avait MC suffisante
expérience':de la'rôe conj-u^aet^pdiir en; sa-
ifqif«ruehtuê:hoSt, ëfc «drame, sa çia-
lit: d^mtiiëy i^èé croyait le pïu^Mstfn-
nable des deux, il se dit que c'était à lui de
céder. ou du moins d'en avoir l'air.
— Peut-être es-tu dans le vrai, dit-il à
sa femme; peut-être le parti que tu pro-
poses est-il, en effet, le plus sage, je vais
donc en essayer; seulement tu ne trou-
veras point mauvais, si par malheur nous
ne réussissons point, que j'en revienne au
mien?
- Sans doute ! dit-elle ; seulement il ne
faut employer les moyens extrêmes qu'a-
près avoir essayé tous les autres.
Il n'y avait pas un instant à perdre.
Aussi, moins d'une heure après cet entre-
tien, les deux gardes-chasses, les domes-
tiques les plus intelligents de la maison,
et quelques voisins, avec lesquels on était
en relations d'amitié, se répandirent dans
toutes les directions, interrogeant les
paysans, visitant les auberges, et faisant
jaser les postillons à tous les relais.
Alexis, qui s'était mis en route lui-mê-
me, fut un peu plus heureux que ses émis-
saires : il sut qu'une voiture, attelée d'un
seul cheval, avait été remisée dans un
fourré de son bois. Il était allé à la place
indiquée ; il avait vu la trace des roues,
l'empreinte des sabots impatients, et, tout
à l'entour, les petits arbustes brisés, les
branches ployées et froissées, et partout
comme un grand abattis de feuillage. C'é-
tait là un premier indice, qui semblait
mettre le malheureux père sur une piste ;
çette pipte, Alexis la suivit et il découvrit
que, deux heures plus tard, on avait vu
cette même voiture, attelée du même che-
val, fuyant dans la direction.du sùd; le ra-
visseur avait voulu se dérober également
aux pOùrfeû £ fôs i&b là justice et à J celles de
la famillë. Pôurtait-on maintenant l'at-
téinàjf1éff : f J 1 > -
OPI$ ENAUT.
■ -J ; r
(La suite prochainement.) ,JI ,j
IMPRIMERIE — ABONNEMENTS
A Paris, Quai Voltaire, 31. — Affranchir.
POUR LES RÉCLAMATIONS
S'adifler rra. à l'Imprimeur-Géraat
.t 1
JOURNAL
OFFICIEL
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.DE L'EMPIRÉ FRANCAIS
i
MARDI 5 eeTOBRE 1869
DIRECTION — RÉDACTIOII
A Par. Quai Voltaire, 31. — Affrarekir.
AGENCE SPÉCIALE DES ANNCgïCES
S'adresser quai Voltaire, Si le
tin ân : ^0 fr. — 6 ols, 20 rr. — 3 mois, 10 fr.
Paris et départements. — Envoyer un mandat sur la, poste. — Affranchir
Mardi 5 Octobre 1869
Les abonnements partent des 1er et 16 de chaque mois
Joindre-aux renouvellements et réclamations la dernière bande. - Affranchir
SOMMAIRE
PARTIE OFFICIELLE. - Décret contérant la mé-
daille militaire.
PARTIE NON OFFICIELLE. — Bulletin.
Correspondance du Centre-Amérique.
Nouvelles étrangères.
Rapport-au miillstre de l'intérieur par le directeur
général des lignes télégraphiques.
Liste des 136 premiers candidats reconnus admissi-
bles à l'Epole impériale polytechnique.
F&its divers. — Bourses et marchés.
Rapport sur un nouveau système de chemin de fer
à un seul rail.
Académie des sciences, par M, HENRI DE PAR-
VILûE.
FEUILLETON.—Les Perles noires, par M. Louis
ENAULT.
PARTIE OFFICIELLE
Paris, le 4 octobre.
Par décret en date du 2 octobre 1869, la mé-
daille militaire a été conférée au sieur Vento (Paul-
Joseph), aooien.matelot : 8 ans 1/2 de services,
amputé du poignet droit.
PARTIE NON OFFICIELLE
Paris, le 4 octobre,
BULLETIN
4e roi Victor-Emmanuel a quitté Venise
hier pour retourner à Turin.
Après un nouveau scrutin pour la nomi-
nation de son président, qui, pour la sixiè-
me fois, n'a pas donné de résultat, ia
çhafrilîre des députés de Bavière s'est
journée au mardi 5 octobre.
-i On écrit de Mostar, le 24 septembre, que
le mutessarif Mahmoud Pacha et le géné-
ral de brigade Ahmed Pacha venaient de
rentrer au siège de leur résidence officielle,
après avoir fait, dans l'intérieur de la pro-
vince, une tournée qui n'a été signalée par
atlbUÍl incident important.
Les correspondances de Rio de Janeiro
et de Buenos Ayres confirment les der-
niers succès des armes brésiliennes au Pa-
rag uay. Après. être entrés sans coup férir à
Valenzuela, les alliés se sont emparés de
ÊjçpfaeJïUy* où l'ennemi a abandonné un
gxlnd, ombre de prisonniers et un maté-
riel important. Les forces argentines pre-
naient possession, pendant ce temps, d'As-
curra et opéraient leur jonction avec le
corps 'd'armée principal, à Caraguatay.
C'est dans cette direction que le maréchal
Loptz s'était replié après l'occupation de
Peribebuy, laissant au pouvoir des alliés la
CordiUère d'Ascurra. Une division d'infan-
terie et cinq mille chevaux ont été lancés
à la poursuite du président, que l'on sup-
posait devoir s'être dirigé vers la grande
Cordillère.
.00 -
CORRESPONDANCE ÉTRANGÈRE
On écrit du Centre-Amérique,le 42 juillet:
La rapidité des communications étant
un des besoins les plus marqués de l'épo-
que actuelle, il n'est pas surprenant de
voir se manifester, dans le nouveau mon-
de, les mêmes aspirations qui portent
l'Europe à améliorer, à développer sôii
système général de canalisation et l'im-
mense réseau de sesvoies ferrées. L'isthme
américain, si étroit et si facile à franchir,
surtout en présence des progrès de la
science moderne, a été depuis longtemps
l'objet d'études tendant à la réunion des
deux iners ou à l'établissement de chemins
de fer mettant en contact ses deux rives.
Toutes les républiques situés dans cette
région de l'Amérique espagnole ont mis la
plus louable émulation à réaliser d'urie ma-
nière ou d'une autre les projets de jonction.
A Panama, le chemin de fer semble ne de-
voir être que le précurseur d'un canal
maritime. Au Nicaragua, la nature elle-
même a tracé la voie à travers les rivières
et les lacs. Dans le Honduras, enfin, on
paraît préférer un chemin de fer partant
du port de Puerto Caballos, sur l'Atlan-
tique, et aboutissant à la baie profonde de
Fonseca sur le Pacifique. Cette ligne serait
voisine, au nord, de l'Etat de Guatemala, et
an sud, de ceux de Nicaragua et de San
Salvador.
Le gouvernement de Comayagua a déjà
contracté, en Europe, un emprunt dont le
produit est exclusivement destiné à la con-
struction de ce chemin de fer. Le capitaine
général Medina, chef de la république,
réélu spontanément il y a trois mois, tient,
dit-on, à honneur de voir, dans le cours
de sa nouveUe présidence, les travaux
complètement terminés. Quoi qu'il ad-
vienne de la réalisation de ces divers pro-
jets, dont l'époque est plus ou moins éloi-
gnée, il est impossible de méconnaître les
grands avantages que le commerce et la
navigation en général retireront de la mul-
tiplicité des communications interocéani-
ques.
NOUVELLES ÉTRANGÈRES
ITALIE
FLORENCE, 2 octobre. — Le ministre de la
guerre a ordonné qu'à dater du 30 septembre,
seraient envoyés en congé tous les militaires
de la classe dite provinciale, 1844, y compris
les Mantouans et Vénitiens appelés par la
levée de 186&.
Les militaires de la classe susmentionnée
ont été déjà envoyés en congé à dater du 1er
mai dernier, dans les corps des sapeurs du
génie, du train de l'armée et de l'administra-
tion.
La même mesure sera appliquée dans tous
les autres corps à dater de ce jour, 1er octo-
bre.
Le nombre des congédiés s'élève, pour tou-
te l'armée, à 32,000 hommes; leur présence
sous les drapeaux devrait légalement se pro-
longer jusqu'au 1er janvier 1870.
Cette mesure, sans nuire à la constitution
de l'armée, permet d'économiser une soiftî%&
dont l'importance couvrirà en partie les frais
exigés par les grandes manœuvres qui vien-
nent d'avoir lieu. (Italie.)
ESPAGNE
MADRID, 3 octobre. — MINISTÈRE DE LA
GUERRE. — Hier, la colonne du lieutenant-
colonel Cadorniga, établie à Granolleri, en
combinaisoil avec celle du lieutenant-colonel
Macias, à Mataro, abattu le terrain inquiété
par des bandes insurgées ; il a fait 49 prison-
niers, qui ont déclaré n'avoir pris les armes
que par intimidation ; une colonna de répu-
blicains, qui avait voulu quitter les environs
de Sarria pour s'incorporer avec les bandes,
a été surprise par une colonne de volontaires.
On a tué deux hommes et pris des muni-
tions.
Lea volontaires du bataillon républicain
de Reus se sont mis hier en révolte, profitant
de l'absence du bataillon de Lucchana, qui
fêtait rendu à Taragone à cause des derniers
événements. Les insurgés ont occupé la
ligne télégraphique et arrêté les trains des
troupes sous les ordres du maréchal de camp
Gabriel Baldrich, se rendant à Reus pour y
rétablir l'ordre.
Le député aux cortès, Froilan Noguero, s'est
présenté jeudi aoir à Giaiien (Huesca) à la
tête de 40 hommes ; il a abîmé le chemin Se
fer. A Sarmena, il a mis en liberté les cent
individus détenus dans la prison, et il a em-
porté douze fusils de la Justice.
La bande est mal armée, sans ressources.
Noguero a déclaré s'être mis à sa tête en
exécution du serment qu'il avait fait à Lé-
rida le 29 du mois dernier, ainsi que d'au-
tres individus, que chacun soulèverait sa
province.
A Barbastro, 30 ou 40 républicains armés
se sont emparés du bureau du télégraphe;
"ils e#e'nt chassé les employés et ils se sont
emparés des clefs. Un bataillon du régiment
de Cadix, sous les ordres de son colonel, est
parti hier de Huesca pour cette ville.
Le bataillon des chasseurs de Figueras,
qui est parti hier de Saragosse, est passé par
Sal'inena, poursuivant les insurgés qui font
route sur Barbastro, ville dans laquelle a dû
entrer ce soir le bataillon de Cadix.
Il y a eu une petite alarme à Béjar ; on
annonçait l'arrivée du cabecilla Peco ; mais
l'attitude énergique du gouverneur civil de
la province, appuyé de plus de 1,000 hom-
mes de toutes les classes de la population, y
compris les plus élevées, a immédiatement
rétabli la tranquillité.
,.rLe, reste de la péninsule contmue-de de-
meurer parfaitement calme. (Gazette de Ma-
drid.)
PRINCIPAUTÉS DANUBIENNES
BUCHAREST, 26 septembre. — La session
extraordinaire des chambres est close; la
convocation n'était que de pure forme ; il
s'agissait de réunir le sénat nouvellement
élu, ainsi qu'il est prescrit par la constitu-
tion ; aussi la seconde chambre ne s'est pas
même constituée.
La ville de Bucharest a négocié un em-
prunt de 15 millions de francs, somme des-
tinée principalement aux projets d'assainis-
sement et d'embellissement de cette cité.
Comme ses finances sont dans un fort bon
état, elle a pu facilement trouver ces fonds
en donnant comme garantie le produit de
ses octrois, de 2 millions par an, tandis que
l'amortissement de l'emprunt n'exige par an
que la moitié de cette somme. (Correspon-
dance du Nord-Est.)
--
ri Le directeur général des lignes télégra-
phiques a adressé au ministre de l'inté-
rieur le rapport suivant :
Paris, le 2 octobre 1869.
Monsieur le ministre,
Conformément à la loi du 4 juillet 1868, le tarif
des dépêches échangées entre deux bureaux de
l'Empire situés dans des départements différents,
sera réduit de 2 fri à 1 fr., à partir du 1er novem-
bre prochain. L'administration aurait tenu à de-
vancer ce terme dans l'application d'une mesure
favorable au public; mais, pour mettre les moyens
de tiansmission en rapport avec l'accroissement
prévu des correspondances, elle a dû effectuer sur
les lignes des travaux considérables, pour lesquels
suffisait, à peine l'intervalle compris entre la pro-
mulgation de la loi du 4 juillet et la date extrême
assignée pour son exécution.
Il n'en est pas, en effet, de la télégraphie comme
de certains services ayant des analogies avec elle,
et notamment la poste.
Celle-ai transporte les correspondances par
masse, à des heures déterminées et avec des
moyens dont il dépend d'elle d'augmenter la puis.
sance, pour ainsi dire instantanément.
La télégraphie, au contraire, est obligée de pren-
dre les heures du public, de passer les dépêches
l'une après l'autre, et comme le travail de chaque
fil, variable d'ailleurs avec le système et la sensi-
bilité des appareils employés, a, dans tous les cas,
,:Qe limites, il est nécessairë, des qué ces limites
sont atteintes, de créer-de nouvelles lignes, à moins
qu'une invention heureuse ne mette, au moment
voulu, à la disposition de l'administration un ap-
pareil permettant de reculer la limite de produc-
tion des conducteurs existants.
A défaut de cette dernière ressource, c'était sur-
tout par l'amélioration et le développement du
réseau qu'il fallait se préparer à faire facq aux ef-
fets probables, ou, pour mieux dire, certains, de
l'abaissement du tarif.
Les grandes lignes, celles qui constituent les ar-
tères principales, ont dû être remaniées et placées
dans des conditions de solidité et d'isolement qui
leur permettront d'opposer plus de résistance aux
actions perturbatrices de l'atmosphère et rendront
leur fonctionnement plus régulier et plus cons-
tant.
Des lignes nouvelles ont été établies, et, si le
projet qui consiste à relier directement chaque chef-
lieu de département à tous les chefs-lieux limitro-
phes, n'a pu être exécuté qu'en partie, les combi-
naisons adoptées y pourvoiront provisoirement
dans une mesure suffisante pour assurer le prompt
échange des dépêches locales. -
Enfin, sur les fils qui joignent des bureaux en-
tre lesquels la réduction de la taxe augmentera
notablement l'activité télégraphique, l'appareil
Morse a été remplacé par l'appareil Hugues, qui
dourait un, tmviii double dans le même temps.
En ce qui concerne le personnel, le recrutement
continue à s'opérer sans difficulté ; le dernier con-
cours a fourni deux cent trente surnuméraires.
J'envisage donc avec sécurité les conséquences,
probables de l'abaissement du tarif, et je crois
pouvoir affirmer sans témérité que sur aucun point
l'administration ne sera prise au dépourvu.
La télégraphie française a déjà parcouru une
longue carrière. Au moment où elle est appelée à
rendre plus de services encore que par le passé, je
demande à Votre Excellence de mesurer l'espace
parcouru jusqu'à ce moment et de résumer suc-
cinctement ce que le Gouvernement a déjà fait
pour faciliter les relations télégraphiques.
La faculté pour le public de se servir du télé-
graphe résulte de la lowdu29 novembre 1850. Mais
alors le réseau télégraphique n'existait pas en-
core. Le décret du 6 janvier i852 imprima à cette
branche du service public une impulsion qui ne
s'est pas ralentie.
Tandis qu'à la fin de 1851, il n'y avait en France
que 17 bureaux, on en comptait 1,701 au 1er jan-
vier 1869, non compris un millier de gares où le
public est admis à déposer ses dépêches par suite
thlfiè entente entre l'administration et les compa-
gnies de chemins de fer.
Aux mêmes époques, l'étendue kilométrique du
réseau est reflî&seritèe par les nombres 2,133 et
40,118; i
Le total annuel des dépêches privées, par les
nombres 9,014 et 3 millions 503,182.
La taxe, que j{,i du 29 novembre 1850 avait
composée de deux éléments, l'un fixe de 3 fr. par
dépêche, l'autre proportionnel à la distance par-
courue et ayant pour base 0,12 cent. par myria-
mètre, a été rendue uniforme et abaissée à 2 fr.
par la loi du 3 juillet 1861, à 1 fr. par celle du 4
juillet 1868.
L'idée de l'uniformité du tarif télégraphique est,
du reste, antérieure à ces deux lois ; elle s'était
fait jour dans la discussion de la loi du 29 novem-
bre 1850, sous la forme d'un amendement propo-
sant de fixer la taxe à 2 francs. Mais elle fut
écartée pour donner à l'administration le temps de
s'organiser et de constituer le réseau. Les efforts
de la direction des télégraphes ont toujours tendu
à hâter le moment où cette importante innovation
pourrait être admise. Des premières, en Europe,
elle a eu l'honneur de vaincre les difficultés qui
s'y opposaient.
En 1852 et dans les années qui suivirent cette
date, la télégraphie française dut marcher un peu
à tâtons, ne trouvant nulle part de modèles à imi-
ter, d'indications à suivre, sans expérience et sans
autre guide que l'intelligence et le savoir de son
personnel. •
Elle a cependant suffi à sa tâche, et aujourd'hui
les lignes aériennes récemment construites, sem-
blent ne rien laisser à désirer au point de vue de
la solidité et de l'isolement.
L'expérience a consacré le système de lignes
souterraines auquel l'administration s'est arrêtée,
et plusieurs Etats en Europe nous l'ont emprunté.
A Paris, les procédés télégraphiques habituels
ne répondaient plus à l'activité des correspon-
dances. On y a .suppléé par un système de tubes
souterrains dans lesquels on fait circuler, il. l'aide
d'air comprimé, dès boites contenant toutes les
dépêches à distribuer à un moment donné entre
les diverses stations de ce réseau spécial. Ce
système diffère essentiellement des systèmes
analogues en usage dans d'autres pays.
En ce qui touche aux appareils, les lignes fran-
çaises, après avoir été desservies à l'origine et jus-
qu'en 1855 par un instrument à aiguilles, analo-
gue à celui qui est en usage dans les gares de
chemins de fer et qui ne laissait aucune trace des
dépêches, aboutissent maintenant, soit à l'appa-
reil de M. Morse, soit à celui de M. Hughes : le
premier transmettant les dépêches en signaux
conventionnels, intelligibles seulement pour les
employés qui le manœuvrent, le second en ca-
ractères typographiques intelligibles pour tous.
Ces appareils ont reçu en France des perfection-
nements importants, et ce n'est qu'après s'y être
généralisé que celui de M. Hughes a été adopté
dans les principaux pays de l'Europe et est devenu
l'instrument presque exclusif des relations télégra-
phiques internationales.
Mais ni l'un ni l'autre ne garantissaient les
correspondances des chances d'altération tenant
aux conditions mêmes dans lesquelles ils fonc-
tionnent. Un employé français, M. Meyer, a
trouvé la meilleure solution de cet important pro-
blème. Dans son système, les dépêches se repro-
duisent en fac-simile; auçuneinexactitude ne peut
s'y glisser par le fait de la télégraphie, et elles
portent avec elles un caractère irrécusable d'au-
thenticité.
Cet appareil est en service entre Paris et Lyon
et donne de très-bons résultats ; je compte en
pourvoir successivement les fils qui mettent Paris
en relations avec les villes principales de l'Em-
pire.
Grâce à cet appareil, l'administration française
aura eu l'honneur de faire faire à la télégraphie un
progrès décisif.
Les principales améliorations introduites dans
la télégraphie appartiennent à la période comprise
entre 1860 et 1869 : les tubes pneumatiques, l'in-
troduction de fappareil Hughes sur toutes les
grandes lignes, l'invention de l'appareil Meyer,
l'adoption des tarifs uniformes et réduitfi.
C'est également dans la même périodo quelle
public a été admis à correspondre en langage se-
cret, qu'a été organisé le service électro-sémapho-
rique qui donne-aux .navipes en mer le moyen de
communiquer avec le continent, que le câble reliant
la France à l'Amérique a été construit et immergé,
enfin qu'ont eu lieu les conférences internationales
de Paris, qui ont abouti à l'adoption par toute
l'Europe de tarifs uniformes et téduits et d'un en-
semble de règles qui forment le code de la télégra-
phie internationale. -.
Tel est, monsieur le ministre, l'état de la télé-
graphie française au moment où son action va
s'étendre davantage. Je ne m'écarte pas de la ré-
serve qui m'est imposée, et je reste dans les limi-
tes de la vérité, en constatant qu'au point de vue
des facilités données au public, de son organisa-
tion, de la variété des moyens dont elle dispose et
de la régularité des opérations, elle ne le cède à
aucun service télégraphique étranger.
Je ne répondrais pas à la sollicitude de Votre
Excellence, si, après avoir parlé des choses de la
télégraphie, je gardais le silence sur le personnel
qui donne la vie à ce grand ensemble.
A tous les degrés de la hiérarchie, depuis le
grade d'employé jusqu'aux grades les plus élevés,
le personnel se distingue par son intelligence et
son instruction, et c'est avec son concours que-la
télégraphie est .devenue ce qu'elle est aujour-
d'hui. Mais les cadres secondaires et supé-
rieurs sont remplis par des fonctionnaires jeunes,
ayant encore de longues années de service à four-
nir, de telle sorte que le mouvement de bas en
haut, qui, dans les administrations anciennes, se
produit incessamment par l'effet des décès et des
admissions à la retraite, n'a pas encore pu s'éta-
blir. De là, un obstacle des plus sérieux à l'avance-
ment ; de là, la cause qui immobilise dans leurs
fonctions actuelles des employés tout à fait dignes
de les franchir. Cette bituation, dont je me préoc-
cupe depuis longtemps d'atténuer les effets, a fait
naître quelques mécomptes faciles à comprendre.
Mais le sentiment du devoir est resté intact, et,
après l'abaissement des taxes comme avant, Votre
Excellence peut compter sur le dévouement de
tous.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'homma-
ge de mon respect.
Le directeur général des lignes télégraphiques,
V* H. DE VOUGY.
Ecole impériale polytechnique.
CONCOURS D'ADMISSION EN 1869.
Liste par ordre de mérite des 136 premiers can-
didats reconnus admissibles à l'Ecole par le jur 7
d'admission, dans sa séance du 2 octobre 1869
1 Le Chàtelier (Henri-Louis).
2 Sauvage (Edouard-Louis-Auguste).
3 Lancrenora (Marie-Ferdinand).
4 Lesdcq-Destournelles (Jeau-Marie-Gustave).
5 Coulomb (Casimir-Scipion).
6 Thomas (Edouard-Fernand).
7 Harlé (Henri-Amédée-Emile).
8 Guiard (Emile-Georges-Lucien).
9 De Tavernier (Louis-Charles-Antonin\.
10 Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel).
11 Lahitte (Jean-Casimir).
12 JoulTray (Théodore-Antoine-Auguste).
13 Benecb (Louis-René).
14 Joffre (Joseph-Jacques-Césaire).
15 Gros (Philippe-Marcel).
16 Cabanv (Thomas-François-Raoul).
17 Bavie (Jean-Paul-Emile).
18 Mouret (Ernést-Jean-Georges).
19 Espitallier (Georges-Frédéric).
20 Piy (Paul-Emile-Gustave).
21 Nicolas (Charles-Marcel).
22 Sevène (Henri).
23 Bousson (Marie-Amédée-Edmond).
24 Mendousse (Fernand-Victor).
25 De Champeaux de Laboulaye (Etienne-Marie).
26 Sorel (Hugues-Ernest).
27 Schœridbertier (Paul).
28 Gerbaud (Henri-Charles).
29 Farinàux (Jules-Auguste-Albert).
30 Chedoau (Gérard-Emile).
FEUILLETON DU JOURNAL OFFICIEL
te MARDI 5 OCTOBRE 1869 (1)
-, , J t.
LES
PERLES NOIRES
i. i '- L
SJ p;
juo ]. : ,
,';f, :' HÉMIÈRE PARTIS
t ( Suite )
- Tout en parlant, l'enfant, entr'ouvrit
son vêtement, et présenta à Wolsky une
petite boite, soigneusement enveloppée, et
portant en grosses lettres le nom et l'a-
dréwe de sa; femme.
Alexis déenjuca les enveloppes avec une
"-4e.-.r¡J.geltJ:ftt ou;vrit la boite si précipi-
tamment qu'il faillit la briser. Le troisième
QHTO* était pareil ; a«x deux premiers : la
boite ifcn&rmait un écrîn, ét l'etritf éonté
rtiit, ùné pfJlië: -âvàit pkët-^aintê-
nant moyen de garder un doute : le. comte
'I1'1.Jll: -i .-, U- l'U' i ■ 1"" *
,,(u Yt)f (O 4 le il juillet
de Permoff s'avouait, ou plutôt se décla-
rait lui-même l'auteur de ce nouvel atten-
tat; il se désignait ainsi audacieusement
aux revanches d'Alexis, si Alexis osait
jamais essayer de se mesurer à lui; il
continuait donc, avec une audace sans
égale, ses détestables machinations; rien
ne le calmait, rien ne l'apaisait, et le mal
déjà fait lui donnait une soif nouvelle et
plus ardente encore du mal qui lui restait
à faire.
- Ah ! c'est infâme ! fit Wolsky en ser-
rant son front dans ses deux mains; s'at-
taquer à moi, même par des moyens in-
dignes, jusqu'à un certain point cela se
comprenait. car, enfin, je suis un homme,
moi, et il pouvait me traiter en ennemi.
Mais une enfant. une pauvre petite créa-
ture qui n'a pas dix ans, incapable de se
défendre, innocente de tout, qui jamais, de-
puis qu'elle est au monde, n'a fait de mal
ni à lui ni à personne, voilà un crime que
ni le ciel ni la terre ne lui pardonneront !
Je vois bien maintenant qu'entre nous
c'est une guerre à mort. Mais je ne puis
le frapper qu'à la tête, et lui peut percer
trois cœurs !
Les gens, qui se tenaient quelques pas
en arrière, virent que leur maître éprou-
vait une contrariété plus vive depuis qu'il
avait ouvert la boîte apportée par l'enfant ;
mais aucun d'eux ne se permit de l'inter-
roger, et ils attendirent ses ordres dans un
Silence qui respectait sa douleur.
Alexis reprit le chemin du château, et,
marchant tous à. sa suite, ils traversèrent
le parc avee la lenteur et la tristesse d'un
cortège funèbre.
Pleine d'angoisses, inimobile sur le per-
ron comme si la baguette d^un,enchanteur
l'eût tout a coup changée en statue, Véra
l'eût toùt ~à coü P- èhanî;*.e. ~, ~Ü ~e sans~ ose
regardait son mari venir à elle, sans dser
faire un pas au-devant de lui. Rien qu'à la
façon dont il marchait, dont il portait la
tête, elle comprit que les nouvelles étaient
mauvaises. Il montait déjà les premières
marches ; leurs regards se rencontrèrent ;
il ne dit rien, et elle n'osa pas l'interroger.
Ils entrèrent tous deux dans la maison ;
Véra prit le chemin de sa chambre, et
Wolsky la suivit.
Quand ils furent seuls tous deux, Alexis
tira l'écrin de sa poche, et, le présentant à
sa femme:
— Voici, lui dit-il, ce que l'on m'a re-
mis pour toi.
Véra ne prononça point une parole;
mais elle devint plus froide et plus pâle
que le marbre de la cheminée contre la-
quelle sa main venait de chercher un appui.
— Ah ! il est implacable ! murmura-t-
elle au bout d'un instant.
— Oui ! implacable comme la haine !
— Comme l'amour! répliqua Véra,
mais d'une voix Si basse que son mari ne
put pas l'entendre.
Les tristes époux tinrent conseil pour
savoir ce qu'il y avait de mieux à faire
dans des conjonctures aussi graves. Tous
deux convenaient bien qu'il fallait à tout
prix reprendre l'enfant à ces mains odieu-
ses qui venaient de prouver une fois de
plus jusqu'où pouvait aller leur scéléra-
tesse : mais ils ne s'entendaient pas aussi
bien sur le choix des moyens.
- Pour moi, je n'en vois qu un, disait
Alexis,, p'est ,de le dénoncer à la justice!
La jpstice doit son appui aux jbpns 'cb.
toyens, c'est fson devoir de poursuivre les
crimes. et en est-il de plus grand que
celui-là? :/ '¡: '; ; = vi- w .!■: - .t. ,'.
—Non, sans doute ! répondait la femme;
mais là jtisfcfcé a sou tout est obligée de se'
servir de ïa pôl'ic®, et, il riië1 '^p'ugne dé
faire intervenir la police entre lui et nous ;
elle' est maladroite, et cherche souvent
sans trouver; elle ne fera que l'irriter da-
vantage encore.
— Et pourra-t-il jamais nous faire plus
de mal qu'il ne nous en a fait ? t
— Il ne faut pas le dénoncer ! reprit'
Véra, avec une obstination que rien ne
semblait devoir vaincre.
— Oh! les femmes sont étranges! mur-
mura Wolsky. En voici une qui adore sa
fille. oui, elle l'adore, c'est une bonne
mère, une très-bonne mère, en vérité.
eh bien, on lui prend son enfant, son
unique enfant, et il lui semble qu'elle a
des ménagements à garder envers celui
qui l'a ravie!. N'est-ce point. vraiment
incompréhensible ?
Véra, douée d'uae finesse toute fémi-
nine, comprit tout ce que son mari ne lui
disait pas, et, d'elle-même, elle répondit à
l'observation qu'elle n'avait pu que presl
sentir.
— Plus que personne, lui dit-elle, nous
connaissons. nous devons connaître,
hélas ! l'habileté de Permoff et la profon-
deur de ses calculs ; plus que personne, il
sait unir la prudence à l'audace : il ne nous
l'a que trop prouvé; ses entreprises, en
apparence les plus témérairés, n'en sont
pas moins mûries dans le rècïièillèmentet
la réflexion. Il faut toiit craindrè de l'hom-
me qui a pu te faire enlever et éÔHri
Sibérie, malgré ta parfaite inriocènce. S'il a
osé venir jusqu'ici, s'il a pu nous enlever
notre etfîknt presque dans nos bras, c'est
qu'il liait pris aspez habilement ses Jn:
sures pour être certain du succès.comme
la première fois r- comme la seconde; l v-*
ajouta-t-elle tout bas ; il peut bràver nos
efforts tidju"'t' (jue nouk tente-
es,' nr.ef les' ùôt^éër^oùir te dom-
fcatfre.-; Vl ni'™b :r
— Ainsi, tu veux le laisser maître de,.
ton enfant? On t'a pris ta fille, et tu ne
fais rien pour la délivrer?. Et tu croyais
l'aimer peut-être ! ,-
- Eh ! je l'aime autant que toi et cent
fois plus que la vie! Pour la retrouver,
je sacrifierais jusqu'au dernier rouble de
notre fortune et jusqu'à la dernière goutte
de mon sang. Mais, vois-tu, nous som-
mes assez intelligents et assez actifs l'un
et l'autre pour faire nos affaires nous-
mêmes et sans avoir besoin que l'on nous
y aide. Nous chercherons, toi et moi, et
toi et moi nous retrouverons. mais sans
réclamer une assistance souvent compro-
mettante et toujours fâcheuse.
— Tu ménages beaucoup un ennemi !
— Tu te trompes, ce n'est pas lui que
je ménage, c'est notre fille, si malheureux
sement tombée dans ses mains.
— Comment ! notre fille?
— Eh ! sans doute! qui te dit que cet
homme si violent, si prompt à s'exaspérer, si
persistant dans ces rancunes, au moment où
il se sentirait poursuivi, où il verrait échap-
per sa vengeance et où il aurait à redouter
la nôtre, ne se sentirait pas tout à coup ca-
pable du dernier forfait ? Et qui te dit alors
qu'il reculerait devant rien. même de-
yant la mort de notre pauvre Sophie ?i;
',' - Non ! non ! fit Wolsky en hochant la
tête, non il n'irait pas jusque-là. ':1 ,
- — Il irait plus loin encore t fit Véra
avec forcé.
- Une fois engagée entre époux, une que-
relle, p&4durçriô.ngtçmp^ : ç^ac^n erpit
YQr ,J;a.Qp, i dç , l, ^èjUetife 0 fp : du
monde, et s'enpacioe d'autant plus dans
sa conviction qu'il: peut moins la faire par-
tager à l'autre. Aiejcis avait MC suffisante
expérience':de la'rôe conj-u^aet^pdiir en; sa-
ifqif«ruehtuê:hoSt, ëfc «drame, sa çia-
lit: d^mtiiëy i^èé croyait le pïu^Mstfn-
nable des deux, il se dit que c'était à lui de
céder. ou du moins d'en avoir l'air.
— Peut-être es-tu dans le vrai, dit-il à
sa femme; peut-être le parti que tu pro-
poses est-il, en effet, le plus sage, je vais
donc en essayer; seulement tu ne trou-
veras point mauvais, si par malheur nous
ne réussissons point, que j'en revienne au
mien?
- Sans doute ! dit-elle ; seulement il ne
faut employer les moyens extrêmes qu'a-
près avoir essayé tous les autres.
Il n'y avait pas un instant à perdre.
Aussi, moins d'une heure après cet entre-
tien, les deux gardes-chasses, les domes-
tiques les plus intelligents de la maison,
et quelques voisins, avec lesquels on était
en relations d'amitié, se répandirent dans
toutes les directions, interrogeant les
paysans, visitant les auberges, et faisant
jaser les postillons à tous les relais.
Alexis, qui s'était mis en route lui-mê-
me, fut un peu plus heureux que ses émis-
saires : il sut qu'une voiture, attelée d'un
seul cheval, avait été remisée dans un
fourré de son bois. Il était allé à la place
indiquée ; il avait vu la trace des roues,
l'empreinte des sabots impatients, et, tout
à l'entour, les petits arbustes brisés, les
branches ployées et froissées, et partout
comme un grand abattis de feuillage. C'é-
tait là un premier indice, qui semblait
mettre le malheureux père sur une piste ;
çette pipte, Alexis la suivit et il découvrit
que, deux heures plus tard, on avait vu
cette même voiture, attelée du même che-
val, fuyant dans la direction.du sùd; le ra-
visseur avait voulu se dérober également
aux pOùrfeû £ fôs i&b là justice et à J celles de
la famillë. Pôurtait-on maintenant l'at-
téinàjf1éff : f J 1 > -
OPI$ ENAUT.
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(La suite prochainement.) ,JI ,j
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