Onzième année. — Tome XIX. — N° 9. Samedi 27 Juin 1891.
LE GÉNIE CIVIL
REVUE GÉNÉRALE DES INDUSTRIES FRANÇAISES & ÉTRANGÈRES
Administration et Rédaction t 6. rue de la Chaussée-d'Antln, Paris.
Prix de l'abonnement par an. — Paris : 36 francs; — Départements : 38 francs; — Étranger (union postale) : 45 francs. — Le numéro : 1 f rani.
SOMAIRE. — Constructions navales : Le nouveau paquebot transatlan-
tique la Touraine (planche IX), p. 133; R. GUÉRIN DE LITTEAU. — Art
militaire : La torpille dirigeable Sims Édison, p. 141 ; R. AUDRA; —
Adoption des canons à tir rapide Canet par la Russie, p. 144. — Physi-
que industrielle : Les chaudières multitubulaires inexplosibles Babcock et
Wilcox, p. 144; F. DELANNOY. — Électricité: Les compteurs d'énergie
électrique, p. 150; E. HOSPITALIER. — Correspondance : L'Exposition CFÔ
Prague, p. 152 ; SOBIESLAV PINKAS ; — p. 152, E. LEMOINE. — Informations :
Projet de chemins de fer suspendus à Chicago, p. 152.
Planche IX : La Touraine de la Compagnie générale transatlantique.
CONSTRUCTIONS NAVALES
LE NOUVEAU PAQUEBOT TRANSATLANTIQUE LA « TOURAINE »
(Planche IX.)
Le paquebot la Touraine, construit dans les chantiers de la Compa-
gnie Iransatlantique, à Penhoët, près Saint-Nazaire, sur les plans de
.• Daymard. Ingé-
nieur en chef de la
COmpagnie, est le
plus grand navire à
passagers qui ait été
créé jusqu à ce jour
par un établissement
tançais. Ses propor-
tions dépassent sen-
siblement celles des
steamers actuelle-
ment exploités par
la COmpagnie Trans-
atlantique sur la
ligne du Havre-New-
YOrk, et sont com-
parables à celles des
Paquebots anglais les
plus récents et les
plus grands.
Quiconque n'a pas
Vu la Touraine ne
peut se faire une
idée de ce qu'est
réellement ce navire
gigantesque, et les
quelques personnes
qui ont eu l'avantage
Qe le visiter ne pen-
sent pas, sans admi-
ratIon, à la somme
Jje science, de talent,
o initiative hardie et
d'argent qu'il a fallu
dépenser pour exé-
cuter une pareille
oeuvre.
C'est peut-être par-
e qu'il est presque
IPossible, par une
simple description,
- d'en faire bien saisir
toutes les merveilles,
que peu d'écrivains
ut encore pris ces
grands navires pour
Suj et de leurs écrits;
et cependant, l'inté-
rêt qui s'attache à
la navigation aug-
mente tous les jours,
urtout pour les per-
sonnes, aujourd'hui
de Plus en plus nom-
breuses, qui ont des
connaissances tech-
niques suffisantes.
Lomme c'est par-
lIlI celles-ci que se
recrutent en général
les lecteurs du Génie
Civil, c'était bien ici
la place de décrire la
!..OU:aine et de pré-
"{jurer. en détail à des personnes avides de s'instruire tout Ce quê ce
manifique paquebot offre à la vue du passager assez heureux pour
obtenir l'autorisation de visiter, non seulement les aménagements,
FIl). 1. - Le nouveau paquebot transatlantique la Touraine,
mais aussi les chaufferies, la machinerie, etc. Nous réservons le plus
d'espace possible à des illustrations faites d'après des photographies
ou des croquis pris sur place ; en parlant aux yeux, elles faciliteront
la lecture de ce qui suit.
Nous commencerons par rappeler en quelques lignes l'historique
du service créé par la Compagnie Transatlantique entre le Havre et
New-York ; il est intéressant de juger à quel point les progrès accomplis
ont été rapides sur cette voie durant les dernières années révolues.
C'est en juin 1864
que la Compagnie
Transatlantique,
constituée par décret
du 25 août 1861, mais
d'abord absorbée par
les transports mili-
taires sur le Mexique,
inaugura la ligne du
Havre à New-York
avec deux paquebots
qui, à ce moment-là,
tirent sensation : le
Washington et le La-
fayette.
Les dimensions de
ces deux navires
étaient :
Longueur, 105 mètres.
Largeur, 13" 40.
Déplacement total en
charge, 5 800 ton-
neaux.
Les machines
étaient du système à
balancier, de 3200
chevaux, et faisaient
mouvoir deux énor-
mes roues, qui don-
naient au navire 12n5
à 13n5 de vitesse. Ils
firent leur première
traversée, l'un en
14 et l'autre en 12
jours.
En 1866, aux ter-
mes d'une convention
nouvelle passée avec
l'Etat, la flotte trans-
atlantique, qui devait
assurer le service bi-
mensuel entre le
Havre et New-York,
étaitainsiconstituée :
Le Napoléon fil,
navire à roues de
4 300 chevaux de
force, 6 400 tonneaux
de déplacement en
charge, 114 mètres
de long, 14 mètres
de large et 10 mètres
de creux;
Le Pereire et la
Ville de Paris, na-
vires à hélice de
3 600 chevaux de
force, 5200 tonneaux
de déplacement en
charge, 105 mètres
de long, 13m 30 de
large, qui donnèrent
environ 13 nœuds
de vitesse;
Le SaÍnt-Laurent, navire a hélice de même force que les deux der-
niers, à peu près mêmes dimensions et donnant 12 nœuds.
En 1872, la Compagnie, vu l'accroissement continu du trafic sur
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