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- JOURNAL DES IDÉES ET DES OPINIONS D'UN RÉVOLUTIONNAIRE DE 1830.
- NOTES DE CETTE ÉDITION.
116 LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE MÊLÉES.
SUR WALTER SCOTT
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD.
Juin 1823.
Certes, il y a quelque chose de bizarre et de merveilleux dans le talent de
cet homme qui dispose de son lecteur comme le vent dispose d'une feuille ;
qui le promène à son gré dans tous les lieux et dans tous les temps ; lui dévoile,
en se jouant, le plus secret repli du coeur, comme le plus mystérieux phéno-
mène de la nature, comme la page la plus obscure de l'histoire ; dont l'imagi-
nation domine et caresse toutes les imaginations, revêt avec la même étonnante
vérité le haillon du mendiant et la robe du roi, prend toutes les allures,
adopte tous les vêtements, parle tous les langages ; laisse à la physionomie des
siècles ce que la sagesse de Dieu a mis d'immuable et d'éternel dans leurs
traits, et ce que les folies des hommes y ont jeté de variable et de passager ;
ne force pas, ainsi que certains romanciers ignorants, les personnages des jours
passés à s'enluminer de notre fard, à se frotter de notre vernis ; mais contraint,
par son pouvoir magique, les lecteurs contemporains à reprendre, du moins
pour quelques heures, l'esprit, aujourd'hui si dédaigné, des vieux temps,
comme un sage et adroit conseiller qui invite des fils ingrats à revenir chez
leur père. L'habile magicien veut cependant avant tout être exact. Il ne refuse
à sa plume aucune vérité, pas même celle qui naît de la peinture de l'erreur,
cette fille des hommes qu'on pourrait croire immortelle si son humeur capri-
cieuse et changeante ne rassurait sur son éternité. Peu d'historiens sont aussi
fidèles que ce romancier. On sent qu'il a voulu que ses portraits fussent des
tableaux, et ses tableaux des portraits. Il nous peint nos devanciers avec leurs
passions, leurs vices et leurs crimes, mais de sorte que l'instabilité des super-
stitions et l'impiété du fanatisme n'en fassent que mieux ressortir la pérennité
de la religion et la sainteté des croyances. Nous aimons d'ailleurs à retrouver
nos ancêtres avec leurs préjugés, souvent si nobles et si salutaires, comme
avec leurs beaux panaches et leurs bonnes cuirasses.
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre
inconnu, qui est nouveau parce qu'il se fait aussi ancien qu'il le veut. Walter
Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur
de l'histoire et l'intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui
devine le passé ; pinceau vrai qui trace un portrait fidèle d'après une ombre
confuse, et nous force à reconnaître même ce que nous n'avons pas vu ;
SUR WALTER SCOTT
A PROPOS DE QUENTIN DURWARD.
Juin 1823.
Certes, il y a quelque chose de bizarre et de merveilleux dans le talent de
cet homme qui dispose de son lecteur comme le vent dispose d'une feuille ;
qui le promène à son gré dans tous les lieux et dans tous les temps ; lui dévoile,
en se jouant, le plus secret repli du coeur, comme le plus mystérieux phéno-
mène de la nature, comme la page la plus obscure de l'histoire ; dont l'imagi-
nation domine et caresse toutes les imaginations, revêt avec la même étonnante
vérité le haillon du mendiant et la robe du roi, prend toutes les allures,
adopte tous les vêtements, parle tous les langages ; laisse à la physionomie des
siècles ce que la sagesse de Dieu a mis d'immuable et d'éternel dans leurs
traits, et ce que les folies des hommes y ont jeté de variable et de passager ;
ne force pas, ainsi que certains romanciers ignorants, les personnages des jours
passés à s'enluminer de notre fard, à se frotter de notre vernis ; mais contraint,
par son pouvoir magique, les lecteurs contemporains à reprendre, du moins
pour quelques heures, l'esprit, aujourd'hui si dédaigné, des vieux temps,
comme un sage et adroit conseiller qui invite des fils ingrats à revenir chez
leur père. L'habile magicien veut cependant avant tout être exact. Il ne refuse
à sa plume aucune vérité, pas même celle qui naît de la peinture de l'erreur,
cette fille des hommes qu'on pourrait croire immortelle si son humeur capri-
cieuse et changeante ne rassurait sur son éternité. Peu d'historiens sont aussi
fidèles que ce romancier. On sent qu'il a voulu que ses portraits fussent des
tableaux, et ses tableaux des portraits. Il nous peint nos devanciers avec leurs
passions, leurs vices et leurs crimes, mais de sorte que l'instabilité des super-
stitions et l'impiété du fanatisme n'en fassent que mieux ressortir la pérennité
de la religion et la sainteté des croyances. Nous aimons d'ailleurs à retrouver
nos ancêtres avec leurs préjugés, souvent si nobles et si salutaires, comme
avec leurs beaux panaches et leurs bonnes cuirasses.
Walter Scott a su puiser aux sources de la nature et de la vérité un genre
inconnu, qui est nouveau parce qu'il se fait aussi ancien qu'il le veut. Walter
Scott allie à la minutieuse exactitude des chroniques la majestueuse grandeur
de l'histoire et l'intérêt pressant du roman ; génie puissant et curieux qui
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