Titre : Le Monde illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1884-11-08
Contributeur : Yriarte, Charles (1833-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818319d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 52729 Nombre total de vues : 52729
Description : 08 novembre 1884 08 novembre 1884
Description : 1884/11/08 (A28,T55,N1441). 1884/11/08 (A28,T55,N1441).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64475821
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/08/2013
294 LE MONDE ILLUSTRE
NOS GRAVURES
Le président des États-Unis.
C)
1
ES élections du 4 novembre pour la nomi-
nation d'un nouveau président des États-
Unis ont eu, cette année, une importance
particulière. Pendant longtemps la lutte a
été inégale entre démocrates et républicains, ces
derniers, maîtres d'avance de la situation, ont su
garder longtemps le pouvoir; mais leurs adversaires
ayant gagné beaucoup de terrain depuis les der-
nières élections, M. G. Cleveland, démocrate, et
M. J. Blaine, républicain, ont pu jusqu'au dernier
moment fonder leurs espérances sur des forces à
peu près égales.
On sait que les démocrates préconisent l'autono-
mie des trente-huit états de l'Union, tandis que les
républicains sont partisans de la centralisation à
outrance.
On reproche aux premiers d'amener tout douce-
ment le pays à la division et de rendre possible à
un moment donné une nouvelle guerre de sécession,
tandis qu'on craint avec les seconds de voir un jour
ou l'autre un dictateur s'emparer du pouvoir.
Les passions politiques étant excessives en Amé-
rique, ces craintes de part et d'autre ont été exploi-
tées de la façon la plus violente, démocrates et
républicains s'accusent de conduire le pays à un
abîme.
Ce qui a augmenté les chances des démocrates
cette année, ce ne sont pas seulement ces craintes,
mais l'abus qu'ont fait du pouvoir les républicains
en viciant l'administration et en corrompant l'esprit
politique.
L'élu, M. G. Cleveland, était gouverneur de l'État
de New-York, obligé à cause de ses fonctions, de
rester à sa résidence officielle d'Albany, c'est le
général Hendricks qui l'a remplacé dans la tournée
électorale obligatoire. M. G. Cleveland est un
homme d'une haute valeur, d'une grande intégrité
et d'un passé irréprochable.
On sait que l'élection de M. Cleveland n'est pas
définitive, mais les délégués des États, au nombre.
de 401, ayant un mandat impératif, le résultat final
n'est pas douteux. Ces délégués se réuniront le
4 décembre à cet effet; la majorité absolue est de
201, et à l'heure où nous mettons sous presse, les
dépêches américaines comptent déjà 234 délégués
démocrates.
C'est une grande victoire pour l'ancien maire de
Buffalo que sa probité a fait gouverneur de l'État
de New-York comme elle le fait aujourd'hui prési-
dent des États-Unis.
M. Vaucorbeil.
1
è
E directeur de l'Académie nationale de
musique, M. Vaucorbeil, a succombé le
2 novembre aux suites d'une violente ma-
ladie intestinale. C'est un artiste et un
honnête homme qui s'en va. Bienveillant, sympa-
thique, aimé de son personnel et de tous ceux qui
l'approchaient, M. Vaucorbeil était un homme de
cœur dont la fin prématurée causera d'unanimes
regrets.
Musicien de talent et de conscience, il publia plu-
sieurs recueils de mélodies et écrivit un grand
nombre d'œuvres symphoniques. Au mois d'a-
vril 1863, il fit jouer à l'Opéra-Comique un ouvrage
en trois actes, Bataille d'amour, dont le libretto
était de MM. V. Sardou et Karl Daclin. Il donna
ensuite une importante scène lyrique, la Mort de
Diane, qui, interprétée par MUa Krauss au Conser-
vatoire, en 1870, prit place au répertoire de la
Société des concerts. Il écrivit aussi une partition
de Mahomet sur un poème de M. Henri de Lacre-
telle.
Cet ouvrage, M. Vaucorbeil ne parvint pas à le
faire représenter; du reste, il abdiqua toute espé-
rance d'auteur en acceptant la direction de l'Opéra,
le icr mai 1879. Depuis 1872, il était commissaire
du Gouvernement près des théâtres subventionnés;
en 1878, il avait été nommé inspecteur général
des beaux-arts.
Une fois entré dans ses nouvelles fonctions,
M. Vaucorbeil se mit à l'œuvre avec courage et
finit par prendre un grand ascendant sur son per-
sonnel. Soit au foyer, soit dans sa petite loge sur
la scène, il suivait avec un soin jaloux toutes les
études et les moindres répétitions. Son passage à
l'Opéra, pour n'avoir pas été de longue durée, n'en
a pas moins été marqué par l'apparition d'œuvres
nombreuses et importantes.
C'est lui qui a donné le Polyeucte de Gounod,
Aïda, la Françoise de Rimini d'Ambroise Thomas,
le Comte Ory, le Tribut de Zamora, Henry VIII,
de M. Saint-Saëns, Sapho; comme ballets, la Kor-
rigane, de M. Widor, la Farandole, de Théodore
Dubois, Namouna, de M. Lalo.
Au moment où la maladie qui devait l'emporter
l'a saisi, il mettait en scène le Tabarin, de M. Emile
Pessard, et le ballet de M. André Messager, les
Deux Pigeons.
Le directeur de l'Opéra avait été élu à plusieurs
reprises président de la Société des compositeurs
de musique et avait été décoré de la Légion d'hon-
neur. Il était né à Rouen, au mois de décembre 1821.
M. Vaucorbeil ayait épousé une chanteuse de talent
Mme Sternberg, qui, jusqu'à la fin, lui a prodigué
des soins empressés et touchants. Il avait eu pour
père l'excellent acteur Ferville, qui fut pendant si
longtemps le pensionnaire du Gymnase et qui mou.
rut en 1864.
Rossini avait honoré M. Vaucorbeil d'une estime
toute particulière. Ce fut M. Vaucorbeil qui colla-
tionna et revisa, avec un soin pieux, les œuvres
posthumes de l'illustre maître, éditées il y a quel- -
ques années par la Société de publications pério-
diques.
M. Vaucorbeil était le quarante-sixième directeur
de l'Académie de musique.
Le choléra à Yport.
1
jans le courant du mois qui vient de
s'écouler, le terrible fléau qui a si cruelle-
ment ravagé nos régions méridionales, a
fait son apparition sur la côte normande.
C'est à Yport, entre le Tréport et Étretat que le
mal s'est déclaré. Les premiers cas ont coïncidé
avec l'arrivée des marins venant du navire Louise-
Marie, dont l'équipage avait débarqué à Cette.
Les marins d'Yport forment une part du contin-
gent de pêcheurs de morue qui se rendent à Terre-
Neuve. Quand les bateaux-pêcheurs reviennent, ils
s'arrêtent dans la Méditerranée, relâchent à Cette,
où le poisson reçoit sa préparation. Tandis que la
moitié de l'équipage ramène le bateau au port d'ar-
mement, l'autre moitié reste à Cette, occupée à la
préparation de la morue. Elle est rapatriée par
chemin de fer quand son travail est accompli.
La Louise-Marie était revenue en France dans
ces conditions, et les marins rentrés à Yport à la
fin de septembre étaient venus de Cette par voie
de terre.
Arrivés à Fécamp, le 25 septembre dernier, ces
marins furent envoyés à l'hôpital, d'où ils ne sor-
tirent qu'après avoir pris des bains sulfureux et
munis de linge et de vêtements prêtés par l'admi-
nistration. Les vêtements qui leur appartenaient
leur furent ensuite-rendus après avoir été soigneu-
sement désinfectés.
Or, un de ces derniers vêtements ayant été lavé à
la mer par la dame Cordelier, d'Yport, cette femme
tomba malade presque aussitôt et mourut en quel-
ques heures ; elle fut enterrée le 5 octobre.
Le médecin qui lui avait donné ses soins affirma
que cette malheureuse était morte du choléra asia-
tique.
Trois jours plus tard, le 8 octobre, une femme
de soixante-dix-neuf ans mourait subitement. Sept
jours après, le frère d'un des marins de la Louise-
Marie, mais qui n'avait point fait partie de l'équi-
page, était atteint du choléra, après avoir passé la
nuit dans la maison où était morte la première vic-
time, et mourait également. Enfin, dans la même
maison, ont succombé, une jeune fille de vingt
ans, et son père, âgé de cinquante ans. Les deux
cadavres étaient devenus entièrement noirs.
Les cas, parfaitement caractérisés, se sont multi-
pliés d'une façon inquiétante. Le sous-préfet du
Havre s'est rendu à Yport, et le ministre du com-
merce y a envoyé M. le docteur Proust, inspecteur
général du service sanitaire.
Mgr l'archevêque de Rouen s'est également dé-
placé pour visiter et secourir les victimes de l'hor-
rible mal.
L'épidémie avait trouvé un terrain tout préparé,
il faut le reconnaître.
La petite ville d'Yport n'est point, tant s'en faut,
recommandable par sa propreté. Les maisons,
faites de galet et de brique, ne sont pas anciennes,
mais ceux qui les habitent sont trop dépourvus de
souci en ce qui concerne la propreté.
L'unique rue, la Grande-Rue, est souvent
encombrée de détritus; enfin, il n'est pas jusqu'à
la jetée, qui mesure une quinzaine de mètres au
plus, véritable casse-cou, qui ne soit le dépotoir
favori de la population. L'alerte qui vient de se
produire va attirer l'attention des pouvoirs publics.
Des mesures de salubrité ont été prises et il est
à supposer qu'elles seront dorénavant maintenues.
Nous donnons une vue du petit port qui vient
d'être si ravagé. On se doute aisément de la panique
qui peut régner en pareil cas dans une ville aussi
restreinte lorsque la mort fauche aveuglément une
population si peu élevée.
Beaux-Arts.
Tableau de M. Artiguc.
A foule est attentive et recueillie. Sur les
visages, on peut lire une curiosité presque
inquiète, comme à l'approche de quelque
cj phénomène surnaturel.
Que va-t-il donc se passer?
Oh! mon Dieu, rien, et même moins que rien.
Un charlatan, s'improvisant magnét seur pour la
circonstance, s'efforce, par l'attrait d'un spectacle
nouveau, de faire tomber quelque menue monnaie
dans son escarcelle vide.
Et tandis qu'il fait des passes, et brandit des
mains, soi-disant pleines de fluide, dans la direction
de son sujet, la pauvre somnambule extra-lucide
grelotte dans un tartan misérable et dit au hasard
des mots saugrenus, que les badauds considèrent
parfois comme l'arrêt même du destin.
M. Artigue a prêté un brio amusant à cette scène
vulgaire, où les détails, bien plus encore que l'en-
semble de la composition, cependant fort bien
entendue, attirent l'œil, et le retiennent par leur
ingénieux groupement.
A. B.
Le jour des morts en Lithuanie.
,Ij
(Ans les villages polonais, à l'issue de la
grand'messe célébrée en ce jour, le prêtre,
accompagné d'un clerc qui porte l'eau
bénite, sort de l'Église, et se rend proces-
sionnellement au cimetière, tandis que l'on porte à
sa suite les saintes images et les bannières.
Une fois parvenu dans le champ de repos, qui se
trouve d'ordinaire au flanc d'une colline, le cortège
s'arrête devant chaque tombeau, invoque la mémoire
du mort et dit la prière :
Requiem œternam dOlla ei domine!
Durant ces haltes, les parents du défunt poussent
des cris, et font entendre des lamentations, tandis
que le reste de l'assistance distribue du pain et
d'abondantes aumônes aux nombreux mendiants
qui se tiennent par groupes dans le cimetière, en
priant aussi pour les trépassés.
Le soir du jour des morts, chacun se rend au
cabaret, afin d'oublier les tristesses du matin, et là,
au son des violons et des tambourins, les villageois
mangent, boivent et dansent jusqu'à une heure
avancée de la nuit.
C'est un épisode de ces étranges coutumes, der-
nier écho des mœurs de l'antiquité païenne, que
représente le beau dessin de M. Chelmonski.
Son talent puissant et original s'entend on ne
peut mieux à rendre ces scènes bizarres avec toute
leur saveur pittoresque et leur charme d'une poésie
si étrange.
NOS GRAVURES
Le président des États-Unis.
C)
1
ES élections du 4 novembre pour la nomi-
nation d'un nouveau président des États-
Unis ont eu, cette année, une importance
particulière. Pendant longtemps la lutte a
été inégale entre démocrates et républicains, ces
derniers, maîtres d'avance de la situation, ont su
garder longtemps le pouvoir; mais leurs adversaires
ayant gagné beaucoup de terrain depuis les der-
nières élections, M. G. Cleveland, démocrate, et
M. J. Blaine, républicain, ont pu jusqu'au dernier
moment fonder leurs espérances sur des forces à
peu près égales.
On sait que les démocrates préconisent l'autono-
mie des trente-huit états de l'Union, tandis que les
républicains sont partisans de la centralisation à
outrance.
On reproche aux premiers d'amener tout douce-
ment le pays à la division et de rendre possible à
un moment donné une nouvelle guerre de sécession,
tandis qu'on craint avec les seconds de voir un jour
ou l'autre un dictateur s'emparer du pouvoir.
Les passions politiques étant excessives en Amé-
rique, ces craintes de part et d'autre ont été exploi-
tées de la façon la plus violente, démocrates et
républicains s'accusent de conduire le pays à un
abîme.
Ce qui a augmenté les chances des démocrates
cette année, ce ne sont pas seulement ces craintes,
mais l'abus qu'ont fait du pouvoir les républicains
en viciant l'administration et en corrompant l'esprit
politique.
L'élu, M. G. Cleveland, était gouverneur de l'État
de New-York, obligé à cause de ses fonctions, de
rester à sa résidence officielle d'Albany, c'est le
général Hendricks qui l'a remplacé dans la tournée
électorale obligatoire. M. G. Cleveland est un
homme d'une haute valeur, d'une grande intégrité
et d'un passé irréprochable.
On sait que l'élection de M. Cleveland n'est pas
définitive, mais les délégués des États, au nombre.
de 401, ayant un mandat impératif, le résultat final
n'est pas douteux. Ces délégués se réuniront le
4 décembre à cet effet; la majorité absolue est de
201, et à l'heure où nous mettons sous presse, les
dépêches américaines comptent déjà 234 délégués
démocrates.
C'est une grande victoire pour l'ancien maire de
Buffalo que sa probité a fait gouverneur de l'État
de New-York comme elle le fait aujourd'hui prési-
dent des États-Unis.
M. Vaucorbeil.
1
è
E directeur de l'Académie nationale de
musique, M. Vaucorbeil, a succombé le
2 novembre aux suites d'une violente ma-
ladie intestinale. C'est un artiste et un
honnête homme qui s'en va. Bienveillant, sympa-
thique, aimé de son personnel et de tous ceux qui
l'approchaient, M. Vaucorbeil était un homme de
cœur dont la fin prématurée causera d'unanimes
regrets.
Musicien de talent et de conscience, il publia plu-
sieurs recueils de mélodies et écrivit un grand
nombre d'œuvres symphoniques. Au mois d'a-
vril 1863, il fit jouer à l'Opéra-Comique un ouvrage
en trois actes, Bataille d'amour, dont le libretto
était de MM. V. Sardou et Karl Daclin. Il donna
ensuite une importante scène lyrique, la Mort de
Diane, qui, interprétée par MUa Krauss au Conser-
vatoire, en 1870, prit place au répertoire de la
Société des concerts. Il écrivit aussi une partition
de Mahomet sur un poème de M. Henri de Lacre-
telle.
Cet ouvrage, M. Vaucorbeil ne parvint pas à le
faire représenter; du reste, il abdiqua toute espé-
rance d'auteur en acceptant la direction de l'Opéra,
le icr mai 1879. Depuis 1872, il était commissaire
du Gouvernement près des théâtres subventionnés;
en 1878, il avait été nommé inspecteur général
des beaux-arts.
Une fois entré dans ses nouvelles fonctions,
M. Vaucorbeil se mit à l'œuvre avec courage et
finit par prendre un grand ascendant sur son per-
sonnel. Soit au foyer, soit dans sa petite loge sur
la scène, il suivait avec un soin jaloux toutes les
études et les moindres répétitions. Son passage à
l'Opéra, pour n'avoir pas été de longue durée, n'en
a pas moins été marqué par l'apparition d'œuvres
nombreuses et importantes.
C'est lui qui a donné le Polyeucte de Gounod,
Aïda, la Françoise de Rimini d'Ambroise Thomas,
le Comte Ory, le Tribut de Zamora, Henry VIII,
de M. Saint-Saëns, Sapho; comme ballets, la Kor-
rigane, de M. Widor, la Farandole, de Théodore
Dubois, Namouna, de M. Lalo.
Au moment où la maladie qui devait l'emporter
l'a saisi, il mettait en scène le Tabarin, de M. Emile
Pessard, et le ballet de M. André Messager, les
Deux Pigeons.
Le directeur de l'Opéra avait été élu à plusieurs
reprises président de la Société des compositeurs
de musique et avait été décoré de la Légion d'hon-
neur. Il était né à Rouen, au mois de décembre 1821.
M. Vaucorbeil ayait épousé une chanteuse de talent
Mme Sternberg, qui, jusqu'à la fin, lui a prodigué
des soins empressés et touchants. Il avait eu pour
père l'excellent acteur Ferville, qui fut pendant si
longtemps le pensionnaire du Gymnase et qui mou.
rut en 1864.
Rossini avait honoré M. Vaucorbeil d'une estime
toute particulière. Ce fut M. Vaucorbeil qui colla-
tionna et revisa, avec un soin pieux, les œuvres
posthumes de l'illustre maître, éditées il y a quel- -
ques années par la Société de publications pério-
diques.
M. Vaucorbeil était le quarante-sixième directeur
de l'Académie de musique.
Le choléra à Yport.
1
jans le courant du mois qui vient de
s'écouler, le terrible fléau qui a si cruelle-
ment ravagé nos régions méridionales, a
fait son apparition sur la côte normande.
C'est à Yport, entre le Tréport et Étretat que le
mal s'est déclaré. Les premiers cas ont coïncidé
avec l'arrivée des marins venant du navire Louise-
Marie, dont l'équipage avait débarqué à Cette.
Les marins d'Yport forment une part du contin-
gent de pêcheurs de morue qui se rendent à Terre-
Neuve. Quand les bateaux-pêcheurs reviennent, ils
s'arrêtent dans la Méditerranée, relâchent à Cette,
où le poisson reçoit sa préparation. Tandis que la
moitié de l'équipage ramène le bateau au port d'ar-
mement, l'autre moitié reste à Cette, occupée à la
préparation de la morue. Elle est rapatriée par
chemin de fer quand son travail est accompli.
La Louise-Marie était revenue en France dans
ces conditions, et les marins rentrés à Yport à la
fin de septembre étaient venus de Cette par voie
de terre.
Arrivés à Fécamp, le 25 septembre dernier, ces
marins furent envoyés à l'hôpital, d'où ils ne sor-
tirent qu'après avoir pris des bains sulfureux et
munis de linge et de vêtements prêtés par l'admi-
nistration. Les vêtements qui leur appartenaient
leur furent ensuite-rendus après avoir été soigneu-
sement désinfectés.
Or, un de ces derniers vêtements ayant été lavé à
la mer par la dame Cordelier, d'Yport, cette femme
tomba malade presque aussitôt et mourut en quel-
ques heures ; elle fut enterrée le 5 octobre.
Le médecin qui lui avait donné ses soins affirma
que cette malheureuse était morte du choléra asia-
tique.
Trois jours plus tard, le 8 octobre, une femme
de soixante-dix-neuf ans mourait subitement. Sept
jours après, le frère d'un des marins de la Louise-
Marie, mais qui n'avait point fait partie de l'équi-
page, était atteint du choléra, après avoir passé la
nuit dans la maison où était morte la première vic-
time, et mourait également. Enfin, dans la même
maison, ont succombé, une jeune fille de vingt
ans, et son père, âgé de cinquante ans. Les deux
cadavres étaient devenus entièrement noirs.
Les cas, parfaitement caractérisés, se sont multi-
pliés d'une façon inquiétante. Le sous-préfet du
Havre s'est rendu à Yport, et le ministre du com-
merce y a envoyé M. le docteur Proust, inspecteur
général du service sanitaire.
Mgr l'archevêque de Rouen s'est également dé-
placé pour visiter et secourir les victimes de l'hor-
rible mal.
L'épidémie avait trouvé un terrain tout préparé,
il faut le reconnaître.
La petite ville d'Yport n'est point, tant s'en faut,
recommandable par sa propreté. Les maisons,
faites de galet et de brique, ne sont pas anciennes,
mais ceux qui les habitent sont trop dépourvus de
souci en ce qui concerne la propreté.
L'unique rue, la Grande-Rue, est souvent
encombrée de détritus; enfin, il n'est pas jusqu'à
la jetée, qui mesure une quinzaine de mètres au
plus, véritable casse-cou, qui ne soit le dépotoir
favori de la population. L'alerte qui vient de se
produire va attirer l'attention des pouvoirs publics.
Des mesures de salubrité ont été prises et il est
à supposer qu'elles seront dorénavant maintenues.
Nous donnons une vue du petit port qui vient
d'être si ravagé. On se doute aisément de la panique
qui peut régner en pareil cas dans une ville aussi
restreinte lorsque la mort fauche aveuglément une
population si peu élevée.
Beaux-Arts.
Tableau de M. Artiguc.
A foule est attentive et recueillie. Sur les
visages, on peut lire une curiosité presque
inquiète, comme à l'approche de quelque
cj phénomène surnaturel.
Que va-t-il donc se passer?
Oh! mon Dieu, rien, et même moins que rien.
Un charlatan, s'improvisant magnét seur pour la
circonstance, s'efforce, par l'attrait d'un spectacle
nouveau, de faire tomber quelque menue monnaie
dans son escarcelle vide.
Et tandis qu'il fait des passes, et brandit des
mains, soi-disant pleines de fluide, dans la direction
de son sujet, la pauvre somnambule extra-lucide
grelotte dans un tartan misérable et dit au hasard
des mots saugrenus, que les badauds considèrent
parfois comme l'arrêt même du destin.
M. Artigue a prêté un brio amusant à cette scène
vulgaire, où les détails, bien plus encore que l'en-
semble de la composition, cependant fort bien
entendue, attirent l'œil, et le retiennent par leur
ingénieux groupement.
A. B.
Le jour des morts en Lithuanie.
,Ij
(Ans les villages polonais, à l'issue de la
grand'messe célébrée en ce jour, le prêtre,
accompagné d'un clerc qui porte l'eau
bénite, sort de l'Église, et se rend proces-
sionnellement au cimetière, tandis que l'on porte à
sa suite les saintes images et les bannières.
Une fois parvenu dans le champ de repos, qui se
trouve d'ordinaire au flanc d'une colline, le cortège
s'arrête devant chaque tombeau, invoque la mémoire
du mort et dit la prière :
Requiem œternam dOlla ei domine!
Durant ces haltes, les parents du défunt poussent
des cris, et font entendre des lamentations, tandis
que le reste de l'assistance distribue du pain et
d'abondantes aumônes aux nombreux mendiants
qui se tiennent par groupes dans le cimetière, en
priant aussi pour les trépassés.
Le soir du jour des morts, chacun se rend au
cabaret, afin d'oublier les tristesses du matin, et là,
au son des violons et des tambourins, les villageois
mangent, boivent et dansent jusqu'à une heure
avancée de la nuit.
C'est un épisode de ces étranges coutumes, der-
nier écho des mœurs de l'antiquité païenne, que
représente le beau dessin de M. Chelmonski.
Son talent puissant et original s'entend on ne
peut mieux à rendre ces scènes bizarres avec toute
leur saveur pittoresque et leur charme d'une poésie
si étrange.
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