Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1913-07-04
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 juillet 1913 04 juillet 1913
Description : 1913/07/04 (Numéro 5303). 1913/07/04 (Numéro 5303).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/11/2008
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VENDREDI 4 JUILLET 1»t3
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Adreu: Télégraphique OUCLAIR RENNBS
DIRECTEUR POLITIQUE
Emmanuel DES6RÉES DU LCO
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IX KAMDBCWTS NE SONT PAS BXNDD8
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UBS ANNONCES SONT REÇTTBS >
4 PARIS, » PAGENCE HAVAS, 3, pj»ee de la Bonne, et à La COMPACT
GENERALE DE PUBLICITE, John F. Jonu & Cie, 31 bh, faubourg
Montmartre.
A HAUTES, à l'AGKNCE HAVAS, 3. plaoa rélix-Pouratar.
1( REMUES, aux Bnreaoi du Journal.
Brindeionc, le Breton
PARIS. S juillet. On s'habitue aux prouesses
et tous les raids aériens de ville & ville ac-
complis presque chaque jour par les aviateurs
français, mais le circuit des capitales que vient
d'aooomplir si glorieusement le jeune Brindejonc
des Moulinais dépasse de très loin les précédeats
records des Vedrines, des Garros et des Guillaux,
et c'est très justement que le bourgmestre d'Ams-
tedam saluait l'autre jour en Brindejonc le
plus grand des héros de l'aviation française
L'énergie et le sang-froid de Brindejonc, la
maîtrise avec laquelle il pilota son monoplan
au' travers des tempétes, le mépris des dangers
auxquels il 6'exposait avaient forcé l'admiration
des plus indifférente. On le vit bien hier à la
6plendide réception qui lui fut faite à sa descente
sur l'aérodrome de Villacoublay.: Brindejonc
tveit annoncé son arrivée entre seize heures et
seize heures et demie; il eut la coquetterie de
réaliser ce. tour de force.d'être ponctuel..
Il était seize heures. Sur'le fond nuageux du.
ciel une file ..de monoplans, apparut à grande
hauteur. C'était l'escadrille d'avions partie le
matin à la rencontre de Brindejonc et qui l'es-
cortait depuis Compiègne.
Quand ils furent droit au-desws de l'aérodro-
me,.la descente commença, rapide, superbe.
Legagneux .prit terre le premier, en passant
au-dessus du hangar qu'il parut frôler presque.
Puis, les uns après les autres, les monoplans
de l'escorte se posèrent sur l'aérodrome devant
les hangars, s'arrêtant les uns après les autres;
oe fut Biot, puis le lieutenant Ronin, Gilbert,
La-haut dans le ciel. Brindejonc attendait, n
descendit enfin et piqua droit. passa au-dessus
du public qui l'acclamait et qui se précipita der-
rière le monoplan léger qui allait atterrir dou-
cement non loin.
Une ovation enthousiaste salua le jeune pilote
qui apparat, debout dans le fuselage, son visage
halé, tout souriant.
Un remous dans la foule on apportait des
gerbes de fleurs:-les amis et camarades accou-
raient, et dey, fillettes, les deux .jeunes sœurs
du pilote, vinrent lire un souhait de bienvenue
leur grand frère.
Quand les photographes eurent opéré, Brinde-
jonc fut porté en triomphe jusqu'au hangar où
le champagne était préparé.
Là. entouré du public qui s'entassait devant
la table, au-dessus de laquelle une grande carte
̃d'Europe portait le tracé de son merveilleux
«e?age, Brludejonc reçut les TéBcitaOons offi-
cielles.
Au nom du gouvernement qu'il représentait,
M» I^on Berthou prit la parole, félicita le jeune
pilote de la part du Président du Conseil, pour
se majrnifiqur.rîpopAe aérienne qui avait eu un
tel retentissement à travers le monde et, en fer-
mes émus. il sut associer il ce joli triomphe les
parents de l'aviateur oui se tenaient près de
leur fils.
Pourquoi faut-il que M. Léon Barthou n'ait
pu faire Reste que sans doute il eût -tant dé-
siré faire remettre la Légion d'honneur à Brin-
dejonc, ajoutant cette récompense de la France
aux nombreux ordres par lesquels les souve-
rains étrangers ont tenu à honorer le courage
du jeune aviateur ? A la fin du discours de
M. Barthou. chacun attendait la phrase qui eût
Été uue récompense si vaillamment méritée
tette phrase ne fut pas prononcée.
Au nom du ministre de la Guerre et de l'Aéro-
nautique militaire, le général Hirsohauer félicita
le pilote, puis le président de la Ligue Nationale
Aérienne, M. René Quinton, ajouta à ces félici-
tations une bonne nouvelle le matin même, le
marquis de Polignac venait de lui remettre
60.000 francs,pour.une nouvelle Coupe Pomme-
ryfqui, 6 partir de l'an prochain, pourrait être
disputée dans d'autres conditions, permettant
de plus longs exploits. Le vol entre le lever et
le coucher du soleil serait remplacé par le vol
entre ie lever du soleil et le coucher du lende-
main, soit une Quarantaine .d'heures. En sou-
riant, M. Quinton souhaita à Brindejonc de re-
venir l'an'prochain de Perse.
'Entre deux acclamations, Brindejonc voulut
répondre
Je suis beaucoup trot) jeune et trop ému
pour pouvoir parler, commença-Wl, je me con-
tenterai de dire merci.
1 A 1? h. 15, soit une heure environ après s'être
posé sur l'aérodrome de Villacoubley, Brinde-
jonc des Moulinais filait vers Paris, où l'atten-
daient d'autres réception
Brindejonc' nous raconte
son voyage
Dans la soirée, l'héroïque aviateur voulait
bien s'arracher quelques instants à un repos
bien gagné pour nous confier quelques impres-
sions sur sa fantastique randonnée
« De Paris à Varsovie,' nous dit-il, la randon-'
née ne fut pas dangereuse et je n'eus guère à
lutter que contre le vent par exemple, il était
de traille, à Berlin notamment, où je vins atterrir
en pleine bourrasque. Je trouvai, du reste, l'aé-
rodrome de. Johannistal presque désert, car on
ne m'attendait nullement par oe temps troublé.
L'aviateur Von Gorissen me reçut absolument
comme un ami et j'allai me reposer un peu chez
lui. "Puis" je repartis. Le vent soufflait toujours
avec une violence que je n'aurais pu soupçonner;
les. arbres en. étaient déracinés et les cheminées
emportées: Cela ne m'empêcha pas de'coucher le
soir à Varsovie, ainsi que j'en avais formé
le projet. Ayant franchi 1.450 kilomètres, .j'étais
détenteur de.la Coupe Pommay je ne saurais
vous dire combien ce succès me console de mes
précédentes tentatives si malheureuses.
Mis en goût par ce début, je décidai de con-
tinuer. Je voulais ¡ne rendre de Varsovie à Saint-
Pétersbourg nn une journée, mais le vent était
contraire, et il ne pouvait être question iâ fran-
chir la 1.100 kilomètres du lever va coucher
du soleil. Je résolus donc de partager mon voya-
ge en deux et d'aller' seulement Jusqu'à Dvînsk
la premier jour. J'eus tellement froid que j'en
aurais pleuré mes jambes étaient insensibles,
mes pieds nie faisaient horriblement souffrir et
cela pendant quatre heures trente. A Vilna, on
ne m'avait préparé'ni terrain,' ni feu, et je ne
dus qu'à la chance de trouver un petit coin.
A SAINT-PETERSBOURG
Le surlendemain matin, j'arrivais à Pskow par
un temps .assez calme, volant toujours audessus
de terrains marécageux, de sapins, de sable, de
sillons, de champs labourés coupés de ruisseaux,
bref, un sol peu rassurant. J'atterrissais dans un
vilain petit terrain d'où j'eus un mal terrible à
repartir,, à ce point que j'étais obligé de m'in-
cliner latéralement presque à 65' pour laisser
passer un arbre sous mon aile. Enfin, tout alla
bien, et je retrouvais pendant quatre heures le
même paysage. Saint-Pétersbourg m'apparut en-
fin entre des nuages de pluie au-dessus des-
quels je me tenais. C'e6t une bien belle ville, vue
d'en haut, mais mes yeux fatigués me donnaient
des illusions d'optique. Bref, il était temps que
j'arrive.
KA Saint-Pétersoburg je reçus un. accueil
inoubliable. Les officiers aviateurs d* l'aérodro-
me de Gatchina organisèrent en mon, honneur
une réception grandiose, présidée par le géné-
ral Siskiewich, chef de l'aéronautique militaire
russe
M. Boris Souvorine, directeur du Novoié Vré-
mia, offrit dans un grand restaurant de Saint-
Pétersbourg, un diner de 150 personnes, auquel
assistait le ministre de la marine russe. Le
grand-duc Alexandre me remit alors, de la part
da tsar, l'ordre de Sainte-Anne, ainsi que l'insi-
gne des aviateurs russes.
DANS LA BRUME
L'étape Saint-Pétersbourg-Stockholm me fut
très pénible surtout dans sa partie maritime.
Ayant rencontré le brouillard à quelques milles
de la côte, il me semblait évoluer en pleine nuit,
ne sachant où je me dirigeais. L'amirauté russe
avait bien fait échelonner des torpilleurs sur
le parcours marin, mais la brume épaisse
m'empêchait de rien voir..Alors les nerfs ten-
dus, je commençais désespérer lorsque tout à
coup j'aperçus un des torpilleurs Un homme
à demi noyé qui réussit à s'accrocher à une
bouée de sauvetage n'aurait pas été plus joyeux
que je le fus. Je me mis à chanter la Marseil-
Iaise, accompagné par la cadence du moteur.
Je repris confiance.
Mais de nouveau la brume m'enveloppa. Je
volais toujours sans en voir la fin. C'était éner-
vant. Soudain, je vis une chose qui me parut
surnaturelle. Il sembla sortir d^au-dessous de
moi des nuages floconneux qui apparaissaient
et disparaissaient. Plus loin une large bande
brumeuse s'effilochait, s'éclipsait, nuis réaDDa-
raissait. Je croyais être le spectateur d'une illu-
sian. Et toujours pas de terre. Pendant ces
minutes qui. me' parurent longues, les petits
nuages dansaient et disparaissaient. A ce mo-
ment, je crus, que par suite d'une, fatigue ner-
veuse j'allais devenir fou, Un frisson s'empara
de moi. A mesure que j'avançais, cette idée de
folie me gagnait tout entier. Et je me répétais
sans cesse n Je vais devenir fou. »
Puis, comme si l'on eùt tiré un rideaU tnvisl-
Ne. la campagne suédoise m'appsrnt'--
se. Et par une réaoBon bien naturelle, mon
cœur se mit battre la chamade.
LA RECEPTION DU ROI DE DANEMARK
L'accueil qui me fut fait à Copenhague fut
peut-être plus chaleureux encore que celui qui
m'avait été réservé à Saint-Pétersbourg dans
ce petit pays du Danemark, si peu connu, exis-
te pour la France un amour qu'on ne peut
s'imaginer. Je fus porté en triomphe sur les
têtes des spectateurs, qui sautaient, suivant
l'usage du pays, en poussant des hurrahs; ils
me lançaient aussi des bouquets de fleurs dont
certains venaient me frapper avec force, le vi-
sage. Ma posture n'avait, en ce moment, rien
d'emiaMe, mais les Danois ne s'en aperce-
vaient pas, tout à leur joie d'acclamer un avia-
teur français
Le roi de Danemark me reçut dans ses ap-
partements particuliers et me remit la plus
haute dignité nationale l'ordre de Danebrog.
Ne sachant en quels ternies m'adresser ses féli-
citations, il me dit simplement en me déco-
rant « Ecoutez, vous l'avez bien mérité
De Copenhague à Paris, mon voyage fut as-
sez agréable. A Hambourg, les Allemands s'ex-
cusèrent de n'avoir pas été préparés à n l'hon-
neur de me recevoir ils me traitèrent avec
les plus grands égards et, malgré le peu de du-
rée de mon escale, me firent visiter un Zeppe-
Je ne m'éternisai pas à La Haye et j'en re-
partis ce matin, en présence du Prince consort.
Il pleuvait assez fort et je me dirigeai à la bous-
sole jusqu'à Cambrai je suivis ensuite le che-
min de fer jusqu'à Compiègne, où je fus heu-
reux d'arriver pour déjeûner avec mes camara-
des, venus me chercher pour me ramener à Vil-
lacoublay. Le Conseil municipal m'offrit, au
nom de la ville de Compiègne, un artistique
coffret ciselé.
Je suis heureux, croyez-le bien, d'avoir pu
mener à bien ma randonnée travers les ca-
pitale européennes, car elle n'aura pas été inu-
tile. Mon voyage a été un stimulant fantasti-
que en faveur de l'aviation et a contribué à
grandir encore le prestige de la France aux
yeux des autres nations.
Ce résultat me fait un plaisir extrême, car
il est toujours agrrable pour un Français de
iwnvoir augmenter le patrimoine de gloire de
«n pays.
LA. 'GUERRE
parait in.évitable
La Bulgarie se repent trop tard
Serbes et Grecs ne veulent rien entendre
SAim-.PETERSBouRG, 3 juillet. On annon-
ce que le ministre de Bulgarie a rendu vi.
site à M. Sazonow et lui a proposé les con-
ditions suivantes qul permettraient, selon
son gouvernement, de sortir de la crise ac-
tuelle.
Ceasatfon immédiate des hostilités démo-
bilisation de la Bulgarie, de la Serbie et de
la. Grèce occupation en commun des terri.
toires litigieux effin, départ simultané de
MM. Danef et Patohich pour Saint-Péters-
bourg.
Sofia, 3 juillet. En présence des événe.
.Pt*nts, M. Danef ajourne son départ pour-
Saint-Pétersbourg. Il a offert, dit-on, hier
soir, sa démission au rot. On n'aperçoit pas
de solution à une crise éventuelle, aucun
chef de parti ne paraissant disposé à prendre
la responsabilité d'une déclaration de guerre.
Za "Roumanie a mobilisé
Bucarest, 3 juillet. Le roi a ordonné la
mobilisation.
On croil que le cabinet Majoresco donnera
sa démission. Il sera remplacé par-un cabi-
net national comprenant des représentants
des trois partis. On exprime partout le regret
d'avoir tant tardé il mobiliser.
Vienne, 3 juillet. La présenee à Vienne du
prince Cantacuzene fournit aux journaux
l'occasion de nombreux commentaires sur
l'évolution de la politique roumaine.
La « Deutsches Volksblatt » dit apprendre
1 qu'u n'existe pas d'alliance militaire entre la
Roumanie et la Serbie. Pour le même jour-
nal, il est à présumer que la Roumanie oc-
cuperait tout d'abord la ligne bulgare Roust-
chouk-Varna, puis attendrait les événements.
On mande de Bucarest à la Nouvelle Presse
Libre qu'une manifestation populaire s'est
i produite hier soir en faveur de la guerre. La
foule 6'est également livrée à une manifes-
i lation de sympathie devant la légation de
Serbie, pâte' s'est rendue devant le palais
royal ou elle a acclamé le roi et la guerre.
La Turquie contre la Bulgarie
Consmntinople, 3 juillet. Tous les jour-
naux apichent des 'sentiments extrêmement
belliqueux contre les Bulgares et laissent en-
tendre qu'en cas de guerre entre les anciens
alliés balkaniques, la Turquie prendrait po-
sition Contre la Bulgarie. Le Tanine estime
que la Turquie devrait joindre ses forces à
celles-de la Serbie et de la Grèce, la Bulgarie
ayant agi de la façon la plus cruelle vis-à-vis
des musulmans..
Za Serbie entend se défendre
BELGRADE, 3 juillet. La Skoupchtina, par
son dernier vote, déclare qu'après l'agression
bulgare, elle considère la guerra comme com-
mencée.
Les m!lieux officiels scrbes sont exaspérés
par les attaques bulgares et les personnalités
les plus en vue n'hésitent pas à dire que la
guerre qui existe déjà en fait devra être
poursuivie jusqu'au complet écrasement de
l'un des adversaires.
La diplomatie n'hésite pas à considérer que
la question de déclarer oue non la guerre n'a
que la valeur d'une formalité, mais qu'en
L'état actuel des choses, tout le monde en
Serbie désire que les hostilités soient pous-
sées à fond.
La Grèce pose ses condtltons
Athènes, 3 juillet. M. Venizelos a déclaré
qu'avant de partir pour Saint-Pétersbourg il
exigera la réalisation de deua conditions
la Un engagement formel de bf. Danef d'ac-
cepter que l'arbitrage gréco-bulgare se pour-
suive sinott solidairement, du ntoins en même
temps que l'arbitrage bulgaro-serbe.
2' Le retrait de toutes les troupei bulgares
quai ont dépa.ssé la ligne de démarcation ac-
ceptée le mois dernier.
A ces deus conditions, mais à ces deux
conditions seulement, il partirait pour Saint-
Pétersbourg.
Dans les milieu officiels on considère que
le départ du roi pour l'armée indique que les
solutions pacifiques ne sont plus possibles.
Les journaux manifestent un grand en-
thousiasme des succès remportés par les
Grecs et les Serbes. On croît ici pu'au lieu
de faire une déclaration de guerre, le gou-
vernement grec se bornera à une proclama-
tion au peuple dans laquelle il expliquera la
nécessité d'une lutte pour défendre les droits
nationaux.
On est convaincu que les puissances se bor-
neront à localiser la lutte et n'interviendront
pas autrement.
On dit que la légation de Bulgarie s'ap-
prête à partir.
GUERRE DECLAREE ?
VIENNE, 3 juillet. La Zeit reçoit de Sofia
le télégrantme suivant envoyé la nuit der-
nière
La Gréce aurait déjà déclaré la guerre à
la. Bulgarie. Différentes persunnalités poli-
tiqucs et les chefs du parti de l'opposition
en ont été informés.
L'action de la Russie
Saini-Petersbourg, 3 juillet. L'optimisme
d'ailleuïs tout relatif de la diplomatie russe
se maintient à peine aujourd'hui. Les mau-
vaises nouvelles qui arrivent des capitales
balkaniques font considérer la situation com-
me grave.
La légation de Serbie continue à assurer
que c'est bien la guerre qui commence.
L'action russe consiste à tenter d'arrêter
les opérations militaires. Le ministre des af-
faires étrangères a fait faire hier une démar-
che dans les trois capitales balkaniques pour
demander 1* la cessation immédiate des
hostilités 20 une déclaration des trois gou-
vernements exprimant leurs regrets pour les
derniers incidents. ̃̃
Il sera en tout cas bien difficile à la Russie
d'obtenir un arrêt dcs hostilités après les san-
glants engagementsde ces jours-ci. Certains
prétendent' d'ailleurs que la guerre aurait été
déclarée au moins enlre la Grèce et la Bul-
garie et que si la Serbie ne l'a pas fait, ce
qui est douteux à l'heure actuelle, c'est
qu'elle juge cette formalité complètement oi-
seuse.
La situation des belligéranls
Côté serbe
A l'heure actuelle la situation est la suivante
Succès marqué du cOté serbe, où l'on ne,
parle de rien moins que d'être dans quinze
jours à Sofia.
Dans la région de Timok et de Palanka 1 ar-
mée serbe reste sur l'expectative. Le roi a
plis le commandement des troupes du quar-
tier général de Koumanovo.
On estime que la totalité des effectifs enga-
gés des deux parts atteint 200.000 hommes. Sur
la Haute Zeltovska, les Serbes se sont emparéa
de t'importante position de Retki Boukvi. Les
opérations sont conduites de leur côté par la
troisième armée d'Uskub, soutenue par une
division monténégrine, dont le général Vouko-
titch, président du Conseil monténégrin, vient
de prendre le commandement.
Les Serbes ont attaqué Kotchana le 2 juillet.
Côté grec
Du côté grec, le -roi Constantin est aujour-
d'hui au milieu des troupes hellènes et a pris
la direction des opérations. On pense égale-
ment dans les milieux diplomatiques grecs que
l'on est véritablement en guerre avec la Bul-
garie et qu'il faudra poucser les hostilités jus-
qu'au bout.
Cependant le but actuel qtte ne propose te roi
Constantin est de refouler les Bulgares et de
les rejeter hors des territoires grecs qu'ils ont
occupés par'surprise.
La lutte est encore indécise entre les trou.
pes grecques et bulgares, qui combattent avec
acharnement.' II semble que pour l'instant le
principal effort des Bulgares se porte contre
les Grecs, avec l'objectif d'arriver à Saloni-
que.
Le général Ivanof, commandant l'armée de
Seres, se propose d'attaquer aujourd'hui, 3
juillet, Salonique.
Kilkich a été pris par l'armée grecque hier
soir, après le coucher du soleil. Le combat Il
été acharné. Des deux côtés les pertes sont
considérables. Le quartier général grec avec le
roi Constantin a été transféré à Kilkich. Kil-
kich se trouve au nord de Salonique, sur la
ligne du chemin de fer Salon ique-Constantino-
pie,
LE FINISIÉRIEN PRIGENT
est l'assassin
du contremaître
DE VILLENEUVE-SAINT-GEORGES
Paris, 3 juillet. Le mystère qui enve-
loppait le drame de ViUeaeiuve-Saint-Geo*-
ges est aujourd'hui éclaicci en partie par un
nouveau coup de théàtre. Apre., i«^s aveu%
du jeune Quéron, suivis de tia rétractation
justifiée par un alibi indiscutable, les ins-
pt-cteurs de la première brigade mobile
avaient continué leurs recherches et avaient
été ainsi amenée à suivre une piste nouvelle.
On avait découvert dans La cabine où fut
assassiné le malheureux comremaitTe Fortin,
un bordereau signe mais non paye portant
les sommes que devait recevoir pour sa se-
maine chaque ouvrier de l'équipe. Les s=lfr.ia<-
tures s'arrêtaient à un nom qu4 fut t-oîgneu-
ftemem reJeve et l'individu qui portait cm
nom devint l'objet d'une surveillance atten-
tive.
C'ttait un nommé François Prigant, àgié de
vingt-quatre ans, et demeurant 34. rue de
Gergovie. Il fut arrêté hier dans la soirée et
conduit aux bureaux de la première brigade
mobile pour y être interrogé. Prigent nia
énergiquement avoir pria une part au meur-
tre du contremaître et fournit un alibi des-
tiné à montrer son. innocence. L'emploi de-
son temps fut contrôlé e't les témoins qu'il
avait cités, comme pouvant .confirmer s-ea
dires furent unanimes à lui infliger un. de-
men-ti formel. Après avoir été confronté dans
la matinée d'aujourd'hui avec ces personnes
qui ne varièrent pas dans leurs dépositions,
Prigent fut emmené par les inspecteur» de
la première brigade à Corbeil afin d'y être
confronté avec le jeune Quêro.
Au cours du trajet et tout spontanément,
Prigent fit des aveux comptets ri déclara
avoir tué le contremaître, contre lequel i1
avait une vieille haine et qu'il accusait de
l'avoir fait renvoyer. Il ajouta qu'il n'avait
pas été seul pour commettre le crime, mais
malgré les questions .pressantes qui lui fi-
rent -posées, il a refusé jusqu'ici de faire
connaître te nom de son complice.
Prirent avait travaillé en effet comme ma.
ncewvre à l'erçtreprise Carpentier jusqu'à la
semaine dernière et avait quitté son travail
il. la suite d'une altercation qu'i:l eut avec le
malheureux contremaitre. Il avait continué
néanmoins à, travaille* à Villeneuve-Salntl
̃Georcres dans un autre chantier et son crim«
semble avoir été longuement prémédité.
Il ne parait pas d'aife-rs avoir eu te voi
pour mobile puisque la somme de 350 tra.i»
qui constltuait le montant des salaires des
ouwiere de *V5qwtpe dirîpée par Fortin a
retrouvée dans les vêtements de ce dernier
Benf Quéro cependant n'a par encore
remis en liberté, car ges magistrats tiennent
à nu demander quelques explications ik>
tamment =»jr des taches remarquées fut se*
effets et aussi sur le fait qu'il fit couper ses
moustaches, le jour du crime. Il sera inces-
samment confronté avec François Prirent et
mis en liberté si son attitude le permet.
LE CONFLIT MINIER DANS lA LOIRE
Saint-Etienne. 3 juillet. M. Lallemand-
préfet de ia Loire, continue activement ses
tentatives auprès des comités des houillères
et des délégués du comité fédéral des mi-
neums en vue d'obtenir un rapprochement et
d'éviter un conflit. Le préfet a rrecteurs cet après-midi.
Le vote des trois ans est assure
La Chambre repousse
le projet Messimy
par 312 voix contre 266
Après avoir copieusement perdu
son temps, la Chambre a pu enfin
émettre hier sur la question du
service de trois ans, un vote dé-
cisif.
En dépit de l'argumentation habile, sinon
convaincante, de M. Messimy, la majorité,
entrainée par le discours très clair de M. de
Montebello et les déclarations très énergi-
ques de M. Barthou, s'est prononcée contre
le projet de trente mois. Désormais le vote
du texte du gouvernement ne fait plus aucun
doute.
On sait en effet que la Chambre avait à
choisir les élucubrations de M, Jaurès
étant mises à part entre trois systèmes
le statu quo proposé par M. Augagneur, la
rallonge de six mois du projet Messimy-Bon-
cour et les trois ans réclamés par le Conseil
supérieur de la guerre. la commission et le
gouvernement. Le projet Augagneur avait
obtenu quelque 220 voix celui de M. Mes-
simy en a eu 266 contre 312. Il ne reste donc
plus que le service de trois ans.
Si l'on observe qu'il y a dans la minorité
favorable au texte de M. Messimy une qua-
rantaine de députés partisans d'un accroisse-
ment sérieux des effecttfs, résolus à pourvoir
aux nécessités de la défense nationale et qui
par conséquent se rallieront au projet du
gouvernement, on peut dès à présent affir-
mer que celui-ci obtiendra au moins 360 suf-
frages.
Tous les bons français se réjouiront de ce
vote qui assure enfin la sécurité de la nation
à une heure où l'Europe est à nouveau me-
nacée d'une crise redoutable.
PARIS, 3 juillet. La séance de l'après-
midi est ouverte à 2 heures et demie, sous
la présidence de M. Deschanel.
La Chambre adopte après urgence dée!a-
Tée 1° la proposition de loi de M. Steeg et
plusieurs de ses collègues ayant pour objet
la réglementation du paiement des lovers
d'avance 2" la proposition de loi de NI. Jules
Coutant, relative à la garantie des caution-
nements des dépôts de garantie du montant
des loyers ou fermages payés d'avance et à
la création d'une caisse de secours en faveur
des familles nécessiteuses chargées d'en-
fants.
La Chambre revient ensuite au projet mi-
litaire. Les députés sont nombreux M Lan-
nes de llontebello, auteur du projet adopn
par le gouvernement et la commission vital
combattre à la tribune le contre-pruiet dE
MM. Messimy et Paul Boncour,
LE GÉNÉRAL PAU VA SE COUCHER
A ce moment on remarque que 'e "énera«
Pau qui avait pris sa place habituelle au
banc des commissaires, derrière le gouver-
nement. quitte la salle après un court entre.
tien avec NI. Barthou, président .!u Conseil
Cette sortie provoque une vive émotion sur
tous les bancs. Plusieurs députres quittent
leur place pour venir demander des explica-
lions il M. Barthou. Pendant quelques mi-
nutes une certaine agitation se manifeste
dans la salle aux bancs de gauche on re.
marque une certaine satisfaction.
Renseignements pris, le général Pau de
vait prendre la parole cet après-midi pour
combattre le contre-projet Messimy-Boncour.
Il avait pris force notes et préparé soignen-
sèment son discours. Il était même venu uu
Palais-Bourbon à 2 heures avec ·a =erviette
mais à peine arrivé il annonçait à -NI. Bar-
thou et au ministre de la guerre que son mé-
decin lui avait prescrit du repos et qu'il al-
lait se coucher. En effet, le général a quitté
la Chambre au moment de la reprise de la
discussion. M. Barthou a annoncé que le gé-
néral parlerait lundi. Dans les couloirs on
croit à une maladie iliplomatique. Le géné-
ral Pau qui n'a pas peur du feu, aurait-il
peur de la tribune
DISCOURS DE M. DE MONTEBELLO
Pendant ce temps, M. de Montebello com-
mence son discours. Il s'étonne que NI. Mes-
simy qui a reconnu l'importance de 1 effort
allemand et affirmé la nécessité d'un effort
analogue, n'ait pas suivi le gouvernement
et la commission et ait adopté des conclu-
sions contradictoires avec ses déclarations
premières.
Son contre-projet cree un remède pour les
mois d'hiver il n'en crée pas pour les mois
d'été. Le trou de l'hiver est comblé, mais on
en creuserait un en été, tout aussi dangereux
que celui que nous vaut le service de deux
ans.
On ne sait quels résultats donnera l'inter-
vention de l'Etat au sujet de la préparation
de la jeunesse et personne ne saurait nier
que l'augmentation des périodes de réserve
constituerait pour te pays un sacrifice très
lourd. (Vils applaudissement* au centre et t
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1( REMUES, aux Bnreaoi du Journal.
Brindeionc, le Breton
PARIS. S juillet. On s'habitue aux prouesses
et tous les raids aériens de ville & ville ac-
complis presque chaque jour par les aviateurs
français, mais le circuit des capitales que vient
d'aooomplir si glorieusement le jeune Brindejonc
des Moulinais dépasse de très loin les précédeats
records des Vedrines, des Garros et des Guillaux,
et c'est très justement que le bourgmestre d'Ams-
tedam saluait l'autre jour en Brindejonc le
plus grand des héros de l'aviation française
L'énergie et le sang-froid de Brindejonc, la
maîtrise avec laquelle il pilota son monoplan
au' travers des tempétes, le mépris des dangers
auxquels il 6'exposait avaient forcé l'admiration
des plus indifférente. On le vit bien hier à la
6plendide réception qui lui fut faite à sa descente
sur l'aérodrome de Villacoublay.: Brindejonc
tveit annoncé son arrivée entre seize heures et
seize heures et demie; il eut la coquetterie de
réaliser ce. tour de force.d'être ponctuel..
Il était seize heures. Sur'le fond nuageux du.
ciel une file ..de monoplans, apparut à grande
hauteur. C'était l'escadrille d'avions partie le
matin à la rencontre de Brindejonc et qui l'es-
cortait depuis Compiègne.
Quand ils furent droit au-desws de l'aérodro-
me,.la descente commença, rapide, superbe.
Legagneux .prit terre le premier, en passant
au-dessus du hangar qu'il parut frôler presque.
Puis, les uns après les autres, les monoplans
de l'escorte se posèrent sur l'aérodrome devant
les hangars, s'arrêtant les uns après les autres;
oe fut Biot, puis le lieutenant Ronin, Gilbert,
La-haut dans le ciel. Brindejonc attendait, n
descendit enfin et piqua droit. passa au-dessus
du public qui l'acclamait et qui se précipita der-
rière le monoplan léger qui allait atterrir dou-
cement non loin.
Une ovation enthousiaste salua le jeune pilote
qui apparat, debout dans le fuselage, son visage
halé, tout souriant.
Un remous dans la foule on apportait des
gerbes de fleurs:-les amis et camarades accou-
raient, et dey, fillettes, les deux .jeunes sœurs
du pilote, vinrent lire un souhait de bienvenue
leur grand frère.
Quand les photographes eurent opéré, Brinde-
jonc fut porté en triomphe jusqu'au hangar où
le champagne était préparé.
Là. entouré du public qui s'entassait devant
la table, au-dessus de laquelle une grande carte
̃d'Europe portait le tracé de son merveilleux
«e?age, Brludejonc reçut les TéBcitaOons offi-
cielles.
Au nom du gouvernement qu'il représentait,
M» I^on Berthou prit la parole, félicita le jeune
pilote de la part du Président du Conseil, pour
se majrnifiqur.rîpopAe aérienne qui avait eu un
tel retentissement à travers le monde et, en fer-
mes émus. il sut associer il ce joli triomphe les
parents de l'aviateur oui se tenaient près de
leur fils.
Pourquoi faut-il que M. Léon Barthou n'ait
pu faire Reste que sans doute il eût -tant dé-
siré faire remettre la Légion d'honneur à Brin-
dejonc, ajoutant cette récompense de la France
aux nombreux ordres par lesquels les souve-
rains étrangers ont tenu à honorer le courage
du jeune aviateur ? A la fin du discours de
M. Barthou. chacun attendait la phrase qui eût
Été uue récompense si vaillamment méritée
tette phrase ne fut pas prononcée.
Au nom du ministre de la Guerre et de l'Aéro-
nautique militaire, le général Hirsohauer félicita
le pilote, puis le président de la Ligue Nationale
Aérienne, M. René Quinton, ajouta à ces félici-
tations une bonne nouvelle le matin même, le
marquis de Polignac venait de lui remettre
60.000 francs,pour.une nouvelle Coupe Pomme-
ryfqui, 6 partir de l'an prochain, pourrait être
disputée dans d'autres conditions, permettant
de plus longs exploits. Le vol entre le lever et
le coucher du soleil serait remplacé par le vol
entre ie lever du soleil et le coucher du lende-
main, soit une Quarantaine .d'heures. En sou-
riant, M. Quinton souhaita à Brindejonc de re-
venir l'an'prochain de Perse.
'Entre deux acclamations, Brindejonc voulut
répondre
Je suis beaucoup trot) jeune et trop ému
pour pouvoir parler, commença-Wl, je me con-
tenterai de dire merci.
1 A 1? h. 15, soit une heure environ après s'être
posé sur l'aérodrome de Villacoubley, Brinde-
jonc des Moulinais filait vers Paris, où l'atten-
daient d'autres réception
Brindejonc' nous raconte
son voyage
Dans la soirée, l'héroïque aviateur voulait
bien s'arracher quelques instants à un repos
bien gagné pour nous confier quelques impres-
sions sur sa fantastique randonnée
« De Paris à Varsovie,' nous dit-il, la randon-'
née ne fut pas dangereuse et je n'eus guère à
lutter que contre le vent par exemple, il était
de traille, à Berlin notamment, où je vins atterrir
en pleine bourrasque. Je trouvai, du reste, l'aé-
rodrome de. Johannistal presque désert, car on
ne m'attendait nullement par oe temps troublé.
L'aviateur Von Gorissen me reçut absolument
comme un ami et j'allai me reposer un peu chez
lui. "Puis" je repartis. Le vent soufflait toujours
avec une violence que je n'aurais pu soupçonner;
les. arbres en. étaient déracinés et les cheminées
emportées: Cela ne m'empêcha pas de'coucher le
soir à Varsovie, ainsi que j'en avais formé
le projet. Ayant franchi 1.450 kilomètres, .j'étais
détenteur de.la Coupe Pommay je ne saurais
vous dire combien ce succès me console de mes
précédentes tentatives si malheureuses.
Mis en goût par ce début, je décidai de con-
tinuer. Je voulais ¡ne rendre de Varsovie à Saint-
Pétersbourg nn une journée, mais le vent était
contraire, et il ne pouvait être question iâ fran-
chir la 1.100 kilomètres du lever va coucher
du soleil. Je résolus donc de partager mon voya-
ge en deux et d'aller' seulement Jusqu'à Dvînsk
la premier jour. J'eus tellement froid que j'en
aurais pleuré mes jambes étaient insensibles,
mes pieds nie faisaient horriblement souffrir et
cela pendant quatre heures trente. A Vilna, on
ne m'avait préparé'ni terrain,' ni feu, et je ne
dus qu'à la chance de trouver un petit coin.
A SAINT-PETERSBOURG
Le surlendemain matin, j'arrivais à Pskow par
un temps .assez calme, volant toujours audessus
de terrains marécageux, de sapins, de sable, de
sillons, de champs labourés coupés de ruisseaux,
bref, un sol peu rassurant. J'atterrissais dans un
vilain petit terrain d'où j'eus un mal terrible à
repartir,, à ce point que j'étais obligé de m'in-
cliner latéralement presque à 65' pour laisser
passer un arbre sous mon aile. Enfin, tout alla
bien, et je retrouvais pendant quatre heures le
même paysage. Saint-Pétersbourg m'apparut en-
fin entre des nuages de pluie au-dessus des-
quels je me tenais. C'e6t une bien belle ville, vue
d'en haut, mais mes yeux fatigués me donnaient
des illusions d'optique. Bref, il était temps que
j'arrive.
KA Saint-Pétersoburg je reçus un. accueil
inoubliable. Les officiers aviateurs d* l'aérodro-
me de Gatchina organisèrent en mon, honneur
une réception grandiose, présidée par le géné-
ral Siskiewich, chef de l'aéronautique militaire
russe
M. Boris Souvorine, directeur du Novoié Vré-
mia, offrit dans un grand restaurant de Saint-
Pétersbourg, un diner de 150 personnes, auquel
assistait le ministre de la marine russe. Le
grand-duc Alexandre me remit alors, de la part
da tsar, l'ordre de Sainte-Anne, ainsi que l'insi-
gne des aviateurs russes.
DANS LA BRUME
L'étape Saint-Pétersbourg-Stockholm me fut
très pénible surtout dans sa partie maritime.
Ayant rencontré le brouillard à quelques milles
de la côte, il me semblait évoluer en pleine nuit,
ne sachant où je me dirigeais. L'amirauté russe
avait bien fait échelonner des torpilleurs sur
le parcours marin, mais la brume épaisse
m'empêchait de rien voir..Alors les nerfs ten-
dus, je commençais désespérer lorsque tout à
coup j'aperçus un des torpilleurs Un homme
à demi noyé qui réussit à s'accrocher à une
bouée de sauvetage n'aurait pas été plus joyeux
que je le fus. Je me mis à chanter la Marseil-
Iaise, accompagné par la cadence du moteur.
Je repris confiance.
Mais de nouveau la brume m'enveloppa. Je
volais toujours sans en voir la fin. C'était éner-
vant. Soudain, je vis une chose qui me parut
surnaturelle. Il sembla sortir d^au-dessous de
moi des nuages floconneux qui apparaissaient
et disparaissaient. Plus loin une large bande
brumeuse s'effilochait, s'éclipsait, nuis réaDDa-
raissait. Je croyais être le spectateur d'une illu-
sian. Et toujours pas de terre. Pendant ces
minutes qui. me' parurent longues, les petits
nuages dansaient et disparaissaient. A ce mo-
ment, je crus, que par suite d'une, fatigue ner-
veuse j'allais devenir fou, Un frisson s'empara
de moi. A mesure que j'avançais, cette idée de
folie me gagnait tout entier. Et je me répétais
sans cesse n Je vais devenir fou. »
Puis, comme si l'on eùt tiré un rideaU tnvisl-
Ne. la campagne suédoise m'appsrnt'-
se. Et par une réaoBon bien naturelle, mon
cœur se mit battre la chamade.
LA RECEPTION DU ROI DE DANEMARK
L'accueil qui me fut fait à Copenhague fut
peut-être plus chaleureux encore que celui qui
m'avait été réservé à Saint-Pétersbourg dans
ce petit pays du Danemark, si peu connu, exis-
te pour la France un amour qu'on ne peut
s'imaginer. Je fus porté en triomphe sur les
têtes des spectateurs, qui sautaient, suivant
l'usage du pays, en poussant des hurrahs; ils
me lançaient aussi des bouquets de fleurs dont
certains venaient me frapper avec force, le vi-
sage. Ma posture n'avait, en ce moment, rien
d'emiaMe, mais les Danois ne s'en aperce-
vaient pas, tout à leur joie d'acclamer un avia-
teur français
Le roi de Danemark me reçut dans ses ap-
partements particuliers et me remit la plus
haute dignité nationale l'ordre de Danebrog.
Ne sachant en quels ternies m'adresser ses féli-
citations, il me dit simplement en me déco-
rant « Ecoutez, vous l'avez bien mérité
De Copenhague à Paris, mon voyage fut as-
sez agréable. A Hambourg, les Allemands s'ex-
cusèrent de n'avoir pas été préparés à n l'hon-
neur de me recevoir ils me traitèrent avec
les plus grands égards et, malgré le peu de du-
rée de mon escale, me firent visiter un Zeppe-
Je ne m'éternisai pas à La Haye et j'en re-
partis ce matin, en présence du Prince consort.
Il pleuvait assez fort et je me dirigeai à la bous-
sole jusqu'à Cambrai je suivis ensuite le che-
min de fer jusqu'à Compiègne, où je fus heu-
reux d'arriver pour déjeûner avec mes camara-
des, venus me chercher pour me ramener à Vil-
lacoublay. Le Conseil municipal m'offrit, au
nom de la ville de Compiègne, un artistique
coffret ciselé.
Je suis heureux, croyez-le bien, d'avoir pu
mener à bien ma randonnée travers les ca-
pitale européennes, car elle n'aura pas été inu-
tile. Mon voyage a été un stimulant fantasti-
que en faveur de l'aviation et a contribué à
grandir encore le prestige de la France aux
yeux des autres nations.
Ce résultat me fait un plaisir extrême, car
il est toujours agrrable pour un Français de
iwnvoir augmenter le patrimoine de gloire de
«n pays.
LA. 'GUERRE
parait in.évitable
La Bulgarie se repent trop tard
Serbes et Grecs ne veulent rien entendre
SAim-.PETERSBouRG, 3 juillet. On annon-
ce que le ministre de Bulgarie a rendu vi.
site à M. Sazonow et lui a proposé les con-
ditions suivantes qul permettraient, selon
son gouvernement, de sortir de la crise ac-
tuelle.
Ceasatfon immédiate des hostilités démo-
bilisation de la Bulgarie, de la Serbie et de
la. Grèce occupation en commun des terri.
toires litigieux effin, départ simultané de
MM. Danef et Patohich pour Saint-Péters-
bourg.
Sofia, 3 juillet. En présence des événe.
.Pt*nts, M. Danef ajourne son départ pour-
Saint-Pétersbourg. Il a offert, dit-on, hier
soir, sa démission au rot. On n'aperçoit pas
de solution à une crise éventuelle, aucun
chef de parti ne paraissant disposé à prendre
la responsabilité d'une déclaration de guerre.
Za "Roumanie a mobilisé
Bucarest, 3 juillet. Le roi a ordonné la
mobilisation.
On croil que le cabinet Majoresco donnera
sa démission. Il sera remplacé par-un cabi-
net national comprenant des représentants
des trois partis. On exprime partout le regret
d'avoir tant tardé il mobiliser.
Vienne, 3 juillet. La présenee à Vienne du
prince Cantacuzene fournit aux journaux
l'occasion de nombreux commentaires sur
l'évolution de la politique roumaine.
La « Deutsches Volksblatt » dit apprendre
1 qu'u n'existe pas d'alliance militaire entre la
Roumanie et la Serbie. Pour le même jour-
nal, il est à présumer que la Roumanie oc-
cuperait tout d'abord la ligne bulgare Roust-
chouk-Varna, puis attendrait les événements.
On mande de Bucarest à la Nouvelle Presse
Libre qu'une manifestation populaire s'est
i produite hier soir en faveur de la guerre. La
foule 6'est également livrée à une manifes-
i lation de sympathie devant la légation de
Serbie, pâte' s'est rendue devant le palais
royal ou elle a acclamé le roi et la guerre.
La Turquie contre la Bulgarie
Consmntinople, 3 juillet. Tous les jour-
naux apichent des 'sentiments extrêmement
belliqueux contre les Bulgares et laissent en-
tendre qu'en cas de guerre entre les anciens
alliés balkaniques, la Turquie prendrait po-
sition Contre la Bulgarie. Le Tanine estime
que la Turquie devrait joindre ses forces à
celles-de la Serbie et de la Grèce, la Bulgarie
ayant agi de la façon la plus cruelle vis-à-vis
des musulmans..
Za Serbie entend se défendre
BELGRADE, 3 juillet. La Skoupchtina, par
son dernier vote, déclare qu'après l'agression
bulgare, elle considère la guerra comme com-
mencée.
Les m!lieux officiels scrbes sont exaspérés
par les attaques bulgares et les personnalités
les plus en vue n'hésitent pas à dire que la
guerre qui existe déjà en fait devra être
poursuivie jusqu'au complet écrasement de
l'un des adversaires.
La diplomatie n'hésite pas à considérer que
la question de déclarer oue non la guerre n'a
que la valeur d'une formalité, mais qu'en
L'état actuel des choses, tout le monde en
Serbie désire que les hostilités soient pous-
sées à fond.
La Grèce pose ses condtltons
Athènes, 3 juillet. M. Venizelos a déclaré
qu'avant de partir pour Saint-Pétersbourg il
exigera la réalisation de deua conditions
la Un engagement formel de bf. Danef d'ac-
cepter que l'arbitrage gréco-bulgare se pour-
suive sinott solidairement, du ntoins en même
temps que l'arbitrage bulgaro-serbe.
2' Le retrait de toutes les troupei bulgares
quai ont dépa.ssé la ligne de démarcation ac-
ceptée le mois dernier.
A ces deus conditions, mais à ces deux
conditions seulement, il partirait pour Saint-
Pétersbourg.
Dans les milieu officiels on considère que
le départ du roi pour l'armée indique que les
solutions pacifiques ne sont plus possibles.
Les journaux manifestent un grand en-
thousiasme des succès remportés par les
Grecs et les Serbes. On croît ici pu'au lieu
de faire une déclaration de guerre, le gou-
vernement grec se bornera à une proclama-
tion au peuple dans laquelle il expliquera la
nécessité d'une lutte pour défendre les droits
nationaux.
On est convaincu que les puissances se bor-
neront à localiser la lutte et n'interviendront
pas autrement.
On dit que la légation de Bulgarie s'ap-
prête à partir.
GUERRE DECLAREE ?
VIENNE, 3 juillet. La Zeit reçoit de Sofia
le télégrantme suivant envoyé la nuit der-
nière
La Gréce aurait déjà déclaré la guerre à
la. Bulgarie. Différentes persunnalités poli-
tiqucs et les chefs du parti de l'opposition
en ont été informés.
L'action de la Russie
Saini-Petersbourg, 3 juillet. L'optimisme
d'ailleuïs tout relatif de la diplomatie russe
se maintient à peine aujourd'hui. Les mau-
vaises nouvelles qui arrivent des capitales
balkaniques font considérer la situation com-
me grave.
La légation de Serbie continue à assurer
que c'est bien la guerre qui commence.
L'action russe consiste à tenter d'arrêter
les opérations militaires. Le ministre des af-
faires étrangères a fait faire hier une démar-
che dans les trois capitales balkaniques pour
demander 1* la cessation immédiate des
hostilités 20 une déclaration des trois gou-
vernements exprimant leurs regrets pour les
derniers incidents. ̃̃
Il sera en tout cas bien difficile à la Russie
d'obtenir un arrêt dcs hostilités après les san-
glants engagementsde ces jours-ci. Certains
prétendent' d'ailleurs que la guerre aurait été
déclarée au moins enlre la Grèce et la Bul-
garie et que si la Serbie ne l'a pas fait, ce
qui est douteux à l'heure actuelle, c'est
qu'elle juge cette formalité complètement oi-
seuse.
La situation des belligéranls
Côté serbe
A l'heure actuelle la situation est la suivante
Succès marqué du cOté serbe, où l'on ne,
parle de rien moins que d'être dans quinze
jours à Sofia.
Dans la région de Timok et de Palanka 1 ar-
mée serbe reste sur l'expectative. Le roi a
plis le commandement des troupes du quar-
tier général de Koumanovo.
On estime que la totalité des effectifs enga-
gés des deux parts atteint 200.000 hommes. Sur
la Haute Zeltovska, les Serbes se sont emparéa
de t'importante position de Retki Boukvi. Les
opérations sont conduites de leur côté par la
troisième armée d'Uskub, soutenue par une
division monténégrine, dont le général Vouko-
titch, président du Conseil monténégrin, vient
de prendre le commandement.
Les Serbes ont attaqué Kotchana le 2 juillet.
Côté grec
Du côté grec, le -roi Constantin est aujour-
d'hui au milieu des troupes hellènes et a pris
la direction des opérations. On pense égale-
ment dans les milieux diplomatiques grecs que
l'on est véritablement en guerre avec la Bul-
garie et qu'il faudra poucser les hostilités jus-
qu'au bout.
Cependant le but actuel qtte ne propose te roi
Constantin est de refouler les Bulgares et de
les rejeter hors des territoires grecs qu'ils ont
occupés par'surprise.
La lutte est encore indécise entre les trou.
pes grecques et bulgares, qui combattent avec
acharnement.' II semble que pour l'instant le
principal effort des Bulgares se porte contre
les Grecs, avec l'objectif d'arriver à Saloni-
que.
Le général Ivanof, commandant l'armée de
Seres, se propose d'attaquer aujourd'hui, 3
juillet, Salonique.
Kilkich a été pris par l'armée grecque hier
soir, après le coucher du soleil. Le combat Il
été acharné. Des deux côtés les pertes sont
considérables. Le quartier général grec avec le
roi Constantin a été transféré à Kilkich. Kil-
kich se trouve au nord de Salonique, sur la
ligne du chemin de fer Salon ique-Constantino-
pie,
LE FINISIÉRIEN PRIGENT
est l'assassin
du contremaître
DE VILLENEUVE-SAINT-GEORGES
Paris, 3 juillet. Le mystère qui enve-
loppait le drame de ViUeaeiuve-Saint-Geo*-
ges est aujourd'hui éclaicci en partie par un
nouveau coup de théàtre. Apre., i«^s aveu%
du jeune Quéron, suivis de tia rétractation
justifiée par un alibi indiscutable, les ins-
pt-cteurs de la première brigade mobile
avaient continué leurs recherches et avaient
été ainsi amenée à suivre une piste nouvelle.
On avait découvert dans La cabine où fut
assassiné le malheureux comremaitTe Fortin,
un bordereau signe mais non paye portant
les sommes que devait recevoir pour sa se-
maine chaque ouvrier de l'équipe. Les s=lfr.ia<-
tures s'arrêtaient à un nom qu4 fut t-oîgneu-
ftemem reJeve et l'individu qui portait cm
nom devint l'objet d'une surveillance atten-
tive.
C'ttait un nommé François Prigant, àgié de
vingt-quatre ans, et demeurant 34. rue de
Gergovie. Il fut arrêté hier dans la soirée et
conduit aux bureaux de la première brigade
mobile pour y être interrogé. Prigent nia
énergiquement avoir pria une part au meur-
tre du contremaître et fournit un alibi des-
tiné à montrer son. innocence. L'emploi de-
son temps fut contrôlé e't les témoins qu'il
avait cités, comme pouvant .confirmer s-ea
dires furent unanimes à lui infliger un. de-
men-ti formel. Après avoir été confronté dans
la matinée d'aujourd'hui avec ces personnes
qui ne varièrent pas dans leurs dépositions,
Prigent fut emmené par les inspecteur» de
la première brigade à Corbeil afin d'y être
confronté avec le jeune Quêro.
Au cours du trajet et tout spontanément,
Prigent fit des aveux comptets ri déclara
avoir tué le contremaître, contre lequel i1
avait une vieille haine et qu'il accusait de
l'avoir fait renvoyer. Il ajouta qu'il n'avait
pas été seul pour commettre le crime, mais
malgré les questions .pressantes qui lui fi-
rent -posées, il a refusé jusqu'ici de faire
connaître te nom de son complice.
Prirent avait travaillé en effet comme ma.
ncewvre à l'erçtreprise Carpentier jusqu'à la
semaine dernière et avait quitté son travail
il. la suite d'une altercation qu'i:l eut avec le
malheureux contremaitre. Il avait continué
néanmoins à, travaille* à Villeneuve-Salntl
̃Georcres dans un autre chantier et son crim«
semble avoir été longuement prémédité.
Il ne parait pas d'aife-rs avoir eu te voi
pour mobile puisque la somme de 350 tra.i»
qui constltuait le montant des salaires des
ouwiere de *V5qwtpe dirîpée par Fortin a
retrouvée dans les vêtements de ce dernier
Benf Quéro cependant n'a par encore
remis en liberté, car ges magistrats tiennent
à nu demander quelques explications ik>
tamment =»jr des taches remarquées fut se*
effets et aussi sur le fait qu'il fit couper ses
moustaches, le jour du crime. Il sera inces-
samment confronté avec François Prirent et
mis en liberté si son attitude le permet.
LE CONFLIT MINIER DANS lA LOIRE
Saint-Etienne. 3 juillet. M. Lallemand-
préfet de ia Loire, continue activement ses
tentatives auprès des comités des houillères
et des délégués du comité fédéral des mi-
neums en vue d'obtenir un rapprochement et
d'éviter un conflit. Le préfet a rrecteurs cet après-midi.
Le vote des trois ans est assure
La Chambre repousse
le projet Messimy
par 312 voix contre 266
Après avoir copieusement perdu
son temps, la Chambre a pu enfin
émettre hier sur la question du
service de trois ans, un vote dé-
cisif.
En dépit de l'argumentation habile, sinon
convaincante, de M. Messimy, la majorité,
entrainée par le discours très clair de M. de
Montebello et les déclarations très énergi-
ques de M. Barthou, s'est prononcée contre
le projet de trente mois. Désormais le vote
du texte du gouvernement ne fait plus aucun
doute.
On sait en effet que la Chambre avait à
choisir les élucubrations de M, Jaurès
étant mises à part entre trois systèmes
le statu quo proposé par M. Augagneur, la
rallonge de six mois du projet Messimy-Bon-
cour et les trois ans réclamés par le Conseil
supérieur de la guerre. la commission et le
gouvernement. Le projet Augagneur avait
obtenu quelque 220 voix celui de M. Mes-
simy en a eu 266 contre 312. Il ne reste donc
plus que le service de trois ans.
Si l'on observe qu'il y a dans la minorité
favorable au texte de M. Messimy une qua-
rantaine de députés partisans d'un accroisse-
ment sérieux des effecttfs, résolus à pourvoir
aux nécessités de la défense nationale et qui
par conséquent se rallieront au projet du
gouvernement, on peut dès à présent affir-
mer que celui-ci obtiendra au moins 360 suf-
frages.
Tous les bons français se réjouiront de ce
vote qui assure enfin la sécurité de la nation
à une heure où l'Europe est à nouveau me-
nacée d'une crise redoutable.
PARIS, 3 juillet. La séance de l'après-
midi est ouverte à 2 heures et demie, sous
la présidence de M. Deschanel.
La Chambre adopte après urgence dée!a-
Tée 1° la proposition de loi de M. Steeg et
plusieurs de ses collègues ayant pour objet
la réglementation du paiement des lovers
d'avance 2" la proposition de loi de NI. Jules
Coutant, relative à la garantie des caution-
nements des dépôts de garantie du montant
des loyers ou fermages payés d'avance et à
la création d'une caisse de secours en faveur
des familles nécessiteuses chargées d'en-
fants.
La Chambre revient ensuite au projet mi-
litaire. Les députés sont nombreux M Lan-
nes de llontebello, auteur du projet adopn
par le gouvernement et la commission vital
combattre à la tribune le contre-pruiet dE
MM. Messimy et Paul Boncour,
LE GÉNÉRAL PAU VA SE COUCHER
A ce moment on remarque que 'e "énera«
Pau qui avait pris sa place habituelle au
banc des commissaires, derrière le gouver-
nement. quitte la salle après un court entre.
tien avec NI. Barthou, président .!u Conseil
Cette sortie provoque une vive émotion sur
tous les bancs. Plusieurs députres quittent
leur place pour venir demander des explica-
lions il M. Barthou. Pendant quelques mi-
nutes une certaine agitation se manifeste
dans la salle aux bancs de gauche on re.
marque une certaine satisfaction.
Renseignements pris, le général Pau de
vait prendre la parole cet après-midi pour
combattre le contre-projet Messimy-Boncour.
Il avait pris force notes et préparé soignen-
sèment son discours. Il était même venu uu
Palais-Bourbon à 2 heures avec ·a =erviette
mais à peine arrivé il annonçait à -NI. Bar-
thou et au ministre de la guerre que son mé-
decin lui avait prescrit du repos et qu'il al-
lait se coucher. En effet, le général a quitté
la Chambre au moment de la reprise de la
discussion. M. Barthou a annoncé que le gé-
néral parlerait lundi. Dans les couloirs on
croit à une maladie iliplomatique. Le géné-
ral Pau qui n'a pas peur du feu, aurait-il
peur de la tribune
DISCOURS DE M. DE MONTEBELLO
Pendant ce temps, M. de Montebello com-
mence son discours. Il s'étonne que NI. Mes-
simy qui a reconnu l'importance de 1 effort
allemand et affirmé la nécessité d'un effort
analogue, n'ait pas suivi le gouvernement
et la commission et ait adopté des conclu-
sions contradictoires avec ses déclarations
premières.
Son contre-projet cree un remède pour les
mois d'hiver il n'en crée pas pour les mois
d'été. Le trou de l'hiver est comblé, mais on
en creuserait un en été, tout aussi dangereux
que celui que nous vaut le service de deux
ans.
On ne sait quels résultats donnera l'inter-
vention de l'Etat au sujet de la préparation
de la jeunesse et personne ne saurait nier
que l'augmentation des périodes de réserve
constituerait pour te pays un sacrifice très
lourd. (Vils applaudissement* au centre et t
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