Louis Lapicque (1866-1952), par M. Antoine Giroud.
Le 7 décembre dernier, Louis Lapicque nous quittait, à 86 ans, après avoir participé aux travaux de l'Académie de Médecine pendant 27 ans.
Sa carrière avait été rapide et brillante, puisque, à moins de trente ans, Dastre qui l'avait remarqué le désignait comme Maitre de conférences de physio- logie à la Sorbonne. Il devient, en 1911, professeur au Muséum, puis en 1919, professeur de Physiologie générale à la Sorbonne.
Il entrait en 1925 à l'Académie de Médecine et, quelques années après, à l'Institut.
Louis Lapicque était né à Epinal en 1866. Tout jeune, son père, vétérinaire, lui découvrit les champs de la biologie, le monde des animaux et aussi celui des plantes. Après avoir fait ses études médicales, il ne tarda pas à se lancer, sous l'égide de Gley, puis de Dastre, dans la recherche expérimentale.
Les problèmes humains ont toujours suscité son intérêt. Si nombre de ses recherches s'étendent à des domaines variés, beaucoup d'entre elles touchent à la médecine et ont grandement servi cette science, qu'il s'agisse de nutrition ou bien de fonctionnement du système nerveux.
Il a abordé les problèmes les plus vastes et les plus divers, de l'étude des peuples de l'Inde à celle de l'humble vie des algues marines, mais comme il le dit lui-même « creusant en nombreux points avec persévérance », il a réalisé des oeuvres qui sont devenues classiques ou ont joué le plus grand rôle dans l'évolution de la physiologie moderne.
Esprit positif, tenant à condenser les données expérimentales sous la forme mathématique la plus précise, il comprit de suite à une époque déjà ancienne « l'intérêt de la chimie et de la physique de la vie. » Comme il l'a écrit : « J'ai travaillé pour ma part à réduire l'organisé à l'organique et de ce travail j'ai tiré de profondes jouissances. Mais à côté, j'ai gardé le goût, le besoin même des formes concrètes des structures visibles. Je m'intéresse aux espèces, ces réalisations contingentes des lois immuables. »
Par ce dernier point s'explique son intérêt pour les recherches anthropo- logiques.
On comprend qu'au cours de ses missions sur le pourtour de l'Océan Indien, il n'ait pas pu s'empêcher de scruter certaines énigmes humaines qui se présen- taient à lui. C'est ainsi qu'il a élucidé la question des Négritos et qu'il a su montrer qu'à l'origine il y eut une race nègre unique ayant possédé autrefois un habitat continu de l'Afrique à l'Océanie.
L'anthropologie l'avait passionné et maintes fois, au cours de ses travaux, il a su utiliser ses vastes connaissances sur les diverses races humaines, en particulier lors de ses recherches sur la nutrition.
Une part importante de ses découvertes ont été faites dans ce dernier domaine.
Il a réalisé une étude du métabolisme du fer qui est restée classique. Grâce à une méthode personnelle de dosage, il a pu préciser l'apport, le stockage dans le foie, la circulation et l'évolution de ce corps, y compris sa transformation en cet hydrate qu'il appela : rubigine. Ces recherches, il les a réalisées non seulement sur l'adulte, mais aussi sur le foetus, car il sut comprendre toute l'importance de ce stade préparatoire où le nouvel organisme peut s'assurer des réserves qui lui seront nécessaires plus tard.
Il comprit un des premiers la nécessité de distinguer dans l'alimentation l'existence de deux éléments, l'un quantitatif, l'autre qualitatif.
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