Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial
Éditeur : [s.n.] (Rennes)
Date d'édition : 1907-11-18
Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 novembre 1907 18 novembre 1907
Description : 1907/11/18 (Numéro 3230). 1907/11/18 (Numéro 3230).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/11/2008
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JOURNAL REPUBLICAIN. QUOTIDIEN DE LA BRETAGNE & DE L'OUEST
US ANNONCES SONT REÇUES
• PARIS A L'Acnea Hâtas, a PI. de la Brun» j
̃» A u Compaghis GfcitBALB de Pvtuent%
Jones P. Jones et (le, 31 bis, rut &i
Faubourg Montmartre.
m Au Bcriadx du Joummi lflt, nt
Montmartre téléphone, 29340.
̃ RENNES Aux BtmiAOX du Jocrkal •. 38, rue 4g
̃ NANTES A VAma Hms, sa, Ptoo* F«Bl
Pourntor,
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flou ce en DiPARnmNn 24 14 7
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ADMINISTRATION RÉDACTION
S8, Rus du Pré-Botté, RENNES
BUREAUX A PARIS POUR LA PUBLICITÉ EXTRA RÉOIONALB s
166, Bue Montmartre ritipHow 293-69 [||
Lundi 18 Novembre 1907
N' 3230 NEUVIEME ANNEE
Directeur Politique Emmanuel DESQRÉES DU LOU.
Il
L es Jardins
ouvriers
Le Congrès dés Jardins Ouvriers de
Bretagne, qui s'est tenu au mois d'août
dernier, continue de développer, à Lo-
rient,, ses heureuses -conséquences. Nous
avons appris avec. plaisir que dans quel-
ques départements bretons, des tentati-
ves nouvelles de Jardins Ouvriers ont
été tentées avec succès. On commence,
un peu partout, à se rendre compte des
immenses avantages matériel, moraux
et sociaux, dont le Jardin Ouvrier peut
être la cause et la source. Espérons que,
avant qu'il soit longtemps, l'oeuvre
dont M. l'abbé Lemire fut l'initiateur et
l'apôtre, aura rallié autour d'elle les
sympathies de tous ceux qui pensent
que c'est par le retour à la terre que
rentrera dans la famille ouvrière le
bien-être, la santé, et, chose plus im-
portante encore, la dignité et la morali-
té.
A Lorient, 1'oeuvre des Jardins Ou-
vriers a pris, depuis le Congrès, des ac-
croissements nouveaux. Elle est actuel-
lement en possession de cent jardins,
dont la jouissance est donnée à autant
de familles. Chaque famille comptant
sept membres en moyenne, cela fait
donc sept cents personnes à qui le pe-
tit coin de terre fournit, à peu de frais,
une nourriture saine, le bon air et la
santé.
Il est seulement dommage que nous ne
puissions réaliser toutes nos conditions.
Le Jardin Ouvrier est, à coup sûr, un
excellent instrument de restauration
matérielle et morale pour la famille qui
en a la jouissance. Mais le jardin ne va
pas sans la maison le coin de terre ne
va pas sans le foyer. Le jardin et la mai-
son, tel est donc l'idéal. A Lorient, nous
n'avons pas pu encore, et pour des cau-
ses diverses, donner à l'ouvrier l'habi-
tation qui permettrait à sa famille de se
développer dans les meilleures condi-
tions de bien-être. de santé et de morali-
té. Il fes| cependant permis d'espérer
que les difficultés qui arrêtent encore
la réalisation de nos projet*, se lèveront
bientôt. En attendant, tout notre souci
est de développer encore notre œuvre,
afin que de nouvelles familles puissent,
sans tarder entrer en part dans les
avantages de toute sorte qu'elle procure
à ses membres.
Hélas quo nous le prévoyons grand
le nombre des familles à qui le Jardin
Ouvrier apporterait le relèvement maté-
riel et moral Nos grandes villes de Bne-
tagne regorgent de ces pauvres famil-
les ouvrières, qui ont émigré de la cam-
pagne à la ville. Aux Jardins Ouvriers
de Lorient, ces familles forment pres-
que le tiers de notre clientèle.
On se dit qu'en quittant le village na-
tal on va vers le bien-être et la richesse.
On rêve d'un salaire plus élevé, d'un
travail moins prolongé et moins fati-
guant que le labeur des champs. A la
ville. semble-t-il, la lutte pour la vie se-
ra moins dure, moins oppressive des
faibles et des désarmés. C'est vraiment
le mirage. La grande ville reçoit en ef-
fet ces pauvres gens. Les premiers mois
s'écoulent dans une aisance relative, car
les petites économies amassées lente-
ment au village natal suffissent à équi-
librer le budget familial. Mais viennent
les mauvais jours jours de maladie.
jours de chômage, le tableau change et
s'assombrit. Au bout d'un an ou deux
la famille tout entière ne tarde pas à
toucher le dernier fonds de la plus pro-
fonde misère. Alors dnns ces Ames fati-
guées et vides d'espérance, subsiste un
seul regret, celui du village abandonné
ou In santé, la paix et le bien-être étaient
le patrimoine qui n'était ôté à personne.
C'est à ces familles que vont tout d'a-
bord nos sympathies c'est à elles les
premières que nous voulons rendre ser-
vice c'est à elles enfin que nous vou-
lons rendre le coin de terre et le fayer,
où elles pourront refaire, autant que
possible, du moins, leur vie d'autrefois,
cette vie des champs, si bonne et si sa-
lutaire à l'homme.
On ne saura jamais assez le bénéfice
matériel et moral que chacun des mem-
bres de la famille tire du jardin. C'est
tout d'abord le père de famille. Le jar-
din, en l'obligeant à l'effort, le prépare
à d'autres besognes plus fatiguantes en
même temps qu'il lui met au caeur l'am-
bition d'un mieux-être à réaliser pour
sa famille.
La mère'de. famille, elle aussi, tire
profit et bénéfice des jardins. Ses for-
ces si vite épuisées dans le labeur quoti-
dien de l'atelier et du ménage se refont
peu à peu au grand air de la campagne.
Il n est pas jusqu'aux vieux parents
eux-mêmes qui n'éprouvent l'influence
bienfaisante du coin de terre. Incapa-
bles de se livrer à des travaux pénibles,
ces bons vieillards trou,vent dans la cul-
ture du coin de terre familial un véri-
table plaisir. En même temps, ils ont le
sentiment d'être utiles à quelque chose;
au lieu d'être des consommateurs au
sein de la famille, ils deviennent pour
celle-ci des producteurs de bien-être et
de richesse. Et de ce chef leur situation
au foyer familial gagne en respect et en
autorité.
Mais le grand bénéficiaire du Jardin
Ov.vrier, c'est l'enfant. Pauvres petits
enfants des grandes villes Que d'obsta-
cles ils rencontrent à leurs premiers pas
dans la vie Le mal est en eux et au-
tour d'eux. Nés de parents parfois alcoo-
liques ou tuberculeux, à la merci de tou-
tes les maladies et de toutes les épidé-
mies, habitant des locaux malsains ou
circule un air épais et surchauffé, ré-
duits à prendre leurs ébats dans des
cours étroites et mal aérées, comment
pourraient-ils se développer en santé et
en force au fur et à mesure des progrès
de leur âge ? Ce sont eux surtout qu'il
faut mener au jardin, tous les jours, si
c'est possible. L'exercice et le bon air
du jardin combattront mieux que tous
les remèdes, les- germes morbides qu'"
portent en eux et dont ils deviendraient
il coup sûr les victimes dans un âge plus
avancé.
Nous ne voulons pas insister davan-
tage sur les réels et appréciables bien-
faits, dont le Jardin Ouvrier peut être
la source pour la famille ouvrière. Aus-
si bien l'œuvre de l'abbé Lemire a fait
ses preuves sur le terrain social, et il
n'est personne qui puisse lui contester
les droits qu'elle s'est acquis il la sym-
pathie et à la bienveillance de tous ceux
que préoccupe Intimement l'avenir
matériel et moral de notre pays.
Et maintenant qu'il nous soit permis
d'espérer voir bientôt de nouvelles œu-
vres de Jardins Ouvriers se fonder en
Bretagne. Tant de misères à soulager,
tant de besoine de toute espèce à rem-
plir, sollicitent et appellent nos efforts 1
Mettons-nous généreusement à l'oeuvre.
Et s'il se trouve que le modeste Jardin
f Ouvrier puisse devenir en nos mains
un efficace instrument de relèvement
matériel et de conquête morale, eh bien,
n'hésitons plus fondons des Jardins
Ouvriers 1
.Jean et Léon MERCIER.
des Jardins ouvriers de Lorient.
Nos Dépêches
Jeanne Weber, l'ogresse
Châteauroux, 17 novembre. Jeanne
Weber estrelle responsable Les médecins
qui son! chargea de se prononcer le diront
un jour prochain.
Elle a été confrontée hier avoc 1e père du
jriune Eugène Bavouzet c'rsl armé d'un
gourdin énorme que le vieiiJard s'est pré-
sente au cabinet du juge d'instruction ci sa
voix sonore résonnait sous les couloirs du
Pah.s, d'où nous l'entendions. Il a rcnou-
\v?lé ses accusations formelles CI C'est toi,
criait-il, qui as tué le petit. Eugène. Lorsqu
je suis revenu de chercher lc luit, tu t'es
jetée sur le lit pour m'empêcher de voir
rn-in cnfant puis, tu t'es mise à genoux en
pleurant et tu disais Pardon 1 Pardon
l'aveu
Sroouéc par les larmes, Jeanne Weber
niait
Je nrai pas fait cela, répétait-elle
Les gendarmes durent s'jnlerposer pour
pinj>echer que Bavouzet ne frappât l'o-
gresse
Qu'on la juge et qu'on l'acquitte I fit-il
en s'en aJlant. Je me charge de la punir
moi-même 1
LA CONQUETE DE L'AIR
L'aéroplane
Santos-Dumont
Paris, i7 novembre. M. Santos-Du-
mont a concouru aujourd'hui pour le
prix de 50.000 francs offert par MM.
Deutsch et Archdeacon à l'aéronaute
qui parviendra le premier à parcourir
en aéroplane un circuit fermé d'un ki-
lomètre.
L'expérience a eu lieu sur le champ
de manoeuvres d'Issy-les-Moulineaux.
Sept essais ont été tentés sans donner
de résultais appréciables.
M. Santos-Dumont compte continuer
ses tentatives dans l'après-midi.
Liberté, égalité, fraternité
Pour avoir badigeonné ces trois mots, trois
jeunes gens ont été condamnés
Montpellier, 17 novembre. En gui-
se de manifestation, trois jeunes gens,
MM. Lucien -Cape, Jacques Mangens et
Germain Saury, couvrirent d'une épais-
se couche de chaux, lors des troubles de
juin, l'inscription « Liberté, Egalité,
Fraternité qui se trouvait sur la faça-
de de la maison communale de Treille,
dans l'Aude.
Le tribunal correctionnel de Narbon-
ne avait condamné les trois protestatai-
res à vingt-cinq francs d'amende. avec
sursis. La troisième chambre de la Cour
de Montpellier a confirmé hier la déci-
sion des juges de première instance.
LA BANDE THOMAS ET (f
On recherche toujours, mais en vain la
colombe eucharistique
Paris, 17 novembre. On a continué
ce matin la recherche de la colombe eu-
charistique.
M. Huilet, scaphandrier, est descendu
dans le fleuve à huit reprises. Comme
nous émettions des doutes sur la présen-
ce de la colombe au fond du fleuve, M.
Caldras, brigadier de la Sûreté, qui a
joué un rôle important dans cette af-
faire, nous a déclaré
« Je suis certain que la colombe a été
jetée dans la Seine, par Faure, du haut
du Pont des Arts. J'ai suivi l'objet d'art
à la piste et c'est ici certainement qu'il
est venu s'échouer.
« Du reste les déclarations de Faure
n'ont fait qu'ajouter à ma conviction n.
A dix heures, M. Huilet est remonté
du fleuve les mains vides. Il a exploré
la quatrième arche en venant de la rive
gauche. Il explorera cette après-midi la
dernière arche. S'il ne .trouve rien à cet
endroit, les recherches seront abandon-
nées.
Thomas fait des émules
La Rochelle, 17 novembre« La nuit
dernière, des inconnus ont cambriolé
l'église Saint-Maurice. Divers objets
d'art ont été volés.
• Après
Les demandes en révocation
Châlons-sur-Marne, 17 novembre.
Le juge de paix de Chàlons, statuant sur
une demande de revendication introdui-
te par une donatrice de la Fabrique de
Saint-Loup, vient de condamner le sé-
questre à restituer le montant de la
somme léguée par la demanderesse pour
la célébration d'offices.
Le juge dit que le séquestre doit res-
tituer les arrérages échus depuis la sai-
sie, et le condamne aux dépens.
Moulins, 17 novembre. Le tribunal
de Moulins vient d'accueillir plusieurs
demandes en révocation de donation fai-
tes à la Fabrique, en vue de donations
pieuses.
L'Administration a été condamnée à
la restitution des titres et valeurs.
Une église mise en vente par un maire
Dijon, 17 novembre. Voici une in-
formation vraiment extraordinaire M.
Naudin, maire de Bressay-sur-Tille, et
son conseil municipal ont, de leur pro-
pre initiative, vendu leur église. Mise
aux enchères le 27 octobre dernier, elle
a été adjugée, pour être démolie, à MM.
Heurot frères, de Couternon, pour la
,somme de 260 francs.
Les meubles et objets qui la garnis-
saient ont été dispersés et vendus à vil
prix. Un tableau qui y était en dépôt a
été donné de gré à gré pour 100 francs.
La chaire à prêcher et son abat-voix ont
été cédés pour 5 francs à un socialiste,
qui les à revendus 6 francs à un anti-
quaire de Dijon.
Aujourd'hui le tabernacle en pierre
de l'autel est dans le cimetière, exposé à
tous les vents, avec le drap des morts, la
GUILUUME II EN ANGLETERRE
Depuis quelques jours, Guillaume Il est
l'hôte de son oncle, le roi d'Angleterre; l'em-
pereur d'Allemagne n'a jusqu'ici consacré
tout son temps qu'à des réceptions officiel-
les, où les'paroles les plus cordiales ont été
prononcées toosls et discours n'ont fuit
que constater l'exodlence pour le mo-
ment du moins des relations entre l'An-
gleterre et l'Allemagne. Il Il faut, a dit l'em.
pereur, hier, au conseil municipal de Lon-
dres, développer entre nos deux nations les
sentiments d'nmilié qui sont si nécessaires
iL la paix de l'Europe Il.
Terminée la période des recopiions, l'em-
pereur séjournera plusieurs jours au châ-
teaui historique de Windsor.
table de communion et diverses boise-
ries qui n'ont pas trouvé d'acquéreur.
Pendant trois dimanches consécutifs,
le curé a fait connaître les peines spi-
rituelles qui atteignent les vendeurs et
acheteurs de biens d'Eglise..
L'AFFAIRE ULLMO
UUmo éiait-il opiomene 7
Paris, 17 novembre. Le Temps pu-
blie
« Notre correspondant de Toulon nous
télégraphie qu'une enquête discrète a
été menée par la marine sur l'intensité
qu'avait pu atteindre chez Ullmo l'habi-
tude de fumer de l'opium.
« On Assure que cette enquête conclut
que Benjamin Ullmo n'était pas un fu-
meur des plus invétérés, que beaucoup
de ses camarades fumaient beaucoup
plus que lui, et que, d'ailleurs, aux épo-
ques où il fit ses offres à l'Allemagne,
il fumait peu, puisque c'était pendant
des périodes de navigation et de dépla-
cement de la Carabine.
« Or, dans sa cabine, à bord, Ullmo
ne fumait pas.
« Le commandant Mandine ne s'en
aperçut jamais, et il a déclaré que c'est
seulement vers la fin de son commande-
ment qu'on lui apprit que son second
fumait quelquefois de l'opium dans sa
villa ».
Une colline qui marche
Saint-Nazaire-des-Déserts, 17 novem-
bre. Encore une colline qui glisse. M.
Tissot, qui possède une maison de cam-
pagne sur cette colline s'aperçut du dan-
ger le premier. Des secours furent alors
organisés et on put sauver la majeure
partie de la récolte.
Depuis, la maison s'est écroulée il
n'y a eu aucun accident de personne.
La colline glisse toujours et atteint à
présent la rivière la Roanne. On craint
qu'elle ne l'obstrue. Les riverains font
enlever leurs meules de paille et leurs
céréales.
1_NE BELLE FAMILLE
Remirement, 17 novembre. Voici
qui comblera d'aise M. Piot un vingtiè-
me enfant est né dans une famille de
cultivateurs, les époux Amet. La mère
est âgée de quarante ans la famille
compte maintenant treize filles et sept
garçons.
De nouveaux cas de poste
ont été constatés Constantine
Constantine, J7 novembre. Jeudi,
un sergent de la 21" section, revenant de
congé, et qui avait débarqué à Philippe-
ville, tombait malade en arrivant à
Constantine. Peu après un autre soldat
était transporté à l'hôpital militaire
tous deux furent reconnus atteints de la
peste.
On a procédé à la désinfection et à la
dératisation des bâtiments militaires de
la casbah et des locaux municipaux.
Les événements du Maroc
LA DEFAITE DE MOULA Y-HAFID
Tanger, 17 novembre. La rencontre a
eu lieu, sur le territoire des Haïra, entre la
mehulla de Moulay-Uafid et les troupes du
caïd Anflous, auxquelles étaient venus sè
joindre les renforts commandés par Ben-
Ghasi et envoyés par Abd-el-Aziz.
La mehalla de Moutey-Hafid a subi une
défaite complète: Les tentes du campement,
ainsi que quantité d'armes, sont tombées
entre les mains de l'armée chérifienne, qui
coucha sur les positions. La mehalla de
Moulay-Hafid s'est repliée sur Marrakech
laissant sur le terrain un très grand nom-
bre de tués et de blessés.
D'autres nouvelles arrivent, qui sont é-
galement défavorables a la cause du sultan
de Marrakech. On annonce, en effet, que
le cald El-Glaoui, que l'on représentait
comme le promoteur du mouvement révo-
lutionnairc et le plus ferme, soutien do
Moulay-Hafld, sans se détacher encore
complètement de ce dernier, a donné sa
démission de ministre de la guerre. Il se»
rait remplacé dans ces fonctions par son
propre nevea Les partisan» d'Abu-el-Azia
voient là un signe manifeste de la déiagrô*
gation pruchaino du maghzen de Marra»
kech.
En outre, d'après des renseignemenls da
source indigène, les tribus des Chidma et
Ouled-Fridj, contre lesquelles, il ta «oua
de leur refus de reconnaître Moulay-Hafld
et de payer l'impôt, une mehalla," com-
mandée par trois caïds, avait été envoyé*
de Merrakech, auraient infligé un échea
sérieux n cette mehalla, lui tuant quarante
hommes et la poursuivant dans ta direc-
tion de Marrakech, où elle a dû se réfugier.!
Cette victoire remportée, les Chidma et les
Ouled-Fridj ont envoyé des émissaires a0
consul de France il. Mazagan, pour le priai
di'ntervt'tfiir auprès de la cour de ltabal
et d'obtenir d'Abd-el-Aziz qu'il leur envoie
un gouverneur.
Les entrevues continuent
Tanger, 17 novembre. Hier soir M.
Regnault a donné un grand dîner A Rabat
auquel assistait le personnel complet de la
légation de France et d'Allemagne. Les ei»
trevu«s de M. Regnault et Laberia aveQ
Ben Sliman continuent.
De nouveaux légionnaires déserteurs
sont arrivés à Rabat.
A L'ETRANGER
RUSSIE
LA TROISIEME DOUMA
Sainl-Pétersbourg, 17 novembre. Hien
soir, les octobristes et l'extrème-droite on)
élaboré leur projet définilif d'un bloc peiv
nuançât parlementaire, constitué sur leg-
bases suivantes La droite reconnaît Sa
Douma comme Lrkstitutlon non S6u>?menll
consu!tative, mais aussi législative. Les oo-
tobrisLrs renoncent à soulever au ParlemenJ
ta quelion de l'égalité des droits des ju.fa,
AVTHICHE
CONFLIT ENTRE LES ETUDIANTS
ALLEMANDS ET SLAVES
Vienne, 17 novembre. Un conJli:. ~an-
tant a éc!até entre éludiants allemands et
étudiants slaves.
Les étudiants slaves au coure d'une ma-,
nifestntion pour l'installation de Fn<™itéa
slaves, jetèrent des pfen-cs ;ruis éludrantg-,
allemands et trois étudiants staves furent'
blessés scrioiifemunt
Sur un étudiant slave on a trouvé uni
couteau tout ouvert celui-ci put se rt-fiigiei'j
clans un café slave devant l'Université les]
étudiants albmands voulurent s'eru prirpari
rer, mais furent repolisses par la garde a-
cheval. 1
ELECTROCUTE I y
Vienne, 17 novembre. Un peintre pMt-i
trier, Eugène Exbrayat, âgé de 45 ans, oo»!
cupé à peindre le sommet d'un pylône m fefl,
supportai les gros fils de la Société ré#0-'
naV d'éi.x'trioilé, est enlré en contact aved
ceux-ci. Le malheureux fut sur
to coup et le corps, après être resté sit»(>en-
du un instant aux fils, s'est abattu ^ur kl
sol, les vêtements en Ruinmes.
AUX COLONIES
Le chemin de fer de Conakry au >i^er
Nous a\or>3 annoncé réccitHik.'iit que te
ministère ns colonies avait adopté le pro»
jet définitif des dernières sections du eh*«
min de fer de Conakry au Niger.
Le projet sur lequel le comité de travaux
publics a eu à se prononcer comportait des
études relatives à la deuxième moitié du
chemin de fer de Conakry au Niger, études
ducs à la mission du capitaine dit nirtia
Beaurepaire, qui comprenait huit officiera
et quatorze hommes de troupe. Les travaux
de cette mission ont duré de 19WJ à 1907
sans interruption lueinn pendant l'hiver
nage. Grâce aux efforts et il l'habile (iireo
tion de cette mission, la Longueur Or lai
deuxième moitié du chemin de fer. qui
était de 3:Jt kilomètres ii'ai[»rès ruvunt-|>i-oiel
de NI. Salesses, en 1899, a été rc.lui.'e ;1 289
kilomèti'es,*soit un bénéfice iW -ki k!n mè-
tres, représentant envirun qual.re milliiinsi..
Les protils des rampes et des courba ont
été également très améliorés. Ces n'su. tata
sont il est vrai, en partie à l'ubtiiuton
du marché de Banko, qui avait été .-oi^'dérô
en 1899 comme un po;n.l qu'il fallait «'e-tseï;
vir ce marché a aujourd'hui disparu.
Le comité a adressé :es félicitations à la
mission Boaiirepaire pour son beau Irnva'l.
Il est prokible qu'elle va recevoir !a mclail»
le coloniale, à titre de récompense.
Le travail commencerais, d'après les pr4-
visions, vers le le? janvier 1908, et 'om*
porterait deua chantiers le premier parti-
rait du col de Konmi au kilomètre 301, et
Fei-iixeton DE L'Ovesl-Eclair 44
La Mendiante
de Saint-Sulpice
Par UVIER DE MONTEPIN
SECONDE PARTIE
Soeurs jumelles
XLV
Vous devez, dans le plus bref délai,
faire remettre à la .mairie du onzième ar-
rondissement le bonnet et la chemise de
cette petite fille, et la couverture qfii l'en-
veloppe, ces objets étant décrits sur le pro-
cbs-verbal qui sera remis à l'Assistance
publique, en même temps que la notifica-
tion du dépôt lait entre vas mains.
Je sais que cela doit se faire, mon-
sieur, et je me coaformerai très exacte-
ment à vos recommandations.
Voulez-vous me donner un reçu de
cet enfant ? (
Mais bien sûr, que je le veux.
'Françoise appela sa mère.
Maman, lui dit-elle donne moi,
s'il te pldt, une feuille de papier, l'encrier
et la plume.
La vielle femme s'empressa d'apporter
sur une table les objets demandes.
A quel nom dois je faire le reçu?
reprit la veuve Leroui:.
-Au nom de Jules Servaize.
Françoise prit la plume et d'une écriiure
fort correcte traça les lignes suivantes
« Reçu de monsieur Jules Servaize une
peute fille paraissant âgée de trois jours et
déposée entre mes mains, sous le nom de
ROSE, par ordre du maire du onzième
arrondissement, au nom de l'Assistance
publique.
tt Saint Maur-les Fossés,le 28 mai 1861»
Elle sigtia, et elle tendit le papier à l'ex-
capitaine des fédérés, en disant
Voilà, monsieur.
C'est parfaitement ça, madame.
répondit il.
Il plia le papier en quatre avec le plus
grand soin et le glissa dans la poche de
son veston.
Le complice de Gilbert Roi lin n'avait
plus rien à faire dans la maison de la
nourrice.
Eo conséquence, il prit congé de la brave
femme et regagna la route de la Varenne
sur laquelle se greffe, au delà du Parc-
Saint Maur, celle de Champigny.
Les derniers événements de Paris étaient
déjà connus partout.
L'armée de Versailles étant victorieuse
et l'infûrac Commune étranglée, Duplat
rené ntrait à chaque pa: des gens qui
avaient cherché un refuge dans les vil-
lages des environs de Paris, et qui mainte-
naut se hâtaient de regagner la capitale.
Avant la guerre on avait fait sauter le
pont de Champigny, et naturellement il
n'état pas encore reconstruit.
Le fugitif fut donc obligé de traverser la
Marne daus le bateau du passeur pour se
renire au domicile de la blanchisseuse
qu'à Champigny on appelait volontiers
La Belle Palmyre n.
Palmyre était une grande fille indiscuta-
blement jolie et reconnue comme telle,
mais la déplorable légéreté de sa conduite
jouissait d'upe réputation au moins égale
celle de sa beauté.
A Champiguy, qu'elle habitait depuis
cinq ans et où elle occupait l'emploi de
repasseuse chez la pfus forte blanchisseuse
du pays, elle avait eu, comme bien on
pense, des adorateurs en grand nombre,
et, pas un seul d'entre eux ne se plaignait
de ses rigueurs.
La vraie « Frétillon de Béranget
Seulement, ce que la chronique -scanda-
lauee ne disait pas, et ce que nous pen-
vont affirmer, c est qu'au fond de son
cœur ouvert à peu près à tout venaut, elle
gardait malgré tout le aoureuir très vivant
et très tendre de son premier amour,'Ser-
vais Duplat.
Ils s'étaient connus à Paris, six années
auparavant, et depuis cette époque, même
après l'instal!atton de Palmyre à Cham-
pigny, i s n'avaient jamais cessé de se réu-
nir de temps en temps.
Palmyre n'ignorait pas que Servais fai-
sait partie des bataillons de la Commune.
L ayant revu après le 18 mars, elle avait
voulu le dissuader de prendre part à l'in-
surrection, mais elle n était point venue à
bout de le convaincre qu'il courait folle-
ment à des dangers certains.
Douée d'un bon gros sens, elle compre-
nait à merveille que le but poursuivi par
les communards était un rêve idiot, un
odieux cauchemar qui devait aboutir à un
réveil sanglant.
Elle ne parlait d'ailleurs jamais de Ser-
vais, et si elle en eut parlé elle aurait ca-
ché avec soin qu'il jouait un rôle dans
l'armée des fédérés.
Si on l'avait vu quelquefois en sa com-
pagnie, les dimanches, à Champigny, on
s'était d'autant moins occupé de lui que
Palmyre changeait plus souvent de cava-
lier..
C'est donc à peine si on connaissait Du-
plai dans le pays.
Quand les deux «maat» voulaient se
voir c'est surtout à Paris qu'ils se rencon-
traient.
Pendant le siège, Palmyre s'était réfu-
giée dans la capitale avec sa patronne qui
l'aimait beaucoup malgré sa légèreté, et
qui tenait prodigieusement à elle pour les
services qu'elle lui rendait comme ouvriè-
re d'une merveilleuse habileté.
Après la signature de l'armistice, elle
avait, ainsi que sa patronne, regagné
Champigny et repris son train de vie ha-
bituel, le fer en main toute la semaine et
flirtant le dimanche avec des garçons du
pays et des petits camarades d'alelier com-
plètement dépourvus de préjugés comme
elle.
Pendant les mois de la Commune Ser-
vais lui avait écrit une seule fois, et dans
cette lettre arrivée à la destinataire après
plusieurs jours de retard, il ne parlait
point d'une visite prochaine, mais, depuis
que les troupes de Versatiles étaient en-
trées dans Paris, Palmyre se disiit sou-
vent
S'il n'est ni fusillé ni arrêté, je le
reverrai bientôt.
til elle ajoutait en forme d'oraison funè-
bre anticipée
S'i! était tusillé, ce serait dommage
tout de même et je le regretterais, car je
l'aime bien, ce mongtre là, mais il leurrais
se vanter que c'est rudement sa faute ?..
je lui avait assez dit et répété de ne pas se
fourrier là-dedans
La jeune repasseuse demeurrit rue Bre-
tigny.
Elle occupait une vieille maisonnette de'
paysan n'ayant qu'un rez de-chaussée
composé de trois petites piéces, et d'un
grenier auquel on accédait par une échelle
de meunier scellée dans le mur à l'exté>
rieur.
Ajoutez a cela une toute petite cour et
quarante mètres de jardin, le tout clos par
une haie entourée elle-méme dune palis-
sade en bois au m lieu de laquelle se trou-
vait une porte pleine, solide, encastrée
dans des piliers de briques.
Tel était, dans son ensemble modeste, le
logis port nt le no 19 de la rue ou plutôt
de la ruelle Bretigny.
Cette ruelle, greffée sur la rue de Paris,,
conduisait à des champs cultivés bordant'
la Marue
Du côté des numéros impairs toutes loi
constructions étaient peu de chose preflrt
pareilles celle habitée par Palmyre. I
Du côté des numéros pairs il n'y avait
qu'une seule maison, et un mur de clôtura
de trois mètres de hauteur fermant le jar-
din d'une villa et bordant la ruelle
toute sa longueur.
Le dimanche, Palmyre travaillait jtf»
qu'à midi etaei sa patronne. a
(MYASJk» DWANOC)
page), la
(dernière colonne de la
HEURE page), la
LOCALE (3* ou pare)
PAGB.
JOURNAL REPUBLICAIN. QUOTIDIEN DE LA BRETAGNE & DE L'OUEST
US ANNONCES SONT REÇUES
• PARIS A L'Acnea Hâtas, a PI. de la Brun» j
̃» A u Compaghis GfcitBALB de Pvtuent%
Jones P. Jones et (le, 31 bis, rut &i
Faubourg Montmartre.
m Au Bcriadx du Joummi lflt, nt
Montmartre téléphone, 29340.
̃ RENNES Aux BtmiAOX du Jocrkal •. 38, rue 4g
̃ NANTES A VAma Hms, sa, Ptoo* F«Bl
Pourntor,
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flou ce en DiPARnmNn 24 14 7
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Or «'«tonne gars frai* Il. tort Us bmrtautt de posté.
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Lundi 18 Novembre 1907
N' 3230 NEUVIEME ANNEE
Directeur Politique Emmanuel DESQRÉES DU LOU.
Il
L es Jardins
ouvriers
Le Congrès dés Jardins Ouvriers de
Bretagne, qui s'est tenu au mois d'août
dernier, continue de développer, à Lo-
rient,, ses heureuses -conséquences. Nous
avons appris avec. plaisir que dans quel-
ques départements bretons, des tentati-
ves nouvelles de Jardins Ouvriers ont
été tentées avec succès. On commence,
un peu partout, à se rendre compte des
immenses avantages matériel, moraux
et sociaux, dont le Jardin Ouvrier peut
être la cause et la source. Espérons que,
avant qu'il soit longtemps, l'oeuvre
dont M. l'abbé Lemire fut l'initiateur et
l'apôtre, aura rallié autour d'elle les
sympathies de tous ceux qui pensent
que c'est par le retour à la terre que
rentrera dans la famille ouvrière le
bien-être, la santé, et, chose plus im-
portante encore, la dignité et la morali-
té.
A Lorient, 1'oeuvre des Jardins Ou-
vriers a pris, depuis le Congrès, des ac-
croissements nouveaux. Elle est actuel-
lement en possession de cent jardins,
dont la jouissance est donnée à autant
de familles. Chaque famille comptant
sept membres en moyenne, cela fait
donc sept cents personnes à qui le pe-
tit coin de terre fournit, à peu de frais,
une nourriture saine, le bon air et la
santé.
Il est seulement dommage que nous ne
puissions réaliser toutes nos conditions.
Le Jardin Ouvrier est, à coup sûr, un
excellent instrument de restauration
matérielle et morale pour la famille qui
en a la jouissance. Mais le jardin ne va
pas sans la maison le coin de terre ne
va pas sans le foyer. Le jardin et la mai-
son, tel est donc l'idéal. A Lorient, nous
n'avons pas pu encore, et pour des cau-
ses diverses, donner à l'ouvrier l'habi-
tation qui permettrait à sa famille de se
développer dans les meilleures condi-
tions de bien-être. de santé et de morali-
té. Il fes| cependant permis d'espérer
que les difficultés qui arrêtent encore
la réalisation de nos projet*, se lèveront
bientôt. En attendant, tout notre souci
est de développer encore notre œuvre,
afin que de nouvelles familles puissent,
sans tarder entrer en part dans les
avantages de toute sorte qu'elle procure
à ses membres.
Hélas quo nous le prévoyons grand
le nombre des familles à qui le Jardin
Ouvrier apporterait le relèvement maté-
riel et moral Nos grandes villes de Bne-
tagne regorgent de ces pauvres famil-
les ouvrières, qui ont émigré de la cam-
pagne à la ville. Aux Jardins Ouvriers
de Lorient, ces familles forment pres-
que le tiers de notre clientèle.
On se dit qu'en quittant le village na-
tal on va vers le bien-être et la richesse.
On rêve d'un salaire plus élevé, d'un
travail moins prolongé et moins fati-
guant que le labeur des champs. A la
ville. semble-t-il, la lutte pour la vie se-
ra moins dure, moins oppressive des
faibles et des désarmés. C'est vraiment
le mirage. La grande ville reçoit en ef-
fet ces pauvres gens. Les premiers mois
s'écoulent dans une aisance relative, car
les petites économies amassées lente-
ment au village natal suffissent à équi-
librer le budget familial. Mais viennent
les mauvais jours jours de maladie.
jours de chômage, le tableau change et
s'assombrit. Au bout d'un an ou deux
la famille tout entière ne tarde pas à
toucher le dernier fonds de la plus pro-
fonde misère. Alors dnns ces Ames fati-
guées et vides d'espérance, subsiste un
seul regret, celui du village abandonné
ou In santé, la paix et le bien-être étaient
le patrimoine qui n'était ôté à personne.
C'est à ces familles que vont tout d'a-
bord nos sympathies c'est à elles les
premières que nous voulons rendre ser-
vice c'est à elles enfin que nous vou-
lons rendre le coin de terre et le fayer,
où elles pourront refaire, autant que
possible, du moins, leur vie d'autrefois,
cette vie des champs, si bonne et si sa-
lutaire à l'homme.
On ne saura jamais assez le bénéfice
matériel et moral que chacun des mem-
bres de la famille tire du jardin. C'est
tout d'abord le père de famille. Le jar-
din, en l'obligeant à l'effort, le prépare
à d'autres besognes plus fatiguantes en
même temps qu'il lui met au caeur l'am-
bition d'un mieux-être à réaliser pour
sa famille.
La mère'de. famille, elle aussi, tire
profit et bénéfice des jardins. Ses for-
ces si vite épuisées dans le labeur quoti-
dien de l'atelier et du ménage se refont
peu à peu au grand air de la campagne.
Il n est pas jusqu'aux vieux parents
eux-mêmes qui n'éprouvent l'influence
bienfaisante du coin de terre. Incapa-
bles de se livrer à des travaux pénibles,
ces bons vieillards trou,vent dans la cul-
ture du coin de terre familial un véri-
table plaisir. En même temps, ils ont le
sentiment d'être utiles à quelque chose;
au lieu d'être des consommateurs au
sein de la famille, ils deviennent pour
celle-ci des producteurs de bien-être et
de richesse. Et de ce chef leur situation
au foyer familial gagne en respect et en
autorité.
Mais le grand bénéficiaire du Jardin
Ov.vrier, c'est l'enfant. Pauvres petits
enfants des grandes villes Que d'obsta-
cles ils rencontrent à leurs premiers pas
dans la vie Le mal est en eux et au-
tour d'eux. Nés de parents parfois alcoo-
liques ou tuberculeux, à la merci de tou-
tes les maladies et de toutes les épidé-
mies, habitant des locaux malsains ou
circule un air épais et surchauffé, ré-
duits à prendre leurs ébats dans des
cours étroites et mal aérées, comment
pourraient-ils se développer en santé et
en force au fur et à mesure des progrès
de leur âge ? Ce sont eux surtout qu'il
faut mener au jardin, tous les jours, si
c'est possible. L'exercice et le bon air
du jardin combattront mieux que tous
les remèdes, les- germes morbides qu'"
portent en eux et dont ils deviendraient
il coup sûr les victimes dans un âge plus
avancé.
Nous ne voulons pas insister davan-
tage sur les réels et appréciables bien-
faits, dont le Jardin Ouvrier peut être
la source pour la famille ouvrière. Aus-
si bien l'œuvre de l'abbé Lemire a fait
ses preuves sur le terrain social, et il
n'est personne qui puisse lui contester
les droits qu'elle s'est acquis il la sym-
pathie et à la bienveillance de tous ceux
que préoccupe Intimement l'avenir
matériel et moral de notre pays.
Et maintenant qu'il nous soit permis
d'espérer voir bientôt de nouvelles œu-
vres de Jardins Ouvriers se fonder en
Bretagne. Tant de misères à soulager,
tant de besoine de toute espèce à rem-
plir, sollicitent et appellent nos efforts 1
Mettons-nous généreusement à l'oeuvre.
Et s'il se trouve que le modeste Jardin
f Ouvrier puisse devenir en nos mains
un efficace instrument de relèvement
matériel et de conquête morale, eh bien,
n'hésitons plus fondons des Jardins
Ouvriers 1
.Jean et Léon MERCIER.
des Jardins ouvriers de Lorient.
Nos Dépêches
Jeanne Weber, l'ogresse
Châteauroux, 17 novembre. Jeanne
Weber estrelle responsable Les médecins
qui son! chargea de se prononcer le diront
un jour prochain.
Elle a été confrontée hier avoc 1e père du
jriune Eugène Bavouzet c'rsl armé d'un
gourdin énorme que le vieiiJard s'est pré-
sente au cabinet du juge d'instruction ci sa
voix sonore résonnait sous les couloirs du
Pah.s, d'où nous l'entendions. Il a rcnou-
\v?lé ses accusations formelles CI C'est toi,
criait-il, qui as tué le petit. Eugène. Lorsqu
je suis revenu de chercher lc luit, tu t'es
jetée sur le lit pour m'empêcher de voir
rn-in cnfant puis, tu t'es mise à genoux en
pleurant et tu disais Pardon 1 Pardon
l'aveu
Sroouéc par les larmes, Jeanne Weber
niait
Je nrai pas fait cela, répétait-elle
Les gendarmes durent s'jnlerposer pour
pinj>echer que Bavouzet ne frappât l'o-
gresse
Qu'on la juge et qu'on l'acquitte I fit-il
en s'en aJlant. Je me charge de la punir
moi-même 1
LA CONQUETE DE L'AIR
L'aéroplane
Santos-Dumont
Paris, i7 novembre. M. Santos-Du-
mont a concouru aujourd'hui pour le
prix de 50.000 francs offert par MM.
Deutsch et Archdeacon à l'aéronaute
qui parviendra le premier à parcourir
en aéroplane un circuit fermé d'un ki-
lomètre.
L'expérience a eu lieu sur le champ
de manoeuvres d'Issy-les-Moulineaux.
Sept essais ont été tentés sans donner
de résultais appréciables.
M. Santos-Dumont compte continuer
ses tentatives dans l'après-midi.
Liberté, égalité, fraternité
Pour avoir badigeonné ces trois mots, trois
jeunes gens ont été condamnés
Montpellier, 17 novembre. En gui-
se de manifestation, trois jeunes gens,
MM. Lucien -Cape, Jacques Mangens et
Germain Saury, couvrirent d'une épais-
se couche de chaux, lors des troubles de
juin, l'inscription « Liberté, Egalité,
Fraternité qui se trouvait sur la faça-
de de la maison communale de Treille,
dans l'Aude.
Le tribunal correctionnel de Narbon-
ne avait condamné les trois protestatai-
res à vingt-cinq francs d'amende. avec
sursis. La troisième chambre de la Cour
de Montpellier a confirmé hier la déci-
sion des juges de première instance.
LA BANDE THOMAS ET (f
On recherche toujours, mais en vain la
colombe eucharistique
Paris, 17 novembre. On a continué
ce matin la recherche de la colombe eu-
charistique.
M. Huilet, scaphandrier, est descendu
dans le fleuve à huit reprises. Comme
nous émettions des doutes sur la présen-
ce de la colombe au fond du fleuve, M.
Caldras, brigadier de la Sûreté, qui a
joué un rôle important dans cette af-
faire, nous a déclaré
« Je suis certain que la colombe a été
jetée dans la Seine, par Faure, du haut
du Pont des Arts. J'ai suivi l'objet d'art
à la piste et c'est ici certainement qu'il
est venu s'échouer.
« Du reste les déclarations de Faure
n'ont fait qu'ajouter à ma conviction n.
A dix heures, M. Huilet est remonté
du fleuve les mains vides. Il a exploré
la quatrième arche en venant de la rive
gauche. Il explorera cette après-midi la
dernière arche. S'il ne .trouve rien à cet
endroit, les recherches seront abandon-
nées.
Thomas fait des émules
La Rochelle, 17 novembre« La nuit
dernière, des inconnus ont cambriolé
l'église Saint-Maurice. Divers objets
d'art ont été volés.
• Après
Les demandes en révocation
Châlons-sur-Marne, 17 novembre.
Le juge de paix de Chàlons, statuant sur
une demande de revendication introdui-
te par une donatrice de la Fabrique de
Saint-Loup, vient de condamner le sé-
questre à restituer le montant de la
somme léguée par la demanderesse pour
la célébration d'offices.
Le juge dit que le séquestre doit res-
tituer les arrérages échus depuis la sai-
sie, et le condamne aux dépens.
Moulins, 17 novembre. Le tribunal
de Moulins vient d'accueillir plusieurs
demandes en révocation de donation fai-
tes à la Fabrique, en vue de donations
pieuses.
L'Administration a été condamnée à
la restitution des titres et valeurs.
Une église mise en vente par un maire
Dijon, 17 novembre. Voici une in-
formation vraiment extraordinaire M.
Naudin, maire de Bressay-sur-Tille, et
son conseil municipal ont, de leur pro-
pre initiative, vendu leur église. Mise
aux enchères le 27 octobre dernier, elle
a été adjugée, pour être démolie, à MM.
Heurot frères, de Couternon, pour la
,somme de 260 francs.
Les meubles et objets qui la garnis-
saient ont été dispersés et vendus à vil
prix. Un tableau qui y était en dépôt a
été donné de gré à gré pour 100 francs.
La chaire à prêcher et son abat-voix ont
été cédés pour 5 francs à un socialiste,
qui les à revendus 6 francs à un anti-
quaire de Dijon.
Aujourd'hui le tabernacle en pierre
de l'autel est dans le cimetière, exposé à
tous les vents, avec le drap des morts, la
GUILUUME II EN ANGLETERRE
Depuis quelques jours, Guillaume Il est
l'hôte de son oncle, le roi d'Angleterre; l'em-
pereur d'Allemagne n'a jusqu'ici consacré
tout son temps qu'à des réceptions officiel-
les, où les'paroles les plus cordiales ont été
prononcées toosls et discours n'ont fuit
que constater l'exodlence pour le mo-
ment du moins des relations entre l'An-
gleterre et l'Allemagne. Il Il faut, a dit l'em.
pereur, hier, au conseil municipal de Lon-
dres, développer entre nos deux nations les
sentiments d'nmilié qui sont si nécessaires
iL la paix de l'Europe Il.
Terminée la période des recopiions, l'em-
pereur séjournera plusieurs jours au châ-
teaui historique de Windsor.
table de communion et diverses boise-
ries qui n'ont pas trouvé d'acquéreur.
Pendant trois dimanches consécutifs,
le curé a fait connaître les peines spi-
rituelles qui atteignent les vendeurs et
acheteurs de biens d'Eglise..
L'AFFAIRE ULLMO
UUmo éiait-il opiomene 7
Paris, 17 novembre. Le Temps pu-
blie
« Notre correspondant de Toulon nous
télégraphie qu'une enquête discrète a
été menée par la marine sur l'intensité
qu'avait pu atteindre chez Ullmo l'habi-
tude de fumer de l'opium.
« On Assure que cette enquête conclut
que Benjamin Ullmo n'était pas un fu-
meur des plus invétérés, que beaucoup
de ses camarades fumaient beaucoup
plus que lui, et que, d'ailleurs, aux épo-
ques où il fit ses offres à l'Allemagne,
il fumait peu, puisque c'était pendant
des périodes de navigation et de dépla-
cement de la Carabine.
« Or, dans sa cabine, à bord, Ullmo
ne fumait pas.
« Le commandant Mandine ne s'en
aperçut jamais, et il a déclaré que c'est
seulement vers la fin de son commande-
ment qu'on lui apprit que son second
fumait quelquefois de l'opium dans sa
villa ».
Une colline qui marche
Saint-Nazaire-des-Déserts, 17 novem-
bre. Encore une colline qui glisse. M.
Tissot, qui possède une maison de cam-
pagne sur cette colline s'aperçut du dan-
ger le premier. Des secours furent alors
organisés et on put sauver la majeure
partie de la récolte.
Depuis, la maison s'est écroulée il
n'y a eu aucun accident de personne.
La colline glisse toujours et atteint à
présent la rivière la Roanne. On craint
qu'elle ne l'obstrue. Les riverains font
enlever leurs meules de paille et leurs
céréales.
1_NE BELLE FAMILLE
Remirement, 17 novembre. Voici
qui comblera d'aise M. Piot un vingtiè-
me enfant est né dans une famille de
cultivateurs, les époux Amet. La mère
est âgée de quarante ans la famille
compte maintenant treize filles et sept
garçons.
De nouveaux cas de poste
ont été constatés Constantine
Constantine, J7 novembre. Jeudi,
un sergent de la 21" section, revenant de
congé, et qui avait débarqué à Philippe-
ville, tombait malade en arrivant à
Constantine. Peu après un autre soldat
était transporté à l'hôpital militaire
tous deux furent reconnus atteints de la
peste.
On a procédé à la désinfection et à la
dératisation des bâtiments militaires de
la casbah et des locaux municipaux.
Les événements du Maroc
LA DEFAITE DE MOULA Y-HAFID
Tanger, 17 novembre. La rencontre a
eu lieu, sur le territoire des Haïra, entre la
mehulla de Moulay-Uafid et les troupes du
caïd Anflous, auxquelles étaient venus sè
joindre les renforts commandés par Ben-
Ghasi et envoyés par Abd-el-Aziz.
La mehalla de Moutey-Hafid a subi une
défaite complète: Les tentes du campement,
ainsi que quantité d'armes, sont tombées
entre les mains de l'armée chérifienne, qui
coucha sur les positions. La mehalla de
Moulay-Hafid s'est repliée sur Marrakech
laissant sur le terrain un très grand nom-
bre de tués et de blessés.
D'autres nouvelles arrivent, qui sont é-
galement défavorables a la cause du sultan
de Marrakech. On annonce, en effet, que
le cald El-Glaoui, que l'on représentait
comme le promoteur du mouvement révo-
lutionnairc et le plus ferme, soutien do
Moulay-Hafld, sans se détacher encore
complètement de ce dernier, a donné sa
démission de ministre de la guerre. Il se»
rait remplacé dans ces fonctions par son
propre nevea Les partisan» d'Abu-el-Azia
voient là un signe manifeste de la déiagrô*
gation pruchaino du maghzen de Marra»
kech.
En outre, d'après des renseignemenls da
source indigène, les tribus des Chidma et
Ouled-Fridj, contre lesquelles, il ta «oua
de leur refus de reconnaître Moulay-Hafld
et de payer l'impôt, une mehalla," com-
mandée par trois caïds, avait été envoyé*
de Merrakech, auraient infligé un échea
sérieux n cette mehalla, lui tuant quarante
hommes et la poursuivant dans ta direc-
tion de Marrakech, où elle a dû se réfugier.!
Cette victoire remportée, les Chidma et les
Ouled-Fridj ont envoyé des émissaires a0
consul de France il. Mazagan, pour le priai
di'ntervt'tfiir auprès de la cour de ltabal
et d'obtenir d'Abd-el-Aziz qu'il leur envoie
un gouverneur.
Les entrevues continuent
Tanger, 17 novembre. Hier soir M.
Regnault a donné un grand dîner A Rabat
auquel assistait le personnel complet de la
légation de France et d'Allemagne. Les ei»
trevu«s de M. Regnault et Laberia aveQ
Ben Sliman continuent.
De nouveaux légionnaires déserteurs
sont arrivés à Rabat.
A L'ETRANGER
RUSSIE
LA TROISIEME DOUMA
Sainl-Pétersbourg, 17 novembre. Hien
soir, les octobristes et l'extrème-droite on)
élaboré leur projet définilif d'un bloc peiv
nuançât parlementaire, constitué sur leg-
bases suivantes La droite reconnaît Sa
Douma comme Lrkstitutlon non S6u>?menll
consu!tative, mais aussi législative. Les oo-
tobrisLrs renoncent à soulever au ParlemenJ
ta quelion de l'égalité des droits des ju.fa,
AVTHICHE
CONFLIT ENTRE LES ETUDIANTS
ALLEMANDS ET SLAVES
Vienne, 17 novembre. Un conJli:. ~an-
tant a éc!até entre éludiants allemands et
étudiants slaves.
Les étudiants slaves au coure d'une ma-,
nifestntion pour l'installation de Fn<™itéa
slaves, jetèrent des pfen-cs ;ruis éludrantg-,
allemands et trois étudiants staves furent'
blessés scrioiifemunt
Sur un étudiant slave on a trouvé uni
couteau tout ouvert celui-ci put se rt-fiigiei'j
clans un café slave devant l'Université les]
étudiants albmands voulurent s'eru prirpari
rer, mais furent repolisses par la garde a-
cheval. 1
ELECTROCUTE I y
Vienne, 17 novembre. Un peintre pMt-i
trier, Eugène Exbrayat, âgé de 45 ans, oo»!
cupé à peindre le sommet d'un pylône m fefl,
supportai les gros fils de la Société ré#0-'
naV d'éi.x'trioilé, est enlré en contact aved
ceux-ci. Le malheureux fut sur
to coup et le corps, après être resté sit»(>en-
du un instant aux fils, s'est abattu ^ur kl
sol, les vêtements en Ruinmes.
AUX COLONIES
Le chemin de fer de Conakry au >i^er
Nous a\or>3 annoncé réccitHik.'iit que te
ministère ns colonies avait adopté le pro»
jet définitif des dernières sections du eh*«
min de fer de Conakry au Niger.
Le projet sur lequel le comité de travaux
publics a eu à se prononcer comportait des
études relatives à la deuxième moitié du
chemin de fer de Conakry au Niger, études
ducs à la mission du capitaine dit nirtia
Beaurepaire, qui comprenait huit officiera
et quatorze hommes de troupe. Les travaux
de cette mission ont duré de 19WJ à 1907
sans interruption lueinn pendant l'hiver
nage. Grâce aux efforts et il l'habile (iireo
tion de cette mission, la Longueur Or lai
deuxième moitié du chemin de fer. qui
était de 3:Jt kilomètres ii'ai[»rès ruvunt-|>i-oiel
de NI. Salesses, en 1899, a été rc.lui.'e ;1 289
kilomèti'es,*soit un bénéfice iW -ki k!n mè-
tres, représentant envirun qual.re milliiinsi..
Les protils des rampes et des courba ont
été également très améliorés. Ces n'su. tata
sont il est vrai, en partie à l'ubtiiuton
du marché de Banko, qui avait été .-oi^'dérô
en 1899 comme un po;n.l qu'il fallait «'e-tseï;
vir ce marché a aujourd'hui disparu.
Le comité a adressé :es félicitations à la
mission Boaiirepaire pour son beau Irnva'l.
Il est prokible qu'elle va recevoir !a mclail»
le coloniale, à titre de récompense.
Le travail commencerais, d'après les pr4-
visions, vers le le? janvier 1908, et 'om*
porterait deua chantiers le premier parti-
rait du col de Konmi au kilomètre 301, et
Fei-iixeton DE L'Ovesl-Eclair 44
La Mendiante
de Saint-Sulpice
Par UVIER DE MONTEPIN
SECONDE PARTIE
Soeurs jumelles
XLV
Vous devez, dans le plus bref délai,
faire remettre à la .mairie du onzième ar-
rondissement le bonnet et la chemise de
cette petite fille, et la couverture qfii l'en-
veloppe, ces objets étant décrits sur le pro-
cbs-verbal qui sera remis à l'Assistance
publique, en même temps que la notifica-
tion du dépôt lait entre vas mains.
Je sais que cela doit se faire, mon-
sieur, et je me coaformerai très exacte-
ment à vos recommandations.
Voulez-vous me donner un reçu de
cet enfant ? (
Mais bien sûr, que je le veux.
'Françoise appela sa mère.
Maman, lui dit-elle donne moi,
s'il te pldt, une feuille de papier, l'encrier
et la plume.
La vielle femme s'empressa d'apporter
sur une table les objets demandes.
A quel nom dois je faire le reçu?
reprit la veuve Leroui:.
-Au nom de Jules Servaize.
Françoise prit la plume et d'une écriiure
fort correcte traça les lignes suivantes
« Reçu de monsieur Jules Servaize une
peute fille paraissant âgée de trois jours et
déposée entre mes mains, sous le nom de
ROSE, par ordre du maire du onzième
arrondissement, au nom de l'Assistance
publique.
tt Saint Maur-les Fossés,le 28 mai 1861»
Elle sigtia, et elle tendit le papier à l'ex-
capitaine des fédérés, en disant
Voilà, monsieur.
C'est parfaitement ça, madame.
répondit il.
Il plia le papier en quatre avec le plus
grand soin et le glissa dans la poche de
son veston.
Le complice de Gilbert Roi lin n'avait
plus rien à faire dans la maison de la
nourrice.
Eo conséquence, il prit congé de la brave
femme et regagna la route de la Varenne
sur laquelle se greffe, au delà du Parc-
Saint Maur, celle de Champigny.
Les derniers événements de Paris étaient
déjà connus partout.
L'armée de Versailles étant victorieuse
et l'infûrac Commune étranglée, Duplat
rené ntrait à chaque pa: des gens qui
avaient cherché un refuge dans les vil-
lages des environs de Paris, et qui mainte-
naut se hâtaient de regagner la capitale.
Avant la guerre on avait fait sauter le
pont de Champigny, et naturellement il
n'état pas encore reconstruit.
Le fugitif fut donc obligé de traverser la
Marne daus le bateau du passeur pour se
renire au domicile de la blanchisseuse
qu'à Champigny on appelait volontiers
La Belle Palmyre n.
Palmyre était une grande fille indiscuta-
blement jolie et reconnue comme telle,
mais la déplorable légéreté de sa conduite
jouissait d'upe réputation au moins égale
celle de sa beauté.
A Champiguy, qu'elle habitait depuis
cinq ans et où elle occupait l'emploi de
repasseuse chez la pfus forte blanchisseuse
du pays, elle avait eu, comme bien on
pense, des adorateurs en grand nombre,
et, pas un seul d'entre eux ne se plaignait
de ses rigueurs.
La vraie « Frétillon de Béranget
Seulement, ce que la chronique -scanda-
lauee ne disait pas, et ce que nous pen-
vont affirmer, c est qu'au fond de son
cœur ouvert à peu près à tout venaut, elle
gardait malgré tout le aoureuir très vivant
et très tendre de son premier amour,'Ser-
vais Duplat.
Ils s'étaient connus à Paris, six années
auparavant, et depuis cette époque, même
après l'instal!atton de Palmyre à Cham-
pigny, i s n'avaient jamais cessé de se réu-
nir de temps en temps.
Palmyre n'ignorait pas que Servais fai-
sait partie des bataillons de la Commune.
L ayant revu après le 18 mars, elle avait
voulu le dissuader de prendre part à l'in-
surrection, mais elle n était point venue à
bout de le convaincre qu'il courait folle-
ment à des dangers certains.
Douée d'un bon gros sens, elle compre-
nait à merveille que le but poursuivi par
les communards était un rêve idiot, un
odieux cauchemar qui devait aboutir à un
réveil sanglant.
Elle ne parlait d'ailleurs jamais de Ser-
vais, et si elle en eut parlé elle aurait ca-
ché avec soin qu'il jouait un rôle dans
l'armée des fédérés.
Si on l'avait vu quelquefois en sa com-
pagnie, les dimanches, à Champigny, on
s'était d'autant moins occupé de lui que
Palmyre changeait plus souvent de cava-
lier..
C'est donc à peine si on connaissait Du-
plai dans le pays.
Quand les deux «maat» voulaient se
voir c'est surtout à Paris qu'ils se rencon-
traient.
Pendant le siège, Palmyre s'était réfu-
giée dans la capitale avec sa patronne qui
l'aimait beaucoup malgré sa légèreté, et
qui tenait prodigieusement à elle pour les
services qu'elle lui rendait comme ouvriè-
re d'une merveilleuse habileté.
Après la signature de l'armistice, elle
avait, ainsi que sa patronne, regagné
Champigny et repris son train de vie ha-
bituel, le fer en main toute la semaine et
flirtant le dimanche avec des garçons du
pays et des petits camarades d'alelier com-
plètement dépourvus de préjugés comme
elle.
Pendant les mois de la Commune Ser-
vais lui avait écrit une seule fois, et dans
cette lettre arrivée à la destinataire après
plusieurs jours de retard, il ne parlait
point d'une visite prochaine, mais, depuis
que les troupes de Versatiles étaient en-
trées dans Paris, Palmyre se disiit sou-
vent
S'il n'est ni fusillé ni arrêté, je le
reverrai bientôt.
til elle ajoutait en forme d'oraison funè-
bre anticipée
S'i! était tusillé, ce serait dommage
tout de même et je le regretterais, car je
l'aime bien, ce mongtre là, mais il leurrais
se vanter que c'est rudement sa faute ?..
je lui avait assez dit et répété de ne pas se
fourrier là-dedans
La jeune repasseuse demeurrit rue Bre-
tigny.
Elle occupait une vieille maisonnette de'
paysan n'ayant qu'un rez de-chaussée
composé de trois petites piéces, et d'un
grenier auquel on accédait par une échelle
de meunier scellée dans le mur à l'exté>
rieur.
Ajoutez a cela une toute petite cour et
quarante mètres de jardin, le tout clos par
une haie entourée elle-méme dune palis-
sade en bois au m lieu de laquelle se trou-
vait une porte pleine, solide, encastrée
dans des piliers de briques.
Tel était, dans son ensemble modeste, le
logis port nt le no 19 de la rue ou plutôt
de la ruelle Bretigny.
Cette ruelle, greffée sur la rue de Paris,,
conduisait à des champs cultivés bordant'
la Marue
Du côté des numéros impairs toutes loi
constructions étaient peu de chose preflrt
pareilles celle habitée par Palmyre. I
Du côté des numéros pairs il n'y avait
qu'une seule maison, et un mur de clôtura
de trois mètres de hauteur fermant le jar-
din d'une villa et bordant la ruelle
toute sa longueur.
Le dimanche, Palmyre travaillait jtf»
qu'à midi etaei sa patronne. a
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