Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-05-30
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mai 1912 30 mai 1912
Description : 1912/05/30 (A13,N59). 1912/05/30 (A13,N59).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6360551m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
TREIZIEME ANNEE. N° M. --._ ----- --- LE NUMERO : FRANCE ET COLONIES : 15 centimes. - JEUDI 50 MAI 1912.
.: .- .:
Lès Annales Coloniales
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JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
DIRECTEURS : Marcel RUEDEL et L.-O. THÊBAULT
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
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Les Annales Coloniales ne publient que des articles inédits
LEe MANUSCRITS NON INSERES NE SONT PAS RENDUS
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COLLABORATION POLITIQUE
Victor AUGAGNEUR. député du Rhône, ancien ministre, ancien gouverneur général de Madagascar ;
HENRt AURIOL. député de la Haute-Garonne J - :¡;-#"ÊBERTHOD. député du Jura »
FÉLIX CHAUTEMPS, député de ta Sauoie, délégué1 ae «a Gùinée'au Conseil superteur des Colonies
HENRI COSNIER, député de l'Indre; LUCIEN CORNET, sénateur de l'Yonne 1
ALBERT DALIMIER, député de la Seine-et-Oise. délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies;
JEAN JAVAL. déouté de ''Yonne t LÉON MALAVIALLE, député de l'Aude 1 ALBERT METIN, député du Doubs;
EDOUAkl- NERON, député de la Haute-Lcite, CAMILLE PICARD député des Vosges;
Louis PUECH, député de Paris ancien ministre, vice-président de la Chambre;
JOSEPH PYTHON, député du Puy-de-Dtme;
MAURICE VIOLLETTE, député de l'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des Colonies.
aOP.p..1:.i3PONDA.:NTB PARTICULIERS DANS TOUTES LES COLONIES
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IMPOSSIBLE
Tout le monde sait que M. Picanon
s'est rendu absolument impossible en
Indochine et que dans ces dernières an-
nées il a été comme directeur des doua-
nes tellement intérieur à sa lâche que
M. Sarraut a dû se priver de ses ser-
vices qui n'étaient pas d'ailleurs abso-
lument gratuits. Il coûtait en effet fort
cher, M. Picanon, grâce aux indemni-
tés qu'il savait cumuler avec une su-
prême éiégance.
Je m'empresse d ajouter que ce n'est
pas à lui que je reproche les émolu-
ments formidables qu'il prélevait à di-
vers titres et par suite d'écritures très
régulières sur le budget de la colonie.
Les responsables, ce sont les gouver-
neurs qui acceptaient et le ministère
qui laissait faire. Mais là n'est pas la
question.
M. Picanon se trouve aujourd'hui
haut le pied. Il ne remplit pas, parait-il,
les conditions de la retraite, que faire
de M. Picanon ? Et l'administration
centrale de pâlir sur ce problème plus
compliqué que celui de la quadrature
du cercle.
- -
J entends qu à première vue ia ques-
tion est bien simple. M. Picanon de-
puis 14 ans n'est-il pas gouverneur ?
Alors qu'on le nomme gouverneur quel-
que part. Aucune difficulté.
Oui, mais il y a quelques mois un
très savant décret est venu déterminer
les conditions dans lesquelles on pour-
rait être nommé gouverneur. Ce décret
a été rédigé de telle sorte qu'il fermait
Lut p i - jorte à M. Picanon au-
if ov- • dû penser tout de même
¡;L.1"'l- \.v n'est pas d'aujourd'hui
qu'on peut se rendre compte que les
douanes et régies de l'Indochine de-
mandent à changer de directeur.
Seulement on ne l'a pas fait. Oubli.
peut-être car le ministère nous a habi-
tués à une sorte d'imprévoyance chro-
nique contre laquelle les ministres tes
mieux intentionnés ne peuvent rien.
Calcul. peut-être aussi, car le minis-
tère nous a habitués à des décrets dont
presque tous comportent des dessous
des plus attristants. Jusque dans ces
derniers temps on pouvait poser en ef-
fet en principe que tout nouveau décret
concernant le personnel, c'était un fa-
vori à faire avancer contre tout droit.
C'est d'ailleurs pour cela qu'on s'em-
pressait de modifier le droit. Donc
qu'on ait voulu évincer d'un gouverne-
ment, un candidat possible et presque
fatal puisqu'il faut en faire quelque
chose à tout prix rien dans cette hy-
pothèse que de très vraisemblable
aussi.
Quoi qu'il en soit des causes inspira-
trices du fameux décret, le ministère le
produit les larmes aux yeux et comme
les gosses paresseux qui se sont attar-
dés à la dernière minute pour penser
à faire leurs devoirs : « Je ne veux pas,
moi, na, puisqu'il y a un décret. »
Seulement, il paraît que pour le mi-
nistère il y a décret et décret. Celui
sur les gouverneurs est sacro-saint,
pour les futurs gouverneurs du cabinet
qui d'ailleurs feront, je crois, beau-
coup mieux que les ancien-. Mais il ne
faut pas croire que tou:, les décrets
aient la même vertu et j'en sais qu'on
traite par dessous la jambe et notam-
ment celui qui organise l'inspection des
colonies. C'est bien naturel puisqu'il
n'y a pas de candidats à l'inspection des
colonies attachés au laboratoire où l'on
prépare décrets et circulaires.
Que faire de M. Picanon ? Ah ! mais
dans sa prime jeunesse, n'a-t-il pas été
inspecteur des colonies. Pardon, il y a
un décret, ce n'est pas possible. Un dé-
cret ? Vous voulez rire, un décret, la
bonne plaisanterie. On va le chambar-
der le décret.
Et ainsi le ministère se meten devoir
de préparer un décret qui va réduire a
une unité le nombre des inspecteurs gé-
néraux de seconde classe, ce qui per-
mettra d'élever il trois le nombre des
inspecteurs généraux de première clas-
se et ainsi sans que le ministre des fi-
nances puisse faire d'opposition, le
gouverneur Picanon va devenir inspec-
teur général des colonies pour cinq
ans. Après, on verra.
Cependant, on s'est bien aperçu au
ministère que ce serait une singulière
idée que de confier une mission d'ins-
pecteur général à quelqu'un qu'on est
obligé de relever de ses fonctions et
qu'on voudrait mettre à la retraite. On
s'est bien rendu compte qu'il manque-
rait un peu d'autorité et de prestige au-
près des fonctionnaires qu'il inspecte-
rait et des gouverneurs eux-mêmes.
Alors comme on a réponse à tout, il
était convenu qu'on le nommerait ins-
pecteur général de première classe,
mais qu'il n'inspecterait rien du tout.
Je vois le lecteur qui bondit-et qui
proteste en me signifiant qu'il n'est pas
possible de concevoir un fonctionnaire
qui ne fasse rien. Mais je lui fais ob-
server qu'il n'est pas du tout dans la
pensée du ministère de faire de l'inté-
ressé un lonctionnairc qui ne lasse
rien. 11 est bien entendu qu'on ne l'en-
verra pas inspecter, mais on trouvera
tout de même à l'occuper car ce direc-
lour des douanes impossible, devenu
un inspecteur général impossible, on
va en faire tout simplement le « direc-
teur du service de l'inspection ». Par-
faitement, saluez.
Mais l'attention du ministre est atti-
rée désormais sur la question, et je ne
doute pas que M. Lebrun avec son sens
des mathématiques posera ainsi le pro-
blème :
1° M. Picanon a quitté l'inspection il
y a 14 ans. Il est gouverneur.
2° Un décret ne peut jamais porter
atteinte aux droits acquis.
30 Au moment du décret sur les gou-
verneurs, M. Picanon avait droit acquis
au cas de disgrâce à rentrer dans le
corps.
Le décret sur les gouverneurs est
donc parfait. Il y manque seulement
une disposition transitoire réglant la
situation de ceux qu'on a eu le tort
d'oublier. Je donne ordre qu'on me
prépare un décret réparant l'omission
et règlant le régime transitoire.
C. 0. F. D.
Comme l'on dit au Palais, ce sera
justice.
Maurice MOLLETTE.
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du Budget des Colonies
LA GRANDE PENSÉE DU RÈGNE
Les héroïques exploits de M. Xavier
Guichard empêchent de dormir M. Al-
bert Picquié et son innombrable person-
nel de police.
Mais on ne trouve pas tous les jours
même et surtout à Tananarive des Bon-
not, des Du bois, des Garnier et des Va-
let à assiéger avec des mitrailleuses, des
canons de 305 et à la dynamite.
M. le Gouverneur général s'en console
en consacrant le meilleur de son temps
et de ses pensers à son La Reynie et à
ses sous-ordres. Le Journal Officiel de
la colonie est plein de ses attentions dé-
licates : à ses vaillants gardes des cors,
il n'est pas de faveur qu'il ne leur
octroie : celui-ci reçoit un congé de con-
valescence à solde entière d'Europe, ce-
ltii-là va prendre pendant un an un re-
pos bien gagné à Saint-Denis de la Réu-
nion et faire une cure aux eaux de Sa-
lazie; par contre, tel autre, pour n'être
pas assez mouche probablement, est dé-
missionné.
Enfin, comme couronnement de
l'œuvre, M. Picquié a autorisé la for-
mation à Tananarive de la Société dite
amicale mutuelle de la police de Mada-
gascar.
C'est son petit dernier du 13 avril
passé. C'est, à coup sûr, la grande idée
du règne. Il n'est pas douteux qu'il a
accepté d'enthousiasme la présidence
d'honneur de cette association.
A l'instar de M. G. Clemenceau jadis
à Paris, M. Albert Picquié veut être
Tananarive le premier des flics. ou la
dernière des vaches, comme disent ses
thuriféraires.
TOUJOURS LE LIBERIA
Le gouvernement devrait bien hâter
la délimitation de nos frontières avec le
Liberia, et ne pas trop dégarnir nos
postes de la Haute-Guinée au profit du
Maroc. En effet, si les incidents violents
sont actuellement terminés, il semble
toutefois que ce calme ne soit pas défi-
nitif et qu'il constitue simplement une
trêve, indispensable à nos adversaires
pour leur permettre de se refaire.
C'est du moins ce qui résulte des ren-
seignements que je reçois, non seule-
ment de la Haute-Guinée, mais aussi de
la Côte-d'Ivoire. Mes correspondants
continuent à ne pas croire à la sincérité
des Libériens et à douter de la pacifica-
tion des populations Guerzés et Tomas.
Ils redoutent également un mouvement
musulman qui, très nettement, ;-e des-
sine à leurs yeux sur certains points.
On m'écrit de la Côte-d'Ivoire, le
23 avril : « En ce qui concerne la t'ron-
« tière du Liberia, les troubles conti-
« nuent et l'insurrection gagne du ter-
« rain, les rehelles étant sûrs de l'im-
« punité. » .« Le pays est très agité. »
De la Guinée, en date du 15 avril :
« .On attend avec impatience la déli-
- - - -
« mitation avec le Liberia. J ai de tor-
« les appréhensions du côté des musul-
« mans qui travaillent sourdement
« toutes nos populations. mais si le
« mouvement éclafe, CE SERA TERRIBLE,
« car il sera général. ),
De la Guinée, en date du 30 avril :
« Je persiste à penser que les négocia-
« lions actuellement engagées sont un
« piège, qu'elles ont tout simplement
« pour but de gagner du temps, afin de
« permettre à Loomax et à Bernard
« d'organiser une nouvelle insurrection
« plus grave que la première (ils y tra-
« vaillent, d'ailleurs, activement). Aus-
« sitôt l'hivernage passé et les récoltes
« ramassées, j'ai bien peur que nous
a avions de nouveau les buerzes et les
u Tomas sur les bras.Ceci ne se
« produira, sans doute, qu'en uclo-
« bre. »
Devant cette situation précaire et
dangereuse, les commerçants sont dans
l'obligation de renoncer à leurs opé-
rations. Ils voient s'accroître ainsi cha-
que jour le préjudice qu'ils ont déjà
subi lors du pillage de leurs comptoirs.
Ils redoutent de n'être pas indemnités
pour le passé, et ils ignorent quel ave-
nir leur est réservé.
Cependant, il doit être possible de
prévenir des événements dont on peut
si facilement analyser la marche. Si
nos fonctionnaires et nos commerçants
sont à même de constater les prodro-
mes de rébellions nouvelles dues à
l'excitation de nos sujets par l'effet
combiné des Liberiens et des musul-
mans, il faut prendre dès maintenant
les précautions nécessaires à enrayer
ce mouvement.
IV- d'abord, il y a lieu de solution-
ner sans retard l'irritante question de
délimitation avec le Liberia. Ensuite, il
faut maintenir en liaule-Guinée des
forces suffisantes pour protéger la vie
et les biens des blancs et des indigènes
fidèles. Toutefois il est indispensable
que les militaires prennent une exacte
conscience de leur devoir. Ils ne sont
pas là pour provoquer les faits de
guerre, mais pour imposer l'ordre pai-
sible par la seule présence de leurs ar-
mes.
Certains de nos officiers ont cette
conception saine de leur rôle et ils ont
grand mente a le remplir, car nous
assistons à ce spectacle pénible que
seuls sont récompensés par les croix et
les grades, les officiers qui ont eu des
affaires. Ils sont donc conduits le plus
souvent à rechercher les aventures,
même au détriment de l'œuvre civilisa-
trice et commerciale de la France. Au
contraire, les officiers courageux et
probes qui maintiennent la paix autour
d'eux, et donnent le pas, dans leurs
préoccupations, au développement éco-
nomique de la région qu'ils gardent sur
leur légitime souci de carrière person-
nelle, sont laissés dans l'oubli où leur
avancement s'enlize sans honneurs.
Mais ce n'est pas le moment de traiter 1
ici cette question. Je tenais tout -impie- Il
ment à mettre en lumière que si des lll- 1
cidents graves se renouvellent sur lai
frontière libérienne, personne n'aura le
Ù d,
droit d'être surpris, puisque tout let
monde est averti.
Félix CHALTLMPS,
Député de ta Suuoie, délégué
de la Quittée, au Conseil su-
périeur de s colonies.
- - -
Méotianoeté ou Démence
1.
Ancien député, ancien gouverneur, 11
n'est plus rattaché au monde colonial vi-
vant que par un vague journal où il
épanche hebdomadairement cha ----le
contre l'admi-
nistration co-
loniale en gé-
néral et les
électeurs de
l'Inde en par-
ticulier. De-
puis qu'il
n'est plus gouverneur, le gouvernement
françhais n'est plus dignement représen-
té dans la France d'outre-mer; depuis
qu'il n'est plus député, la représentation
coloniale est discréditée et il n'est pas
éloigné d'en demander la chupprechion.
Honneur, dignité, probité, vertu sur-
tout, notre homme a tout emporté uans
sa retraite, où, collectionnant les racon-
tars les plus absurdes et les plus infâmes,
il s'imagine faire de la politique colo-
niale.
Comme le buffle qui fonce tête baissée
dès qu'il voit une branche s'agiter dans
la plaine, il vitupère à propos des choses
les plus insignifiantes qui prennent à ses
yeux de candidat battu et inconsolable
- des proportions de désastre national.
La dernière promotion de palmes a été
pour lui l'occasion d'un accès de l'épi-
leptiquc vertu dont il est affligé. Pen-
sez donc ! Le ministre a omis de lui de-
mander son avis, et un conseiller géné-
ral qui n'est pas classé dans les partisans
de l'ancien député a obtenu les palmes
académiques, « Que fait donc le mi-
nistre ? C'est une crise de régime »,
écrit-il sans rire à ce propos dans une
de ses dernières élucubrations.
Non ce n'est pas une crise; c'est,
comme je viens de le dire, un simple
accès, car si quelques-uns tiennent notre
ancien gouverneur pour méchant, beau-
coup le considèrent comme un maniaque
inoffensif,
J'ai, pour ma part, de bonnes raisons
pour me ranger à l'avis de ces derniers.
Un de ses grands électeurs de Pondiché-
ry à qui, la veille des élections législa-
tives de 1910, je faisais entrevoir djs.
crètement la possibilité d'un éch ec pour
l'ancien gouverneur, me répondit :
a C'est impossible; d'ailleurs, je le con-
nais, il en mourrait ou il en perdrait la
raison. a
L'ancien gouverneur ne fut pas réélu,
mais il n'en est pas mort.
Xavier de Y1LLENOUR.
La Police est en défaut
Un fonctionnaire de la Préfecture, qui
dépose, presque hebdornadnirement, le
long des colonnes d'une feuille inexistante,
ses rancœurs et sa bile, prétend fausse,
l'interview donnée à notre correspondant
de Diégo-Suarez, par M. Morlage.
Nous sommet heureux d'affirmer que les
propos tenus par l'ancien Président de la
Chambre de Diégo-Suarez à notre rédac-
teur ont été conlirmés par plusieurs let-
tres signées de M. Mariage, et adressées à
quelques-uns de ses amis personnels de la
Métropole.
Le petit fonctionnaire qui a écrit ces élu-
cubrations, n'est certainement pas de ce
nombre.
Nous ne nous amuserons pliig désormais
à démentir les extravagantes divagations de
ce Minus Habens,
L'incident est clos.
L'EXPORTATION
DU BÉTAIL CAMBODGIEN
Le Cambodge est un pays d'élevage
et la question de l'exportation des
bœufs est une de celles qui l'intéressent
le plus particulièrement.
Aussi bien ai-je jugé indispensable
d'attirer ici l'attention du public métro-
politain sur un trafic si important pour
la prospérité du Cambodge.
L'exportation du bétail cambodgien a
destination des colonies avoisinanles
prend chaque jour une ampleur de
plus en plus imposante, et les lles Phi-
lippines, en particulier, en absorbent
des quantités considérables.
Le gouvernement américain a régle-
menté dernièrement l'importation dudit
bétail à Manille, et comme les mesures
qu'il a prises à ce sujet intéressent tous
les éleveurs indochinois, je vais, en pas-
sant, les énumérer succinctement.
On avait craint un moment que l'ac-
cès des marchés philippins ne fût inter-
dit aux bœufs et aux buffles provenant
du Cambodge, de l'Annam et de la
Chine, les autorités américaines ayant
dû prendre des mesures prohibitives
par suite de l'introduction dans les îles
de bétail chinois contaminé.
Il n'en a rien été, fort heureusement
pour le commerce local, et le gouver-
nement philippin s'est borné à imposer
aux animaux importés un examen des
plus sévères. Tous les bœufs qui en-
trent aux Philippines, provenant de
pays où des maladies épizootiques sont
reconnues exister, et pour lesquels lp,
voyage jusqu'à l'Archipel a duré moins
de dix jours doivent être soumis à une
quarantaine de dix jours complémen-
taires, à dater du jour du débarque-
ment.
Jusqu'au moment où la direction de
l' agriculture de Manille a pu organi-
ser des parcs de quarantaine et des éta-
bles pour recevoir les animaux pendant
la période de surveillance, ces derniers
ont été abrités dans des parcs provi-
soires dont leurs propriétaires devaient
k,., pourvoir.
Rien, toutefois, n oblige le directeur
de l'Agriculture à déclarer libres les
animaux, à l'expiration de la quaran
taine, s'il estime qu'en autorisant leur
embarquement il y a danger de propa-
",' -
ger Upizootie en d autres points du |
territoire.
En se basant sur ce fait que, l'an
dernier, tous les chargements de bé-
tail à destination des Philippines pro-
venant de Chine, et spécialement du
port de Hongkong, étaient atteints de
maladies contagieuses, les Américains
ont décidé que le permis de débarquer
ne serait plus octroyé à l'avenir pour
les chargements provenant de ports
étrangers reconnus contaminés, ainsi
pour toutes matières qui pourraient
servir de véhicules à la contagion.
Les ports de Manille, Ilo-Ilo et Cebu
ont été déclarés infectés d'épizootie et
fermés provisoirement à l'importation
du bétail.
Le directeur de l'Agriculture a, en
outre, établi dans chaque port des Phi-
lippines un service d'inspection vétéri-
., 1 --------A_!&
naire aussi elenau que le comporum
l'importance des arrivages de bestiaux.
Sont exceptionnellement exempts de
quarantaine les animaux qui ont été
immunisés contre la peste bovine d'une
façon permanente et ceux qui, ayant eu
cette maladie, eu sont guéris, à condi-
tion d'être accompagnés d'un certificat
du directeur de l'Agriculture ; certificat
dans lequel les numéros et marques au
feu seront énumérés de telle manière
que chaque animal puisse être identifié
individuellement.
Les animaux importés de pays où il
n'existait pas de maladie contagieuse
au moment de l'embarquement et qui,
étant - à - - bord - - depuis plus de dix jours,
sont reconnus exempts de maladies
peuvent, sans loucher terre, être trans-
bordés, et transportés en un point quel-
conque des îles.
Les animaux importés de pays in-
demnes de maladies contagieuses qui
arrivent dans un port infecté, s'ils sont
reconnus sains, peuvent également être
dirigés sans toucher terre sur tel au-
tre port philippin.
Cette nouvelle réglementation, très
sage et très modérée comme on le voit,
a été adressée pour le Résident supé-
rieur du Cambodge à tous les éleveurs
du pays, afin de leur éviter à l'avenir
des surprises désagréables.
Etant donné l'énorme développement
qu'a pris depuis quelques années le
commerce d'exportation des bœufs du
Cambodge, j'ai tenu à signaler les me-
sures de protection qu'avaient cru de-
voir prendre ses meilleurs clients, les
Américains des Iles Philippines, con-
tre le danger toujours possible de con-
tamination.
Nos éleveurs cambodgiens en ont,
d'ailleurs, allègrement pris leur parti,
- - -------- -. - -.
et le tralic du bétail a pris dans le pays
de telles proportions qu'on a 'dû, à cer-
tains moments, restreindre d'autorité
l'exode des bœufs vers Manille.
Du train dont allaient les choses, et
malgré l'accroissement régulier des
troupeaux, les Américains auraient
épuisé en quelques années nos magni-
fiques réserves de bétail cambodgien.
Joseph PYTHON,
député du Puy-de-Dôme.
ronnp o
L'Mairs rtjin Tananarin
Les derniers journaux venus de Mada-
gascar approuvent, avec un ensemble tou-
chant, l'énergique protestation que la
Chambre d'Agriculture a adressée à M. le
Ministre des colonies contre l'incroyable
« torpeur » d'une administration qui n'a
réalisé iusqu'à ce four aucune des mirifi-
que promesses prodiguées par M. Pic-
quié au cours des tapageuses promenades
qu'on lui a fait accomplir à travers les
provinces de l'Ile.
Il serait iniuste de ne pas reconnaître
que les colons ont poussé la patience jus-
qu'à ses dernières limites et, si nous les
voyons il l'heure actuelle manifester une
vive agitation, c'est que, la réflexion ayant
repris son droit, ils sont profondément las
d'un régime à la fois capricieux et inerte.
Entre le gouverneur général et ses ad-
ministrés, visiblement un abîme se creuse
chaque jour plus profond. Il parait donc
essentiellement urgent de remédier à un
état de choses qui, en se prolongeant plus
longtemps, mettrait M. Picquié dans l'im-
possibilité de conserver ù la fois son poste
et sa dignité.
Certes, le four où il débarqua sur la
terre malgache, l'ancien inspecteur géné-
ral au Ministère des C oloniea y fut reçu,
sans distinction de parti, comme un génie
tutélaire. Les populations s'étaient laissé
facilement séduire par des circonstances
accessoires : sa longue carrière adminis-
ttatiuc, son grand âge, sa bonhomie ap-
parente l'entouraient d'une espèce d'au-
réole. Fonctionnaires et colons mirent à
ses pieds tout ce qu'ils avaient d'obéissan-
ce et de dévouement. On était depuis trop
de mois engourdi au contact cf une admi-
nistration intérimaire, pour ne pas se sen-
tir revivre sous l'impulsion d'un nouveau
mailre ; on aimait à se figurer que M. Pic-
quié serait un administrateur et un politi-
que vraiment libéral. Que d'illusions sui-
vies de rapides et amères déceptions !
M. Picquié sembla d'abord prendre à
tâche de détruire la douce illusion qu'on
afJait de son esprit de justice et de la pon-
dération de son caracfère. Son premier
acte fllt de se livrer, avec une rare incon-
tinence de langage, à des critiques iésuiti
ques contre son prédécesseur ; puis, dans
des parlotes, il se plut à bafouer impi-
toyablement les hommes de valeur aux-
quels M. Augagneur avait donné les plus
hauts témoignages d'estime et de considé-
ration.
C'étaient là, on en conviendra, de bien
défavorables auspices. Aussi, on put voir,
sans tarder, des convoitises s'allumer
1 parmi ceux auxquels le gouverneur prê-
| cédent n'avait pas été d'une bienveillance
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HENRI COSNIER, député de l'Indre; LUCIEN CORNET, sénateur de l'Yonne 1
ALBERT DALIMIER, député de la Seine-et-Oise. délégué du Dahomey au Conseil supérieur des Colonies;
JEAN JAVAL. déouté de ''Yonne t LÉON MALAVIALLE, député de l'Aude 1 ALBERT METIN, député du Doubs;
EDOUAkl- NERON, député de la Haute-Lcite, CAMILLE PICARD député des Vosges;
Louis PUECH, député de Paris ancien ministre, vice-président de la Chambre;
JOSEPH PYTHON, député du Puy-de-Dtme;
MAURICE VIOLLETTE, député de l'Eure-et-Loir, rapporteur du Budget des Colonies.
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IMPOSSIBLE
Tout le monde sait que M. Picanon
s'est rendu absolument impossible en
Indochine et que dans ces dernières an-
nées il a été comme directeur des doua-
nes tellement intérieur à sa lâche que
M. Sarraut a dû se priver de ses ser-
vices qui n'étaient pas d'ailleurs abso-
lument gratuits. Il coûtait en effet fort
cher, M. Picanon, grâce aux indemni-
tés qu'il savait cumuler avec une su-
prême éiégance.
Je m'empresse d ajouter que ce n'est
pas à lui que je reproche les émolu-
ments formidables qu'il prélevait à di-
vers titres et par suite d'écritures très
régulières sur le budget de la colonie.
Les responsables, ce sont les gouver-
neurs qui acceptaient et le ministère
qui laissait faire. Mais là n'est pas la
question.
M. Picanon se trouve aujourd'hui
haut le pied. Il ne remplit pas, parait-il,
les conditions de la retraite, que faire
de M. Picanon ? Et l'administration
centrale de pâlir sur ce problème plus
compliqué que celui de la quadrature
du cercle.
- -
J entends qu à première vue ia ques-
tion est bien simple. M. Picanon de-
puis 14 ans n'est-il pas gouverneur ?
Alors qu'on le nomme gouverneur quel-
que part. Aucune difficulté.
Oui, mais il y a quelques mois un
très savant décret est venu déterminer
les conditions dans lesquelles on pour-
rait être nommé gouverneur. Ce décret
a été rédigé de telle sorte qu'il fermait
Lut p i - jorte à M. Picanon au-
if ov- • dû penser tout de même
¡;L.1"'l- \.v n'est pas d'aujourd'hui
qu'on peut se rendre compte que les
douanes et régies de l'Indochine de-
mandent à changer de directeur.
Seulement on ne l'a pas fait. Oubli.
peut-être car le ministère nous a habi-
tués à une sorte d'imprévoyance chro-
nique contre laquelle les ministres tes
mieux intentionnés ne peuvent rien.
Calcul. peut-être aussi, car le minis-
tère nous a habitués à des décrets dont
presque tous comportent des dessous
des plus attristants. Jusque dans ces
derniers temps on pouvait poser en ef-
fet en principe que tout nouveau décret
concernant le personnel, c'était un fa-
vori à faire avancer contre tout droit.
C'est d'ailleurs pour cela qu'on s'em-
pressait de modifier le droit. Donc
qu'on ait voulu évincer d'un gouverne-
ment, un candidat possible et presque
fatal puisqu'il faut en faire quelque
chose à tout prix rien dans cette hy-
pothèse que de très vraisemblable
aussi.
Quoi qu'il en soit des causes inspira-
trices du fameux décret, le ministère le
produit les larmes aux yeux et comme
les gosses paresseux qui se sont attar-
dés à la dernière minute pour penser
à faire leurs devoirs : « Je ne veux pas,
moi, na, puisqu'il y a un décret. »
Seulement, il paraît que pour le mi-
nistère il y a décret et décret. Celui
sur les gouverneurs est sacro-saint,
pour les futurs gouverneurs du cabinet
qui d'ailleurs feront, je crois, beau-
coup mieux que les ancien-. Mais il ne
faut pas croire que tou:, les décrets
aient la même vertu et j'en sais qu'on
traite par dessous la jambe et notam-
ment celui qui organise l'inspection des
colonies. C'est bien naturel puisqu'il
n'y a pas de candidats à l'inspection des
colonies attachés au laboratoire où l'on
prépare décrets et circulaires.
Que faire de M. Picanon ? Ah ! mais
dans sa prime jeunesse, n'a-t-il pas été
inspecteur des colonies. Pardon, il y a
un décret, ce n'est pas possible. Un dé-
cret ? Vous voulez rire, un décret, la
bonne plaisanterie. On va le chambar-
der le décret.
Et ainsi le ministère se meten devoir
de préparer un décret qui va réduire a
une unité le nombre des inspecteurs gé-
néraux de seconde classe, ce qui per-
mettra d'élever il trois le nombre des
inspecteurs généraux de première clas-
se et ainsi sans que le ministre des fi-
nances puisse faire d'opposition, le
gouverneur Picanon va devenir inspec-
teur général des colonies pour cinq
ans. Après, on verra.
Cependant, on s'est bien aperçu au
ministère que ce serait une singulière
idée que de confier une mission d'ins-
pecteur général à quelqu'un qu'on est
obligé de relever de ses fonctions et
qu'on voudrait mettre à la retraite. On
s'est bien rendu compte qu'il manque-
rait un peu d'autorité et de prestige au-
près des fonctionnaires qu'il inspecte-
rait et des gouverneurs eux-mêmes.
Alors comme on a réponse à tout, il
était convenu qu'on le nommerait ins-
pecteur général de première classe,
mais qu'il n'inspecterait rien du tout.
Je vois le lecteur qui bondit-et qui
proteste en me signifiant qu'il n'est pas
possible de concevoir un fonctionnaire
qui ne fasse rien. Mais je lui fais ob-
server qu'il n'est pas du tout dans la
pensée du ministère de faire de l'inté-
ressé un lonctionnairc qui ne lasse
rien. 11 est bien entendu qu'on ne l'en-
verra pas inspecter, mais on trouvera
tout de même à l'occuper car ce direc-
lour des douanes impossible, devenu
un inspecteur général impossible, on
va en faire tout simplement le « direc-
teur du service de l'inspection ». Par-
faitement, saluez.
Mais l'attention du ministre est atti-
rée désormais sur la question, et je ne
doute pas que M. Lebrun avec son sens
des mathématiques posera ainsi le pro-
blème :
1° M. Picanon a quitté l'inspection il
y a 14 ans. Il est gouverneur.
2° Un décret ne peut jamais porter
atteinte aux droits acquis.
30 Au moment du décret sur les gou-
verneurs, M. Picanon avait droit acquis
au cas de disgrâce à rentrer dans le
corps.
Le décret sur les gouverneurs est
donc parfait. Il y manque seulement
une disposition transitoire réglant la
situation de ceux qu'on a eu le tort
d'oublier. Je donne ordre qu'on me
prépare un décret réparant l'omission
et règlant le régime transitoire.
C. 0. F. D.
Comme l'on dit au Palais, ce sera
justice.
Maurice MOLLETTE.
Député d'Eure-et-Loir,
Rapporteur du Budget des Colonies
LA GRANDE PENSÉE DU RÈGNE
Les héroïques exploits de M. Xavier
Guichard empêchent de dormir M. Al-
bert Picquié et son innombrable person-
nel de police.
Mais on ne trouve pas tous les jours
même et surtout à Tananarive des Bon-
not, des Du bois, des Garnier et des Va-
let à assiéger avec des mitrailleuses, des
canons de 305 et à la dynamite.
M. le Gouverneur général s'en console
en consacrant le meilleur de son temps
et de ses pensers à son La Reynie et à
ses sous-ordres. Le Journal Officiel de
la colonie est plein de ses attentions dé-
licates : à ses vaillants gardes des cors,
il n'est pas de faveur qu'il ne leur
octroie : celui-ci reçoit un congé de con-
valescence à solde entière d'Europe, ce-
ltii-là va prendre pendant un an un re-
pos bien gagné à Saint-Denis de la Réu-
nion et faire une cure aux eaux de Sa-
lazie; par contre, tel autre, pour n'être
pas assez mouche probablement, est dé-
missionné.
Enfin, comme couronnement de
l'œuvre, M. Picquié a autorisé la for-
mation à Tananarive de la Société dite
amicale mutuelle de la police de Mada-
gascar.
C'est son petit dernier du 13 avril
passé. C'est, à coup sûr, la grande idée
du règne. Il n'est pas douteux qu'il a
accepté d'enthousiasme la présidence
d'honneur de cette association.
A l'instar de M. G. Clemenceau jadis
à Paris, M. Albert Picquié veut être
Tananarive le premier des flics. ou la
dernière des vaches, comme disent ses
thuriféraires.
TOUJOURS LE LIBERIA
Le gouvernement devrait bien hâter
la délimitation de nos frontières avec le
Liberia, et ne pas trop dégarnir nos
postes de la Haute-Guinée au profit du
Maroc. En effet, si les incidents violents
sont actuellement terminés, il semble
toutefois que ce calme ne soit pas défi-
nitif et qu'il constitue simplement une
trêve, indispensable à nos adversaires
pour leur permettre de se refaire.
C'est du moins ce qui résulte des ren-
seignements que je reçois, non seule-
ment de la Haute-Guinée, mais aussi de
la Côte-d'Ivoire. Mes correspondants
continuent à ne pas croire à la sincérité
des Libériens et à douter de la pacifica-
tion des populations Guerzés et Tomas.
Ils redoutent également un mouvement
musulman qui, très nettement, ;-e des-
sine à leurs yeux sur certains points.
On m'écrit de la Côte-d'Ivoire, le
23 avril : « En ce qui concerne la t'ron-
« tière du Liberia, les troubles conti-
« nuent et l'insurrection gagne du ter-
« rain, les rehelles étant sûrs de l'im-
« punité. » .« Le pays est très agité. »
De la Guinée, en date du 15 avril :
« .On attend avec impatience la déli-
- - - -
« mitation avec le Liberia. J ai de tor-
« les appréhensions du côté des musul-
« mans qui travaillent sourdement
« toutes nos populations. mais si le
« mouvement éclafe, CE SERA TERRIBLE,
« car il sera général. ),
De la Guinée, en date du 30 avril :
« Je persiste à penser que les négocia-
« lions actuellement engagées sont un
« piège, qu'elles ont tout simplement
« pour but de gagner du temps, afin de
« permettre à Loomax et à Bernard
« d'organiser une nouvelle insurrection
« plus grave que la première (ils y tra-
« vaillent, d'ailleurs, activement). Aus-
« sitôt l'hivernage passé et les récoltes
« ramassées, j'ai bien peur que nous
a avions de nouveau les buerzes et les
u Tomas sur les bras.Ceci ne se
« produira, sans doute, qu'en uclo-
« bre. »
Devant cette situation précaire et
dangereuse, les commerçants sont dans
l'obligation de renoncer à leurs opé-
rations. Ils voient s'accroître ainsi cha-
que jour le préjudice qu'ils ont déjà
subi lors du pillage de leurs comptoirs.
Ils redoutent de n'être pas indemnités
pour le passé, et ils ignorent quel ave-
nir leur est réservé.
Cependant, il doit être possible de
prévenir des événements dont on peut
si facilement analyser la marche. Si
nos fonctionnaires et nos commerçants
sont à même de constater les prodro-
mes de rébellions nouvelles dues à
l'excitation de nos sujets par l'effet
combiné des Liberiens et des musul-
mans, il faut prendre dès maintenant
les précautions nécessaires à enrayer
ce mouvement.
IV- d'abord, il y a lieu de solution-
ner sans retard l'irritante question de
délimitation avec le Liberia. Ensuite, il
faut maintenir en liaule-Guinée des
forces suffisantes pour protéger la vie
et les biens des blancs et des indigènes
fidèles. Toutefois il est indispensable
que les militaires prennent une exacte
conscience de leur devoir. Ils ne sont
pas là pour provoquer les faits de
guerre, mais pour imposer l'ordre pai-
sible par la seule présence de leurs ar-
mes.
Certains de nos officiers ont cette
conception saine de leur rôle et ils ont
grand mente a le remplir, car nous
assistons à ce spectacle pénible que
seuls sont récompensés par les croix et
les grades, les officiers qui ont eu des
affaires. Ils sont donc conduits le plus
souvent à rechercher les aventures,
même au détriment de l'œuvre civilisa-
trice et commerciale de la France. Au
contraire, les officiers courageux et
probes qui maintiennent la paix autour
d'eux, et donnent le pas, dans leurs
préoccupations, au développement éco-
nomique de la région qu'ils gardent sur
leur légitime souci de carrière person-
nelle, sont laissés dans l'oubli où leur
avancement s'enlize sans honneurs.
Mais ce n'est pas le moment de traiter 1
ici cette question. Je tenais tout -impie- Il
ment à mettre en lumière que si des lll- 1
cidents graves se renouvellent sur lai
frontière libérienne, personne n'aura le
Ù d,
droit d'être surpris, puisque tout let
monde est averti.
Félix CHALTLMPS,
Député de ta Suuoie, délégué
de la Quittée, au Conseil su-
périeur de s colonies.
- - -
Méotianoeté ou Démence
1.
Ancien député, ancien gouverneur, 11
n'est plus rattaché au monde colonial vi-
vant que par un vague journal où il
épanche hebdomadairement cha ----le
contre l'admi-
nistration co-
loniale en gé-
néral et les
électeurs de
l'Inde en par-
ticulier. De-
puis qu'il
n'est plus gouverneur, le gouvernement
françhais n'est plus dignement représen-
té dans la France d'outre-mer; depuis
qu'il n'est plus député, la représentation
coloniale est discréditée et il n'est pas
éloigné d'en demander la chupprechion.
Honneur, dignité, probité, vertu sur-
tout, notre homme a tout emporté uans
sa retraite, où, collectionnant les racon-
tars les plus absurdes et les plus infâmes,
il s'imagine faire de la politique colo-
niale.
Comme le buffle qui fonce tête baissée
dès qu'il voit une branche s'agiter dans
la plaine, il vitupère à propos des choses
les plus insignifiantes qui prennent à ses
yeux de candidat battu et inconsolable
- des proportions de désastre national.
La dernière promotion de palmes a été
pour lui l'occasion d'un accès de l'épi-
leptiquc vertu dont il est affligé. Pen-
sez donc ! Le ministre a omis de lui de-
mander son avis, et un conseiller géné-
ral qui n'est pas classé dans les partisans
de l'ancien député a obtenu les palmes
académiques, « Que fait donc le mi-
nistre ? C'est une crise de régime »,
écrit-il sans rire à ce propos dans une
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Non ce n'est pas une crise; c'est,
comme je viens de le dire, un simple
accès, car si quelques-uns tiennent notre
ancien gouverneur pour méchant, beau-
coup le considèrent comme un maniaque
inoffensif,
J'ai, pour ma part, de bonnes raisons
pour me ranger à l'avis de ces derniers.
Un de ses grands électeurs de Pondiché-
ry à qui, la veille des élections législa-
tives de 1910, je faisais entrevoir djs.
crètement la possibilité d'un éch ec pour
l'ancien gouverneur, me répondit :
a C'est impossible; d'ailleurs, je le con-
nais, il en mourrait ou il en perdrait la
raison. a
L'ancien gouverneur ne fut pas réélu,
mais il n'en est pas mort.
Xavier de Y1LLENOUR.
La Police est en défaut
Un fonctionnaire de la Préfecture, qui
dépose, presque hebdornadnirement, le
long des colonnes d'une feuille inexistante,
ses rancœurs et sa bile, prétend fausse,
l'interview donnée à notre correspondant
de Diégo-Suarez, par M. Morlage.
Nous sommet heureux d'affirmer que les
propos tenus par l'ancien Président de la
Chambre de Diégo-Suarez à notre rédac-
teur ont été conlirmés par plusieurs let-
tres signées de M. Mariage, et adressées à
quelques-uns de ses amis personnels de la
Métropole.
Le petit fonctionnaire qui a écrit ces élu-
cubrations, n'est certainement pas de ce
nombre.
Nous ne nous amuserons pliig désormais
à démentir les extravagantes divagations de
ce Minus Habens,
L'incident est clos.
L'EXPORTATION
DU BÉTAIL CAMBODGIEN
Le Cambodge est un pays d'élevage
et la question de l'exportation des
bœufs est une de celles qui l'intéressent
le plus particulièrement.
Aussi bien ai-je jugé indispensable
d'attirer ici l'attention du public métro-
politain sur un trafic si important pour
la prospérité du Cambodge.
L'exportation du bétail cambodgien a
destination des colonies avoisinanles
prend chaque jour une ampleur de
plus en plus imposante, et les lles Phi-
lippines, en particulier, en absorbent
des quantités considérables.
Le gouvernement américain a régle-
menté dernièrement l'importation dudit
bétail à Manille, et comme les mesures
qu'il a prises à ce sujet intéressent tous
les éleveurs indochinois, je vais, en pas-
sant, les énumérer succinctement.
On avait craint un moment que l'ac-
cès des marchés philippins ne fût inter-
dit aux bœufs et aux buffles provenant
du Cambodge, de l'Annam et de la
Chine, les autorités américaines ayant
dû prendre des mesures prohibitives
par suite de l'introduction dans les îles
de bétail chinois contaminé.
Il n'en a rien été, fort heureusement
pour le commerce local, et le gouver-
nement philippin s'est borné à imposer
aux animaux importés un examen des
plus sévères. Tous les bœufs qui en-
trent aux Philippines, provenant de
pays où des maladies épizootiques sont
reconnues exister, et pour lesquels lp,
voyage jusqu'à l'Archipel a duré moins
de dix jours doivent être soumis à une
quarantaine de dix jours complémen-
taires, à dater du jour du débarque-
ment.
Jusqu'au moment où la direction de
l' agriculture de Manille a pu organi-
ser des parcs de quarantaine et des éta-
bles pour recevoir les animaux pendant
la période de surveillance, ces derniers
ont été abrités dans des parcs provi-
soires dont leurs propriétaires devaient
k,., pourvoir.
Rien, toutefois, n oblige le directeur
de l'Agriculture à déclarer libres les
animaux, à l'expiration de la quaran
taine, s'il estime qu'en autorisant leur
embarquement il y a danger de propa-
",' -
ger Upizootie en d autres points du |
territoire.
En se basant sur ce fait que, l'an
dernier, tous les chargements de bé-
tail à destination des Philippines pro-
venant de Chine, et spécialement du
port de Hongkong, étaient atteints de
maladies contagieuses, les Américains
ont décidé que le permis de débarquer
ne serait plus octroyé à l'avenir pour
les chargements provenant de ports
étrangers reconnus contaminés, ainsi
pour toutes matières qui pourraient
servir de véhicules à la contagion.
Les ports de Manille, Ilo-Ilo et Cebu
ont été déclarés infectés d'épizootie et
fermés provisoirement à l'importation
du bétail.
Le directeur de l'Agriculture a, en
outre, établi dans chaque port des Phi-
lippines un service d'inspection vétéri-
., 1 --------A_!&
naire aussi elenau que le comporum
l'importance des arrivages de bestiaux.
Sont exceptionnellement exempts de
quarantaine les animaux qui ont été
immunisés contre la peste bovine d'une
façon permanente et ceux qui, ayant eu
cette maladie, eu sont guéris, à condi-
tion d'être accompagnés d'un certificat
du directeur de l'Agriculture ; certificat
dans lequel les numéros et marques au
feu seront énumérés de telle manière
que chaque animal puisse être identifié
individuellement.
Les animaux importés de pays où il
n'existait pas de maladie contagieuse
au moment de l'embarquement et qui,
étant - à - - bord - - depuis plus de dix jours,
sont reconnus exempts de maladies
peuvent, sans loucher terre, être trans-
bordés, et transportés en un point quel-
conque des îles.
Les animaux importés de pays in-
demnes de maladies contagieuses qui
arrivent dans un port infecté, s'ils sont
reconnus sains, peuvent également être
dirigés sans toucher terre sur tel au-
tre port philippin.
Cette nouvelle réglementation, très
sage et très modérée comme on le voit,
a été adressée pour le Résident supé-
rieur du Cambodge à tous les éleveurs
du pays, afin de leur éviter à l'avenir
des surprises désagréables.
Etant donné l'énorme développement
qu'a pris depuis quelques années le
commerce d'exportation des bœufs du
Cambodge, j'ai tenu à signaler les me-
sures de protection qu'avaient cru de-
voir prendre ses meilleurs clients, les
Américains des Iles Philippines, con-
tre le danger toujours possible de con-
tamination.
Nos éleveurs cambodgiens en ont,
d'ailleurs, allègrement pris leur parti,
- - -------- -. - -.
et le tralic du bétail a pris dans le pays
de telles proportions qu'on a 'dû, à cer-
tains moments, restreindre d'autorité
l'exode des bœufs vers Manille.
Du train dont allaient les choses, et
malgré l'accroissement régulier des
troupeaux, les Américains auraient
épuisé en quelques années nos magni-
fiques réserves de bétail cambodgien.
Joseph PYTHON,
député du Puy-de-Dôme.
ronnp o
L'Mairs rtjin Tananarin
Les derniers journaux venus de Mada-
gascar approuvent, avec un ensemble tou-
chant, l'énergique protestation que la
Chambre d'Agriculture a adressée à M. le
Ministre des colonies contre l'incroyable
« torpeur » d'une administration qui n'a
réalisé iusqu'à ce four aucune des mirifi-
que promesses prodiguées par M. Pic-
quié au cours des tapageuses promenades
qu'on lui a fait accomplir à travers les
provinces de l'Ile.
Il serait iniuste de ne pas reconnaître
que les colons ont poussé la patience jus-
qu'à ses dernières limites et, si nous les
voyons il l'heure actuelle manifester une
vive agitation, c'est que, la réflexion ayant
repris son droit, ils sont profondément las
d'un régime à la fois capricieux et inerte.
Entre le gouverneur général et ses ad-
ministrés, visiblement un abîme se creuse
chaque jour plus profond. Il parait donc
essentiellement urgent de remédier à un
état de choses qui, en se prolongeant plus
longtemps, mettrait M. Picquié dans l'im-
possibilité de conserver ù la fois son poste
et sa dignité.
Certes, le four où il débarqua sur la
terre malgache, l'ancien inspecteur géné-
ral au Ministère des C oloniea y fut reçu,
sans distinction de parti, comme un génie
tutélaire. Les populations s'étaient laissé
facilement séduire par des circonstances
accessoires : sa longue carrière adminis-
ttatiuc, son grand âge, sa bonhomie ap-
parente l'entouraient d'une espèce d'au-
réole. Fonctionnaires et colons mirent à
ses pieds tout ce qu'ils avaient d'obéissan-
ce et de dévouement. On était depuis trop
de mois engourdi au contact cf une admi-
nistration intérimaire, pour ne pas se sen-
tir revivre sous l'impulsion d'un nouveau
mailre ; on aimait à se figurer que M. Pic-
quié serait un administrateur et un politi-
que vraiment libéral. Que d'illusions sui-
vies de rapides et amères déceptions !
M. Picquié sembla d'abord prendre à
tâche de détruire la douce illusion qu'on
afJait de son esprit de justice et de la pon-
dération de son caracfère. Son premier
acte fllt de se livrer, avec une rare incon-
tinence de langage, à des critiques iésuiti
ques contre son prédécesseur ; puis, dans
des parlotes, il se plut à bafouer impi-
toyablement les hommes de valeur aux-
quels M. Augagneur avait donné les plus
hauts témoignages d'estime et de considé-
ration.
C'étaient là, on en conviendra, de bien
défavorables auspices. Aussi, on put voir,
sans tarder, des convoitises s'allumer
1 parmi ceux auxquels le gouverneur prê-
| cédent n'avait pas été d'une bienveillance
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