Titre : Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Chambre des députés : compte rendu in-extenso
Éditeur : Impr. du Journal officiel (Paris)
Date d'édition : 1905-04-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328020951
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 208532 Nombre total de vues : 208532
Description : 13 avril 1905 13 avril 1905
Description : 1905/04/13. 1905/04/13.
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6330838z
Source : Bibliothèque et Archives de l'Assemblée nationale, 2012-7516
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
loumalofficiel du 13 Avril 1905 CHAMBRE - SÉANCE DU 12 AVRIL Session ordinaire de 1905 -11 134.«
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
a'légiSlature. — Session ordinaire de 1905.
®°MPTE RENDU IN EXTENSO. - 66e SÉANCE
Séance du mercredi 12 avril.
SOMMAIRE
Q^cès-verbal : MM. Guilloteaux, Fabien-
j **" Excuse.
d Sllite de la discussion du projet de loi et
des l®rses propositions de loi concernant la
spnaf«a*0n des Eglises et de l'Etat. = Suite
de l'article 1er. - Suite de l'amendement de
M. Lorolle et plusieurs de ses collègues : MM.
Lerolle, Aristide Briand, rapporteur. Rejet,
au n- - Adoption de la 2e partie de
s article lcr- - Adoption, au scrutin, de l'en-
seifthi = Article 2. — Motion préjudicielle
de M Raiberti : MM. Raiberti, le rappor-
te ur* Ilejet, au scrutin. — Amendement ri')
M JUles Delafosse : MM. Jules Delafosse,
tieorges Berry, le rapporteur. Rejet, au scru-
tin
'At n. T Amendement de M. Louis Ollivier :
MM. Louis Ollivier, Albert de Benoist, le mi-
Dklùttrp e de l'instruction publique, des beaux-arts
fuites, t le baron Xavier Reille. Rejet, au
scrutin
4. - fiè .1 d
Õ Règlement de l'ordre du jour,
'n- Dépôt par M. Bourrat d'un rapport fait au
nom de la commission du budget sur le pro-
et de loi concernant l'achat des marines de
a Reunion.
I)éP^t par M. Camuzet d'un rapport fait au
m de la commission des douanes sur la
ErOPOSition de loi de M. Georges Cochery sur
es droits de douane concernant le safran.
d Dépôt par M. Klotz d'un rapport fait au nom
1 la commission du budget sur le projet de
loi 1 Portant ouverture d'un crédit extraordi-
liajre de 300,000 fr. pour les dépenses d'organi-
satIon d'un concours central hippique de re-
Ucteurs des races chevaline et mulassière
'fançaises à Paris en 1905.
f pépÓt par M. Constant Dulau d'un rapport
ait au nom de la commission du budget
811r: 111 le projet de loi concernant l'admis-
SIon a la retraite du personnel féminin des
manufactures de l'Etat; 20 le projet de loi
tendant à abaisser la durée des services
exigés des préposés et ouvriers des manufac-
tures de l'Etat pour l'obtention d'une pen-
sion de retraite proportionnelle en cas d'in-
validité.
Dépôt par M. Chaumet d'un rapport sup-
plémentaire fait au nom de la commission
du commerce et de l'industrie sur le projet
de loi relatif à l'établissement de zones fran-
ches dans les ports maritimes et sur les
Propositions de loi ayant pour objet la créa-
6 Ion de ports francs.
.- Dépôt, par MM. Le Bail et Guilloteaux, d'une
imposition de loi relative à la protection de
r Industrie française des conserves alimentai-
res de sardines contre la fraude dite « au dé-
Potage ,.
PUÉSIDENCE DE M. PAUL DOUMER
, La séance est ouverte à deux heures.
1. - PROCÈS-VERBAL •'
*
Bn evay l'un des secrétaires, donne lec-
ture ai i* procès-verbal de la séance d'hier.
*°^ le Président. La parole est à M. Guil-
aux.
M. ï' guilloteaux. Messieurs, lorsque, hier,
Iprop aSles a cité le nom du général Peigné à
inïjOjjDgo J® de quelques officiers qu'il avait
juste ent frappés, ne retenant pas mon
n j'ai prononcé les mots suivants :
Voiu U11 nom qui mérite d'être cloué au
ilor,
rh est certain que le lendemain j'aurais
peut-être atténué l'expression de ma pensée;
mais je n'admets pas qu'elle soit totalement
dénaturée, comme elle l'a été au Journal
officiel, où l'on me fait dire : « Il était né-
cessaire que ce nom fût indiqué. »
J'ai l'habitude de prendre la responsabi-
lité de mes paroles et,de mes actes et, dans
l'espèce, je tiens à la garder tout entière.
(Applaudissements sur divers bancs au centre
et à droite.)
M. le président. Voilà le danger des in-
terruptions.
M. Fabien-Cesbron. J'ai constaté avec
surprise que le Journal officiel me portait
comme m'étant abstenu hier dans le
scrutin sur le renvoi de la séance au len-
demain. Je tiens à déclarer que j'ai déposé
moi-même mon bulletin dans l'urne et que
j'ai voté « pour » le renvoi.
M. le président. Il n'y a pas d'autres ob-
servations sur le procès-verbal ?.
Le procès-verbal est adopté.
2. — EXCUSE
M. le président. M. Darblay s'excuse de
ne pouvoir assister à la séance de ce
jour.
3. — SUITE DE LA DISCUSSION DU PROJET ET
DES PROPOSITIONS DE LOI CONCERNANT LA
SÉPATION DES ÉGLISES ET DE L'ÉTAT.
M. le président. L'ordre du jour appelle
la suite de la discussion du projet de loi et
des diverses propositions de loi concernant
la séparation des Eglises et de l'Etat.
La parole est à M. Lerolle pour continuer
à développer son amendement sur l'arti-
cle 1er.
M. Paul Lerolle. Messieurs, hier j'ai
commencé à défendre devant vous l'amen-
dement que je vous soumets et par lequel
j'essaie de compléter, en la précisant, la dé-
claration de principe inscrite dans l'ar-
ticle 1er. C'est pour moi chose importante
parce que, de l'aveu de tous, c'est dans cette
déclaration que les hommes chargés d'ap-
pliquer la loi devront chercher l'interpréta-
tion des points restés obscurs. Pour éta-
blir la portée exacte de mon amendement,
je recherchais avec vous quel était le but
vrai de la loi qui nous est proposée, et j'étais
obligé de rappeler le long passé histo-
rique pendant lequel, dans notre pays,
l'union s'est faite intime entre l'Eglise et
l'Etat pour faciliter à l'homme le plein ac-
complissement de sa destinée au double
point de vue de ses intérêts spirituels et de
ses intérêts temporels. Du même coup,
j'étais amené à vous rappeler l'influence
de ce chris tianisçie qui a enfanté notre
civilisation, influence qui est inscrite à
toutes les pages de notre histoire et qui a
survécu à tous les bouleversements de la
politique.
Or il s'agit aujourd'hui en faisant la sé-
paration et en la faisant sans entente
préalable avec le chef de l'Eglise, de
rompre violemment avec cette tradition
tant de fois séculaire et, comme je l'ai dit,
comme je le répète, de proclamer qu'offi-
ciellement au moins la France a cessé d'être
la grande nation catholique que le monde
entier connaissait et respectait, qu'elle n'est
même plus une nation chrétienne et que,
pour l'Etat, l'irréligion ou au moins l'indif-
férence en matière religieuse est devenue
la loi primordiale. (Très bien! très bien ! à
droite.)
M. Normand. Nous nous en félicitons !
M. Paul Lerolle. C'est là évidemment
une résolution grave, et pour savoir ce que
vous voulez faire-ce qui n'apparaît pas tou-
jours dans les discours contradictoires qui
sont prononcés ici en faveur de laloi—fai
cru de mon devoir de rechercher quelles
raisons vous donnez à la séparation. J'en ai
indiqué plusieurs hier; je n'en retiens
qu'une aujourd'hui.
On a opposé à l'ancien état de choses la
nouvelle constitution de l'Etat démocra-
tique moderne : on a dit que cet Etat ne
pouvait plus connaître des choses reli-
gieuses, qu'étranger au domaine privé il
ne pouvait avoir d'ingérence et d'autorité
que dans le domaine public.
Je constate, comme vous tous, le fait dé-
mocratique. L'Etat c'est nous, parce que
nous avons tous une parcelle de la souve-
raineté nationale, et l'Etat nous représentant
tous, résumant en lui-même toutes les di-
vergences d'opinion qui existent entre nous,
ne peut avoir de doctrine philosophique ni
religieuse.
J'accepte le fait, je n'accepte pas les con-
séquences que vous en tirez. Car du fait
démocratique il ne suit pas pour moi que
l'Etat doive être absolument et nécessaire-
ment indifférent aux choses de la religion ;
ceci me paraît être hors du devoir de l'Etat
et hors des possibilités pratiques.
La foi religieuse, en effet, n'est pas, dans
notre pays, la chose morte dont on veut
parler. Elle y est vivante, bien vivante. Si
la religion est morte en France, pourquoi
cet acharnement à la tuer? (Applaudis-
sements à droite.) Je vous l'ai montrée,
au contraire vivante dans nos habitudes tra-
ditionnelles, vivante dans tant d'âmes où
elle n'est qu'endormie, vivante dans les
préoccupations de tant d'esprits dévorés
actuellement du besoin de croire, vivante
dans toutes ces œuvres admirables, que
vous ne pouvez nier puisque chaque jour
on les combat et chaque jour on les imite
(Nouveaux applaudissements à droite),vivante
encore et puissante à ce point que ceux-là
mêmes qui la combattent au dehors, sont
souvent obligés de la respecter à leur foyer.
Je la vois tous les jours se perpétuant dans
une jeunesse fidèle et ardente qui lui promet
l'avenir. Je salue en elle une force de vie
pour beaucoup d'entre nous, une force mo-
rale pour la société. (Très bien ! très bien !
à droite).
La religion, en effet, a cette puissance de
suppléer aux insuffisances nécessaires de la
la loi dans beaucoup de consciences. La loi
ne peut pas tout prévoir, tout ordonner;
elle n'embrasse pas tous les actes de
l'homme; la religion les embrasse tous et
quand la loi est forcément muette, la reli-
gion incline la volonté au devoir vers ce
qui est le juste et le bien. C'est une force
qu'aucun Etat n'a le droit de méconnaître
ni de dédaigner. (Très bien! très bien! à
droite.)
Pourquoi, alors, l'Etat qui, sans avoir de
doctrine philosophique, sans avoir de for-
mule artistique personnelle, répand par-
tout l'enseignement et entretient des écoles
d'art dans notre pays, pourquoi l'Etat veut-
il ignorer seulement ce grand mouvement
des âmes ? Pourquoi l'Etat, qui comprend son
droit et son devoir d'intervention dans les
questions sociales et économiques, qui l'exa-
gère même quelquefois, ne veut-il pas con-
naître les intérêts moraux et religieux du
pays? Pourquoi l'Etat, qui trouve dans un
budget toujours grossissant les sommes né-
cessaires pour subvenir à toutes sortes de
dépenses,même aux subventions des théâtres
dont ne jouit qu'un petit nombre, pourquoi
l'Etat, même après avoir pris les biens des
Eglises, ne trouve-t-il pas de quoi fournir
le moindre subside aux cultes ? (Très bien !
très bien!) Pourquoi l'Etat ferait-il aux
âmes croyantes cette injure de leur dire
qu'ayant le souci de tout ce qui est humain
il veut ignorer ce qui leur paraît, à elles,
l'intérêt supérieur de leur vie? (Très bien!
très bien 1)
Je crois que cela n'est dans le droit d'au-
-~c. — xn EXTENSO.
112
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
a'légiSlature. — Session ordinaire de 1905.
®°MPTE RENDU IN EXTENSO. - 66e SÉANCE
Séance du mercredi 12 avril.
SOMMAIRE
Q^cès-verbal : MM. Guilloteaux, Fabien-
j **" Excuse.
d Sllite de la discussion du projet de loi et
des l®rses propositions de loi concernant la
spnaf«a*0n des Eglises et de l'Etat. = Suite
de l'article 1er. - Suite de l'amendement de
M. Lorolle et plusieurs de ses collègues : MM.
Lerolle, Aristide Briand, rapporteur. Rejet,
au n- - Adoption de la 2e partie de
s article lcr- - Adoption, au scrutin, de l'en-
seifthi = Article 2. — Motion préjudicielle
de M Raiberti : MM. Raiberti, le rappor-
te ur* Ilejet, au scrutin. — Amendement ri')
M JUles Delafosse : MM. Jules Delafosse,
tieorges Berry, le rapporteur. Rejet, au scru-
tin
'At n. T Amendement de M. Louis Ollivier :
MM. Louis Ollivier, Albert de Benoist, le mi-
Dklùttrp e de l'instruction publique, des beaux-arts
fuites, t le baron Xavier Reille. Rejet, au
scrutin
4. - fiè .1 d
Õ Règlement de l'ordre du jour,
'n- Dépôt par M. Bourrat d'un rapport fait au
nom de la commission du budget sur le pro-
et de loi concernant l'achat des marines de
a Reunion.
I)éP^t par M. Camuzet d'un rapport fait au
m de la commission des douanes sur la
ErOPOSition de loi de M. Georges Cochery sur
es droits de douane concernant le safran.
d Dépôt par M. Klotz d'un rapport fait au nom
1 la commission du budget sur le projet de
loi 1 Portant ouverture d'un crédit extraordi-
liajre de 300,000 fr. pour les dépenses d'organi-
satIon d'un concours central hippique de re-
Ucteurs des races chevaline et mulassière
'fançaises à Paris en 1905.
f pépÓt par M. Constant Dulau d'un rapport
ait au nom de la commission du budget
811r: 111 le projet de loi concernant l'admis-
SIon a la retraite du personnel féminin des
manufactures de l'Etat; 20 le projet de loi
tendant à abaisser la durée des services
exigés des préposés et ouvriers des manufac-
tures de l'Etat pour l'obtention d'une pen-
sion de retraite proportionnelle en cas d'in-
validité.
Dépôt par M. Chaumet d'un rapport sup-
plémentaire fait au nom de la commission
du commerce et de l'industrie sur le projet
de loi relatif à l'établissement de zones fran-
ches dans les ports maritimes et sur les
Propositions de loi ayant pour objet la créa-
6 Ion de ports francs.
.- Dépôt, par MM. Le Bail et Guilloteaux, d'une
imposition de loi relative à la protection de
r Industrie française des conserves alimentai-
res de sardines contre la fraude dite « au dé-
Potage ,.
PUÉSIDENCE DE M. PAUL DOUMER
, La séance est ouverte à deux heures.
1. - PROCÈS-VERBAL •'
*
Bn evay l'un des secrétaires, donne lec-
ture ai i* procès-verbal de la séance d'hier.
*°^ le Président. La parole est à M. Guil-
aux.
M. ï' guilloteaux. Messieurs, lorsque, hier,
Iprop aSles a cité le nom du général Peigné à
inïjOjjDgo J® de quelques officiers qu'il avait
juste ent frappés, ne retenant pas mon
n j'ai prononcé les mots suivants :
Voiu U11 nom qui mérite d'être cloué au
ilor,
rh est certain que le lendemain j'aurais
peut-être atténué l'expression de ma pensée;
mais je n'admets pas qu'elle soit totalement
dénaturée, comme elle l'a été au Journal
officiel, où l'on me fait dire : « Il était né-
cessaire que ce nom fût indiqué. »
J'ai l'habitude de prendre la responsabi-
lité de mes paroles et,de mes actes et, dans
l'espèce, je tiens à la garder tout entière.
(Applaudissements sur divers bancs au centre
et à droite.)
M. le président. Voilà le danger des in-
terruptions.
M. Fabien-Cesbron. J'ai constaté avec
surprise que le Journal officiel me portait
comme m'étant abstenu hier dans le
scrutin sur le renvoi de la séance au len-
demain. Je tiens à déclarer que j'ai déposé
moi-même mon bulletin dans l'urne et que
j'ai voté « pour » le renvoi.
M. le président. Il n'y a pas d'autres ob-
servations sur le procès-verbal ?.
Le procès-verbal est adopté.
2. — EXCUSE
M. le président. M. Darblay s'excuse de
ne pouvoir assister à la séance de ce
jour.
3. — SUITE DE LA DISCUSSION DU PROJET ET
DES PROPOSITIONS DE LOI CONCERNANT LA
SÉPATION DES ÉGLISES ET DE L'ÉTAT.
M. le président. L'ordre du jour appelle
la suite de la discussion du projet de loi et
des diverses propositions de loi concernant
la séparation des Eglises et de l'Etat.
La parole est à M. Lerolle pour continuer
à développer son amendement sur l'arti-
cle 1er.
M. Paul Lerolle. Messieurs, hier j'ai
commencé à défendre devant vous l'amen-
dement que je vous soumets et par lequel
j'essaie de compléter, en la précisant, la dé-
claration de principe inscrite dans l'ar-
ticle 1er. C'est pour moi chose importante
parce que, de l'aveu de tous, c'est dans cette
déclaration que les hommes chargés d'ap-
pliquer la loi devront chercher l'interpréta-
tion des points restés obscurs. Pour éta-
blir la portée exacte de mon amendement,
je recherchais avec vous quel était le but
vrai de la loi qui nous est proposée, et j'étais
obligé de rappeler le long passé histo-
rique pendant lequel, dans notre pays,
l'union s'est faite intime entre l'Eglise et
l'Etat pour faciliter à l'homme le plein ac-
complissement de sa destinée au double
point de vue de ses intérêts spirituels et de
ses intérêts temporels. Du même coup,
j'étais amené à vous rappeler l'influence
de ce chris tianisçie qui a enfanté notre
civilisation, influence qui est inscrite à
toutes les pages de notre histoire et qui a
survécu à tous les bouleversements de la
politique.
Or il s'agit aujourd'hui en faisant la sé-
paration et en la faisant sans entente
préalable avec le chef de l'Eglise, de
rompre violemment avec cette tradition
tant de fois séculaire et, comme je l'ai dit,
comme je le répète, de proclamer qu'offi-
ciellement au moins la France a cessé d'être
la grande nation catholique que le monde
entier connaissait et respectait, qu'elle n'est
même plus une nation chrétienne et que,
pour l'Etat, l'irréligion ou au moins l'indif-
férence en matière religieuse est devenue
la loi primordiale. (Très bien! très bien ! à
droite.)
M. Normand. Nous nous en félicitons !
M. Paul Lerolle. C'est là évidemment
une résolution grave, et pour savoir ce que
vous voulez faire-ce qui n'apparaît pas tou-
jours dans les discours contradictoires qui
sont prononcés ici en faveur de laloi—fai
cru de mon devoir de rechercher quelles
raisons vous donnez à la séparation. J'en ai
indiqué plusieurs hier; je n'en retiens
qu'une aujourd'hui.
On a opposé à l'ancien état de choses la
nouvelle constitution de l'Etat démocra-
tique moderne : on a dit que cet Etat ne
pouvait plus connaître des choses reli-
gieuses, qu'étranger au domaine privé il
ne pouvait avoir d'ingérence et d'autorité
que dans le domaine public.
Je constate, comme vous tous, le fait dé-
mocratique. L'Etat c'est nous, parce que
nous avons tous une parcelle de la souve-
raineté nationale, et l'Etat nous représentant
tous, résumant en lui-même toutes les di-
vergences d'opinion qui existent entre nous,
ne peut avoir de doctrine philosophique ni
religieuse.
J'accepte le fait, je n'accepte pas les con-
séquences que vous en tirez. Car du fait
démocratique il ne suit pas pour moi que
l'Etat doive être absolument et nécessaire-
ment indifférent aux choses de la religion ;
ceci me paraît être hors du devoir de l'Etat
et hors des possibilités pratiques.
La foi religieuse, en effet, n'est pas, dans
notre pays, la chose morte dont on veut
parler. Elle y est vivante, bien vivante. Si
la religion est morte en France, pourquoi
cet acharnement à la tuer? (Applaudis-
sements à droite.) Je vous l'ai montrée,
au contraire vivante dans nos habitudes tra-
ditionnelles, vivante dans tant d'âmes où
elle n'est qu'endormie, vivante dans les
préoccupations de tant d'esprits dévorés
actuellement du besoin de croire, vivante
dans toutes ces œuvres admirables, que
vous ne pouvez nier puisque chaque jour
on les combat et chaque jour on les imite
(Nouveaux applaudissements à droite),vivante
encore et puissante à ce point que ceux-là
mêmes qui la combattent au dehors, sont
souvent obligés de la respecter à leur foyer.
Je la vois tous les jours se perpétuant dans
une jeunesse fidèle et ardente qui lui promet
l'avenir. Je salue en elle une force de vie
pour beaucoup d'entre nous, une force mo-
rale pour la société. (Très bien ! très bien !
à droite).
La religion, en effet, a cette puissance de
suppléer aux insuffisances nécessaires de la
la loi dans beaucoup de consciences. La loi
ne peut pas tout prévoir, tout ordonner;
elle n'embrasse pas tous les actes de
l'homme; la religion les embrasse tous et
quand la loi est forcément muette, la reli-
gion incline la volonté au devoir vers ce
qui est le juste et le bien. C'est une force
qu'aucun Etat n'a le droit de méconnaître
ni de dédaigner. (Très bien! très bien! à
droite.)
Pourquoi, alors, l'Etat qui, sans avoir de
doctrine philosophique, sans avoir de for-
mule artistique personnelle, répand par-
tout l'enseignement et entretient des écoles
d'art dans notre pays, pourquoi l'Etat veut-
il ignorer seulement ce grand mouvement
des âmes ? Pourquoi l'Etat, qui comprend son
droit et son devoir d'intervention dans les
questions sociales et économiques, qui l'exa-
gère même quelquefois, ne veut-il pas con-
naître les intérêts moraux et religieux du
pays? Pourquoi l'Etat, qui trouve dans un
budget toujours grossissant les sommes né-
cessaires pour subvenir à toutes sortes de
dépenses,même aux subventions des théâtres
dont ne jouit qu'un petit nombre, pourquoi
l'Etat, même après avoir pris les biens des
Eglises, ne trouve-t-il pas de quoi fournir
le moindre subside aux cultes ? (Très bien !
très bien!) Pourquoi l'Etat ferait-il aux
âmes croyantes cette injure de leur dire
qu'ayant le souci de tout ce qui est humain
il veut ignorer ce qui leur paraît, à elles,
l'intérêt supérieur de leur vie? (Très bien!
très bien 1)
Je crois que cela n'est dans le droit d'au-
-~c. — xn EXTENSO.
112
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