Titre : Circulaire / Confédération française des travailleurs chrétiens
Auteur : Confédération française des travailleurs chrétiens. Auteur du texte
Auteur : Comité confédéral français des travailleurs chrétiens. Auteur du texte
Éditeur : Confédération française des travailleurs chrétiens (Paris)
Date d'édition : 1929-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327449991
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 659 Nombre total de vues : 659
Description : 01 avril 1929 01 avril 1929
Description : 1929/04/01 (N76)-1929/05/31. 1929/04/01 (N76)-1929/05/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62757811
Source : CODHOS / Archives CFDT, 2012-81890
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/01/2013
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Gonfédératif «Française des Travailleurs Chrétiens
,i
S, rue C;, dpt
PARIS 1ge1
Téléphone : Provence 88-56.
Circulaire mensuelle No 76
Chèques Postaux : Paris 283-24.
AVRIL-MAI 1929.
Le conflit dl Halluin
et la politique de collaboration
Le conflit d'Halluin, qui vient enfin de s'achever
après sept mois de grève par un accord entre l'organisa-
tion patronale et les syndicats chrétiens, est un exemple
vivant des répercussions que peuvent avoir pour la paix
sociale le refus ou la pratique de la collaboration.
Rappelons d'un mot les principales phases du con-
flit pour en dégager ensuite les leçons qu'il comporte.
Depuis la guerre, Halluin apparaissait comme la
citadelle du communisme. Cependant, les syndicats
libres, en s'y développant, marquèrent dès 1925 un effort
vigoureux pour faire triompher sur la violence unitaire
leur doctrine de collaboration. Ils y parvinrent à plu-
sieurs reprises : grève du 12 octobre 1925, premier
conflit Sion novembre 1927, grève du Caoutchouc de
décembre 1927.
Le point culminant de cette politique devait être
normalement la grève Sion de mars-juin 1928. Dans ce
'**■ conflit déchaîné par les unitaires pour Une fin d'agita-
tion, les syndicats libres ayant obtenu toutes satisfac-
tions du Patron, déclarèrent ta grève injustifiée. Leurs
membres qui purent échapper aux violences commu-
nistes continuèrent le travail. Mais, par un brusque
revirement, le patron adhère à une organisation qui
repoussait la collaboration, accorde aux unitaires une
•satisfaction de détail et rompt avec les syndicats chré-
tiens. C'était la rentrée au profit des unitaires.
Ceux-ci préparent dès lors la grève générale du tex-
tile. Elle se fait en plusieurs bonds : juillet et août,
grève des mécaniciens du textile ; les 10, 11 et 12 sep-
tembre, grèves de solidarité dans sept usines d'Halluin
où les patrons ont fait faire aux contremaîtres le travail
des mécaniciens en grève ; le 20 septembre, grève géné-
rale unitaire à Halluin, Comines ; les jours suivants,
déclaration de grève générale à Roncq, Armentières,
Lille, Tourcoing. Le tout se couvrait d'un mot d'ordre
professionnel : « Vivent les dix sous », mais pour-
suivait en fait un dessein d'agitation révolutionnaire.
A Roncq et Armentières, les seuls syndicats chré-
tiens, à Lille et à Tourcoing les syndicats chrétiens et
cégétistes s'opposent activement à la grève générale uni-
taire et la font échouer. Ils attendent de négociations
intersyndicales la solution du problème des salaires que
l'élévation du coût de la vie et la stabilisation finan-
cière posent dans toute la région.
A Halluin, les syndicats chrétiens de France et de
Belgique sont réduits à l'attitude passive à cause du
refus patronal de collaborer, de l'issue de la précédente
grève Sion et de la violence unitaire. Ils chôment en
dégageant leur responsabilité dans une grève qu'ils n'ont
pas voulue, mais qu'ils ne peuvent empêcher.
Le conflit dégénère en guerre d'usure. Le Secré-
taire patronal essaie de l'achever en négociant avec les
chefs socialistes de Belgique une rentrée sans conditions
pour le 28 janvier. Elle eût peut-être réussi sans la pu-
blication d'un nouveau règlement d'atelier qui réglait
d'autorité toutes les questions de travail sans tenir
compte des usages d'Halluin et en marquant une dé-
fiance systématique envers le syndicalisme.
Ce document patronal fit rebondir la grève. Sortant
alors de l'expectative, les syndicats chrétiens adressèrent
au Préfet du Nord une proposition d'arbitrage. Ils mar-
quaient en même temps leur position moyenne vis-à-vis
du triple problème des salaires, des congédiements d'ou-
vriers et du règlement d'atelier.
L'organisation patronale et les syndicats unitaires
repoussèrent également l'arbitrage. La grève semblait
sans issue malgré certains amendements apportés par
le Secrétaire patronal au règlement d'atelier. Les pas-
sions s'exaspéraient, la misère augmentait.
C'est alors que Mgr Liénart, le jeune Evêque de
Lille, usa de sa haute influence morale pour incliner
es esprits à la conciliation. Sa démarche rendit possi-
ble une reprise normale de relations entre l'organisation
patronale et les syndicats chrétiens français et belges.
L'accord se fit le 2 avril sur les bases suivantes :
1°) Le problème des salaires ne recevrait pas de
solution immédiate, ■ la situation d'Halluin étant fonc-
tion de celle de toute la région textile ; néanmoins, on
tiendrait compte dans les négociations futures de
l'avance acquise par Halluin en matière de salaires ;
2°) les demandes de réintégration des ouvriers congé-
diés seraient, après rentrée, examinées avec bienveil-
lance ; 3°) le règlement d'atelier serait remanié dans
le sens du respect des usages d'Hailuin et de la recon-
naissance absolue du droit syndical.
Le 5 avril, les rentrées commençaient. Le 11, les
unitaires déconfits donnaient à leurs membres l'ordre de
reprendre le travail.
Un peu auparavant, des négociations entre le Secré-
taire de la Centrale Textile Chrétienne de Belgique et
le Secrétaire patronal avaient mis fin aux conflits pro-
fessionnels de Wervicq qui avaient éclaté parallèlement
avec les événements d'Halluin. De sensibles augmenta-
tions de salaires étaient obtenues avec une reconnais-
sance absolue du droit syndical. «
Ce conflit suggère quelques conclusions.
L'intransigeance patronale et l'extrémisme unitaire
ont rendu possible et prolongé pendant sept mois cette
grève douloureuse. Sans le redressement final, ils eus-
sent abouti à terminer le conflit par l'écrasement d'une
des parties au prix de haines inexpiables.
L'esprit de collaboration eût au contraire tout
évité. Lors de la grève Sion, il eût assuré l'écrasement
Gonfédératif «Française des Travailleurs Chrétiens
,i
S, rue C;, dpt
PARIS 1ge1
Téléphone : Provence 88-56.
Circulaire mensuelle No 76
Chèques Postaux : Paris 283-24.
AVRIL-MAI 1929.
Le conflit dl Halluin
et la politique de collaboration
Le conflit d'Halluin, qui vient enfin de s'achever
après sept mois de grève par un accord entre l'organisa-
tion patronale et les syndicats chrétiens, est un exemple
vivant des répercussions que peuvent avoir pour la paix
sociale le refus ou la pratique de la collaboration.
Rappelons d'un mot les principales phases du con-
flit pour en dégager ensuite les leçons qu'il comporte.
Depuis la guerre, Halluin apparaissait comme la
citadelle du communisme. Cependant, les syndicats
libres, en s'y développant, marquèrent dès 1925 un effort
vigoureux pour faire triompher sur la violence unitaire
leur doctrine de collaboration. Ils y parvinrent à plu-
sieurs reprises : grève du 12 octobre 1925, premier
conflit Sion novembre 1927, grève du Caoutchouc de
décembre 1927.
Le point culminant de cette politique devait être
normalement la grève Sion de mars-juin 1928. Dans ce
'**■ conflit déchaîné par les unitaires pour Une fin d'agita-
tion, les syndicats libres ayant obtenu toutes satisfac-
tions du Patron, déclarèrent ta grève injustifiée. Leurs
membres qui purent échapper aux violences commu-
nistes continuèrent le travail. Mais, par un brusque
revirement, le patron adhère à une organisation qui
repoussait la collaboration, accorde aux unitaires une
•satisfaction de détail et rompt avec les syndicats chré-
tiens. C'était la rentrée au profit des unitaires.
Ceux-ci préparent dès lors la grève générale du tex-
tile. Elle se fait en plusieurs bonds : juillet et août,
grève des mécaniciens du textile ; les 10, 11 et 12 sep-
tembre, grèves de solidarité dans sept usines d'Halluin
où les patrons ont fait faire aux contremaîtres le travail
des mécaniciens en grève ; le 20 septembre, grève géné-
rale unitaire à Halluin, Comines ; les jours suivants,
déclaration de grève générale à Roncq, Armentières,
Lille, Tourcoing. Le tout se couvrait d'un mot d'ordre
professionnel : « Vivent les dix sous », mais pour-
suivait en fait un dessein d'agitation révolutionnaire.
A Roncq et Armentières, les seuls syndicats chré-
tiens, à Lille et à Tourcoing les syndicats chrétiens et
cégétistes s'opposent activement à la grève générale uni-
taire et la font échouer. Ils attendent de négociations
intersyndicales la solution du problème des salaires que
l'élévation du coût de la vie et la stabilisation finan-
cière posent dans toute la région.
A Halluin, les syndicats chrétiens de France et de
Belgique sont réduits à l'attitude passive à cause du
refus patronal de collaborer, de l'issue de la précédente
grève Sion et de la violence unitaire. Ils chôment en
dégageant leur responsabilité dans une grève qu'ils n'ont
pas voulue, mais qu'ils ne peuvent empêcher.
Le conflit dégénère en guerre d'usure. Le Secré-
taire patronal essaie de l'achever en négociant avec les
chefs socialistes de Belgique une rentrée sans conditions
pour le 28 janvier. Elle eût peut-être réussi sans la pu-
blication d'un nouveau règlement d'atelier qui réglait
d'autorité toutes les questions de travail sans tenir
compte des usages d'Halluin et en marquant une dé-
fiance systématique envers le syndicalisme.
Ce document patronal fit rebondir la grève. Sortant
alors de l'expectative, les syndicats chrétiens adressèrent
au Préfet du Nord une proposition d'arbitrage. Ils mar-
quaient en même temps leur position moyenne vis-à-vis
du triple problème des salaires, des congédiements d'ou-
vriers et du règlement d'atelier.
L'organisation patronale et les syndicats unitaires
repoussèrent également l'arbitrage. La grève semblait
sans issue malgré certains amendements apportés par
le Secrétaire patronal au règlement d'atelier. Les pas-
sions s'exaspéraient, la misère augmentait.
C'est alors que Mgr Liénart, le jeune Evêque de
Lille, usa de sa haute influence morale pour incliner
es esprits à la conciliation. Sa démarche rendit possi-
ble une reprise normale de relations entre l'organisation
patronale et les syndicats chrétiens français et belges.
L'accord se fit le 2 avril sur les bases suivantes :
1°) Le problème des salaires ne recevrait pas de
solution immédiate, ■ la situation d'Halluin étant fonc-
tion de celle de toute la région textile ; néanmoins, on
tiendrait compte dans les négociations futures de
l'avance acquise par Halluin en matière de salaires ;
2°) les demandes de réintégration des ouvriers congé-
diés seraient, après rentrée, examinées avec bienveil-
lance ; 3°) le règlement d'atelier serait remanié dans
le sens du respect des usages d'Hailuin et de la recon-
naissance absolue du droit syndical.
Le 5 avril, les rentrées commençaient. Le 11, les
unitaires déconfits donnaient à leurs membres l'ordre de
reprendre le travail.
Un peu auparavant, des négociations entre le Secré-
taire de la Centrale Textile Chrétienne de Belgique et
le Secrétaire patronal avaient mis fin aux conflits pro-
fessionnels de Wervicq qui avaient éclaté parallèlement
avec les événements d'Halluin. De sensibles augmenta-
tions de salaires étaient obtenues avec une reconnais-
sance absolue du droit syndical. «
Ce conflit suggère quelques conclusions.
L'intransigeance patronale et l'extrémisme unitaire
ont rendu possible et prolongé pendant sept mois cette
grève douloureuse. Sans le redressement final, ils eus-
sent abouti à terminer le conflit par l'écrasement d'une
des parties au prix de haines inexpiables.
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