Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 30 mars 1913 30 mars 1913
Description : 1913/03/30 (A4,T11,N75). 1913/03/30 (A4,T11,N75).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248060j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
192
villages. L'école en a déjà fourni à différents points
des gouvernements de Voronège, de Novgorod, de
Penza, de Simbirsk et de Tamboff.
C'est ainsi que dès ses débuts l'école a déjà
commencé à répandre son influence sur les koustars
de différentes régions; elle espère encore réunir ses
efforts à ceux des Zemstvos locaux et des monas-
tères de femmes pour organiser par tout le pays le
développement du côté artistique de l'industrie ru-
rale. Ce n'est encore qu'une goutte, mais cette goutte
peut être la première de celles qui formeront un tor-
rent. D'ailleurs, l'Exposition actuelle de St-Péters-
bourg nous montre clairement comme l'art russe est
viable, et comme la moindre graine jetée sur ce sol
donne aussitôt une abondante moisson.
N. Meridolf.
Une réponse historique
Au ministre d'Angleterre à Belgrade qui lui dé-
clarait qu'en persistant 'à soutenir militairement les
Monténégrins devant Scutari la Serbie s'exposait à
perdre les sympathies anglaises, le Président du Con-
seil des ministres de Serbie, M. Pachitch, déclara:
,,il nous sera très pénible de perdre les sympathies
• de l'Angleterre auxquelles nous tenons particulière-
ment; mais il est une chose qu'il nous serait infini-
ment plus pénible de perdre, c'est notre honneur.
Liés par des traités à nos alliés monténégrins,
nous nous devons à nous-mêmes de tenir la parole
que nous avons donnée".
M. Pachitch fit cette déclaration sur le ton le
plus naturel du monde, sans geste oratoire, sans la
moindre emphase, mais avec une fermeté froide que
l'on sentait inébranlable. Et dans la simplicité même
de son attitude, le ministre serbe, sans s'en douter,
fut sublime. La déclaration déjà est passée à l'his-
toire. Dans les manuels classiques des écoliers de
demain, elle ira rejoindre les phrases célèbres qui
pour la première fois font vibrer les imaginations
des enfants à la conception austère du devoir et du
sacrifice. Je la vois déjà inscrite parmi ces maximes
héroïques où la France chevaleresque s'est immorta-
lisée.
La réponse de Pachitch fera songer à celle du
prisonnier de Pavie. Involontairement, une fois de
plus, elle nous amènera à ressentir tout ce que dans
ses profondeurs l'âme slave cache de nobles aspira-
tions identiques à celles qui ont forgé notre race,
qui lui ont insufflé son âme généreuse.
Dans l'époque poignante que nous vivons, la
Serbie nous donne un exemple d'abnégation qui est
d'une singulière grandeur morale. Cet Etat, peu favo-
risé du sort, qui, en moins de dix ans, après avoir
chassé une dynastie qui le livrait à l'Autriche, a dé-
veloppé ses forces au point de se donner une armée
déjà redoutable, a eu constamment à faire face à
deux ennemis aussi dangereux l'un que l'autre, la
Turquie et l'Autriche. Il vient de briser le premier
dans un effort qui étonne par sa rapidité plus en-
core peut être que par son intensité.
Il est arrivé à la mer qui lui avait été si long-
temps interdite et, malgré les succès éclatants de ses
armes, il a vu se dresser contre lui le concert euro-
péen, momentanément uni dans une crainte com-
mune de complications générales et, pour épargner à
l'Europe le cauchemar dans lequel elle se débattait,
il s'est spontanément incliné devant une décision
qu'il aurait pu pourtant légitimement discuter.
Il a renoncé à Durazzo. Ce n'est pas tout. Les
opérations militaires qui l'intéressaient directement
depuis longtemps terminées, il a refusé de signer
avec la Turquie une paix séparée qui lui aurait
été accordée certes avec enthousiasme.
Bien plus, malgré la menace autrichienne, tandis
que devant Belgrade les forces ennemies s'accrois-
saient de jour en jour, il n'a pas hésité, oublieux de
soi-même, à envoyer à ses alliés les renforts que
ceux-ci lui demandaient.
Une partie importante de sa grosse artillerie a
été dirigée sur Andrinople à l'aide des Bulgares qui
manquaient de grosses bouches à feu.
Et aujourd'hui, après avoir cédé devant l'Europe
quand il s'agissait de lui, le peuple serbe refuse de
s'incliner quand il s'agit du Monténégro, son allié.
Au risque de se heurter à l'Europe, au risque
de se faire attaquer par l'Autriche, il continue au roi
Nicolas l'appui qui lui est indispensable pour prendre
Scutari.
C'est vraiment très simple, très digne et très beau.
C'est une leçon de courage et de probité morale ré-
confortante au siècle que nous vivons. La Serbie
mérite dès ce jour d'être considérée comme une
grande puissance, parce qu'elle a su porter droit et
ferme son drapeau au plus fort de la tempête qui de
tous côtés grondait sur ses frontières. Il est des es-
prits dont le talent indiscuté se plaît au paradoxe et
qui dans les Balkans s'obstinent à ne célébrer que deux
civilisations, la civilisation ottomane et la civilisation
roumaine. S'ils désirent vraiment que leur double
hommage ne soit pas affaibli par une partialité trop
évidente, ils feront bien d'ajouter à l'avenir un mot
de respect sinon de sympathie pour le peuple qui a
su dire à l'Europe qu'au-dessus des coalitions d'in-
térêts il y avait l'honneur. Le peuple qui a dit cela
mérite pour le moins qu'on retienne son nom. Quant
au Roi sous le gouvernement duquel ce peuple a parlé
ainsi, il suffira, pour que sa mémoire reste à jamais
gravée dans nos esprits, de rappeler qu'en 1870 il
combattit dans les rangs d'une armée où le senti-
ment du devoir a toujours su s'élever jusqu'à l'abné-
gation et jusqu'à l'héroïsme.
René Marchand
villages. L'école en a déjà fourni à différents points
des gouvernements de Voronège, de Novgorod, de
Penza, de Simbirsk et de Tamboff.
C'est ainsi que dès ses débuts l'école a déjà
commencé à répandre son influence sur les koustars
de différentes régions; elle espère encore réunir ses
efforts à ceux des Zemstvos locaux et des monas-
tères de femmes pour organiser par tout le pays le
développement du côté artistique de l'industrie ru-
rale. Ce n'est encore qu'une goutte, mais cette goutte
peut être la première de celles qui formeront un tor-
rent. D'ailleurs, l'Exposition actuelle de St-Péters-
bourg nous montre clairement comme l'art russe est
viable, et comme la moindre graine jetée sur ce sol
donne aussitôt une abondante moisson.
N. Meridolf.
Une réponse historique
Au ministre d'Angleterre à Belgrade qui lui dé-
clarait qu'en persistant 'à soutenir militairement les
Monténégrins devant Scutari la Serbie s'exposait à
perdre les sympathies anglaises, le Président du Con-
seil des ministres de Serbie, M. Pachitch, déclara:
,,il nous sera très pénible de perdre les sympathies
• de l'Angleterre auxquelles nous tenons particulière-
ment; mais il est une chose qu'il nous serait infini-
ment plus pénible de perdre, c'est notre honneur.
Liés par des traités à nos alliés monténégrins,
nous nous devons à nous-mêmes de tenir la parole
que nous avons donnée".
M. Pachitch fit cette déclaration sur le ton le
plus naturel du monde, sans geste oratoire, sans la
moindre emphase, mais avec une fermeté froide que
l'on sentait inébranlable. Et dans la simplicité même
de son attitude, le ministre serbe, sans s'en douter,
fut sublime. La déclaration déjà est passée à l'his-
toire. Dans les manuels classiques des écoliers de
demain, elle ira rejoindre les phrases célèbres qui
pour la première fois font vibrer les imaginations
des enfants à la conception austère du devoir et du
sacrifice. Je la vois déjà inscrite parmi ces maximes
héroïques où la France chevaleresque s'est immorta-
lisée.
La réponse de Pachitch fera songer à celle du
prisonnier de Pavie. Involontairement, une fois de
plus, elle nous amènera à ressentir tout ce que dans
ses profondeurs l'âme slave cache de nobles aspira-
tions identiques à celles qui ont forgé notre race,
qui lui ont insufflé son âme généreuse.
Dans l'époque poignante que nous vivons, la
Serbie nous donne un exemple d'abnégation qui est
d'une singulière grandeur morale. Cet Etat, peu favo-
risé du sort, qui, en moins de dix ans, après avoir
chassé une dynastie qui le livrait à l'Autriche, a dé-
veloppé ses forces au point de se donner une armée
déjà redoutable, a eu constamment à faire face à
deux ennemis aussi dangereux l'un que l'autre, la
Turquie et l'Autriche. Il vient de briser le premier
dans un effort qui étonne par sa rapidité plus en-
core peut être que par son intensité.
Il est arrivé à la mer qui lui avait été si long-
temps interdite et, malgré les succès éclatants de ses
armes, il a vu se dresser contre lui le concert euro-
péen, momentanément uni dans une crainte com-
mune de complications générales et, pour épargner à
l'Europe le cauchemar dans lequel elle se débattait,
il s'est spontanément incliné devant une décision
qu'il aurait pu pourtant légitimement discuter.
Il a renoncé à Durazzo. Ce n'est pas tout. Les
opérations militaires qui l'intéressaient directement
depuis longtemps terminées, il a refusé de signer
avec la Turquie une paix séparée qui lui aurait
été accordée certes avec enthousiasme.
Bien plus, malgré la menace autrichienne, tandis
que devant Belgrade les forces ennemies s'accrois-
saient de jour en jour, il n'a pas hésité, oublieux de
soi-même, à envoyer à ses alliés les renforts que
ceux-ci lui demandaient.
Une partie importante de sa grosse artillerie a
été dirigée sur Andrinople à l'aide des Bulgares qui
manquaient de grosses bouches à feu.
Et aujourd'hui, après avoir cédé devant l'Europe
quand il s'agissait de lui, le peuple serbe refuse de
s'incliner quand il s'agit du Monténégro, son allié.
Au risque de se heurter à l'Europe, au risque
de se faire attaquer par l'Autriche, il continue au roi
Nicolas l'appui qui lui est indispensable pour prendre
Scutari.
C'est vraiment très simple, très digne et très beau.
C'est une leçon de courage et de probité morale ré-
confortante au siècle que nous vivons. La Serbie
mérite dès ce jour d'être considérée comme une
grande puissance, parce qu'elle a su porter droit et
ferme son drapeau au plus fort de la tempête qui de
tous côtés grondait sur ses frontières. Il est des es-
prits dont le talent indiscuté se plaît au paradoxe et
qui dans les Balkans s'obstinent à ne célébrer que deux
civilisations, la civilisation ottomane et la civilisation
roumaine. S'ils désirent vraiment que leur double
hommage ne soit pas affaibli par une partialité trop
évidente, ils feront bien d'ajouter à l'avenir un mot
de respect sinon de sympathie pour le peuple qui a
su dire à l'Europe qu'au-dessus des coalitions d'in-
térêts il y avait l'honneur. Le peuple qui a dit cela
mérite pour le moins qu'on retienne son nom. Quant
au Roi sous le gouvernement duquel ce peuple a parlé
ainsi, il suffira, pour que sa mémoire reste à jamais
gravée dans nos esprits, de rappeler qu'en 1870 il
combattit dans les rangs d'une armée où le senti-
ment du devoir a toujours su s'élever jusqu'à l'abné-
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