Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 16 mars 1913 16 mars 1913
Description : 1913/03/16 (A4,T11,N73). 1913/03/16 (A4,T11,N73).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248058g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
104
Chroniques de la Semaine
A travers les Arts
Exposition de Printemps
De toutes les manifestations artistiques de la saison,
l'exposition de printemps est la meilleure.
Meilleure, elle l'est par la diversité des genres, des
manières, par le choix des sujets et la très réelle quantité de
bonnes toiles.
Cette exposition diffère des autres, en ce sens que les
jeunes aussi bien que les aînés, les romantiques aussi bien
que les impressionnistes, les paysagistes, les marinistes et les
peintres de genre, peuvent se produire aisément. Je ne dis pas,
notez bien, que l'accès soit libre, ni même très facile. Non. Il
y a toujours de la part du jury un peu d'ostracisme, pour n'en
point perdre l'habitude. Mais ceci n'est rien qu'une boutade, à
côté de la mauvaise foi et de la vénéneuse partialité de la
plupart des autres "Sociétés" où de vieux débris de l'art
gardent jalousement les issues contre les assauts courtois des
jeunes.
Peu importe à ces sectaires la valeur du travail, de
l'œuvre qui demande droit de cité. Au contraire, et à plus forte
raison, si une toile est belle, bien peinte, artistique et forte,
il faut à tout prix l'évincer. Et sans hésitation aucune le refus
se vote à l'unanimité des voix. L'ennemi, c'est l'artiste de ta-
lent dont la concurrence doit être enrayée par le mépris, par
de perpétuelles rebuffades.
Voilà comment certaines sociétés, peu à peu ravalées au
rang de magasins, en sont arrivées à exposer d'éternelles ba-
lançoires et à anhiler les beaux élans, à dégoûter les énergies
vaillantes et à prostituer l'art avec la hautaine prétention de
le proteger envers et contre tous. Bien entendu, au seul profit
de confréries qui voudraient accaparer le monopole de la vente
des œuvres artistiques.
L'Exposition de Printemps a su, dans une certaine mesure,
échapper à cette déplorable mentalité et imiter le bon exemple
de toutes les expositions de Rome, de Paris, de Londres, de
Dresde, où tout artiste, quel qu'il soit, ayant une valeur, est
accueilli avec joie et sympathie.
Si K. A. Veschiloff était plus luministe, plus atmosphériste,
ses tableaux gagneraient de valeur, car son dessin est d'une
incontestable solidité. Ses deux toiles de Capri sont bien en
pâte, mais est-ce bien là la lumière et la transparence de l'air
de cette île perpétuellement inondée de soleil? Non. Capri a
d'autres accents, d'autres symphonies, d'autres vibrations aussi.
Je n'aime pas beaucoup son grand morceau: sur la rive de la
mer tiède. Ces mariniers marchands d'oranges n'ont aucune
souplesse de gestes, ni de mouvements. Ils sont figés sur
place, dans une pose d'atelier; la liberté d'allure manque et
plus encore la vie et la vivacité.
E. O. Baklound pouvait faire mieux: Le matin dans la pro-
priété; jour ensoleillé; Le lac dans la forêt; Hiver; En traîneau,
ont un défaut qui leur est commun: l'obscurité.
M. A. Démianoff mérite une mention spéc iale pour son
Amsterdam. La technique est simple, solide; le coup de brosse
est large. Cette manière donne une excellente idée de l'éduca-
tion artistique du peintre; il est seulement regrettable de ne
point la voir aussi judicieusement appliquée à: Etude de Sor-
rente, Harmonie verte, Barques, Vieille porte à Rome, Motif
préféré, Printemps. Cependant, Démianoff nous charme encore
avec quelques Hollande, Sortie du port, Enttée au port et Coin
de port, qui peuvent rivaliser avec les envois les meilleurs des
autres artistes.
Il est difficile d'être plus maniéré que ne l'est E. M. Tchép-
tzoff. Capri pourrait tout aussi bien être Berlin et une rue
de Capri, de Copenhague. Aucun caractère ne vient souligner
le site, le placer dans son ambiance, et alors que l'effet pour-
rait racheter un peu la monotonie de l'ensemble, on est sur-
pris que le peintre s'en soit tout à fait désintéressé. Sur le
rivage de la mer, Premiers jours de Mars n'ont aucune sorte
de valeur artistique.
H. P. Khimona n'est pas plus heureux: il est terne, lourd
et fatigant.
J'ai admiré l'habileté de S. M. Doudine qui sait fort bien
tirer parti de ses études d'atelier. N'allez pas croire que M.
Doudine soit dépourvu de talent: il en a. Mais il serait préfé-
rable de peindre carrément une femme nue dans un décor
d'atelier que de la coller sur la grève d'une plage de fantaisie,
avec une mer imaginaire dans le lointain. On sent la bonne
étude, utile et agréable; seulement il ne faut pas vouloir la
faire passer pour "étude de plein air". Il en est de même de:
Avant le bain, où la tromperie est de mauvais aloi. Passons
sous silence: Sur le tombeau d'Aphrodite: la pose ne répond
pas à un juste équilibre du sujet qui semble piquer en avant,
ou prêt à tomber sur les genoux.
De Driatchenko: Coin de Finlande, Coin de jardin à l'Am-
bassade de Russie à Florence; Vieille Italienne, Tête d'ita-
lienne.
De Ksidias, une aquarelle intitulée: Ekaterinhoff, qu'il faut
citer pour son exécution très remarquable. On sent que l'ar-
tiste sait son métier et qu'il a un très juste sentiment du
paysage romantique.
De A. B. Liakovsky: Jour de fête; Vers le soir; Vieille
maison; Jour pluvieux; Vers le printemps; sur la Néva; En
Norvège; Printemps. Nous étions habitués à voir cet artiste
sous un jour un peu différent. C'est-à-dire, mieux inspiré
d'abord et ensuite dessinant plus librement. Son coloris n'a
jamais été très brillant, très lumineux: il perd encore de
transparence et cela est très regrettable.
De très bonnes choses de I. S. Koulikoff: Dans le jardin
du boyard; Coin de marché; Vieillard; Jeune fille.
Le commencement de Mars, du peintre C. T. Kolesnikoff,
est un remarquable morceau. La peinture vigoureuse d'une part,
les qualités de technique d'autre part, ne laissent absolument
rien à désirer. Il faut citer encore comme très belle facture:
Eglise de St-Nicolas le Taumaturge dans le gouvernement de
Podolie. Bien en pâte: Dans les steppes du Don. Je ne veux
pas oublier: un Hiver; sur la Karpovka; Mars; Crépuscule; En
Bessarabie, En liberté.
Aucun dessin, aucune vie réelle dans la pitoyable toile de
P. P. Kariaguine, IIi Novembre 1812. Les soldats sont en bois,
comme la neige est en sucre et le ciel en plomb.
J'aime assez l'orientaliste N. I. Tiatchenko. S'il était plus
large, s'il mettait un peu plus d'atmosphère dans l'air et plus
d'opposition dans les ombres, tout son travail y gagnerait.
Mlle M. A. Fédorova est beaucoup plus artiste qu'on pour-
rait le croire et à en juger par Matin sur les bords du Volga
et Soir sur le Volga. C'est un bon peintre, parfois monotone,
mais excellent dessinateur.
Toiles remarquables de T. B. Sietchkoff dont l'éloge n'est
plus à faire: Pendant le Carnaval; Le passage du gué.
De Prokofieff: Premières neiges; L'aurore du printemps,
Automne et Jour triste.
De Protopopoff: Sur la rivière Pskoff; Matin; Le moulin;
Antiquités de Pskoff.
Avant de terminer, je veux encore citer de bons portraits
de N. V. Kharitonoff et une très solide étude de I. I. Lévite..
L'un et l'autre sont des artistes d'avenir et d'incontestable
talent.
Les Achats de l'Académie
La commission des achats des Beaux-Arts, pour les
musées, vient d'arrêter son choix dans les deux expositions de
Printemps et Ambulante.
La commission se composait de l'Académicien Botkine,
Chroniques de la Semaine
A travers les Arts
Exposition de Printemps
De toutes les manifestations artistiques de la saison,
l'exposition de printemps est la meilleure.
Meilleure, elle l'est par la diversité des genres, des
manières, par le choix des sujets et la très réelle quantité de
bonnes toiles.
Cette exposition diffère des autres, en ce sens que les
jeunes aussi bien que les aînés, les romantiques aussi bien
que les impressionnistes, les paysagistes, les marinistes et les
peintres de genre, peuvent se produire aisément. Je ne dis pas,
notez bien, que l'accès soit libre, ni même très facile. Non. Il
y a toujours de la part du jury un peu d'ostracisme, pour n'en
point perdre l'habitude. Mais ceci n'est rien qu'une boutade, à
côté de la mauvaise foi et de la vénéneuse partialité de la
plupart des autres "Sociétés" où de vieux débris de l'art
gardent jalousement les issues contre les assauts courtois des
jeunes.
Peu importe à ces sectaires la valeur du travail, de
l'œuvre qui demande droit de cité. Au contraire, et à plus forte
raison, si une toile est belle, bien peinte, artistique et forte,
il faut à tout prix l'évincer. Et sans hésitation aucune le refus
se vote à l'unanimité des voix. L'ennemi, c'est l'artiste de ta-
lent dont la concurrence doit être enrayée par le mépris, par
de perpétuelles rebuffades.
Voilà comment certaines sociétés, peu à peu ravalées au
rang de magasins, en sont arrivées à exposer d'éternelles ba-
lançoires et à anhiler les beaux élans, à dégoûter les énergies
vaillantes et à prostituer l'art avec la hautaine prétention de
le proteger envers et contre tous. Bien entendu, au seul profit
de confréries qui voudraient accaparer le monopole de la vente
des œuvres artistiques.
L'Exposition de Printemps a su, dans une certaine mesure,
échapper à cette déplorable mentalité et imiter le bon exemple
de toutes les expositions de Rome, de Paris, de Londres, de
Dresde, où tout artiste, quel qu'il soit, ayant une valeur, est
accueilli avec joie et sympathie.
Si K. A. Veschiloff était plus luministe, plus atmosphériste,
ses tableaux gagneraient de valeur, car son dessin est d'une
incontestable solidité. Ses deux toiles de Capri sont bien en
pâte, mais est-ce bien là la lumière et la transparence de l'air
de cette île perpétuellement inondée de soleil? Non. Capri a
d'autres accents, d'autres symphonies, d'autres vibrations aussi.
Je n'aime pas beaucoup son grand morceau: sur la rive de la
mer tiède. Ces mariniers marchands d'oranges n'ont aucune
souplesse de gestes, ni de mouvements. Ils sont figés sur
place, dans une pose d'atelier; la liberté d'allure manque et
plus encore la vie et la vivacité.
E. O. Baklound pouvait faire mieux: Le matin dans la pro-
priété; jour ensoleillé; Le lac dans la forêt; Hiver; En traîneau,
ont un défaut qui leur est commun: l'obscurité.
M. A. Démianoff mérite une mention spéc iale pour son
Amsterdam. La technique est simple, solide; le coup de brosse
est large. Cette manière donne une excellente idée de l'éduca-
tion artistique du peintre; il est seulement regrettable de ne
point la voir aussi judicieusement appliquée à: Etude de Sor-
rente, Harmonie verte, Barques, Vieille porte à Rome, Motif
préféré, Printemps. Cependant, Démianoff nous charme encore
avec quelques Hollande, Sortie du port, Enttée au port et Coin
de port, qui peuvent rivaliser avec les envois les meilleurs des
autres artistes.
Il est difficile d'être plus maniéré que ne l'est E. M. Tchép-
tzoff. Capri pourrait tout aussi bien être Berlin et une rue
de Capri, de Copenhague. Aucun caractère ne vient souligner
le site, le placer dans son ambiance, et alors que l'effet pour-
rait racheter un peu la monotonie de l'ensemble, on est sur-
pris que le peintre s'en soit tout à fait désintéressé. Sur le
rivage de la mer, Premiers jours de Mars n'ont aucune sorte
de valeur artistique.
H. P. Khimona n'est pas plus heureux: il est terne, lourd
et fatigant.
J'ai admiré l'habileté de S. M. Doudine qui sait fort bien
tirer parti de ses études d'atelier. N'allez pas croire que M.
Doudine soit dépourvu de talent: il en a. Mais il serait préfé-
rable de peindre carrément une femme nue dans un décor
d'atelier que de la coller sur la grève d'une plage de fantaisie,
avec une mer imaginaire dans le lointain. On sent la bonne
étude, utile et agréable; seulement il ne faut pas vouloir la
faire passer pour "étude de plein air". Il en est de même de:
Avant le bain, où la tromperie est de mauvais aloi. Passons
sous silence: Sur le tombeau d'Aphrodite: la pose ne répond
pas à un juste équilibre du sujet qui semble piquer en avant,
ou prêt à tomber sur les genoux.
De Driatchenko: Coin de Finlande, Coin de jardin à l'Am-
bassade de Russie à Florence; Vieille Italienne, Tête d'ita-
lienne.
De Ksidias, une aquarelle intitulée: Ekaterinhoff, qu'il faut
citer pour son exécution très remarquable. On sent que l'ar-
tiste sait son métier et qu'il a un très juste sentiment du
paysage romantique.
De A. B. Liakovsky: Jour de fête; Vers le soir; Vieille
maison; Jour pluvieux; Vers le printemps; sur la Néva; En
Norvège; Printemps. Nous étions habitués à voir cet artiste
sous un jour un peu différent. C'est-à-dire, mieux inspiré
d'abord et ensuite dessinant plus librement. Son coloris n'a
jamais été très brillant, très lumineux: il perd encore de
transparence et cela est très regrettable.
De très bonnes choses de I. S. Koulikoff: Dans le jardin
du boyard; Coin de marché; Vieillard; Jeune fille.
Le commencement de Mars, du peintre C. T. Kolesnikoff,
est un remarquable morceau. La peinture vigoureuse d'une part,
les qualités de technique d'autre part, ne laissent absolument
rien à désirer. Il faut citer encore comme très belle facture:
Eglise de St-Nicolas le Taumaturge dans le gouvernement de
Podolie. Bien en pâte: Dans les steppes du Don. Je ne veux
pas oublier: un Hiver; sur la Karpovka; Mars; Crépuscule; En
Bessarabie, En liberté.
Aucun dessin, aucune vie réelle dans la pitoyable toile de
P. P. Kariaguine, IIi Novembre 1812. Les soldats sont en bois,
comme la neige est en sucre et le ciel en plomb.
J'aime assez l'orientaliste N. I. Tiatchenko. S'il était plus
large, s'il mettait un peu plus d'atmosphère dans l'air et plus
d'opposition dans les ombres, tout son travail y gagnerait.
Mlle M. A. Fédorova est beaucoup plus artiste qu'on pour-
rait le croire et à en juger par Matin sur les bords du Volga
et Soir sur le Volga. C'est un bon peintre, parfois monotone,
mais excellent dessinateur.
Toiles remarquables de T. B. Sietchkoff dont l'éloge n'est
plus à faire: Pendant le Carnaval; Le passage du gué.
De Prokofieff: Premières neiges; L'aurore du printemps,
Automne et Jour triste.
De Protopopoff: Sur la rivière Pskoff; Matin; Le moulin;
Antiquités de Pskoff.
Avant de terminer, je veux encore citer de bons portraits
de N. V. Kharitonoff et une très solide étude de I. I. Lévite..
L'un et l'autre sont des artistes d'avenir et d'incontestable
talent.
Les Achats de l'Académie
La commission des achats des Beaux-Arts, pour les
musées, vient d'arrêter son choix dans les deux expositions de
Printemps et Ambulante.
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