Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 mars 1913 02 mars 1913
Description : 1913/03/02 (A4,T11,N71). 1913/03/02 (A4,T11,N71).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248056n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
122
trois branches, symboles de ce que leurs habitants
sont revenus à l'Eglise des Ancêtres. On abat la
Grande croix de chêne élevée sur la place principale
du village orthodoxe d'Iza. Comme "Corpus délicti",
elle est transportée à Maramaros pour y servir de
pièce à conviction. En même temps, 164 paysans
sont arrêtés et ces simples héros portent leur Croix,
la preuve matérielle de leur crime, jusqu'à la plus
proche station de chemin de fer. On pourrait penser
que cette guerre à la Croix est l'œuvre de musul-
mans ou de juifs. Non. Ce sont les fils dévoués du
"Vicaire de Jésus-Christ" qui travaillent à l'avène-
ment de son règne.
Les gendarmes magyars frappent les prisonniers
au visage, jusqu'au sang, pour les forcer à avouer
que leur conversion à l'Orthodoxie a eu lieu pour
des motifs politiques. Ces pauvres ne comprennent
même pas les mots savants de „ politique" et de
,,crime contre la sûreté de l'Etat" Au jugement uni-
que, qui s'accomplit en magyar, ils déclarent en
patois petit-russien, qui est la seule langue qu'ils
comprennent: "Nous n'avons rien fait. C'est notre
vieille foi pravoslave. On voulait nous faire papistes.
Nous ne le permettrons point et ne le laisserons pas
faire. C'est notre devoir religieux1)". 22 accusés sont
sous le coup de 8 ans de prison; les autres, de 2 à
3 ans. De plus le Gouvernement hongrois demande
l'extradition du P. Alexis qui a dû se sauver en
Amérique.
„CJest le bras séculier", diront les R R. Pères,
la Sainte Eglise Romaine a horreur du sang: Ecclesia
abhorret sanguine. Non, Messieurs, ni la casuis-
tique, ni le latin n'y aideront. Les vieux sophis-
mes sont usés. Mais, au fait, le sang russe ne fait
pas tache sur la pourpre romaine; et vous ne sau-
riez rougir de ce que, réuni en synode diocésain, le
7 Septembre passé, sous la présidence de r Archi-
prêtre Balogh, le clergé uniate des deux diocèses
de Munkacz et d'Eperjes ait voté un appel au pou-
voir civil pour réprimer le mouvement pravoslave.
Le "bras séculier" frappe; mais vous êtes la volonté
qui le meut.
Mais, de même qu'à la voix du Coadjuteur de
St-Pétersbourg, Mgr Nicandre, les Orthodoxes désa-
busés sont sortis d'une chapelle pastichée, de même
les paysans de Hongro-Russie sortiront jusqu'au der-
nier de votre ,Union". Vous n'aurez fait que recu-
ler l'avènement de l'unité chrétienne, la réalisation
du vœu suprême de Jésus: ,,0 mon Père, qu'ils soient
un, comme Roi et Moi sommes un".
Et encore une fois Vous aurez vérifié à vos
dépens toute la vérité de la forte parole de Kyriaki:
,,Les Orientaux verront plutôt le Soleil retourner sur
son cours, mais ne prendront pas le chemin qui
mène à Rome".
La France et les
armements allemands
,,La France offre aujourd'hui le spectacle impres-
sionnant de la façon dont une nation consciente de
ses devoirs politiques se comporte en face du problème
de la puissance militaire".
Ainsi s'exprimait, il y a quelques jours, le Frem-
denblatt. Je ne sais point si cet éloge ne cachait pas
l'intention d'inciter l'opinion austro-hongroise à suivre
l'élan magnifique de l'opinion française et de faciliter
l'acceptation des projets de loi militaire préparés à
Vienne. Mais l'organe officieux de la Ballplatz a
exactement traduit le mouvement qui vient de se pro-
duire à travers la France en riposte à la nouvelle
menace allemande.
De l'autre côté du Rhin, on a paru extrêmement
surpris de l'attitude de la France. On affecte à Ber-
lin de ne voir dans les augmentations considérables
que va subir l'armée allemande qu'une simple réponse
à la loi des cadres votée récemment par le Parle-
ment français. Il est facile de détruire une pareille
argumentation. Tout d'abord cette loi des cadres n'a
rien à faire avec les effectifs: et, ensuite, on aurait
dû avoir la bonne foi à Berlin de constater que
l'effort militaire germanique de 1912 n'avait été suivi
d'aucun effort parallèle français dans la même
année.
Il y a également ce que je pourrais appeler
l' ,,argument von der Goltz". Le célèbre maréchal,
interviewé récemment, disait que la principale raison
qui poussait l'Allemagne à accroître ses forces mili-
taires, c'était la Russie.
,,Nous avons, a-t-il dit, à faire face sur deux
fronts à la fois, à l'Ouest et à l'Est, tandis que la
Russie est couverte à l'Est par son immense terri-
toire et la France à l'Ouest par l'Océan Atlan-
tique".
J'avoue que je préfère cet argument. Et, en outre,
il ne peut que nous procurer un extrême plaisir
puisqu'il prouve qu'en dépit d'une certaine presse
dont le but unique semble être de jeter le discrédit
sur la valeur numérique et morale de l'armée russe,
on éprouverait au grand-état major allemand un res-
pect-d'ailleurs le plus justifié-de cette armée.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne s'est encore
trompée lourdement une fois de plus sur la valeur
du sentiment national en France. Au lendemain
même du jour où l'on apprenait à Paris le prochain
dépôt d'un nouveau projet de loi militaire allemand,
le Temps annonçait qu'un crédit de 500 millions
affecté à des dépenses militaires allait être demandé
au Parlement par le Gouvernement français et que
l'on étudierait dans le plus bref délai la possibilité
de revenir au service de trois ans ou à toute autre
formule supprimant les défauts considérables présen-
tés par le service de deux ans.
trois branches, symboles de ce que leurs habitants
sont revenus à l'Eglise des Ancêtres. On abat la
Grande croix de chêne élevée sur la place principale
du village orthodoxe d'Iza. Comme "Corpus délicti",
elle est transportée à Maramaros pour y servir de
pièce à conviction. En même temps, 164 paysans
sont arrêtés et ces simples héros portent leur Croix,
la preuve matérielle de leur crime, jusqu'à la plus
proche station de chemin de fer. On pourrait penser
que cette guerre à la Croix est l'œuvre de musul-
mans ou de juifs. Non. Ce sont les fils dévoués du
"Vicaire de Jésus-Christ" qui travaillent à l'avène-
ment de son règne.
Les gendarmes magyars frappent les prisonniers
au visage, jusqu'au sang, pour les forcer à avouer
que leur conversion à l'Orthodoxie a eu lieu pour
des motifs politiques. Ces pauvres ne comprennent
même pas les mots savants de „ politique" et de
,,crime contre la sûreté de l'Etat" Au jugement uni-
que, qui s'accomplit en magyar, ils déclarent en
patois petit-russien, qui est la seule langue qu'ils
comprennent: "Nous n'avons rien fait. C'est notre
vieille foi pravoslave. On voulait nous faire papistes.
Nous ne le permettrons point et ne le laisserons pas
faire. C'est notre devoir religieux1)". 22 accusés sont
sous le coup de 8 ans de prison; les autres, de 2 à
3 ans. De plus le Gouvernement hongrois demande
l'extradition du P. Alexis qui a dû se sauver en
Amérique.
„CJest le bras séculier", diront les R R. Pères,
la Sainte Eglise Romaine a horreur du sang: Ecclesia
abhorret sanguine. Non, Messieurs, ni la casuis-
tique, ni le latin n'y aideront. Les vieux sophis-
mes sont usés. Mais, au fait, le sang russe ne fait
pas tache sur la pourpre romaine; et vous ne sau-
riez rougir de ce que, réuni en synode diocésain, le
7 Septembre passé, sous la présidence de r Archi-
prêtre Balogh, le clergé uniate des deux diocèses
de Munkacz et d'Eperjes ait voté un appel au pou-
voir civil pour réprimer le mouvement pravoslave.
Le "bras séculier" frappe; mais vous êtes la volonté
qui le meut.
Mais, de même qu'à la voix du Coadjuteur de
St-Pétersbourg, Mgr Nicandre, les Orthodoxes désa-
busés sont sortis d'une chapelle pastichée, de même
les paysans de Hongro-Russie sortiront jusqu'au der-
nier de votre ,Union". Vous n'aurez fait que recu-
ler l'avènement de l'unité chrétienne, la réalisation
du vœu suprême de Jésus: ,,0 mon Père, qu'ils soient
un, comme Roi et Moi sommes un".
Et encore une fois Vous aurez vérifié à vos
dépens toute la vérité de la forte parole de Kyriaki:
,,Les Orientaux verront plutôt le Soleil retourner sur
son cours, mais ne prendront pas le chemin qui
mène à Rome".
La France et les
armements allemands
,,La France offre aujourd'hui le spectacle impres-
sionnant de la façon dont une nation consciente de
ses devoirs politiques se comporte en face du problème
de la puissance militaire".
Ainsi s'exprimait, il y a quelques jours, le Frem-
denblatt. Je ne sais point si cet éloge ne cachait pas
l'intention d'inciter l'opinion austro-hongroise à suivre
l'élan magnifique de l'opinion française et de faciliter
l'acceptation des projets de loi militaire préparés à
Vienne. Mais l'organe officieux de la Ballplatz a
exactement traduit le mouvement qui vient de se pro-
duire à travers la France en riposte à la nouvelle
menace allemande.
De l'autre côté du Rhin, on a paru extrêmement
surpris de l'attitude de la France. On affecte à Ber-
lin de ne voir dans les augmentations considérables
que va subir l'armée allemande qu'une simple réponse
à la loi des cadres votée récemment par le Parle-
ment français. Il est facile de détruire une pareille
argumentation. Tout d'abord cette loi des cadres n'a
rien à faire avec les effectifs: et, ensuite, on aurait
dû avoir la bonne foi à Berlin de constater que
l'effort militaire germanique de 1912 n'avait été suivi
d'aucun effort parallèle français dans la même
année.
Il y a également ce que je pourrais appeler
l' ,,argument von der Goltz". Le célèbre maréchal,
interviewé récemment, disait que la principale raison
qui poussait l'Allemagne à accroître ses forces mili-
taires, c'était la Russie.
,,Nous avons, a-t-il dit, à faire face sur deux
fronts à la fois, à l'Ouest et à l'Est, tandis que la
Russie est couverte à l'Est par son immense terri-
toire et la France à l'Ouest par l'Océan Atlan-
tique".
J'avoue que je préfère cet argument. Et, en outre,
il ne peut que nous procurer un extrême plaisir
puisqu'il prouve qu'en dépit d'une certaine presse
dont le but unique semble être de jeter le discrédit
sur la valeur numérique et morale de l'armée russe,
on éprouverait au grand-état major allemand un res-
pect-d'ailleurs le plus justifié-de cette armée.
Quoi qu'il en soit, l'Allemagne s'est encore
trompée lourdement une fois de plus sur la valeur
du sentiment national en France. Au lendemain
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