Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1913 09 février 1913
Description : 1913/02/09 (A4,T11,N67). 1913/02/09 (A4,T11,N67).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248053d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
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porte ses fruits en Galicie. Alors que le peuple de-
meure fidèle à l'idée russe, Inintelligence", clergé,
médecins, avocats et fonctionnaires se conçoivent
comme représentants d'un peuple distinct: le peuple
ukrainien.
Pendant l'année passée, le Gouvernement autri.
chien a pris d'importantes dispositions, destinées à
fortifier l'idée ukrainienne. Quand la fraction ukraïno.
galicienne du Parlement de Vienne commença l'obs-
truction contre le vote de la nouvelle loi militaire, le
Gouvernement lui fit savoir que, si elle abandonnait
son attitude, une Université "nationale-ukraïnienne"
serait créée à Lvow. Les députés obtempérèrent.
Alors, dans un Rescrit adressé, pour la première
fois, "à tout le peuple ukraïnienu, l'Empereur François-
Joseph renouvela la promesse ministérielle, assignant
pour sa réalisation un délai de vingt ans. Un nou-
veau rescrit, actuellement attendu, réduira cette pé-
riode à seize ans; et la ville, où doit être créée l'U-
niversité, sera désignée par une loi spéciale, édictée
par le Parlement de l'Empire, vu le nouveau conflit
ukraïno-polonais qu'avait provoqué le choix primitif
de Lvow. Cette promesse, même si elle n'est pas
mise à exécution, est un acte d'hostilité envers la
Russie. Le Gouvernement Autrichien ne peut ignorer
que les députés ukraïnomanes, qui se vantent, bien en
vain d'ailleurs, d'avoir provoqué des révoltes dans
la flotte russe de la mer Noire, et prétendent que toute
la Petite-Russie (laquelle n'a cependant pas envoyé
un seul député séparatiste à la Douma d'Empire) se
lèvera comme un seul homme pour accueillir les
armées de la double-monarchie, proclament la future
Université centre intellectuel pour les trente millions
de Petits-Russiens et les dix millions de Blancs-Rus-
siens de l'Empire-Russe.
Le peuple, lui, défend vaillamment sa nationalité,
et il lui cherche un asile idéal dans l'Eglise Ortho-
doxe. Les Galiciens sont uniates. Sous la domination
polonaise, les seigneurs les "passèrenttl, sans les con-
sulter, à l'Eglise de Rome qui, pour s'éviter des ré-
sistances désagréables, leur laissa provisoirement
leurs rites et leur discipline. Adhérents malgré eux
de cette ,Union", dont le type est emprunté par les
congrégations papales aux méthodes colonisatrices de
l'ancienne Rome, les Galiciens ont compris le dan-
ger qui les menaçait. La Curie romaine poursuit
maintenant presqu'ouvertement deux buts: latinisation
complète de l'Eglise Uniate et dénationalisation au
profit simultané des" Ukrainiens il, des Polonais et
des Allemands. Le peuple à répondu par le passage
en masse à l'Orthodoxie sous la direction spirituelle
de prêtres nationaux, mais ordonnés par le Patriarche
de Constantinople. Pour enrayer le mouvement, le
Gouvernement provincial, appuyé d'ailleurs par Vienne
et soutenu par la Nonciature pontificale, a pris des
mesures draconiennes. Prêtres, publicistes et simples
paysans ont été jetés en prison; un prêtre a été
illégalement appelé sous les drapeaux; tous les ora-
toires ont été fermés. Ces persécutions ont été ra-
contées en détail dans le "Mémoire" 1) français à la
presse étrangère, dans les lettres de M. W. J. Birk-
beck au "Times" et dans une brochure du même
auteur.
Nous n'y reviendrons pas; mais nous devons
remarquer que l'ère des persécutions religieuses ne
paraît pas près de finir. Celles-ci ont atteint, durant
les derniers mois de 1912, une intensité, dans laquelle
on voudrait voir un signe de ce qu'elles sont par-
venues à leur point culminant. Voilà quatorze
mois que les prêtres Sandovitch et Goudima, le
publiciste Bendasiouk sont enfermés dans la prison
préventive, à Lvow, et, malgré les démarches réi-
térées de D. A. Markoff, le députe du Parti National
Russe au parlement autrichien, il a été impossible
d'obtenir que le procès suivît son cours. Pour arrê-
ter l'action peut-être même inique du tribunal autri-
chien, mais préférable à la détention sans motif léga-
lement établi, il a suffi d'une démarche du Nonce
Apostolique près la Cour de Vienne. S'appuyant sur
un rapport du Comte Szepticki, Métropolite Uniate
de Lvow, ce diplomate ecclésiastique a démontré au
Ministre de la Justice que la publicité d'un procès
remuerait profondément l'opinion et augmenterait
l'intensité du mouvement orthodoxe. L'Autriche pos-
sède, depuis 1867, une Constitution libérale. Mal-
heureusement, ses gardiens et ses interprètes ont
montré qu'ils étaient les disciples de ce Docteur mo-
derne de l'Eglise romaine, Louis Veuillot, qui disait
aux libéraux français: "Nous vous demandons la li-
berté au nom de vos principes, pour vous l'enlever
ensuite au nom des nôtres".
Malgré ces épreuves, le peuple russe de Galicie
ne désespère pas. Le réveil religieux y augmente sans
cesse d'intensité. Même les villages ukraïnophiles de
l'arrondissement de Sokal y adhèrent; et on peut, d'après
les renseingnements officiels, estimer à 8.000 le nombre
des recrues du mouvement orthodoxe, en 1912. La
défense des droits de la culture russe n'est pas non
plus négligée. Bien que les gendarmes autrichiens
fassent irruption dans les maisons des paysans, y
lacèrent les cartes géographiques russes, les portraits
des classiques---Pouchkine, Gogol, Léon Tolstoï-et
confisquent partout le livre russe, la langue natio-
nale maintient sa suprématie. La paysan galicien
donne ses dernières ressources pour faire venir de
Kieff, en contrebande, le livre russe qui le sauvera
de la dénationalisation. D'ailleurs, la presse locale
est fort militante. "La Russie Carpathienne" (Pri-
karpatskaïa Rouss"), "La voix du peuple" (Goloss
Naroda), qui se publient à Lvow, réussissent, malgré
les difficultés de la censure préalable, à maintenir le
contact intellectuel entre les deux Russies.
Deux sociétés de crédit foncier "La défense de
la terre" (,,Zastchita Zemly") et l"'Aide-toi" (Samo-
-
') V. „Revue Contemporaine" N" 4U.
porte ses fruits en Galicie. Alors que le peuple de-
meure fidèle à l'idée russe, Inintelligence", clergé,
médecins, avocats et fonctionnaires se conçoivent
comme représentants d'un peuple distinct: le peuple
ukrainien.
Pendant l'année passée, le Gouvernement autri.
chien a pris d'importantes dispositions, destinées à
fortifier l'idée ukrainienne. Quand la fraction ukraïno.
galicienne du Parlement de Vienne commença l'obs-
truction contre le vote de la nouvelle loi militaire, le
Gouvernement lui fit savoir que, si elle abandonnait
son attitude, une Université "nationale-ukraïnienne"
serait créée à Lvow. Les députés obtempérèrent.
Alors, dans un Rescrit adressé, pour la première
fois, "à tout le peuple ukraïnienu, l'Empereur François-
Joseph renouvela la promesse ministérielle, assignant
pour sa réalisation un délai de vingt ans. Un nou-
veau rescrit, actuellement attendu, réduira cette pé-
riode à seize ans; et la ville, où doit être créée l'U-
niversité, sera désignée par une loi spéciale, édictée
par le Parlement de l'Empire, vu le nouveau conflit
ukraïno-polonais qu'avait provoqué le choix primitif
de Lvow. Cette promesse, même si elle n'est pas
mise à exécution, est un acte d'hostilité envers la
Russie. Le Gouvernement Autrichien ne peut ignorer
que les députés ukraïnomanes, qui se vantent, bien en
vain d'ailleurs, d'avoir provoqué des révoltes dans
la flotte russe de la mer Noire, et prétendent que toute
la Petite-Russie (laquelle n'a cependant pas envoyé
un seul député séparatiste à la Douma d'Empire) se
lèvera comme un seul homme pour accueillir les
armées de la double-monarchie, proclament la future
Université centre intellectuel pour les trente millions
de Petits-Russiens et les dix millions de Blancs-Rus-
siens de l'Empire-Russe.
Le peuple, lui, défend vaillamment sa nationalité,
et il lui cherche un asile idéal dans l'Eglise Ortho-
doxe. Les Galiciens sont uniates. Sous la domination
polonaise, les seigneurs les "passèrenttl, sans les con-
sulter, à l'Eglise de Rome qui, pour s'éviter des ré-
sistances désagréables, leur laissa provisoirement
leurs rites et leur discipline. Adhérents malgré eux
de cette ,Union", dont le type est emprunté par les
congrégations papales aux méthodes colonisatrices de
l'ancienne Rome, les Galiciens ont compris le dan-
ger qui les menaçait. La Curie romaine poursuit
maintenant presqu'ouvertement deux buts: latinisation
complète de l'Eglise Uniate et dénationalisation au
profit simultané des" Ukrainiens il, des Polonais et
des Allemands. Le peuple à répondu par le passage
en masse à l'Orthodoxie sous la direction spirituelle
de prêtres nationaux, mais ordonnés par le Patriarche
de Constantinople. Pour enrayer le mouvement, le
Gouvernement provincial, appuyé d'ailleurs par Vienne
et soutenu par la Nonciature pontificale, a pris des
mesures draconiennes. Prêtres, publicistes et simples
paysans ont été jetés en prison; un prêtre a été
illégalement appelé sous les drapeaux; tous les ora-
toires ont été fermés. Ces persécutions ont été ra-
contées en détail dans le "Mémoire" 1) français à la
presse étrangère, dans les lettres de M. W. J. Birk-
beck au "Times" et dans une brochure du même
auteur.
Nous n'y reviendrons pas; mais nous devons
remarquer que l'ère des persécutions religieuses ne
paraît pas près de finir. Celles-ci ont atteint, durant
les derniers mois de 1912, une intensité, dans laquelle
on voudrait voir un signe de ce qu'elles sont par-
venues à leur point culminant. Voilà quatorze
mois que les prêtres Sandovitch et Goudima, le
publiciste Bendasiouk sont enfermés dans la prison
préventive, à Lvow, et, malgré les démarches réi-
térées de D. A. Markoff, le députe du Parti National
Russe au parlement autrichien, il a été impossible
d'obtenir que le procès suivît son cours. Pour arrê-
ter l'action peut-être même inique du tribunal autri-
chien, mais préférable à la détention sans motif léga-
lement établi, il a suffi d'une démarche du Nonce
Apostolique près la Cour de Vienne. S'appuyant sur
un rapport du Comte Szepticki, Métropolite Uniate
de Lvow, ce diplomate ecclésiastique a démontré au
Ministre de la Justice que la publicité d'un procès
remuerait profondément l'opinion et augmenterait
l'intensité du mouvement orthodoxe. L'Autriche pos-
sède, depuis 1867, une Constitution libérale. Mal-
heureusement, ses gardiens et ses interprètes ont
montré qu'ils étaient les disciples de ce Docteur mo-
derne de l'Eglise romaine, Louis Veuillot, qui disait
aux libéraux français: "Nous vous demandons la li-
berté au nom de vos principes, pour vous l'enlever
ensuite au nom des nôtres".
Malgré ces épreuves, le peuple russe de Galicie
ne désespère pas. Le réveil religieux y augmente sans
cesse d'intensité. Même les villages ukraïnophiles de
l'arrondissement de Sokal y adhèrent; et on peut, d'après
les renseingnements officiels, estimer à 8.000 le nombre
des recrues du mouvement orthodoxe, en 1912. La
défense des droits de la culture russe n'est pas non
plus négligée. Bien que les gendarmes autrichiens
fassent irruption dans les maisons des paysans, y
lacèrent les cartes géographiques russes, les portraits
des classiques---Pouchkine, Gogol, Léon Tolstoï-et
confisquent partout le livre russe, la langue natio-
nale maintient sa suprématie. La paysan galicien
donne ses dernières ressources pour faire venir de
Kieff, en contrebande, le livre russe qui le sauvera
de la dénationalisation. D'ailleurs, la presse locale
est fort militante. "La Russie Carpathienne" (Pri-
karpatskaïa Rouss"), "La voix du peuple" (Goloss
Naroda), qui se publient à Lvow, réussissent, malgré
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