Presse et revues
16 pages
Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 02 février 1913 02 février 1913
Description : 1913/02/02 (A4,T11,N66). 1913/02/02 (A4,T11,N66).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480520
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
f)9
Il est visible maintenant que leur alliance, ci-
mentée dans le sang versé sur les champs de ba-
taille, est forte et durable.
Il n'y a plus de différend gréco-bulgare, si tant
est qu'il y en ait jamais eu.
D'autre part, tous les bruits répandus dans la
presse au sujet de prétendus mécontentements ser-
bes à propos "de la reprise des hostilités pour des
intérêts bulgares" sont dénués de fondement. Les
alliés ont repris les hostilités d'un plein et commun
accord. C'est aussi d'un plein et commun accord
qu'ils dicteront leurs nouvelles conditions: plus que
jamais celles de chacun seront celles de tous.
René Marchand
Chroniques de la Semaine
Le Mois Russo-Finlandais
(Suite1)
II.
La proposition du gouverneur-général, au Senat de Fin-
lande, de prendre des mesures pour interdire à la presse lo-
cale la révélation des secrets militaires, excite les colères des
journaux suédomanes. "Nya Pressen"-le journal de Méchelin,-
démontre, par exemple, qu'une telle prohibition viole la liberté
de la presse finlandaise et qu'à l'avenir ou pourra toujours
révéler ces secrets d'une autre façon. L'organe éminemment
loyaliste de l'ancien président du "Conseil des Ministres" finlan-
dais s'indigne surtout de la peine sévère portée par la loi
contre ceux qui révèlent ces secrets; il exprime la certitude
que les juges finlandais sauront conserver leur entière liberté
d'action quand on leur soumettra de pareilles affaires.
D'ailleurs, ce ne sont pas là les seules preuves de leur
loyalisme que donnent les agitateurs groupés autour de M.
Méchelin. Il serait intéressant de savoir à qui étaient desti-
nées les 4000 cartouches découvertes, ces jours-ci, par la
gendarmerie, dans des tonneaux de. rhum suédois que la
douane finlandaise avait laissé passer; ou bien, d'où prove-
naient ces carabines Mauser trouvées sur la glace, dans la
baie de Wyborg, sous le pont de Vortiaïnen (,,Karjala" M 5,
„Tyô" .N» 5?) En tous cas, tous ces petits faits viennent encore
justifier les projets d'unification douanière. Le jour où les
douanes d'Empire seront transférées sur la frontière même de
l'Etat russe et ne s'arrêteront plus devant une autonomie pro-
vinciale. toute cette contrebande d'armes deviendra impossible.
Pour ceux, maintenant si nombreux en Occident, qui cher-
chent avant tout à sonder la conscience nationale" d'un peu-
ple, nous tâcherons de déterminer l'attitude de la Finlande,
devant certains événements récents, par celle même de sa
presse.
Il semblerait par exemple que la lutte irlandaise pour le
"Home rule", et surtout la victoire des autonomistes à la
Chambre des communes, devraient soulever en Finlande un
vif enthousiasme. Or, il n'en est rien. Toute la presse, comme
sur mot d'ordre, se tait. Elle n'en dit mot parce que toute des-
cription de cette autonomie, qui réalise le désir des Irlandais
et le maximum de décentralisation du Gouvernement libéral
de la libérale Angleterre, invite à faire un parallèle avec l'au-
tonomie finlandaise; et cette comparaison est loin d'être favo-
1) Voir le M <55 de la Revue Contemporaine.
rable aux plaintes de la nation opprimée contre la législation
générale de l'Empire. Que les amis occidentaux de la Finlande
réfléchissent quelque peu sur cette description.
Le pouvoir législatif du parlement irlandais ne s'étend
qu'aux affaires d'intérêt local qui n'ont aucune connexité aux
intérêts généraux de l'Empire britannique. Forment exception
à sa compétence les questions relatives à la succession au
trône, aux déclaration de guerre, à la conclusion de la paix et aux
traités internationaux, à l'organisation des forces militaires de
terre et de mer, à la naturalisation, au système monétaire, aux
droits d'auteur, au commerce et à la navigation, aux réformes
agraires, aux postes et télégraphes, aux caisses d'épargnes, aux
pensions, etc. En un mot, si l'on compare cette énumération
des matières rapportées par la loi anglaise au domaine de la
législation générale d'Etat, avec l'article II de la loi russe du
17 Juin 1910, le libéralisme de cette dernière est évident. Que
diraient donc les politiciens finlandais si leur Diète était pla- 1
cée, à l'égard de la Douma et du gouverneur-général, dans la
même dépendance que le futur parlement irlandais, dont les
décisions ne recevront force de loi que si elles ne rencon-
trent pas le veto du Parlement anglais et du lord vice-roi.
Le silence de la presse finlandaise est compréhensible.
Une autre observation intéressante à faire concerne l'ap-
préciation des Finlandais sur les événements des Balkans. Nous
trouvons cette appréciation très franchement exprimée dans le
,,Tammerfors Nyheter" (N2 1).
,,L'alarme, qui règne dans tout l'Univers, à l'approche de
ce jour de l'An, ne dépend certainement pas des nouvelles qui
nous apprennent les difficultés rencontrées par les pourparlers
de paix qui se poursuivent actuellement à Londres. Non, ce
n'est pas ce spectacle de marchandages et de menaces, de
vantardises et d'exigences, qui tient tout le monde dans l'at-
tente de quelque chose de terrible. C'est la conscience d'un
danger incomparablement plus grand, surgi et grandi au der-
nier moment, plein de forces explosibles.
,,Ce danger, c'est le panslavisme. Il est très possible que
les sentiments, entre la Russie officielle et le roi Ferdinand,
ne soient guère chaleureux; mais les peuples slaves sentent et
reconnaissent la force des liens du sang. Dans l'Europe cen-
trale germanique, on a vivement senti combien la haine des
Allemands se développe rapidement dans le monde slave. Ce
n'est pas pour son plaisir que l'armée autrichienne est de-
puis quelques mois mobilisée. Une telle guerre pacifique exige
des dépenses inouies. Dans les cercles militaires allemands,
ou estime que cela ne durera pas jusqu'au printemps.
La foi religieuse en leur tâche et la croissance inouïe de
la population des peuples slaves font leur force invincible et
leur donnent l'assurance de la victoire. C'est pourquoi il est
impossible de ne pas sentir l'approche de la lutte mondiale
et de ne pas avouer que la situation du Germanisme en Eu-
rope est extrêmement sérieuse. Nous autres, suédois, qui som-
mes le poste avancé du Germanisme au Nord, nous n'avons
pas le droit de nous bercer d'illusions. Il reste une seule is-
sue, qui écarterait définitivement le glaive suspendu sur l'Eu-
rope: ce serait l'accord entre les deux plus grands peuples
germaniques, entre Allemands et Anglais. Mais l'inimité entre
l'Angleterre et l'Allemagne est fondée sur une passion qui étouffe
la voix du sang, sur la passion du gain, sur la concurrence
pour le marché mondial".
Ainsi, triomphe du Germanisme, dissolution de la Triple-
Entente, tels sont les désirs du monde suédo-finlandais. Nous
recommandons à l'attention des amis français de la Finlande
ces souhaits de nouvelle année.
Un finlandais, M. Talgren, vient de publier un "Guide du
Finlandais à l'Etranger", c'est-à-dire en Russie. Ce petit vo-
lume éclaire un côté jusqu'à présent peu connu du sépara-
tisme finlandais. On sait parfaitement qu'il existe là-bas un
courant qui pousse 200.000 Suédois vers leur ancienne métro-
pole; on ignore trop où l'on voudrait entraîner 3.000.000 de
Il est visible maintenant que leur alliance, ci-
mentée dans le sang versé sur les champs de ba-
taille, est forte et durable.
Il n'y a plus de différend gréco-bulgare, si tant
est qu'il y en ait jamais eu.
D'autre part, tous les bruits répandus dans la
presse au sujet de prétendus mécontentements ser-
bes à propos "de la reprise des hostilités pour des
intérêts bulgares" sont dénués de fondement. Les
alliés ont repris les hostilités d'un plein et commun
accord. C'est aussi d'un plein et commun accord
qu'ils dicteront leurs nouvelles conditions: plus que
jamais celles de chacun seront celles de tous.
René Marchand
Chroniques de la Semaine
Le Mois Russo-Finlandais
(Suite1)
II.
La proposition du gouverneur-général, au Senat de Fin-
lande, de prendre des mesures pour interdire à la presse lo-
cale la révélation des secrets militaires, excite les colères des
journaux suédomanes. "Nya Pressen"-le journal de Méchelin,-
démontre, par exemple, qu'une telle prohibition viole la liberté
de la presse finlandaise et qu'à l'avenir ou pourra toujours
révéler ces secrets d'une autre façon. L'organe éminemment
loyaliste de l'ancien président du "Conseil des Ministres" finlan-
dais s'indigne surtout de la peine sévère portée par la loi
contre ceux qui révèlent ces secrets; il exprime la certitude
que les juges finlandais sauront conserver leur entière liberté
d'action quand on leur soumettra de pareilles affaires.
D'ailleurs, ce ne sont pas là les seules preuves de leur
loyalisme que donnent les agitateurs groupés autour de M.
Méchelin. Il serait intéressant de savoir à qui étaient desti-
nées les 4000 cartouches découvertes, ces jours-ci, par la
gendarmerie, dans des tonneaux de. rhum suédois que la
douane finlandaise avait laissé passer; ou bien, d'où prove-
naient ces carabines Mauser trouvées sur la glace, dans la
baie de Wyborg, sous le pont de Vortiaïnen (,,Karjala" M 5,
„Tyô" .N» 5?) En tous cas, tous ces petits faits viennent encore
justifier les projets d'unification douanière. Le jour où les
douanes d'Empire seront transférées sur la frontière même de
l'Etat russe et ne s'arrêteront plus devant une autonomie pro-
vinciale. toute cette contrebande d'armes deviendra impossible.
Pour ceux, maintenant si nombreux en Occident, qui cher-
chent avant tout à sonder la conscience nationale" d'un peu-
ple, nous tâcherons de déterminer l'attitude de la Finlande,
devant certains événements récents, par celle même de sa
presse.
Il semblerait par exemple que la lutte irlandaise pour le
"Home rule", et surtout la victoire des autonomistes à la
Chambre des communes, devraient soulever en Finlande un
vif enthousiasme. Or, il n'en est rien. Toute la presse, comme
sur mot d'ordre, se tait. Elle n'en dit mot parce que toute des-
cription de cette autonomie, qui réalise le désir des Irlandais
et le maximum de décentralisation du Gouvernement libéral
de la libérale Angleterre, invite à faire un parallèle avec l'au-
tonomie finlandaise; et cette comparaison est loin d'être favo-
1) Voir le M <55 de la Revue Contemporaine.
rable aux plaintes de la nation opprimée contre la législation
générale de l'Empire. Que les amis occidentaux de la Finlande
réfléchissent quelque peu sur cette description.
Le pouvoir législatif du parlement irlandais ne s'étend
qu'aux affaires d'intérêt local qui n'ont aucune connexité aux
intérêts généraux de l'Empire britannique. Forment exception
à sa compétence les questions relatives à la succession au
trône, aux déclaration de guerre, à la conclusion de la paix et aux
traités internationaux, à l'organisation des forces militaires de
terre et de mer, à la naturalisation, au système monétaire, aux
droits d'auteur, au commerce et à la navigation, aux réformes
agraires, aux postes et télégraphes, aux caisses d'épargnes, aux
pensions, etc. En un mot, si l'on compare cette énumération
des matières rapportées par la loi anglaise au domaine de la
législation générale d'Etat, avec l'article II de la loi russe du
17 Juin 1910, le libéralisme de cette dernière est évident. Que
diraient donc les politiciens finlandais si leur Diète était pla- 1
cée, à l'égard de la Douma et du gouverneur-général, dans la
même dépendance que le futur parlement irlandais, dont les
décisions ne recevront force de loi que si elles ne rencon-
trent pas le veto du Parlement anglais et du lord vice-roi.
Le silence de la presse finlandaise est compréhensible.
Une autre observation intéressante à faire concerne l'ap-
préciation des Finlandais sur les événements des Balkans. Nous
trouvons cette appréciation très franchement exprimée dans le
,,Tammerfors Nyheter" (N2 1).
,,L'alarme, qui règne dans tout l'Univers, à l'approche de
ce jour de l'An, ne dépend certainement pas des nouvelles qui
nous apprennent les difficultés rencontrées par les pourparlers
de paix qui se poursuivent actuellement à Londres. Non, ce
n'est pas ce spectacle de marchandages et de menaces, de
vantardises et d'exigences, qui tient tout le monde dans l'at-
tente de quelque chose de terrible. C'est la conscience d'un
danger incomparablement plus grand, surgi et grandi au der-
nier moment, plein de forces explosibles.
,,Ce danger, c'est le panslavisme. Il est très possible que
les sentiments, entre la Russie officielle et le roi Ferdinand,
ne soient guère chaleureux; mais les peuples slaves sentent et
reconnaissent la force des liens du sang. Dans l'Europe cen-
trale germanique, on a vivement senti combien la haine des
Allemands se développe rapidement dans le monde slave. Ce
n'est pas pour son plaisir que l'armée autrichienne est de-
puis quelques mois mobilisée. Une telle guerre pacifique exige
des dépenses inouies. Dans les cercles militaires allemands,
ou estime que cela ne durera pas jusqu'au printemps.
La foi religieuse en leur tâche et la croissance inouïe de
la population des peuples slaves font leur force invincible et
leur donnent l'assurance de la victoire. C'est pourquoi il est
impossible de ne pas sentir l'approche de la lutte mondiale
et de ne pas avouer que la situation du Germanisme en Eu-
rope est extrêmement sérieuse. Nous autres, suédois, qui som-
mes le poste avancé du Germanisme au Nord, nous n'avons
pas le droit de nous bercer d'illusions. Il reste une seule is-
sue, qui écarterait définitivement le glaive suspendu sur l'Eu-
rope: ce serait l'accord entre les deux plus grands peuples
germaniques, entre Allemands et Anglais. Mais l'inimité entre
l'Angleterre et l'Allemagne est fondée sur une passion qui étouffe
la voix du sang, sur la passion du gain, sur la concurrence
pour le marché mondial".
Ainsi, triomphe du Germanisme, dissolution de la Triple-
Entente, tels sont les désirs du monde suédo-finlandais. Nous
recommandons à l'attention des amis français de la Finlande
ces souhaits de nouvelle année.
Un finlandais, M. Talgren, vient de publier un "Guide du
Finlandais à l'Etranger", c'est-à-dire en Russie. Ce petit vo-
lume éclaire un côté jusqu'à présent peu connu du sépara-
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