REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME
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SAMEDI 12 JANVIER 1913
JNfs 63
Editorial
12 Janvier igij
Si l'on examine, au point de vue économique,
ne fût-ce qu'à vol d'oiseau, l'année qui vient de
s'écouler, année, pourtant, tumultueuse et toute se-
couée par des convulsions internationales, on ne
peut s'empêcher d'éprouver un sentiment de satis-
faction profonde et même, il faut bien l'avouer pour
être impartial, un sentiment d'agréable surprise. Cette
surprise s'explique: il suffit, pour donner leur vraie
valeur aux chiffres, de dresser, à côté du bilan russe,
les bilans de quelques pays étrangers; il suffit, pour
éclairer sous son jour véritable, la situation économi-
que de la Russie, de rappeler que les Etats, intéres-
sés le plus directement à la crise orientale, ont leurs
marchés ravagés, leur système financier bouleversé
au point de recourir à des emprunts onéreux outre-
mer, alors que la Russie, aussi près, sinon plus près
encore de la poudrière balkanique, vient de clore al-
lègrement son exercice budgétaire et paraît entrer
en une ère de prospérité toujours plus accentuée.
Il y a là un fait d'autant plus remarquable qu'il était
possible de redouter, pour les finances russes, la
lourde répercussion de la mauvaise récolte de 1911,
éventualité dont les prévisions budgétaires se sont
ressenties assez sensiblement pour sembler, aujour-
d'hui, modestes et timides à l'excès. Ainsi, somme
toute, le pays a poursuivi, au cours de l'année écou-
lée, une voie ardue que hérissaient de leurs écueils
les complications extérieures et toutes les conséquen-
ces d'un médiocre rendement de la terre, ressource
capitale d'un pays agricole par excellence. Il est né-
cessaire d'avoir en vue ces conditions profondément
défavorables pour attacher leur juste prix à l'excé-
dent budgétaire et au chiffre élevé des libres dispo-
nibilités du Trésor.
La plus-value révélée par la réalisation des pré-
visions budgétaires accuse, pour l'espace des premiers
onze mois de l'année, la somme de 135 millions de
roubles, chiffre appelé à s'élever à 190 millions si les
rentrées du mois de Décembre se maintiennent
proportionnelles au cours suivi par les recettes pré-
cédentes. D'autre part, malgré l'accroissement de la
dette du chef de l'émission de la Rente 4° o pour la
Caisse des Institutions de Crédit Provincial et Muni-
cipal et le rachat du chemin de fer Varsovie-Vienne
par l'Etat, la dette publique, en définitive, a diminué
de 94 millions de roubles et se chiffre actuellement à
8.859 millions.
Il est vrai que le chiffre colossal atteint par le
budget pour 1913 est de nature, au premier abord, à
suggérer quelques inquiétudes: 3.208 millions de
roubles, en augmentation de 416 millions sur le bud-
get de l'année dernière. L'accroissement des dépen-
ses doit même amener un prélèvement de 29 mil-
lions de roubles sur les libres disponibilités du Tré-
sor. Mais cette somme est nécessairement destinée à
paraître minime si l'on prend en considération les
besoins urgents auxquels l'Etat doit faire face, l'aug-
mentation des dépenses affectées à la défense na-
tionale, la réalisation du programme naval, la cons-
truction de nouvelles voies ferrées et l'aménagement
des ports. Elle est surtout appelée à perdre de son
importance si l'on songe que le chiffre des libres
disponibilités du Trésor s'élève pour 1913 à 400
millions de roubles, chiffre assez considérable pour
étayer, sur un fondement solide, le développement
ultérieur des finances du pays et pour imposer con-
fiance aux contribuables.
Les cours auxquels se sont maintenus les
Fonds d'Etat russes sont une preuve significative de
la confiance nationale. Aux moments les plus aigus
de la crise extérieure, dans la débâcle frénétique qui
entraînait les ventes, les événements ne sont parve- -
nus à reculer la Rente que de l/S' alors que la Rente
française perdait 6° 0, que l'Emprunt d'Etat alle-
mand 3"/o rétrogradait de 4%, et les consolidés an-
glais de 2° o. Et si, d'autre part, on examine les
autres groupes de valeurs, presque partout, lorsqu'il
s'agit de titres dont les cours interprètent les pro-
grès de la production nationale, on constate des
plus-values considérables sur le niveau des prix at-
teints en clôture de 1911, et cela malgré la chute
des cotes amenée par les inquiétudes diplomatiques
