Titre : Notre rive : revue nord-africaine illustrée
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1928-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32825385p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1324 Nombre total de vues : 1324
Description : 01 mars 1928 01 mars 1928
Description : 1928/03/01 (A2)-1928/03/31. 1928/03/01 (A2)-1928/03/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62387116
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-62734
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
60 bil
Jérôme 60° latitude nord américaines nous promènent allègrement sur la machine
y, .H ronde tels des cirons affairés sur un melon. Et c'est
par M.. aurice BEDEL d, à J. d'êl'
par Mattrice BEL)FI. pourquoi nous en voudrons un peu à Jerome d être si
(Prix Concourt 1927. Editions de la N.H.F.) loin de la bonne page, bien qu'il ait osé prendre le ba-
Mau rice Bedet a connu la Norvège non pas comme J é - teau et le spleeping-car de Paul Morand et qu'il s'efforce
Maurice Bedel a connu la Norvège non pas comme Jé- de conserver l'allure détachée de Jean Giraudoux. Il
Tome, son héros, sur un paquebot de la mer du Nord, garde sa Touraine dans la poche gauche de son gilet,
dans les yeux chavirés d'une charmante tille en proie au piteux poète d'un siècI„ passé, et elle l'empoisonnera
seasick, mais bien pendant la guerre, et dans les Vosges, jusqu'au fond des forêts de sapins où il fait si bon skier
.auprès de robustes gars venus de notre côté par amitié sur la neige propice, jusqu'au fond de cette chambre
pour la France et ce qu'elle pense. C'était déjà une ex- d'hôtel que l'on sent, choisie par Uni, confortable, méti-
cellente raison pour trouver narrait ce pays qu'on de- culeusement astiquée, nickelée vernie, avec un lit douil-'
-vait accuser l'écrivain d'avoir diffamé et ridiculisé dans let à-ressorts silencieux.
son livre. Que ces accusations sonnent mal 1 Et combien
son livre. les portent sont mal renseignés sur les Skatidi- Les Skandinaves v penseront-ils ainsi ? Se reconnaitront-
ceux qui les portent sont mal renseignés sur les eSI kandi- .1 t bl t déformes dans le miroir
naves, surtout , ils en souriant, passablement déformés dans le miroir
naves, surtout lorsqu Ils. nous sont présentés reve-t, us de sphérique du Prix Goncourt 1927 mais bien eux tout de
la plus chatoyante fantaisie (Et que fermt-on dans l'amer- sphérique du Prix Goncourt 1927, mais bien eux tout de
fume du jour d hui s'il ne nous restait la f t" 1) même ? Se moqu n Jerome qui le
Je mérite bten ? Au reste, cela importe peu. Nous conserve-
Je crois qu'en Afrique du Nord, où il s'en faut que le rons de l'aventure un livre amusant, plein d'excellents
climat soit celui d'Oslo, on comprendra plus vite et plus procédés pour distraire, ne serait-ce que celui du fran-
facilement qu'en France les Norvégiens et surtout les çais cocasse de la petite Uni (dommage que M. Bedel
Norvégiennes de Maurice Bedel. Comme le nôtre, s'il est n'ait pu nous offrir en opposition le norvégien naissant
moins mêlé, ce peuple est jeune et prêt à pousser loin de Jerome) et plein d'exquises scènes, ne serait-ce que
ses désirs, naïf et sérieux à la fois. On y fait bien ce que celle du soir de Noël, avec Jérome soupant « pareil que
l'on fait et il est permis de changer d'idées et d'humeur. les oiseaux w
On se donne sans plus tergiverser à qui l'on aime et chagrins ont trouvé ces pages sans grande
quand les affaires ne plus tergiverser à qui l'oii aime et Des d N ont trouvé ces pages sans grande
qttand les -.iffaires ne marchent plus on « c.-isse'la carte », profondeur. Nous ne croyons pas. Et même s cela était,
avec cette supériorité sur nous, Méditerranéens, que cela profondeur. Nous ne croyons pas. Et même s. cela était,
qu Impor e, pUisque on eSl accroc e -
se passe sans cris et même sans douleur. Uni Krag ! On la verrait fort bien à Kabat, à Alger ou à Tunis, sauf la re- nier chapitre et que 1 on se sent dilaté d alse à chacun
commandation que lui 'feraient bientôt ses amies de cl eux
moins remuer ; mais cela n'est qu'une question de ther- ,
momètre. grand louis l'innocent
Par exemple, un être que le Nord-africain moyen con- par Marie LE FRANC
cevra mal, c'est Jérome, le sympathique et scrupuleux (Prix Femina 1927. Editions Rieder¡
Jerome, T. qui regarde passer i les solu dat. s danOis dans la x (Prix Femina 1927. Editions Riedery
rue au lieu de regarder le cou de sa bonne amie si genti- Le Nord a séduit les jurys des, prix littéraires, cet hi-
ment découvert pour lui. Jérôme, avec son amour 1840, ver. Mais tandis que Jérome évolue dans l'atmosphère
avec ses préjugés tourangeaux, avec son imagination vivifiante de la neige, au cœur même de la Norvège saine
enflammée, que la neige sale des rues d'Oslo se charge et sportive, la « jungle blanche », si souvent évoquée par
heureusement d'éteindre, a tout du « Francaoui ». A Mme Le Franc dans l'histoire de Grand Louis, dresse
Marseille, Uni l'appellerait « fada » ; en terre d'Afrique seulement sa toile de fond « dans le souvenir » ; la « tem-
elle le doterait sans doute d'un nom plus énergique en- pète blanche » surgit dai& un monde mental* s'opposant
core 1 Mais à Copenhague, en plein voyage de fiançailles, à la a tempête noire », réelle, de la lande ; la vision des
la délicieuse Uni aux yeux bleus rend doucement sa pa- pays nordiques étincelle, formidable, quand la lande, la
role à Jérôme qui décidément ne comprendra jamais nuit et la mer se jettent sur la maison d-Eva, prêtes à la
rien à ses semblables, franchi le 50* parallèle. détruire de leurs forces conjuguées. Cette lande, c'est la
Dix degrés de différence en latitude, c'est tellement peu Bretagne mystérieuse, le pays des troublantes légendes
à l'heure où les voyages au Congo ou aux Iles Société, et des fantômes, le domaine des réincarnés, le lieu où la
les croisières noire ou blanche, les routes mandarines ou mort joue dans la vie des vivants un si grand rôle, où
— 15 -
Jérôme 60° latitude nord américaines nous promènent allègrement sur la machine
y, .H ronde tels des cirons affairés sur un melon. Et c'est
par M.. aurice BEDEL d, à J. d'êl'
par Mattrice BEL)FI. pourquoi nous en voudrons un peu à Jerome d être si
(Prix Concourt 1927. Editions de la N.H.F.) loin de la bonne page, bien qu'il ait osé prendre le ba-
Mau rice Bedet a connu la Norvège non pas comme J é - teau et le spleeping-car de Paul Morand et qu'il s'efforce
Maurice Bedel a connu la Norvège non pas comme Jé- de conserver l'allure détachée de Jean Giraudoux. Il
Tome, son héros, sur un paquebot de la mer du Nord, garde sa Touraine dans la poche gauche de son gilet,
dans les yeux chavirés d'une charmante tille en proie au piteux poète d'un siècI„ passé, et elle l'empoisonnera
seasick, mais bien pendant la guerre, et dans les Vosges, jusqu'au fond des forêts de sapins où il fait si bon skier
.auprès de robustes gars venus de notre côté par amitié sur la neige propice, jusqu'au fond de cette chambre
pour la France et ce qu'elle pense. C'était déjà une ex- d'hôtel que l'on sent, choisie par Uni, confortable, méti-
cellente raison pour trouver narrait ce pays qu'on de- culeusement astiquée, nickelée vernie, avec un lit douil-'
-vait accuser l'écrivain d'avoir diffamé et ridiculisé dans let à-ressorts silencieux.
son livre. Que ces accusations sonnent mal 1 Et combien
son livre. les portent sont mal renseignés sur les Skatidi- Les Skandinaves v penseront-ils ainsi ? Se reconnaitront-
ceux qui les portent sont mal renseignés sur les eSI kandi- .1 t bl t déformes dans le miroir
naves, surtout , ils en souriant, passablement déformés dans le miroir
naves, surtout lorsqu Ils. nous sont présentés reve-t, us de sphérique du Prix Goncourt 1927 mais bien eux tout de
la plus chatoyante fantaisie (Et que fermt-on dans l'amer- sphérique du Prix Goncourt 1927, mais bien eux tout de
fume du jour d hui s'il ne nous restait la f t" 1) même ? Se moqu n Jerome qui le
Je mérite bten ? Au reste, cela importe peu. Nous conserve-
Je crois qu'en Afrique du Nord, où il s'en faut que le rons de l'aventure un livre amusant, plein d'excellents
climat soit celui d'Oslo, on comprendra plus vite et plus procédés pour distraire, ne serait-ce que celui du fran-
facilement qu'en France les Norvégiens et surtout les çais cocasse de la petite Uni (dommage que M. Bedel
Norvégiennes de Maurice Bedel. Comme le nôtre, s'il est n'ait pu nous offrir en opposition le norvégien naissant
moins mêlé, ce peuple est jeune et prêt à pousser loin de Jerome) et plein d'exquises scènes, ne serait-ce que
ses désirs, naïf et sérieux à la fois. On y fait bien ce que celle du soir de Noël, avec Jérome soupant « pareil que
l'on fait et il est permis de changer d'idées et d'humeur. les oiseaux w
On se donne sans plus tergiverser à qui l'on aime et chagrins ont trouvé ces pages sans grande
quand les affaires ne plus tergiverser à qui l'oii aime et Des d N ont trouvé ces pages sans grande
qttand les -.iffaires ne marchent plus on « c.-isse'la carte », profondeur. Nous ne croyons pas. Et même s cela était,
avec cette supériorité sur nous, Méditerranéens, que cela profondeur. Nous ne croyons pas. Et même s. cela était,
qu Impor e, pUisque on eSl accroc e -
se passe sans cris et même sans douleur. Uni Krag ! On la
commandation que lui 'feraient bientôt ses amies de cl eux
moins remuer ; mais cela n'est qu'une question de ther- ,
momètre. grand louis l'innocent
Par exemple, un être que le Nord-africain moyen con- par Marie LE FRANC
cevra mal, c'est Jérome, le sympathique et scrupuleux (Prix Femina 1927. Editions Rieder¡
Jerome, T. qui regarde passer i les solu dat. s danOis dans la x (Prix Femina 1927. Editions Riedery
rue au lieu de regarder le cou de sa bonne amie si genti- Le Nord a séduit les jurys des, prix littéraires, cet hi-
ment découvert pour lui. Jérôme, avec son amour 1840, ver. Mais tandis que Jérome évolue dans l'atmosphère
avec ses préjugés tourangeaux, avec son imagination vivifiante de la neige, au cœur même de la Norvège saine
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heureusement d'éteindre, a tout du « Francaoui ». A Mme Le Franc dans l'histoire de Grand Louis, dresse
Marseille, Uni l'appellerait « fada » ; en terre d'Afrique seulement sa toile de fond « dans le souvenir » ; la « tem-
elle le doterait sans doute d'un nom plus énergique en- pète blanche » surgit dai& un monde mental* s'opposant
core 1 Mais à Copenhague, en plein voyage de fiançailles, à la a tempête noire », réelle, de la lande ; la vision des
la délicieuse Uni aux yeux bleus rend doucement sa pa- pays nordiques étincelle, formidable, quand la lande, la
role à Jérôme qui décidément ne comprendra jamais nuit et la mer se jettent sur la maison d-Eva, prêtes à la
rien à ses semblables, franchi le 50* parallèle. détruire de leurs forces conjuguées. Cette lande, c'est la
Dix degrés de différence en latitude, c'est tellement peu Bretagne mystérieuse, le pays des troublantes légendes
à l'heure où les voyages au Congo ou aux Iles Société, et des fantômes, le domaine des réincarnés, le lieu où la
les croisières noire ou blanche, les routes mandarines ou mort joue dans la vie des vivants un si grand rôle, où
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