Titre : Le Monde illustré, Miroir du monde
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1938-09-24
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34415951d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1503 Nombre total de vues : 1503
Description : 24 septembre 1938 24 septembre 1938
Description : 1938/09/24 (A82,N4210). 1938/09/24 (A82,N4210).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6201421j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2943
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
LE MONDE ILLUSTRE - MIROIR DU MONDE
ANIMAUX MASCOTTES
- par Jean LECOQ
A
t
Edimbourg, en Ecosse, on vient d'apposer une plaque à la mé-
moire de tous les animaux, même les plus infimes — tels les
oiseaux, telles même les petites souris — qui furent les mas-
cottes des régiments pendant la guerre.
Car tous les corps de la Grande-Bretagne et des Dominions eurent des
animaux mascottes. Et, la guerre finie, bon nombre de ces animaux
furent recueillis par le Jardin Zoologique de Londres, qui leur servit
de maison de retraite.
On vient d'inaugurer a Edimbourg une plaque à la
mémoire des souris, animaux mascottes du soldat
anglais pendant la guerre mondiale de 1914-1918.
anglais pEindânt là gùeere nionàs4ole J'? 14-1918.
Les chiens, naturellement, furent les plus nombreux. Mais combien
d'autres animaux accompagnèrent les soldats pendant les quatre ans de
-guerre! ',' , ','" ",' ,', :
Certains régiments avaient une chèvre qui marchait gravement
e :a atte
auprès de la « batterie », tout en hochant du barbichon; d'autres,
un singe qui, perché sur l'épaule d'un soldat du premier rang, défi-
lait en faisant des grimaces aux curieux. ,,',,' .,", "; ", l'., ",','
1 .:, < Un régiment de l'Afrique du Sud possédait une ravissante gazelle
qui avait fort bien pris son parti des nouvelles conditions de vie iqui
lui étaient faites. , ','. "',
On a remarqué que tous les régiments composés de soldats origi-
naires du pays de Galles avaient une chèvre blanche comme mas-
cotte.
La batterie A du 52e d'artillerie britannique avait une oie, une oie
qui mérita de survivre dans la mémoire de la postérité, tout autant que
ses devancières du Capitole. Les artilleurs assuraient, en effet, qu'elle
prenait son rôle au sérieux, et que, plus d'une fois, dans la nuit, elle
jeta l'alarme fort à point et fit échouer des attaques de l'ennemi.
Après l'armistice, il fut question de mettre Jane — les soldats la
nommèrent ainsi — à la broche. Mais toute la batterie se souleva de-
vant un tel projet. Jane fut mise en pension au Zoo de Londres. Elle
y a achevé sa vie dans la sérénité.
Mais les régiments de la Grande-Bretagne ne furent pas seuls à
posséder des animaux mascottes. Un régiment russe, qui combattait
en Champagne, avait amené avec lui son ours, un bel ours noir qui
vivait fort bien dans la tranchée, au milieu des soldats. L'animal était
fort intelligent, mais très volontaire, et parfois d'un caractère assez
difficile.
Comme les soldats l'aimaient, ils lui avaient confectionné un mas-
que, afin que, comme eux, il fut protégé contre les gaz. Mais l'ours se
dérobait, ne voulait pas qu'on lui mit le masque. Et les soldats pen-
saient : « Il mourra de son entêtement. »
Or, il ne mourut pas. Car, un jour que la vague mortelle s'était
abattue sur la tranchée, on vit l'ours, à l'instant, gratter la neige, puis
la terre, introduire en ce masque dur la pointe de son museau, ne
plus bouger. Enfin, les soldats ayant ôté leurs masques, l'ours, à son
tour, mit le museau hors du trou, tout en grognant de satisfaction.
Allez douter de l'ingéniosité des bêtes après un tel exemple.
Les anecdotes sur les animaux .m,ascottes sont innombrables. Le
Giornale d'Italia, en 1916, raconte qu'un régiment d'Alpins ayant, peu
auparavant, rencontré, dans la montagne, une brebis égarée, l'avait
recueillie et prise comme mascotte. Parfaitement accoutumée à sa
nouvelle existence, la petite bête craintive était devenue vaillante
comme un vieux troupier. Jamais elle ne bêlait ni ne témoignait la
moindre frayeur, même quand la mitraille faisait rage.
Nos régiments aussi eurent parfois des animaux mascottes qu'on ne
se fût pas attendu à rencontrer dans la compagnie des troupiers.
Lors de la bataille de la Marne, le colonel d'un de nos régiments,
ayant trouvé, dans un village évacué par ses habitants, un coq soli-
taire et perdu, le recueillit, l'adopta et l'emmena avec la colonne. Et
le coq du colonel devint le fétiche du régiment.
Il suivit celui-ci, dès lors, dans toutes ses randonnées, par toutes
les routes, sur tous les fronts. Bien qu'appartenant à une race assez
craintive, familiarisé avec tous les bruits, il semblait n'y prêter aucune
attention. * ,
A la fin de la guerre, au mois de novembre 1918, la population de
Vitry-le-François, regardant passer dans les rues de la ville, le
332' d'infanterie, ne fut pas peu surprise de voir trotter, à côté des
soldats, un superbe sanglier.
C'était le sanglier du régiment.
Ce sanglier avait été, en 1016, trouvé, dans les environs de Mont-
mirail, par un officier en permission, qui l'avait ramené avec lui au
corps. Ce n'était alors qu'un tout petit marcassin gros comme un dlat.
Au lendemain de l'armistice, il pesait 120 kilos.
« Arthur » — c'est ainsi que rappelaient Tes braves poilus du 332e
- était aussi doux qu'un mouton. Il se laissait facilement approcher
et caresser. Aussi était-il choyé de tous.
Au cantonnement, on le laissait en liberté. Jamais il ne manifesta
la moindre velléité de se sauver. Jamais il ne causa le moindre mal.
Aussi fidèle qu'un chien," il suivait le régiment partout. Il avait sa
plaque d'identité tout comme un soldat.
On avait affecté un cuistot à son service; et il connaissait les
sonneries de la soupe aussi bien que les troupiers.
Le lieutenant qui l'avait trouvé étant tombé au champ d'honneur
sous Verdun, le colonel avait dit : « Il faut garder « Arthur » en sou-
venir de lui ».
Et lé régiment garda Arthur,
Auprès de ces mascottes collectives, que de mascottes individuelles,
que de corbeaux, que de pies, que de geais, que d'oiseaux de toutes
sortes apprivoisés par les soldats !
A Neuville-Saint-Vaast, des soldats capturèrent un jour un faucon
crécerelle qu'ils mirent en cage. Quand on voulut rendre la liberté
à l'oiseau ide proie, il la refusa. Il allait chercher sa nourriture et
revenait dans sa cage pour manger, boire et dormir. Il ne voulait
plus quitter les soldats, ses amis. ','
On a remarqué partout, sur le front, que les bêtes, même les plus
craintives, même les plus effrayées par la présence de rhomme en
temps ordinaire, ne se sauvaient pas, demeuraient fermes à leur poste,
au milieu du fracas des batailles. On a signalé des mésanges qui avaient
fait leur nid dans un canon, d'autres dans un gargoussier; Il sem-
blait, en vérité, que toutes ces petites bêtes eussent la conscience d'un
devoir à remplir, le devoir de distraire, d'égayer, de consoler tous
e, qui: -le$ -
ces hommes qui risquaient leut vie chaque jour, et qui les considé-
raient comme leurs « porte-bonheur ».
ANIMAUX MASCOTTES
- par Jean LECOQ
A
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Edimbourg, en Ecosse, on vient d'apposer une plaque à la mé-
moire de tous les animaux, même les plus infimes — tels les
oiseaux, telles même les petites souris — qui furent les mas-
cottes des régiments pendant la guerre.
Car tous les corps de la Grande-Bretagne et des Dominions eurent des
animaux mascottes. Et, la guerre finie, bon nombre de ces animaux
furent recueillis par le Jardin Zoologique de Londres, qui leur servit
de maison de retraite.
On vient d'inaugurer a Edimbourg une plaque à la
mémoire des souris, animaux mascottes du soldat
anglais pendant la guerre mondiale de 1914-1918.
anglais pEindânt là gùeere nionàs4ole J'? 14-1918.
Les chiens, naturellement, furent les plus nombreux. Mais combien
d'autres animaux accompagnèrent les soldats pendant les quatre ans de
-guerre! ',' , ','" ",' ,', :
Certains régiments avaient une chèvre qui marchait gravement
e :a atte
auprès de la « batterie », tout en hochant du barbichon; d'autres,
un singe qui, perché sur l'épaule d'un soldat du premier rang, défi-
lait en faisant des grimaces aux curieux. ,,',,' .,", "; ", l'., ",','
1 .:, < Un régiment de l'Afrique du Sud possédait une ravissante gazelle
qui avait fort bien pris son parti des nouvelles conditions de vie iqui
lui étaient faites. , ','. "',
On a remarqué que tous les régiments composés de soldats origi-
naires du pays de Galles avaient une chèvre blanche comme mas-
cotte.
La batterie A du 52e d'artillerie britannique avait une oie, une oie
qui mérita de survivre dans la mémoire de la postérité, tout autant que
ses devancières du Capitole. Les artilleurs assuraient, en effet, qu'elle
prenait son rôle au sérieux, et que, plus d'une fois, dans la nuit, elle
jeta l'alarme fort à point et fit échouer des attaques de l'ennemi.
Après l'armistice, il fut question de mettre Jane — les soldats la
nommèrent ainsi — à la broche. Mais toute la batterie se souleva de-
vant un tel projet. Jane fut mise en pension au Zoo de Londres. Elle
y a achevé sa vie dans la sérénité.
Mais les régiments de la Grande-Bretagne ne furent pas seuls à
posséder des animaux mascottes. Un régiment russe, qui combattait
en Champagne, avait amené avec lui son ours, un bel ours noir qui
vivait fort bien dans la tranchée, au milieu des soldats. L'animal était
fort intelligent, mais très volontaire, et parfois d'un caractère assez
difficile.
Comme les soldats l'aimaient, ils lui avaient confectionné un mas-
que, afin que, comme eux, il fut protégé contre les gaz. Mais l'ours se
dérobait, ne voulait pas qu'on lui mit le masque. Et les soldats pen-
saient : « Il mourra de son entêtement. »
Or, il ne mourut pas. Car, un jour que la vague mortelle s'était
abattue sur la tranchée, on vit l'ours, à l'instant, gratter la neige, puis
la terre, introduire en ce masque dur la pointe de son museau, ne
plus bouger. Enfin, les soldats ayant ôté leurs masques, l'ours, à son
tour, mit le museau hors du trou, tout en grognant de satisfaction.
Allez douter de l'ingéniosité des bêtes après un tel exemple.
Les anecdotes sur les animaux .m,ascottes sont innombrables. Le
Giornale d'Italia, en 1916, raconte qu'un régiment d'Alpins ayant, peu
auparavant, rencontré, dans la montagne, une brebis égarée, l'avait
recueillie et prise comme mascotte. Parfaitement accoutumée à sa
nouvelle existence, la petite bête craintive était devenue vaillante
comme un vieux troupier. Jamais elle ne bêlait ni ne témoignait la
moindre frayeur, même quand la mitraille faisait rage.
Nos régiments aussi eurent parfois des animaux mascottes qu'on ne
se fût pas attendu à rencontrer dans la compagnie des troupiers.
Lors de la bataille de la Marne, le colonel d'un de nos régiments,
ayant trouvé, dans un village évacué par ses habitants, un coq soli-
taire et perdu, le recueillit, l'adopta et l'emmena avec la colonne. Et
le coq du colonel devint le fétiche du régiment.
Il suivit celui-ci, dès lors, dans toutes ses randonnées, par toutes
les routes, sur tous les fronts. Bien qu'appartenant à une race assez
craintive, familiarisé avec tous les bruits, il semblait n'y prêter aucune
attention. * ,
A la fin de la guerre, au mois de novembre 1918, la population de
Vitry-le-François, regardant passer dans les rues de la ville, le
332' d'infanterie, ne fut pas peu surprise de voir trotter, à côté des
soldats, un superbe sanglier.
C'était le sanglier du régiment.
Ce sanglier avait été, en 1016, trouvé, dans les environs de Mont-
mirail, par un officier en permission, qui l'avait ramené avec lui au
corps. Ce n'était alors qu'un tout petit marcassin gros comme un dlat.
Au lendemain de l'armistice, il pesait 120 kilos.
« Arthur » — c'est ainsi que rappelaient Tes braves poilus du 332e
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Au cantonnement, on le laissait en liberté. Jamais il ne manifesta
la moindre velléité de se sauver. Jamais il ne causa le moindre mal.
Aussi fidèle qu'un chien," il suivait le régiment partout. Il avait sa
plaque d'identité tout comme un soldat.
On avait affecté un cuistot à son service; et il connaissait les
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Le lieutenant qui l'avait trouvé étant tombé au champ d'honneur
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Et lé régiment garda Arthur,
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que de corbeaux, que de pies, que de geais, que d'oiseaux de toutes
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A Neuville-Saint-Vaast, des soldats capturèrent un jour un faucon
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craintives, même les plus effrayées par la présence de rhomme en
temps ordinaire, ne se sauvaient pas, demeuraient fermes à leur poste,
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fait leur nid dans un canon, d'autres dans un gargoussier; Il sem-
blait, en vérité, que toutes ces petites bêtes eussent la conscience d'un
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