Presse et revues
8 pages
Titre : La Chronique des arts et de la curiosité : supplément à la Gazette des beaux-arts
Éditeur : Gazette des beaux-arts (Paris)
Date d'édition : 1889-02-16
Contributeur : Houssaye, Edouard (1829-18..?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34421972m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 20550 Nombre total de vues : 20550
Description : 16 février 1889 16 février 1889
Description : 1889/02/16 (A1889,N7). 1889/02/16 (A1889,N7).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6200226m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-11793
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/12/2012
52 LA CHRONIQUE DES ARTS
comptera également désormais parmi ses membres
un certain nombre de sénateurs et de députés,
des artistes — peintres, sculpteurs, architectes —
et des personnes désignées par leur compétence
en matière d'art.
Les principales attributions de la nouvelle
commission consisteront à désigner les artistes
auxquels des commandes pourront être faite?, à
examiner les maquettes proposées par eux, à
donner leur avis sur les demandes de concours
adressées à l'Etat par les villes et les départe-
ments ; en un mot, à étudier tout ce qui se
rapporte à la décoration des édifices publics, pour
laquelle un crédit d'un million est annuellement
inscrit au budget des beaux-arts.
Ainsi réorganisée, la commission consultative
des beaux-arts pourra commencer ses travaux
dès que le décret qui la constitue aura reçu la
signature du Président de la République.
Nous avons indiqué déjà quel était le projet
dont ses membres auraient à s'occuper dès l'ou-
verture de leurs travaux. Il ne s'agit de rien
moins que de tout un plan de décoration sculp-
turale du Panthéon.
Ne modiSer en rien la série des œuvres de
peinture qui décorent déjà l'édifice - et qui toutes,
comme on le sait, ont un caractère religieux —
mais les englober, au contraire, dans une concep-
tion d'ensemble qui marque nettement le nouveau
caractère national de l'ancienne basilique, telle est
l'idée du ministre des beaux-aits. A cetle même
place, nous avons donné, il y a quelques mois,
un court historique des travaux de décoration du
Panthéon. Nous n'y reviendrons pas. Il nous suffira
de rappeler que c'est en 1875, sur la proposition
de M. de Chennevières, directeur des beaux-arts
qu'un arrêté ministériel dressa le projet de déco-
ration picturale qui est en voie d'achèvement.
A cette époque, le Panthéon était affecté au culte
catholique ; il ne devait reprendre qu'à la mort
de Victor Hugo une destination conforme à l'ins-
cription gravée sur son fronton : Aux grands
hommes, la patrie reconnaissante. Aussi M. de
Chennevières n'avait-il pu songer qu'à traduire
sur les murs de l'édifice une idée purement reli-
gieuse, et il avait confié à nos meilleurs peintres
l'histoire de la France chrétienne de Clovis à saint
Louis.
M. Edouard Lockroy a pensé qu'une suite de
sculptures retraçant par des groupes symboliques,
des monuments funéraires et des statues, la nou-
velle destination de l'édifice complèterait les pein-
tures murales qui le décorent déjà, et a chargé
M. Larroumet, directeur des beaux-arts, de pré-
parer un projet dans ce sens.
Par l'exécution de ces travaux de sculpture, la
France chrétienne conserverait dans l'édifice la
place qu'elle a dans l'histoire, mais la France
laïque y prendrait la sienne, et l'ensemble de la
décoration emprunterait ainsi son unité à l'his-
toire même de la patrie, représentée au complet
dans ses grandes époques.
M. Larroumet vient de terminer son travail, et
l'a soumis au ministre, qui l'a approuvé. Le rap-
port du directeur des beaux-arts ne tardera pas,
sans doute, à paraître au Jonrnal officiel. (1)
En attendant, nous en sommes mesure de don-
(1) Ce rapport vient de paraître avec la liste des mem-
bres de lu o jmmission ; nous le publierons proch aine-
ment.
ner les points les plus importants du projet. Le
nouveau plan de décoration comporte :
Au chevet de la nef et s'enlevant sur le fond nu
du chœur, l'édification d'un monument comme-
moratif de la Révolution française;
A la base des piliers en pans coupés soutenant
le dôme, l'exécution de quatre hauts-reliefs allé-
goriques du moyen âge: de la Renaissance, du
XVIIe et du xvin* siècles ;
Devant l'escalier conduisant au chevet, celle
d'un cénotaphe dédié à Descartes ;
Sur les côtés du chevet, l'édification des céno-
taphes de Voltaire et de Jean-Jacques Rousseau;
Sur chaque bras du transept, seraient exécutés
les cénotaphes de Mirabeau et de Hugo ; ce der-
nier s'élevant même au-dessus du caveau où re-
posent les cendres de notre grand poète ;
Enfin, contre les piliers de l'édifice qui s'étendent
verticalement et transversalement seraient érigées
des statues des grands hommes disposées autour
des cénotaphes en un ordre arrêté déjà : les grands
artistes de la période romantique seraient groupés
autour du monument de Victor Hugo; les hommes
de la Révolution, autour de celui élevé à Mirabeau;
nos philosophes du xvme siècle, autour de ceux
dédiés à Rousseau et à Voltaire. Quant aux hom-
mes d'Etat et aux grands militaires qui ont illustré
la France depuis le règne de Charlemagne jus-
qu'à celui de Louis XIV et de 1789 à nos jours, ils
traduiraient individuellement le sentiment exprimé
d'une manière générale par chaque groupe ou par
les hauts-reliefs des pans coupés.
Un certain nombre de statues représentant les
plus grands personnages de la France chrétienne
exécutées dès à présent, d'après le projet de M. de
Chennevières, car ce projet comportait aussi une
partie sculpturale, prendraient leur place dans le
groupe du moyen âge.
Celles qui vont être commandées seront comme
le prolongement au point de vue laïque de l'œuvre
picturale. Ainsi, dans son ensemble, la décoration
du Panthéon donnerait une logique idée de notre
histoire et de nos gloires.
Quant aux dépenses à faire pour l'exécution du
nouveau plan de décoration, elles ont l'avantage
de ne nécessiter aucune demande d'augmentation
des crédits. En effet, sur le budget d'un million
voté annuellement pour la décoration des édifices
publics, 600.000 fr. sont attribués aux commandes
et acquisitions d'œuvres d'art. 200.000 fr. prélevés
sur cet article en une série d'annuités assure-
raient l'exécution des travaux. Avant une dizaine
d'années, la décoration d'ensemble de l'édifice
serait terminée.
L'arrêté rendant exécutoire le projet que nous
venons d'analyser va être signé avant peu, et c'est
à déterminer le détail de son exécution que la
commission consultative des beaux-arts, dont la
nomination va paraître, devra consacrer ses pre-
miers travaux. (Le Temps).
Le ministère vient de tomber. Qu'advien-
dra-t-il de ce beau projet?
Académie des Inscriptions
M. Héron de Villefosse soumet à l'Académie le
moulage et les photographies de deux monuments
romains intéressants, pour la reconstitution du
comptera également désormais parmi ses membres
un certain nombre de sénateurs et de députés,
des artistes — peintres, sculpteurs, architectes —
et des personnes désignées par leur compétence
en matière d'art.
Les principales attributions de la nouvelle
commission consisteront à désigner les artistes
auxquels des commandes pourront être faite?, à
examiner les maquettes proposées par eux, à
donner leur avis sur les demandes de concours
adressées à l'Etat par les villes et les départe-
ments ; en un mot, à étudier tout ce qui se
rapporte à la décoration des édifices publics, pour
laquelle un crédit d'un million est annuellement
inscrit au budget des beaux-arts.
Ainsi réorganisée, la commission consultative
des beaux-arts pourra commencer ses travaux
dès que le décret qui la constitue aura reçu la
signature du Président de la République.
Nous avons indiqué déjà quel était le projet
dont ses membres auraient à s'occuper dès l'ou-
verture de leurs travaux. Il ne s'agit de rien
moins que de tout un plan de décoration sculp-
turale du Panthéon.
Ne modiSer en rien la série des œuvres de
peinture qui décorent déjà l'édifice - et qui toutes,
comme on le sait, ont un caractère religieux —
mais les englober, au contraire, dans une concep-
tion d'ensemble qui marque nettement le nouveau
caractère national de l'ancienne basilique, telle est
l'idée du ministre des beaux-aits. A cetle même
place, nous avons donné, il y a quelques mois,
un court historique des travaux de décoration du
Panthéon. Nous n'y reviendrons pas. Il nous suffira
de rappeler que c'est en 1875, sur la proposition
de M. de Chennevières, directeur des beaux-arts
qu'un arrêté ministériel dressa le projet de déco-
ration picturale qui est en voie d'achèvement.
A cette époque, le Panthéon était affecté au culte
catholique ; il ne devait reprendre qu'à la mort
de Victor Hugo une destination conforme à l'ins-
cription gravée sur son fronton : Aux grands
hommes, la patrie reconnaissante. Aussi M. de
Chennevières n'avait-il pu songer qu'à traduire
sur les murs de l'édifice une idée purement reli-
gieuse, et il avait confié à nos meilleurs peintres
l'histoire de la France chrétienne de Clovis à saint
Louis.
M. Edouard Lockroy a pensé qu'une suite de
sculptures retraçant par des groupes symboliques,
des monuments funéraires et des statues, la nou-
velle destination de l'édifice complèterait les pein-
tures murales qui le décorent déjà, et a chargé
M. Larroumet, directeur des beaux-arts, de pré-
parer un projet dans ce sens.
Par l'exécution de ces travaux de sculpture, la
France chrétienne conserverait dans l'édifice la
place qu'elle a dans l'histoire, mais la France
laïque y prendrait la sienne, et l'ensemble de la
décoration emprunterait ainsi son unité à l'his-
toire même de la patrie, représentée au complet
dans ses grandes époques.
M. Larroumet vient de terminer son travail, et
l'a soumis au ministre, qui l'a approuvé. Le rap-
port du directeur des beaux-arts ne tardera pas,
sans doute, à paraître au Jonrnal officiel. (1)
En attendant, nous en sommes mesure de don-
(1) Ce rapport vient de paraître avec la liste des mem-
bres de lu o jmmission ; nous le publierons proch aine-
ment.
ner les points les plus importants du projet. Le
nouveau plan de décoration comporte :
Au chevet de la nef et s'enlevant sur le fond nu
du chœur, l'édification d'un monument comme-
moratif de la Révolution française;
A la base des piliers en pans coupés soutenant
le dôme, l'exécution de quatre hauts-reliefs allé-
goriques du moyen âge: de la Renaissance, du
XVIIe et du xvin* siècles ;
Devant l'escalier conduisant au chevet, celle
d'un cénotaphe dédié à Descartes ;
Sur les côtés du chevet, l'édification des céno-
taphes de Voltaire et de Jean-Jacques Rousseau;
Sur chaque bras du transept, seraient exécutés
les cénotaphes de Mirabeau et de Hugo ; ce der-
nier s'élevant même au-dessus du caveau où re-
posent les cendres de notre grand poète ;
Enfin, contre les piliers de l'édifice qui s'étendent
verticalement et transversalement seraient érigées
des statues des grands hommes disposées autour
des cénotaphes en un ordre arrêté déjà : les grands
artistes de la période romantique seraient groupés
autour du monument de Victor Hugo; les hommes
de la Révolution, autour de celui élevé à Mirabeau;
nos philosophes du xvme siècle, autour de ceux
dédiés à Rousseau et à Voltaire. Quant aux hom-
mes d'Etat et aux grands militaires qui ont illustré
la France depuis le règne de Charlemagne jus-
qu'à celui de Louis XIV et de 1789 à nos jours, ils
traduiraient individuellement le sentiment exprimé
d'une manière générale par chaque groupe ou par
les hauts-reliefs des pans coupés.
Un certain nombre de statues représentant les
plus grands personnages de la France chrétienne
exécutées dès à présent, d'après le projet de M. de
Chennevières, car ce projet comportait aussi une
partie sculpturale, prendraient leur place dans le
groupe du moyen âge.
Celles qui vont être commandées seront comme
le prolongement au point de vue laïque de l'œuvre
picturale. Ainsi, dans son ensemble, la décoration
du Panthéon donnerait une logique idée de notre
histoire et de nos gloires.
Quant aux dépenses à faire pour l'exécution du
nouveau plan de décoration, elles ont l'avantage
de ne nécessiter aucune demande d'augmentation
des crédits. En effet, sur le budget d'un million
voté annuellement pour la décoration des édifices
publics, 600.000 fr. sont attribués aux commandes
et acquisitions d'œuvres d'art. 200.000 fr. prélevés
sur cet article en une série d'annuités assure-
raient l'exécution des travaux. Avant une dizaine
d'années, la décoration d'ensemble de l'édifice
serait terminée.
L'arrêté rendant exécutoire le projet que nous
venons d'analyser va être signé avant peu, et c'est
à déterminer le détail de son exécution que la
commission consultative des beaux-arts, dont la
nomination va paraître, devra consacrer ses pre-
miers travaux. (Le Temps).
Le ministère vient de tomber. Qu'advien-
dra-t-il de ce beau projet?
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M. Héron de Villefosse soumet à l'Académie le
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