iiiniiie .Arnal
Emilie Arnal est morte le sept octobre dernier. Comment ? de quel
mal ? dans quelles dispositions de consentement ou de regret ? Je
l'ignore. Je sais seulement qu'un poète nous a quittés ; un poète qui
était des nôtres, et qui mérite une heure de recueillement et de souvenir.
Des nôtres, oui. Si Emilie Arnal était née rouergate, l'hérédité
maternelle la faisait auvergnate ; et c'est dans quelque libre et haut
paysage du Cantal qu'elle avait construit, lyriquement, cette Maison
de Granit qui reste un de ses plus durables monuments poétiques.
Poète, Emilie Arnal est l'auteur de ces beaux livres dont les seuls
titres disent une âme avide de clarté, de vérité, de durée, d'élan et
d'altitude : Vers les sommets, La Maison de Granit, Les Chansons
d'Aèllo, Le Pays de Lumière, L'Hôte divin, Les Annonciateurs, Un
Oiseau dans l'azur, car on peut aussi bien ranger dans son oeuvre
lyrique ce dernier livre, exquis roman de l'enfance et poème en vers
blancs, qui valut à Mademoiselle Arnal le Grand Prix de Prose Fabien
Artigue, décerné par l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Et
l'Académie française avait précédemment couronné d'un beau laurier
l'oeuvre du poète.
Romancière, Emilie Arnal avait conté, dans Marthe Brienz, l'his-
toire de « la jeune fille qui travaille » à une époque où les jeunes filles
dp la bourgeoisie ne travaillaient encore qu'exceptionnellement.
Pureté et fierté sont les seules armes de son héroïne, qui se défend
et triomphe, peut-être douloureusement, avec ces armes-là, dans une
lutte où la jeune âme féminine n'avait pas encore appris toutes les
tactiques de la défense.
Mais Emilie Arnal était surtout poète. Poète de la filiation Lamar-
tinienne. Ce n'est pas seulement par la pure coulée et le balancement
mélodique du vers qu'elle se rattache au grand lyrique des Médita-
tions, mais aussi par l'élan soutenu de la pensée. Si quelque drame
ou quelque désenchantement traversa sa vie, sa poésie ne le laisse
entendre, à travers le voile de l'allégorie ou de la généralité, qu'avec
une fière discrétion. Et cependant, quelle chaleur d'accent, quelle
flamme jaillie du coeur dans tels poèmes de La Maison de Granit
ou des Annonciateurs. Et partout, mais plus spécialement sans doute
dans Les Chansons d'A'éllo et Le Pays de Lumière, la présence de la
nature, une nature à la fois sauvage et fleurie, rocher, bruyère, oeillet
de montagne et le ciel à perte de vue... Le ciel du regard et le ciel de
l'âme, car l'aspiration religieuse ne cesse d'orienter l'évasion du poète
au-dessus de ses propres rêves.
Emilie Arnal est morte le sept octobre dernier. Comment ? de quel
mal ? dans quelles dispositions de consentement ou de regret ? Je
l'ignore. Je sais seulement qu'un poète nous a quittés ; un poète qui
était des nôtres, et qui mérite une heure de recueillement et de souvenir.
Des nôtres, oui. Si Emilie Arnal était née rouergate, l'hérédité
maternelle la faisait auvergnate ; et c'est dans quelque libre et haut
paysage du Cantal qu'elle avait construit, lyriquement, cette Maison
de Granit qui reste un de ses plus durables monuments poétiques.
Poète, Emilie Arnal est l'auteur de ces beaux livres dont les seuls
titres disent une âme avide de clarté, de vérité, de durée, d'élan et
d'altitude : Vers les sommets, La Maison de Granit, Les Chansons
d'Aèllo, Le Pays de Lumière, L'Hôte divin, Les Annonciateurs, Un
Oiseau dans l'azur, car on peut aussi bien ranger dans son oeuvre
lyrique ce dernier livre, exquis roman de l'enfance et poème en vers
blancs, qui valut à Mademoiselle Arnal le Grand Prix de Prose Fabien
Artigue, décerné par l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse. Et
l'Académie française avait précédemment couronné d'un beau laurier
l'oeuvre du poète.
Romancière, Emilie Arnal avait conté, dans Marthe Brienz, l'his-
toire de « la jeune fille qui travaille » à une époque où les jeunes filles
dp la bourgeoisie ne travaillaient encore qu'exceptionnellement.
Pureté et fierté sont les seules armes de son héroïne, qui se défend
et triomphe, peut-être douloureusement, avec ces armes-là, dans une
lutte où la jeune âme féminine n'avait pas encore appris toutes les
tactiques de la défense.
Mais Emilie Arnal était surtout poète. Poète de la filiation Lamar-
tinienne. Ce n'est pas seulement par la pure coulée et le balancement
mélodique du vers qu'elle se rattache au grand lyrique des Médita-
tions, mais aussi par l'élan soutenu de la pensée. Si quelque drame
ou quelque désenchantement traversa sa vie, sa poésie ne le laisse
entendre, à travers le voile de l'allégorie ou de la généralité, qu'avec
une fière discrétion. Et cependant, quelle chaleur d'accent, quelle
flamme jaillie du coeur dans tels poèmes de La Maison de Granit
ou des Annonciateurs. Et partout, mais plus spécialement sans doute
dans Les Chansons d'A'éllo et Le Pays de Lumière, la présence de la
nature, une nature à la fois sauvage et fleurie, rocher, bruyère, oeillet
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