Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1901-03-16
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1901 16 mars 1901
Description : 1901/03/16 (Numéro 13959). 1901/03/16 (Numéro 13959).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k6156483
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2008
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SAMEDI 16 MARS 1901
75
SAINTE ÉMÉLIE" '
290
TRENTE-NEUVIÈME ANNÉE (N uméro i3959)
.LES .MANUSCRITS NE SONT PAà RErÛDUS
DERRIÈRE ÉDITION
LA CHAINE DU DIABLE
C'est, autant qu'il in'en souvient, le titre
d'un volume qui parut, en Angleterre, il y
a quelque vingt ansj et où la lutte contre
l'alcoolisme, dans toutes les classes, était
entamée, avec une vigueur sans pareille
Le nom de l'auteur m'échappe; mais, si ma
mémoire est fidèle, il fut l'objet, en Angle-
terre, de très grandes colères. On lui en
voulait de signaler une des plaies rédhibi-
toires du Royaume-Uni, et qui sévit princi-
, paiement dans la marine marchande. C'est
peut-être pour cela .surtout qu'on : lui en
voulut. 11 y eut une étonnante campagne de
haine menée contre hii; c'était un Anglais
disqualifié, pour avoir osé mettre en doute
la vertu impeccable de la Grande-Bretagne.
- Comprpnd-on cela'/ un écrivain osant
dévoiler à ses cohoitoyens; étaler aux yeux
de l'étranger les vices nationaux et mettre
en suspicion la candeur biblique de la très
prude Angleterre? C'était une infraction
sans pareille aux habitudes réservées dé la
presse et de la littérature, et qui n'était pas
pardonnable ; d'autant moins que l'auteur
s'eii prenait à la marine et faisait, d'imagi
nation peut-être, mais avec une grande ap
parence de réalité, le récit d'une aventure
. maritime terrible, causée parl'intempérance
des officiers et de l'équipage d'un navire
poussé à la côte par la tempête et que nulle
force humaine n'était capable de sauver : je
ne dis pas que ceci soit la loi commune,
mais ce n'est pas non plus l'exception.
L'auteur de la Chaîne du diable a failli,
en deux ou trois cents pages, le procès le
plus éloquent contré l'alcoolisme, et aussi
le plus triste et le plus lamentable. Et
comme je viens de le dire, le curieux livre
ne date pas d'hier. Il y avait déjà de lon
gues années qu'à bord d'un grand nombre
de navires, anglais et américains surtout,
des scènes honteuses ne passaient, princi-
• paiement à la sortie dés ports, presque au
moment de l'appareillage, celui ou l'on
prend le large. Nombre de naufrages, à.
quelques milles à peiné du point de départ,
n'eurent pas-d'autre causé"; et la funeste et
avilissante habitude s'est répandue jusque
chez nous. • - .
■ .0% ... .
H n'y a pas si longtemps hélas l — c'est
d'hier, — qu'un capitaine de, steamer mit
son navire en péril, et que les passagers se
croyaient perdus, voyant qu'au cours de la
furieuse tempête qui menaçait leur exis
tence lé capitaine n'y était plus et. qu'il
compromettait, par des ordres. scandaleux,
la sécurité 4e son navire. Le malheureux
était ivre. Mais comment se révolter contre
lui? Le Code maritime est, à cet égard,
aussi strict que précis : le capitaine est sou
verain maître à. son bord et l'équipage lui
doit obéissance absolue. Il n'y a pas de res
trictions qui tiennent, pas de circonstances
atténuantes à invoquer ; en tout état de cause,
la justice est saisie et condamne-
Le cas d'ivresse manifeste n'existait pas
autrefois ou était des plus rares. Alors, à
quoi bon codifier contre lui. On ne réforme
pas la justice générale pour une exception.
Aujourd'hui l'on devrait bien songer à ceci
que le vice s'est répandu dans des propor
tions croissantes, inquiétantes, qui doivent
éveiller la sollicitude, surtout quand il s'agit
du respect de la vie humaine, et souvent de
son salut. Jci, le navire fut sauvé, grâce à
l'énergie d'un équipage qyi ne reoula pas
devant une infraction au Code, surtout à
celle du maître d'équipage qui ne broncha
point, et sachant à quoi il s'exposait, s'ins
talla au gouvernail et, avec le concours des
homnies, ramena le steamer Havrais dans
la baie dê Morlaix. C'était le salut, la fin
d'un cauchemar qui avait duré trop long
temps et où.de nombreuses existences hu
maines se voyaient vouées à une mort
assurée, sans la résolution prise par quel
ques hommes courageux.
**# .
La justice aura son mot à dire en cette,
occasion et nul doute que les hommes in
subordonnés ne s'en- tirent avec les hon
neurs de la guerre 1 Car il ne faut pas ou
blier qu'un capitaine de navire a' oharge
d'âmes, surtout quand il commande un pa
quebot destiné à des transports de passa
gers. Il me souvient encore d'une catastro
phe terrible qui se produisit, il y a une qua
rantaine d'années, je ne saurais préciser au
.juste, à proximité de Barileur, en dedans
du terrible raz de Gatteville, dont le phare,
aujourd'hui à éclats électriques, et-qui cor
respond avec les feux de la Hève, passait
déjà pour un des 'plus puissants des côtes
de France.
.. Un matin, lés riverains aperçurent" un
grand trois-mâts, sous ! toutes voiles, qui,
tranquillement, sedirigeait sur la côte, par
temps très maniable, avec une sorte d'in
conscience qui leur parut bizarre. Le trois-
mâts courait à une.perte certaine, et avec
les meilleures lunettes, on n'apercevait per-
sonne à bord : une sorte de vaisseau fan
tôme qui n'avait point besoin d'être ma
nœuvré et naviguait sous sa voilure: orien
tée, en sortant du Havre. Car c'est du
Havre qu'il venait, ~ on ne tarda pas à le
savoir, — pour se jeter, dès là première
aube, dans une situation immédiatement
oritique et bientôt désespérée..
11 y a là une roche émergeante, même
par les plus hautes mers, sur laquelle s'ef
fondra, dans une belle nuit d'hiver de l'an?
née 1120, un vaisseau de la flotte des
Henri l ,r , roi d'Angleterre, qui s'appelait la
Blànche-Nef, et dont elle a gardé le nom .
Sur trois cents passagers i de marque qu'il
transportait en Angleterre, un, seulement,
piarvint à. se sauver et fut recueilli par des
Çècheurs, d'après le récit même d'Augustin
hierry. Il s'appelait Bérauld, et c'est par
lui qu ; on apprit les détails de la complète
catastrophe. Eh bien 1 c'est droit sur cette
roche, historiquement et lugubrement cé
lèbre,que marchaitle trois-mâts en question.
Malgré les signaux multipliés "des rive
rains, le navire poursuivait, sa route mor
telle, et quelques instants après, il était
broyé sur la Blanche-Nef. Deux hommes
seulement furent poussés à la côte, - grâce à
une épave qu'ils avaient pu saisir, et c'est'
par eux que Ton sut, comme sept' siècles
auparavant par-Bérauld, oe qui s'était passé :
la sortie du Havre S la marée du soir,
l'ivresse de réow>i« , a' a <3oe.n.fiî<ùM,e r i&o
passagers " réfugiés dans leurs oabines,
anéantis' par le mal de mer, incapahles de;
se rendre compte de ce qui se passait, et
4ont les cadavres presque nus vinrent à la
côte, surpris et asphyxiés, dans leur inertie,
ar l'envahissement foudroyant des eaux
e la mer. ;
Il y a quelques années encore, on pouvait
voir, dans la cour d'un hôtel de Barfleur,
cloué contre la muraille de la cour, le ta
bleau d'arrière du grand navire naufragé
qui s'appelait la Luna, —■ une lune rou
lant au milieu des nuages,—- et dont
la perte comme celle de la Blanche-Nef,
plus de sept cents ans auparavant, était due
à Tintempérance des matelots. Mais, dans
ces temps-là, — je parle de quarante ou
cinquante ans, — c'était encore l'exception,
tandis que* de nos jours les i sinistres
se multiplient, dus, bien probablement;
à la môme cause ;, Nos romanciers
n'ont pas encore, introduit cela dans leurs
drames, ce qui prouverait peut-être que le
vice, criminel est de moindres proportions
chez nous. Mais c'est à se demander comment
il se peut faire que l'on désigne à la vin
dicte publique des écrivains qui osent
dévoiler la plaie et demander instamment
qu'il y soit, si possible, porté remède. Les
Anglais, depuis longtemps, sont passés
maîtres dans ces sortes" d'hypocrisies et
dans bien d'autres. Pour dire toute l'exacte
vérité, ils en ont le monopole.
La mer est impitoyable, c'est certain, et
elle engloutit les plus sobres et les plus
habiles, comme les plus maladroits, les plus
inexpérimentés et les plus alcoolisés. Elle, a
des caprices que l'on ne s'explique pas, et
l'on pourrait presque dire d incompréhen
sibles préférences. Mais il est incontestable
qu'elle rencontre, dans ce que l'auteur an
glais appelait la Chaîne du Diable,, de
sinistres collaborations. Que faire à cela ?
Comment lutter efficacement contre oet
implacable ennemi que le oonleur amé
ricain Edgard Poë appelait si juste
ment et si tristement, par expérience, le
Démon de l'alcool? Qui trouvera le remède
à oe mal presque contemporain, qui fait des
progrès si effrayants et que le législateur
l'ose attaquer de face, pour des raisons
atérales et la plupart du temps person
nelles ?
Il est à remarquer, cependant, qu'un na
vire ne prend pas la mer sans qu'une com
mission spéoiale se soit assurée de'ses- bon
nes conditions de navigabilité, et! que rien
ne lui manque des.choses nécessaires à sa
sécurité, autant qu'on les peut connaître. Un
jour s'imposera, si le mal a de la durée,
où il faudra que toutes les nations mariti
mes se prémunissent aussi contre l'ivrogne*
rie envahissante, en, prenant, à l'égard du
commandement,toutesles précautions aux
quelles il faudra forcément se'résoudre.
Si tfe n'est pas encore une question "de
sécurité, générale, au train dont marchent
les choses, il est possible que très prochai
nement elles s'imposent. Le 'mieux serait
de ne pas attendre et de voir aux moyens
propres à enrayer la marche du fléau, parce
qu'en s'en tenant à .'l'indifférence coupable,
on devient presque complice. En un mot,
dans ces sortes de luttes, quand on s'y prend
trop tard,- il n'est plus temps.; Cette propo
sition peut sembler naïve, au premier abord,
mais elle est l'expression de l'exacte vérité.
On ne lime pas éternellement la Chaîne du
Diable, il faut la rompre ou la briser;
. Thomas Grimm. .
: —
INFORMATIONS POLITIQUES
r . Conseil des ministres
•Les ministres sé sont réunis; hier matin, à
1'Elysé.e, sous la présidence de M. Loubet. •
; La séance.a été consacrée^ l'expédition, des
affaires courantes. "
. Le garde des sceaux a fait signer un impor-,
tant mouvement judiciaire. -.'
Demanda en autorisation de poursuites
contre un député
■ Le garde des sceaux a transmis jeudi au pré
sident de la Chambre une requête du procureur
général près la cour d'appel de Paris, tendant à
la levée de l'immunité parlementaire deJVI. Jules
Jaluzot, député de la Nièvre, sous la prévention
de délit d'accaparement des sucres pendant les
campagnes sucrières 1898-99 et 1899-1900. Le
délit est spécifié et prévu par l'article 419 du
Code pénal.
LiOS DUreaiIX M la umxinfcftî
pour nommer la commission chargée d'exami
ner, "cette demande en autorisation de pour-
suites. *1 - /
Les commissaires élus sont, dans l'ordre des
bureaux : MM. Bouctot, Peignot, Vigouroux,
Alicot, Pastre, Gerville-Réàehe, 'Jourde, Fer
rette, Piou, Chandioux et Michel.
; Sept membres • sont favorables à la levée de
l'immunité parlementaire sans se prononcer
sur le fond de la question, et uniquement pour
permettre à la justice de poursuivre son œuvre ;'
ce sont MM. Bouctot, Peignot, Pastre, Jourde,
Ferrette, Chandioux-. et Miohel. M. Ferrette,
toutefois, critique la publication anticipée du
rapport de l'expert.
Trois .membres réservent leur avis ' jus
qu'après l'examen du dossier et audition de
M. Jaluzot "; ce sont MM. Piou, Vigouroux et
Alicot.
- Enfin, un membre, : M. Gerville-Réache, est
opposé aux poursuites. Il estime qu'on solli
cite trop facilement la levée de l'immunité par
lementaire.
Le service do deux ans
Le ministre de la guerre a conféré, au Sénat;
avec le président de la commission sénatoriale
de l'arme'ej II lui a dit que le gouvernement
était prêt à "donner à la commission de l'armée
son avis sur le service de deux ans. Il a été
entendu que la commission se réunirait mer
credi prochain à trois heures.
L'élection des députés
■M. Gellé, député progressiste de la Somme,
vient de soumettre à la Chambre une proposi
tion do loi qui modifie le mode; d'élection des
députés. " • r-
Aux termes de cette proposition, les députés
seraient élus pour neuf ans et ne seraient pas
rééligibles. La Chambre se renouvellerait par
tiers tous les trois ans.
La proposition Charles Prevet
La commission sénatoriale des douanes s'est
réunie sous la présidence' de M. Edouard Mil-,
laud. Elle s'est occupée de la proposition de loi.
de M. Prevet tendant à la suppre"ssion;de l'ad
mission temporaire.'
M. Tkdzard a fait observer qu'à.son avis, la
Constitution interdisait au Sénat l'initiative,
autant en matière douanière qu'en matière
financière.
Après un débat assez confus,-la commission
a décidé de consulter le président du Sénat. ' .
; Mouvement Judiciaire
Par décret en date de ce jour sont nommés :
Conseiller à la Cour de cassation, M. Moras, pro
cureur général à Lyon.
Président do chambra & Paris, M. Poupardin,
conseiller à la 'même cour.
FEUILLETON eu Petit Journal du 16 M ars 1901
-35-
POUR LE DRAPEAD
imîmiarb pautib
LA CONJURATION DBS TENEBRES
- • XVII (Suite)
. Un orage
Elle avait hésité. Son front et ses joues
s'étaient empourprés.
— Quelqu un que jé-connais, dis-tu? Sois
plus précise. . ~ .
— A M. le- capitaine Julien d'Hérieourt,
mon oncle.
Il sourit derechef, très paternellement,
cette fois.' •
— Tu vois, petite sotte, que tu aurais bien
mieux fait ae parler en ton nom.
— Pourquoi cela, mon oncle ?
— Dame 1 Parpe qu'il me semble que tu
es au moins aussi intéressée que ta mère à
la demande que lu vas m'adresser, — car
je devine qu'il s'agit d'une demande, — et
la cause d'Hérieourt y.eût gagné.
Isabelle avait rougi sous ce propos.
Mais la rougeur s'était effacée. Le beau
visage avait repris sa blancheur mate,
un peu pâle. Une mélancolie envahit
80n front.
— Je crois, mon oncle, — dit-elle avec
(1) Traduction et reproduction interdites.
une certaine tristesse, — que vous vous
trompez dans vos suppositions. M. d'Héri
eourt ne pense pas à moi.
— Hum 1 —Et toi, ne penses-tu pas à lui,
petite ? , - ;
— Moi? — je ne sais,, mon onole. Il ne
m'est pas indifférent, je l'avoue. Comme
beaucoup de personnes, je l'admire.
S'il me demandait en mariage, je crois
que je dirais oui, mais ce que dit mon cœur
je l'ignôre.
- — Comment, Isabelle, à vingt-cinq ans,
tu n'es pas mieux fixée'sur l'amour?
— Savez-vous, — fit-elle en souriant, —
que ce n'est pas très aimable ce que vous
me dites ' là, non; ce n'est pas aimable,mon
oncle. -
— Vraiment ? et pourquoi n'est-ce pas
aimable, ma fille ? -
— D'abord, vous me rappelez que j'ai
coiffé sainte Catherine. .
— Allons donc ! C'est le bel âge, ça; ma pe-
tite belle.
— Et, ensuite? ;
— Ensuite, vous avez l'air de vous éton
ner que je ne sache rien de l'amour. Mais il
me semble que vous devriez en être satis
fait, de celle ignorance. , *
Les yeux du colonel se mouillèrent.
11 mit un baiser sur le beau front pur.
— Tu as raison, chère petite. Je ne suis
qu'un vieux nigaud, vois-tu. Je radote.
Dans notre.métier, nous ne savons même
plus tourner un compliment.
— Oh 1 mon oncle, o'est pour rire que je
vous fais ce reproche,!
— Allons I revenons à nos moutons, petit
agneau. Tu dis donc qu'il ne le déplairait
pas, le beau capitaine ? Le fait est qu'il est
superbe.
— Ai-je dit cela, moii oncle ? -r- reprit
Isabelle qui rougit derechef.
— Tu ne lé dis peut-être pas, mais tu le
laisses entendre, ce qui revient au même.
— Eh bien I mettez que vous ayez en
tendu juste, mon onole. 1
— Certes 1 vous feriez un beau couple à
vous deux, sais-tu ? J'en serais fier. . _
Et| un nuage sur le front, il ajouta, s'affli-
geant lui-même ; ■
— Oui, mais voilà. II.n'a pas un sou
vaillant, oe satané Héricoiart. Il a mangé son
saint-frusquin.etcenesontpasles vingt-cinq
■ ou trente mille franos de ta dot qui pour
raient'lui constituer un revenu suffisant. :
—■ Les trente mille franos de ïna dot?
Vous plaisantez, mon oncle ?
Elle ouvrait tout grands ses admirables
yeux pleins de stupeur.
— Non, je ne plaisante pas, belle. N'es^tu
pas ma fille ? Le vieil onde a pu mettre
quelques sous de côté, ta dot réglementaire,
et même un peu plus.
— Oh 1 ;mon. bon oncle 1 — a'éoriar
t-elle, lui jetant ses bras au cou.
— Avec tout ça, — reprit-il, — tu ne
m'as pas fait la commission de ta mère.
Elle le vit bien disposé. Elle parla, sans
réserve, sans précautions. ••
— Voilà de quoi il s'agit mon oncle. Il pa
raît que M. d'Hérieourt serait désireux de
rentrer dans le service aotif. Nous avons
pensé que, mieux que personne...
— Je pourrais lui obtenir,un bon poste?
— Hum ! —Je connais les désirs du parti
culier. C'est un brillant soldat, mais il ne
voudrait pas d'un emploi obscur.
— Oh non I mon oncle, à un officier
comme lui, il faudrait...
— Des exploits surhumains, n'est-ce pas,
Conseiller & Paris, -M. Larieyrie, .vice-président à la
Seine, :• ■ ■ / „■
Vice-président à la Seine, H. de Cardeilhac,
conseiller à- Agen. , •>
Conseiller à Paris, M. Çuhrauil, président de cham
bre & Pan.
Conseiller à Paris, M. Proal, président de chambre
à Riom.
... Conseiller à Paris, M. !WeiI, vice-président à la
Seine..
Vice-président. & la Seine, M. Béhenne, juge au
mSme siège.
Juge 4 la Seine; M. Poincenet, conseiller à Rouen.
Conseiller & Paris, M. Naudin, président de cham
bre à Toulouse.
Conseiller à Paris, M.' Jambois, avocat général à la
même cour. ;
Avocat général à Paris, M. Faire,, vice-président &
la Seine.
Vice-président.à la Seine, M. Morise, substitut à
la Seine.- •
Substitut à la Seine, M. Scherdlin, procureur, &
■Boauvais. •, ...
Procureur & / Beauvais, M. - Péan, .substitut: &
Valence. - r -
Substitut à la cour de Paris,' M. Peyssonnié, avocat
général à Orléans.
Substitut à Blois, M. Devin, substitut àMontargis.
• Substitut à Montargis, M. Craponne, juge i Par-
tbenay. '
Juge à_;la Seine, M. Ancelle, président h Fontai-
nebleau." . :... , . 1 ■ ■ . . .
Président à Fontainebleau, M. Rollet, juge au
siège. ■ ■ ' ' ■ ■
_ Juge à Fontainebleau, M. Dupuis, juge à Tonnerre.
Juge à la Seine, M. Berr, substitut au siège.
Juge & la Seine, M. Ganeval, conseiller à Besancon.
Substitut à la Seine, M. Lefresne, substitut général
A Rennes; -,
Juge à la Seine, M. Ausset, conseiller'. & Amiens.
US EVENEMENTS BEIÏË
La question de la Mandchourio
■ Shanghaï, 15 mars.
Suivant des nouvelles de source chinoise, un
édit sacré donne à Chang-Ghi-Tung et àLi-King-
Yi l'ordre de prendre, à la place de Li-Hùng-
Chang, la conduite des négociations relatives au
traité concernant la Màndcnourie.'
On dit que le ministre russe insiste auprès
de Li-lIung-Chang pour obtenir la ratification
du traité d'ici à quinze jours.
Des Chinois de Shanghaï ont envoyé à l'em
pereur une pétition contre-ce-traité. • Ils lui
exposent que, si le traité n'est pas annulé, il
entraînera le démembrement de la Chine,
' lioiiurea, * * ...
Deux transports- russes sont • attendus. On
prévoit qu'une démonstration sera faite' dans
le golfe du Petchili, en vue d'exercer une pres
sion sur la Chine, et aussi pour donner un
avertissement au Japon contre toute intention
de sa part de gêner la Ttussie dans, le Nord de
la Chine. .
Francfort, 15 mars.
On télégraphie de New-York à, la Gazette de
Francfort que, d'après une nouvelle publiée par
le Sun, Li-Hung-Chang cède à la Russie dans la
question de la Mandchourie.
, Washington, 15 mars.
Suivant certains renseignements, la conven
tion sino-russe stipule le retour de la Mandr
chourie à la Chine, mais à' des conditions qui
établiraient en fait la suzeraineté de la Russie
sur la Mandchourie, avec un fonctionnaire russe
ayant une position = analogue à celle du.-vice-roi
de l'Inde anglaise-.
- Le discours do M. de RiiSow.
: Berlin, 15 mars.
Dans-lc discours qu'il à prononcé aujourd'hui
au Réichstag, le comte de Bulow s'est exprimé
ainsi sur la situation en Chine :
L'intégrité de la China, est garantie par l'accord
anglo-allemand. .
La Mandchourie n'est pas comprise dans ce traité..
L'Allemagne n'a pas d'intérêts commerciaux en
Mandchourie. Il lui est indifférent de ce qu'il advion-
dra de cette province après la pais; mais elle ne
veut pas que la Chine se dépouille au profit d'un
seul créancier d'un gaçe important, garantissant le
paiement de l'indemnité.
M. de Bûlow dit magne avec la Russie n'ont pas été altérées par
l'attitude de l'Allemagne en Chine : .
L'Allemagne poursuit en Chine des intérêts
exclusivement commerciaux, La Russie a des intérêts
politiques dans le Nord de la Chine, mais ils ne sont
nullement menacés par l'accord anglo-allomand.
L'Allemagne est également d'accord avec le Japon
et l'Amérique, et, ajoute M. de Bûlow, nous,n'avons
aucune divergence de vues avec la France, ni en
Chine, ni ailleurs.
Il va de soi que l'Àntriche et l'Italie, étant donnée
la Triple alliance qui subsiste intacte et inébran
lable, marchent' d'accord avec nous en Chine. .
Nous. voulons l'expiation pour la violation du
droit des gens; une indemnité et des garanties
contra la retour.do pareils faits. Et pour cela je
compte sur l'appui du Parlement. :
Les dépensés de l'Angleterre
> Londres, 15 mars.
A la Chambre des Communes, le chancelier
de l'Echiquier a indiqué le chiffre de trois mil
lions et demi de livres sterling (87 millions
500,000 francs), comme celui auquel s'élèvent
les-dépenses nécessitées par les opérations mi
litaires et navales en Chine.
Lord Hamilton ayant parlé d'un incident sur
venu en Chine entre Russes et Anglais,'à la
commission de construction d'un chemin de
fer, M, William Redmond a demandé si, dans
le cas de'différends en Ire les puissances alliées,
les officiers anglais « sont autorisés à menacer
de recourir à la force des àrmes, sans consulter
le gouvernement ».
Lord Hamilton a répondu que les officiers
anglais ont,dans toutesles difficultés qui se sont
présentées en Chine, fait preuve d'un esprit de
conciliation véritable.et qu'il n'éstpas nécessaire
de leur donner de nouvelles instructions^
Le retrait
des troupes américaines
• New-York, 4 mars.
VEvening Post, de Washington, dit qu'on a
reçu avis du général Chaffee que le départ de
Chine des troupes américaines commencera vers
la fin d'avril, r . . i •.?
- Le châtiment des coupables
■ Pékin, li mars.
Les ministres étrangers ont dressé une liste
de 96 fonctionnaires des provinces dont ils ré
clament le châtiment.'
Le gouvernement chinois
Pékin, 14 mars.
Les ministres ont examiné aujourd'hui la
question des indemnités. ■■■■ ■ - '.-v . _
: On annonce : que Li-Hung-Chang est rétabli.
Une han,de de maraudeurs ,
Pékin, 15 mars..
:, 0n annonce qu'une bande considérable de
déserteurs de diverses nationalités se livre à la
maraude entre Pékin et Tien-Tsin. Un petit dé
tachement allemand'a dû se replier devant eux
et on a envoyé pour les disperser un petit dé
tachement de cavalerie anglaise.
LE CAPI TAINE R AMfLLOiï
* (Dépêche de notre correspondant)
? Montluçon, 15 mars. ■
Le Petit journal a fait connaître les pertes
éprouvées par la colonne du général Servière
dans son engagement avec les Berabers maro
cains, au Nora-Ouest de la casbah de Char-
roiûn. ' ■.
" Le capitaine Ramillon, qui commandait la re-
Connaissancé et qui est tombé glorieusement,
wuip£ttr[ dos parents
et de nombreux amis à Montluçon; Commentry
bt Moulins.
Sorti de Saint-Maixent, le capitaine Ramil-
lon avait fait la campagne du Tonkin et com
mandait la première compagnie des tirailleurs
sahariens. Etant en-garnison à Bergerac il avait
demandé à être envoyé en Afrique; où il avait
été chargé en décembre-dernier de OQnduire un
convoi de ravitaillement à In-Salah et In-Rhar.
Il devait s'étâblirà Aoùlef aveclapetite colonne
de Tidikelt, qu'il commandait. Mais à peine
venait-il d'y arriver qu'il recevait l'ordre de
rejoindre la colonne du - général Servière des
cendant sur Timmimoun. :
Le jour de sa mort, sa famille • a reçu de lui
une lettre, datée du 3 février, dans laquelle il
disait: •
Je quitterai Âoulef le 8 pour ëtrô à TitaS le 11, et
le 13 à Noumeunos. Là j'attendrai l'arrivée.et la ren
trée du général dans Timmimoun, pour me -mettre
sous ses ordres. .
A la gr-See de Dieu 1 Je suis au comble de la joie
et du bonheur. J'ai à côté de moi dé braves tiraillenrs
qui pleurent de ne pas partir. C'est extraordinaire ce
que ces gens-là aiment la poudré. Malgré toute la
meilleure volonté, il m'est impossible d'emmener
toute ma compagnie, puisque j'ai l'ordre de n'en
prendre que la moitié. Cela fait des heureux et aussi
des mécontents : c'est la vie I .
Le capitaine Ramillon, qui était chevalier de
la Légion d'honneur, devait prendre sa retraite
dans quelques années et se retirer à Montluçon.
L'inondation du puits Dolomieu
(Dépêches de notre correspondant) ,
Saint-Etienne, 15 mars.
Quinze absences sont signalées au puits Do
lomieu, de la concession de Roche-la-Molière,
qui a été envahi hier par une, inondation. On
connaît les noms de treize de ces ouvriers.
Ce sont les ' nommés : Pinatel, Barailon, Dan-
cer, Gire, Faure, Pradon, Cameres, Martin, Tis-
sier, Didier, Perrin, Ronchon et Rozier. Cos mal
heureux ne sont pas prisonniers de l'eau, mais
murés par des éboulis.
. ' H. s'est en effet passé ceci : l'inondation a été
due à la rupture d'une poche d'eau qui a jeté
dans les galeries un torrent impétueux qui,
chassant cadres, boisages, wagonnets, rails, a
déterminé de formidables chutes de-houille, de
rocs et de matériaux. L'eau n'a fait que traver
ser les chantiers comme une trombe, elle a
laissé derrière elle • d'inextricables amas - de
charbon. .
- Les travaux de sauvetage se sont poursuivis
toute la nuit sous la direction des ingénieurs.
L'inondation décroît. '
Cinq hommes ont été retirés vivants et l'on
espère que d'ici à la nuit ou à demain matin
au plus! tard, les autres auront pu- être délivrés.
La journée d'hier a d'ailleurs, été fatale à la
Compagnie des mines de Roche-la-Molière et
Firminy. Pendant que la section de Roche-la-
Molière était mise on émoi .par I'accidont du
puits Dolômiéu, un éboulement ensevelissait
au pùits du Ban. n° f, dépendant de la' section
de Firminy, les nommés Chassignol,'Thomas
Marcellior ot Louis Marcellier qui' travaillaient
à l'avancement ' d'une galerie. Là aussi on a
dû.travailler toute la nuit, sous- la direction
de MM. Baudot, et Salamon, ingénieurs, pour
arriver jusqu'aux ensevelis qui, au prix de
mille dangers, ont pu être délivrés ce" niatin à
peu près sains et saufs;.
8 heures soir.
Au cours de leur '.visita à Roche-la-Molière,
le préfeletM. Malein,, .procureur de la Répu
blique, aveo MM. Tauzin et Glasser, ingénieur
des mines^ sont descendus dans le puits Dolo
mieu, pour se rendre .compte de .l'étendue du
désastre.
• " Ce soir, ; à cinq heurc's, .M. Lebon,■ ingénieur,
qui dirigeait les travaux, est remonté et il a jfté•
remplacé par Ml Italeau, Ingénieur. . : -
Le cadavrcde Perrin a été retrouvé près du
puits Grunner.
: Les cinq 1 ouvriers;qui Ont été retrouvés vivants
sont les, nommés. Uire, ;Barallon i; Chazelle et
Comenes; ces deux derniers rie figuraient pas
dans la liste des disparus établie co matiq..
Gire ost dans un état, désespéré. >
LA GUERRE AU TRâMML
, LES DERNIÈRES OPÉRATIONS
- . Koonap River, .13 mars.
Les Anglais disent que la colonne, de Lisle
avait conçu un pian excellent tendant à acculer
Kruitzingcr dans l'angle formé par les rivières
Great-Fish et Koonap, mais que malheureuse
ment 'le commandant boer a réussi à trouver
un gué qu'il a pu forcer.
Ils se plaignent, .d'autre part, de ce que' les
Boers ont pu se procurer des ,chevaux dans le
district d'Albany. Ils reconnaissent la correction
des Boers dans leurs rapports avec les habitants.
. Le principal corps du commando de Kruilziit-
ger a passé la nuit dernière près d'Adélaïde.
- Londres, 15 mars.
Lord Kitchenor télégraphie d.e_ Pretoria, 14 mars :
• -Dcwet serait"à" Sénékal. Le temps pluvieux
retarde les opérations dans- l'Est. Mcthuen est
arrivé à" Warrenton.
/ COWMUNICIITIONS iHTERROWPUES , ^
. Capetown, 15 mars.
Les Boers ayant coupé les fils, les communi
cations sont interrompues avec l'Est .et leNatal.
U PESTE *U CAP
Le Cap, 11 mars.
La peste bubonique prenant de l'extension,
les autorités se proposent de consigner les
troupes dans dos baraquements.
Le nombre dos cas s'accroît parmi les Euro
péens ; il y en a eu quatre aujourd'hui. Huit
Îiersonnes de couleur sont également, atteintes.
1 y a eu jusqu'ici'trente-sept morts.
La peste a fait son apparition à Malmesbury,
On a vacciné ici aujourd'hui 2,000 indigènes.
LA CAVALERIE ANGLAISE
: La Nouvelle Orléans, 15 mars.
On signale , le départ d'un nouveau convoi
d'un millier de chevaux pour l'armée anglaise.
L 'AFFAIRE BUFFET -DÉRQULËDE
L'affaire BuffeUDéroulèdo est maintenant
close. La rencontre nlaura pas lieu. ;
Une. dépêche de Lausanne, reçue hier, an
nonce eh effet quelles témoins des deux adver
saires se sont ; réunis jeudi soir, à minuit, et
ont arrêté les. termes de la convention suivante :
En conformité du procès-vorbal cl dessus (déjà
publié dans les journaux) les quatre témoins se sont
réunis à Ouchy-Lausanne après avoir pris les plus
minutieuses précautions pour assurer le secret de la
rencontre antre Iqs deux proscrits. Toutes les dispo
sitions étaient prises pour que les adversaires fussent
mis en présenta vendredi matin, quand un double
arrête d'expulsion leur fut signifié sous menaça
d'arrestation. ;
L'hôtel où nous nous tenons est corné et nous avons
dû reconnaître que désormais, partout où nous
essaierions de nous rejoindre, nous trouverions les
mêmes causes d'empêchement. •
. A l'origino, le duel était exclusivement politique
et.metlait en présenco le républicain plébiscitaire
Paul* Dérouièao et le royaliste André'Buiïel, amenés
sur le terrain pour l'affirmation de leurs divergences
politiques. ,
Dans ces conditions matérielles et morales, en
présence du cas - de force majeure, les soussignés
jugent l'honneur sauf ot déclarant l'incident clos.
Signé :
Pour M. Buffet : Ponr SI. Déroulèdo t
de Oassaonac, . ' Bar aies,
DïRAMEI..'" .OKVIU.KRS...
Ajoutons qu'un arrêté d'expulsion a été, en
effet, signifié par le département de la police
vaudoise à MM. Déroulôde et BulTet.
—; une carrière de héros ? Je devine que
ton imagination rêve pour ton futur mari
les plus nobles destinées. C'est juste, mais
ce n'est pas faoile. . .
Il ajouta aveo un hoohement de tête plein
de sous-entendus :
— Et puis, tu saisi les plus'sûrs héros ne
sont pas toujours les plus brillants.
Isabelle ne releva pas cette parole de
désillusion. ...
Elle n'avait, d'ailleurs, rien de désobli
geant pour Juljen d'Hérieourt.
. Le colonel revenait, l'invitant à présenter
sa requête :
— Ne perdons pas de temps aux propos
inutiles. - Voyons, expose-moi ce que de
mande ta... .mère. Si je puis le faire, je le
ferai. . '
. La jeune fille s'enhardit tout à fait. Elle
s'exprima nettement :
— Mon onole, on a dit l'autre jour à ma
man que le gouvernement allait envoyer
une mission en Afrique. M. d'Hérieourt
serait heureux...
■ Elle s'arrêta, n'osant continuer, très inti
midée. ; •
La figure du colonel avait brusquement
changé d'aspect. - —
Ses traits s'étaient grippés, ses sourcils
s'étaient froncés Violemment.
- Un instant il se tint immobile.
Il était visible qu'une oolère grondait en
lui, que les mots se pressaient' trop nom
breux sur ses lèvres, qu'il tremblait de lais
ser sortir un son.
Pourtant ce son jaillit, cette colère éclata,
violemment. ~ '
— On a dit cela & la mère? Que lui a-t-on
dit? Parle.
La jeune fille frissonna.
Elle n'avait jamais vu, une telle figure à
son oncle.
— Mais, — murmura-t-elle,. — c'est dans
notre salon, devant moi, que cès propos ont
été tenus. Qu'y a-t-il là d'étonnant ?
•A-'Ce n'est pas li ce que je te demande ?
Qui en a parlé à ta mère?
, — Qui? Mais quelqu'un que vousconnais-
sez, mon oncle, M. Helmann.
. — Ah I C'est Helmann qui en a parlé ?
C'est bon à savoir. - .
Mais Isabelle commençait à secouer son
trouble.
. Elle se révoltait contre la rudesse du ton
et des paroles.
Elle n'acceptait pas cet interrogatoire;
Qu'y avait-il donc de si mal à parler de
ces choses ?
Elle .ne faisait.que répéter ce qu'elle avait
entendu dire.
Celui qui avait porté ces nouvelles, c'é
tait un habitué de la maison, un homme
que sa mère recevait en ami, un officier
français, ' . '
A dire le vrai, elle ne l'aimait pas, cet
homme; elle éprouvait.mêmeune véritable
répulsion à sort encontre. Mais c'étaient là
des sentiments personnels, dont elle ne de
vait aucun compte à autrui, pas.même à son
oncle, ù cet oncle qu'elle chérissait à l'égal
d'un père, dont elle se savait tendrement
aimée. " . .
Tout cela lui paraissait extraordinaire,
anormal.
A la surprise' du premier moment succès
dait peu à peu une indignation sourde.
Vraiment, elle ne méritait pas qu'on lui
parlât ainsi, surtout à si bref délai, si peu
de temps après les paroles affectueuses.
Mais tandis que ces idées se mouvaient
confusément en elle, le colonel, dominé par
le bouillonnement dé son irritation, ne gar
dait plus aucun ménagement.
Il épanchait sa mauvaise humeur.
— Ah 1 c'est Helmann qui a parlé ? J'en
prends note. Me . voilà, renseigné sur , ce
monsieur. Eh bien 1 il aura de mes nou
velles. Personne n'y gagnera, d'ailleurs. Tu
peux dire à la mère qu'elle ne pouvait ren
dre un pire service à Héricourt.
— Mais enfin, mon oncle, m'e'xpliquerez-
vouâ?,commença Isabelle. .
— Que je t'explique quoi ? Pourquoi tu
me vois en cet-état ?
. —Oui. Quai mal avons-nous fait? Quel
mal à fait M. Helmann ?
Il fit de grands pas saccadés dans la
chambre.
- Puis, donnant libre cours à son exaspé
ration, ne se .contraignant plus7i aucun mé
nagement, il jeta tout d'une haleine :
— Quel mal ? Vous autres femmes, vous
ne pouvez comprendre ces choses. Ça n'a
pas d'importance à vos yeux. Pourvu que
vous puissiez babiller à votreaise, sur n im
porte quoi, vous vous tenez pour satisfaites.
Un secret d'Lîtat ne vous intéresseras plus
qu'une question de chiffons, qu'un, roman
ou une pièce'de théâtre. • •
- —: Un secret d'Ktat, mon oncle? Il y
avait là un secret d'Etat ?
— Tiens 1 Tais-toi. Tu ne sais pas ce que
tu dis. Moi non plus, d'ailleurs.
Cet Helmann a parlé imprudemment de
choses dont il h'avait point à ouvrir la
bouche.
PiEnRE MAËL.
(la suite à demain.)
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SAMEDI 16 MARS 1901
75
SAINTE ÉMÉLIE" '
290
TRENTE-NEUVIÈME ANNÉE (N uméro i3959)
.LES .MANUSCRITS NE SONT PAà RErÛDUS
DERRIÈRE ÉDITION
LA CHAINE DU DIABLE
C'est, autant qu'il in'en souvient, le titre
d'un volume qui parut, en Angleterre, il y
a quelque vingt ansj et où la lutte contre
l'alcoolisme, dans toutes les classes, était
entamée, avec une vigueur sans pareille
Le nom de l'auteur m'échappe; mais, si ma
mémoire est fidèle, il fut l'objet, en Angle-
terre, de très grandes colères. On lui en
voulait de signaler une des plaies rédhibi-
toires du Royaume-Uni, et qui sévit princi-
, paiement dans la marine marchande. C'est
peut-être pour cela .surtout qu'on : lui en
voulut. 11 y eut une étonnante campagne de
haine menée contre hii; c'était un Anglais
disqualifié, pour avoir osé mettre en doute
la vertu impeccable de la Grande-Bretagne.
- Comprpnd-on cela'/ un écrivain osant
dévoiler à ses cohoitoyens; étaler aux yeux
de l'étranger les vices nationaux et mettre
en suspicion la candeur biblique de la très
prude Angleterre? C'était une infraction
sans pareille aux habitudes réservées dé la
presse et de la littérature, et qui n'était pas
pardonnable ; d'autant moins que l'auteur
s'eii prenait à la marine et faisait, d'imagi
nation peut-être, mais avec une grande ap
parence de réalité, le récit d'une aventure
. maritime terrible, causée parl'intempérance
des officiers et de l'équipage d'un navire
poussé à la côte par la tempête et que nulle
force humaine n'était capable de sauver : je
ne dis pas que ceci soit la loi commune,
mais ce n'est pas non plus l'exception.
L'auteur de la Chaîne du diable a failli,
en deux ou trois cents pages, le procès le
plus éloquent contré l'alcoolisme, et aussi
le plus triste et le plus lamentable. Et
comme je viens de le dire, le curieux livre
ne date pas d'hier. Il y avait déjà de lon
gues années qu'à bord d'un grand nombre
de navires, anglais et américains surtout,
des scènes honteuses ne passaient, princi-
• paiement à la sortie dés ports, presque au
moment de l'appareillage, celui ou l'on
prend le large. Nombre de naufrages, à.
quelques milles à peiné du point de départ,
n'eurent pas-d'autre causé"; et la funeste et
avilissante habitude s'est répandue jusque
chez nous. • - .
■ .0% ... .
H n'y a pas si longtemps hélas l — c'est
d'hier, — qu'un capitaine de, steamer mit
son navire en péril, et que les passagers se
croyaient perdus, voyant qu'au cours de la
furieuse tempête qui menaçait leur exis
tence lé capitaine n'y était plus et. qu'il
compromettait, par des ordres. scandaleux,
la sécurité 4e son navire. Le malheureux
était ivre. Mais comment se révolter contre
lui? Le Code maritime est, à cet égard,
aussi strict que précis : le capitaine est sou
verain maître à. son bord et l'équipage lui
doit obéissance absolue. Il n'y a pas de res
trictions qui tiennent, pas de circonstances
atténuantes à invoquer ; en tout état de cause,
la justice est saisie et condamne-
Le cas d'ivresse manifeste n'existait pas
autrefois ou était des plus rares. Alors, à
quoi bon codifier contre lui. On ne réforme
pas la justice générale pour une exception.
Aujourd'hui l'on devrait bien songer à ceci
que le vice s'est répandu dans des propor
tions croissantes, inquiétantes, qui doivent
éveiller la sollicitude, surtout quand il s'agit
du respect de la vie humaine, et souvent de
son salut. Jci, le navire fut sauvé, grâce à
l'énergie d'un équipage qyi ne reoula pas
devant une infraction au Code, surtout à
celle du maître d'équipage qui ne broncha
point, et sachant à quoi il s'exposait, s'ins
talla au gouvernail et, avec le concours des
homnies, ramena le steamer Havrais dans
la baie dê Morlaix. C'était le salut, la fin
d'un cauchemar qui avait duré trop long
temps et où.de nombreuses existences hu
maines se voyaient vouées à une mort
assurée, sans la résolution prise par quel
ques hommes courageux.
**# .
La justice aura son mot à dire en cette,
occasion et nul doute que les hommes in
subordonnés ne s'en- tirent avec les hon
neurs de la guerre 1 Car il ne faut pas ou
blier qu'un capitaine de navire a' oharge
d'âmes, surtout quand il commande un pa
quebot destiné à des transports de passa
gers. Il me souvient encore d'une catastro
phe terrible qui se produisit, il y a une qua
rantaine d'années, je ne saurais préciser au
.juste, à proximité de Barileur, en dedans
du terrible raz de Gatteville, dont le phare,
aujourd'hui à éclats électriques, et-qui cor
respond avec les feux de la Hève, passait
déjà pour un des 'plus puissants des côtes
de France.
.. Un matin, lés riverains aperçurent" un
grand trois-mâts, sous ! toutes voiles, qui,
tranquillement, sedirigeait sur la côte, par
temps très maniable, avec une sorte d'in
conscience qui leur parut bizarre. Le trois-
mâts courait à une.perte certaine, et avec
les meilleures lunettes, on n'apercevait per-
sonne à bord : une sorte de vaisseau fan
tôme qui n'avait point besoin d'être ma
nœuvré et naviguait sous sa voilure: orien
tée, en sortant du Havre. Car c'est du
Havre qu'il venait, ~ on ne tarda pas à le
savoir, — pour se jeter, dès là première
aube, dans une situation immédiatement
oritique et bientôt désespérée..
11 y a là une roche émergeante, même
par les plus hautes mers, sur laquelle s'ef
fondra, dans une belle nuit d'hiver de l'an?
née 1120, un vaisseau de la flotte des
Henri l ,r , roi d'Angleterre, qui s'appelait la
Blànche-Nef, et dont elle a gardé le nom .
Sur trois cents passagers i de marque qu'il
transportait en Angleterre, un, seulement,
piarvint à. se sauver et fut recueilli par des
Çècheurs, d'après le récit même d'Augustin
hierry. Il s'appelait Bérauld, et c'est par
lui qu ; on apprit les détails de la complète
catastrophe. Eh bien 1 c'est droit sur cette
roche, historiquement et lugubrement cé
lèbre,que marchaitle trois-mâts en question.
Malgré les signaux multipliés "des rive
rains, le navire poursuivait, sa route mor
telle, et quelques instants après, il était
broyé sur la Blanche-Nef. Deux hommes
seulement furent poussés à la côte, - grâce à
une épave qu'ils avaient pu saisir, et c'est'
par eux que Ton sut, comme sept' siècles
auparavant par-Bérauld, oe qui s'était passé :
la sortie du Havre S la marée du soir,
l'ivresse de réow>i« , a' a <3oe.n.fiî<ùM,e r i&o
passagers " réfugiés dans leurs oabines,
anéantis' par le mal de mer, incapahles de;
se rendre compte de ce qui se passait, et
4ont les cadavres presque nus vinrent à la
côte, surpris et asphyxiés, dans leur inertie,
ar l'envahissement foudroyant des eaux
e la mer. ;
Il y a quelques années encore, on pouvait
voir, dans la cour d'un hôtel de Barfleur,
cloué contre la muraille de la cour, le ta
bleau d'arrière du grand navire naufragé
qui s'appelait la Luna, —■ une lune rou
lant au milieu des nuages,—- et dont
la perte comme celle de la Blanche-Nef,
plus de sept cents ans auparavant, était due
à Tintempérance des matelots. Mais, dans
ces temps-là, — je parle de quarante ou
cinquante ans, — c'était encore l'exception,
tandis que* de nos jours les i sinistres
se multiplient, dus, bien probablement;
à la môme cause ;, Nos romanciers
n'ont pas encore, introduit cela dans leurs
drames, ce qui prouverait peut-être que le
vice, criminel est de moindres proportions
chez nous. Mais c'est à se demander comment
il se peut faire que l'on désigne à la vin
dicte publique des écrivains qui osent
dévoiler la plaie et demander instamment
qu'il y soit, si possible, porté remède. Les
Anglais, depuis longtemps, sont passés
maîtres dans ces sortes" d'hypocrisies et
dans bien d'autres. Pour dire toute l'exacte
vérité, ils en ont le monopole.
La mer est impitoyable, c'est certain, et
elle engloutit les plus sobres et les plus
habiles, comme les plus maladroits, les plus
inexpérimentés et les plus alcoolisés. Elle, a
des caprices que l'on ne s'explique pas, et
l'on pourrait presque dire d incompréhen
sibles préférences. Mais il est incontestable
qu'elle rencontre, dans ce que l'auteur an
glais appelait la Chaîne du Diable,, de
sinistres collaborations. Que faire à cela ?
Comment lutter efficacement contre oet
implacable ennemi que le oonleur amé
ricain Edgard Poë appelait si juste
ment et si tristement, par expérience, le
Démon de l'alcool? Qui trouvera le remède
à oe mal presque contemporain, qui fait des
progrès si effrayants et que le législateur
l'ose attaquer de face, pour des raisons
atérales et la plupart du temps person
nelles ?
Il est à remarquer, cependant, qu'un na
vire ne prend pas la mer sans qu'une com
mission spéoiale se soit assurée de'ses- bon
nes conditions de navigabilité, et! que rien
ne lui manque des.choses nécessaires à sa
sécurité, autant qu'on les peut connaître. Un
jour s'imposera, si le mal a de la durée,
où il faudra que toutes les nations mariti
mes se prémunissent aussi contre l'ivrogne*
rie envahissante, en, prenant, à l'égard du
commandement,toutesles précautions aux
quelles il faudra forcément se'résoudre.
Si tfe n'est pas encore une question "de
sécurité, générale, au train dont marchent
les choses, il est possible que très prochai
nement elles s'imposent. Le 'mieux serait
de ne pas attendre et de voir aux moyens
propres à enrayer la marche du fléau, parce
qu'en s'en tenant à .'l'indifférence coupable,
on devient presque complice. En un mot,
dans ces sortes de luttes, quand on s'y prend
trop tard,- il n'est plus temps.; Cette propo
sition peut sembler naïve, au premier abord,
mais elle est l'expression de l'exacte vérité.
On ne lime pas éternellement la Chaîne du
Diable, il faut la rompre ou la briser;
. Thomas Grimm. .
: —
INFORMATIONS POLITIQUES
r . Conseil des ministres
•Les ministres sé sont réunis; hier matin, à
1'Elysé.e, sous la présidence de M. Loubet. •
; La séance.a été consacrée^ l'expédition, des
affaires courantes. "
. Le garde des sceaux a fait signer un impor-,
tant mouvement judiciaire. -.'
Demanda en autorisation de poursuites
contre un député
■ Le garde des sceaux a transmis jeudi au pré
sident de la Chambre une requête du procureur
général près la cour d'appel de Paris, tendant à
la levée de l'immunité parlementaire deJVI. Jules
Jaluzot, député de la Nièvre, sous la prévention
de délit d'accaparement des sucres pendant les
campagnes sucrières 1898-99 et 1899-1900. Le
délit est spécifié et prévu par l'article 419 du
Code pénal.
LiOS DUreaiIX M la umxinfcftî
pour nommer la commission chargée d'exami
ner, "cette demande en autorisation de pour-
suites. *1 - /
Les commissaires élus sont, dans l'ordre des
bureaux : MM. Bouctot, Peignot, Vigouroux,
Alicot, Pastre, Gerville-Réàehe, 'Jourde, Fer
rette, Piou, Chandioux et Michel.
; Sept membres • sont favorables à la levée de
l'immunité parlementaire sans se prononcer
sur le fond de la question, et uniquement pour
permettre à la justice de poursuivre son œuvre ;'
ce sont MM. Bouctot, Peignot, Pastre, Jourde,
Ferrette, Chandioux-. et Miohel. M. Ferrette,
toutefois, critique la publication anticipée du
rapport de l'expert.
Trois .membres réservent leur avis ' jus
qu'après l'examen du dossier et audition de
M. Jaluzot "; ce sont MM. Piou, Vigouroux et
Alicot.
- Enfin, un membre, : M. Gerville-Réache, est
opposé aux poursuites. Il estime qu'on solli
cite trop facilement la levée de l'immunité par
lementaire.
Le service do deux ans
Le ministre de la guerre a conféré, au Sénat;
avec le président de la commission sénatoriale
de l'arme'ej II lui a dit que le gouvernement
était prêt à "donner à la commission de l'armée
son avis sur le service de deux ans. Il a été
entendu que la commission se réunirait mer
credi prochain à trois heures.
L'élection des députés
■M. Gellé, député progressiste de la Somme,
vient de soumettre à la Chambre une proposi
tion do loi qui modifie le mode; d'élection des
députés. " • r-
Aux termes de cette proposition, les députés
seraient élus pour neuf ans et ne seraient pas
rééligibles. La Chambre se renouvellerait par
tiers tous les trois ans.
La proposition Charles Prevet
La commission sénatoriale des douanes s'est
réunie sous la présidence' de M. Edouard Mil-,
laud. Elle s'est occupée de la proposition de loi.
de M. Prevet tendant à la suppre"ssion;de l'ad
mission temporaire.'
M. Tkdzard a fait observer qu'à.son avis, la
Constitution interdisait au Sénat l'initiative,
autant en matière douanière qu'en matière
financière.
Après un débat assez confus,-la commission
a décidé de consulter le président du Sénat. ' .
; Mouvement Judiciaire
Par décret en date de ce jour sont nommés :
Conseiller à la Cour de cassation, M. Moras, pro
cureur général à Lyon.
Président do chambra & Paris, M. Poupardin,
conseiller à la 'même cour.
FEUILLETON eu Petit Journal du 16 M ars 1901
-35-
POUR LE DRAPEAD
imîmiarb pautib
LA CONJURATION DBS TENEBRES
- • XVII (Suite)
. Un orage
Elle avait hésité. Son front et ses joues
s'étaient empourprés.
— Quelqu un que jé-connais, dis-tu? Sois
plus précise. . ~ .
— A M. le- capitaine Julien d'Hérieourt,
mon oncle.
Il sourit derechef, très paternellement,
cette fois.' •
— Tu vois, petite sotte, que tu aurais bien
mieux fait ae parler en ton nom.
— Pourquoi cela, mon oncle ?
— Dame 1 Parpe qu'il me semble que tu
es au moins aussi intéressée que ta mère à
la demande que lu vas m'adresser, — car
je devine qu'il s'agit d'une demande, — et
la cause d'Hérieourt y.eût gagné.
Isabelle avait rougi sous ce propos.
Mais la rougeur s'était effacée. Le beau
visage avait repris sa blancheur mate,
un peu pâle. Une mélancolie envahit
80n front.
— Je crois, mon oncle, — dit-elle avec
(1) Traduction et reproduction interdites.
une certaine tristesse, — que vous vous
trompez dans vos suppositions. M. d'Héri
eourt ne pense pas à moi.
— Hum 1 —Et toi, ne penses-tu pas à lui,
petite ? , - ;
— Moi? — je ne sais,, mon onole. Il ne
m'est pas indifférent, je l'avoue. Comme
beaucoup de personnes, je l'admire.
S'il me demandait en mariage, je crois
que je dirais oui, mais ce que dit mon cœur
je l'ignôre.
- — Comment, Isabelle, à vingt-cinq ans,
tu n'es pas mieux fixée'sur l'amour?
— Savez-vous, — fit-elle en souriant, —
que ce n'est pas très aimable ce que vous
me dites ' là, non; ce n'est pas aimable,mon
oncle. -
— Vraiment ? et pourquoi n'est-ce pas
aimable, ma fille ? -
— D'abord, vous me rappelez que j'ai
coiffé sainte Catherine. .
— Allons donc ! C'est le bel âge, ça; ma pe-
tite belle.
— Et, ensuite? ;
— Ensuite, vous avez l'air de vous éton
ner que je ne sache rien de l'amour. Mais il
me semble que vous devriez en être satis
fait, de celle ignorance. , *
Les yeux du colonel se mouillèrent.
11 mit un baiser sur le beau front pur.
— Tu as raison, chère petite. Je ne suis
qu'un vieux nigaud, vois-tu. Je radote.
Dans notre.métier, nous ne savons même
plus tourner un compliment.
— Oh 1 mon oncle, o'est pour rire que je
vous fais ce reproche,!
— Allons I revenons à nos moutons, petit
agneau. Tu dis donc qu'il ne le déplairait
pas, le beau capitaine ? Le fait est qu'il est
superbe.
— Ai-je dit cela, moii oncle ? -r- reprit
Isabelle qui rougit derechef.
— Tu ne lé dis peut-être pas, mais tu le
laisses entendre, ce qui revient au même.
— Eh bien I mettez que vous ayez en
tendu juste, mon onole. 1
— Certes 1 vous feriez un beau couple à
vous deux, sais-tu ? J'en serais fier. . _
Et| un nuage sur le front, il ajouta, s'affli-
geant lui-même ; ■
— Oui, mais voilà. II.n'a pas un sou
vaillant, oe satané Héricoiart. Il a mangé son
saint-frusquin.etcenesontpasles vingt-cinq
■ ou trente mille franos de ta dot qui pour
raient'lui constituer un revenu suffisant. :
—■ Les trente mille franos de ïna dot?
Vous plaisantez, mon oncle ?
Elle ouvrait tout grands ses admirables
yeux pleins de stupeur.
— Non, je ne plaisante pas, belle. N'es^tu
pas ma fille ? Le vieil onde a pu mettre
quelques sous de côté, ta dot réglementaire,
et même un peu plus.
— Oh 1 ;mon. bon oncle 1 — a'éoriar
t-elle, lui jetant ses bras au cou.
— Avec tout ça, — reprit-il, — tu ne
m'as pas fait la commission de ta mère.
Elle le vit bien disposé. Elle parla, sans
réserve, sans précautions. ••
— Voilà de quoi il s'agit mon oncle. Il pa
raît que M. d'Hérieourt serait désireux de
rentrer dans le service aotif. Nous avons
pensé que, mieux que personne...
— Je pourrais lui obtenir,un bon poste?
— Hum ! —Je connais les désirs du parti
culier. C'est un brillant soldat, mais il ne
voudrait pas d'un emploi obscur.
— Oh non I mon oncle, à un officier
comme lui, il faudrait...
— Des exploits surhumains, n'est-ce pas,
Conseiller & Paris, -M. Larieyrie, .vice-président à la
Seine, :• ■ ■ / „■
Vice-président à la Seine, H. de Cardeilhac,
conseiller à- Agen. , •>
Conseiller à Paris, M. Çuhrauil, président de cham
bre & Pan.
Conseiller à Paris, M. Proal, président de chambre
à Riom.
... Conseiller à Paris, M. !WeiI, vice-président à la
Seine..
Vice-président. & la Seine, M. Béhenne, juge au
mSme siège.
Juge 4 la Seine; M. Poincenet, conseiller à Rouen.
Conseiller & Paris, M. Naudin, président de cham
bre à Toulouse.
Conseiller à Paris, M.' Jambois, avocat général à la
même cour. ;
Avocat général à Paris, M. Faire,, vice-président &
la Seine.
Vice-président.à la Seine, M. Morise, substitut à
la Seine.- •
Substitut à la Seine, M. Scherdlin, procureur, &
■Boauvais. •, ...
Procureur & / Beauvais, M. - Péan, .substitut: &
Valence. - r -
Substitut à la cour de Paris,' M. Peyssonnié, avocat
général à Orléans.
Substitut à Blois, M. Devin, substitut àMontargis.
• Substitut à Montargis, M. Craponne, juge i Par-
tbenay. '
Juge à_;la Seine, M. Ancelle, président h Fontai-
nebleau." . :... , . 1 ■ ■ . . .
Président à Fontainebleau, M. Rollet, juge au
siège. ■ ■ ' ' ■ ■
_ Juge à Fontainebleau, M. Dupuis, juge à Tonnerre.
Juge à la Seine, M. Berr, substitut au siège.
Juge & la Seine, M. Ganeval, conseiller à Besancon.
Substitut à la Seine, M. Lefresne, substitut général
A Rennes; -,
Juge à la Seine, M. Ausset, conseiller'. & Amiens.
US EVENEMENTS BEIÏË
La question de la Mandchourio
■ Shanghaï, 15 mars.
Suivant des nouvelles de source chinoise, un
édit sacré donne à Chang-Ghi-Tung et àLi-King-
Yi l'ordre de prendre, à la place de Li-Hùng-
Chang, la conduite des négociations relatives au
traité concernant la Màndcnourie.'
On dit que le ministre russe insiste auprès
de Li-lIung-Chang pour obtenir la ratification
du traité d'ici à quinze jours.
Des Chinois de Shanghaï ont envoyé à l'em
pereur une pétition contre-ce-traité. • Ils lui
exposent que, si le traité n'est pas annulé, il
entraînera le démembrement de la Chine,
' lioiiurea, * * ...
Deux transports- russes sont • attendus. On
prévoit qu'une démonstration sera faite' dans
le golfe du Petchili, en vue d'exercer une pres
sion sur la Chine, et aussi pour donner un
avertissement au Japon contre toute intention
de sa part de gêner la Ttussie dans, le Nord de
la Chine. .
Francfort, 15 mars.
On télégraphie de New-York à, la Gazette de
Francfort que, d'après une nouvelle publiée par
le Sun, Li-Hung-Chang cède à la Russie dans la
question de la Mandchourie.
, Washington, 15 mars.
Suivant certains renseignements, la conven
tion sino-russe stipule le retour de la Mandr
chourie à la Chine, mais à' des conditions qui
établiraient en fait la suzeraineté de la Russie
sur la Mandchourie, avec un fonctionnaire russe
ayant une position = analogue à celle du.-vice-roi
de l'Inde anglaise-.
- Le discours do M. de RiiSow.
: Berlin, 15 mars.
Dans-lc discours qu'il à prononcé aujourd'hui
au Réichstag, le comte de Bulow s'est exprimé
ainsi sur la situation en Chine :
L'intégrité de la China, est garantie par l'accord
anglo-allemand. .
La Mandchourie n'est pas comprise dans ce traité..
L'Allemagne n'a pas d'intérêts commerciaux en
Mandchourie. Il lui est indifférent de ce qu'il advion-
dra de cette province après la pais; mais elle ne
veut pas que la Chine se dépouille au profit d'un
seul créancier d'un gaçe important, garantissant le
paiement de l'indemnité.
M. de Bûlow dit
l'attitude de l'Allemagne en Chine : .
L'Allemagne poursuit en Chine des intérêts
exclusivement commerciaux, La Russie a des intérêts
politiques dans le Nord de la Chine, mais ils ne sont
nullement menacés par l'accord anglo-allomand.
L'Allemagne est également d'accord avec le Japon
et l'Amérique, et, ajoute M. de Bûlow, nous,n'avons
aucune divergence de vues avec la France, ni en
Chine, ni ailleurs.
Il va de soi que l'Àntriche et l'Italie, étant donnée
la Triple alliance qui subsiste intacte et inébran
lable, marchent' d'accord avec nous en Chine. .
Nous. voulons l'expiation pour la violation du
droit des gens; une indemnité et des garanties
contra la retour.do pareils faits. Et pour cela je
compte sur l'appui du Parlement. :
Les dépensés de l'Angleterre
> Londres, 15 mars.
A la Chambre des Communes, le chancelier
de l'Echiquier a indiqué le chiffre de trois mil
lions et demi de livres sterling (87 millions
500,000 francs), comme celui auquel s'élèvent
les-dépenses nécessitées par les opérations mi
litaires et navales en Chine.
Lord Hamilton ayant parlé d'un incident sur
venu en Chine entre Russes et Anglais,'à la
commission de construction d'un chemin de
fer, M, William Redmond a demandé si, dans
le cas de'différends en Ire les puissances alliées,
les officiers anglais « sont autorisés à menacer
de recourir à la force des àrmes, sans consulter
le gouvernement ».
Lord Hamilton a répondu que les officiers
anglais ont,dans toutesles difficultés qui se sont
présentées en Chine, fait preuve d'un esprit de
conciliation véritable.et qu'il n'éstpas nécessaire
de leur donner de nouvelles instructions^
Le retrait
des troupes américaines
• New-York, 4 mars.
VEvening Post, de Washington, dit qu'on a
reçu avis du général Chaffee que le départ de
Chine des troupes américaines commencera vers
la fin d'avril, r . . i •.?
- Le châtiment des coupables
■ Pékin, li mars.
Les ministres étrangers ont dressé une liste
de 96 fonctionnaires des provinces dont ils ré
clament le châtiment.'
Le gouvernement chinois
Pékin, 14 mars.
Les ministres ont examiné aujourd'hui la
question des indemnités. ■■■■ ■ - '.-v . _
: On annonce : que Li-Hung-Chang est rétabli.
Une han,de de maraudeurs ,
Pékin, 15 mars..
:, 0n annonce qu'une bande considérable de
déserteurs de diverses nationalités se livre à la
maraude entre Pékin et Tien-Tsin. Un petit dé
tachement allemand'a dû se replier devant eux
et on a envoyé pour les disperser un petit dé
tachement de cavalerie anglaise.
LE CAPI TAINE R AMfLLOiï
* (Dépêche de notre correspondant)
? Montluçon, 15 mars. ■
Le Petit journal a fait connaître les pertes
éprouvées par la colonne du général Servière
dans son engagement avec les Berabers maro
cains, au Nora-Ouest de la casbah de Char-
roiûn. ' ■.
" Le capitaine Ramillon, qui commandait la re-
Connaissancé et qui est tombé glorieusement,
wuip£ttr[ dos parents
et de nombreux amis à Montluçon; Commentry
bt Moulins.
Sorti de Saint-Maixent, le capitaine Ramil-
lon avait fait la campagne du Tonkin et com
mandait la première compagnie des tirailleurs
sahariens. Etant en-garnison à Bergerac il avait
demandé à être envoyé en Afrique; où il avait
été chargé en décembre-dernier de OQnduire un
convoi de ravitaillement à In-Salah et In-Rhar.
Il devait s'étâblirà Aoùlef aveclapetite colonne
de Tidikelt, qu'il commandait. Mais à peine
venait-il d'y arriver qu'il recevait l'ordre de
rejoindre la colonne du - général Servière des
cendant sur Timmimoun. :
Le jour de sa mort, sa famille • a reçu de lui
une lettre, datée du 3 février, dans laquelle il
disait: •
Je quitterai Âoulef le 8 pour ëtrô à TitaS le 11, et
le 13 à Noumeunos. Là j'attendrai l'arrivée.et la ren
trée du général dans Timmimoun, pour me -mettre
sous ses ordres. .
A la gr-See de Dieu 1 Je suis au comble de la joie
et du bonheur. J'ai à côté de moi dé braves tiraillenrs
qui pleurent de ne pas partir. C'est extraordinaire ce
que ces gens-là aiment la poudré. Malgré toute la
meilleure volonté, il m'est impossible d'emmener
toute ma compagnie, puisque j'ai l'ordre de n'en
prendre que la moitié. Cela fait des heureux et aussi
des mécontents : c'est la vie I .
Le capitaine Ramillon, qui était chevalier de
la Légion d'honneur, devait prendre sa retraite
dans quelques années et se retirer à Montluçon.
L'inondation du puits Dolomieu
(Dépêches de notre correspondant) ,
Saint-Etienne, 15 mars.
Quinze absences sont signalées au puits Do
lomieu, de la concession de Roche-la-Molière,
qui a été envahi hier par une, inondation. On
connaît les noms de treize de ces ouvriers.
Ce sont les ' nommés : Pinatel, Barailon, Dan-
cer, Gire, Faure, Pradon, Cameres, Martin, Tis-
sier, Didier, Perrin, Ronchon et Rozier. Cos mal
heureux ne sont pas prisonniers de l'eau, mais
murés par des éboulis.
. ' H. s'est en effet passé ceci : l'inondation a été
due à la rupture d'une poche d'eau qui a jeté
dans les galeries un torrent impétueux qui,
chassant cadres, boisages, wagonnets, rails, a
déterminé de formidables chutes de-houille, de
rocs et de matériaux. L'eau n'a fait que traver
ser les chantiers comme une trombe, elle a
laissé derrière elle • d'inextricables amas - de
charbon. .
- Les travaux de sauvetage se sont poursuivis
toute la nuit sous la direction des ingénieurs.
L'inondation décroît. '
Cinq hommes ont été retirés vivants et l'on
espère que d'ici à la nuit ou à demain matin
au plus! tard, les autres auront pu- être délivrés.
La journée d'hier a d'ailleurs, été fatale à la
Compagnie des mines de Roche-la-Molière et
Firminy. Pendant que la section de Roche-la-
Molière était mise on émoi .par I'accidont du
puits Dolômiéu, un éboulement ensevelissait
au pùits du Ban. n° f, dépendant de la' section
de Firminy, les nommés Chassignol,'Thomas
Marcellior ot Louis Marcellier qui' travaillaient
à l'avancement ' d'une galerie. Là aussi on a
dû.travailler toute la nuit, sous- la direction
de MM. Baudot, et Salamon, ingénieurs, pour
arriver jusqu'aux ensevelis qui, au prix de
mille dangers, ont pu être délivrés ce" niatin à
peu près sains et saufs;.
8 heures soir.
Au cours de leur '.visita à Roche-la-Molière,
le préfeletM. Malein,, .procureur de la Répu
blique, aveo MM. Tauzin et Glasser, ingénieur
des mines^ sont descendus dans le puits Dolo
mieu, pour se rendre .compte de .l'étendue du
désastre.
• " Ce soir, ; à cinq heurc's, .M. Lebon,■ ingénieur,
qui dirigeait les travaux, est remonté et il a jfté•
remplacé par Ml Italeau, Ingénieur. . : -
Le cadavrcde Perrin a été retrouvé près du
puits Grunner.
: Les cinq 1 ouvriers;qui Ont été retrouvés vivants
sont les, nommés. Uire, ;Barallon i; Chazelle et
Comenes; ces deux derniers rie figuraient pas
dans la liste des disparus établie co matiq..
Gire ost dans un état, désespéré. >
LA GUERRE AU TRâMML
, LES DERNIÈRES OPÉRATIONS
- . Koonap River, .13 mars.
Les Anglais disent que la colonne, de Lisle
avait conçu un pian excellent tendant à acculer
Kruitzingcr dans l'angle formé par les rivières
Great-Fish et Koonap, mais que malheureuse
ment 'le commandant boer a réussi à trouver
un gué qu'il a pu forcer.
Ils se plaignent, .d'autre part, de ce que' les
Boers ont pu se procurer des ,chevaux dans le
district d'Albany. Ils reconnaissent la correction
des Boers dans leurs rapports avec les habitants.
. Le principal corps du commando de Kruilziit-
ger a passé la nuit dernière près d'Adélaïde.
- Londres, 15 mars.
Lord Kitchenor télégraphie d.e_ Pretoria, 14 mars :
• -Dcwet serait"à" Sénékal. Le temps pluvieux
retarde les opérations dans- l'Est. Mcthuen est
arrivé à" Warrenton.
/ COWMUNICIITIONS iHTERROWPUES , ^
. Capetown, 15 mars.
Les Boers ayant coupé les fils, les communi
cations sont interrompues avec l'Est .et leNatal.
U PESTE *U CAP
Le Cap, 11 mars.
La peste bubonique prenant de l'extension,
les autorités se proposent de consigner les
troupes dans dos baraquements.
Le nombre dos cas s'accroît parmi les Euro
péens ; il y en a eu quatre aujourd'hui. Huit
Îiersonnes de couleur sont également, atteintes.
1 y a eu jusqu'ici'trente-sept morts.
La peste a fait son apparition à Malmesbury,
On a vacciné ici aujourd'hui 2,000 indigènes.
LA CAVALERIE ANGLAISE
: La Nouvelle Orléans, 15 mars.
On signale , le départ d'un nouveau convoi
d'un millier de chevaux pour l'armée anglaise.
L 'AFFAIRE BUFFET -DÉRQULËDE
L'affaire BuffeUDéroulèdo est maintenant
close. La rencontre nlaura pas lieu. ;
Une. dépêche de Lausanne, reçue hier, an
nonce eh effet quelles témoins des deux adver
saires se sont ; réunis jeudi soir, à minuit, et
ont arrêté les. termes de la convention suivante :
En conformité du procès-vorbal cl dessus (déjà
publié dans les journaux) les quatre témoins se sont
réunis à Ouchy-Lausanne après avoir pris les plus
minutieuses précautions pour assurer le secret de la
rencontre antre Iqs deux proscrits. Toutes les dispo
sitions étaient prises pour que les adversaires fussent
mis en présenta vendredi matin, quand un double
arrête d'expulsion leur fut signifié sous menaça
d'arrestation. ;
L'hôtel où nous nous tenons est corné et nous avons
dû reconnaître que désormais, partout où nous
essaierions de nous rejoindre, nous trouverions les
mêmes causes d'empêchement. •
. A l'origino, le duel était exclusivement politique
et.metlait en présenco le républicain plébiscitaire
Paul* Dérouièao et le royaliste André'Buiïel, amenés
sur le terrain pour l'affirmation de leurs divergences
politiques. ,
Dans ces conditions matérielles et morales, en
présence du cas - de force majeure, les soussignés
jugent l'honneur sauf ot déclarant l'incident clos.
Signé :
Pour M. Buffet : Ponr SI. Déroulèdo t
de Oassaonac, . ' Bar aies,
DïRAMEI..'" .OKVIU.KRS...
Ajoutons qu'un arrêté d'expulsion a été, en
effet, signifié par le département de la police
vaudoise à MM. Déroulôde et BulTet.
—; une carrière de héros ? Je devine que
ton imagination rêve pour ton futur mari
les plus nobles destinées. C'est juste, mais
ce n'est pas faoile. . .
Il ajouta aveo un hoohement de tête plein
de sous-entendus :
— Et puis, tu saisi les plus'sûrs héros ne
sont pas toujours les plus brillants.
Isabelle ne releva pas cette parole de
désillusion. ...
Elle n'avait, d'ailleurs, rien de désobli
geant pour Juljen d'Hérieourt.
. Le colonel revenait, l'invitant à présenter
sa requête :
— Ne perdons pas de temps aux propos
inutiles. - Voyons, expose-moi ce que de
mande ta... .mère. Si je puis le faire, je le
ferai. . '
. La jeune fille s'enhardit tout à fait. Elle
s'exprima nettement :
— Mon onole, on a dit l'autre jour à ma
man que le gouvernement allait envoyer
une mission en Afrique. M. d'Hérieourt
serait heureux...
■ Elle s'arrêta, n'osant continuer, très inti
midée. ; •
La figure du colonel avait brusquement
changé d'aspect. - —
Ses traits s'étaient grippés, ses sourcils
s'étaient froncés Violemment.
- Un instant il se tint immobile.
Il était visible qu'une oolère grondait en
lui, que les mots se pressaient' trop nom
breux sur ses lèvres, qu'il tremblait de lais
ser sortir un son.
Pourtant ce son jaillit, cette colère éclata,
violemment. ~ '
— On a dit cela & la mère? Que lui a-t-on
dit? Parle.
La jeune fille frissonna.
Elle n'avait jamais vu, une telle figure à
son oncle.
— Mais, — murmura-t-elle,. — c'est dans
notre salon, devant moi, que cès propos ont
été tenus. Qu'y a-t-il là d'étonnant ?
•A-'Ce n'est pas li ce que je te demande ?
Qui en a parlé à ta mère?
, — Qui? Mais quelqu'un que vousconnais-
sez, mon oncle, M. Helmann.
. — Ah I C'est Helmann qui en a parlé ?
C'est bon à savoir. - .
Mais Isabelle commençait à secouer son
trouble.
. Elle se révoltait contre la rudesse du ton
et des paroles.
Elle n'acceptait pas cet interrogatoire;
Qu'y avait-il donc de si mal à parler de
ces choses ?
Elle .ne faisait.que répéter ce qu'elle avait
entendu dire.
Celui qui avait porté ces nouvelles, c'é
tait un habitué de la maison, un homme
que sa mère recevait en ami, un officier
français, ' . '
A dire le vrai, elle ne l'aimait pas, cet
homme; elle éprouvait.mêmeune véritable
répulsion à sort encontre. Mais c'étaient là
des sentiments personnels, dont elle ne de
vait aucun compte à autrui, pas.même à son
oncle, ù cet oncle qu'elle chérissait à l'égal
d'un père, dont elle se savait tendrement
aimée. " . .
Tout cela lui paraissait extraordinaire,
anormal.
A la surprise' du premier moment succès
dait peu à peu une indignation sourde.
Vraiment, elle ne méritait pas qu'on lui
parlât ainsi, surtout à si bref délai, si peu
de temps après les paroles affectueuses.
Mais tandis que ces idées se mouvaient
confusément en elle, le colonel, dominé par
le bouillonnement dé son irritation, ne gar
dait plus aucun ménagement.
Il épanchait sa mauvaise humeur.
— Ah 1 c'est Helmann qui a parlé ? J'en
prends note. Me . voilà, renseigné sur , ce
monsieur. Eh bien 1 il aura de mes nou
velles. Personne n'y gagnera, d'ailleurs. Tu
peux dire à la mère qu'elle ne pouvait ren
dre un pire service à Héricourt.
— Mais enfin, mon oncle, m'e'xpliquerez-
vouâ?,commença Isabelle. .
— Que je t'explique quoi ? Pourquoi tu
me vois en cet-état ?
. —Oui. Quai mal avons-nous fait? Quel
mal à fait M. Helmann ?
Il fit de grands pas saccadés dans la
chambre.
- Puis, donnant libre cours à son exaspé
ration, ne se .contraignant plus7i aucun mé
nagement, il jeta tout d'une haleine :
— Quel mal ? Vous autres femmes, vous
ne pouvez comprendre ces choses. Ça n'a
pas d'importance à vos yeux. Pourvu que
vous puissiez babiller à votreaise, sur n im
porte quoi, vous vous tenez pour satisfaites.
Un secret d'Lîtat ne vous intéresseras plus
qu'une question de chiffons, qu'un, roman
ou une pièce'de théâtre. • •
- —: Un secret d'Ktat, mon oncle? Il y
avait là un secret d'Etat ?
— Tiens 1 Tais-toi. Tu ne sais pas ce que
tu dis. Moi non plus, d'ailleurs.
Cet Helmann a parlé imprudemment de
choses dont il h'avait point à ouvrir la
bouche.
PiEnRE MAËL.
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