Titre : Le Costume au théâtre et à la ville : revue de la mise en scène / par MM. Mesplès et René-Benoist
Éditeur : Aubert (Paris)
Éditeur : Jules HautecoeurJules Hautecoeur (Paris)
Éditeur : A. LévyA. Lévy (Paris)
Éditeur : Librairie centrale des Beaux-artsLibrairie centrale des Beaux-arts (Paris)
Date d'édition : 1887-08-15
Contributeur : Mesplès, Paul Eugène (1849-1924). Directeur de publication. Illustrateur
Contributeur : Bianchini, Charles (1859-1905). Collaborateur. Illustrateur
Contributeur : Benoist, René (1856-1938). Collaborateur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327493627
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 562 Nombre total de vues : 562
Description : 15 août 1887 15 août 1887
Description : 1887/08/15 (N13). 1887/08/15 (N13).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61431069
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-YF-40
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
i5 AOÛT 1887.
NUMÉRO 13.
LE COSTUME
AU THÉÂTRE ET A LA VILLE
PARAISSANT LE 1er ET LE 15 DE CHAQUE MOIS
RÉDACTEUR : RENÉ BENOIST
CRITIQUE DRAMATIQUE
ALFRED DE A4USSET A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
Puisque, au lieu des reprises intéressantes qu'elle
nous avait promises, la Comédie-Française, forcée de
nous mettre à la porte, nous prépare des agréments d'au-
tre genre, tels que rideau de fer, lumière électrique,
couloir central, etc.. dont nous n'avions guère souci;
et puisqu'elle est de loisir en ce moment, ce qui lui
arrive bien une fois tous les dix ans, — pourquoi n'en
profiterais-je pas, étant de loisir aussi, (car je ne peux
pas décidément me résoudre à chercher au café-con-
cert des impressions dramatiques), pour chicaner un
peu la Maison de Molière sur la façon cavalière dont
elle accommode encore le style d'Alfred de Musset? —
Je me suis promis, voilà longtemps, de lever ce lièvre-
là à la première occasion, et la dernière soirée de la
rue Richelieu, qui a été consacrée à On ne badine pas avec
l'amour, m'en fournit justement un excellent prétexte.
Ces trois actes suffiront aujourd'hui à me servir
d'exemple et à vous donner l'idée des trop nombreuses
mutilations dont le poète est victime.
Disons, d'abord, pour être juste, que la plupart
d'entre elles furent acceptées, — ou subies, — par lui-
même, lorsque sa pièce, publiée dès 1834, fut représen-
tée en 1S61. — Les éditions de ses oeuvres complètes
donnent le texte original et, par voie de notes ou de
crochets, toutes les modifications, — suppressions ou
même additions, — exécutées pour la scène. — Il est
vrai de dire aussi que plusieurs passages jadis coupés
ont été depuis rétablis; — mais il est non moins vrai,
hélas! que d'autres variantes, qui ne figurent nulle bart,
ont été introduites dans les représentations.
Et l'on jugera si ce sont les meilleures !
Par un scrupule religieux, peut-être exagéré de nos
jours, on continue de faire, comme on sait, un tabel-
lion de village du curé Bridaine. Cela ne laisse pas de
changer beaucoup le caractère du personnage et de
rendre ainsi, à la fois, moins naturelle et moins amu-
sante l'antipathie instinctive qui le fait se heurter con-
tre maître Blazius, le gouverneur de Perdican. — La
vive animosité qui sépare les deux abbés est, selon la
brochure, expliquée par le choeur, en un petit récit
philosophique qu'il a fallu retrancher, au théâtre, dans
l'intérêt de l'action :
«.... Tous deux sont armés d'une égale impudence ;
tous deux ont pour ventre un tonneau ; non seulement ils
sont gloutons, mais ils sont gourmets ; tous deux se dispu-
teront, à dîner non seulement la quantité, mais la qualité. .
ITEM, tous deux sont bavards ; mais à la rigueur, ils peu-
vent parler ensemble sans s'écouler ni l'un ni l'autre
ITEM, ils sont aussi ignorants l'un que l'autre.... ITEM,
ils sont prêtres tous deux : l'un se targuera de sa cure ;
l'attire se rengorgera dans sa charge de gouverneur. Maître
Blazius confesse le fils, et maître Bridaine le père. Déjà je
les vois, accoudés sur la table, les joues enflammées, les
yeux à fleur- de tête, secouer pleins de haine leurs triples
mentons... »
Il semble qu'en ce temps où les croyants ne sont
pas les moins tolérants, on pourrait, sans manquer de
respect à la foi catholique, conserver à ces deux hommes
leur caractère quasi sacerdotal. — M. Got n'a-t-il pas
su faire accepter, à force de talent, et rendre presque
sympathique la figure bien autrement burlesque et, de
plus, contemporaine de l'abbé campagnard d'il ne faut
jurer de rien? Dès lors, pourquoi ne pas admettre,
sous Louis XV, — à une époque où le clergé avait beau-
coup plus de liberté, — ce que l'on tolère de nos jours ?...
Ce point laissé, examinons les principales altérations
qu'on se croit encore obligé d'infliger à la divine prose
de Musset.
Pourquoi donc, au premier acte, quand Blazius, à
son arrivée, fait à tous les paysans le récit des nom-
breuses qualités de Perdican, a-t-on cru devoir lui reti-
rer cette phrase qui, insignifiante en apparence, peignait
si bien la sottise du bonhomme :
« Fous ouvrirez des yeux grands comme la porte que
voila, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés
d'encres de toutes couleurs de ses propres mains et sans en
rien dire h personne ! »
Je ne vois pas qu'il y ait rien là de blessant pour
les convenances, ni que la chose prolonge inutilement
le mouvement du récit.
Ce sont, en revanche, des raisons de susceptibilité
religieuse qui font ôter du rôle de dame Pluche toutes
les petites exclamations de dévote qui émaillent nombre
de ses phrases et sont, pour ainsi dire, autant de jurons
de couvent :
NUMÉRO 13.
LE COSTUME
AU THÉÂTRE ET A LA VILLE
PARAISSANT LE 1er ET LE 15 DE CHAQUE MOIS
RÉDACTEUR : RENÉ BENOIST
CRITIQUE DRAMATIQUE
ALFRED DE A4USSET A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
Puisque, au lieu des reprises intéressantes qu'elle
nous avait promises, la Comédie-Française, forcée de
nous mettre à la porte, nous prépare des agréments d'au-
tre genre, tels que rideau de fer, lumière électrique,
couloir central, etc.. dont nous n'avions guère souci;
et puisqu'elle est de loisir en ce moment, ce qui lui
arrive bien une fois tous les dix ans, — pourquoi n'en
profiterais-je pas, étant de loisir aussi, (car je ne peux
pas décidément me résoudre à chercher au café-con-
cert des impressions dramatiques), pour chicaner un
peu la Maison de Molière sur la façon cavalière dont
elle accommode encore le style d'Alfred de Musset? —
Je me suis promis, voilà longtemps, de lever ce lièvre-
là à la première occasion, et la dernière soirée de la
rue Richelieu, qui a été consacrée à On ne badine pas avec
l'amour, m'en fournit justement un excellent prétexte.
Ces trois actes suffiront aujourd'hui à me servir
d'exemple et à vous donner l'idée des trop nombreuses
mutilations dont le poète est victime.
Disons, d'abord, pour être juste, que la plupart
d'entre elles furent acceptées, — ou subies, — par lui-
même, lorsque sa pièce, publiée dès 1834, fut représen-
tée en 1S61. — Les éditions de ses oeuvres complètes
donnent le texte original et, par voie de notes ou de
crochets, toutes les modifications, — suppressions ou
même additions, — exécutées pour la scène. — Il est
vrai de dire aussi que plusieurs passages jadis coupés
ont été depuis rétablis; — mais il est non moins vrai,
hélas! que d'autres variantes, qui ne figurent nulle bart,
ont été introduites dans les représentations.
Et l'on jugera si ce sont les meilleures !
Par un scrupule religieux, peut-être exagéré de nos
jours, on continue de faire, comme on sait, un tabel-
lion de village du curé Bridaine. Cela ne laisse pas de
changer beaucoup le caractère du personnage et de
rendre ainsi, à la fois, moins naturelle et moins amu-
sante l'antipathie instinctive qui le fait se heurter con-
tre maître Blazius, le gouverneur de Perdican. — La
vive animosité qui sépare les deux abbés est, selon la
brochure, expliquée par le choeur, en un petit récit
philosophique qu'il a fallu retrancher, au théâtre, dans
l'intérêt de l'action :
«.... Tous deux sont armés d'une égale impudence ;
tous deux ont pour ventre un tonneau ; non seulement ils
sont gloutons, mais ils sont gourmets ; tous deux se dispu-
teront, à dîner non seulement la quantité, mais la qualité. .
ITEM, tous deux sont bavards ; mais à la rigueur, ils peu-
vent parler ensemble sans s'écouler ni l'un ni l'autre
ITEM, ils sont aussi ignorants l'un que l'autre.... ITEM,
ils sont prêtres tous deux : l'un se targuera de sa cure ;
l'attire se rengorgera dans sa charge de gouverneur. Maître
Blazius confesse le fils, et maître Bridaine le père. Déjà je
les vois, accoudés sur la table, les joues enflammées, les
yeux à fleur- de tête, secouer pleins de haine leurs triples
mentons... »
Il semble qu'en ce temps où les croyants ne sont
pas les moins tolérants, on pourrait, sans manquer de
respect à la foi catholique, conserver à ces deux hommes
leur caractère quasi sacerdotal. — M. Got n'a-t-il pas
su faire accepter, à force de talent, et rendre presque
sympathique la figure bien autrement burlesque et, de
plus, contemporaine de l'abbé campagnard d'il ne faut
jurer de rien? Dès lors, pourquoi ne pas admettre,
sous Louis XV, — à une époque où le clergé avait beau-
coup plus de liberté, — ce que l'on tolère de nos jours ?...
Ce point laissé, examinons les principales altérations
qu'on se croit encore obligé d'infliger à la divine prose
de Musset.
Pourquoi donc, au premier acte, quand Blazius, à
son arrivée, fait à tous les paysans le récit des nom-
breuses qualités de Perdican, a-t-on cru devoir lui reti-
rer cette phrase qui, insignifiante en apparence, peignait
si bien la sottise du bonhomme :
« Fous ouvrirez des yeux grands comme la porte que
voila, de le voir dérouler un des parchemins qu'il a coloriés
d'encres de toutes couleurs de ses propres mains et sans en
rien dire h personne ! »
Je ne vois pas qu'il y ait rien là de blessant pour
les convenances, ni que la chose prolonge inutilement
le mouvement du récit.
Ce sont, en revanche, des raisons de susceptibilité
religieuse qui font ôter du rôle de dame Pluche toutes
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