Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1897-03-26
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mars 1897 26 mars 1897
Description : 1897/03/26 (Numéro 12509). 1897/03/26 (Numéro 12509).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6142039
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2008
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1/ Aomcw .TUKE- M odekme .... . Se." 1. L e J ou rkal I uajstré I 15
H. MARINONI, Directeur de la-Rédaction
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- ' , YENDREDP 23 MARS ÎS07 ' "
- 280 SM.NÏ S5
TKENTE-GINQiJIËME ANNÉE "(N uméro 12502)
LESiMANUSCniTS NE SONT PAS RENDUS.
PEUMgfeîlE MESTIQIV,
FRITHJOF NHSEN
Le, célèbre explorateur norvégien :Ërithr i
jof Nansen vient d'arriver, à .Paris.après un. ;
voyage d'un mois à travers l'Angleterre, au j
cours duquel il a reçu du monde gouverné- '
mental et scientifique un accueil absolument
enthousiaste. • ■
En dépit des réceptions officielles qui l'at
tendent ici, son séjour parmi nous paraît
devoir être plùs calme, plus intime, et il est
probable môme, qu'il réussira a goûtér.un
peu de cotte vie de famille, dont il * été privé :
pendant si longtemps. Il va, en effet, -retrou- ;
ver à Paris sa sœur de mère Mlle Bolling,
une artiste peintre que sa sympathie pour s
la France a amenée dans notre capitale de- :
puis bientôt douze ans. C'est ellè, du reste, <
qui fournissait naguère des détails bieii in-i
térèssants sur l'enfance de son frère, le, petit s
Fritb jof.. - ... •
Cette'enfance révélait .et préparait déjà
l'énergie et l'endurance de celui qui est de-.,'
venu-le grand explorateur qu'onsait.
La mère dè'Nansen s'adonnait aux sports ;
qui rendent forts, et-ds bonne heure elle les s
fit pratiquer par ses enfants. Nansen n'avait
pas quatre ans qu'ilchausçaitdéjà les raqueir
tes, sorte de pa-
,i •...ji-i.-tiûs- d'une lon-
gueur démeisu- ;
rée, et pour
Fritbjof Neiasen
çait sur la glace
-et sur-la-neijje.
JÇJjl ; J.peu^.pus
tard, ! quind il
fallut aller à l'é
cole , l'enfant
'ïàïsait une h^u- i
, re de marche le
matin et autant
pour revenir le soir, s'aguèrrissant ainsi
do bonne heure contre le froid et la
fatigue. Il recherchait d'ailleurs toutes lés
occasions de se tremper vigoureusement. ;
On organise .en Norvège un .grand nombre
de courses avec .le patin à glace et. à neige ;
Nansen y prenait toujours part, et à sept
ans il remportait un premier prix dans une
de ces courses; . ' : J- • . ; '
Plus tard, il'partait, geùl, le plus sout
ient, pour de longues excursions dans les
montagnes, escaladant pics et glaciers, né
se lassant pas du plaisir de la difficulté
vaincue. Gomment s'étonner qu'un pareil
homme ait réussi, dès 1888 à -traverser le !
Groënland d'une cûte M'autre? - . -
En Norvège, où les conditions-de la vie, i
où la nature environnante rendent l'homme
réfléchi, sérieux, peu enclin à l'enjouement,
à la vivacité des. races méridionales, Nan
sen, môme tout jeune< semblait encore plus
grave que ses compagnons ; il parlait peu,
semblait parfois préoccupé comme pour-;
suivant une idée fixe } c'est qu'il songeait ,
déjà à I* grande conquête polaire^ /
- *** S . , ' i
Né à Christiania eni 1861} Nansen est un;
homme grand, fort, doué d!un < organisme
merveilleux de vitalité. Très blond, avec-
desyeux "bleus profonds;- le nez assez fort,
légèrement rètroussé, des moustaohesfauves
retombant sur ; les lèvres assez épaisses, il
représente un type-d'homme du Nord très
prononcé..... : . . ;
Marié depuis 1889, il était déjà.' pèred'une;
-petite fille au moment de son départ pour,
le pôle. Et que de fois la vision de ces êtres,
chers j qu'il avait Jaissés là-bas, est veiiue '
soutenir son', courage dans l'horreur de la
nuit polaire 1
. D'ailleurs, 1'énergio ayant à son service
une vigueur athlétique, telle est la. caracté
ristique du caractère de Nansen, qui sut
toujours inspirerà*ceux qui leconnaissaient
une confiance inéhranlâble. C'est ainsi que
Mme Nànsén, qui accompagne son mari à-
Paris,loin de chercher à le détourner de son -
voyage polaire, dont il avait dressé le plan :
dès 1884, fut la première à l'encourager
dans la réalisation de son rêve glorieux.,
Héroïque à son tour, elle tint même S* bap
tiser le, bateau qui devait emporter son'
mari.dans les régions glacées,et .à l'.appèléri
le Fram.( En avant !) . ;
On se souvient que ce .bateau construit!
pas" i??Tan^ 11 oh /f 1 , n de Nansen et d Q ses compa-
i„ J gnons fut de marcher à 1 Ouest et non-au
tout exprès en bois excessivement dur, cui
rassé d'acier, affecte une forme presque
ronde qui lè rend inchavirable et lui,a per
mis de • supporter sans faiblir les pressions ■
auxquelles aucun des navires ses devait- ;
.ciers. n'avaient résisté. On n'a pas oublié •
non plus'l'idée'aussi originalè que hardie
dont Nanseii s'inspira pour concevoir son '
•entréprise. 1 ■■
Il supposa avec M. Mohn, le savant di
recteur de l'Observatoire de Christiania,
qu'il existait un co.urant marin régulier,.
allant par-dessous la banquise polaire dés ;
"côtes asiatiques de l'Océan Glaoial jusqu'à
la côte dû Groenland en passan t dans le voir
sinage du pôle Nord et peut-être de la mer
libre. Donc, s'abandonner au courant.près- j
•senti par Mohn, se oonfier à la banquise, ;
prendre,! comme il disait, un billet avec la \
•glace , tel lui apparaissait le meilleur* moyen,
sinon le seul, d'arriver au pôle. I :
• Le Fram reçut utie - équipe dê treize
'hommes presque tous mariés, pères dé fa L
"millé, à la fois marins et savants, et que
Tamour de la-science décida A accepter à
bord les fonctions, même les plt^s humbles.
Parti de Vandô, i>oint extrême de la Nor
vège, à la fin dé juillet 1893, Nansen .arri
vait au mois d'août à l'île de Yaïgatch où il
embarquait des. chiçns, puis on n'entendit
plus parler de lui'. - • .. . "
L'e Fram était entré dans la banquise dès
le 24 septembre 1893. Il dérivapéndanttroife
ans sans qu'à aucun moment dans son équi
page d'élite, ni la discipline, ni la santé, ni
la bonne humeur ne subissent d'atteinte. Le i
gnons
Nord,, contrairement à toutes les prévisions
Cette constatation donnait raison à un explo- ;
rateur autpichie^ qui avait attribué.au. vent s
et non au courant un.rôle prédominant sur t
les mouvements de la calotte glacée du pôle. '
- Nansen, décidé à tout faire pour remon- '
ter le plus join possible vers le ;.pôle,"'* quitta ■
le Franî lè'26 "février 189^, avec son lieu
tenant Johannissen;-emportant un traî-
: néau et un kayak : esquimau. Le''8 Wril
ils atteignirent 86 0 .13' 0", la plus haute
latitude que l'homme ait jamais àtteinte.
"Obligés de,revenir en àrrière, ils passèrent
l'hiver de 1895-1896 à l'extrême Nôi;d. de
l 'Archipel François-Joseph, et quand, au
printemps, ils revinrent. péniblement .sur
leurs pas, ils eurent le rare bonheur de ren*-
coiitrer, Je 16 juin 1896, les membres de
l'expédition Jackson au cap Flora (archipel
François-Joseph).'
De là, : ils . gagnèrent facilement Vandô,
d'où le Fram était parti trois ans aupara
vant et où ils abordèrent le 14 août.
Mais qu'était devenu. 1p Fram et leurs
compagnons"qu'île montaient? Telle était la
pensée qui lés assaillait et les empêchait ; de
goûter les joies du, retour j lorsque le 20 août
une dépô,cne appçit à Nansen; que le Fram
était arrivé à Skïerko (Norvège) après avoir
atteint-85 0 55'5" et être resté soudé à la
"banquise jusqu'au 3 juin :1896t.' , , - •
- Dès lors l'expédition et son chef purent
goûter sans mélange l'ivresse d'un retour
triomphal.
Et maintenant laissons à Nansen le soin
de raconter lui-même dans, tous leurs dé
tails les- nombreuses j péripéties de son
étonnante aventure qui, ; si elle' n'a pas
abouti à la découverte absolue du pôle; n'en ;
"demeure pas moins l'un' des exploits les »
plus prodigieux du temps. . '
Thomaâ Grimm.
NANSEN EN FRANCE;
r ' " ' (Dépêche de notre correspondant)
■ Boulogne-sur-Mer, 25 .mars. i
. L'explorateur . Nansen, venant, de Londres et j
allant à Paris, est- arrivé à Boulogne.à 1 h. 40;
par. le vapeur Albert-Victor ; il a été reçu au
sortir du fcateau' par le maire de la .ville et
le'président de laichartibre 4e^ commerce;;
" Un bouquet a été offert i Mrfe Nansen.' Plu- !
sieurs toasts oiit. été portés dans un salon de la-
gare maritime, où le : Champagne avait - été ï
versé. ... .
Nansen est affable" et de manières très sim-
§' les.,,11 a répondu en anglais aux souhaits de-
iënvenue.qu'on lui a adressés. , '
! Les deux voyageurs sont. repartis .pour Paris
à ah. 15.
Le doctleur Naosen est arrivé à Paris hier'
soir à..5 heures 40 par Je rapide de Boulogne,.Une.
importante délégation de là Société de géogra--
phie s'était rendue & la gare du Nord pour y re
cevoir le célèbre explorateur. .
Il y avait là le prince d'Arenberg, vice-prési-
'dérit du'conseil de lar Société, M. Le Myre de
Vilers, député, et le .baron Hulot, membres du
-conseil, < MM. Milne-lîdvvardSj Levasseur, Hamy
et Grandidier^ de l'Institut, M. Anthoinc, direc
teur de la carte de France -du ministère de l'in
térieur,'Henri Gordier, le comto de Turenne, le
marquis do Bassano, Jules Girard, Cheysson,
inspecteur 'général, des., ponts et chaussées,
Franz Schrader, barôri de Guerne. ëtc. " ...
, Le comitctde direction du syndicat des 'pxplo-
"rateûrs français,, dont le président est ~Jé lieu
tenant-colonel Monteil, était également venu,
: ainsi t(ue les principaux tneiiabres de la colonie
scandinàve.'Le préfet do la Seine s'était- fait re
présenter par M. Gaston Bounidls,- ré.dàcteur à
son cabinet. r . v . • >, •'
Qiiand le train est signalé,' tous' se massent
sur le quai j et dès qu'il est en gare, M. : Charles
Rabot, l'explorateur français aux régions cir
cumpolaires, et ^Mlle Bolling; une sœur du
docteur Nansen, qui habite Paris depuis plu
sieurs années, pénètrentdans'le wagon^salon où
'se trouvent M. et Mme Nansen etlesémbrassent
avec effusion; * " 1 ' • v,
Le célèbre explorateur, grand, blond, élancé 1 ,
les'épaules largos, l'a figure énergique, est vfetn
d'nri' complet de voyage gris-foncé; sa femme,
"qui parait rayonnante, èst brune, plutôt petité;
elle porte un costume gros vert.
Au nom de la Société de -géographie, M. Char
les Rabot remet à Mme Nansen un bouquet orné
d'un ruban tricolore, puis il- lui offre le bras et
la conduit avec le docteur Nansen dans un sa
lon d'attente ; pavoisé aux couleurs françaises et
norvégienne^. 1 • -
Alors, entouré des dèux bureaux de la So
ciété, le prince Roland Bonaparte souhaite là
bienvenue au célèbre voyageur que ses compa
triotes, viennent dë' saluer aux accents du chant
national norvégien : « Oui, nous aimons cette
charmante patrie !» '
_Un peu -ému, Nansen répond. Il a quelque
difficulté à s'exprimer en français, mais on le
comprend très bien cependant, et sa phrase est
correcte.
La France,?'dit-Il, rseploit toujours i. honorer les
v.ojragcurs acientifiques.'çiueUe que soit leup nationalité,
e't je savais que je ■ serais bien reçu parmi vous. Ce-
•p'eftdanl'la chaude et amicale rêîeption qui m'est
faite dépasse mon attente ; j'en-suis heureux et'ému
et;je vous prie de transmettrermes remerciertients
Jbien sincèros aux, sociétés de géographie de, Eranco
au nom desquelles vous avez bien voulu me saluer.
Des applaudissements ;unanimes . accueillent.
ces ; paroles et toutes les mains-se Rendent vers
Nansen et vers Mme Nansen qui a peine &
retenir ses larmes-.- .- i . -
A sa stfHie de la gare-et quand il monte ! en
voiture -pour, se-rendre!'à son Hôtel, le héros,
du pôle Nord est acclamé avec - enthousiasme
par la foille massée : sur les quais extérieurs.
, X,è soir il',a assisté,, chez 'M. Rabot, à un-
dîner intime ' auquel prenaient part quinze ;
convivps.-,
Ce soir dans la grande salle des fêtes du Tro-
cadéro réception solennelle de' M. Nansen, sous
la présidence du ministre de l'instruction pu-
bîiqiie . . ,.
j--, . "j '•t'j"
Les événements de Crète
. (Dépêches des .agences) .
Combat à Malaxa ^
' ' " La Canée, 25 mars (source anglaise); ,
' Les insurgés'ont attaqué à 'six heures du-
matin lé blockhaus de'Malaxa, dont la garnison
battit .en retraite à huit heures vers lalSude.
. Les navires turcs essayèrent avec leur artil-
lerjofde protéger oette retraite, néanmoins, les
insurgés chrétiens ont, poursuivi, les Turcs ;
jusque dans lé village de Tsikalaria, où ils ont
incendié deux'maisons turques.';
< Pendant ce temps, lés troupes t'ufcques dë la,
Cançe essayèrent d'avancer avec. : des.ravitaille-
ments-devenus: inutiles. rPassant-jpar -le village «
■de Nérokoiiro; elles arrivèrent:à':la:moitié deila <
hauteur vers le .blockhaus iie .Kératidi-; elles,
ont été arrêtées là par le feu des insurgés. , ;
Le combat continue en ,cé'momént/mais ili
sera probablement difficile de retourner cètj
: âprès-midi sur la ronte^e la Sudeî ", | * ;
_ La garnison du blockhaus à perdu beaucoup ';
de monde; le chiffre exact des pertes est toute
fois' inconnu., , ,
Les insurgés paraissent être en grand n'dm-,
bre. Ils' occupent toutes' .les .hauteurs,, jusqu'à
Perivolia. . j ......
Les deux dernières forteresses restant aux;
environs de la Çaiiée sont - ainsi, aqx mains,.dës \
chrétiens.
La Canée, 25 marà, 6 h. &0 soir."
.• ■ ^Source anglaise.) î , i
Les navires' dé guerre européens" ont" com-i
inencé à'trois heures 'moifis-.un quàrt'uhjb'ôm-i
bardement de là forteresse de Malaxa, qui est:
aux-mains des'insurgés." Malgré ce bombarde-;
-ment qui dure en viron dix minutes, et les ; obus i
qui tombent sur la forteresse, les insurgés
restent près du blockhaus, y. mettent le feu à ;
8h. 55 pendant que de nouveaux renforts: de i
troupes turques essaient éans" succès de gagner
.les; hauteurs au-dessus de Nérokouro. -, .
La Canée, 25 mare, 8 b. soit.
Les insurgés ont < fait sauter une partie:'du
blockhaus-de- Malaxa avec de la dynamite: : <.
: Les navires turcs ù. l'ancre dans la baie de
la Sude tirent sur les.insurges.
Notification Ses amiraux
Athènes, 25 mars, 2 h. matin. '
Les délégués des amiraux se sontrendusdans
divers .districts de là Çrète pour fournir aux
insurgés des explications au sujet de l'autono
mie. Partout lesi Cretois.ont déclaré repousser
ceirégime et n'accepter que l'union de- la Crète
àla Grèce. '; ..■
Protestation do la Grèce
• ' ' : ii • Athènes, 24 mars,' 10 h. 50?
Le gouvernement a décidé ■ d'adresser aux :
Euissances -une 'note de protestation contrôle,
locus de la Crète. Dans cette note, il déclinera
la' responsabilité des suites quo cette mesure
pourrait avoir.
;• Le don de 50,000 roubles fait parlé tsar en
faveur des réfugiés crét'ois et très commenté. ' \
. Un journal paraissant ,àvoir des',accointances
avec la cour's'écrie :« Le roja donné sàparolc;;
ii la tiendra et ne cpnsent'irà jamais^ ,à l'auto- ;
nomie.,»' ■
•>Divers journaux dei l'opposition dénohcent'la'
solution éventuellé.dé 1'autonomieaveeleprince i
Georges coqime gouverneur de l'île, oommeune :
trahison dés intérêts helléniques-/ ■ . .
Le steamer « Hera »,
.... Athènes,-24 mars.
•. Le steamer Hera,' à bord duquel se trouvaient >
le..vice-président de la Chambre, M. Roma, 'et
M. Romano, député, ayant dépassé la ligne du !
blocus, à oaiise d'une, tempête, a été capturé par !
un cuirassé • autrichien ;ati amené dans -un'petit
port de Crète.- ■ ■:■ * :
MM. Roma et Romano ont été conduits à i
Milo.
FEUILLETON do Petit Journal dit 26 M ars 18îj
LA CAGE DE CUIR
■i» 55
W
DEUXIÈME PABTIB
. ZORKA
II {Suilcl
Silènce absolu, troublé seulement par les?
sourds grondements des chiens.
Il reprit une fois encore : -
—^ AllonsI Zorkal...
Rien! Toujours rieD.
— Là sale bète !. •.. Je ne sais ce qui me
retient de lui casser la tète.
Et, se courbant, il pënétra dans la hutte. :
Comme dans un four n'avait riend'exà-"
géré. .
Impossible de lien distinguer en ce réduit.
Conrad fit craquer une allumette.
Et alors, dans le fond de la càbane, il
aperçut Zorka accroupie, repliée sur elle-
même, et qui était tombée là, à bout .de
forces, pareille à une bête assommée. ' ,
— Zorka!.— s'écria Conrad, grinçant des
dents i — Veux-tu sortir... Veux-tu me.
suivra?... -
Seulement alors la Tzigane se décida à'
répondre : _
— Non! — dit-elle, — jamais !. .. IL a
tué Mirko !.. . Jamais Zorka ne retournera
auprès de LUI l. . . _ - ;
— Tu vas venir avec moi IJLe Maître le
Veut.v. Il rte rotdônne C'est lui qui.
• m'a dit de courir après tôi 1..,
If J ' *' '' i i ' . ■ i' '"■> .* " |,J { • ■ ' J ' " f " 1
' el reprodii«»on interdites. v
— Jamais! Il faudra, tuer Zorka-pour la.
sortird'icil a i.- •' ]
— Tu ne veux pas
, — Non,.
~ Une fois . . . deùx fois .. ; Si à la troi-j
' sième tu n.'as pas bougé, je te cassé la tête ! |
,Et lé sinistre gredin arma son .revolver. 1
-.Maip. alors il se. passa un fait étrange .1 ; j
i Quelque; chose d'irrésistiblement brutal, ■
avec'un bruit sec, s'abattit sur lè bras -de!
-Conrad, le bras qu'il avait tendu, l'arme auf
poing! ;
, Et lé revolver roula par terre, tandis que
"xlonrad," âflolé, éperdu, poussait un hur r .
lçiftent de douleur.
Mais il n'avait pas fini ses clameurs d'anal
■goisse ! ' •' ' ' '•■ ■'
Plusieurs* coups lui arrivaient sur la téte,}
] sur les bras, lés épaules, sa sale face !...
, Et d'autres coups serrés et drus r les
plus énergiques qu'un Mton . leipàianché
au bout d'un bras solide aient jamais; jus
tement' administré à un drôle do la pire
espèce!... i
Et pas un mot, pas ûtf cri!.'.î
- Le bàtoii accomplissait son œuvre.
. Après des torsions, des contorsions, des*
hurlements furieux, des cris : — « Grâce ! ;
Pardon ! » — malgré lesquels Maître Bâton
continuait son œuvre- implacable, Conrad
s'écroula tout de son long, perdant connâis-
saiioè 1.. •••--> 7- .- ;
Lorsqu'il revint à lui, ce fut pour ppusser
un long gémisse.ment.
Il était étendu par terre, dans la butte r, !
un large rayon, de lune passait par là porte?
Non! il n r était pas la proie',d'un4iorrilîli!|
cauchemar.^ ? ^ • •
: L'affréusè courbature'qui encerclait tout
son corps lui.' rappelait- bien .Ja,-déplorable
réalité de cette incompréhensible énigmeu :
: Rosséi assommé, à plate èoutiire ! -' r
, ~ Oh 1; les gredins 1. . . Les lâches !. . . '
,11s me le paieront. . , . , , ^
. Les gredins! Les lâchés!..-. Il était bon
.là!i..ll-n'avaitvu personne! . / .
Tout s'était passé avec une rapidité d'é
clair: .. Pan 1 pan ! paii ! dans la plus épaisse'
obscurité^ il avait eu son compte! . ; .
„ — Oh l là l.ohj là !.. t J,'ai. tout ca&sé dans
'lé corps !... Je suis en mietteË !... .
Non ! Plus de chance qu'un honnête
homme !... Oui ! comme aurait dit lé père
Viaume lùi-hiômê. - ' ■>' .
Rien de cassé, i. rien ! Mais, dame, ' des
meurtrissurés, des blessures... Une bouil
lie!.'.. Une marmelade!... ;
Et il reprenait : s ;
-• Les misérables ! Les gredins ! Les
lâches!... ........
' Puis ayant consciericc n» : '.out ce qu'il y
avait dé grotesque dans son indignation :
' — Mais J je suis absurde !... Moi aussi !
Je vous demande un peu.Y. ce que je vais
chercher avec, mes' Ils !... Il -n'y en avait
peutrétre qu'un .et il éjait encore de .trop !
sûr !... Et il peut être là aux écoutes, der
rière un'tas de bois, q'ui sé tord, en; m'en-
•téndant !... Enfin ! si je sais jamais qui,
je jure bien qu'il passera un mauvais quart
.d'heure !... Oh ! yaye,' yaye ! ' ' "
• Et avec un enragé désespoir ;
,— Mais je vais crever là !... comme un
chien !... ,. t ,
Au prix de surhumains cff6jp.ts .il fit un
mouvement qui lui arracha de nouveaux
-gémisiëmènû»,'-donouVeHès plaintes. ' - :
' Cependant, 'cneHant en -jeu' ses articùla-
itions ies: unes B.pl'ès-ks autres, ii finit par
Dans le Supplément, illustré, cette
' sépiaine, iUn,amusant dessin d'actualité en
couleurs à propos d'un iait-rigoureusement
exact qui vient de se passer à Marseille':
jtlïIE NOCE. .'FIN 'DE; SÏÈCLE
I Un. autre.- grand. dessin en couleurs d'une -
actualité glorieuse cette fois : -,
VICTOIRE FRAHEAISE litt SUD itS»
Dans l'intérieur du numéro une syp.erbe
planche d'instruction en couleurs : .
INSECTES NUISIBLES
' ' -i , c y o . f.. • / " . . \ 1
; - Le numéro de huit pages, dont trois de
dessins en couleurs*, se vend 5. cbntime 3.
LE. TSARE WiTCH A ALGER
_ - lt {JïépMt* des agences) - r -
Alger, 25 mars. ,
" L'état de £autédu..tsarewitch > arrivé ici le-18
mars, s'est, aggravé; contrairement à ce .qu'il
ût • lora .de son précédent voyage , le tpare-
witch n'a pas quitté le, bord de son yacht de
puis son arri vée, bien' que le temps soit magni
fique. '
Le grand-duc Nifcolas arrivera dimanche. "
NOUVÉLtES* 10 COLONIALES
-. LR lflisSIOM VOULCT ',
' , La mission Voùlet descendant de Ouàgadou- ,
g?au et la mi.ssion Baùd remontant du Dahomey -:
dans la bpucle du Niger oiit fait leur jonction
vers la mi-février il Tiébaj sur la frontière du
Mo'ssi. '• '
.De ce fait, Je Go.urma tout .entier est' placé
sous * le protectorat français,- à la suite 'du
conjcburs çrêt'é ; aii sultatf par nos'missions pour
•la répression dé quelques troubles locaux. '
Un poste a-été; établi' à Sâti-, L'ensemble de ^
ces opérations étàblit le contact définitif entre
le Soudan nigérien et la colonie du Dahomey.
LA SITUATION 1 MADAGASCAR
Lé paquebot 'Ava\ courrier de Maurice, de la
Réunion, de Madagascar^ de Zanzibar et de
Djibputïi est arrivé hier ; soir à six heures à
Marseille.' .. . ; ■ : •
. Il apportp de Madagascar un long courrier
constatant une situation en général assez bonne
dé la colonie ; nous en' détaohons les nouvelles
suivante^ qui orït trait àl'exil de la reine Rana-
valo et aux discbssiortslreli^eusos' qu'elle fo-
mentaitk ■ .<■
o., A Tanahariva, -on'"Sent une hostilité;sourde *
dans certains milieux et'dansles castes nobles-,
représentant le parti delà reine.-
t: .Pour ■ combattre ces) a influences, le : général
-Gallieni s'appuie- surile parti bova: et :les an
ciens esclavés-quiisemblent bion-ralliés et qui
s'apercevoir qu'il n'avait rien de cassé, rien
de déiriis.'' •" ' ' - ..
Et' faisant appel à toute' son 'énergie, il
parvint enfin à se mettre debout. .
™.'Ohl là! làl Jamais je. ne pourrai marr
cher..,
II - le; fallait cependant. La fraîcheur était
venue; il se sentait perdus^ glacé, gourd. ..
j J. Il n'allait pas demeurer là, d'autant- que '
cette damnée hutte, ce" trou noir, lui inspi
rait la pl-is violente dés terreurs.
Toujours avec son « -Ils » :
S'ils.allaient revenir en. nombre peur ;
m'aclî^vér,.. Il faut fuir au plus vite!...
Fuir!... Bon à dire cela! Mais pour fuir,
il faut des jambes! .1. Et tout ce qu'il y a de
plus cotonneux, les * jambes de ce cher
Conrad à cet instant ! ;., -
i Vite! Ah! bien, oui! Ce fut tout au plus
si, à petits pas, il put se mettre en marché,
quittant ce lieu d'horreur.
Clopinant ainsi, il atteignit l'endroit où il
avait attaché son cheval.
Et là, déèeption plus atroce encore !. . i
" Détaché... « Ils» l'avaient emmené, les
chiens aussi!... . . v . '
Allons, c'était ccmpret !...
Alors, toujours la proie de la pçur abêtis
sante, il continua à se traîner, .à travers la
-partie de bois exploitée.
- Dans « l'état d'âme », ainsi que l'on dit
aujourd'hui, et il faut y ajouter aussi l'état
de corpg,pù il se sentait, il ne savait'plus
son chemin, il-ne parvenait pas à Retrouver
sa route... Il cherchait, cherchait encore.
. Enfin, il atteignit, une grande -ligne delà
-forêt. . - • ;
Ça ne l'avançait guère. , • . ' " ' ,
- Bans le lointain", des loups s'étaient mis à
•-butter I • . ' •' >'•
- désirent' la' disparition des derniers vestiges de
l'ancien gouverpemerit. ....... .
cAu départ du courrier, le général Galliqni
• semble.déjà décidé à déposer I? souveraine.
• Pour en finir, avec les querelle,s-religieuses
.et les iuttgs,entre, les dive.vses missions,' le-ré-
' sident général fait étudier, par . une commission
:.spéciale*de magistrats la question de la propriété
,:des édiflces reii^ieux. De plus, pour amener
l'apaisement désirable, .le 'général Gallieni
-traite avec les,'trois .missions anglaises qui cé
deront les immêBbles dont on a besoin, en
échango de 'l'autorisation" d'immatriculer les
autres occupés par eliesj ,.
LA SANTÉ DU PRINCE DE BISMARCK
■ " Berlin, 25 mars. ■'
On a faitalarmants sur'la santé du prince de Bismarck-,
Des informations 1 prises à ce sujet, il résulte
'que le prince de Bismarck est indisposé depuis
quelques : jours à là suite d'un lëger refroidisse
ment. Son état de santé'n'e donne 'pourtant lieu:
à aucune inquiétude. Le prince a de nouveau
tier pu éprendre ses repas comrhe à l'ordinaire , i
* Séduit'par les dernières journées printaniè-
ïea; le 1 prince de ' Bismarek se promena dans le
'parci se-reposa sur un bano, et gagna un 're-i
froidisëèmént.
: Le do6teur Sc'nwsninger lui ordonna de gar-,
der le lit. ' ■ ■ -
■ Lé-départ, du comte Herbert de Bismarckpouri
Schœnhausen confirme que l'état du prince de;
Bismarck n'est pas iilSrmant.
La Ii-Carême â" Paris
, Là fête de la Mi-Carême n'a pas été favorisée
'hier à son début du' beau soleil de ces jours
dérniers, mais quoique indécis le temps s'est
'maintenu pendant toute la journée. Au le
ver du jour une légère pluie, qui n'a pas du reste
laissé de traces, avait pu rendre anxieux lè Pa
risien matinal, mais on s'est bientôt rassuré et
de tous-côtés la foule s'est rendue joyeuse aux
divers centres d'attraction.
Dès les'premiètes-heures de-la matinée, la
rue.a pris cet. air d'animation, gaie,- spéciale
aux fêtes parisiennes, populaires comme l'est,
chaque,année, la fête de la Mi-Garême.
Au « Petit Journal »
. ;,Dès neuf-heures du matin stationne une foule
pressée, rue Lafayette, devant l'hôtel du Petit
Journal-'Cinquante, hommes de la garde de
Paris,.à: cheval, cent,vingt gardiens de la paix,
sous los ordres de M. Noriot, commissaire di
visionnaire, de MM. Guioheteau et Goulié,/offi
ciers. de paix, refoulentles ourieux sur,les trot
toirs et assurentila libre, circulation de la chaus
sée. - "
• i Mi Lé pi ne, préfet de police, vient lui-même
jeter ;un coup d'oeil sur. les mesures prises pour
éviter tout,acoident., , .
Il est encore de bonne heure et le cortège de
la reine des reines est.loip 1 mais la,foule est de
La reine des reines
bonne humeur et patiente.-bu reste, leaconfetti
et les serpentins font passer, le, temps. 1 . »
Comme toujours; la maison Storme, de larue
Milton, avait décoré avec beaucoup de goût la
porte et:1e vestibule de notre hôtel, ainsi que
■notre- grand -hall de réception. : En outre j. elle
nous avait livré un choix exceptionnellement
remarquable 'de fleursrrcoupées - , dont elle avait
composé des bouquets et des corbeilles fleuries
dont la fraîcheur admirable a été fort appré-
^iée'des^reines des marchés et des lavoirs.
• La première visite qûa r nous' reoevons : est
celle -d'un petit- 'Pierrot,- :B .-v D-. r; ,, qui. remet
d-franc pour notre Caisse du Secours immédiat'.
Avant dix heures, le : comité des maîtres de
lavoirs est au Petit Journal, attendant la reine
des reines. Bientôt le, char sur lequel celle-ci
doit monter vient.se ranger, devant notre hôtel.
Ce char est formé par ^ine sorte de conque: bleu
t Rompu comme*-il-l'était, désarmé, rien de
rassurant,, ces . hurlements-là! Des' loups
^ôùvafent parfaitement le flairer, de loin, le
rapprocher, tout comme il. avait fait toiit à
l'heure - pour là pauvre .Zorka,. àvéc les
-bloqd-hounds ! v •-
-. Et, certainement,- il ne se trouverait pas
là de « maître bâton « pour'les empêcher
de [dépiauter bel e.ï bien terr Conrad! .'.-i
„ Lés hurlements, qui semblaient se rappro- i
'cher, l'obligèrent à retrouver des forces.
Ètil se mit à men le long de la ligne, rete
nant les gémissements',- les oris de douleur
que lui arrachait chacun de ses mouve-
ménts. '
Les hurlements parlaient du fond* de la
forêt..i En leur tournant ; le dos,- il devait
êtré dans la bonne voie., „ ' ;
Ohl joiel en'cette détresse!... Il ne s'était
pas trompé!... ■ •' ' '
Au. bout de deux heures de cette cruelle
marche, il lui sembla se reconnaître.
Oui ! c'était bien cela... 11 s'était rappro
ché du villàgé de Yalta.;, le village tou
chant aux mines!... " - ,
Oh ! dès la première maison il s'arrêta et
commença » crier^ à taper aux volets, à la
porté!:.. ' ... '
Et le drôle reprenait, ainsi que bien on
pense, ses insolentes façons.. .-
■ Et les-injures de pleuvoir, car . il n'était
pas patient, herr Conrad I Et dans ce mo
ment siir^out!,.., , .
i Unciieval, une charrètté.V. une voiture!...
Et du feu!... de la bîère!
On.ouvrait, on allumait.. . Herr Conrad...
Herr Conrad !!.. - - ,i
•^C'était un personnage,- tout comme dans
le tempsHermann Puckli.. .. ' .
et or supportant un: dais ,/or't élevé,où tout à
.l'heure prendra place, la triomphatrice et d'où
tout Paris.pourra apercevoir la jeunectbelîe sou
veraine du joui-. . • '.' ■. ..,
1 A.onze bouges,Téiué des lavoirs parisiens,
j Mlle Marie Schœnâcker, arrive en landau avee
J.-sesquatredemoisel!esd'honneur,MHêsFernande
Geffroy,.,Thérèse Croiza, Caroline Fucbs et Marie
Becker.'. \ '■
La reine des reines est reçue par le comité
des lavoirs quo conduit lï. Semichon, le prési-
dent. Entourée de ses demoiselles d'honneur et
de ses pages, MUe Marie- Schœnâcker, donf'on
reverrà avec pjaisir le, portrait aujourd'hui, pé
nètre dans le hall du Petit Journal.
■Mlle Schœnâcker est tçut à fait jolie dans sa
somptueuse toilette de soie blanche brochée.
.Elle porte ave,c beaucoup d'aisance et de grâce
le, manteau en drap d'or, doublé d'hermine, -le
diadème royal et, le sceptre d'or./Les quatre de
moiselles d'honneur, sont, également fort bien;
M. Semichon nous présente la jeune souve
raine et ses'suivantes.. Il, adresse en même
-temps ses remerciements à la direction et à la
^rédaction du, Petit Journal qui n'ont cessé d'en
courager les efforts du comité des ..maîtres .de
. lavoirs pour/donner à "la fête de la Mi-C'arême
•l'éclat'qu'elle comporte. " Puis M." Pourtauborde
.remet;au nom de Mme Charles Morel, " de Mar
seille, dont lo savo'ir" universellement connu dans tous ' les. lavoirs,
une très belle montre en 'or à Mlle.Schœnâc
ker, et à ,chacune des demoiselles d'honneur
.une montré emaiilée. En quelques mots spi
rituels^ il exprime l'espoir qu'elles consor-
verofnt.«.vi.vacé*-le souvenir de « la Bonne
Mère,». Et il.ajoute —ce qui sera'fort apprécié
-— que.Mme'Morel a* décidé d'offrir à la reine
..de chacun des lavoirs qui ont pris part à la fête
.d!hier une jnontre et son.agrafe-emailléa.
, , Des clameurs et des applaudissements reten
tissent au dehors et annoncent la venue du
cortège qui doit se former devant notre porte.
A onze heures et demie,>h tête do colonne de
la cavalcade apparaît, ^précédée d'un peloton de
gardes municipaux à cheval.
,- Précédés d'un tambour-major, voici les pelo
tons de tambours et de clairons, suivis d'une
excellente xçusiquè jouant un pas,redoublé vif
et^lerte. ;
,. Puis viennent Içs cavaliers aux costumes d'or
dre composite, tous fort drôles. Des jeunes fem
mes montées sur de" .jolis- ânons pomponnés,
harnachés à souhait, im .peloton de gardes du'
corps de la Restauration, coiffés de casques de
pompiers au cimier gigantesque, des seigneurs,
des mousquetaires, un joyeux méli-mélo de cos
tumes de toutes les époques,
r. Le cortège défile et. vient prendre place de
vant le char de la reine des reines. Celle-ci
sort alors'du Petit Journal et gravit ; les mar
ches de son trône, sa longue traîne portéo par
ses pages, et vient prendre place .sous levais
élevé a où .elle domine la foule qui l'acclaipe
et à laquelle elle répond par un gracieux sourire.
Le soleil à ce moment semble vouloir percer
les nuages et prendre part, lui aussi, à la fête.
Il est onze heures et demie ; la cavalcade - se
remet en marche au milieu des applaudisse
ments et descend la'rue Lafayette pour rejoin
dre aux Champs-Elysées les autres > cortèges en
train de se former. . ..
Vient ensuite, sur un char russe,, le lavoir
Désiré, de -la rue d'Htmtpoul, précédé par des
musiciens qui jouent l'Hymne russe. LÀ reine
est Mme Carpenticr, le roi M; Podetti ; chacun
"d'eux noiis j remet 5 fr. pour nos -pauvres
qui reçoivent " encore de Mme -Humbourge^,
dame d'h'onnëur, 2fr,, de M. Humbourger,
2 fr., de, Mqie Fabre, 1 fr. - et "de Mme
Purée; 1 fr. ■ , , - ' ,
Les quatre gra'nds marchés,Lenoir,Temple, du
Saint-Germain e't les Halles, s'étaient, ainsi que
nous l'avons raconté, réunis pour former un
important, et unique cortège.
. Placés aux quatre coins de Paris, c'est au
Petit Journal < qu'ils s'étaient donné rendez-
vous avant de • partir pour le' Cours-la-Reine.
Mais un assez long espace de temps s'écoule
entre l'arrivée de chacun devant notrc hôtel.
Le premier' au rendez-vous est 'le marché
Lenoir. C'est lui qui a eu l'honneur de, voir sa
reine, Mlle Ma
rié Gaudin,
éiiic reine " des
reines des mar-
"ohés. MHeGau-
-din est en effet
charmante.
Revêtue d'un
somptueux cos-
tumequerecou-
: vre un peu - un
- mantfiau de ve
lours - rouge, la
reine des rei
nes des mar
chés est,-assise'sous, un 'dais formé* de dra
peries vert-îtendre. Le char Louis XV, genre
.rocaille, : est traîné par six phevaux tenus ou
.mains et précédé de la musique des Enfants du
■marché^Lenoir. ■, .■
' Plusieurs chars suivent et forment derrière
Ja, reine des reines'un long cortège.qui s'arrête
-pour laisser le temps à- Mlle Gaudin d'entrer
On s'empressait j on l'entourait.
Une flambée, un fauteuil de bois..i .
• Transi dé-froid , mort "de faim, et rossé de
main de .maître !... jQ^elle journée, m oh
Dieu !.'.^ Ët quelle nuit'!..". ; '
«. Il raoonta, il.inventa une histoire.
f II était sorti', à cheval, pour exécuter des
ordres du'maître, *et le cheval avait pris
peur, l'avait renveréé; et perdant ^connais-
•sailce, il éfait dèmcuré là, au milieu des
i)ôis:
* — Bien heureux encore,' que les loups
n'aient pas dévoré herr Conrad — fit une
vieille'femme. ,
-, Les loups, il y songeait encore en frisson
nant. • ' :
Enfin', quelque peu retapé'par la chaleur,
le manger, le, boire, on le roula SJans des
couvertures etié hucha sur une charrette,
et en-route pourijékno, où il amva seule
ment au grand jour, ià clTarrette ayant ■ dû
se maintenir à une allure très douce.
Quand, avec mille précautions', on . des
cendit le valet de -chambre, la. première
personne qu'il réncontra fut Ilans, le pi-
queur. ; , •
■ —J'étais très inquiet, herr Conrad : Rhun-
•ter, le -cheyàl que^vous montiez, vient de
rentrer seulement. ;. j couvert de-boue, four
bu, ét Titan et Déesse avec lui. J'ai bien
Sensé qu'il vous était arrivé un accident...
'allais.co.urir à votre recherche.
— Que le diable t'étrangle, loi, les chiens
jet tes chevaux,,— gronda Conrad;.
r Tout moulu, jfe valçt de cbàmbre ; se pré
senta devant sonmàitre. . 1 .
H 11 '. Uarie Gaudin
REINK DU MXRCHÉ LKNOIR
(Lasuiteà .derimri.J
.. .Crpp-ocs; PRADEL. -
* * 61t rue Lafayette» 61
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On reçoit aussi lesaruioncesrue Grangè-Batelière, •!§
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patient des iT et 16 de chaque 'mois
j.:
UN NUMÉR O r 5 C.ENXiMEë
Toutes les semaines .
IiE:SonM.ÉMENi!' I llustré ... » s 5 c.. j L a M ode du Petit Journal 40
1/ Aomcw .TUKE- M odekme .... . Se." 1. L e J ou rkal I uajstré I 15
H. MARINONI, Directeur de la-Rédaction
! DEPARTEMENTS
ABONNEMENTS
tfiols mois
six mois
g fr.....
12 m.-..:.
24 rfc 1JN AN.
. Zep Abonnements
; partent des i 1 ? et 1Û de chaque mois
ETRANGER.
8ïR,
15 J'R.
30 fr.
- ' , YENDREDP 23 MARS ÎS07 ' "
- 280 SM.NÏ S5
TKENTE-GINQiJIËME ANNÉE "(N uméro 12502)
LESiMANUSCniTS NE SONT PAS RENDUS.
PEUMgfeîlE MESTIQIV,
FRITHJOF NHSEN
Le, célèbre explorateur norvégien :Ërithr i
jof Nansen vient d'arriver, à .Paris.après un. ;
voyage d'un mois à travers l'Angleterre, au j
cours duquel il a reçu du monde gouverné- '
mental et scientifique un accueil absolument
enthousiaste. • ■
En dépit des réceptions officielles qui l'at
tendent ici, son séjour parmi nous paraît
devoir être plùs calme, plus intime, et il est
probable môme, qu'il réussira a goûtér.un
peu de cotte vie de famille, dont il * été privé :
pendant si longtemps. Il va, en effet, -retrou- ;
ver à Paris sa sœur de mère Mlle Bolling,
une artiste peintre que sa sympathie pour s
la France a amenée dans notre capitale de- :
puis bientôt douze ans. C'est ellè, du reste, <
qui fournissait naguère des détails bieii in-i
térèssants sur l'enfance de son frère, le, petit s
Fritb jof.. - ... •
Cette'enfance révélait .et préparait déjà
l'énergie et l'endurance de celui qui est de-.,'
venu-le grand explorateur qu'onsait.
La mère dè'Nansen s'adonnait aux sports ;
qui rendent forts, et-ds bonne heure elle les s
fit pratiquer par ses enfants. Nansen n'avait
pas quatre ans qu'ilchausçaitdéjà les raqueir
tes, sorte de pa-
,i •...ji-i.-tiûs- d'une lon-
gueur démeisu- ;
rée, et pour
Fritbjof Neiasen
çait sur la glace
-et sur-la-neijje.
JÇJjl ; J.peu^.pus
tard, ! quind il
fallut aller à l'é
cole , l'enfant
'ïàïsait une h^u- i
, re de marche le
matin et autant
pour revenir le soir, s'aguèrrissant ainsi
do bonne heure contre le froid et la
fatigue. Il recherchait d'ailleurs toutes lés
occasions de se tremper vigoureusement. ;
On organise .en Norvège un .grand nombre
de courses avec .le patin à glace et. à neige ;
Nansen y prenait toujours part, et à sept
ans il remportait un premier prix dans une
de ces courses; . ' : J- • . ; '
Plus tard, il'partait, geùl, le plus sout
ient, pour de longues excursions dans les
montagnes, escaladant pics et glaciers, né
se lassant pas du plaisir de la difficulté
vaincue. Gomment s'étonner qu'un pareil
homme ait réussi, dès 1888 à -traverser le !
Groënland d'une cûte M'autre? - . -
En Norvège, où les conditions-de la vie, i
où la nature environnante rendent l'homme
réfléchi, sérieux, peu enclin à l'enjouement,
à la vivacité des. races méridionales, Nan
sen, môme tout jeune< semblait encore plus
grave que ses compagnons ; il parlait peu,
semblait parfois préoccupé comme pour-;
suivant une idée fixe } c'est qu'il songeait ,
déjà à I* grande conquête polaire^ /
- *** S . , ' i
Né à Christiania eni 1861} Nansen est un;
homme grand, fort, doué d!un < organisme
merveilleux de vitalité. Très blond, avec-
desyeux "bleus profonds;- le nez assez fort,
légèrement rètroussé, des moustaohesfauves
retombant sur ; les lèvres assez épaisses, il
représente un type-d'homme du Nord très
prononcé..... : . . ;
Marié depuis 1889, il était déjà.' pèred'une;
-petite fille au moment de son départ pour,
le pôle. Et que de fois la vision de ces êtres,
chers j qu'il avait Jaissés là-bas, est veiiue '
soutenir son', courage dans l'horreur de la
nuit polaire 1
. D'ailleurs, 1'énergio ayant à son service
une vigueur athlétique, telle est la. caracté
ristique du caractère de Nansen, qui sut
toujours inspirerà*ceux qui leconnaissaient
une confiance inéhranlâble. C'est ainsi que
Mme Nànsén, qui accompagne son mari à-
Paris,loin de chercher à le détourner de son -
voyage polaire, dont il avait dressé le plan :
dès 1884, fut la première à l'encourager
dans la réalisation de son rêve glorieux.,
Héroïque à son tour, elle tint même S* bap
tiser le, bateau qui devait emporter son'
mari.dans les régions glacées,et .à l'.appèléri
le Fram.( En avant !) . ;
On se souvient que ce .bateau construit!
pas" i??Tan^ 11 oh /f 1 , n de Nansen et d Q ses compa-
i„ J gnons fut de marcher à 1 Ouest et non-au
tout exprès en bois excessivement dur, cui
rassé d'acier, affecte une forme presque
ronde qui lè rend inchavirable et lui,a per
mis de • supporter sans faiblir les pressions ■
auxquelles aucun des navires ses devait- ;
.ciers. n'avaient résisté. On n'a pas oublié •
non plus'l'idée'aussi originalè que hardie
dont Nanseii s'inspira pour concevoir son '
•entréprise. 1 ■■
Il supposa avec M. Mohn, le savant di
recteur de l'Observatoire de Christiania,
qu'il existait un co.urant marin régulier,.
allant par-dessous la banquise polaire dés ;
"côtes asiatiques de l'Océan Glaoial jusqu'à
la côte dû Groenland en passan t dans le voir
sinage du pôle Nord et peut-être de la mer
libre. Donc, s'abandonner au courant.près- j
•senti par Mohn, se oonfier à la banquise, ;
prendre,! comme il disait, un billet avec la \
•glace , tel lui apparaissait le meilleur* moyen,
sinon le seul, d'arriver au pôle. I :
• Le Fram reçut utie - équipe dê treize
'hommes presque tous mariés, pères dé fa L
"millé, à la fois marins et savants, et que
Tamour de la-science décida A accepter à
bord les fonctions, même les plt^s humbles.
Parti de Vandô, i>oint extrême de la Nor
vège, à la fin dé juillet 1893, Nansen .arri
vait au mois d'août à l'île de Yaïgatch où il
embarquait des. chiçns, puis on n'entendit
plus parler de lui'. - • .. . "
L'e Fram était entré dans la banquise dès
le 24 septembre 1893. Il dérivapéndanttroife
ans sans qu'à aucun moment dans son équi
page d'élite, ni la discipline, ni la santé, ni
la bonne humeur ne subissent d'atteinte. Le i
gnons
Nord,, contrairement à toutes les prévisions
Cette constatation donnait raison à un explo- ;
rateur autpichie^ qui avait attribué.au. vent s
et non au courant un.rôle prédominant sur t
les mouvements de la calotte glacée du pôle. '
- Nansen, décidé à tout faire pour remon- '
ter le plus join possible vers le ;.pôle,"'* quitta ■
le Franî lè'26 "février 189^, avec son lieu
tenant Johannissen;-emportant un traî-
: néau et un kayak : esquimau. Le''8 Wril
ils atteignirent 86 0 .13' 0", la plus haute
latitude que l'homme ait jamais àtteinte.
"Obligés de,revenir en àrrière, ils passèrent
l'hiver de 1895-1896 à l'extrême Nôi;d. de
l 'Archipel François-Joseph, et quand, au
printemps, ils revinrent. péniblement .sur
leurs pas, ils eurent le rare bonheur de ren*-
coiitrer, Je 16 juin 1896, les membres de
l'expédition Jackson au cap Flora (archipel
François-Joseph).'
De là, : ils . gagnèrent facilement Vandô,
d'où le Fram était parti trois ans aupara
vant et où ils abordèrent le 14 août.
Mais qu'était devenu. 1p Fram et leurs
compagnons"qu'île montaient? Telle était la
pensée qui lés assaillait et les empêchait ; de
goûter les joies du, retour j lorsque le 20 août
une dépô,cne appçit à Nansen; que le Fram
était arrivé à Skïerko (Norvège) après avoir
atteint-85 0 55'5" et être resté soudé à la
"banquise jusqu'au 3 juin :1896t.' , , - •
- Dès lors l'expédition et son chef purent
goûter sans mélange l'ivresse d'un retour
triomphal.
Et maintenant laissons à Nansen le soin
de raconter lui-même dans, tous leurs dé
tails les- nombreuses j péripéties de son
étonnante aventure qui, ; si elle' n'a pas
abouti à la découverte absolue du pôle; n'en ;
"demeure pas moins l'un' des exploits les »
plus prodigieux du temps. . '
Thomaâ Grimm.
NANSEN EN FRANCE;
r ' " ' (Dépêche de notre correspondant)
■ Boulogne-sur-Mer, 25 .mars. i
. L'explorateur . Nansen, venant, de Londres et j
allant à Paris, est- arrivé à Boulogne.à 1 h. 40;
par. le vapeur Albert-Victor ; il a été reçu au
sortir du fcateau' par le maire de la .ville et
le'président de laichartibre 4e^ commerce;;
" Un bouquet a été offert i Mrfe Nansen.' Plu- !
sieurs toasts oiit. été portés dans un salon de la-
gare maritime, où le : Champagne avait - été ï
versé. ... .
Nansen est affable" et de manières très sim-
§' les.,,11 a répondu en anglais aux souhaits de-
iënvenue.qu'on lui a adressés. , '
! Les deux voyageurs sont. repartis .pour Paris
à ah. 15.
Le doctleur Naosen est arrivé à Paris hier'
soir à..5 heures 40 par Je rapide de Boulogne,.Une.
importante délégation de là Société de géogra--
phie s'était rendue & la gare du Nord pour y re
cevoir le célèbre explorateur. .
Il y avait là le prince d'Arenberg, vice-prési-
'dérit du'conseil de lar Société, M. Le Myre de
Vilers, député, et le .baron Hulot, membres du
-conseil, < MM. Milne-lîdvvardSj Levasseur, Hamy
et Grandidier^ de l'Institut, M. Anthoinc, direc
teur de la carte de France -du ministère de l'in
térieur,'Henri Gordier, le comto de Turenne, le
marquis do Bassano, Jules Girard, Cheysson,
inspecteur 'général, des., ponts et chaussées,
Franz Schrader, barôri de Guerne. ëtc. " ...
, Le comitctde direction du syndicat des 'pxplo-
"rateûrs français,, dont le président est ~Jé lieu
tenant-colonel Monteil, était également venu,
: ainsi t(ue les principaux tneiiabres de la colonie
scandinàve.'Le préfet do la Seine s'était- fait re
présenter par M. Gaston Bounidls,- ré.dàcteur à
son cabinet. r . v . • >, •'
Qiiand le train est signalé,' tous' se massent
sur le quai j et dès qu'il est en gare, M. : Charles
Rabot, l'explorateur français aux régions cir
cumpolaires, et ^Mlle Bolling; une sœur du
docteur Nansen, qui habite Paris depuis plu
sieurs années, pénètrentdans'le wagon^salon où
'se trouvent M. et Mme Nansen etlesémbrassent
avec effusion; * " 1 ' • v,
Le célèbre explorateur, grand, blond, élancé 1 ,
les'épaules largos, l'a figure énergique, est vfetn
d'nri' complet de voyage gris-foncé; sa femme,
"qui parait rayonnante, èst brune, plutôt petité;
elle porte un costume gros vert.
Au nom de la Société de -géographie, M. Char
les Rabot remet à Mme Nansen un bouquet orné
d'un ruban tricolore, puis il- lui offre le bras et
la conduit avec le docteur Nansen dans un sa
lon d'attente ; pavoisé aux couleurs françaises et
norvégienne^. 1 • -
Alors, entouré des dèux bureaux de la So
ciété, le prince Roland Bonaparte souhaite là
bienvenue au célèbre voyageur que ses compa
triotes, viennent dë' saluer aux accents du chant
national norvégien : « Oui, nous aimons cette
charmante patrie !» '
_Un peu -ému, Nansen répond. Il a quelque
difficulté à s'exprimer en français, mais on le
comprend très bien cependant, et sa phrase est
correcte.
La France,?'dit-Il, rseploit toujours i. honorer les
v.ojragcurs acientifiques.'çiueUe que soit leup nationalité,
e't je savais que je ■ serais bien reçu parmi vous. Ce-
•p'eftdanl'la chaude et amicale rêîeption qui m'est
faite dépasse mon attente ; j'en-suis heureux et'ému
et;je vous prie de transmettrermes remerciertients
Jbien sincèros aux, sociétés de géographie de, Eranco
au nom desquelles vous avez bien voulu me saluer.
Des applaudissements ;unanimes . accueillent.
ces ; paroles et toutes les mains-se Rendent vers
Nansen et vers Mme Nansen qui a peine &
retenir ses larmes-.- .- i . -
A sa stfHie de la gare-et quand il monte ! en
voiture -pour, se-rendre!'à son Hôtel, le héros,
du pôle Nord est acclamé avec - enthousiasme
par la foille massée : sur les quais extérieurs.
, X,è soir il',a assisté,, chez 'M. Rabot, à un-
dîner intime ' auquel prenaient part quinze ;
convivps.-,
Ce soir dans la grande salle des fêtes du Tro-
cadéro réception solennelle de' M. Nansen, sous
la présidence du ministre de l'instruction pu-
bîiqiie . . ,.
j--, . "j '•t'j"
Les événements de Crète
. (Dépêches des .agences) .
Combat à Malaxa ^
' ' " La Canée, 25 mars (source anglaise); ,
' Les insurgés'ont attaqué à 'six heures du-
matin lé blockhaus de'Malaxa, dont la garnison
battit .en retraite à huit heures vers lalSude.
. Les navires turcs essayèrent avec leur artil-
lerjofde protéger oette retraite, néanmoins, les
insurgés chrétiens ont, poursuivi, les Turcs ;
jusque dans lé village de Tsikalaria, où ils ont
incendié deux'maisons turques.';
< Pendant ce temps, lés troupes t'ufcques dë la,
Cançe essayèrent d'avancer avec. : des.ravitaille-
ments-devenus: inutiles. rPassant-jpar -le village «
■de Nérokoiiro; elles arrivèrent:à':la:moitié deila <
hauteur vers le .blockhaus iie .Kératidi-; elles,
ont été arrêtées là par le feu des insurgés. , ;
Le combat continue en ,cé'momént/mais ili
sera probablement difficile de retourner cètj
: âprès-midi sur la ronte^e la Sudeî ", | * ;
_ La garnison du blockhaus à perdu beaucoup ';
de monde; le chiffre exact des pertes est toute
fois' inconnu., , ,
Les insurgés paraissent être en grand n'dm-,
bre. Ils' occupent toutes' .les .hauteurs,, jusqu'à
Perivolia. . j ......
Les deux dernières forteresses restant aux;
environs de la Çaiiée sont - ainsi, aqx mains,.dës \
chrétiens.
La Canée, 25 marà, 6 h. &0 soir."
.• ■ ^Source anglaise.) î , i
Les navires' dé guerre européens" ont" com-i
inencé à'trois heures 'moifis-.un quàrt'uhjb'ôm-i
bardement de là forteresse de Malaxa, qui est:
aux-mains des'insurgés." Malgré ce bombarde-;
-ment qui dure en viron dix minutes, et les ; obus i
qui tombent sur la forteresse, les insurgés
restent près du blockhaus, y. mettent le feu à ;
8h. 55 pendant que de nouveaux renforts: de i
troupes turques essaient éans" succès de gagner
.les; hauteurs au-dessus de Nérokouro. -, .
La Canée, 25 mare, 8 b. soit.
Les insurgés ont < fait sauter une partie:'du
blockhaus-de- Malaxa avec de la dynamite: : <.
: Les navires turcs ù. l'ancre dans la baie de
la Sude tirent sur les.insurges.
Notification Ses amiraux
Athènes, 25 mars, 2 h. matin. '
Les délégués des amiraux se sontrendusdans
divers .districts de là Çrète pour fournir aux
insurgés des explications au sujet de l'autono
mie. Partout lesi Cretois.ont déclaré repousser
ceirégime et n'accepter que l'union de- la Crète
àla Grèce. '; ..■
Protestation do la Grèce
• ' ' : ii • Athènes, 24 mars,' 10 h. 50?
Le gouvernement a décidé ■ d'adresser aux :
Euissances -une 'note de protestation contrôle,
locus de la Crète. Dans cette note, il déclinera
la' responsabilité des suites quo cette mesure
pourrait avoir.
;• Le don de 50,000 roubles fait parlé tsar en
faveur des réfugiés crét'ois et très commenté. ' \
. Un journal paraissant ,àvoir des',accointances
avec la cour's'écrie :« Le roja donné sàparolc;;
ii la tiendra et ne cpnsent'irà jamais^ ,à l'auto- ;
nomie.,»' ■
•>Divers journaux dei l'opposition dénohcent'la'
solution éventuellé.dé 1'autonomieaveeleprince i
Georges coqime gouverneur de l'île, oommeune :
trahison dés intérêts helléniques-/ ■ . .
Le steamer « Hera »,
.... Athènes,-24 mars.
•. Le steamer Hera,' à bord duquel se trouvaient >
le..vice-président de la Chambre, M. Roma, 'et
M. Romano, député, ayant dépassé la ligne du !
blocus, à oaiise d'une, tempête, a été capturé par !
un cuirassé • autrichien ;ati amené dans -un'petit
port de Crète.- ■ ■:■ * :
MM. Roma et Romano ont été conduits à i
Milo.
FEUILLETON do Petit Journal dit 26 M ars 18îj
LA CAGE DE CUIR
■i» 55
W
DEUXIÈME PABTIB
. ZORKA
II {Suilcl
Silènce absolu, troublé seulement par les?
sourds grondements des chiens.
Il reprit une fois encore : -
—^ AllonsI Zorkal...
Rien! Toujours rieD.
— Là sale bète !. •.. Je ne sais ce qui me
retient de lui casser la tète.
Et, se courbant, il pënétra dans la hutte. :
Comme dans un four n'avait riend'exà-"
géré. .
Impossible de lien distinguer en ce réduit.
Conrad fit craquer une allumette.
Et alors, dans le fond de la càbane, il
aperçut Zorka accroupie, repliée sur elle-
même, et qui était tombée là, à bout .de
forces, pareille à une bête assommée. ' ,
— Zorka!.— s'écria Conrad, grinçant des
dents i — Veux-tu sortir... Veux-tu me.
suivra?... -
Seulement alors la Tzigane se décida à'
répondre : _
— Non! — dit-elle, — jamais !. .. IL a
tué Mirko !.. . Jamais Zorka ne retournera
auprès de LUI l. . . _ - ;
— Tu vas venir avec moi IJLe Maître le
Veut.v. Il rte rotdônne C'est lui qui.
• m'a dit de courir après tôi 1..,
If J ' *' '' i i ' . ■ i' '"■> .* " |,J { • ■ ' J ' " f " 1
' el reprodii«»on interdites. v
— Jamais! Il faudra, tuer Zorka-pour la.
sortird'icil a i.- •' ]
— Tu ne veux pas
, — Non,.
~ Une fois . . . deùx fois .. ; Si à la troi-j
' sième tu n.'as pas bougé, je te cassé la tête ! |
,Et lé sinistre gredin arma son .revolver. 1
-.Maip. alors il se. passa un fait étrange .1 ; j
i Quelque; chose d'irrésistiblement brutal, ■
avec'un bruit sec, s'abattit sur lè bras -de!
-Conrad, le bras qu'il avait tendu, l'arme auf
poing! ;
, Et lé revolver roula par terre, tandis que
"xlonrad," âflolé, éperdu, poussait un hur r .
lçiftent de douleur.
Mais il n'avait pas fini ses clameurs d'anal
■goisse ! ' •' ' ' '•■ ■'
Plusieurs* coups lui arrivaient sur la téte,}
] sur les bras, lés épaules, sa sale face !...
, Et d'autres coups serrés et drus r les
plus énergiques qu'un Mton . leipàianché
au bout d'un bras solide aient jamais; jus
tement' administré à un drôle do la pire
espèce!... i
Et pas un mot, pas ûtf cri!.'.î
- Le bàtoii accomplissait son œuvre.
. Après des torsions, des contorsions, des*
hurlements furieux, des cris : — « Grâce ! ;
Pardon ! » — malgré lesquels Maître Bâton
continuait son œuvre- implacable, Conrad
s'écroula tout de son long, perdant connâis-
saiioè 1.. •••--> 7- .- ;
Lorsqu'il revint à lui, ce fut pour ppusser
un long gémisse.ment.
Il était étendu par terre, dans la butte r, !
un large rayon, de lune passait par là porte?
Non! il n r était pas la proie',d'un4iorrilîli!|
cauchemar.^ ? ^ • •
: L'affréusè courbature'qui encerclait tout
son corps lui.' rappelait- bien .Ja,-déplorable
réalité de cette incompréhensible énigmeu :
: Rosséi assommé, à plate èoutiire ! -' r
, ~ Oh 1; les gredins 1. . . Les lâches !. . . '
,11s me le paieront. . , . , , ^
. Les gredins! Les lâchés!..-. Il était bon
.là!i..ll-n'avaitvu personne! . / .
Tout s'était passé avec une rapidité d'é
clair: .. Pan 1 pan ! paii ! dans la plus épaisse'
obscurité^ il avait eu son compte! . ; .
„ — Oh l là l.ohj là !.. t J,'ai. tout ca&sé dans
'lé corps !... Je suis en mietteË !... .
Non ! Plus de chance qu'un honnête
homme !... Oui ! comme aurait dit lé père
Viaume lùi-hiômê. - ' ■>' .
Rien de cassé, i. rien ! Mais, dame, ' des
meurtrissurés, des blessures... Une bouil
lie!.'.. Une marmelade!... ;
Et il reprenait : s ;
-• Les misérables ! Les gredins ! Les
lâches!... ........
' Puis ayant consciericc n» : '.out ce qu'il y
avait dé grotesque dans son indignation :
' — Mais J je suis absurde !... Moi aussi !
Je vous demande un peu.Y. ce que je vais
chercher avec, mes' Ils !... Il -n'y en avait
peutrétre qu'un .et il éjait encore de .trop !
sûr !... Et il peut être là aux écoutes, der
rière un'tas de bois, q'ui sé tord, en; m'en-
•téndant !... Enfin ! si je sais jamais qui,
je jure bien qu'il passera un mauvais quart
.d'heure !... Oh ! yaye,' yaye ! ' ' "
• Et avec un enragé désespoir ;
,— Mais je vais crever là !... comme un
chien !... ,. t ,
Au prix de surhumains cff6jp.ts .il fit un
mouvement qui lui arracha de nouveaux
-gémisiëmènû»,'-donouVeHès plaintes. ' - :
' Cependant, 'cneHant en -jeu' ses articùla-
itions ies: unes B.pl'ès-ks autres, ii finit par
Dans le Supplément, illustré, cette
' sépiaine, iUn,amusant dessin d'actualité en
couleurs à propos d'un iait-rigoureusement
exact qui vient de se passer à Marseille':
jtlïIE NOCE. .'FIN 'DE; SÏÈCLE
I Un. autre.- grand. dessin en couleurs d'une -
actualité glorieuse cette fois : -,
VICTOIRE FRAHEAISE litt SUD itS»
Dans l'intérieur du numéro une syp.erbe
planche d'instruction en couleurs : .
INSECTES NUISIBLES
' ' -i , c y o . f.. • / " . . \ 1
; - Le numéro de huit pages, dont trois de
dessins en couleurs*, se vend 5. cbntime 3.
LE. TSARE WiTCH A ALGER
_ - lt {JïépMt* des agences) - r -
Alger, 25 mars. ,
" L'état de £autédu..tsarewitch > arrivé ici le-18
mars, s'est, aggravé; contrairement à ce .qu'il
ût • lora .de son précédent voyage , le tpare-
witch n'a pas quitté le, bord de son yacht de
puis son arri vée, bien' que le temps soit magni
fique. '
Le grand-duc Nifcolas arrivera dimanche. "
NOUVÉLtES* 10 COLONIALES
-. LR lflisSIOM VOULCT ',
' , La mission Voùlet descendant de Ouàgadou- ,
g?au et la mi.ssion Baùd remontant du Dahomey -:
dans la bpucle du Niger oiit fait leur jonction
vers la mi-février il Tiébaj sur la frontière du
Mo'ssi. '• '
.De ce fait, Je Go.urma tout .entier est' placé
sous * le protectorat français,- à la suite 'du
conjcburs çrêt'é ; aii sultatf par nos'missions pour
•la répression dé quelques troubles locaux. '
Un poste a-été; établi' à Sâti-, L'ensemble de ^
ces opérations étàblit le contact définitif entre
le Soudan nigérien et la colonie du Dahomey.
LA SITUATION 1 MADAGASCAR
Lé paquebot 'Ava\ courrier de Maurice, de la
Réunion, de Madagascar^ de Zanzibar et de
Djibputïi est arrivé hier ; soir à six heures à
Marseille.' .. . ; ■ : •
. Il apportp de Madagascar un long courrier
constatant une situation en général assez bonne
dé la colonie ; nous en' détaohons les nouvelles
suivante^ qui orït trait àl'exil de la reine Rana-
valo et aux discbssiortslreli^eusos' qu'elle fo-
mentaitk ■ .<■
o., A Tanahariva, -on'"Sent une hostilité;sourde *
dans certains milieux et'dansles castes nobles-,
représentant le parti delà reine.-
t: .Pour ■ combattre ces) a influences, le : général
-Gallieni s'appuie- surile parti bova: et :les an
ciens esclavés-quiisemblent bion-ralliés et qui
s'apercevoir qu'il n'avait rien de cassé, rien
de déiriis.'' •" ' ' - ..
Et' faisant appel à toute' son 'énergie, il
parvint enfin à se mettre debout. .
™.'Ohl là! làl Jamais je. ne pourrai marr
cher..,
II - le; fallait cependant. La fraîcheur était
venue; il se sentait perdus^ glacé, gourd. ..
j J. Il n'allait pas demeurer là, d'autant- que '
cette damnée hutte, ce" trou noir, lui inspi
rait la pl-is violente dés terreurs.
Toujours avec son « -Ils » :
S'ils.allaient revenir en. nombre peur ;
m'aclî^vér,.. Il faut fuir au plus vite!...
Fuir!... Bon à dire cela! Mais pour fuir,
il faut des jambes! .1. Et tout ce qu'il y a de
plus cotonneux, les * jambes de ce cher
Conrad à cet instant ! ;., -
i Vite! Ah! bien, oui! Ce fut tout au plus
si, à petits pas, il put se mettre en marché,
quittant ce lieu d'horreur.
Clopinant ainsi, il atteignit l'endroit où il
avait attaché son cheval.
Et là, déèeption plus atroce encore !. . i
" Détaché... « Ils» l'avaient emmené, les
chiens aussi!... . . v . '
Allons, c'était ccmpret !...
Alors, toujours la proie de la pçur abêtis
sante, il continua à se traîner, .à travers la
-partie de bois exploitée.
- Dans « l'état d'âme », ainsi que l'on dit
aujourd'hui, et il faut y ajouter aussi l'état
de corpg,pù il se sentait, il ne savait'plus
son chemin, il-ne parvenait pas à Retrouver
sa route... Il cherchait, cherchait encore.
. Enfin, il atteignit, une grande -ligne delà
-forêt. . - • ;
Ça ne l'avançait guère. , • . ' " ' ,
- Bans le lointain", des loups s'étaient mis à
•-butter I • . ' •' >'•
- désirent' la' disparition des derniers vestiges de
l'ancien gouverpemerit. ....... .
cAu départ du courrier, le général Galliqni
• semble.déjà décidé à déposer I? souveraine.
• Pour en finir, avec les querelle,s-religieuses
.et les iuttgs,entre, les dive.vses missions,' le-ré-
' sident général fait étudier, par . une commission
:.spéciale*de magistrats la question de la propriété
,:des édiflces reii^ieux. De plus, pour amener
l'apaisement désirable, .le 'général Gallieni
-traite avec les,'trois .missions anglaises qui cé
deront les immêBbles dont on a besoin, en
échango de 'l'autorisation" d'immatriculer les
autres occupés par eliesj ,.
LA SANTÉ DU PRINCE DE BISMARCK
■ " Berlin, 25 mars. ■'
On a fait
Des informations 1 prises à ce sujet, il résulte
'que le prince de Bismarck est indisposé depuis
quelques : jours à là suite d'un lëger refroidisse
ment. Son état de santé'n'e donne 'pourtant lieu:
à aucune inquiétude. Le prince a de nouveau
tier pu éprendre ses repas comrhe à l'ordinaire , i
* Séduit'par les dernières journées printaniè-
ïea; le 1 prince de ' Bismarek se promena dans le
'parci se-reposa sur un bano, et gagna un 're-i
froidisëèmént.
: Le do6teur Sc'nwsninger lui ordonna de gar-,
der le lit. ' ■ ■ -
■ Lé-départ, du comte Herbert de Bismarckpouri
Schœnhausen confirme que l'état du prince de;
Bismarck n'est pas iilSrmant.
La Ii-Carême â" Paris
, Là fête de la Mi-Carême n'a pas été favorisée
'hier à son début du' beau soleil de ces jours
dérniers, mais quoique indécis le temps s'est
'maintenu pendant toute la journée. Au le
ver du jour une légère pluie, qui n'a pas du reste
laissé de traces, avait pu rendre anxieux lè Pa
risien matinal, mais on s'est bientôt rassuré et
de tous-côtés la foule s'est rendue joyeuse aux
divers centres d'attraction.
Dès les'premiètes-heures de-la matinée, la
rue.a pris cet. air d'animation, gaie,- spéciale
aux fêtes parisiennes, populaires comme l'est,
chaque,année, la fête de la Mi-Garême.
Au « Petit Journal »
. ;,Dès neuf-heures du matin stationne une foule
pressée, rue Lafayette, devant l'hôtel du Petit
Journal-'Cinquante, hommes de la garde de
Paris,.à: cheval, cent,vingt gardiens de la paix,
sous los ordres de M. Noriot, commissaire di
visionnaire, de MM. Guioheteau et Goulié,/offi
ciers. de paix, refoulentles ourieux sur,les trot
toirs et assurentila libre, circulation de la chaus
sée. - "
• i Mi Lé pi ne, préfet de police, vient lui-même
jeter ;un coup d'oeil sur. les mesures prises pour
éviter tout,acoident., , .
Il est encore de bonne heure et le cortège de
la reine des reines est.loip 1 mais la,foule est de
La reine des reines
bonne humeur et patiente.-bu reste, leaconfetti
et les serpentins font passer, le, temps. 1 . »
Comme toujours; la maison Storme, de larue
Milton, avait décoré avec beaucoup de goût la
porte et:1e vestibule de notre hôtel, ainsi que
■notre- grand -hall de réception. : En outre j. elle
nous avait livré un choix exceptionnellement
remarquable 'de fleursrrcoupées - , dont elle avait
composé des bouquets et des corbeilles fleuries
dont la fraîcheur admirable a été fort appré-
^iée'des^reines des marchés et des lavoirs.
• La première visite qûa r nous' reoevons : est
celle -d'un petit- 'Pierrot,- :B .-v D-. r; ,, qui. remet
d-franc pour notre Caisse du Secours immédiat'.
Avant dix heures, le : comité des maîtres de
lavoirs est au Petit Journal, attendant la reine
des reines. Bientôt le, char sur lequel celle-ci
doit monter vient.se ranger, devant notre hôtel.
Ce char est formé par ^ine sorte de conque: bleu
t Rompu comme*-il-l'était, désarmé, rien de
rassurant,, ces . hurlements-là! Des' loups
^ôùvafent parfaitement le flairer, de loin, le
rapprocher, tout comme il. avait fait toiit à
l'heure - pour là pauvre .Zorka,. àvéc les
-bloqd-hounds ! v •-
-. Et, certainement,- il ne se trouverait pas
là de « maître bâton « pour'les empêcher
de [dépiauter bel e.ï bien terr Conrad! .'.-i
„ Lés hurlements, qui semblaient se rappro- i
'cher, l'obligèrent à retrouver des forces.
Ètil se mit à men le long de la ligne, rete
nant les gémissements',- les oris de douleur
que lui arrachait chacun de ses mouve-
ménts. '
Les hurlements parlaient du fond* de la
forêt..i En leur tournant ; le dos,- il devait
êtré dans la bonne voie., „ ' ;
Ohl joiel en'cette détresse!... Il ne s'était
pas trompé!... ■ •' ' '
Au. bout de deux heures de cette cruelle
marche, il lui sembla se reconnaître.
Oui ! c'était bien cela... 11 s'était rappro
ché du villàgé de Yalta.;, le village tou
chant aux mines!... " - ,
Oh ! dès la première maison il s'arrêta et
commença » crier^ à taper aux volets, à la
porté!:.. ' ... '
Et le drôle reprenait, ainsi que bien on
pense, ses insolentes façons.. .-
■ Et les-injures de pleuvoir, car . il n'était
pas patient, herr Conrad I Et dans ce mo
ment siir^out!,.., , .
i Unciieval, une charrètté.V. une voiture!...
Et du feu!... de la bîère!
On.ouvrait, on allumait.. . Herr Conrad...
Herr Conrad !!.. - - ,i
•^C'était un personnage,- tout comme dans
le tempsHermann Puckli.. .. ' .
et or supportant un: dais ,/or't élevé,où tout à
.l'heure prendra place, la triomphatrice et d'où
tout Paris.pourra apercevoir la jeunectbelîe sou
veraine du joui-. . • '.' ■. ..,
1 A.onze bouges,Téiué des lavoirs parisiens,
j Mlle Marie Schœnâcker, arrive en landau avee
J.-sesquatredemoisel!esd'honneur,MHêsFernande
Geffroy,.,Thérèse Croiza, Caroline Fucbs et Marie
Becker.'. \ '■
La reine des reines est reçue par le comité
des lavoirs quo conduit lï. Semichon, le prési-
dent. Entourée de ses demoiselles d'honneur et
de ses pages, MUe Marie- Schœnâcker, donf'on
reverrà avec pjaisir le, portrait aujourd'hui, pé
nètre dans le hall du Petit Journal.
■Mlle Schœnâcker est tçut à fait jolie dans sa
somptueuse toilette de soie blanche brochée.
.Elle porte ave,c beaucoup d'aisance et de grâce
le, manteau en drap d'or, doublé d'hermine, -le
diadème royal et, le sceptre d'or./Les quatre de
moiselles d'honneur, sont, également fort bien;
M. Semichon nous présente la jeune souve
raine et ses'suivantes.. Il, adresse en même
-temps ses remerciements à la direction et à la
^rédaction du, Petit Journal qui n'ont cessé d'en
courager les efforts du comité des ..maîtres .de
. lavoirs pour/donner à "la fête de la Mi-C'arême
•l'éclat'qu'elle comporte. " Puis M." Pourtauborde
.remet;au nom de Mme Charles Morel, " de Mar
seille, dont lo savo'ir"
une très belle montre en 'or à Mlle.Schœnâc
ker, et à ,chacune des demoiselles d'honneur
.une montré emaiilée. En quelques mots spi
rituels^ il exprime l'espoir qu'elles consor-
verofnt.«.vi.vacé*-le souvenir de « la Bonne
Mère,». Et il.ajoute —ce qui sera'fort apprécié
-— que.Mme'Morel a* décidé d'offrir à la reine
..de chacun des lavoirs qui ont pris part à la fête
.d!hier une jnontre et son.agrafe-emailléa.
, , Des clameurs et des applaudissements reten
tissent au dehors et annoncent la venue du
cortège qui doit se former devant notre porte.
A onze heures et demie,>h tête do colonne de
la cavalcade apparaît, ^précédée d'un peloton de
gardes municipaux à cheval.
,- Précédés d'un tambour-major, voici les pelo
tons de tambours et de clairons, suivis d'une
excellente xçusiquè jouant un pas,redoublé vif
et^lerte. ;
,. Puis viennent Içs cavaliers aux costumes d'or
dre composite, tous fort drôles. Des jeunes fem
mes montées sur de" .jolis- ânons pomponnés,
harnachés à souhait, im .peloton de gardes du'
corps de la Restauration, coiffés de casques de
pompiers au cimier gigantesque, des seigneurs,
des mousquetaires, un joyeux méli-mélo de cos
tumes de toutes les époques,
r. Le cortège défile et. vient prendre place de
vant le char de la reine des reines. Celle-ci
sort alors'du Petit Journal et gravit ; les mar
ches de son trône, sa longue traîne portéo par
ses pages, et vient prendre place .sous levais
élevé a où .elle domine la foule qui l'acclaipe
et à laquelle elle répond par un gracieux sourire.
Le soleil à ce moment semble vouloir percer
les nuages et prendre part, lui aussi, à la fête.
Il est onze heures et demie ; la cavalcade - se
remet en marche au milieu des applaudisse
ments et descend la'rue Lafayette pour rejoin
dre aux Champs-Elysées les autres > cortèges en
train de se former. . ..
Vient ensuite, sur un char russe,, le lavoir
Désiré, de -la rue d'Htmtpoul, précédé par des
musiciens qui jouent l'Hymne russe. LÀ reine
est Mme Carpenticr, le roi M; Podetti ; chacun
"d'eux noiis j remet 5 fr. pour nos -pauvres
qui reçoivent " encore de Mme -Humbourge^,
dame d'h'onnëur, 2fr,, de M. Humbourger,
2 fr., de, Mqie Fabre, 1 fr. - et "de Mme
Purée; 1 fr. ■ , , - ' ,
Les quatre gra'nds marchés,Lenoir,Temple, du
Saint-Germain e't les Halles, s'étaient, ainsi que
nous l'avons raconté, réunis pour former un
important, et unique cortège.
. Placés aux quatre coins de Paris, c'est au
Petit Journal < qu'ils s'étaient donné rendez-
vous avant de • partir pour le' Cours-la-Reine.
Mais un assez long espace de temps s'écoule
entre l'arrivée de chacun devant notrc hôtel.
Le premier' au rendez-vous est 'le marché
Lenoir. C'est lui qui a eu l'honneur de, voir sa
reine, Mlle Ma
rié Gaudin,
éiiic reine " des
reines des mar-
"ohés. MHeGau-
-din est en effet
charmante.
Revêtue d'un
somptueux cos-
tumequerecou-
: vre un peu - un
- mantfiau de ve
lours - rouge, la
reine des rei
nes des mar
chés est,-assise'sous, un 'dais formé* de dra
peries vert-îtendre. Le char Louis XV, genre
.rocaille, : est traîné par six phevaux tenus ou
.mains et précédé de la musique des Enfants du
■marché^Lenoir. ■, .■
' Plusieurs chars suivent et forment derrière
Ja, reine des reines'un long cortège.qui s'arrête
-pour laisser le temps à- Mlle Gaudin d'entrer
On s'empressait j on l'entourait.
Une flambée, un fauteuil de bois..i .
• Transi dé-froid , mort "de faim, et rossé de
main de .maître !... jQ^elle journée, m oh
Dieu !.'.^ Ët quelle nuit'!..". ; '
«. Il raoonta, il.inventa une histoire.
f II était sorti', à cheval, pour exécuter des
ordres du'maître, *et le cheval avait pris
peur, l'avait renveréé; et perdant ^connais-
•sailce, il éfait dèmcuré là, au milieu des
i)ôis:
* — Bien heureux encore,' que les loups
n'aient pas dévoré herr Conrad — fit une
vieille'femme. ,
-, Les loups, il y songeait encore en frisson
nant. • ' :
Enfin', quelque peu retapé'par la chaleur,
le manger, le, boire, on le roula SJans des
couvertures etié hucha sur une charrette,
et en-route pourijékno, où il amva seule
ment au grand jour, ià clTarrette ayant ■ dû
se maintenir à une allure très douce.
Quand, avec mille précautions', on . des
cendit le valet de -chambre, la. première
personne qu'il réncontra fut Ilans, le pi-
queur. ; , •
■ —J'étais très inquiet, herr Conrad : Rhun-
•ter, le -cheyàl que^vous montiez, vient de
rentrer seulement. ;. j couvert de-boue, four
bu, ét Titan et Déesse avec lui. J'ai bien
Sensé qu'il vous était arrivé un accident...
'allais.co.urir à votre recherche.
— Que le diable t'étrangle, loi, les chiens
jet tes chevaux,,— gronda Conrad;.
r Tout moulu, jfe valçt de cbàmbre ; se pré
senta devant sonmàitre. . 1 .
H 11 '. Uarie Gaudin
REINK DU MXRCHÉ LKNOIR
(Lasuiteà .derimri.J
.. .Crpp-ocs; PRADEL. -
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