Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-12-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 décembre 1932 01 décembre 1932
Description : 1932/12/01 (A12,N10)-1932/12/31. 1932/12/01 (A12,N10)-1932/12/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61417342
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
PAIX ET DROIT
libérales. Tout prétexte est bon pour éliminer un rival ;
quelle aubaine si l'on peut lui reprocher la diffé-
rence d'origine, de culte ou de visage ! De l'envie à la
haine, de la haine aux sévices, la distance est bien vite
franchie, si l'on n'est pas arrêté dans la voie de l'injuste,
par une contrainte matérielle ou par un frein moral.
L'obstacle matériel, c'est la crainte des sanctions; c'est-
à-dire une police bien armée, bien disciplinée, à la fois
énergique et sûre ; c'est aussi la rigueur de la loi, d'une
loi qui ne reste pas lettre morte, un simple texte vidé de
toute réalité, mais qui s'affirme agissante, appliquée sans
partialité ni faiblesse par des magistrats intègres et dont
la conscience ne connaît que le droit et la justice. Lois,
juges et police tels sont encore dans le devenir, par delà
la Vistule et le Danube ! Quant au frein moral, il y
est plus introuvable encore, en ces pays de civilisation ina-
chevée. Quant aux Etats de culture avancée, comme l'Au-
triche et le Reich, ils subissent actuellement — pour combien
de temps ? — dans l'ordre spirituel, une très grave éclipse.
Contre une propagande barbare qui prétend justifier ses
conclusions meurtrières par des théories pseudo-scientifi-
ques, dont seuls peuvent être impressionnés de très jeunes
cerveaux et des intelligences primaires, il n'y avait qu'une
riposte vraiment opérante et efficace : l'enseignement des
professeurs. Le prestige de leur science inspirait assez de
confiance et de respect à leurs disciples pour les faire
écouter : eux seuls possédaient t'influence nécessaire à
l'oeuvre de redressement. Sauf de rares et nobles excep-
tions, ils ne L'ont pas tentée. Devant 3'abominable propa-
gande et devant les excès criminels, la plupart se sont tus.
Au lieu de les flétrir au nom des principes éternels de tolé-
rance, de justice et d'humanité, ils en sont demeurés les
spectateurs complaisants, quand ils n'en ont pas été les
promoteurs responsables. Les maîtres ont ainsi failli au
premier devoir de leur magistère, qui est d'éduqueur, même
avant d'instruire.
Qu'est-ce donc que la science sans la conscience ?
Pareil manquement, ou plutôt pareille trahison des maîtres
Vient dans une certaine mesure à la décharge des élèves.
Mais, les maîtres..., où est leur excuse? La faiblesse inhé-
rente à l'homme permet de comprendre et d'évaluer les
fautes individuelles; mais les crimes collectifs! il faut en
chercher l'explication ailleurs.
La guerre n'a pas perpétré que des ravages matériels,
elle a aussi créé un déséquilibre mental. Elle n'a pas seule-
ment anéanti des centaines de milliards, des édifices publics
et privés, des millions de vies humaines ; elle a perverti
des intelligences, dévasté des âmes, et. ruiné des consciences.
Son pire méfait n'est pas la détresse économique où elle, a
plongé l'univers, mais le chaos moral où il s'agite. Les
principes qui formaient le substrat de notre société chan-
cellent : le respect des contrats, les droits individuels, l'effort
libre et continu vers l'adoucissement de la législation et
des moeurs. En leurs lieu et place, s'installent, avec la tyran-
nie des masses ignorantes et passionnées, le débri dément
des forces et des instincts brutaux, bref le goût et la pra-
tique de la violence. Les paroxysmes où sont, montés les
sectaires de l'antisémitisme sont fonction du fléchissement
de l'ancienne loi morale ; c'est surtout un problème d'ordre-
moral et pas seulement matériel qu'il s'agit de résoudre.
Selon le mot du poète latin, « l'esprit meut la matière ».
C'est donc d'une rénovation spirituelle que dépend le salut
de notre civilisation, le retour à l'équilibre et la fin de la
démence antijuive.
Alfred BERL.
LETTRE D'ALLEMAGNE
L'action hitlérienne
Berlin, le 25 décembre J93%.
. Une accalmie relative a succédé à l'agitation des semai-
nes de novembre. « Hitler a besoin de repos », tel est le-
titre d'un article publié par un grand journal de Berlin.
Les nationaux-socialistes se sont montrés moins agressifs ;
ils paraissent désireux d'éviter des conflits avec le gouver-
nement Schleicher. Persévéreront-ils dans cette tactique, ou
le calme actuel n'est-il que le précurseur de nouveaux •
orages ? On sera édifié à ce sujet en janvier prochain,
quand le Reichstag aura repris ses travaux. Pour l'ins-
tant, les nazis tolèrent le régime Schleicher. Ils ont voté
ces jours derniers contre une motion des socialistes
et des communistes tendant à la convocation du Parlement
avant Noël, qui, eût provoqué un conflit immédiat avec le
cabinet. Et bien que les feuilles hitlériennes contiennent
chaque jour la menace d'une guerre déclarée contre le gou-
vernement, les députés nationaux-socialistes sont devenus
très réservés dans leurs votes chaque fois qu'il s'est agi de
décisions d'ordre vraiment politique.
On explique leur attitude par la crainte qu'ils ont de
perdre un nombre important de voix et de mandats si de
nouvelles élections avaient lieu du fait qu'ils seraient entrés
en lutte ouverte contre le ministère. D'autre part, le tri-
bunal suprême de Leipzig leur a donné tort dans la question
de la désignation du président du Conseil de Prusse ; pour
être élu, il devra réunir la majorité absolue des voix au
Landtag, en sorte que les chances d'un candidat nazi à la
présidence sont singulièrement réduites.
Plus la situation des nationaux-socialistes devient
malaisée et compliquée, plus ils accentuent l'agitation anti-
juive dans leur presse et leurs réunions. C'est ainsi que,,
dans son numéro du 20 novembre, la Nationalsozialislische
Landpost écrit : « La solution du problème juif est devenue
une question vitale pour l'existence de l'Allemagne. Il n'y
a qu'un moyen : une « exportation » de juifs, car à la fin
du dernier siècle, mais surtout depuis 1.914, l'importation
a été colossale ».
Dans une réunion de l'Association national-socialiste
des libraires qui s'est tenue à Berlin le 22 novembre, le
rapporteur a fait les déclarations suivantes : « Quand le
juif se rendra compte que son affaire donne un moindre
rendement, il la liquidera de lui-même. Si nous lui enlevons
ainsi ses possibilités d'existence, il fuira notre pays et ira
probablement bien vite se fixer en France. Il faut que le
juif ne puisse pas acquérir la nationalité allemande, qu'il
n'ait pas le droit d'exercer librement le commerce, qu'il ne
soit admis à aucun emploi ou fonction, qu'il n'ait pas
l'accès des journaux allemands. Nous sommes partisans
résolus de la propriété, à une exception près cependant :
lorsqu'un de ces chiens au nez crochu, aux pieds plats
viendra à nous avec un grand capital-actions, un de ces
libérales. Tout prétexte est bon pour éliminer un rival ;
quelle aubaine si l'on peut lui reprocher la diffé-
rence d'origine, de culte ou de visage ! De l'envie à la
haine, de la haine aux sévices, la distance est bien vite
franchie, si l'on n'est pas arrêté dans la voie de l'injuste,
par une contrainte matérielle ou par un frein moral.
L'obstacle matériel, c'est la crainte des sanctions; c'est-
à-dire une police bien armée, bien disciplinée, à la fois
énergique et sûre ; c'est aussi la rigueur de la loi, d'une
loi qui ne reste pas lettre morte, un simple texte vidé de
toute réalité, mais qui s'affirme agissante, appliquée sans
partialité ni faiblesse par des magistrats intègres et dont
la conscience ne connaît que le droit et la justice. Lois,
juges et police tels sont encore dans le devenir, par delà
la Vistule et le Danube ! Quant au frein moral, il y
est plus introuvable encore, en ces pays de civilisation ina-
chevée. Quant aux Etats de culture avancée, comme l'Au-
triche et le Reich, ils subissent actuellement — pour combien
de temps ? — dans l'ordre spirituel, une très grave éclipse.
Contre une propagande barbare qui prétend justifier ses
conclusions meurtrières par des théories pseudo-scientifi-
ques, dont seuls peuvent être impressionnés de très jeunes
cerveaux et des intelligences primaires, il n'y avait qu'une
riposte vraiment opérante et efficace : l'enseignement des
professeurs. Le prestige de leur science inspirait assez de
confiance et de respect à leurs disciples pour les faire
écouter : eux seuls possédaient t'influence nécessaire à
l'oeuvre de redressement. Sauf de rares et nobles excep-
tions, ils ne L'ont pas tentée. Devant 3'abominable propa-
gande et devant les excès criminels, la plupart se sont tus.
Au lieu de les flétrir au nom des principes éternels de tolé-
rance, de justice et d'humanité, ils en sont demeurés les
spectateurs complaisants, quand ils n'en ont pas été les
promoteurs responsables. Les maîtres ont ainsi failli au
premier devoir de leur magistère, qui est d'éduqueur, même
avant d'instruire.
Qu'est-ce donc que la science sans la conscience ?
Pareil manquement, ou plutôt pareille trahison des maîtres
Vient dans une certaine mesure à la décharge des élèves.
Mais, les maîtres..., où est leur excuse? La faiblesse inhé-
rente à l'homme permet de comprendre et d'évaluer les
fautes individuelles; mais les crimes collectifs! il faut en
chercher l'explication ailleurs.
La guerre n'a pas perpétré que des ravages matériels,
elle a aussi créé un déséquilibre mental. Elle n'a pas seule-
ment anéanti des centaines de milliards, des édifices publics
et privés, des millions de vies humaines ; elle a perverti
des intelligences, dévasté des âmes, et. ruiné des consciences.
Son pire méfait n'est pas la détresse économique où elle, a
plongé l'univers, mais le chaos moral où il s'agite. Les
principes qui formaient le substrat de notre société chan-
cellent : le respect des contrats, les droits individuels, l'effort
libre et continu vers l'adoucissement de la législation et
des moeurs. En leurs lieu et place, s'installent, avec la tyran-
nie des masses ignorantes et passionnées, le débri dément
des forces et des instincts brutaux, bref le goût et la pra-
tique de la violence. Les paroxysmes où sont, montés les
sectaires de l'antisémitisme sont fonction du fléchissement
de l'ancienne loi morale ; c'est surtout un problème d'ordre-
moral et pas seulement matériel qu'il s'agit de résoudre.
Selon le mot du poète latin, « l'esprit meut la matière ».
C'est donc d'une rénovation spirituelle que dépend le salut
de notre civilisation, le retour à l'équilibre et la fin de la
démence antijuive.
Alfred BERL.
LETTRE D'ALLEMAGNE
L'action hitlérienne
Berlin, le 25 décembre J93%.
. Une accalmie relative a succédé à l'agitation des semai-
nes de novembre. « Hitler a besoin de repos », tel est le-
titre d'un article publié par un grand journal de Berlin.
Les nationaux-socialistes se sont montrés moins agressifs ;
ils paraissent désireux d'éviter des conflits avec le gouver-
nement Schleicher. Persévéreront-ils dans cette tactique, ou
le calme actuel n'est-il que le précurseur de nouveaux •
orages ? On sera édifié à ce sujet en janvier prochain,
quand le Reichstag aura repris ses travaux. Pour l'ins-
tant, les nazis tolèrent le régime Schleicher. Ils ont voté
ces jours derniers contre une motion des socialistes
et des communistes tendant à la convocation du Parlement
avant Noël, qui, eût provoqué un conflit immédiat avec le
cabinet. Et bien que les feuilles hitlériennes contiennent
chaque jour la menace d'une guerre déclarée contre le gou-
vernement, les députés nationaux-socialistes sont devenus
très réservés dans leurs votes chaque fois qu'il s'est agi de
décisions d'ordre vraiment politique.
On explique leur attitude par la crainte qu'ils ont de
perdre un nombre important de voix et de mandats si de
nouvelles élections avaient lieu du fait qu'ils seraient entrés
en lutte ouverte contre le ministère. D'autre part, le tri-
bunal suprême de Leipzig leur a donné tort dans la question
de la désignation du président du Conseil de Prusse ; pour
être élu, il devra réunir la majorité absolue des voix au
Landtag, en sorte que les chances d'un candidat nazi à la
présidence sont singulièrement réduites.
Plus la situation des nationaux-socialistes devient
malaisée et compliquée, plus ils accentuent l'agitation anti-
juive dans leur presse et leurs réunions. C'est ainsi que,,
dans son numéro du 20 novembre, la Nationalsozialislische
Landpost écrit : « La solution du problème juif est devenue
une question vitale pour l'existence de l'Allemagne. Il n'y
a qu'un moyen : une « exportation » de juifs, car à la fin
du dernier siècle, mais surtout depuis 1.914, l'importation
a été colossale ».
Dans une réunion de l'Association national-socialiste
des libraires qui s'est tenue à Berlin le 22 novembre, le
rapporteur a fait les déclarations suivantes : « Quand le
juif se rendra compte que son affaire donne un moindre
rendement, il la liquidera de lui-même. Si nous lui enlevons
ainsi ses possibilités d'existence, il fuira notre pays et ira
probablement bien vite se fixer en France. Il faut que le
juif ne puisse pas acquérir la nationalité allemande, qu'il
n'ait pas le droit d'exercer librement le commerce, qu'il ne
soit admis à aucun emploi ou fonction, qu'il n'ait pas
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