Presse et revues
16 pages
Titre : Revue municipale : recueil hebdomadaire d'études édilitaires pour la France et l'étranger
Auteur : Association communale de France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1904-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32860840q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27309 Nombre total de vues : 27309
Description : 01 février 1904 01 février 1904
Description : 1904/02/01 (A7,N325)-1904/02/14. 1904/02/01 (A7,N325)-1904/02/14.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6132422v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-1062
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
REVUE MUNICIPALE
859
mocratiqueet n'a d'autre résultat que de favoriser
les communes rurales au détriment des grands
centres de lumière et de civilisation.
Si les grandes communes belges voulaient
user des moyens dont elles disposent pour faire
modifier le régime actuel du fonds communal,
elles auraient raison, j'en suis convaincu, de
l'arbitraire gouvernemental.
Le voudront-elles ?
Louis BERTRAND,
Député de Bruxelles,
Écluvin des finances de Schaerbeek.
LA LUTTE CONTRE LA FUMÉE
Si la poussière est la plaie des routes de cam-
pagne, la fumée est une des grandes misères dont
souffrent les villes.
Londres est, comme on le sait, la ville des
brouillards, non-seulement des brumes grisâtres
permettant encore d'entrevoir l'aspect des choses
et des gens, mais des brouillards « purée de pois »
au voile jaunâtre si épais que l'on ne distingue
plus dans les rues ni bêtes, ni gens, ni maisons,
ni véhicules et que, pour se guider, le sens du
toucher doit être à peu près complèrement
substitué au sens de la vue.
Or, l'opacité de ce brouillard qui s'étend en
couches denses sur la ville, principalement sur
les districts longeant la Tamise, est dû pour la
plus grande partie à la fumée de la houille.
Les autorités locales, et à leur défaut le Conseil
de Comté de Londres, ont le pouvoir de pour-
suivre les industriels qui projettent les fumées de
leurs hautes cheminées dans l'atmosphère lon-
donnienne ; et quant aux locomotives qui cra-
chent leurs noirs tourbillons de nuages charbon-
neux dans les rues de Londres, le Conseil de
Comté ne s'est pas fait faute de poursuivre les
Compagnies de chemins de fer auxquelles elles
appartiennent (i). On est ainsi parvenu à dimi-
nuer l'émission de la fumée dans l'atmosphère,
en obligeant fabricants et chemins de fer à em-
ployer des foyers fumivores ou à brûler du
■ charbon non fumeux. Mais les autorités ne peu-
vent rien jusqu'ici contre la fumée qu'émettent
les cheminées particulières. Et la quantité de
cette fumée n'est cependant pas négligeable. Au
dernier recensement, on a constaté qu'il y avait
à Londres 571.768 maisons habitées, possédant
chacune, en moyenne, de six à huit cheminées.
Bien entendu, tous les foyers ne sont pas allumés
en même temps ; d'après un récent rapport du
Conseil de Comté de Londres, on peut compter
qu'un million de cheminées particulières émet-
tent chaque jour leur contingent de fumée dans
l'atmosphère. Cette fumée joue une partie im-
portante dans la formation du voile obscur qui
enveloppe si souvent Londres en automne. Il y
a quelques mois, l'Office météorologique institua,
à la requête du Conseil de Comté, une série de
recherches sur la question des brouillards de
Londres. « D'observations prises du clocher de
Saint-Paul et de la Tour du Parlement, dit un
passage du rapport, il ressort qu'en raison de la
fumée, l'extrême limite de visibilité d'un point
élevé de Londres est, en hiver, dans les circons-
tances les plus favorables, de 2.400 mètres. »
A mesure que s'accroît l'étendue de la Métro-
pole* s'accroît aussi ce sérieux désagrément. Plu-
sieurs des Conseils de Bourgs et la « Société pour
combattre la fumée » ont, en conséquence, prié
le Conseil de Comté de Londres et le Conseil de
la Cité de Westminster d'entreprendre une en-
quête sur tous les genres de foyers et de four-
neaux à cuisine, afin de constater s'il existe un
appareil construit de façon à ne pas émettre de
fumée et d'un usage en même temps pratique et
économique ».
La « Société pour combattre la fumée » a, de
son côté, procédé à de nombreux essais de four-
neaux de cuisine et de foyers de chauffage ; les
130 expériences qu'elle a faites à ce sujet l'ont
convaincue que l'on peut doter les maisons d'ha-
bitation de foyers entièrement fumivores ne coû-
tant pas plus que les foyers actuellement en
usage et consumant même un peu moins de
charbon. Le foyer choisi par la Société comme
résultat de ses recherches vient d'être adopté par
le gouvernement pour un bâtiment public ayant
des centaines de pièces à feu. La Société offre
d'ailleurs, sans demande aucune de rétribution,
son modèle approuvé à tout fabricant d'appareils
de chauffage et de cuisine qui désire le reproduire.
Et elle espère que l'opinion publique obligera
bientôt tous les constructeurs de maisons à ne
mettre dans les nouvelles bâtisses ou dans les
bâtiments à réparer de fond en comble que des
foyers de ce type.
Sur le même sujet, sir Charles Cookson, dans
une lettre adressée aux Daily News, fait ressortir
qu'il n'est besoin ni de foyers d'un nouveau
modèle ni d'appareils dispendieux pour suppri-
mer la fumée des foyers domestiques. Il suffit,
dit-il, de brûler dans les foyers ordinaires, à la
place de charbon fumeux, du coke ou de l'anthra-
cite et d'allumer le combustible au moyen d'une
rampe de gaz placée sous la grille; enfin, pour
(I) L'année dernière, 242 procès de cette nature, intentés
par le Conseil de Comté, ont coûté aux Compagnies de
chemins de fer traversant Londres une somme totale
d amendes de 14.000 francs, avec 2.200 francs de frais.
859
mocratiqueet n'a d'autre résultat que de favoriser
les communes rurales au détriment des grands
centres de lumière et de civilisation.
Si les grandes communes belges voulaient
user des moyens dont elles disposent pour faire
modifier le régime actuel du fonds communal,
elles auraient raison, j'en suis convaincu, de
l'arbitraire gouvernemental.
Le voudront-elles ?
Louis BERTRAND,
Député de Bruxelles,
Écluvin des finances de Schaerbeek.
LA LUTTE CONTRE LA FUMÉE
Si la poussière est la plaie des routes de cam-
pagne, la fumée est une des grandes misères dont
souffrent les villes.
Londres est, comme on le sait, la ville des
brouillards, non-seulement des brumes grisâtres
permettant encore d'entrevoir l'aspect des choses
et des gens, mais des brouillards « purée de pois »
au voile jaunâtre si épais que l'on ne distingue
plus dans les rues ni bêtes, ni gens, ni maisons,
ni véhicules et que, pour se guider, le sens du
toucher doit être à peu près complèrement
substitué au sens de la vue.
Or, l'opacité de ce brouillard qui s'étend en
couches denses sur la ville, principalement sur
les districts longeant la Tamise, est dû pour la
plus grande partie à la fumée de la houille.
Les autorités locales, et à leur défaut le Conseil
de Comté de Londres, ont le pouvoir de pour-
suivre les industriels qui projettent les fumées de
leurs hautes cheminées dans l'atmosphère lon-
donnienne ; et quant aux locomotives qui cra-
chent leurs noirs tourbillons de nuages charbon-
neux dans les rues de Londres, le Conseil de
Comté ne s'est pas fait faute de poursuivre les
Compagnies de chemins de fer auxquelles elles
appartiennent (i). On est ainsi parvenu à dimi-
nuer l'émission de la fumée dans l'atmosphère,
en obligeant fabricants et chemins de fer à em-
ployer des foyers fumivores ou à brûler du
■ charbon non fumeux. Mais les autorités ne peu-
vent rien jusqu'ici contre la fumée qu'émettent
les cheminées particulières. Et la quantité de
cette fumée n'est cependant pas négligeable. Au
dernier recensement, on a constaté qu'il y avait
à Londres 571.768 maisons habitées, possédant
chacune, en moyenne, de six à huit cheminées.
Bien entendu, tous les foyers ne sont pas allumés
en même temps ; d'après un récent rapport du
Conseil de Comté de Londres, on peut compter
qu'un million de cheminées particulières émet-
tent chaque jour leur contingent de fumée dans
l'atmosphère. Cette fumée joue une partie im-
portante dans la formation du voile obscur qui
enveloppe si souvent Londres en automne. Il y
a quelques mois, l'Office météorologique institua,
à la requête du Conseil de Comté, une série de
recherches sur la question des brouillards de
Londres. « D'observations prises du clocher de
Saint-Paul et de la Tour du Parlement, dit un
passage du rapport, il ressort qu'en raison de la
fumée, l'extrême limite de visibilité d'un point
élevé de Londres est, en hiver, dans les circons-
tances les plus favorables, de 2.400 mètres. »
A mesure que s'accroît l'étendue de la Métro-
pole* s'accroît aussi ce sérieux désagrément. Plu-
sieurs des Conseils de Bourgs et la « Société pour
combattre la fumée » ont, en conséquence, prié
le Conseil de Comté de Londres et le Conseil de
la Cité de Westminster d'entreprendre une en-
quête sur tous les genres de foyers et de four-
neaux à cuisine, afin de constater s'il existe un
appareil construit de façon à ne pas émettre de
fumée et d'un usage en même temps pratique et
économique ».
La « Société pour combattre la fumée » a, de
son côté, procédé à de nombreux essais de four-
neaux de cuisine et de foyers de chauffage ; les
130 expériences qu'elle a faites à ce sujet l'ont
convaincue que l'on peut doter les maisons d'ha-
bitation de foyers entièrement fumivores ne coû-
tant pas plus que les foyers actuellement en
usage et consumant même un peu moins de
charbon. Le foyer choisi par la Société comme
résultat de ses recherches vient d'être adopté par
le gouvernement pour un bâtiment public ayant
des centaines de pièces à feu. La Société offre
d'ailleurs, sans demande aucune de rétribution,
son modèle approuvé à tout fabricant d'appareils
de chauffage et de cuisine qui désire le reproduire.
Et elle espère que l'opinion publique obligera
bientôt tous les constructeurs de maisons à ne
mettre dans les nouvelles bâtisses ou dans les
bâtiments à réparer de fond en comble que des
foyers de ce type.
Sur le même sujet, sir Charles Cookson, dans
une lettre adressée aux Daily News, fait ressortir
qu'il n'est besoin ni de foyers d'un nouveau
modèle ni d'appareils dispendieux pour suppri-
mer la fumée des foyers domestiques. Il suffit,
dit-il, de brûler dans les foyers ordinaires, à la
place de charbon fumeux, du coke ou de l'anthra-
cite et d'allumer le combustible au moyen d'une
rampe de gaz placée sous la grille; enfin, pour
(I) L'année dernière, 242 procès de cette nature, intentés
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