Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1894-07-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juillet 1894 18 juillet 1894
Description : 1894/07/18 (Numéro 11527). 1894/07/18 (Numéro 11527).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k613221z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
61, rue Lafayette, 61
A PARIS
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, TROIS MOIS. . 5 pb.
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UN AN..; 18 fjr.
UN NUME RO ; 5 C ENTIMES
Tous les Dimanches
LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : 5 CENTIMES
ABONNEMENTS DEPARTEMENTS
TROIS MOIS.............. 6 PB.
SIX MOIS.... 12 Fit.
UN AN.... 24 FB.
MERCREDI 18 JUILLET • 183Ï
199 HSAINT THOMAS D'ÀQUIN -—-~163
TRENTE-DEUXIÈME" ANNÉE (N UMÉRO 11527)
US3 MANUSCRIT3 MS S3MT PAS RSND'JJ
. PERRIERE EDITION
Société anony me du Petit Journal
CAPITAL : VINGT-CINQ MILLION»;,
JLVIS AUX ACTIONNAIRES
_ Le Conseil d'administration de la
Société anonyme du Petit Journal a
décidé la distribution d'un deuxième
acompte de 15 francs par action sur le
dividende de l'exercice 1894.
Cet acompte sera payé en échange-du
coupon n° 51, sous déduction des impôts,
à la Caiss9 sociale du Petit Journal
61, rue Lafayette, à Paris, à partir du
1"' août prochain, de dix heures à midi
etde.une heure et demie à quatre heures.
Le montant net sera de :
14 fr. 40 pâr action nominative;
13 fr. 90 par action au porteur.
Un ministre d'autrefois
- Les difficultés que l'AnglcteFre'noùs sus-
.cite dans le monde donnent, un intérêt ac
tuel aux mémoires d'un ministre de la ma
riné de Charles X, que vient de publier la
Revue de Paris. s ' ■
.11 s'agit dubaron d'Haussez, un homme
d'ordre et d'autorité, qui porta à un haut
degré l'orgueil du nom français. Il le
prouva dans, des circonstances décisives
pour la politique de notre pays. -,
' ' " - * - «•-' ' "
• - ■ ' V v * # ' ' v *'
En 1829, lors de l'arrivée aux affaires du
cabinet Polignac, " la question, algérienne
venait d'entrer dans une phase aiguë. L'in
sulte faite à notre consul, M. Deval, qui.
avait reçu le 30 avril 1827 un coup d'éven
tail du dey' d'Alger, avait été renouvelée lé
3aqûtl829 par un outrage, public et pré
médité au drapeau: français : le vaisseau la
Provence, quiavait conduit devant Alger le
contre-amiral .de la Bretonnière pour y. trai
ter delà fin du blocus de la régence^ fut
canoiiné en plein jour par les batteries de là
ville au moment de son appareillage, et bien
qu'il pqrtât en tète de. son mât le pavillon
parlementaire. Onze boulets atteignirent la
coque du bâtiment français, qui sortit du
port calme et dédaignejix, sans répondre à
l'injure. " ,
; Quand ces/graves nouv'ellés parvinrent à
Paris elles causèrent une vive émotion. On
sentit l'affront qui nous avait été infligé.
Une expédition enger parut dès lors à M. d'Haussez et à son
collègue delà guerre comme la seulerépara-
tion admissible et proportionnée à la gra
vité de l'offensé. Aussitôt les bureaux delà
guerre et de là irfarine étudièrent les moyens
d'assurer le transport:et le ravitaillement
d'une trentaine de mille hommes .à débar
quer dans le voisinage d'Alger.
Mais le prince de Polignac et le dauphin
désapprouvaient nettement cette expédition
qu'ils regardaient comme chanceuse et dif
ficile. Il fallut-que M. d'Haussez déployât
contre eux toutes les ressources, de son es
prits-toute l'énergie de son caractère-pour
réussir à„les faire revenir sur leur impres-
sion première et pour entraîner du même
coup Charles X à son opinion. .
_ Lorsque le conseil eut approuvé lé prin
cipe d'une grande Expédition militaire, il
devint nécessaire de traiter la partie diplo
matique de la question* et sur ce terrain en
core, bien qu'il sortît de la sphère d'action
du ministre de la marine, M. d'Haussez eut
à agir et à lutter.
~ C'est, d'ailleurs, au côUrs de : <ïës "luttes
qu'il montrajusqu'à quel point il avait le
sentiment de l'honneut" et de la dignité delà
France. ■
L'ambassadeur d'Angleterre,lord Stuart,
désespérant de recevoir de M. de Polignac
autre chose que des paroles vagues et éva-
sives sur l'objet final de l'entreprise proje
tée, s'était persuadé qu'il : obtiendrait de
M. d^îlaussez de plus amples et de plus
claires explications.
Il eut donc à' plusieurs-reprises des en
tretiens avec ce ministre, et, certain jour,
il se hasarda à affirmer que nos préparatifs
n'étaient pas sérieux, quenoUsnecherchions
qu'àintimider le dey, qu'il le savait, etc.,
etc. Cette façon de plaider le faux pour
saVoir le vrai exaspéra M. d'Haussez qui lui
répondit avec vivacité :
— Nous ne faisons pas mystère de nos
préparatifs, le .roi veut que l'expédition se
fasse et elle se fera.
— Vous croyez donc que l'on, ne s'y op
posera pas?
— Sans doute, dit M, d'Haussez, qui l'o
serait ? '
—- Qui ? nous les premiers, repartit lord
Stuart.
— Mylord, la-France se f:.. de l'Angle
terre. Elle, fera dans cette circonstance ce
qu'elle voudra, sans ; souffrir de contrôle.
Nous ne sommes plus au temps où vous
dictiez des lois à l'Europe. Votre influence
était basée sur vos trésors, vos vaisseaux, et
une habitude de domination. Tout cela est
usé. Vous ne compromettrez pas ce qui
vous reste d'influence, en allant au delà dë
la menace. Si vous voulez le faire, je vais
vous en donner les moyens. Notre flotte
sera prête à mettre à la voile dans les der
niers jours de mai. ' '
Elle s'arrêtera, pour se rallier-, aux îles
Baléares. Elle opérera son débarquement à
l'Ouest d'Alger. Vous voilà informé de si
marche, vous pouvez la rencontrer si : la
fantaisie vous en prend. Mais vous ne le
ferez pas, vous n'accepterez pas le défi que
je vous porte, parce que vous n'êtes pas en
état dè le faire... •
; Cette, sortie, débitée sur un ton qui n'ad
mettait pas de réplique, déconcerta l'ambas
sadeur anglais. Le langage hautain que M,
d'Haussez lui avait, tenu suffît à lui faire
comprendre que la France, sûre, de son
droit et confiante dans ses propres forces,
était bien résolue à une expédition sérieuse.
Lord Stuart se le tint pour dit et . jamais
plus il n'osa reparler de cette affaire.
La dernière opposition' que rencontra M.
d'Haussez,vint de la marine. Le conseil
d'amirauté, les amiraux, étaient presque
unanimes à considérer le -débarquement
comme une témérité sans nom.. Ceux qui
n'allaient pas. jusqu'à prononcer cette
condamnation absolue" de ; l'expédition s'ac-'
cordaient du moins à déclarer que les pré
paratifs: ne seraient,jamais achevés pour la.
saison favorable. C'était l'avis de l'amiral
D uporré choisi, pour le commandement en *
chef de la flotte. ■
C'était encore l'avis de l'amiral Roussin
qui,. pour, avoir formulé vivement ses criti
quas, s'était vu privé ,de ce poste d'hon-
neùr. Il y avait de quoi, on 1!avouera, ébran
ler la confiance d'un ministre qui n'était pas
du métier.M^is.la conviction de M. d'Haus
sez était forto. II avait la foi. Les rapports?
de. deux jeunes officiers de ■ marine em
ployés au Blocus, MM. Dupetit-Thouars et
Gay de Taradel, lui avaient donné sur les
facilités d'un débarquement en Afrique des
clartés qui échappaient ..à ; no,s vieux ami^.
raux..:.' ' ,
Prenant le parti de ces jeunes capitaines
de frégate, le ministre persista dans ses
•résolutions et, pour réponse aux objections
de la haute marine, il intima Tordre à l'ami
ral Duperré de sè rendre sur-le-champ à
Toulon, d'y armer les vaisseaux de guerre
et d'y préparer tous les transports néces
saires ; én même temps, il'exigea qu'on fût
prêt en trois'mois au lieu de huit, et comme
on,était.alors au 12 mars, ce délai remettait
au plus Jard au 12 j uin l'appareillage de la
flotte. .
« Sa confiante étonna, dit M... Camille
Rousset; puis gagna les. plus incrédules. A
Toulon, dans tous les arsenaux et ports- de
guerre, on travailla sans relâche, et l'amiral
Duperré, revenu promptement de ses dou
tes, put se félicite^ avec le ministre des pro
grès qu'il avait à lui signalertousles jours. »
En effet, dès qu'il fallut passer à l'exécution
des ordres du ministre, la marine fit taire
toutes ses hésitations. Elle n'eutplus qu'une •
pensée : étonner par son activité merveil
leuse. Elle y réussit si bien que le' 25 mai,
vingt jours avant la date prévue, les vais-
s.eaux de l'amiral Duperré vidèrent la rade
de Toulon pour jeter sur la terre d'Afrique
les futurs conquérants d'Alger. .
Ainsi M. le baron d'IIaussez, apportant
dans cette question algérienne toute la téna
cité d'un homme convaincu,- avait triomphé
successivement de tous les obstacles ren
contrés sur sa route : opposition du dau-
Shin, machinations de M. de Polignac,
ostilité de l'Angleterre, inertie de la ma
rine. Et grâce à la persévérance de . ses ef
forts, le gouvernement qu'il servait allait
donner à la France la plus riche, la plus en
viable de ses* possessions d'outre-mer.
: as -V .
* *
Lés services rendus par M. d'IIausséz lui
assureront l'honneur qu'il ambitionnait,
celui d'avoir son nom « classé parmi ceux
des ministres dont la marine conservera .le
souvenir ». Les sauveurs d'Etat sont très
rares, dit-il quelque part dans ses mé
moires. Il aurait pu ajouter que les bons
ministres sont très rares aussi. On. voit trop
souvent le pouvoir encombré par des,hom
mes qui- n'apportent à, la: tête des, grandes
administrations qu'ils dirigent ni un pro
gramme, étudié, ni iin plan médité, qui
sont flottants, indécis et toujours prêts à
donner raison à leur dernier interlocuteur,
qui écartent là plus légère velléité de-ré
forme parce qu'elle dérangerait leur égoïste
quiétude et qui, toùtà la joie.de leur élé
vation inespérée, n'ont même pas conscience
que le fardeau qu'ils portent est trop lourd
pour leurs épaules. . ••• ••••■»#**
Le baron. d'Haussez n'avait aucun de ces
défauts et il avait, eh plus, cette qualité
maîtresse qu'on appelle le caractère : aussi
futril un ministre vraiment digne de ce ti
tre. Son attitude pourrait servir d'exemple
à beaucoup de ses successeurs. .
.,. .i Thomas Grimm.
Eclios c ie pa,rtaixt
Le baron Beyéns, ministre de Belgique
en Fran.ce, vient de mourir, à Presles. (Seino-et-
Oise) où il se trouvait en villégiature chez sa
iijle, Mme Furtado.
M. Beyens était né à Bruxelles en 18151
Il débuta très jeune dans la carrière diplomati
que et fut d'abord attaché à la légation belge
de La Haye, puis à celle de Madrid.
11 vint à Paris en 1852 en qualité de conseil
ler ; en 1864, il succéda à M. Rogier comme
chef du poste. ; ,
Il y avait donc quarante-deux ans qïîe le ba
ron Beyens était à Paris. Le 2.4 janvier dernier,
on avait fêté l'anniversaire de la trentième an
née de sa nomination comme ministre plénipo
tentiaire, et cette solennité avait été.i'occasioii
d'un grand nombre de manifestations de sym
pathie. ■ - '<-• Xt .
- Le baron Beyens était grand-officier de la
Légion d'honneur.
Le. fownal officiel a publié hier matin- un
décret portant que les lettres simples, c'est-à-
dire' ne pesant pas plias de quinze grammes,
provenant ou à l'adresse des militaires' opérant
dans le haut Oubanghi Seront admises à cir
culer en franchise par la
*■ . .. .
Prix, Giffard pour.1896 :
La commission des ingénieurs civils de
France, chargée de déterminer le sujet du
concours pour le prix Giffard à décerner en
1896, s'est arrêtée à la question suivante t :
« Transmission de la puissance motrice : à
« l'aide de l'électricité,.soit aux machines-outils
» d'un atelier, soit aux : machines d'une ligné'do
d chemin de fer ou d'une ligne de tramways,
« soit aux appareils divers d-un pont, d'un na-:
» vire, d'un dock; d'un chantier de travaux pu-
» blics, etc. » 1 ' . ;
Le concurrent devra commencer son mémoire
par une revue sommaire de l'état du sujet qu'il
aura choisi, puis présenter la description d'un!
travail'exécuté ou d'un avant-projet susceptible
d'exécution.
Les prix précédents n'ayant pas été intégra
lement décernés, les sommes restant sont cumu-;
lées avec le prix de 1896, dont Ja valeur sera,
ainsi de 6,000francs.
•*©♦- ■ • ■ V'.,'
M.-Edouard André, ancien député, dofit l'hô
tel du n<> 158 du boulevard Hàussmann faisait,
l'admiration ,des Parisiens", est mèà't ljiér matjn,
à l'âge de soixante' ans, succombant à une lon
gue maladie. Il- était ^chevalier de la Légion
d'honneur. , : v
Très épris d'art,' possédant une rarissime
galerie de tableaux, le défunt avait épousé il y
a quelques années un • peintre- de talent,
Mlle Jacquemart.
Ses obsèques auront lieu demain jeudi, &
midi, à l'église protestante du Saint-Esprit, rue
Roquépine. ' ,
L'innum|tiop lieu au cimçtjère duPÊre-;
Lachaise. ' * ■. '/-•*' . , j
En exécution d'un arrêté du gouverneur du-:
Soudan, en date du. 28 mars, dernier, on élève
en ce moment à Tombouctou un monumentaux
officiers, sous-officiers .et soldats français tués
à l'ennemi le 28 décembre 1893 et le 15 jan
vier 1894'à Kabara et à Goundjjjg,.
Un concours peu banal :
f La Revue «Misse de Photographie ouvra un
concours ayant pour but de déterminer par la
photographie la forme exacte d'une goutte d'eau,
pendant sa chute. ...
Nos compatriotes, MM. Marey et Janssen, de
l'Institut, et le docteur Eder, conseiller d'Etat,;
professeur à Vienne, font partie du comité de
patronage. • - ■ , t ■
Les photographies sur verre, pellicule ou pa
pier dçvront être adressée^ au directeur de la
Revue, à Genève, avant le 15 octobre.
' V ... . ■■ "-ri. ' ■ "■ 'I. ' ■■
U LOI COM LES SEMES MRCHISTES
On verra .d'autre part que" la discussion
du projet de lôi contre les menées.anarchis
tes a commencé hier. Elle durera plusieurs
séances, eh raison du nombre des orateurs
inscrits (18, non compris les ministres et le
rapporteur) et de la quantité, des amende
ments déposés. Le groupe socialiste seul en
a déposé une vingtaine.
. M) ; Flandin a déposé. l'amendement sui-
vantlau projet : . . :
Ajouter à l'article 2 le [paragraphe suivant :
Laicondamnation no pourra être prononcée
sur l'unique déclaration d'une personne affir
mant avoir été l'objet des incitations ci-dessus
-spécifiées,' si cette déclaration n'est pas corrobo
rée-par un ensemble de charges démontrant la
culpabilité, et expressément visées dans le'
jugement de condamnation.
Cette disposition est acceptée par le gou
vernement et par la commission..
'm wmm . , ■ ■ .—i.., - i .ii ■ ' i i-1 • '
ArriBsUition sesas£&tioiinelSc
(Dépêches de notre correspondant)
" , ■ Bourges, 17 juillet, 5 ,h. 30. "5S.-
Sur mandat du proçureur général le parquet
de' Samt-Amand s'est rendu à Sidiailles pour
arrêter en son château de Preslé le marquis de
Nayve, ancien maire de la commune.
r 8 heures soir.
Le marquis dé,Nayve n'a : pas été arrêté ,en
son château de Presle,- situé commune de
Cuffy, mais en gare du Guétin, à son retour
d'un voyage en Suisse,' où il était allé, accom
pagné de son fils. Les*gendarmes l'attendaient
depuis plusieurs jours, sur l'ordre du parquet
qui à réuni, paraît-il, des preuves suffisantes
pour justifier cette arrestation.
On parle d'un crime remontant à quelques
années. Le marquis de -Nayve a été conduit à
pied du Guétin. àla Guèrchè; Un: certain nombre
d'habitants et quelques conseillers municipaux
socialistes • ont fait sur son passage_ une dé
monstration hostile. M. de Nayve a été conduit
ensuite par-train spécial à Saint-Amand; :
Cette affaire, des plus délicates, cause dans le
pays une grosse émotion. Mais tout lé monde
corflprend q^'il ne faut- pas se hâter de se pro
noncer-sur ce grave incident.
VOITURES SANS CHEVAUX
Avant les épreuves. — Tirage au sort
des itinéraires. — Programme de la
journée d'aujourd'hui.
Déjà.Paris était hier sillonné de voitures
mécaniques-. Nous -en «avons- vu passer qua
tre dans la rue Lafayette, deux aux Champs-
Elfséés, en moins d'une heure. Chacun' 1 ar
rive au rendez-vous et prend ses dernières
dispositions pour se rendi?e aujourd'hui à
Neuilly, o.ù l'expositiçn est annoncée à
deux heures.
X
Le tirage au sort des itinéraires de cha
que épreuve préparatoire s'èst fait hier
dans les fcureatix du Petit Journal, où la
plupart des concurrents s'étaient réunis.
Nous avons amicalement causé ensemble
des épreuvês qui se préparent et qui préoc
cupent à juste titre le monde de la méca
nique. :
Puis une jeune fille, avec la main de l'in
nocence, a gracieusement extrait d'un cha
peau les numéros, des itinéraires, qui opt
été affectés comme suit : . ....
JOURNEE DE JEUDI
Sont désignées pour l'itinéraire n° 1 les voi
tures suivantes : .
N°? <3 MM. de Dion, Bouton et Cie.
— 13 MM. Panhard etLevassor.
— 21 M. Letar., ,
— 30 MM. les fils de Peugeot frères.
Pour l'itinéraire n° .2l ■
N os 10 M. Scotte.
15 MM. Panhard et LevasSor.
— 25 M.Goquatrix. î
28 MM. les fils de Pcvyïeot frères.
■— 44 M. de Prandières-
Pour l'itinéraire n° 4 : .
Nos 7 . M. Gautier.
— 18 ' M. Archdeacon.
— 19 M. Le, Blant.
— 37 M. Loubières.
42 M. Le Brun.
voz-
Poar l'itinéraire n° 5 : ,
N°" 4 M. de Dion. ;
— 16 M. Quantin^ \
— 27 MM. les fils de Peugeot frères.
— 29 Les mêmes. ■. . «
— 40 M. Lemoigne.
Pour l'itinéraire n° 6 : ■ -s'
N os 12 M. Tenting.
—- 14 MM. Panhard et Levassor, ,
— 24 M. Vacheron.
— 31 MM. les fils de Peugeot frères.
JOURNEE DE VENDREDI '
Sont désignées pourTitinéraire. n° 1 les
tures suivantes :
N os 51 M. Lepape. , ' :
— 64 MM; Panhard et Levassor.
— 72 M. Tamarelle. ' '
— 79 M. Baudet. -
— 88 M; Jentau'd.
. Pour l'itinéraire n® 2 t ; :
N os 60 M. Leblanc.
— 71 M. Klaus. ...
— , 74 -M. Meyer. ■
•:— 99 M. Bonnefils. :
Pour l'itinéraire n? 4 : • I
N°» 62 M. Mallarmé.
—v 68 MM. Garnier et Delannov.,,
— 84 M. Plantard..
— 91 M. Carli.
— 100 M. Bellanger.
Pour l'itinéraire n° 5.: . ■ >-
Nos 61 m. R. de Montais.
— 67 M. Lebesque.
— 77 M. Reverseaux.
,— - 85 M, Roger. ' '
Pour l'itinéraire n° 6 :
N 0 ® 52 Société parisienne. ' ',
53 M.deBouvinont.
— 65 MM. les flïs de Peugeot.frêres.. '
— 75 M. Dessailx.
— 87 M. Landry.
— 101 M. J. Mary.
Samedi matin, ^examen supplémentaire
pour ceux qui n'auront pu se présenter les
autres jours.
X
Le programme de la journée d'aujour
d'hui-mercredi est simple : à midi, MM. les
concurrents sont invités à prendre leur place
jusqu'à deux heures au rond-point d'Inker-
mann, à Neuilly.
. A,deux heures, exposition publique jus
qu'à six heures, et entièrement gratuite
des voitures qui doivent se présenter au
concours. Toute évolution sur la place est
interdite. ' . ' ;
Chaque voiture doit -demeurer au repos
jusqu'à six heures à-l'endroit qui lui aura
été assigné par les soins de trois rédacteurs
du Petit Journal, délégués à cette org^pjsa-
tion. . . , r ■ •
. L'approche du concours fait venir à
Paris des savants et des amateurs de tons
les pays, qui ont l'extrême amabilité denous
rendre visite avant de se mettre àl'étvidedes
modèles que le concours va réunir.
Citons d'autre part-l'arrivée de journalis
tes spéciaux, anglais et américains, ainsi que
celle d'un envoyé de deux journaux de Lis
bonne. .
The Enginecr, la grande revue ; technique
anglaise, a délégué M. Dolby aux diverses
épreuves. La Nalïire y est représentée par
notre éminent confrère Gaston Tissandier
et son collaborateur, M. Hospitalier ; le Gé
nie civil par M. Bourdil, la Jievue technique
par M. Yves Guédon, le Bulletin de la So
ciété,des. anciens, élèves des Ecoles d'Arts et
Métiers par M. Mesureur, etc.
D'autre part la liste des ingéniéurs qui :
ont. bien voulu se -mettre .pour quelques
heures à notre disposition comprend des
anciens élèves des Mines, dé l'Ecole poly
technique,. de l'Ecole .centrale, des écoles
diverses d'arts et métiers.'Nous sommes
heureux d'avoir'ainsi groupé des hommes
sortis dé pépinières' scientifiques et indus
trielles aussi différentes. Chacun de ces
messieurs a dû recevoir hier au plus tard
sa convocation. Les uns .-sont affectés à lai
journée de-demain jeudi, les autres à celle
d'après-demain vendredi. ,
- x y:
Un détail : la fonderie de Poissy i. a pro
mis un licenciement général d'une heure à
tous ses travailleurs (ils -sont 400),. pour
leur permettre de voir passer les voitures
.qui fourniront l'itinéraire n° 2, de Paris à
Nantes - par Poissy et Triel, demain et
après-.demain. :
' X
Les petites brochures cfne nous avions fait
tirer par milliers ont été absorbées si vite
qu'il, n'y en a plus. Je ' reproduis ici, pour
{suppléer à ce vade-mecum de poche, le tracé
^des itinéraires qui vont être suivis demain
1 et après-demain par les concurrents :■ ••••
Itinéraire n° 1, — Paris à Mantes , par <
4'avenue de Neuilly, le rond-point des Ber-
! 'gères, Nanterre, Chatou, Le Pecq, Saint-
Germain, Ecquevilly, Flins et Ep.one (47
kilomètres environ de la Porte^Maillot). *
, Itinéraire ^ 2. — Paris a Mantes , par
l'avenue de Neuilly, ..Courbévoie, Bezons,
Houilles, Maisons-LaffiLte, la Croix-de-
Neâilles, Poissy, Triel, Vaux, Meulan, Ju-
zi.ers et Limay (51 kilomètres environ), j
. L'itinéraire n° 3, de Paris. à Magny-en-
-. Vexin, est supprimé comme étant' trop dé
fectueux. f ) .
Itinéraire n" 4. — De Paris a Ramboûil-
i.ÉT, par le pont de Neuilly, Puteaux, Su-
'resnes, Montretout, Versailles, Voisins-le-
Bretonneux, Dampierre erGarne (50 kilo
mètres environ).
... Itinéraire n" ô De Paris a Corbeil,"
parle pont de Neuilly, Puteaux, Suresnes,
Versailles, Palàiseau, Long.jumeau, Epinay-
;sur-Orge,' -Liers-,--Gourcouronnes et- Ès-
fsoiines (56 kilomètres environ). \ \ \
Itinéraire n 0 6\—De Paris a PréCY-Sur-
,Oise , par l'avenue de Neuilly, le quai de la
Seine, rive droite, Je quai Michelet (Leval-
-îois), le pont de Clioby (celui d'Asnières
.étant barré), Gennevilliers,- Epiriay', Saint-
Gratien , Eaubonne, Saint-Leu-Taverny,
Méry, Mériel, l'Isle-Adam,. Bcaumont-
'sur-Oise, Bernes, et Boran (52. kilomètres
'environ).
X
Ainsi qu'on vient de le voir, tous les i^i*
néraires passent par l'avenue de Neuilly»
C'est donc là qu'on verra le plus grand nom*
bre de voitures se mettre en marche chaque
jour. Deux passent par Suresjjes et Ver»
sailles.
,... 'X
La direction du Vélodrome do Rouen
nous .prie d'annoncer aux intéressés qu'elle
dispose d'un grand: local couvert sous le
■toit duquel on peut remiser une vingtaine
de voitures. Voilà qui est fait. ^ 'l
Nous avons déjà donné le proguamme'de
la journée de: dimanche ; précisons-le anou-
veau . .. •
Départ de Paris.. 8 h. du matin
Arrivée à Mantes. . midi
Départ de Mantes.: 1 h. 1/2
Arrivée à Rouen., vers 8 h. du sois
(Arrêt de 15 minutés à Vernon ; arrêt de
15 minutes à Pont-rde-I'Arche.)
Sôit en tout 10 heures de route effectivei
pour 128 kilomètres. '
Il va de soi' que les concurrents sont
libres de se rendre à Rouen à une allure
plus, rapide que celle ci-dessus indiquée;
Toutefois nous leur rappelons qu'il ne sera
tenu aucun compte d'une vitesse supérieure"
à 12 liil. 500 à l'heure, et nous faisons appeï
à l'intelligence pratique do ces .messieurs
pour 'que le voyage de Rouen s'accomplisse
le plus possible en colonne, chaque voiture
suivant la voiture précédente à distance
raisonnable, avec ordre, comme un concours
pratique, et non comme une course qui n'au
rait pour' résultat que d'effrayer le' public
au lieu de le conquérir.à la locomotion de
l'avenir, tout en contrevenant à l'ordon
nance actuelle du préfet'de police que les
autorités de chaque département, traversé
ont prise à leur compte. .■ ■■■■ î ■:
> Jean sans Terra.
P.-JS. — Le premier départ se. fera de
main matin de la Porte-Maillot, à 8 heures
précises. ■ • - • • -v . 1 ■
Le rendez-vous est pour 7 heures 1/2,
heure militaire. , • .
Les conducteurs de voitures sont préve
nus une fois encore qu-ils devront exhiber
leurs papiers au délégué de la préfecture do
police, qui se tiendra, dès, 7 heures âO, sur
le boulevard Maijlot,. à la grille du Bois dé
Brfulogne. •: ■
Ajoutons avec reconnaissance que M. Mi
chel Lévy, l'ingénieur en cheï des mines
chargé de l'examen des'voitures, 26, rue
Spontini, .se multiplie avec une bonne grâce
cnavmante pour faciliter aux postulants les
courts examens- exigés par la préfêcture.
On'sent que, là encore, il y a vin esprit
novateur qui travaille , et qui voudrait
comme nous voir la question si intéressante
des voitures automotrices faire un grand pas
ces jours-ci. M. Michel Lév.y,recevra en-.
—18— FEUILLETON DU 18 JUILLET.180S .(1)
FLEUR DES NEISES
fnEMiinB puma
MONETTE
'. ' IXfSuileJ
tok famille de Gesdres
Seul, il n'avait pas parlé.
Si tu es trop inquiète, maman, dit-il
doucement,'je puis courir derrière la cara
vane et la rattraper. Je connais bien le che
min, va... et si-je suis avec papa, ça te ras
surera peut-être. . .
Elle tressaillit. "
• — Est-ce que tu ne (Trois pas .le temps
iûr? demanda-t-elle en s'arrétant.
Il* n'y avait pas un atome de vent. Ce
pendant le jeune homme flaira un instant
du côté de la montagne avec ses fines nari
nes dilatées et dit"
— Il m'a semblé sentir l'odeur des lis
qui sont, dans ce moment-ci, en abondance
autant dans le val de Litayrolles que dans
celui d'Esquerry. > '
Si ce parfum me vient de Litayrolles, le
vent d'autan pourrait bien se lever.
Mais comme il. lui sembla que le visage
de Lise s'altérait, ii ajouta :
— Bast ! dans cetter saison, le vent d'au-;
tan n'est pas à craindre, et il ne peut pas
amener d orage.
Ces mots rassurèrent -Mme Escaméla. -
(i.TraducUfto et reproductwD iaJerdilca.
Non, merci, dit-elle, reste, mon Anto-
niet. Tu iras dans le refuge montrer, à cette
belle demoiselle les jolis tableaux que; tu as
faits l'hiver dernier à Toulouse et comment
un joli petit guide de nos .montagnes peut
être en même' temps ;ûn grand artiste en
herbe. .
Il rougit de plaisir, oubliant du coup
toutes ses inquiétudes, pendant ' que Lise
ajoutait : • . v
— Va-t-en te faire beau, toi aussi, pour"
les _accompa ! gner,_ > quand viendra le jour ;
rncti je vais voir si mon petit-lait se filtre
bien et si tout est en ordre dans la laiterie.
L'orags ' : ■ '
; - Jamais Margùeiite,n'avait rien vu d'aussi
joli que 1 le petit palais de Monette et d'Anto-
niet, surtout avec les. beaux lis des Pyré
nées qui. encombraient le jardin, et qui, vu
la dùùceiir'exceptionnelle de là saison, fleu
rissaient déjà. \ . ,
. Une adorable collection de jacinthes dpu-
bles, tout épanouies, encombrait la .pièce.
Maintenant, aux sculptures do jadis, aux
instruments de musique, se joignaient les
tableaux du jeune homme.
Cçmme l'avait dit Lise, c'était l'œuvre
peut-être d'un .grand artiste en herbe, mais
à coup sûr de quelqu'un qui était doué d'une
façon extraordinaire comme coloris, compo
sition, perspective; de quelqu'un que le
souffle de Dieu avait touché.-
.Mlle ; de Gesdres, en extase^ regardait
tout, mais surtout écoutait le panégyrique
ardent que Monette faisait de son frère.
Oui," mademoiselle-, disait l'adorable
fillette, il a /appris tout seul,, mon An-
toniet. Cette année seulement, martian a
consenti à lui faire prendre dos leçons pen
dant l'hiver à Toulouse; .Et ,1e professeur
lui a trouvé de telles dispositions qu'il a
conseillé de le faire entrer à l'Ecole des:
beaux-arts à Paria. ■ ■ ;
. Marguerite rougit un peu et dit :
— C'est une fameuse idée, et peut-être-
le moyen de se faire un nom dans l'avenir.
. — Ça n'arrivera jamais ! ,s'écria Antoiûét
les larmes aux yeux.
— Pourquoi. ; r _
— Parce,que. nôtre père désire que je
continue son métier, ,qué je sois guide
comme lui. Or, pour devenir un peintre de
talent, il est probable qu'il faut y consacrer
toute sa vie, et ne pas faire seulement quel
ques pauvre^, études ii temps perdu. ».
Si M.-Èscaméla voit que vous avez
réellement la vocation, il ne. vous refusera-
pas de vous' laisser allerdece côté-là. Savez-
vous que c'est un but qui vaut la peine)
qu'on se fatigue pour l'atteindre, .celui-là !.■
.Les yeux d'Antoniet, ces bea,ux yeux
noirs naturellement; si" brillants, .ressem-,
blaient à deux escarboucles.
Le sein un ; peu palpitant, Marguerite
continua: ' >
«— Voir son front couronné de l'auréole
de gloire que,finit.toujours par conquérirle
vrai talent mettre : son nom au niveau des
plus nobles, créer des œuvres que.-tout.le
monde admire: et qui deviennent immor
telles, n'est-ce pas fait pour tenter tout être,
ayant du cœur?.....
; . Pour ma part, je ne trouve rien, de -beau,
de grand, .de méritoire, compie de devenir?
quelqu'un,tout seul... -
: < Recevoir un titre, de l'argçnt, une .situa-
lion en naissant?.:. -,
Le beau mérite en vérité...
Tandis que conquérir tout cela, par sa vo
lonté, son intelligence, son énergie,! oh 1
c'est vraiment admirable !
Elle parlait avec un enthousiasme qui la
transfigurait toute, et en luifaisant dépouil
ler sa froideur voulue de fille bien élevée,
la montrait telle qu'elle- était,- avec -ses ar
deurs ^généreuses pour , tout ce qui était no
ble et grand. ,
Oui, on la voyait, fière,, enthousiaste,
droite, prisant au-dessus de tout la valeur
personnelle, l'effort intellectuel, le but
tenté. '
Les "deux enfants de Lise, v Antoniet sur
tout, ne respiraient plus.
Ah! qu'il y avait loin de.ces paroles lar
ges et hautes au peu qu'il avait vu : à Lu
dion où à Toulouse l'hiv.ér, dé tous ces pe
tits esprits si mesquins, si. étroits, pétris de
préjugés séculaires, ou de préceptes aussi
■ridicules que prudhommesques.
: Et si belle, ayee cela l;.;
Marguerite, en parlant,' semblait encore
avoir grandi.
Plus que jamais, son beau cou long rés-
sèmblàit à la hampe magnifique de la plus
superbe des fleurs. Sa tête,-un» peu rejetée
en arrière, rayonnait de foi et d'inlëlligence,.
ses yeux-semblaient remplis du Xeu divin
qui fait les artistes et les héros. - ■
. Et Monette, qui sentait ces choses aussi
vivement qu'Âatoniet, : ne put s'empêcher
■ de balbutier à l'oreille de celui-ci, encore
tout.. plein ' des. cultes et'des èouvenirs rap
portés de Toulouse : .; ■
— Clémencelsaure devait lui ressembler,
dis, Toniet? r .
/ -Et lui, sous Je , coup d'un charme Jivin,
jamais ressenti^ -. répondit naïvement à sa
sœur; - "
•—Elle ne pouvait pas être aussi belle, ce
n'est pas possible !;,.
Comme poussée par une force irrésisti
ble, Mlle de Gesdres, le teint animé, la voix
chaude ét vibrante, continua : -
— Père a un titre très ancien et fort au
thentique, sa fortune est immefiso ; eh bien,
quand-j'entends dire .autour .de moi —
G',est la fille du riche marquis de Gesdres,
ça'ne me foit* r;en, au contraire, je trouve
les gens stùpides et je les prends en pitié.
Mais lorsque je lis .une revue, , que je
vois le nom de père :. Gesdres tout court,
le plus souvent Pascal Gesdres, écrit en
grosses lettres... que je lis , après ce nom
des lignes comme celles-ci. : le savant dont
les découvertes extraordinaires honorent si
profondément la France sa.patrié... auquel
l'humanité tout entière devrait élever des
statues.-.". ' ,
Oh ! alors mon cœur se gonfle, mes veux
se mouillent de larmes, je suis fière... fière
au delà du possible...
Par,son. travail, son énergie, sa persévé
rance, père aussi est fils de ses œuvres, il
a relevé le prestige d'une race déchue ; à
: côté - d'un titre jadis glorieux,. et qui au
jourd'hui ne compte plus, il a mis i l'au
réole dè la science et de l'effort vain
queur-!... ' ' • . .
Elle s'était tue>- qu'-Aùtoniet les mains
jointes l'écoutait encore... -il devait en; son
cœur l'entendre toujours.,
■ La petite bonne queJLise envoyait avec
du pain et du beurre frais dans un panier
et du lait crémeux contenu dans une. boite
: de porcelaine blanche vint, interrompre la
! conversation ^enthousiaste des jeunes, gens.
a Sur la table-sculpCée jadis avec tant d'à-.
mour 'par Antoniet, le petit oouvert fut vito
dressé.
MlLe do Gesdres s'assit, tandis que Mo
nette empressée autour d'elle la servait^ lui
faisant les honneurs de son nid avec cette:
grâce douce et un peu hautaine qui était
naturelle à Fleur, des Neiges.
Une fois de plus, le contraste de cette
adorable tète- blonde exquise de finesse et
dé douceurà côté de ce visage à la beau t y
sculpturale fut si frappant qu'Antoniet, sen
tant tous ses instincts d'artiste se réveiller
à la fois, s'écria :
— O Monette, ô mademoisellé, je vous ea
conjuré, restez là, comme vous êtes, quel»
quos instants,'le permettez-vous?... Je serais
si heureux de vous peindre telles que j';
vous-vois en ce-moment toutes les deux..
Les jeunes filles ne pouvaient guèrfc râ .
sis ter à ce .désir exprimé avec un enthot
siasme dont rien ne saurait donner l'idée.
Elles s'enlacèrent avec une grâce infinis
et la mousse d'or des cheveux de Monett :
faisant ressortir les lourdes nattes brunes
de Mlle de Gesdres, les beaux yeux bleus
de l'une rendant plus profondes les prunel
les" noires do l'autre; le teint d'éclatante
blancheur si adorahlement, rosée de la pre
mière donnant un charme plus Irrésistible
à la chaude matité de la seconde,^ elles
offrirent ainsi aux yeux extasiés "du jeune
homme les plus adorables modèles qu'un
peintre puisse'rêver. r 1
En traits rapides, il les eut , vite esquis-
sees toutes les deux. P.ûis son pincèau har
bile, car il était déjà un coloriste . de pre,
: mier ordre, eut vite fait naître la viç sur 1^
toile blanche; , r - r--'
Ce n'était pas fait, ça ne ppuvait pas li„.
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MERCREDI 18 JUILLET • 183Ï
199 HSAINT THOMAS D'ÀQUIN -—-~163
TRENTE-DEUXIÈME" ANNÉE (N UMÉRO 11527)
US3 MANUSCRIT3 MS S3MT PAS RSND'JJ
. PERRIERE EDITION
Société anony me du Petit Journal
CAPITAL : VINGT-CINQ MILLION»;,
JLVIS AUX ACTIONNAIRES
_ Le Conseil d'administration de la
Société anonyme du Petit Journal a
décidé la distribution d'un deuxième
acompte de 15 francs par action sur le
dividende de l'exercice 1894.
Cet acompte sera payé en échange-du
coupon n° 51, sous déduction des impôts,
à la Caiss9 sociale du Petit Journal
61, rue Lafayette, à Paris, à partir du
1"' août prochain, de dix heures à midi
etde.une heure et demie à quatre heures.
Le montant net sera de :
14 fr. 40 pâr action nominative;
13 fr. 90 par action au porteur.
Un ministre d'autrefois
- Les difficultés que l'AnglcteFre'noùs sus-
.cite dans le monde donnent, un intérêt ac
tuel aux mémoires d'un ministre de la ma
riné de Charles X, que vient de publier la
Revue de Paris. s ' ■
.11 s'agit dubaron d'Haussez, un homme
d'ordre et d'autorité, qui porta à un haut
degré l'orgueil du nom français. Il le
prouva dans, des circonstances décisives
pour la politique de notre pays. -,
' ' " - * - «•-' ' "
• - ■ ' V v * # ' ' v *'
En 1829, lors de l'arrivée aux affaires du
cabinet Polignac, " la question, algérienne
venait d'entrer dans une phase aiguë. L'in
sulte faite à notre consul, M. Deval, qui.
avait reçu le 30 avril 1827 un coup d'éven
tail du dey' d'Alger, avait été renouvelée lé
3aqûtl829 par un outrage, public et pré
médité au drapeau: français : le vaisseau la
Provence, quiavait conduit devant Alger le
contre-amiral .de la Bretonnière pour y. trai
ter delà fin du blocus de la régence^ fut
canoiiné en plein jour par les batteries de là
ville au moment de son appareillage, et bien
qu'il pqrtât en tète de. son mât le pavillon
parlementaire. Onze boulets atteignirent la
coque du bâtiment français, qui sortit du
port calme et dédaignejix, sans répondre à
l'injure. " ,
; Quand ces/graves nouv'ellés parvinrent à
Paris elles causèrent une vive émotion. On
sentit l'affront qui nous avait été infligé.
Une expédition en
collègue delà guerre comme la seulerépara-
tion admissible et proportionnée à la gra
vité de l'offensé. Aussitôt les bureaux delà
guerre et de là irfarine étudièrent les moyens
d'assurer le transport:et le ravitaillement
d'une trentaine de mille hommes .à débar
quer dans le voisinage d'Alger.
Mais le prince de Polignac et le dauphin
désapprouvaient nettement cette expédition
qu'ils regardaient comme chanceuse et dif
ficile. Il fallut-que M. d'Haussez déployât
contre eux toutes les ressources, de son es
prits-toute l'énergie de son caractère-pour
réussir à„les faire revenir sur leur impres-
sion première et pour entraîner du même
coup Charles X à son opinion. .
_ Lorsque le conseil eut approuvé lé prin
cipe d'une grande Expédition militaire, il
devint nécessaire de traiter la partie diplo
matique de la question* et sur ce terrain en
core, bien qu'il sortît de la sphère d'action
du ministre de la marine, M. d'Haussez eut
à agir et à lutter.
~ C'est, d'ailleurs, au côUrs de : <ïës "luttes
qu'il montrajusqu'à quel point il avait le
sentiment de l'honneut" et de la dignité delà
France. ■
L'ambassadeur d'Angleterre,lord Stuart,
désespérant de recevoir de M. de Polignac
autre chose que des paroles vagues et éva-
sives sur l'objet final de l'entreprise proje
tée, s'était persuadé qu'il : obtiendrait de
M. d^îlaussez de plus amples et de plus
claires explications.
Il eut donc à' plusieurs-reprises des en
tretiens avec ce ministre, et, certain jour,
il se hasarda à affirmer que nos préparatifs
n'étaient pas sérieux, quenoUsnecherchions
qu'àintimider le dey, qu'il le savait, etc.,
etc. Cette façon de plaider le faux pour
saVoir le vrai exaspéra M. d'Haussez qui lui
répondit avec vivacité :
— Nous ne faisons pas mystère de nos
préparatifs, le .roi veut que l'expédition se
fasse et elle se fera.
— Vous croyez donc que l'on, ne s'y op
posera pas?
— Sans doute, dit M, d'Haussez, qui l'o
serait ? '
—- Qui ? nous les premiers, repartit lord
Stuart.
— Mylord, la-France se f:.. de l'Angle
terre. Elle, fera dans cette circonstance ce
qu'elle voudra, sans ; souffrir de contrôle.
Nous ne sommes plus au temps où vous
dictiez des lois à l'Europe. Votre influence
était basée sur vos trésors, vos vaisseaux, et
une habitude de domination. Tout cela est
usé. Vous ne compromettrez pas ce qui
vous reste d'influence, en allant au delà dë
la menace. Si vous voulez le faire, je vais
vous en donner les moyens. Notre flotte
sera prête à mettre à la voile dans les der
niers jours de mai. ' '
Elle s'arrêtera, pour se rallier-, aux îles
Baléares. Elle opérera son débarquement à
l'Ouest d'Alger. Vous voilà informé de si
marche, vous pouvez la rencontrer si : la
fantaisie vous en prend. Mais vous ne le
ferez pas, vous n'accepterez pas le défi que
je vous porte, parce que vous n'êtes pas en
état dè le faire... •
; Cette, sortie, débitée sur un ton qui n'ad
mettait pas de réplique, déconcerta l'ambas
sadeur anglais. Le langage hautain que M,
d'Haussez lui avait, tenu suffît à lui faire
comprendre que la France, sûre, de son
droit et confiante dans ses propres forces,
était bien résolue à une expédition sérieuse.
Lord Stuart se le tint pour dit et . jamais
plus il n'osa reparler de cette affaire.
La dernière opposition' que rencontra M.
d'Haussez,vint de la marine. Le conseil
d'amirauté, les amiraux, étaient presque
unanimes à considérer le -débarquement
comme une témérité sans nom.. Ceux qui
n'allaient pas. jusqu'à prononcer cette
condamnation absolue" de ; l'expédition s'ac-'
cordaient du moins à déclarer que les pré
paratifs: ne seraient,jamais achevés pour la.
saison favorable. C'était l'avis de l'amiral
D uporré choisi, pour le commandement en *
chef de la flotte. ■
C'était encore l'avis de l'amiral Roussin
qui,. pour, avoir formulé vivement ses criti
quas, s'était vu privé ,de ce poste d'hon-
neùr. Il y avait de quoi, on 1!avouera, ébran
ler la confiance d'un ministre qui n'était pas
du métier.M^is.la conviction de M. d'Haus
sez était forto. II avait la foi. Les rapports?
de. deux jeunes officiers de ■ marine em
ployés au Blocus, MM. Dupetit-Thouars et
Gay de Taradel, lui avaient donné sur les
facilités d'un débarquement en Afrique des
clartés qui échappaient ..à ; no,s vieux ami^.
raux..:.' ' ,
Prenant le parti de ces jeunes capitaines
de frégate, le ministre persista dans ses
•résolutions et, pour réponse aux objections
de la haute marine, il intima Tordre à l'ami
ral Duperré de sè rendre sur-le-champ à
Toulon, d'y armer les vaisseaux de guerre
et d'y préparer tous les transports néces
saires ; én même temps, il'exigea qu'on fût
prêt en trois'mois au lieu de huit, et comme
on,était.alors au 12 mars, ce délai remettait
au plus Jard au 12 j uin l'appareillage de la
flotte. .
« Sa confiante étonna, dit M... Camille
Rousset; puis gagna les. plus incrédules. A
Toulon, dans tous les arsenaux et ports- de
guerre, on travailla sans relâche, et l'amiral
Duperré, revenu promptement de ses dou
tes, put se félicite^ avec le ministre des pro
grès qu'il avait à lui signalertousles jours. »
En effet, dès qu'il fallut passer à l'exécution
des ordres du ministre, la marine fit taire
toutes ses hésitations. Elle n'eutplus qu'une •
pensée : étonner par son activité merveil
leuse. Elle y réussit si bien que le' 25 mai,
vingt jours avant la date prévue, les vais-
s.eaux de l'amiral Duperré vidèrent la rade
de Toulon pour jeter sur la terre d'Afrique
les futurs conquérants d'Alger. .
Ainsi M. le baron d'IIaussez, apportant
dans cette question algérienne toute la téna
cité d'un homme convaincu,- avait triomphé
successivement de tous les obstacles ren
contrés sur sa route : opposition du dau-
Shin, machinations de M. de Polignac,
ostilité de l'Angleterre, inertie de la ma
rine. Et grâce à la persévérance de . ses ef
forts, le gouvernement qu'il servait allait
donner à la France la plus riche, la plus en
viable de ses* possessions d'outre-mer.
: as -V .
* *
Lés services rendus par M. d'IIausséz lui
assureront l'honneur qu'il ambitionnait,
celui d'avoir son nom « classé parmi ceux
des ministres dont la marine conservera .le
souvenir ». Les sauveurs d'Etat sont très
rares, dit-il quelque part dans ses mé
moires. Il aurait pu ajouter que les bons
ministres sont très rares aussi. On. voit trop
souvent le pouvoir encombré par des,hom
mes qui- n'apportent à, la: tête des, grandes
administrations qu'ils dirigent ni un pro
gramme, étudié, ni iin plan médité, qui
sont flottants, indécis et toujours prêts à
donner raison à leur dernier interlocuteur,
qui écartent là plus légère velléité de-ré
forme parce qu'elle dérangerait leur égoïste
quiétude et qui, toùtà la joie.de leur élé
vation inespérée, n'ont même pas conscience
que le fardeau qu'ils portent est trop lourd
pour leurs épaules. . ••• ••••■»#**
Le baron. d'Haussez n'avait aucun de ces
défauts et il avait, eh plus, cette qualité
maîtresse qu'on appelle le caractère : aussi
futril un ministre vraiment digne de ce ti
tre. Son attitude pourrait servir d'exemple
à beaucoup de ses successeurs. .
.,. .i Thomas Grimm.
Eclios c ie pa,rtaixt
Le baron Beyéns, ministre de Belgique
en Fran.ce, vient de mourir, à Presles. (Seino-et-
Oise) où il se trouvait en villégiature chez sa
iijle, Mme Furtado.
M. Beyens était né à Bruxelles en 18151
Il débuta très jeune dans la carrière diplomati
que et fut d'abord attaché à la légation belge
de La Haye, puis à celle de Madrid.
11 vint à Paris en 1852 en qualité de conseil
ler ; en 1864, il succéda à M. Rogier comme
chef du poste. ; ,
Il y avait donc quarante-deux ans qïîe le ba
ron Beyens était à Paris. Le 2.4 janvier dernier,
on avait fêté l'anniversaire de la trentième an
née de sa nomination comme ministre plénipo
tentiaire, et cette solennité avait été.i'occasioii
d'un grand nombre de manifestations de sym
pathie. ■ - '<-• Xt .
- Le baron Beyens était grand-officier de la
Légion d'honneur.
Le. fownal officiel a publié hier matin- un
décret portant que les lettres simples, c'est-à-
dire' ne pesant pas plias de quinze grammes,
provenant ou à l'adresse des militaires' opérant
dans le haut Oubanghi Seront admises à cir
culer en franchise par la
*■ . .. .
Prix, Giffard pour.1896 :
La commission des ingénieurs civils de
France, chargée de déterminer le sujet du
concours pour le prix Giffard à décerner en
1896, s'est arrêtée à la question suivante t :
« Transmission de la puissance motrice : à
« l'aide de l'électricité,.soit aux machines-outils
» d'un atelier, soit aux : machines d'une ligné'do
d chemin de fer ou d'une ligne de tramways,
« soit aux appareils divers d-un pont, d'un na-:
» vire, d'un dock; d'un chantier de travaux pu-
» blics, etc. » 1 ' . ;
Le concurrent devra commencer son mémoire
par une revue sommaire de l'état du sujet qu'il
aura choisi, puis présenter la description d'un!
travail'exécuté ou d'un avant-projet susceptible
d'exécution.
Les prix précédents n'ayant pas été intégra
lement décernés, les sommes restant sont cumu-;
lées avec le prix de 1896, dont Ja valeur sera,
ainsi de 6,000francs.
•*©♦- ■ • ■ V'.,'
M.-Edouard André, ancien député, dofit l'hô
tel du n<> 158 du boulevard Hàussmann faisait,
l'admiration ,des Parisiens", est mèà't ljiér matjn,
à l'âge de soixante' ans, succombant à une lon
gue maladie. Il- était ^chevalier de la Légion
d'honneur. , : v
Très épris d'art,' possédant une rarissime
galerie de tableaux, le défunt avait épousé il y
a quelques années un • peintre- de talent,
Mlle Jacquemart.
Ses obsèques auront lieu demain jeudi, &
midi, à l'église protestante du Saint-Esprit, rue
Roquépine. ' ,
L'innum|tiop lieu au cimçtjère duPÊre-;
Lachaise. ' * ■. '/-•*' . , j
En exécution d'un arrêté du gouverneur du-:
Soudan, en date du. 28 mars, dernier, on élève
en ce moment à Tombouctou un monumentaux
officiers, sous-officiers .et soldats français tués
à l'ennemi le 28 décembre 1893 et le 15 jan
vier 1894'à Kabara et à Goundjjjg,.
Un concours peu banal :
f La Revue «Misse de Photographie ouvra un
concours ayant pour but de déterminer par la
photographie la forme exacte d'une goutte d'eau,
pendant sa chute. ...
Nos compatriotes, MM. Marey et Janssen, de
l'Institut, et le docteur Eder, conseiller d'Etat,;
professeur à Vienne, font partie du comité de
patronage. • - ■ , t ■
Les photographies sur verre, pellicule ou pa
pier dçvront être adressée^ au directeur de la
Revue, à Genève, avant le 15 octobre.
' V ... . ■■ "-ri. ' ■ "■ 'I. ' ■■
U LOI COM LES SEMES MRCHISTES
On verra .d'autre part que" la discussion
du projet de lôi contre les menées.anarchis
tes a commencé hier. Elle durera plusieurs
séances, eh raison du nombre des orateurs
inscrits (18, non compris les ministres et le
rapporteur) et de la quantité, des amende
ments déposés. Le groupe socialiste seul en
a déposé une vingtaine.
. M) ; Flandin a déposé. l'amendement sui-
vantlau projet : . . :
Ajouter à l'article 2 le [paragraphe suivant :
Laicondamnation no pourra être prononcée
sur l'unique déclaration d'une personne affir
mant avoir été l'objet des incitations ci-dessus
-spécifiées,' si cette déclaration n'est pas corrobo
rée-par un ensemble de charges démontrant la
culpabilité, et expressément visées dans le'
jugement de condamnation.
Cette disposition est acceptée par le gou
vernement et par la commission..
'm wmm . , ■ ■ .—i.., - i .ii ■ ' i i-1 • '
ArriBsUition sesas£&tioiinelSc
(Dépêches de notre correspondant)
" , ■ Bourges, 17 juillet, 5 ,h. 30. "5S.-
Sur mandat du proçureur général le parquet
de' Samt-Amand s'est rendu à Sidiailles pour
arrêter en son château de Preslé le marquis de
Nayve, ancien maire de la commune.
r 8 heures soir.
Le marquis dé,Nayve n'a : pas été arrêté ,en
son château de Presle,- situé commune de
Cuffy, mais en gare du Guétin, à son retour
d'un voyage en Suisse,' où il était allé, accom
pagné de son fils. Les*gendarmes l'attendaient
depuis plusieurs jours, sur l'ordre du parquet
qui à réuni, paraît-il, des preuves suffisantes
pour justifier cette arrestation.
On parle d'un crime remontant à quelques
années. Le marquis de -Nayve a été conduit à
pied du Guétin. àla Guèrchè; Un: certain nombre
d'habitants et quelques conseillers municipaux
socialistes • ont fait sur son passage_ une dé
monstration hostile. M. de Nayve a été conduit
ensuite par-train spécial à Saint-Amand; :
Cette affaire, des plus délicates, cause dans le
pays une grosse émotion. Mais tout lé monde
corflprend q^'il ne faut- pas se hâter de se pro
noncer-sur ce grave incident.
VOITURES SANS CHEVAUX
Avant les épreuves. — Tirage au sort
des itinéraires. — Programme de la
journée d'aujourd'hui.
Déjà.Paris était hier sillonné de voitures
mécaniques-. Nous -en «avons- vu passer qua
tre dans la rue Lafayette, deux aux Champs-
Elfséés, en moins d'une heure. Chacun' 1 ar
rive au rendez-vous et prend ses dernières
dispositions pour se rendi?e aujourd'hui à
Neuilly, o.ù l'expositiçn est annoncée à
deux heures.
X
Le tirage au sort des itinéraires de cha
que épreuve préparatoire s'èst fait hier
dans les fcureatix du Petit Journal, où la
plupart des concurrents s'étaient réunis.
Nous avons amicalement causé ensemble
des épreuvês qui se préparent et qui préoc
cupent à juste titre le monde de la méca
nique. :
Puis une jeune fille, avec la main de l'in
nocence, a gracieusement extrait d'un cha
peau les numéros, des itinéraires, qui opt
été affectés comme suit : . ....
JOURNEE DE JEUDI
Sont désignées pour l'itinéraire n° 1 les voi
tures suivantes : .
N°? <3 MM. de Dion, Bouton et Cie.
— 13 MM. Panhard etLevassor.
— 21 M. Letar., ,
— 30 MM. les fils de Peugeot frères.
Pour l'itinéraire n° .2l ■
N os 10 M. Scotte.
15 MM. Panhard et LevasSor.
— 25 M.Goquatrix. î
28 MM. les fils de Pcvyïeot frères.
■— 44 M. de Prandières-
Pour l'itinéraire n° 4 : .
Nos 7 . M. Gautier.
— 18 ' M. Archdeacon.
— 19 M. Le, Blant.
— 37 M. Loubières.
42 M. Le Brun.
voz-
Poar l'itinéraire n° 5 : ,
N°" 4 M. de Dion. ;
— 16 M. Quantin^ \
— 27 MM. les fils de Peugeot frères.
— 29 Les mêmes. ■. . «
— 40 M. Lemoigne.
Pour l'itinéraire n° 6 : ■ -s'
N os 12 M. Tenting.
—- 14 MM. Panhard et Levassor, ,
— 24 M. Vacheron.
— 31 MM. les fils de Peugeot frères.
JOURNEE DE VENDREDI '
Sont désignées pourTitinéraire. n° 1 les
tures suivantes :
N os 51 M. Lepape. , ' :
— 64 MM; Panhard et Levassor.
— 72 M. Tamarelle. ' '
— 79 M. Baudet. -
— 88 M; Jentau'd.
. Pour l'itinéraire n® 2 t ; :
N os 60 M. Leblanc.
— 71 M. Klaus. ...
— , 74 -M. Meyer. ■
•:— 99 M. Bonnefils. :
Pour l'itinéraire n? 4 : • I
N°» 62 M. Mallarmé.
—v 68 MM. Garnier et Delannov.,,
— 84 M. Plantard..
— 91 M. Carli.
— 100 M. Bellanger.
Pour l'itinéraire n° 5.: . ■ >-
Nos 61 m. R. de Montais.
— 67 M. Lebesque.
— 77 M. Reverseaux.
,— - 85 M, Roger. ' '
Pour l'itinéraire n° 6 :
N 0 ® 52 Société parisienne. ' ',
53 M.deBouvinont.
— 65 MM. les flïs de Peugeot.frêres.. '
— 75 M. Dessailx.
— 87 M. Landry.
— 101 M. J. Mary.
Samedi matin, ^examen supplémentaire
pour ceux qui n'auront pu se présenter les
autres jours.
X
Le programme de la journée d'aujour
d'hui-mercredi est simple : à midi, MM. les
concurrents sont invités à prendre leur place
jusqu'à deux heures au rond-point d'Inker-
mann, à Neuilly.
. A,deux heures, exposition publique jus
qu'à six heures, et entièrement gratuite
des voitures qui doivent se présenter au
concours. Toute évolution sur la place est
interdite. ' . ' ;
Chaque voiture doit -demeurer au repos
jusqu'à six heures à-l'endroit qui lui aura
été assigné par les soins de trois rédacteurs
du Petit Journal, délégués à cette org^pjsa-
tion. . . , r ■ •
. L'approche du concours fait venir à
Paris des savants et des amateurs de tons
les pays, qui ont l'extrême amabilité denous
rendre visite avant de se mettre àl'étvidedes
modèles que le concours va réunir.
Citons d'autre part-l'arrivée de journalis
tes spéciaux, anglais et américains, ainsi que
celle d'un envoyé de deux journaux de Lis
bonne. .
The Enginecr, la grande revue ; technique
anglaise, a délégué M. Dolby aux diverses
épreuves. La Nalïire y est représentée par
notre éminent confrère Gaston Tissandier
et son collaborateur, M. Hospitalier ; le Gé
nie civil par M. Bourdil, la Jievue technique
par M. Yves Guédon, le Bulletin de la So
ciété,des. anciens, élèves des Ecoles d'Arts et
Métiers par M. Mesureur, etc.
D'autre part la liste des ingéniéurs qui :
ont. bien voulu se -mettre .pour quelques
heures à notre disposition comprend des
anciens élèves des Mines, dé l'Ecole poly
technique,. de l'Ecole .centrale, des écoles
diverses d'arts et métiers.'Nous sommes
heureux d'avoir'ainsi groupé des hommes
sortis dé pépinières' scientifiques et indus
trielles aussi différentes. Chacun de ces
messieurs a dû recevoir hier au plus tard
sa convocation. Les uns .-sont affectés à lai
journée de-demain jeudi, les autres à celle
d'après-demain vendredi. ,
- x y:
Un détail : la fonderie de Poissy i. a pro
mis un licenciement général d'une heure à
tous ses travailleurs (ils -sont 400),. pour
leur permettre de voir passer les voitures
.qui fourniront l'itinéraire n° 2, de Paris à
Nantes - par Poissy et Triel, demain et
après-.demain. :
' X
Les petites brochures cfne nous avions fait
tirer par milliers ont été absorbées si vite
qu'il, n'y en a plus. Je ' reproduis ici, pour
{suppléer à ce vade-mecum de poche, le tracé
^des itinéraires qui vont être suivis demain
1 et après-demain par les concurrents :■ ••••
Itinéraire n° 1, — Paris à Mantes , par <
4'avenue de Neuilly, le rond-point des Ber-
! 'gères, Nanterre, Chatou, Le Pecq, Saint-
Germain, Ecquevilly, Flins et Ep.one (47
kilomètres environ de la Porte^Maillot). *
, Itinéraire ^ 2. — Paris a Mantes , par
l'avenue de Neuilly, ..Courbévoie, Bezons,
Houilles, Maisons-LaffiLte, la Croix-de-
Neâilles, Poissy, Triel, Vaux, Meulan, Ju-
zi.ers et Limay (51 kilomètres environ), j
. L'itinéraire n° 3, de Paris. à Magny-en-
-. Vexin, est supprimé comme étant' trop dé
fectueux. f ) .
Itinéraire n" 4. — De Paris a Ramboûil-
i.ÉT, par le pont de Neuilly, Puteaux, Su-
'resnes, Montretout, Versailles, Voisins-le-
Bretonneux, Dampierre erGarne (50 kilo
mètres environ).
... Itinéraire n" ô De Paris a Corbeil,"
parle pont de Neuilly, Puteaux, Suresnes,
Versailles, Palàiseau, Long.jumeau, Epinay-
;sur-Orge,' -Liers-,--Gourcouronnes et- Ès-
fsoiines (56 kilomètres environ). \ \ \
Itinéraire n 0 6\—De Paris a PréCY-Sur-
,Oise , par l'avenue de Neuilly, le quai de la
Seine, rive droite, Je quai Michelet (Leval-
-îois), le pont de Clioby (celui d'Asnières
.étant barré), Gennevilliers,- Epiriay', Saint-
Gratien , Eaubonne, Saint-Leu-Taverny,
Méry, Mériel, l'Isle-Adam,. Bcaumont-
'sur-Oise, Bernes, et Boran (52. kilomètres
'environ).
X
Ainsi qu'on vient de le voir, tous les i^i*
néraires passent par l'avenue de Neuilly»
C'est donc là qu'on verra le plus grand nom*
bre de voitures se mettre en marche chaque
jour. Deux passent par Suresjjes et Ver»
sailles.
,... 'X
La direction du Vélodrome do Rouen
nous .prie d'annoncer aux intéressés qu'elle
dispose d'un grand: local couvert sous le
■toit duquel on peut remiser une vingtaine
de voitures. Voilà qui est fait. ^ 'l
Nous avons déjà donné le proguamme'de
la journée de: dimanche ; précisons-le anou-
veau . .. •
Départ de Paris.. 8 h. du matin
Arrivée à Mantes. . midi
Départ de Mantes.: 1 h. 1/2
Arrivée à Rouen., vers 8 h. du sois
(Arrêt de 15 minutés à Vernon ; arrêt de
15 minutes à Pont-rde-I'Arche.)
Sôit en tout 10 heures de route effectivei
pour 128 kilomètres. '
Il va de soi' que les concurrents sont
libres de se rendre à Rouen à une allure
plus, rapide que celle ci-dessus indiquée;
Toutefois nous leur rappelons qu'il ne sera
tenu aucun compte d'une vitesse supérieure"
à 12 liil. 500 à l'heure, et nous faisons appeï
à l'intelligence pratique do ces .messieurs
pour 'que le voyage de Rouen s'accomplisse
le plus possible en colonne, chaque voiture
suivant la voiture précédente à distance
raisonnable, avec ordre, comme un concours
pratique, et non comme une course qui n'au
rait pour' résultat que d'effrayer le' public
au lieu de le conquérir.à la locomotion de
l'avenir, tout en contrevenant à l'ordon
nance actuelle du préfet'de police que les
autorités de chaque département, traversé
ont prise à leur compte. .■ ■■■■ î ■:
> Jean sans Terra.
P.-JS. — Le premier départ se. fera de
main matin de la Porte-Maillot, à 8 heures
précises. ■ • - • • -v . 1 ■
Le rendez-vous est pour 7 heures 1/2,
heure militaire. , • .
Les conducteurs de voitures sont préve
nus une fois encore qu-ils devront exhiber
leurs papiers au délégué de la préfecture do
police, qui se tiendra, dès, 7 heures âO, sur
le boulevard Maijlot,. à la grille du Bois dé
Brfulogne. •: ■
Ajoutons avec reconnaissance que M. Mi
chel Lévy, l'ingénieur en cheï des mines
chargé de l'examen des'voitures, 26, rue
Spontini, .se multiplie avec une bonne grâce
cnavmante pour faciliter aux postulants les
courts examens- exigés par la préfêcture.
On'sent que, là encore, il y a vin esprit
novateur qui travaille , et qui voudrait
comme nous voir la question si intéressante
des voitures automotrices faire un grand pas
ces jours-ci. M. Michel Lév.y,recevra en-.
—18— FEUILLETON DU 18 JUILLET.180S .(1)
FLEUR DES NEISES
fnEMiinB puma
MONETTE
'. ' IXfSuileJ
tok famille de Gesdres
Seul, il n'avait pas parlé.
Si tu es trop inquiète, maman, dit-il
doucement,'je puis courir derrière la cara
vane et la rattraper. Je connais bien le che
min, va... et si-je suis avec papa, ça te ras
surera peut-être. . .
Elle tressaillit. "
• — Est-ce que tu ne (Trois pas .le temps
iûr? demanda-t-elle en s'arrétant.
Il* n'y avait pas un atome de vent. Ce
pendant le jeune homme flaira un instant
du côté de la montagne avec ses fines nari
nes dilatées et dit"
— Il m'a semblé sentir l'odeur des lis
qui sont, dans ce moment-ci, en abondance
autant dans le val de Litayrolles que dans
celui d'Esquerry. > '
Si ce parfum me vient de Litayrolles, le
vent d'autan pourrait bien se lever.
Mais comme il. lui sembla que le visage
de Lise s'altérait, ii ajouta :
— Bast ! dans cetter saison, le vent d'au-;
tan n'est pas à craindre, et il ne peut pas
amener d orage.
Ces mots rassurèrent -Mme Escaméla. -
(i.TraducUfto et reproductwD iaJerdilca.
Non, merci, dit-elle, reste, mon Anto-
niet. Tu iras dans le refuge montrer, à cette
belle demoiselle les jolis tableaux que; tu as
faits l'hiver dernier à Toulouse et comment
un joli petit guide de nos .montagnes peut
être en même' temps ;ûn grand artiste en
herbe. .
Il rougit de plaisir, oubliant du coup
toutes ses inquiétudes, pendant ' que Lise
ajoutait : • . v
— Va-t-en te faire beau, toi aussi, pour"
les _accompa ! gner,_ > quand viendra le jour ;
rncti je vais voir si mon petit-lait se filtre
bien et si tout est en ordre dans la laiterie.
L'orags ' : ■ '
; - Jamais Margùeiite,n'avait rien vu d'aussi
joli que 1 le petit palais de Monette et d'Anto-
niet, surtout avec les. beaux lis des Pyré
nées qui. encombraient le jardin, et qui, vu
la dùùceiir'exceptionnelle de là saison, fleu
rissaient déjà. \ . ,
. Une adorable collection de jacinthes dpu-
bles, tout épanouies, encombrait la .pièce.
Maintenant, aux sculptures do jadis, aux
instruments de musique, se joignaient les
tableaux du jeune homme.
Cçmme l'avait dit Lise, c'était l'œuvre
peut-être d'un .grand artiste en herbe, mais
à coup sûr de quelqu'un qui était doué d'une
façon extraordinaire comme coloris, compo
sition, perspective; de quelqu'un que le
souffle de Dieu avait touché.-
.Mlle ; de Gesdres, en extase^ regardait
tout, mais surtout écoutait le panégyrique
ardent que Monette faisait de son frère.
Oui," mademoiselle-, disait l'adorable
fillette, il a /appris tout seul,, mon An-
toniet. Cette année seulement, martian a
consenti à lui faire prendre dos leçons pen
dant l'hiver à Toulouse; .Et ,1e professeur
lui a trouvé de telles dispositions qu'il a
conseillé de le faire entrer à l'Ecole des:
beaux-arts à Paria. ■ ■ ;
. Marguerite rougit un peu et dit :
— C'est une fameuse idée, et peut-être-
le moyen de se faire un nom dans l'avenir.
. — Ça n'arrivera jamais ! ,s'écria Antoiûét
les larmes aux yeux.
— Pourquoi. ; r _
— Parce,que. nôtre père désire que je
continue son métier, ,qué je sois guide
comme lui. Or, pour devenir un peintre de
talent, il est probable qu'il faut y consacrer
toute sa vie, et ne pas faire seulement quel
ques pauvre^, études ii temps perdu. ».
Si M.-Èscaméla voit que vous avez
réellement la vocation, il ne. vous refusera-
pas de vous' laisser allerdece côté-là. Savez-
vous que c'est un but qui vaut la peine)
qu'on se fatigue pour l'atteindre, .celui-là !.■
.Les yeux d'Antoniet, ces bea,ux yeux
noirs naturellement; si" brillants, .ressem-,
blaient à deux escarboucles.
Le sein un ; peu palpitant, Marguerite
continua: ' >
«— Voir son front couronné de l'auréole
de gloire que,finit.toujours par conquérirle
vrai talent mettre : son nom au niveau des
plus nobles, créer des œuvres que.-tout.le
monde admire: et qui deviennent immor
telles, n'est-ce pas fait pour tenter tout être,
ayant du cœur?.....
; . Pour ma part, je ne trouve rien, de -beau,
de grand, .de méritoire, compie de devenir?
quelqu'un,tout seul... -
: < Recevoir un titre, de l'argçnt, une .situa-
lion en naissant?.:. -,
Le beau mérite en vérité...
Tandis que conquérir tout cela, par sa vo
lonté, son intelligence, son énergie,! oh 1
c'est vraiment admirable !
Elle parlait avec un enthousiasme qui la
transfigurait toute, et en luifaisant dépouil
ler sa froideur voulue de fille bien élevée,
la montrait telle qu'elle- était,- avec -ses ar
deurs ^généreuses pour , tout ce qui était no
ble et grand. ,
Oui, on la voyait, fière,, enthousiaste,
droite, prisant au-dessus de tout la valeur
personnelle, l'effort intellectuel, le but
tenté. '
Les "deux enfants de Lise, v Antoniet sur
tout, ne respiraient plus.
Ah! qu'il y avait loin de.ces paroles lar
ges et hautes au peu qu'il avait vu : à Lu
dion où à Toulouse l'hiv.ér, dé tous ces pe
tits esprits si mesquins, si. étroits, pétris de
préjugés séculaires, ou de préceptes aussi
■ridicules que prudhommesques.
: Et si belle, ayee cela l;.;
Marguerite, en parlant,' semblait encore
avoir grandi.
Plus que jamais, son beau cou long rés-
sèmblàit à la hampe magnifique de la plus
superbe des fleurs. Sa tête,-un» peu rejetée
en arrière, rayonnait de foi et d'inlëlligence,.
ses yeux-semblaient remplis du Xeu divin
qui fait les artistes et les héros. - ■
. Et Monette, qui sentait ces choses aussi
vivement qu'Âatoniet, : ne put s'empêcher
■ de balbutier à l'oreille de celui-ci, encore
tout.. plein ' des. cultes et'des èouvenirs rap
portés de Toulouse : .; ■
— Clémencelsaure devait lui ressembler,
dis, Toniet? r .
/ -Et lui, sous Je , coup d'un charme Jivin,
jamais ressenti^ -. répondit naïvement à sa
sœur; - "
•—Elle ne pouvait pas être aussi belle, ce
n'est pas possible !;,.
Comme poussée par une force irrésisti
ble, Mlle de Gesdres, le teint animé, la voix
chaude ét vibrante, continua : -
— Père a un titre très ancien et fort au
thentique, sa fortune est immefiso ; eh bien,
quand-j'entends dire .autour .de moi —
G',est la fille du riche marquis de Gesdres,
ça'ne me foit* r;en, au contraire, je trouve
les gens stùpides et je les prends en pitié.
Mais lorsque je lis .une revue, , que je
vois le nom de père :. Gesdres tout court,
le plus souvent Pascal Gesdres, écrit en
grosses lettres... que je lis , après ce nom
des lignes comme celles-ci. : le savant dont
les découvertes extraordinaires honorent si
profondément la France sa.patrié... auquel
l'humanité tout entière devrait élever des
statues.-.". ' ,
Oh ! alors mon cœur se gonfle, mes veux
se mouillent de larmes, je suis fière... fière
au delà du possible...
Par,son. travail, son énergie, sa persévé
rance, père aussi est fils de ses œuvres, il
a relevé le prestige d'une race déchue ; à
: côté - d'un titre jadis glorieux,. et qui au
jourd'hui ne compte plus, il a mis i l'au
réole dè la science et de l'effort vain
queur-!... ' ' • . .
Elle s'était tue>- qu'-Aùtoniet les mains
jointes l'écoutait encore... -il devait en; son
cœur l'entendre toujours.,
■ La petite bonne queJLise envoyait avec
du pain et du beurre frais dans un panier
et du lait crémeux contenu dans une. boite
: de porcelaine blanche vint, interrompre la
! conversation ^enthousiaste des jeunes, gens.
a Sur la table-sculpCée jadis avec tant d'à-.
mour 'par Antoniet, le petit oouvert fut vito
dressé.
MlLe do Gesdres s'assit, tandis que Mo
nette empressée autour d'elle la servait^ lui
faisant les honneurs de son nid avec cette:
grâce douce et un peu hautaine qui était
naturelle à Fleur, des Neiges.
Une fois de plus, le contraste de cette
adorable tète- blonde exquise de finesse et
dé douceurà côté de ce visage à la beau t y
sculpturale fut si frappant qu'Antoniet, sen
tant tous ses instincts d'artiste se réveiller
à la fois, s'écria :
— O Monette, ô mademoisellé, je vous ea
conjuré, restez là, comme vous êtes, quel»
quos instants,'le permettez-vous?... Je serais
si heureux de vous peindre telles que j';
vous-vois en ce-moment toutes les deux..
Les jeunes filles ne pouvaient guèrfc râ .
sis ter à ce .désir exprimé avec un enthot
siasme dont rien ne saurait donner l'idée.
Elles s'enlacèrent avec une grâce infinis
et la mousse d'or des cheveux de Monett :
faisant ressortir les lourdes nattes brunes
de Mlle de Gesdres, les beaux yeux bleus
de l'une rendant plus profondes les prunel
les" noires do l'autre; le teint d'éclatante
blancheur si adorahlement, rosée de la pre
mière donnant un charme plus Irrésistible
à la chaude matité de la seconde,^ elles
offrirent ainsi aux yeux extasiés "du jeune
homme les plus adorables modèles qu'un
peintre puisse'rêver. r 1
En traits rapides, il les eut , vite esquis-
sees toutes les deux. P.ûis son pincèau har
bile, car il était déjà un coloriste . de pre,
: mier ordre, eut vite fait naître la viç sur 1^
toile blanche; , r - r--'
Ce n'était pas fait, ça ne ppuvait pas li„.
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