Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1893-12-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1893 20 décembre 1893
Description : 1893/12/20 (Numéro 11317). 1893/12/20 (Numéro 11317).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6130110
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
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TROIS MOIS... 5 FfL
SIX MOIS.. 9 Fit
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UN' NUM ÉRO: 5 C ENTIMES
Tous les vendredis
LE SUPPLEMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES
AB0f).NcftiENTS_0£PARTE¥iËKÏS
TMÏS MOIS 8m.l
SIX MOIS 12 IB. !
TJWAN. 24 ÏH. i
MERCREDI 20 DÉCEMBRE 1895
354— —SAINT PHIL000NE, IV T ——11
TRENTE-UNIÈME ANNÉE (N uméro 11317)
I_e9 MANUSCRITS • NB SONT PAS RENDUS
DERMËiîË EDITION
VOITURES MHS CHEVAUX
à propulsion mécanique
C'est donc un concours de voitures sans
chevaux et à propulsion mécanique que le
Petit Journal organise dès à présent pour le
1er juin 1894. Voir le premier ar.ticle publié
hier sur la question.
Les règles de cette épreuve originale ne
seront pas compliquées. On le sait par
avance, ce n'est pas ici qu'on aime à s'em-
Eêtrer dans les formules d'un règlement em-
roussaillé. Quelques grandes lignes; bien
arrêtées d'avance, et ce sera tout. Voici en dis
articles toute l'économie de la chose ;
. r
Le concours sera international. Les voitures
automotrices de tous pays peuvent y prendre
part.-."
II
Tous les genres de propulseurs sont ad
mis : vapeur, électricité, gaz, pétrole, etc.
III
Les voitures seront jugées exclusivement
par le personnel de la rédaction et de l'admi
nistration du Petit Journal, gui s'adjoindra^
simplement à titre de consultation, le nombre
d'ingénieurs qui lui sera nécessaire*
IV
Pour être admises au concours, les voitures,
devront contenir au moins quatre places.
■' .■■■; V .
Il ne sera pas fait de catégories, ni pour le
moteur employé, ni pour le nombre de places.
VI ' ' v
Le premier prix du concours sera attribué,
littéralement, à la voiture sans chevaux qui
remplira cette condition :
d'être, sans danger, aisément maniable
pour les voyageurs et de ne pas
coûter trop cher sur la route.
En trois mots, c'est sur la sécurité, la
commodité et " sur le bon marché'que por
tera le jugement des personnes déléguées à
cet effet par le Petit Journal.
" VII ■ —- "
Quant & la distance à parcourir, elle sera
ia même, à quelque chose près, pour toutes
les voitures, surtout à la première épreuve
éliminatoire.
Les expériences comparatives se feront
pendant plusieurs-jours, sur les routes de
Paris à Mantes, Paris 4 Dreux, Paris à
Beauvais, Paris à Gournay, etc.
Chaque voiture, montée par l'inventeur ou
son représentant, par deux membres du jury au
moins et un ingénieur consultant, devra four
nir, pour la première épreuve éliminatoireiun
trajet de 50 Kilomètres en trois heures, et ce,
pour bien indiquer qu'il ne s'agit pas là d'ex-
nériences de grande vitesse,—l'allure de 16/17
kilomètres à l'heure étant suffisante pour ia
promenade.
Il ne sera tenu aucun compte d'une vitesse:
supérieure à celle demandée ci-dessus.
Le. trajet accompli dans le délai .voulu,
c'est-à-dire en trois heures, les membres .du
jury constitué pour attribuer les prix décer
neront à la voiture dans laquelle ils auront
fait le voyage des points dé classement, de
puis 1 jusqu'à 10. Les voitures qui auront
bénéficié des notes 8,9 et 10 prendront seules
part à ia seconde épreuve. Il en sera. de
même pour la troisième si elle est jugée né
cessaire. .
VIII
Si le nombre des machines engagées dans
le concours est trop considérable, on les fera
partir pour les épreuves éliminatoires sur
plusieurs routes à la fois ; en tous cas les
itinéraires.seront tirés au sort quelques jours
avant le 1er juin.
L'épreuve - finale se fera sur la route de
Paris à Rouen , par. Saint-Germain, Triel,
Meulan, Mantes, Vernon, Graillon et Pont-de-
l'Arche, soit sur 126' kilomètres. Toutes les
qualités des ^ voitures seront alors considé
rées : vitesse) stabilité, économie, sécurité.
IX
Toutes les formes des voitures sont ad
mises ; il ne sera tenu aucun compte des
accessoires de luxe, c'est-à-dire que le modèle
le plus rudimentaire et le moins coûteux à
établir sera accepté; pourvu qu'il marche,
c'est tout ce que nous demandons ; le reste
viendra tout seul.
X
Les engagements seront reçus Petit
Journal à partir d'aujourd'hui môme 20 dé
cembre; il suffira de me les adresser avec la
désignation sommaire de la machine.
J'ajoute qu'un droit d'entrée de 10 francs
devra accompagner la demande d'inscription.
Ce droit d'entrée sera versé à la Caisse du
Secours immédiat du Petit Journal. Les for
faits ne seront point, remboursés.
Ainsi qu'on l'a déjà deviné, cette mesura est
destinée à écarter les mauvais plaisants qui
voudraient se faire passer... gratis pour
des inventeurs accomplis.
***
Telles sont les grandes lignes de cette
épreuve utilitaire ; on remarquera qu'elle est
internationale. N'est-ce pas le meilleur moyen
de provoquer des adhésions fécondes enrésul-
tats pratiques, dans tous les pays où l'on s'oc
cupe de résoudre ce fameux problème de la
locomotion sur les routes?
Et maintenant parlons un peu des prix. Ils
seront de premier ordre, personne n'en a
douté par avance.
A la voiture sans chevaux qui approchera
le plus du desideratumdu concours : sécu
rité, commodité et bon marché relatif, le
Petit Journal attribuera un premier prix de :
SiOOO francs
Viendront ensuite les récompenses suivan
tes, que nous devrons à la libéralité person
nelle de notre excellent directeur, M. Marinoni,
l'inventeur universellement connu, dont l'ex
périence consommée en mécanique ne res
tera pas sans être mise à contribution par
nos juges profanes :
Deuxième prix — îi,OOJî fr.
Troisième — — 1,500 fr.
Quatrième — — i,000 fr.
Cinquième -r- — ■. 500 fr.
Ces quatre prix seront désignés sous le
nom du donateur.
Le premier prix sera celui du Petit Journal',
les suivants seront les prix Marinoni, et ce
ne sera que justice.
Dès aujourd'hui le livre des engagements
est ouvert. Il sera clos le 30 avril prochain.
Dana un troisième et dernier article...
le dernier pour le moment, je donnerai demain
quelques détails complémentaires.
Jean sans Terra.
Eolios dLe g a.3rtoTo.-fc
• Le dernier courrier de la côte occidentale
d'Afrique, arrivé à Paris le 18 décembre,
apporte des nouvelles de l'expédition de
M. de Brazza sur les frontières du Came
roun.
D'après une lettre de M/ Pottier,correspon
dant ae l'Illustration, M. de Brazza, au mo
ment de partir pour cette expédition, serait
tombé gravement malade, à Brazzaville le
10 octobre.
Deux médecins, le docteur Careau et le
docteur Simons, qui le veillaient jour et
nuit, espéraient pouvoir le sauver, mais
déclaraient que, s'il guérissait, le malade
devrait aller achever sa convalescence aux îles
Canaries.
publique, Aurélien Scholl et. Jules Claretie
ont pris ensuite la parole.
.
L'Académie de médecine a renouvelé hier
son bureau. M. le docteur Rochard, passant
de droit président de la compagnie, a été
remplacé drths les fonctions de vice-président
qu'il remplissait, avant par 1,1. le docteur Em-
pis. M. le docteur Cadet de Gassicourt a, par
acclamation, été réélu secrétaire annuel.
MM. les professeurs Fournier, de l'hôpital
Saint-Louis, et Riche, do l'Ecole de pharma
cie de Paris, ont été nommés membres du
conseil.
M. Humblot, ingénieur en chef du service
des eaux de la ville de Paris, vient dé passer
plusieurs jours à Melun et dans la région.
But de cette villégiature hors-de saison : l'é
tude de la dérivation du Loing et du Lunain
pour augmenter la provision d'eau propre à
faire boire aux Parisiens.
.
Une étrange, nouvelle! nous arrive de Tou
louse. Il-parait que le conseil municipal de la
vieille cité-languedocienne vient de suppri
mer la faible allocation qu'il donnait pour la
maintenance des Jeux* floraux.
Les édiles toulousains reproohent à cette
antique institution- de n'être point cassez dé
mocratique.
Cette société littéraire, la plus ancienne de
France^ remonte au quatorzième siècle; elle
s'appelait alors le « Collège du gai savoir ».
Vers l'année 1500, une riche Toulousaine, Clé
mence Isaure, consacra une partie de sa for
tune à la restauration de la Société du gai
savoir et lui assura par testament un revenu
considérable, La Société s'appela, à dater de
ce moment, Collège des Jeux floraux.
En 1694, Louis XIV, par lettres patentes,
l'érigea en Académie.. ,
Le sultan du 1 Maroc vient d'être doulou
reusement éprouvé. Son éléphant Stohe, le
seul qu'il y.eût dans ses Etats, «vient de
mourir. Stoka était un superbe pachyderme
que la reine d'Angleterre avait offert au sultan
en 1891.
' Rigueur administrative. •
Un habitant de Strasbourg vi6nt d'être
condamné à .l'amende pour n'avoir pas dé
claré, dans les vingt-quatre heures réglemen
taires, la résidence d'une personne étrangère
dans.son habitation et avoir attendu quatre
jours pour remplir cette formalité.
• Or, la personne en question était la femme
que notre Strasbourgeois venait d'épouser.
Malgré cette circonstance atténuante, le
tribunal s ? est montré impitoyable.'
'UN- VOL BIEN PRÉPARÉ
Hier, à trois heures, ont eu lieu les obsè
ques de M. Albert Ferry, sénateur des Vosges.
Un bataillon du 29 e de ligne, avec musique
et drapeau, rendait les honneurs militaires.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM.
•Mêlinej Boucher, Kranfz, députés, et M. Patz,
. Dans l'assistance se' trouvaient de très
nombreux sénateurs et députés., le général
Thomas, MM. Daubrée, directeur des forêts,
Lafosse, inspecteur des forêts, Buvignier,
député de la Meuse, Royer, député, Lepaz,
député du Nord, de Witt, député du Calva
dos, etc., etc.
Le cortège s'est rendu directement à. la gare
de l'Est, l'inhumation devant avoir lieu à
Saint-Dié (Vosges);
A la gare, deux discours ont été prononcés,
l'un, au nom des sénateurs des Vosges, par
M. Brugnot, sénateur, et l'autre, au nom de 1
ladéputation des Vosges; par M. Méline.
Un groupe de membres de l'Association des
journalistes républicains offrait hier soir,
chez Durand, un dîner à M. Spuller, ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts;
syndic de 'l'Association.
Au dessert, M. Ranc, président, a porté la
santé du ministre. M. Spiiller à prononcé
ensuite un charmant discours, plein de cœur,
et a terminé en portant un toast à la presse.
MM. Adrien Hébrard, Alphonse Humbert,
R. Poincaré, ancien ministre de l'instruction
Au numéro 70 du bouleyard de Strasbourg
est installé un changeur qui a failli être vic
time d'un vol avec effraction dans des cir
constances peu ordinaires et qui rappellent
les procédés des malfaiteurs d'autrefois.
Le 29 novembre dernier, un individu, disant
se nommer Starquet et demeurer à-Reims
louait un logement dans la maison de ce
changeur, au-dessus de ses bureaux, et em
ménageait le 8 courant. Dés le lendemain,
les voisins percevaient des bruits inquiétants
et prévenaient la concierge de l'immeuble.
Cette dernière, après avoir écouté attenti
vement, acquit la certitude que ces bruits
provenaient du logement occupé par le nou
veau locataire et y monta quelques instants
après; mais bien qu'ayant sonné plusieurs
fois elle ne. put obtenir de réponse,-
Quelques instants après,trois individus
sortirent du logement et i elle leur demanda
des explications; mais, pendant que deux
d'entre eux se sauvaient précipitamment, le
troisième lui fit des reproches pour avoir
sonné avec tant d'insistance, disant qu'il se
Plaindrait au locataire, M. Starquet, dont il
tait Remployé.
Le locataire n'ayant pas reparu et une let
tre adressée par la concierge au domicile
qu'il avait indiqua à Reims lui étant reve
nue avec la mention « inconnu », le proprié
taire fut avisé des faits et s'adressa à
M. Dresch, commissaire de police du quartier
de la .Porte-Saint-Martin, qui fit ouvrir la
porte du logement. . .
Le magistrat découvrit que quatre lames
du parquet avaient été enlevées et que les so
lives qui les supportaient étaient aux trois
quarts sciées, ce qui dénotait parfaitement
l'intention, de la part des individus qui occu
paient l'é logement, de s'introduire la nuit
dans la boutique du changeur pour s'empa
rer des valeurs qui s'y trouvaient.
. On a retrouvé épars sur le parquet trois
pinces-leviers de 1 mètre en viron de longueur,
une pince-monseigneur de forte taille, une
scie à métaux avec lame de rechange, une
cisaille, trois paires de tenailles, neuf forets,
une mèohe anglaise et son'vilebrequin, une
scie à main, une tarière, un marteau, un
pointai en métal, une . corde, deux rouleaux,
un ; mètre, une lanterne sourde et-plusieurs
chandelles;
Les outils, de petite dimension étaient
contenus dans une valise noire dans laquelle
on a retrouvé quelques numéros de journaux
en date du 9 décembre.
M. Dresch, qui croit qu'il s'agit d'une
bandé parfaitement organisée, fait d'activés
recherches pour retrouver les malfaiteurs,
et grâce au signalement exact que la concierge
a pu lui donner il est présumable qu'ils
seront bientôt entre les mains de la justice.
INCIDENT DIPLOMATIQUE
(Dépêche de notre correspondant
Hendaye, 19 décembre..
Le directeur des douanes d'Irun à retenu la
valise apportée par le courrier habituel de
l'ambassade de France, malgré les protesta
tions de ce fonctionnaire couvert par l'immu
nité diplomatique.
La valise et les colis annexés étaient cepen
dant marqués et clos,- comme d'habitude, du
sceau du ministère des affaires étrangères, et
ils avaient été remis dans l'enceinte de la
gare d'Irun par les agents des postes fran
çaises, circonstances qui détruisent toute
suspicion de contrebande de douane comme
les agents espagnols l'allèguent pour légiti
mer leur acte.
Un draine passi onnel rue Montorgueil
La rue Montorgueil, près des Halles, a été
hier matin à la première heure le théâtre
d'un drame passionnel.
Au n° 6 du ladite rue se trouve une bouche
rie tenue par M. Forget et son fils Edouard,
âgé de vingt-six ans. Celui-ci s'est marié il
y a six semaines avec une charmante jeune
fille.
M. Edouard Forget avait un passé amou
reux à liquider.Depuis l'âge de dix-neuf ans,
il entretenait des relations avec une grande
couturière de la rue de la Chaussée-d'Antin,
Marie Idrac, âgée de vingt-huit ans.
Quelque temps avant son mariage, le jeune
homme prévint, avec toutes sortes de précau
tions, Marie Idrac qu'il allait la quitter.
La jeune femme se trouvait dans une situa
tion pécuniaire très embarrassée ; elle qui
avait occupé à un moment donné: dix ou
vrières, avait perdu ses clientes et s'était
Yue déclarer en faillite. <
La couturière, qui prétendait avoir dépensé
beaucoup d'argent avec le jeune homme pen
dant les nombreuses années qu'elle avait pas
sées avec lui, se fit signer une reconnais
sance de dette de 7,000 francs. Les paiements
devaient se. faire par des versements men
suels.
Cet arrangement mettait fin, ,dans l'esprit
d'Edouard Forget et de sa famile, à toutes
espèces de réclamations de la part de la
jeune femme.
Il n'en fut rien. Mario Idrac reçut les deux
premières mensualités, mais bientôt elle se
mit à écrire des lettres éplorées à la jeune
mariée et â ses parents.
La famille Forget voulut en finir. Le père
proposa & la couturière de liquider immé
diatement la situation; il payerait la totalité
de la somme souscrite, à condition qu'elle
remettrait toutes les lettres que lui avait
adressées le jeune homme. Elle refusa éner-
giquement.
Elle se crut persécutée par cette famille et,
peu à peu, l'idée d'un crime germa dans son
esprit.
L'àvant-dernière nuit, elle se confectionna
un large tablier bleu fermé comme en portent
les maraîchères et vint se poster, à cinq heu
res du matin, devant la boucherie. Elle s'était
armée d'un revolver.
Il était impossible de la reconnaître. Par
dessus un très riche manteau de velours, elle
avait passé le tablier qu'elle s'était fait et sur
les épaules elle avait jeté^un vieux fichu de
laine. Un autre fichu lui enveloppait la tête
et un mouchoir blanc dissimulait le bas de
son visage. .
Elle resta longtemps devant la boutique,
observant le boucher, Edouard Forget, fai»
sant l'étal et parant la viande.
Il sortit un moment pour aller, chez un
marchand de vins voisin avec des camarade^
Marie Idrac voulut tirer sur lui. Elle n'en
eut pas la force ; au dernier moment le crime
l'effrayait.
Le boucher rentra dans sa boutique et prit
des gigots qu'il vint attacher à des tringles en
dehors de l'établissement. Pour cela il monta
sur une table en marbre, tournant le dos à la
rue.
Marie Idrac sortit alors son revolver de sa
Êoche et tira deux coups de.feu sur le jeune
omme qui fut atteint au bras gauche et
dans les reins.
Au bruit des détonations les passants s'é
lancèrent sur la jeune femme qu'ils arrêtè
rent.
Le toucher s'était affaissé en poussant des
cris ; on le transporta dansune pharmacie ou
il reçut quelques soins. Il a perdu beaucoup
de sang, et la blessure qu'il a reçue dans le
dos a une certaine gravité. . •
Marie Idrac a été interrogée dans l'après-
midi par M. Bureau, commissaire de po
lice. Elle est très calme et explique qu'elle
a voulu se venger d'un homme qui, après
lui avoir coûté beaucoup d'argent, l'a aban
donnée. Voilà sa défense, qui ne semble guère
acceptable et que l'enquête. faite hier dément
déjà.
Le Supplément illustré publie cette
semaine des dessins d'un intérêt
puissant.
A la première page un grand dessin
en couleurs:
LA DYNAMITE A LA CHAMBRÉ
L'EXPLOSION
Dana, l'intérieur du numéro : •
LA DYNAMITE A LA CHAMBRE
VAILLANT LANÇANT SON ENGIN
• Enfin à la huitième page une grande
composition en couleurs :
EN ALGÉRIE
UNE BATTUE AUX BRIGANDS
Voir les détails sur la Prime du
Le numéro de huit pages dont trois
de dessins se vend 5 centimes.
INFORMATIONS POLITIQUES
■ v
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier à l'Elysée,
sous la présidence de M. Carnot.,
M. Raynal, ministre de l'intérieur, a été
autorisé à déposer, avant la clôture de la ses
sion, un projet de loi allouant, sur les fonds
de l'Etat, des pensions de retraite aux com
missaires do police municipaux, qui sont'
payés sur le budget des villes. Ce£te mesure
facilitera le recrutement du personnel.
Le conseil a décidé que des poursuites se
raient ordonnées contre la publication Le
Catéchisme du soldat.
Les ministres ont commencé ensuite l'exa
men des mesures à prendre pour conjurer les
effets de la crise agricole et vitioole.
Enfin, le ministre de l'intérieur a fait si
gner deux décrets prononçant la dissolution
des conseils municipaux de Langlade (G^rd)
et Castelculier (Lot-et-Garonne).
L'élection de Bagnères-de-BIgorro
On sait que la Chambre a voté l'enquête
sur l'élection de M. Edmond Blanc à Bagnc-
res -de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). La com
mission d'enquête a été nommée hier; elle
est composée de MM. Saint-Germain, Ricard
(Côte-d'Or), Chavoix, Naquet, Créfnieux,
Isambert, Chaudey, Farjon, Tardif, Bptig e
et Amaury Simon. -
La fraude des beurres >"
La sous-commission du conseil supérieur
chargé spécialement de rechercher les moyens
de réprimer la fraude dans le commerce des
beurres s'est réunie hier au ministère de l'a
griculture. Etaient présents MM. Tisserand,
Grandeau, Aimé Girard, Chauveau, Dehérain
et Bertaux.
M. Mtintz a donné lecture de son rapport
dans lequel, après avoir passé en revue les
divers procédés employés pour reconnaître la
présence de là margarine dans le bourre, il
expose la méthode qui devra être suivie dans
tous les ' laboratoires et dont l'application
permet d'obtenir des résultats d'une remar
quable précision.
La sous-commission a décidé que. la rap
port de M. Mûntz serait soumis très pro-
. chainement à l'examen et à l'approbation da
la commission permanente du conseil supé
rieur.
csaa
•*om* fr —
-74— FEUILLETON DU 20 DECEMBRE 1833 (1)
LES DR AMES DE LA PAIX ~
PANTALON, ROUGE
TROISIÈME PARTIS
LE FORT DE LA MORT
IX (Suite) .
.Mais soudain il.sent, contre lui, un corps
souple qui s'affaisse, contre ses jambes deux
bras qui l'enlacent.
Sur ses mains tremblantes et portant les
cicatrices des terribles brûlures, il sent de3
lèvres qui se collent et qui le couvrent de
baisers et des larmes qui tombent, qui tom
bent comme d'un ruisseau intarissable.
Et il entend des sanglota nerveux, déchi
rants.;
Et dans ces sanglots il distingue ce seul
mot cent fois répété :
— Père 1 Père ! Père !
Alors il laisse échapper un grand cri de
folie ;
— Marthe ! ma bien-aimée Marthe t
Ses mains errent dans la chevelure en
desordre, caressent le Iront, cherchent les
yeux.'
Mais c'est trop pour le vieillard fatigué et
malade. .
^ Il s'affaisse auprès de Marthe, dans les bras
ce sa fille et sa tête ballotte sur sa poitrine,
j On le dirait privé cle vie.
!__ Robert, muet, contemple cette scène.
■ 11) 'i'jailurlicE et lej-.-tcm lict ;;i UiùUïs .
Darnetal prévient ses questions par ce
mot :
— Ton grand-père, enfa&t! Plus tard tu
sauràstoutli
x
Un* mois plus tard, le Chandernagor em
menait en France le commandant Lavidry,
Marthe et Robert.
A-Kim avait voulu suivre son jeune maître.
Robert, qui l'aimait, y avait consenti.
Darnetal était resté & la ferme des Banians.
Il pensait que quelques mois lui suffiraient
Îiour vendre sa concession ou pour y instal-
er un fermier.
Ensuite il irait en France rejoindre celle à
laquelle il avait consacré sa: vie.
Sur le bateau se trouvaient également des
soldats et des officiers qui, ayant fini leurs
deux années réglementaires', retournaient
vers le doux soleil et la fraîche brise repo
sante du pays natal.
Et parmi eux, Armand deTrélon-Fontaines.
Quelques jours après leur départ, Marthe,
une nuit, se promenait sur le pont du navire;
ayant à son bras Lavidry, dont les yeux
étaient toujours voilés.
Le père et la fille aimaient à s'isoler ainsi
parfois, afin de rappeler leurs souvenirs et de
relier la chaîne de leurs deux existences si
longtemps brisée.
La mer était calme et le Chandernagor
glissait sur desûots que la lune, en les argen-
tant, rendait pareils A une immense glace
recevant les rayons de la lumière. On enten
dait seulement les vagues frangées d'écuma
qui clapotaient contre la coque, sous l'impul
sion de l'hélice, avec un'bruit mou et mono
tone rythmant le silence. Quelques passagers
dormaient sur le pont, pour se reposer de la
grande chaleur du jour. Le ciel était d'un
bleu inaltéré, parsemé d'innombrables clous
brillants, et de là, de ces profondeurs, de cet
infini troublant, une grande paix tombait sur
la mer.
Tout à coup, dans leur promenade régu
lière, Marthe et Lavidry se croisent avec un
homme qui vient, lui aussi, de monter sur le
pont,
Lavidry ne peut voir. .
Mais Marthe, machinalement, comme atti
rée, le regarde. .
Il est de haute taille et ses. épaules sont
larges et puissantes; bien que la nuit soit
claire, le ciel pur, la lune brillante, elle ne
peut distinguer, à la distance où il est, les
traits de son visage, mais ce qu'elle voit bien,
par exemple, c'est cette longue barbe blonde
qui flotte sur une sorte de blouse de chasse,
d'étoffe blanche.
Et la pauvre femme se rappelle une figure
pareille à cette' figure, une taille imposante
comme cette taille, tout, cela entrevu dans des
heures sinistres, et revu depuis dans des cau
chemars.
Staubach, enfin, William Staubach!...
Elle veut s'approcher, elle entraîne son
père...
Mais l'homme a disparu...
Elle y pense toute la nuit. Elle ne peut
dormir. Le matin seulement, brisée, un lourd
sommeil l'envahit, la retient dans son lit,
pendant que dans la cabine voisine, Robert
tient compagnie.au commandant Lavidry...
- Elle est réveillée très tard par un grand
bruit sur le pont-, des pas, descris, l'envahis
sement d'une multitude.
Elle monte.
Le Chandernagor vient d'entrer dans la
rade de Colombo. Et de tous les côtés il est
accosté par des barques dont les marins in
digènes, montant à l'abordage, viennent
offrir aux passagers du navire français mille
objets de fantaisie, mille petits travaux
curieux, des perles, des pierres préoieuses,
des étoffes, des fruits.
Déjà la baleinière s'est détachée du Chan
dernagor et emmène à Ceylan quelques pas
sagers.
. Marthe regarde. La baleinière est loin,
dans la rade.
Pourtant il lui semble bien voir celui qu'elle
cherche, cet homme .qui pèse sur son cœur
comme, un mauvais\ rêve... Elle veut être
certaine qu'elle ne se trompe pas.—
— Il reviendra, se dit-elle. Je l'attendrai!...
Les autres passagers descendent. Le ba
teau ne repartira que le soir seulement. La
journée est libre. Marthe, Robert et Lavidry
restent sur le pont. Ils sont si heureux d'être
ensemble que Ceylan, l'île riante, ne les attire
pas.
Marthe cache à son fils, sous un sourire,
son émotion, son attente fiévreuse.
Elle ne yeut pas que l'enfant partage sa
haine. *
Et dans l'histoire qu'elle lui a contée de
son amour malheureux depuis leuf départ du
Tonkin, elle ne lui a pas dit comment Michel
Mornas était mort..
Pas un mot de William Staubach !
Lavidry, pourtant, comprenait d'instinct
que quelque chose se passait en elle, et à. plu
sieurs reprises pendant cette journée, il l'in
terrogea.
Mais elle se mettait à rire, dissipait ses in
quiétudes.
Le soir, la baleinière alla chercher les pas
sagers. ■ .
Marthe regarde, anxieuse, les mains com
primant son cœur en révolte, les lèvres des
séchées, ayant dans les yeux un regard d«
folle et farouche haine.
Robert qui l'observe lui demande, inquiet :
— Mère l mère l qu'as-tu donc ?...
—»Rien, mon enfant, dit-elle, riant d'un
air égaré.
— On dirait que tu souffres.-. .
— Tu te trompes.
— Je ne t'ai jamais vue ainsi
Elle essaya dé composer son visage.
La baleinière approchait.
Elle pouvait voir, maintenant, tous cêuj.
qui la montaient, les matelot», l'officier, le
quartier-maître à la barre, les passagers qui
rentraient à bord.
Marthe eut un cri de colère, de déception.
William Staubach n'y était plus.
— Mère ! Mère ! disait Robert effrayé.
Elle le repousse, ne sachant plus ce qu'elle
■fait. -
Et quand l'officier est remonté sur le pont,
elle s'élance vers lui, égarée.
— Monsieur l ! Monsieur ! !
Il la regarde, salue poliment.
— Madame? ,■
— Il reste dos passagers à Colombo.., lia
ne sont pas tous à bord. •- - <■.
" — Excusez-moi, madame, il ne manqUe
personne...
— Pourtant, il en çst un, , parti ce . »atm,
et que je n'ai pas revu tout à- l'heure av«c
vous dans le canot...
61, rue Lafayetté, 61
.. A PARIS . '
On reçoit aussiles Annonces nie Qrange-BateEre, 15
ABOKHEMEHTS PARIS .
TROIS MOIS... 5 FfL
SIX MOIS.. 9 Fit
UWACf 18 FR.
UN' NUM ÉRO: 5 C ENTIMES
Tous les vendredis
LE SUPPLEMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES
AB0f).NcftiENTS_0£PARTE¥iËKÏS
TMÏS MOIS 8m.l
SIX MOIS 12 IB. !
TJWAN. 24 ÏH. i
MERCREDI 20 DÉCEMBRE 1895
354— —SAINT PHIL000NE, IV T ——11
TRENTE-UNIÈME ANNÉE (N uméro 11317)
I_e9 MANUSCRITS • NB SONT PAS RENDUS
DERMËiîË EDITION
VOITURES MHS CHEVAUX
à propulsion mécanique
C'est donc un concours de voitures sans
chevaux et à propulsion mécanique que le
Petit Journal organise dès à présent pour le
1er juin 1894. Voir le premier ar.ticle publié
hier sur la question.
Les règles de cette épreuve originale ne
seront pas compliquées. On le sait par
avance, ce n'est pas ici qu'on aime à s'em-
Eêtrer dans les formules d'un règlement em-
roussaillé. Quelques grandes lignes; bien
arrêtées d'avance, et ce sera tout. Voici en dis
articles toute l'économie de la chose ;
. r
Le concours sera international. Les voitures
automotrices de tous pays peuvent y prendre
part.-."
II
Tous les genres de propulseurs sont ad
mis : vapeur, électricité, gaz, pétrole, etc.
III
Les voitures seront jugées exclusivement
par le personnel de la rédaction et de l'admi
nistration du Petit Journal, gui s'adjoindra^
simplement à titre de consultation, le nombre
d'ingénieurs qui lui sera nécessaire*
IV
Pour être admises au concours, les voitures,
devront contenir au moins quatre places.
■' .■■■; V .
Il ne sera pas fait de catégories, ni pour le
moteur employé, ni pour le nombre de places.
VI ' ' v
Le premier prix du concours sera attribué,
littéralement, à la voiture sans chevaux qui
remplira cette condition :
d'être, sans danger, aisément maniable
pour les voyageurs et de ne pas
coûter trop cher sur la route.
En trois mots, c'est sur la sécurité, la
commodité et " sur le bon marché'que por
tera le jugement des personnes déléguées à
cet effet par le Petit Journal.
" VII ■ —- "
Quant & la distance à parcourir, elle sera
ia même, à quelque chose près, pour toutes
les voitures, surtout à la première épreuve
éliminatoire.
Les expériences comparatives se feront
pendant plusieurs-jours, sur les routes de
Paris à Mantes, Paris 4 Dreux, Paris à
Beauvais, Paris à Gournay, etc.
Chaque voiture, montée par l'inventeur ou
son représentant, par deux membres du jury au
moins et un ingénieur consultant, devra four
nir, pour la première épreuve éliminatoireiun
trajet de 50 Kilomètres en trois heures, et ce,
pour bien indiquer qu'il ne s'agit pas là d'ex-
nériences de grande vitesse,—l'allure de 16/17
kilomètres à l'heure étant suffisante pour ia
promenade.
Il ne sera tenu aucun compte d'une vitesse:
supérieure à celle demandée ci-dessus.
Le. trajet accompli dans le délai .voulu,
c'est-à-dire en trois heures, les membres .du
jury constitué pour attribuer les prix décer
neront à la voiture dans laquelle ils auront
fait le voyage des points dé classement, de
puis 1 jusqu'à 10. Les voitures qui auront
bénéficié des notes 8,9 et 10 prendront seules
part à ia seconde épreuve. Il en sera. de
même pour la troisième si elle est jugée né
cessaire. .
VIII
Si le nombre des machines engagées dans
le concours est trop considérable, on les fera
partir pour les épreuves éliminatoires sur
plusieurs routes à la fois ; en tous cas les
itinéraires.seront tirés au sort quelques jours
avant le 1er juin.
L'épreuve - finale se fera sur la route de
Paris à Rouen , par. Saint-Germain, Triel,
Meulan, Mantes, Vernon, Graillon et Pont-de-
l'Arche, soit sur 126' kilomètres. Toutes les
qualités des ^ voitures seront alors considé
rées : vitesse) stabilité, économie, sécurité.
IX
Toutes les formes des voitures sont ad
mises ; il ne sera tenu aucun compte des
accessoires de luxe, c'est-à-dire que le modèle
le plus rudimentaire et le moins coûteux à
établir sera accepté; pourvu qu'il marche,
c'est tout ce que nous demandons ; le reste
viendra tout seul.
X
Les engagements seront reçus Petit
Journal à partir d'aujourd'hui môme 20 dé
cembre; il suffira de me les adresser avec la
désignation sommaire de la machine.
J'ajoute qu'un droit d'entrée de 10 francs
devra accompagner la demande d'inscription.
Ce droit d'entrée sera versé à la Caisse du
Secours immédiat du Petit Journal. Les for
faits ne seront point, remboursés.
Ainsi qu'on l'a déjà deviné, cette mesura est
destinée à écarter les mauvais plaisants qui
voudraient se faire passer... gratis pour
des inventeurs accomplis.
***
Telles sont les grandes lignes de cette
épreuve utilitaire ; on remarquera qu'elle est
internationale. N'est-ce pas le meilleur moyen
de provoquer des adhésions fécondes enrésul-
tats pratiques, dans tous les pays où l'on s'oc
cupe de résoudre ce fameux problème de la
locomotion sur les routes?
Et maintenant parlons un peu des prix. Ils
seront de premier ordre, personne n'en a
douté par avance.
A la voiture sans chevaux qui approchera
le plus du desideratumdu concours : sécu
rité, commodité et bon marché relatif, le
Petit Journal attribuera un premier prix de :
SiOOO francs
Viendront ensuite les récompenses suivan
tes, que nous devrons à la libéralité person
nelle de notre excellent directeur, M. Marinoni,
l'inventeur universellement connu, dont l'ex
périence consommée en mécanique ne res
tera pas sans être mise à contribution par
nos juges profanes :
Deuxième prix — îi,OOJî fr.
Troisième — — 1,500 fr.
Quatrième — — i,000 fr.
Cinquième -r- — ■. 500 fr.
Ces quatre prix seront désignés sous le
nom du donateur.
Le premier prix sera celui du Petit Journal',
les suivants seront les prix Marinoni, et ce
ne sera que justice.
Dès aujourd'hui le livre des engagements
est ouvert. Il sera clos le 30 avril prochain.
Dana un troisième et dernier article...
le dernier pour le moment, je donnerai demain
quelques détails complémentaires.
Jean sans Terra.
Eolios dLe g a.3rtoTo.-fc
• Le dernier courrier de la côte occidentale
d'Afrique, arrivé à Paris le 18 décembre,
apporte des nouvelles de l'expédition de
M. de Brazza sur les frontières du Came
roun.
D'après une lettre de M/ Pottier,correspon
dant ae l'Illustration, M. de Brazza, au mo
ment de partir pour cette expédition, serait
tombé gravement malade, à Brazzaville le
10 octobre.
Deux médecins, le docteur Careau et le
docteur Simons, qui le veillaient jour et
nuit, espéraient pouvoir le sauver, mais
déclaraient que, s'il guérissait, le malade
devrait aller achever sa convalescence aux îles
Canaries.
publique, Aurélien Scholl et. Jules Claretie
ont pris ensuite la parole.
.
L'Académie de médecine a renouvelé hier
son bureau. M. le docteur Rochard, passant
de droit président de la compagnie, a été
remplacé drths les fonctions de vice-président
qu'il remplissait, avant par 1,1. le docteur Em-
pis. M. le docteur Cadet de Gassicourt a, par
acclamation, été réélu secrétaire annuel.
MM. les professeurs Fournier, de l'hôpital
Saint-Louis, et Riche, do l'Ecole de pharma
cie de Paris, ont été nommés membres du
conseil.
M. Humblot, ingénieur en chef du service
des eaux de la ville de Paris, vient dé passer
plusieurs jours à Melun et dans la région.
But de cette villégiature hors-de saison : l'é
tude de la dérivation du Loing et du Lunain
pour augmenter la provision d'eau propre à
faire boire aux Parisiens.
.
Une étrange, nouvelle! nous arrive de Tou
louse. Il-parait que le conseil municipal de la
vieille cité-languedocienne vient de suppri
mer la faible allocation qu'il donnait pour la
maintenance des Jeux* floraux.
Les édiles toulousains reproohent à cette
antique institution- de n'être point cassez dé
mocratique.
Cette société littéraire, la plus ancienne de
France^ remonte au quatorzième siècle; elle
s'appelait alors le « Collège du gai savoir ».
Vers l'année 1500, une riche Toulousaine, Clé
mence Isaure, consacra une partie de sa for
tune à la restauration de la Société du gai
savoir et lui assura par testament un revenu
considérable, La Société s'appela, à dater de
ce moment, Collège des Jeux floraux.
En 1694, Louis XIV, par lettres patentes,
l'érigea en Académie.. ,
Le sultan du 1 Maroc vient d'être doulou
reusement éprouvé. Son éléphant Stohe, le
seul qu'il y.eût dans ses Etats, «vient de
mourir. Stoka était un superbe pachyderme
que la reine d'Angleterre avait offert au sultan
en 1891.
' Rigueur administrative. •
Un habitant de Strasbourg vi6nt d'être
condamné à .l'amende pour n'avoir pas dé
claré, dans les vingt-quatre heures réglemen
taires, la résidence d'une personne étrangère
dans.son habitation et avoir attendu quatre
jours pour remplir cette formalité.
• Or, la personne en question était la femme
que notre Strasbourgeois venait d'épouser.
Malgré cette circonstance atténuante, le
tribunal s ? est montré impitoyable.'
'UN- VOL BIEN PRÉPARÉ
Hier, à trois heures, ont eu lieu les obsè
ques de M. Albert Ferry, sénateur des Vosges.
Un bataillon du 29 e de ligne, avec musique
et drapeau, rendait les honneurs militaires.
Les cordons du poêle étaient tenus par MM.
•Mêlinej Boucher, Kranfz, députés, et M. Patz,
. Dans l'assistance se' trouvaient de très
nombreux sénateurs et députés., le général
Thomas, MM. Daubrée, directeur des forêts,
Lafosse, inspecteur des forêts, Buvignier,
député de la Meuse, Royer, député, Lepaz,
député du Nord, de Witt, député du Calva
dos, etc., etc.
Le cortège s'est rendu directement à. la gare
de l'Est, l'inhumation devant avoir lieu à
Saint-Dié (Vosges);
A la gare, deux discours ont été prononcés,
l'un, au nom des sénateurs des Vosges, par
M. Brugnot, sénateur, et l'autre, au nom de 1
ladéputation des Vosges; par M. Méline.
Un groupe de membres de l'Association des
journalistes républicains offrait hier soir,
chez Durand, un dîner à M. Spuller, ministre
de l'instruction publique et des beaux-arts;
syndic de 'l'Association.
Au dessert, M. Ranc, président, a porté la
santé du ministre. M. Spiiller à prononcé
ensuite un charmant discours, plein de cœur,
et a terminé en portant un toast à la presse.
MM. Adrien Hébrard, Alphonse Humbert,
R. Poincaré, ancien ministre de l'instruction
Au numéro 70 du bouleyard de Strasbourg
est installé un changeur qui a failli être vic
time d'un vol avec effraction dans des cir
constances peu ordinaires et qui rappellent
les procédés des malfaiteurs d'autrefois.
Le 29 novembre dernier, un individu, disant
se nommer Starquet et demeurer à-Reims
louait un logement dans la maison de ce
changeur, au-dessus de ses bureaux, et em
ménageait le 8 courant. Dés le lendemain,
les voisins percevaient des bruits inquiétants
et prévenaient la concierge de l'immeuble.
Cette dernière, après avoir écouté attenti
vement, acquit la certitude que ces bruits
provenaient du logement occupé par le nou
veau locataire et y monta quelques instants
après; mais bien qu'ayant sonné plusieurs
fois elle ne. put obtenir de réponse,-
Quelques instants après,trois individus
sortirent du logement et i elle leur demanda
des explications; mais, pendant que deux
d'entre eux se sauvaient précipitamment, le
troisième lui fit des reproches pour avoir
sonné avec tant d'insistance, disant qu'il se
Plaindrait au locataire, M. Starquet, dont il
tait Remployé.
Le locataire n'ayant pas reparu et une let
tre adressée par la concierge au domicile
qu'il avait indiqua à Reims lui étant reve
nue avec la mention « inconnu », le proprié
taire fut avisé des faits et s'adressa à
M. Dresch, commissaire de police du quartier
de la .Porte-Saint-Martin, qui fit ouvrir la
porte du logement. . .
Le magistrat découvrit que quatre lames
du parquet avaient été enlevées et que les so
lives qui les supportaient étaient aux trois
quarts sciées, ce qui dénotait parfaitement
l'intention, de la part des individus qui occu
paient l'é logement, de s'introduire la nuit
dans la boutique du changeur pour s'empa
rer des valeurs qui s'y trouvaient.
. On a retrouvé épars sur le parquet trois
pinces-leviers de 1 mètre en viron de longueur,
une pince-monseigneur de forte taille, une
scie à métaux avec lame de rechange, une
cisaille, trois paires de tenailles, neuf forets,
une mèohe anglaise et son'vilebrequin, une
scie à main, une tarière, un marteau, un
pointai en métal, une . corde, deux rouleaux,
un ; mètre, une lanterne sourde et-plusieurs
chandelles;
Les outils, de petite dimension étaient
contenus dans une valise noire dans laquelle
on a retrouvé quelques numéros de journaux
en date du 9 décembre.
M. Dresch, qui croit qu'il s'agit d'une
bandé parfaitement organisée, fait d'activés
recherches pour retrouver les malfaiteurs,
et grâce au signalement exact que la concierge
a pu lui donner il est présumable qu'ils
seront bientôt entre les mains de la justice.
INCIDENT DIPLOMATIQUE
(Dépêche de notre correspondant
Hendaye, 19 décembre..
Le directeur des douanes d'Irun à retenu la
valise apportée par le courrier habituel de
l'ambassade de France, malgré les protesta
tions de ce fonctionnaire couvert par l'immu
nité diplomatique.
La valise et les colis annexés étaient cepen
dant marqués et clos,- comme d'habitude, du
sceau du ministère des affaires étrangères, et
ils avaient été remis dans l'enceinte de la
gare d'Irun par les agents des postes fran
çaises, circonstances qui détruisent toute
suspicion de contrebande de douane comme
les agents espagnols l'allèguent pour légiti
mer leur acte.
Un draine passi onnel rue Montorgueil
La rue Montorgueil, près des Halles, a été
hier matin à la première heure le théâtre
d'un drame passionnel.
Au n° 6 du ladite rue se trouve une bouche
rie tenue par M. Forget et son fils Edouard,
âgé de vingt-six ans. Celui-ci s'est marié il
y a six semaines avec une charmante jeune
fille.
M. Edouard Forget avait un passé amou
reux à liquider.Depuis l'âge de dix-neuf ans,
il entretenait des relations avec une grande
couturière de la rue de la Chaussée-d'Antin,
Marie Idrac, âgée de vingt-huit ans.
Quelque temps avant son mariage, le jeune
homme prévint, avec toutes sortes de précau
tions, Marie Idrac qu'il allait la quitter.
La jeune femme se trouvait dans une situa
tion pécuniaire très embarrassée ; elle qui
avait occupé à un moment donné: dix ou
vrières, avait perdu ses clientes et s'était
Yue déclarer en faillite. <
La couturière, qui prétendait avoir dépensé
beaucoup d'argent avec le jeune homme pen
dant les nombreuses années qu'elle avait pas
sées avec lui, se fit signer une reconnais
sance de dette de 7,000 francs. Les paiements
devaient se. faire par des versements men
suels.
Cet arrangement mettait fin, ,dans l'esprit
d'Edouard Forget et de sa famile, à toutes
espèces de réclamations de la part de la
jeune femme.
Il n'en fut rien. Mario Idrac reçut les deux
premières mensualités, mais bientôt elle se
mit à écrire des lettres éplorées à la jeune
mariée et â ses parents.
La famille Forget voulut en finir. Le père
proposa & la couturière de liquider immé
diatement la situation; il payerait la totalité
de la somme souscrite, à condition qu'elle
remettrait toutes les lettres que lui avait
adressées le jeune homme. Elle refusa éner-
giquement.
Elle se crut persécutée par cette famille et,
peu à peu, l'idée d'un crime germa dans son
esprit.
L'àvant-dernière nuit, elle se confectionna
un large tablier bleu fermé comme en portent
les maraîchères et vint se poster, à cinq heu
res du matin, devant la boucherie. Elle s'était
armée d'un revolver.
Il était impossible de la reconnaître. Par
dessus un très riche manteau de velours, elle
avait passé le tablier qu'elle s'était fait et sur
les épaules elle avait jeté^un vieux fichu de
laine. Un autre fichu lui enveloppait la tête
et un mouchoir blanc dissimulait le bas de
son visage. .
Elle resta longtemps devant la boutique,
observant le boucher, Edouard Forget, fai»
sant l'étal et parant la viande.
Il sortit un moment pour aller, chez un
marchand de vins voisin avec des camarade^
Marie Idrac voulut tirer sur lui. Elle n'en
eut pas la force ; au dernier moment le crime
l'effrayait.
Le boucher rentra dans sa boutique et prit
des gigots qu'il vint attacher à des tringles en
dehors de l'établissement. Pour cela il monta
sur une table en marbre, tournant le dos à la
rue.
Marie Idrac sortit alors son revolver de sa
Êoche et tira deux coups de.feu sur le jeune
omme qui fut atteint au bras gauche et
dans les reins.
Au bruit des détonations les passants s'é
lancèrent sur la jeune femme qu'ils arrêtè
rent.
Le toucher s'était affaissé en poussant des
cris ; on le transporta dansune pharmacie ou
il reçut quelques soins. Il a perdu beaucoup
de sang, et la blessure qu'il a reçue dans le
dos a une certaine gravité. . •
Marie Idrac a été interrogée dans l'après-
midi par M. Bureau, commissaire de po
lice. Elle est très calme et explique qu'elle
a voulu se venger d'un homme qui, après
lui avoir coûté beaucoup d'argent, l'a aban
donnée. Voilà sa défense, qui ne semble guère
acceptable et que l'enquête. faite hier dément
déjà.
Le Supplément illustré publie cette
semaine des dessins d'un intérêt
puissant.
A la première page un grand dessin
en couleurs:
LA DYNAMITE A LA CHAMBRÉ
L'EXPLOSION
Dana, l'intérieur du numéro : •
LA DYNAMITE A LA CHAMBRE
VAILLANT LANÇANT SON ENGIN
• Enfin à la huitième page une grande
composition en couleurs :
EN ALGÉRIE
UNE BATTUE AUX BRIGANDS
Voir les détails sur la Prime du
Le numéro de huit pages dont trois
de dessins se vend 5 centimes.
INFORMATIONS POLITIQUES
■ v
Conseil des ministres
Les ministres se sont réunis hier à l'Elysée,
sous la présidence de M. Carnot.,
M. Raynal, ministre de l'intérieur, a été
autorisé à déposer, avant la clôture de la ses
sion, un projet de loi allouant, sur les fonds
de l'Etat, des pensions de retraite aux com
missaires do police municipaux, qui sont'
payés sur le budget des villes. Ce£te mesure
facilitera le recrutement du personnel.
Le conseil a décidé que des poursuites se
raient ordonnées contre la publication Le
Catéchisme du soldat.
Les ministres ont commencé ensuite l'exa
men des mesures à prendre pour conjurer les
effets de la crise agricole et vitioole.
Enfin, le ministre de l'intérieur a fait si
gner deux décrets prononçant la dissolution
des conseils municipaux de Langlade (G^rd)
et Castelculier (Lot-et-Garonne).
L'élection de Bagnères-de-BIgorro
On sait que la Chambre a voté l'enquête
sur l'élection de M. Edmond Blanc à Bagnc-
res -de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). La com
mission d'enquête a été nommée hier; elle
est composée de MM. Saint-Germain, Ricard
(Côte-d'Or), Chavoix, Naquet, Créfnieux,
Isambert, Chaudey, Farjon, Tardif, Bptig e
et Amaury Simon. -
La fraude des beurres >"
La sous-commission du conseil supérieur
chargé spécialement de rechercher les moyens
de réprimer la fraude dans le commerce des
beurres s'est réunie hier au ministère de l'a
griculture. Etaient présents MM. Tisserand,
Grandeau, Aimé Girard, Chauveau, Dehérain
et Bertaux.
M. Mtintz a donné lecture de son rapport
dans lequel, après avoir passé en revue les
divers procédés employés pour reconnaître la
présence de là margarine dans le bourre, il
expose la méthode qui devra être suivie dans
tous les ' laboratoires et dont l'application
permet d'obtenir des résultats d'une remar
quable précision.
La sous-commission a décidé que. la rap
port de M. Mûntz serait soumis très pro-
. chainement à l'examen et à l'approbation da
la commission permanente du conseil supé
rieur.
csaa
•*om* fr —
-74— FEUILLETON DU 20 DECEMBRE 1833 (1)
LES DR AMES DE LA PAIX ~
PANTALON, ROUGE
TROISIÈME PARTIS
LE FORT DE LA MORT
IX (Suite) .
.Mais soudain il.sent, contre lui, un corps
souple qui s'affaisse, contre ses jambes deux
bras qui l'enlacent.
Sur ses mains tremblantes et portant les
cicatrices des terribles brûlures, il sent de3
lèvres qui se collent et qui le couvrent de
baisers et des larmes qui tombent, qui tom
bent comme d'un ruisseau intarissable.
Et il entend des sanglota nerveux, déchi
rants.;
Et dans ces sanglots il distingue ce seul
mot cent fois répété :
— Père 1 Père ! Père !
Alors il laisse échapper un grand cri de
folie ;
— Marthe ! ma bien-aimée Marthe t
Ses mains errent dans la chevelure en
desordre, caressent le Iront, cherchent les
yeux.'
Mais c'est trop pour le vieillard fatigué et
malade. .
^ Il s'affaisse auprès de Marthe, dans les bras
ce sa fille et sa tête ballotte sur sa poitrine,
j On le dirait privé cle vie.
!__ Robert, muet, contemple cette scène.
■ 11) 'i'jailurlicE et lej-.-tcm lict ;;i UiùUïs .
Darnetal prévient ses questions par ce
mot :
— Ton grand-père, enfa&t! Plus tard tu
sauràstoutli
x
Un* mois plus tard, le Chandernagor em
menait en France le commandant Lavidry,
Marthe et Robert.
A-Kim avait voulu suivre son jeune maître.
Robert, qui l'aimait, y avait consenti.
Darnetal était resté & la ferme des Banians.
Il pensait que quelques mois lui suffiraient
Îiour vendre sa concession ou pour y instal-
er un fermier.
Ensuite il irait en France rejoindre celle à
laquelle il avait consacré sa: vie.
Sur le bateau se trouvaient également des
soldats et des officiers qui, ayant fini leurs
deux années réglementaires', retournaient
vers le doux soleil et la fraîche brise repo
sante du pays natal.
Et parmi eux, Armand deTrélon-Fontaines.
Quelques jours après leur départ, Marthe,
une nuit, se promenait sur le pont du navire;
ayant à son bras Lavidry, dont les yeux
étaient toujours voilés.
Le père et la fille aimaient à s'isoler ainsi
parfois, afin de rappeler leurs souvenirs et de
relier la chaîne de leurs deux existences si
longtemps brisée.
La mer était calme et le Chandernagor
glissait sur desûots que la lune, en les argen-
tant, rendait pareils A une immense glace
recevant les rayons de la lumière. On enten
dait seulement les vagues frangées d'écuma
qui clapotaient contre la coque, sous l'impul
sion de l'hélice, avec un'bruit mou et mono
tone rythmant le silence. Quelques passagers
dormaient sur le pont, pour se reposer de la
grande chaleur du jour. Le ciel était d'un
bleu inaltéré, parsemé d'innombrables clous
brillants, et de là, de ces profondeurs, de cet
infini troublant, une grande paix tombait sur
la mer.
Tout à coup, dans leur promenade régu
lière, Marthe et Lavidry se croisent avec un
homme qui vient, lui aussi, de monter sur le
pont,
Lavidry ne peut voir. .
Mais Marthe, machinalement, comme atti
rée, le regarde. .
Il est de haute taille et ses. épaules sont
larges et puissantes; bien que la nuit soit
claire, le ciel pur, la lune brillante, elle ne
peut distinguer, à la distance où il est, les
traits de son visage, mais ce qu'elle voit bien,
par exemple, c'est cette longue barbe blonde
qui flotte sur une sorte de blouse de chasse,
d'étoffe blanche.
Et la pauvre femme se rappelle une figure
pareille à cette' figure, une taille imposante
comme cette taille, tout, cela entrevu dans des
heures sinistres, et revu depuis dans des cau
chemars.
Staubach, enfin, William Staubach!...
Elle veut s'approcher, elle entraîne son
père...
Mais l'homme a disparu...
Elle y pense toute la nuit. Elle ne peut
dormir. Le matin seulement, brisée, un lourd
sommeil l'envahit, la retient dans son lit,
pendant que dans la cabine voisine, Robert
tient compagnie.au commandant Lavidry...
- Elle est réveillée très tard par un grand
bruit sur le pont-, des pas, descris, l'envahis
sement d'une multitude.
Elle monte.
Le Chandernagor vient d'entrer dans la
rade de Colombo. Et de tous les côtés il est
accosté par des barques dont les marins in
digènes, montant à l'abordage, viennent
offrir aux passagers du navire français mille
objets de fantaisie, mille petits travaux
curieux, des perles, des pierres préoieuses,
des étoffes, des fruits.
Déjà la baleinière s'est détachée du Chan
dernagor et emmène à Ceylan quelques pas
sagers.
. Marthe regarde. La baleinière est loin,
dans la rade.
Pourtant il lui semble bien voir celui qu'elle
cherche, cet homme .qui pèse sur son cœur
comme, un mauvais\ rêve... Elle veut être
certaine qu'elle ne se trompe pas.—
— Il reviendra, se dit-elle. Je l'attendrai!...
Les autres passagers descendent. Le ba
teau ne repartira que le soir seulement. La
journée est libre. Marthe, Robert et Lavidry
restent sur le pont. Ils sont si heureux d'être
ensemble que Ceylan, l'île riante, ne les attire
pas.
Marthe cache à son fils, sous un sourire,
son émotion, son attente fiévreuse.
Elle ne yeut pas que l'enfant partage sa
haine. *
Et dans l'histoire qu'elle lui a contée de
son amour malheureux depuis leuf départ du
Tonkin, elle ne lui a pas dit comment Michel
Mornas était mort..
Pas un mot de William Staubach !
Lavidry, pourtant, comprenait d'instinct
que quelque chose se passait en elle, et à. plu
sieurs reprises pendant cette journée, il l'in
terrogea.
Mais elle se mettait à rire, dissipait ses in
quiétudes.
Le soir, la baleinière alla chercher les pas
sagers. ■ .
Marthe regarde, anxieuse, les mains com
primant son cœur en révolte, les lèvres des
séchées, ayant dans les yeux un regard d«
folle et farouche haine.
Robert qui l'observe lui demande, inquiet :
— Mère l mère l qu'as-tu donc ?...
—»Rien, mon enfant, dit-elle, riant d'un
air égaré.
— On dirait que tu souffres.-. .
— Tu te trompes.
— Je ne t'ai jamais vue ainsi
Elle essaya dé composer son visage.
La baleinière approchait.
Elle pouvait voir, maintenant, tous cêuj.
qui la montaient, les matelot», l'officier, le
quartier-maître à la barre, les passagers qui
rentraient à bord.
Marthe eut un cri de colère, de déception.
William Staubach n'y était plus.
— Mère ! Mère ! disait Robert effrayé.
Elle le repousse, ne sachant plus ce qu'elle
■fait. -
Et quand l'officier est remonté sur le pont,
elle s'élance vers lui, égarée.
— Monsieur l ! Monsieur ! !
Il la regarde, salue poliment.
— Madame? ,■
— Il reste dos passagers à Colombo.., lia
ne sont pas tous à bord. •- - <■.
" — Excusez-moi, madame, il ne manqUe
personne...
— Pourtant, il en çst un, , parti ce . »atm,
et que je n'ai pas revu tout à- l'heure av«c
vous dans le canot...
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