Presse et revues
24 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 novembre 1922 01 novembre 1922
Description : 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30. 1922/11/01 (A6,N72)-1922/11/30.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120304p
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
LES GRANDS SEIGNEURS DE L'ATLAS
CAID EL AYADI BEN EL HACHEM1
Parmi les grands Caïds du Sud Marocain, en bien
des points semblables à nos grands seigneurs féo-
daux français de jadis, le Caïd El Ayadi Caïd El
Kebir de la Tribu des Rehamna, n'est pas un des
moindres. Parmi nos puissants seigneurs français,
nombreux furent ceux qui partirent de très bas et ne
durent leur élévation qu'à leur mérite personnel,
leur audace et aussi leur chance. El Ayadi, comme
eux est un soldat de fortune, parvenu au faîte des
grandeurs. Par une grande bravoure, jointe à une
intelligence très vive qui lui fit profiter des circon-
stances et au besoin les créer, il a su s'imposer à sa
tribu et en devenir le maître absolu.
Le Cdid El Ayadi est âgé d'environ 48 ans, il est
né dans un petit douar des Ouled Bou Bélier, fraction
de la grande tribu des Rehamna, le douar Chalga,
dont le Cheikh était un de ses oncles. Très jeune
celui-ci le prit auprès de lui, pour l'aider dans son
commandement. De suite il se distingua parmi les
jeunes gens de son âge, par la lucidité et la vivacité
de son esprit, son à-propos et son grand sens
pratique; il s'acquit bien vite, auprès de son oncle,
une assez grande notoriété en intervenant dans le
règlement des litiges entre les administrés des Caïds
Rehamna.
C'est vers cette époque que Moulay Hafid se
posait en prétendant au trône du Sultan. El Ayadi
prévit de suite le succès du futur monarque et
bruyamment se rallia à lui. Il n'avait pas alors sa
colossale fortune actuelle et Moulay Hafid dût le
soutenir pécuniairement. Avec ses subsides il réunit
et équipa une troupe d'une quarantaine de cavaliers,
et à leur tête devenu aventurier, il parcourut le bled.
Essentiellement mobile, il semblait être partout à la
fois, pillant et rançonnant les adversaires du pré-
tendant. Tous ses coups de main furent heureux.
Par son entrain, ses succès et l'autorité qu'il avait
déjà su s'acquérir autrefois sur ses frères Rehamna,
il finit par les convaincre et à en faire de chauds
partisans de Moulay Hafid.
Devenu Sultan, Moulay Hafid, ne se montra pas
ingrat et sut récompenser son partisan de la première
heure. Par Dahir, il l'investit Caïd des Ouled Slama
et Ouled Bou Bélier, deux fractions des Rehamna.
El Ayadi est bien jeune et sa carrière se dessine
déjà, mais il vise plus haut. Il lui faut des occasions
pour se faire valoir ; il les cherche, il les provoque
au besoin.
En 19W, il prend le commandement d'une har^a
destinée à faire rentrer dans le devoir la tribu voisine
des Doul^ala. Il obtint plein succès, montra beau-
coup de courage, s'exposant avec grande témérité
et fut même blessé. Cette expédition ne lui rapporta
pas tout ce qu'il en pouvait espérer.
Il cherche autre chose. L'autre moitié de la tribu
des Rehamna était à ce moment commandée par le
Cdid Abdesselam El Berbouchi. Jusqu'à présent les
deux Caïds avaient vécu en bonne intelligence, mais
El Ayadi estimait Abdesselam bien inférieur à lui
et pensait pouvoir, par la force, le supplanter dans
son commandement.
Brusquement, il plaça sous ses ordres, de sa propre
autorité, la fraction des Arrib, qui dépendait
d'Abdesselam. Il avait trop présumé de lui ; de la
lutte qui s'ensuivit El Ayadi ne sortit pas vainqueur.
Il dut venir se réfugier à Marrahech.
Après deux échecs successifs dans le but qu'il s'est
fixé, et dont le second l'a ruiné, il faut à El Ayadi
rétablir sa fortune.
Nous sommes en 1911 au moment des sanglantes
émeutes de F es.
La colonne du général Moinier quittait à ce
moment Rabat pour aller occuper la capitale rebelle.
L'ordre fut vite rétabli, le calme sembla renaître dans
toute l'étendue de l'Empire Maghzen. Ce ne fut que
pour un instant. Le Sud Marocain fut brusquement
en effervescence, El Hiba venait de surgir prêchant
la guerre sainte contre les Français.
Tous le suivirent. El Ayadi malgré l'occupation
de Marrakech par les troupes du prétendant au début
de 1912 ne se rallia pas à lui.
Il se montra très habile et très clairvoyant poli-
tique ; pressentant l'échec du prétendant, il se
déclara franchement pour la cause française.
Il fut avec El Hadj Thami Glaoui l'un de ceux
qui tentèrent de paralyser le mouvement hibiste, il
prévint le colonel Mangin du danger que couraient
les officiers et fonctionnaires français emprisonnés.
A l'arrivée de la colonne, rassemblant un petit
groupe de dévoués partisans, il attaqua les contin-
gents hibistes, contribuant ainsi à la mise en déroute
du prétendant.
Cette fois El Ayadi avait frappé à la bonne porte,
il vit son rêve se réaliser. En récompense de ses
services, il reçut le titre de Caïd El Kebir des
Rehamna, le 7 septembre 1912.
Mais il ne s'endort pas. En avril-mai 1913, il
participa à la tête d'un fort contingent Rehamna, à
la colonne du Sous, où il rendit les plus grands
services, tant dans les combats que dans les conseils.
En s'inspirant des instructions qui lui avaient été
données, il travailla à faire agir d'un commun
accord les grands caids rivaux : Glaoui et Goundafi.
C'est en grande partie grâce à son influence que
ce résultat put être obtenu, sans provoquer de conflits
graves entre ces deux caïds.
Le prestige d'El Ayadi s'est encjore accru à la
suite de cette har\a où il fit preuve d'une intelligence
supérieure, d'une bravoure poussée parfois jusqu'à
la témérité et d'une énergie étonnante (il fit toute
la campagne alors qu'il était gravement malade).
Pendant toute la durée de la guerre contre
l'Allemagne, El Ayadi s'est conduit avec le loya-
lisme le plus absolu ; se rangeant résolument à nos
actes, et nous aidant de tous ses efforts pendant ces
moments difficiles.
Le 4 mai 1919, le Gouvernement de la République
Française reconnaissait ses services en le nommant
officier de la Légion d'honneur.
El Ayadi s'est rendu en France, pour assister aux
Fêtes de la Victoire, il en est revenu émerveillé et
l'on peut constater depuis en lui un sentiment très
net d'admiration pour la puissance française.
CAID EL AYADI BEN EL HACHEM1
Parmi les grands Caïds du Sud Marocain, en bien
des points semblables à nos grands seigneurs féo-
daux français de jadis, le Caïd El Ayadi Caïd El
Kebir de la Tribu des Rehamna, n'est pas un des
moindres. Parmi nos puissants seigneurs français,
nombreux furent ceux qui partirent de très bas et ne
durent leur élévation qu'à leur mérite personnel,
leur audace et aussi leur chance. El Ayadi, comme
eux est un soldat de fortune, parvenu au faîte des
grandeurs. Par une grande bravoure, jointe à une
intelligence très vive qui lui fit profiter des circon-
stances et au besoin les créer, il a su s'imposer à sa
tribu et en devenir le maître absolu.
Le Cdid El Ayadi est âgé d'environ 48 ans, il est
né dans un petit douar des Ouled Bou Bélier, fraction
de la grande tribu des Rehamna, le douar Chalga,
dont le Cheikh était un de ses oncles. Très jeune
celui-ci le prit auprès de lui, pour l'aider dans son
commandement. De suite il se distingua parmi les
jeunes gens de son âge, par la lucidité et la vivacité
de son esprit, son à-propos et son grand sens
pratique; il s'acquit bien vite, auprès de son oncle,
une assez grande notoriété en intervenant dans le
règlement des litiges entre les administrés des Caïds
Rehamna.
C'est vers cette époque que Moulay Hafid se
posait en prétendant au trône du Sultan. El Ayadi
prévit de suite le succès du futur monarque et
bruyamment se rallia à lui. Il n'avait pas alors sa
colossale fortune actuelle et Moulay Hafid dût le
soutenir pécuniairement. Avec ses subsides il réunit
et équipa une troupe d'une quarantaine de cavaliers,
et à leur tête devenu aventurier, il parcourut le bled.
Essentiellement mobile, il semblait être partout à la
fois, pillant et rançonnant les adversaires du pré-
tendant. Tous ses coups de main furent heureux.
Par son entrain, ses succès et l'autorité qu'il avait
déjà su s'acquérir autrefois sur ses frères Rehamna,
il finit par les convaincre et à en faire de chauds
partisans de Moulay Hafid.
Devenu Sultan, Moulay Hafid, ne se montra pas
ingrat et sut récompenser son partisan de la première
heure. Par Dahir, il l'investit Caïd des Ouled Slama
et Ouled Bou Bélier, deux fractions des Rehamna.
El Ayadi est bien jeune et sa carrière se dessine
déjà, mais il vise plus haut. Il lui faut des occasions
pour se faire valoir ; il les cherche, il les provoque
au besoin.
En 19W, il prend le commandement d'une har^a
destinée à faire rentrer dans le devoir la tribu voisine
des Doul^ala. Il obtint plein succès, montra beau-
coup de courage, s'exposant avec grande témérité
et fut même blessé. Cette expédition ne lui rapporta
pas tout ce qu'il en pouvait espérer.
Il cherche autre chose. L'autre moitié de la tribu
des Rehamna était à ce moment commandée par le
Cdid Abdesselam El Berbouchi. Jusqu'à présent les
deux Caïds avaient vécu en bonne intelligence, mais
El Ayadi estimait Abdesselam bien inférieur à lui
et pensait pouvoir, par la force, le supplanter dans
son commandement.
Brusquement, il plaça sous ses ordres, de sa propre
autorité, la fraction des Arrib, qui dépendait
d'Abdesselam. Il avait trop présumé de lui ; de la
lutte qui s'ensuivit El Ayadi ne sortit pas vainqueur.
Il dut venir se réfugier à Marrahech.
Après deux échecs successifs dans le but qu'il s'est
fixé, et dont le second l'a ruiné, il faut à El Ayadi
rétablir sa fortune.
Nous sommes en 1911 au moment des sanglantes
émeutes de F es.
La colonne du général Moinier quittait à ce
moment Rabat pour aller occuper la capitale rebelle.
L'ordre fut vite rétabli, le calme sembla renaître dans
toute l'étendue de l'Empire Maghzen. Ce ne fut que
pour un instant. Le Sud Marocain fut brusquement
en effervescence, El Hiba venait de surgir prêchant
la guerre sainte contre les Français.
Tous le suivirent. El Ayadi malgré l'occupation
de Marrakech par les troupes du prétendant au début
de 1912 ne se rallia pas à lui.
Il se montra très habile et très clairvoyant poli-
tique ; pressentant l'échec du prétendant, il se
déclara franchement pour la cause française.
Il fut avec El Hadj Thami Glaoui l'un de ceux
qui tentèrent de paralyser le mouvement hibiste, il
prévint le colonel Mangin du danger que couraient
les officiers et fonctionnaires français emprisonnés.
A l'arrivée de la colonne, rassemblant un petit
groupe de dévoués partisans, il attaqua les contin-
gents hibistes, contribuant ainsi à la mise en déroute
du prétendant.
Cette fois El Ayadi avait frappé à la bonne porte,
il vit son rêve se réaliser. En récompense de ses
services, il reçut le titre de Caïd El Kebir des
Rehamna, le 7 septembre 1912.
Mais il ne s'endort pas. En avril-mai 1913, il
participa à la tête d'un fort contingent Rehamna, à
la colonne du Sous, où il rendit les plus grands
services, tant dans les combats que dans les conseils.
En s'inspirant des instructions qui lui avaient été
données, il travailla à faire agir d'un commun
accord les grands caids rivaux : Glaoui et Goundafi.
C'est en grande partie grâce à son influence que
ce résultat put être obtenu, sans provoquer de conflits
graves entre ces deux caïds.
Le prestige d'El Ayadi s'est encjore accru à la
suite de cette har\a où il fit preuve d'une intelligence
supérieure, d'une bravoure poussée parfois jusqu'à
la témérité et d'une énergie étonnante (il fit toute
la campagne alors qu'il était gravement malade).
Pendant toute la durée de la guerre contre
l'Allemagne, El Ayadi s'est conduit avec le loya-
lisme le plus absolu ; se rangeant résolument à nos
actes, et nous aidant de tous ses efforts pendant ces
moments difficiles.
Le 4 mai 1919, le Gouvernement de la République
Française reconnaissait ses services en le nommant
officier de la Légion d'honneur.
El Ayadi s'est rendu en France, pour assister aux
Fêtes de la Victoire, il en est revenu émerveillé et
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