Presse et revues
38 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 juin 1922 01 juin 1922
Description : 1922/06/01 (A6,N67)-1922/06/30. 1922/06/01 (A6,N67)-1922/06/30.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120253t
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
L'OEUVRE FRANÇAISE AU MAROC
fait avec lenteur pour de multiples raisons qu'il
serait trop long d'énumérer ici, et cependant le
nombre des cellules administratives va en augmen-
tant.
Or, le fonctionnaire, et c'est à son éloge, tend à
s'identifier avec sa fonction; puis étant Français, il
est individualiste. On commence donc à craindre au
Maroc de voir s'y implanter, en dépit des goûts de
simplification du Maréchal, le même esprit de parti-
cularisme administratif dont souffre la métropole.
Ceci dit parce qu'il n'est rien de parfait, et que
ce point d'ombre m'a paru devoir être signalé, il
est de toute évidence que les dix premières années
du Protectorat français au Maroc magistralement
inauguré et exercé par un Lyautey constitueront dans
l'histoire des empires coloniaux un fait exceptionnel.
Veuillez agréer, Messieurs les Directeurs, l'expres-
sion de mes sentiments les plus distingués.
Edmond Doutté
Quand, après des années de collaboration dévouée
avec le Makhzen, M. Regnault signa l'acte qui nous
donnait entrée au Maroc, ce pays offrait le spectacle
d'un antique peuple berbère lentement plié à la
civilisation musulmane.
Les plateaux et les vallées avaient des Arabes
conquérants pris la religion, le droit, la langue; le
régime primitif du clan s'y effaçait; la notion de
l'Etat tendait à se faire jour. La montagne,. elle,
s'était jadis convertie, mais ne reconnaissait du
fyhalifat que le nom; elle avait gardé sa vieille langue
libyque et ses coutumes patriarcales qui ne reculaient
que lentement devant l'Islam.
Mais voici que cette évolution était brusquement
interrompue: la nation française apportait avec elle
au Maroc toute la puissance de l'Occident chrétien,
et sa science, et sa richesse. Que seraient les des-
tinées de ce monde où s'agiteraient trois peuples ?
L'oeuvre française comportait la tâche écrasante de
présider à cet avenir. Après dix ans d'une constante
vigilance et d'un art politique consommé, le maré-
chal Lyautey a pu présenter au Chef de la Répu-
blique Française un Maroc presque entièrement
paisible, où les trois peuples suivent des destinées
parallèles, s'empruntent mutuellement ce qui est
compatible avec leur état social et vivent cependant
leur propre vie, sous l'égide d'un Sultan éclairé.
Depuis dix ans, des Syrtes aux Indes les plus
lointaines, bien des expériences de politique musul-
manes ont été tentées par les autres nations de
l'Europe. Aucune ne peut se vanter d'avoir obtenu
un tel essor de la vie économique, une telle paix
dans les relations sociales, un tel élan à l'extérieur
dans la défense commune contre un ennemi avide,
ni une telle union à Vintérieur dans la même con-
fiance en l'avenir.
G. Roger Sandoz,
Secrétaire général du Comité Français des Expositions
Vous voulez bien me demander mon témoignage
à l'occasion du dizième anniversaire dé la nomina-
tion de M. le maréchal Lyautey au poste de commis-
saire général de la République française au Maroc.
La bravoure et le dévouement des soldats maro-
cains pendant la grande guerre, l'enthousiasme avec
lequel le Président Millerand a été accueilli dès son
débarquement dans l'Empire chérifien, spnf les
meilleures preuves des magnifiques résultats obtenus
par la France et par son haut délégué avant, pendant,
malgré et après la plus terrible tourmente de
l'histoire.
Quant au maréchal Lyautey, le Comité français
des Expositions, dont j'ai l'honneur d'être le secré-
taire général, a pu apprécier lors de l'Exposition
de Casablanca, en pleine bataille mondiale, la
remarquable intelligence avec laquelle ont été
conçues et appliquées ses méthodes politiques et
administratives, sans oublier l'esprit de camaraderie
respectueuse et déférente qu'il sait inspirer à ses
collaborateurs, le charme avec lequel ce vrai chef
sait se faire aimer.
Lobel-Riche, Peintre-Graveur
Voici la réponse aux deux questions que vous
m'avez fait si opportunément parvenir: -
1 ° L'oeuvre française au Maroc est un chef-
d'oeuvre de volonté et d'énergie inlassables. Il suffit
pour en être émerveillé, de débarquer à Casablanca
à 9 à 10 mois d'intervalle (ce qui fut mon cas) pour
que cette cité réapparaisse par le nombre et l'étendue
méconnaissable ! On y devine la confiance et l'élan
sûr de constructeur des grandes harmonies. Il est
aisé d'imaginer ce que dira la valeur de notre Maroc
dans quelques années, une image surpassée de
l'Algérie, déjà si belle, mais combien naturellement
plus riche et plus accessible au progrès moderne.
2° Rome choisissait ses proconsuls parmi les
mieux doués de ses concitoyens et l'histoire a con-
sacré leurs oeuvres et leurs noms à travers les siècles.
Avec Champlain, A. Dupleix, la France ajoutera
Lyautey — ce que le génie de ce grand Français a pu
vaincre et réaliser au profit de la gloire universelle
de son pays, nos arrière petits-enfants s'en rendront
compte avec plus de justice et de vérité. Ils en parle-
ront comme un des plus purs exemples de la pensée
victorieuse, comme un des grands phares de l'huma-
nité.
Marius-Ary Leblond, bornée de lettres
L'Afrique figurait pour les Anciens le mystérieux
continent de la Force: c'est là que leur imagination
dressait le géant Atlas portant le Ciel. Il est indé-
niable que pour la France elle a été l'empire
d'énergie: là, en des périodes de mollesse euro-
péenne, se forment les Bugeaud, les Faidherbe, les
Galliéni. Par Lyautey cette virile tradition, glorieuse
en hauts faits de paix autant que de l'intrépidité des
campagnes, revit avec un faste où se marquent les
chefs qui, de l'imagination et de l'action, constituent
pour leur race des exemples merveilleux, un idéal.
L'oeuvre française aux colonies se synthétise dans
les méthodes politiques conçues et appliquées par
Lyautey comme par ses illustres frères. Ce sont des
hommes au sens intégral du mot, complets par une
culture accomplie où le spiritualisme national éclaire
toujours un sens très positiviste non seulement des
difficultés à surmonter mais des âmes à respecter:
délicate personnalité des races, des langues, des
religions. Leur magnifique carrière est un acte de fou
une expérience de générosité, et une oeuvre d art
Comme nos grands historiens du XIXe siècle onl
ressuscité des âges éteints, nos généraux d'Algérie,
du Soudan, du Maroc redressent des peuples
assoupis dans la fierté de leurs plus nobles aptitudes.
fait avec lenteur pour de multiples raisons qu'il
serait trop long d'énumérer ici, et cependant le
nombre des cellules administratives va en augmen-
tant.
Or, le fonctionnaire, et c'est à son éloge, tend à
s'identifier avec sa fonction; puis étant Français, il
est individualiste. On commence donc à craindre au
Maroc de voir s'y implanter, en dépit des goûts de
simplification du Maréchal, le même esprit de parti-
cularisme administratif dont souffre la métropole.
Ceci dit parce qu'il n'est rien de parfait, et que
ce point d'ombre m'a paru devoir être signalé, il
est de toute évidence que les dix premières années
du Protectorat français au Maroc magistralement
inauguré et exercé par un Lyautey constitueront dans
l'histoire des empires coloniaux un fait exceptionnel.
Veuillez agréer, Messieurs les Directeurs, l'expres-
sion de mes sentiments les plus distingués.
Edmond Doutté
Quand, après des années de collaboration dévouée
avec le Makhzen, M. Regnault signa l'acte qui nous
donnait entrée au Maroc, ce pays offrait le spectacle
d'un antique peuple berbère lentement plié à la
civilisation musulmane.
Les plateaux et les vallées avaient des Arabes
conquérants pris la religion, le droit, la langue; le
régime primitif du clan s'y effaçait; la notion de
l'Etat tendait à se faire jour. La montagne,. elle,
s'était jadis convertie, mais ne reconnaissait du
fyhalifat que le nom; elle avait gardé sa vieille langue
libyque et ses coutumes patriarcales qui ne reculaient
que lentement devant l'Islam.
Mais voici que cette évolution était brusquement
interrompue: la nation française apportait avec elle
au Maroc toute la puissance de l'Occident chrétien,
et sa science, et sa richesse. Que seraient les des-
tinées de ce monde où s'agiteraient trois peuples ?
L'oeuvre française comportait la tâche écrasante de
présider à cet avenir. Après dix ans d'une constante
vigilance et d'un art politique consommé, le maré-
chal Lyautey a pu présenter au Chef de la Répu-
blique Française un Maroc presque entièrement
paisible, où les trois peuples suivent des destinées
parallèles, s'empruntent mutuellement ce qui est
compatible avec leur état social et vivent cependant
leur propre vie, sous l'égide d'un Sultan éclairé.
Depuis dix ans, des Syrtes aux Indes les plus
lointaines, bien des expériences de politique musul-
manes ont été tentées par les autres nations de
l'Europe. Aucune ne peut se vanter d'avoir obtenu
un tel essor de la vie économique, une telle paix
dans les relations sociales, un tel élan à l'extérieur
dans la défense commune contre un ennemi avide,
ni une telle union à Vintérieur dans la même con-
fiance en l'avenir.
G. Roger Sandoz,
Secrétaire général du Comité Français des Expositions
Vous voulez bien me demander mon témoignage
à l'occasion du dizième anniversaire dé la nomina-
tion de M. le maréchal Lyautey au poste de commis-
saire général de la République française au Maroc.
La bravoure et le dévouement des soldats maro-
cains pendant la grande guerre, l'enthousiasme avec
lequel le Président Millerand a été accueilli dès son
débarquement dans l'Empire chérifien, spnf les
meilleures preuves des magnifiques résultats obtenus
par la France et par son haut délégué avant, pendant,
malgré et après la plus terrible tourmente de
l'histoire.
Quant au maréchal Lyautey, le Comité français
des Expositions, dont j'ai l'honneur d'être le secré-
taire général, a pu apprécier lors de l'Exposition
de Casablanca, en pleine bataille mondiale, la
remarquable intelligence avec laquelle ont été
conçues et appliquées ses méthodes politiques et
administratives, sans oublier l'esprit de camaraderie
respectueuse et déférente qu'il sait inspirer à ses
collaborateurs, le charme avec lequel ce vrai chef
sait se faire aimer.
Lobel-Riche, Peintre-Graveur
Voici la réponse aux deux questions que vous
m'avez fait si opportunément parvenir: -
1 ° L'oeuvre française au Maroc est un chef-
d'oeuvre de volonté et d'énergie inlassables. Il suffit
pour en être émerveillé, de débarquer à Casablanca
à 9 à 10 mois d'intervalle (ce qui fut mon cas) pour
que cette cité réapparaisse par le nombre et l'étendue
méconnaissable ! On y devine la confiance et l'élan
sûr de constructeur des grandes harmonies. Il est
aisé d'imaginer ce que dira la valeur de notre Maroc
dans quelques années, une image surpassée de
l'Algérie, déjà si belle, mais combien naturellement
plus riche et plus accessible au progrès moderne.
2° Rome choisissait ses proconsuls parmi les
mieux doués de ses concitoyens et l'histoire a con-
sacré leurs oeuvres et leurs noms à travers les siècles.
Avec Champlain, A. Dupleix, la France ajoutera
Lyautey — ce que le génie de ce grand Français a pu
vaincre et réaliser au profit de la gloire universelle
de son pays, nos arrière petits-enfants s'en rendront
compte avec plus de justice et de vérité. Ils en parle-
ront comme un des plus purs exemples de la pensée
victorieuse, comme un des grands phares de l'huma-
nité.
Marius-Ary Leblond, bornée de lettres
L'Afrique figurait pour les Anciens le mystérieux
continent de la Force: c'est là que leur imagination
dressait le géant Atlas portant le Ciel. Il est indé-
niable que pour la France elle a été l'empire
d'énergie: là, en des périodes de mollesse euro-
péenne, se forment les Bugeaud, les Faidherbe, les
Galliéni. Par Lyautey cette virile tradition, glorieuse
en hauts faits de paix autant que de l'intrépidité des
campagnes, revit avec un faste où se marquent les
chefs qui, de l'imagination et de l'action, constituent
pour leur race des exemples merveilleux, un idéal.
L'oeuvre française aux colonies se synthétise dans
les méthodes politiques conçues et appliquées par
Lyautey comme par ses illustres frères. Ce sont des
hommes au sens intégral du mot, complets par une
culture accomplie où le spiritualisme national éclaire
toujours un sens très positiviste non seulement des
difficultés à surmonter mais des âmes à respecter:
délicate personnalité des races, des langues, des
religions. Leur magnifique carrière est un acte de fou
une expérience de générosité, et une oeuvre d art
Comme nos grands historiens du XIXe siècle onl
ressuscité des âges éteints, nos généraux d'Algérie,
du Soudan, du Maroc redressent des peuples
assoupis dans la fierté de leurs plus nobles aptitudes.
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