Presse et revues
40 pages
Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 mai 1922 01 mai 1922
Description : 1922/05/01 (A6,N66)-1922/05/31. 1922/05/01 (A6,N66)-1922/05/31.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6120241m
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
132
LE VOYAGE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
de constater l'interdiction aux Européens d'entrer dans les sanc-
tuaires, particulièrement dans celui de Moulaï-Idriss.
M. MILLERAND. — Ce n'est qu'un témoignage de plus du respect
que la France a pour les traditions et la religion du Maroc.
C'est sur ces mots qu'a pris fin l'entretien.
M. Millerand a remis 1.000 francs en or comme
offrande au tombeau du saint et le cortège a repris
sa route vers Meknès au milieu des démonstrations
éclatantes des indigènes.
Le départ de ce merveilleux Moulaï-Idriss, toujours
à travers la forêt d'oliviers, et la descente vers la
plaine illimitée où, dans le lointain, les minarets de
Meknès se profilaient sur l'horizon des premières
hauteurs du Moyen-Atlas, furent la continuation d'un
rêve. Mais que dire de l'arrivée à Meknès, sorte de
Babylone africaine aux proportions démesurées, dont
les enceintes successives, percées de portes géantes,
constituent, à n'en pas douter, un des plus étonnants
tableaux qu'il nous ait été donné de contempler
jusqu'ici ?
Le Président pénétra dans la ville par la porte de
Bab-Mansour, avec l'apparat accoutumé, au milieu
de liesses populaires, comparables, malgré la diffé-
rence du cadre, à celles qui l'accueillirent à
Marrakech. Il traversa le quartier juif, les souks
grouillants et colorés, acclamé par des foules perchées
sur l'entablement vertigineux des remparts. Le
cortège s'engagea ensuite dans d'interminables
chemins de ronde, d'une largeur majestueuse, entre
des murailles cyclopéennes, pour gagner les bâti-
ments élevés jadis par Moulaï Ismaïl, contemporain
de Louis XIV, sorte de Louis II de Bavière marocain,
qui essaya de réaliser dans la vieille capitale chéri-
fienne l'équivalent grandiose de la perspective de
Versailles et y réussit en partie.
C'est là qu'eut lieu une visite, aussi significative
en son genre comme preuve de la pénétration morale
franco-marocaine, que celle du tombeau de Moulaï-
Idriss, à savoir l'inspection par le Président de la
République de l'école de cadets de Dar-Beida, où
les princes marocains et les fils nobles reçoivent une
éducation militaire pour devenir officiers. Et c'était
un motif nouveau d'émotion que de voir ces enfants
de haute lignée rendre les honneurs au chef de l'Etat,
A Rabbat. — L'arrivée du Président.
{Ph. Flandrin)
A'Seltat. — Le Président et les enfants des écoles, [Ph. Flandrin)
ou, dans les cours démesurées que dessina jadis un
Sultan demi-fou, se livrer à une fantasia frénétique
autour de l'auto présidentielle.
LE MOYEN ATLAS
Le 11 avril fut la journée de l'armée, et comme
les troupes du Maroc ont encore le redoutable
honneur de faire la guerre, c'est au front que le
Président de la République a dû se rendre pour
les visiter. Le cortège présidentiel a donc quitté
Meknès dès le matin, pour gagner les sommets du
Moyen-Atlas, derrière lesquels se poursuivent en ce
moment, avec succès, des combats contre les dissi-
dents. La caractéristique de cette visite est qu'elle a
eu lieu sur des territoires dont les populations,
soumises depuis un temps relativement court, com-
battent dans nos rangs, après avoir naguère encore
fait le coup de feu contre nous.
Du point de vue touristique, cette tournée prési-
dentielle s'est présentée, d'ailleurs, comme extrême-
ment intéressante. La montée vers les plateaux
supérieurs du Moyen-Atlas permet d'admirer des
beautés de premier ordre: grandioses échappées sur
^'immenses cirques de montagnes ou horizons illimités
de plaines ; forêts de cèdres ou de chênes séculaires ;
oueds clairs courant le long des pentes ; hautes régions
désertiques. Mais ce qu'il y a peut-être de plus
impressionnant dans cet ensemble des hautes mon-
tagnes du Maghreb est la solitude des postes militaires
surveillant la région sur des cimes dont certaines,
comme celle où se trouve Timhadit, avoisinent
2.000 mètres. Rien de plus simple que ces postes:
mur de pierres sèches formant l'enceinte, ou construc-
tions de fortune sans autre luxe que le joyeux flotte-
ment des trois couleurs. C'est là, jour et nuit, face a
face avec les étendues désertes, qu'officiers et petites
garnisons montent la garde aux défilés conduisant
vers la plaine.
Le cortège présidentiel, salué par eux au passage,
a été accueilli avec empressement par les populations
de Beni-M'tir et de Beni-M'guild, cavaliers somp-
tueux, faisant un majestueux geste de leur fusil, ou
graves personnages drapés de blanc, au salut plein
LE VOYAGE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
de constater l'interdiction aux Européens d'entrer dans les sanc-
tuaires, particulièrement dans celui de Moulaï-Idriss.
M. MILLERAND. — Ce n'est qu'un témoignage de plus du respect
que la France a pour les traditions et la religion du Maroc.
C'est sur ces mots qu'a pris fin l'entretien.
M. Millerand a remis 1.000 francs en or comme
offrande au tombeau du saint et le cortège a repris
sa route vers Meknès au milieu des démonstrations
éclatantes des indigènes.
Le départ de ce merveilleux Moulaï-Idriss, toujours
à travers la forêt d'oliviers, et la descente vers la
plaine illimitée où, dans le lointain, les minarets de
Meknès se profilaient sur l'horizon des premières
hauteurs du Moyen-Atlas, furent la continuation d'un
rêve. Mais que dire de l'arrivée à Meknès, sorte de
Babylone africaine aux proportions démesurées, dont
les enceintes successives, percées de portes géantes,
constituent, à n'en pas douter, un des plus étonnants
tableaux qu'il nous ait été donné de contempler
jusqu'ici ?
Le Président pénétra dans la ville par la porte de
Bab-Mansour, avec l'apparat accoutumé, au milieu
de liesses populaires, comparables, malgré la diffé-
rence du cadre, à celles qui l'accueillirent à
Marrakech. Il traversa le quartier juif, les souks
grouillants et colorés, acclamé par des foules perchées
sur l'entablement vertigineux des remparts. Le
cortège s'engagea ensuite dans d'interminables
chemins de ronde, d'une largeur majestueuse, entre
des murailles cyclopéennes, pour gagner les bâti-
ments élevés jadis par Moulaï Ismaïl, contemporain
de Louis XIV, sorte de Louis II de Bavière marocain,
qui essaya de réaliser dans la vieille capitale chéri-
fienne l'équivalent grandiose de la perspective de
Versailles et y réussit en partie.
C'est là qu'eut lieu une visite, aussi significative
en son genre comme preuve de la pénétration morale
franco-marocaine, que celle du tombeau de Moulaï-
Idriss, à savoir l'inspection par le Président de la
République de l'école de cadets de Dar-Beida, où
les princes marocains et les fils nobles reçoivent une
éducation militaire pour devenir officiers. Et c'était
un motif nouveau d'émotion que de voir ces enfants
de haute lignée rendre les honneurs au chef de l'Etat,
A Rabbat. — L'arrivée du Président.
{Ph. Flandrin)
A'Seltat. — Le Président et les enfants des écoles, [Ph. Flandrin)
ou, dans les cours démesurées que dessina jadis un
Sultan demi-fou, se livrer à une fantasia frénétique
autour de l'auto présidentielle.
LE MOYEN ATLAS
Le 11 avril fut la journée de l'armée, et comme
les troupes du Maroc ont encore le redoutable
honneur de faire la guerre, c'est au front que le
Président de la République a dû se rendre pour
les visiter. Le cortège présidentiel a donc quitté
Meknès dès le matin, pour gagner les sommets du
Moyen-Atlas, derrière lesquels se poursuivent en ce
moment, avec succès, des combats contre les dissi-
dents. La caractéristique de cette visite est qu'elle a
eu lieu sur des territoires dont les populations,
soumises depuis un temps relativement court, com-
battent dans nos rangs, après avoir naguère encore
fait le coup de feu contre nous.
Du point de vue touristique, cette tournée prési-
dentielle s'est présentée, d'ailleurs, comme extrême-
ment intéressante. La montée vers les plateaux
supérieurs du Moyen-Atlas permet d'admirer des
beautés de premier ordre: grandioses échappées sur
^'immenses cirques de montagnes ou horizons illimités
de plaines ; forêts de cèdres ou de chênes séculaires ;
oueds clairs courant le long des pentes ; hautes régions
désertiques. Mais ce qu'il y a peut-être de plus
impressionnant dans cet ensemble des hautes mon-
tagnes du Maghreb est la solitude des postes militaires
surveillant la région sur des cimes dont certaines,
comme celle où se trouve Timhadit, avoisinent
2.000 mètres. Rien de plus simple que ces postes:
mur de pierres sèches formant l'enceinte, ou construc-
tions de fortune sans autre luxe que le joyeux flotte-
ment des trois couleurs. C'est là, jour et nuit, face a
face avec les étendues désertes, qu'officiers et petites
garnisons montent la garde aux défilés conduisant
vers la plaine.
Le cortège présidentiel, salué par eux au passage,
a été accueilli avec empressement par les populations
de Beni-M'tir et de Beni-M'guild, cavaliers somp-
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