Titre : France-Maroc : revue mensuelle illustrée : organe du Comité des foires du Maroc / directeur Alfred de Tarde
Auteur : Comité des foires du Maroc. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Rabat)
Date d'édition : 1922-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777958s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6556 Nombre total de vues : 6556
Description : 01 février 1922 01 février 1922
Description : 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28. 1922/02/01 (A6,N63)-1922/02/28.
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Zone géographique :... Collection numérique : Zone géographique : Afrique du Nord et Moyen-Orient
Description : Collection numérique : Thème : L'histoire partagée Collection numérique : Thème : L'histoire partagée
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Arts Collection numérique : Arts
Description : Collection numérique : Littérature Collection numérique : Littérature
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61202228
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-103818
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/02/2011
52
ACTUALITÉS
de joyeux garçons, qui, de tous côtés, en sinuant la
foule, les agitent à bras levé.
Pour ne rien perdre de la procession, nous nous
sommes hâtés de la devancer. On hésite, et pour
cause, à se faufiler entre la haie des regardants et la
chaîne des danseurs. Les plus modérés se déplacent
par groupes, en cercle. Ils joignent les mains, les.
élèvent, les abaissent, en se balançant; puis sautent
plusieurs fois sur place, comme s'ils avaient les pieds
liés, en criant Ho! ou Ha! ou Allah! ou toute autre
exclamation, à voix rauque, le visage exsangue et pâle.
Tant bien que mal nous avons vu passer. Au bout
du souk, la rue s'élargit entre deux grandes murailles,
et l'on revoit le plein jour. La foule entassée des deux
côtés, le, cortège monte à pas comptés vers une porte
de la ville découpée sur le ciel bleu. Sur le ciel, de
blancs nuages. Une lumière soyeuse. A la crête des
remparts, des deux côtés, le rose, le vert, le jaune,
dans beaucoup de blanc, d'une guirlande de femmes
entre les merlons.
Passé la porte, le faubourg s'élargit de toutes parts.
A droite, à gauche, des talus blanchis d'une autre
multitude.
Devant nous, la grande route; le fleuve de la pro-
cession.
Nous passions sous le regard de ces dames dont
on ne voit que les yeux, qui renseignent sur leur âge
— ou souriants et doux, ou placides, ou maintenant
éteints et plissés. Les plus coquettes, parées d'un
feston de soie, au front. Sous le bourdonnement des
tambours on entendait leur babil, déjà couvert par
le voile. Elles lançaient des youyous au passage
d'Aïssaouas vêtus d'un gilet et de cette culotte de
toile sous lesquels ils ressemblent à des benêts en
caleçon. Gilet et caleçon souillés de sang.
Leblanc nous a fait grimper un talus. Sur ce talus,
des bourgeoises, paisiblement assises avec leurs
servantes autour d'une collation, et buvant du thé.
D'ici l'on voyait la route, toute la longueur des rem-
parts, la porte d'où sortait la foule, les minarets de
la ville; et, sur la gauche, la campagne aux terres
jaunes plantées d'oliviers, agrémentées de ruines,
couleur de croûte de pâté, opposées à l'azur lointain
des montagnes. A quelques pas, un Européen à
cheval, venu pour assister au défilé, de profil sous sa
casquette, et faisant écran au paysage; qu'on voyait
sur ses côtés s'éloigner léger, délicat.
Sur la route, au-dessous de nous, le mouvement du
défilé. Leblanc a pris quelques photos: un joueur de
clarinette, calé sur sa mule, ayant, couché contre lui,
son petit garçon mignon, un doigt dans sa bouche;
— le marchand dé moulins à vent de papier, bleu,
jaune, orange, au bout de minces baguettes ; — deux
portefaix solennels, portant, sur leur tête, soutenu par
un échafaudage, un cierge monumental, véritable
colonne de cire; — un octogénaire drôlet sautillant
dans une ronde ; — trois robustes lutteurs, qui, comme
dans une attelane, jouaient leur rôle de chameau, du
cou, des jambes, du pied; les babines bruissantes et
bavant l'écume; — une pâle enfant de la danse, le
visage voilé de douleur, qui soutenait avec peine,
visiblement épuisée, un quartier de mouton pendant
à son bras...
Enfin, gavés du spectacle, du tumulte de tant de
corps balancés, de tant de visages pâles, de tant de
têtes rasées et de mines hébétées, nous sommes des-
cendus pour rentrer.
A la crête des remparts, dans le soleil plus jaune
et le ciel tendre du soir, nous avons revu l'animation
gracieuse des femmes penchées aux créneaux. Une
ou deux par intervalle. Celle-ci un pied ballant;
celle-là tendant son bras; la plus aimable encadrée
par un fenestron, les coudes sur l'appui dans ses
manches vertes.
Jules BoRÉLY.
On remarquera que ce récit, comme un rapport de
police, néglige à peu près les sentiments, les croyances
religieuses de la foule; le mystère qui vit sous les
apparences. J. B.
LES ACTUALITÉS
Le maréchal Franchet d'Espérey au Maroc
Le Maréchal est arrivé le 11 janvier, à 11 heures, en auto à la
Résidence, accompagné du général Cottez. Les troupes ont rendu
les honneurs, pendant que le Maréchal les passait en revue.
Il s'est fait présenter les principaux chefs des Services militaires,
dont plusieurs, ainsi qu'il s'est fait un plaisir de le rappeler,
ont servi sous ses ordres.
Puis, le Maréchal fut salué par M. Benazet, Contrôleur civil
en chef, et par M. Le Glay, Contrôleur de San, de passage à
Rabat. Il se fit présenter aussi M. Niegel, directeur de l'Institut
musulman, qui servit d'interprète dans l'état-major du Maréchal.
Dans l'après-midi, il fut reçu à la Société des Sciences naturelles
du Maroc. A 15 heures 30, accompagné de M. Blanc et du
général Cottez, il se rendit chez le Sultan qui manifesta sa joie
de le revoir et lui rappella qu'il lui avait été présenté en 1913
à Marrakech, lorsqu'il commandait les troupes d'occupation.
Puis, le Maréchal visita la nouvelle Résidence, l'Etat-Major, la
Société de Géographie et le Collège musulman.
Le Maréchal Franchet d'Espérey a commandé les troupes d'oc-
cupation du Maroc du 5 septembre 1912 au 13 novembre 1913.
Du 22 octobre 1912 au 5 février 1913, il entreprit une tournée
dans le sud de la Chaouia, à El Boroudj et Bayard, où il entra
le premier à la tête de son escadron- Puis il rejoignit les colonnes
Brulard et Gueydon de Dives qui débloquèrent le 25 décembre
1912 la colonne Massoutier à Dar el Cadi et précédèrent en
janvier 1913, après de durs combats, à la prise de Dar Anflous.
En novembre 1913, le général Franchet d'Espérey fut nommé
au commandement du 1er corps à Lille. Il prit part, à la tête
de ce corps, à la bataille de Dinant. En septembre 1914, il com-
mandait la Ve armée et prenait part à la bataille de la Marne.
Jusqu'en juin 1918, il commanda un groupe d'armées. A ce
moment, il fut nommé au commandement des troupes alliées en
Orient. Le 20 septembre 1918, il enfonçait le centre bulgare et
imposait à la Bulgarie un armistice qui rompait le faisceau de
nos ennemis. Il libéra la Serbie et ne fut arrêté sur le Danube
que par l'armistice du 11 novembre 1918.
Le maréchal Franchet d'Espérey, venant de Casablanca et se
rendant à Marrakech par Kasbah-Tadla, est arrivé à Oued-Zem,
le 14 janvier, à 11 h. 15.
A sa descente d'auto, le Maréchal a salué les officiers de la gar-
nison rassemblés devant le bureau des renseignements et a cause
quelques instants avec les chefs indigènes auxquels il a rappelé
sa première visite, en 1913, et qu'il a félicités des progrès obtenus
depuis cette visite.
Une compagnie du 29° régiment de tirailleurs rendait les hon-
. neurs. Gros rassemblement des cavaliers des tribus du Cercle.
ACTUALITÉS
de joyeux garçons, qui, de tous côtés, en sinuant la
foule, les agitent à bras levé.
Pour ne rien perdre de la procession, nous nous
sommes hâtés de la devancer. On hésite, et pour
cause, à se faufiler entre la haie des regardants et la
chaîne des danseurs. Les plus modérés se déplacent
par groupes, en cercle. Ils joignent les mains, les.
élèvent, les abaissent, en se balançant; puis sautent
plusieurs fois sur place, comme s'ils avaient les pieds
liés, en criant Ho! ou Ha! ou Allah! ou toute autre
exclamation, à voix rauque, le visage exsangue et pâle.
Tant bien que mal nous avons vu passer. Au bout
du souk, la rue s'élargit entre deux grandes murailles,
et l'on revoit le plein jour. La foule entassée des deux
côtés, le, cortège monte à pas comptés vers une porte
de la ville découpée sur le ciel bleu. Sur le ciel, de
blancs nuages. Une lumière soyeuse. A la crête des
remparts, des deux côtés, le rose, le vert, le jaune,
dans beaucoup de blanc, d'une guirlande de femmes
entre les merlons.
Passé la porte, le faubourg s'élargit de toutes parts.
A droite, à gauche, des talus blanchis d'une autre
multitude.
Devant nous, la grande route; le fleuve de la pro-
cession.
Nous passions sous le regard de ces dames dont
on ne voit que les yeux, qui renseignent sur leur âge
— ou souriants et doux, ou placides, ou maintenant
éteints et plissés. Les plus coquettes, parées d'un
feston de soie, au front. Sous le bourdonnement des
tambours on entendait leur babil, déjà couvert par
le voile. Elles lançaient des youyous au passage
d'Aïssaouas vêtus d'un gilet et de cette culotte de
toile sous lesquels ils ressemblent à des benêts en
caleçon. Gilet et caleçon souillés de sang.
Leblanc nous a fait grimper un talus. Sur ce talus,
des bourgeoises, paisiblement assises avec leurs
servantes autour d'une collation, et buvant du thé.
D'ici l'on voyait la route, toute la longueur des rem-
parts, la porte d'où sortait la foule, les minarets de
la ville; et, sur la gauche, la campagne aux terres
jaunes plantées d'oliviers, agrémentées de ruines,
couleur de croûte de pâté, opposées à l'azur lointain
des montagnes. A quelques pas, un Européen à
cheval, venu pour assister au défilé, de profil sous sa
casquette, et faisant écran au paysage; qu'on voyait
sur ses côtés s'éloigner léger, délicat.
Sur la route, au-dessous de nous, le mouvement du
défilé. Leblanc a pris quelques photos: un joueur de
clarinette, calé sur sa mule, ayant, couché contre lui,
son petit garçon mignon, un doigt dans sa bouche;
— le marchand dé moulins à vent de papier, bleu,
jaune, orange, au bout de minces baguettes ; — deux
portefaix solennels, portant, sur leur tête, soutenu par
un échafaudage, un cierge monumental, véritable
colonne de cire; — un octogénaire drôlet sautillant
dans une ronde ; — trois robustes lutteurs, qui, comme
dans une attelane, jouaient leur rôle de chameau, du
cou, des jambes, du pied; les babines bruissantes et
bavant l'écume; — une pâle enfant de la danse, le
visage voilé de douleur, qui soutenait avec peine,
visiblement épuisée, un quartier de mouton pendant
à son bras...
Enfin, gavés du spectacle, du tumulte de tant de
corps balancés, de tant de visages pâles, de tant de
têtes rasées et de mines hébétées, nous sommes des-
cendus pour rentrer.
A la crête des remparts, dans le soleil plus jaune
et le ciel tendre du soir, nous avons revu l'animation
gracieuse des femmes penchées aux créneaux. Une
ou deux par intervalle. Celle-ci un pied ballant;
celle-là tendant son bras; la plus aimable encadrée
par un fenestron, les coudes sur l'appui dans ses
manches vertes.
Jules BoRÉLY.
On remarquera que ce récit, comme un rapport de
police, néglige à peu près les sentiments, les croyances
religieuses de la foule; le mystère qui vit sous les
apparences. J. B.
LES ACTUALITÉS
Le maréchal Franchet d'Espérey au Maroc
Le Maréchal est arrivé le 11 janvier, à 11 heures, en auto à la
Résidence, accompagné du général Cottez. Les troupes ont rendu
les honneurs, pendant que le Maréchal les passait en revue.
Il s'est fait présenter les principaux chefs des Services militaires,
dont plusieurs, ainsi qu'il s'est fait un plaisir de le rappeler,
ont servi sous ses ordres.
Puis, le Maréchal fut salué par M. Benazet, Contrôleur civil
en chef, et par M. Le Glay, Contrôleur de San, de passage à
Rabat. Il se fit présenter aussi M. Niegel, directeur de l'Institut
musulman, qui servit d'interprète dans l'état-major du Maréchal.
Dans l'après-midi, il fut reçu à la Société des Sciences naturelles
du Maroc. A 15 heures 30, accompagné de M. Blanc et du
général Cottez, il se rendit chez le Sultan qui manifesta sa joie
de le revoir et lui rappella qu'il lui avait été présenté en 1913
à Marrakech, lorsqu'il commandait les troupes d'occupation.
Puis, le Maréchal visita la nouvelle Résidence, l'Etat-Major, la
Société de Géographie et le Collège musulman.
Le Maréchal Franchet d'Espérey a commandé les troupes d'oc-
cupation du Maroc du 5 septembre 1912 au 13 novembre 1913.
Du 22 octobre 1912 au 5 février 1913, il entreprit une tournée
dans le sud de la Chaouia, à El Boroudj et Bayard, où il entra
le premier à la tête de son escadron- Puis il rejoignit les colonnes
Brulard et Gueydon de Dives qui débloquèrent le 25 décembre
1912 la colonne Massoutier à Dar el Cadi et précédèrent en
janvier 1913, après de durs combats, à la prise de Dar Anflous.
En novembre 1913, le général Franchet d'Espérey fut nommé
au commandement du 1er corps à Lille. Il prit part, à la tête
de ce corps, à la bataille de Dinant. En septembre 1914, il com-
mandait la Ve armée et prenait part à la bataille de la Marne.
Jusqu'en juin 1918, il commanda un groupe d'armées. A ce
moment, il fut nommé au commandement des troupes alliées en
Orient. Le 20 septembre 1918, il enfonçait le centre bulgare et
imposait à la Bulgarie un armistice qui rompait le faisceau de
nos ennemis. Il libéra la Serbie et ne fut arrêté sur le Danube
que par l'armistice du 11 novembre 1918.
Le maréchal Franchet d'Espérey, venant de Casablanca et se
rendant à Marrakech par Kasbah-Tadla, est arrivé à Oued-Zem,
le 14 janvier, à 11 h. 15.
A sa descente d'auto, le Maréchal a salué les officiers de la gar-
nison rassemblés devant le bureau des renseignements et a cause
quelques instants avec les chefs indigènes auxquels il a rappelé
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