Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1927-01-08
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1927 08 janvier 1927
Description : 1927/01/08 (Numéro 18211). 1927/01/08 (Numéro 18211).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2008
TEMPS PROBABLE 1
REGION PARISIENNE. Temps un peu
plus frais, mais aucune menace de froids.
Ciel nuageux avec assez belles éclairclei.
Quelques bruines. Vent d'ouest faible. Nult
Jour 7".
EN FRANCE. Même temps sur toute la
France. Mistral Meez violent vallée du
atone, Provence et Roussillon.
SOLEIL lever, 7 h. 4S'; coucher, il h. 10.
LUNE premier quartier le pt. le 17.
sa' AM1TBB. V 18.211
SAMEDI
8
JANVIER 1927
̃ Saint Iinclon
BELGRADE ET ROME'
SEMBLENT APAISÉES
MAIS.
Toute menace de complications
n'a pas disparu et il faudra, de
part et d'autre, beaucoup de
prudence pour éviter qu'une
insurrection en Albanie ne crée
une situation dangereuse dans
les Balkans
Belgrade, 7 janv. (dép. Petit Paris.)
Un de nos compatriotes, visitant
récemment le Président de la Répu-
blique albanaise, Ahmed Zogou,
trouva. celui-ci souffrant et alité. Il
n'en fut pas moins reçu. Deux objets
le frappèrent dès qu'il pénétra dans
la chambre du jeune chef d'Etat
un revolver posé sur la table de
Ahmed Zogou
huit. une valise déjà bouclée au-
dessous du lit. Ces deux objets peu-
vent être considérés comme les
attributs du pouvoir en Albanie
ils en symbolisent les risques et la
précarité.
Ahmed Zogou se différencie toute-
fois de ses prédécesseurs par de très
réelles. qualités d'organisateur. C'est
un homme encore jeune, intelligent
et autoritaire. Il fait dans son pays
figure de réformateur.
Ajoutons que ce que nous appelons
crise ministérielle se règle là-bas à
coups de fusil. L'Albanie a une Cons-
utution et un Parlement; mais les
insurrections n'en continuent pas
moins à être l'issue normale des dif-
férends politiques.
'Et voilà le pays sur lequel la con-
clusion du pacte italo-albanais a
ramené l'attention du monde.
Gardons-nous autant d'un opti-
misme aveugle que d'un alarmisme
injustifié. Les faits se réduisent à
ceux-ci un pacte a été conclu entre
l'Italie et l'Albanie. Ou plus exacte-
ment entre le gouvernement de
M. Mussolini et Ahmed Zogou. Ce
pacte garantit non seuleu'fnt l'indé-
pendance albanaise, mais encore le
régime entendez la situation per-
sonnelle du Président de la Républi-
que d'Albanie.
Pareille clause ne figure habituel-
lement pas dans les instruments
diplomatiques de ce genre. Elle a
éveiilté aussitôt des défiances à Bel-
grade, où l'on craint non sans
logique qu'Ahmed Zogou ait
donné au cabinet de Rome des gages
équivalant à un»- aliénation partielle
de l'indépendanfe albanaise.
Toutefois, l'apaisement semble e
devoir se faire assez rapidement.
L'Italie proteste de la pureté de ses
intentions le gouvernement de Bel-
grade assure, de son côté, qu'il n'a
d'autre désir que de voir se renouer
avec sa. voisine occidentale les liens
d'amitié et de collaboration qui exis-
taient précédemment.
Mais attention Du fait que les
chancelleries trouvent une formule
d'entente qui interprète le pacte
italo-albanais de la manière la plus
rassurante, il ne s'ensuivra pas que
toute menace soit écartée. Car ce
bon peuple albanais prend habituel-
lement les armes au printemps et
en automne. Ces insurrections sai'-
sonnières entretiennent le moral de
la population. Elles ne sont toutefois
pas sans danger pour le gouverne-
ment installé à Tirana. Qu'advien-
dra-t-il en mars prochain, par
exemple, si: un soulèvement met en
danger l'autorité et la vie d'Ahmed
Zogou ?
Il adviendra d'abord qu'une partie
'de la presse italienne accusera les
Serbes d'être les instigateurs du
mouvement. Accusation gratuite,
mais qui ne sera pas faite pour
entretenir, dans l'opinion des deux
pays, le sang-froid et la prudence
nécessaires.
Il adviendra ensuite que Zogou se
tournera vers ses protecteurs. Les
Italiens recourront-ils jusqu'à une
intervention armée pour garantir sa
sécurité ? C'est une première ques-
tion. C'en est une seconde que de
savoir si le gouvernement de Bel-
grade, inébranlablement attaché au
principe les Balkans aux peuples
balkaniques, peut admettre qu'une
puissance non balkanique jette des
troupes dans la péninsule. Il y
aurait là une passe difficile. Sans
Qoute cherche-t-on, en ce moment
même, à régler les modalités d'ap-
plication du pacte italo-albanais de
telle façon qu'il n'en puisse résulter
ni risque ni surprise. Mais les chan-
celleries proposent et l'événement
dispose. On ne devra jamais perdre
de vue, dans les années qui vien-
nent, que les Balkans restent un des
secteurs les plus exposés de l'Eu-
rope et que, dans ce secteur, l'Alba-
nie constitue le point vulnérable par
excellence.
C'est dire que l'indépendance alba-
haise est un des postulats de la paix
européenne. Il importe de ne jamais
la laisser mettre en cause. Le com-
ble de l'absurde serait, de laisser se
développer à Tirana une situation
qui renferme le germe de complica-
tions internationales.
Al6ert dfousset.
LES ÉVÉNEMENTS DE CHINE
L'EMPRISËIMTONAISE
S'AFFIRME DE PLUS EN PLUS
SUR HANKÉOU
Malgré les paroles rassurantes
du ministre des affaires étran-
gères M. Chen, la colonie amé-
ricaine à son tour quitte la ville
D'autre part ordre est donné à la
flotte asiatique des Etats-Unis
de quitter Manille pour Changhaî
Londres, 7 janv. {d. Petit Parisien.)
Les messages de Chine, émanant
tantôt de Changhaï, tantôt de Uong-
Kong, tantôt de Pékin et..rarement
de Hankéou, ont donné aujourd'hui
des nouvelles contradictoires sur la
situation dans cette dernière cité,
qui se trouve à quelque mille kilo-
mètres de l'embouchure, du Yang-
Tsé-Kiang. L'envoyé Tpéeial du
Daily Mail, sir Percival Philipps,
actuellement à Hankéou, a adresse à
lEvening News une information
qui revêt une importance toute par-
ticulière. Sir Percival Philipps pré-
cise que la concession britannique à
Hankéou est déjà soumise au con-
trôle des Cantonais, dont J'action a
été si soudaine et si complète que
la communauté anglaise n'est. pas
encore revenue de sa surprise et
semble désemparée.
En fait, dit sir Percival Philipps, l'em-
prise cantemaise s'affirme de plus en
plus, en dépit des proclamations et des
articles de journaux.
C'est, d'ailleurs, ce' que l'on a con-
firmé officiellement aujourd'hui au
Foreign Office, où l'on assure que
la situation est calme pour le mo-
ment à Hankéou. On fait remarquer
qu'en cas de nécessité, le contre-
amiral Cameron, qui a reçu pleins
pouvoirs pour prendre les mesures
que commandent les événements,
pourrait aisément .mettra en ligne
les contingents de fusiliers dont il
dispose et qui s'élèvent à trois cents
unités. On compte, toutefois, que
M Chen tiendra la promesse qu'il a
faite solennellement de maintenir
l'ordre, encore que l'on se demande
dans quelle mesure le ministre des
Affaires étrangères cantonais pourra
contenir les éléments extrémistes et
les agitateurs qui ne cessent d'exci-
ter la populace chinoise contre les
étrangers et surtout contre les An-
glais. D'ores et déjà, toute» les pré-
cautions sont prises en vue dune
évacuation éventuelle des nationaux
britannique» demeurés 'il. Hankéou.
On annonce, par ailleurs, que e
soixante Amérrcains, femmes et
enfants, ont été embarqués à bord
d'un navire marchand et que des
centaines de réfugiés de la vallée du
i. Eugène Chen commissaire cautonals
aux Affaires étrangères. Derrière lui,
M. G. V. Marahall, secrétaire de la com-
mission municipale anglaise à Hankéou
Yang-Tsé sont déjà arrivés à Chan-
ghaï.
Un message Reuter de Changhaï
annonce, d'autre part, qu'hier après-
midi di graves désordres se sont
produits à Kiou-Kiang. La police
chinoise de cette ville arriva juste à
temps pour contenir la foule. Un
peu plus tard, cependant, les mani-
festants abattirent la porte du Bund
et ce ne fut qu'à grand'peine qu'on
put les empêcher d'envahir la con-
cession. L ordre paratt avoir été
rétabli.
Enfin, un message Exchange Tele-
graph de Washington rapporte que
M. Wilbur, ministre de la Marine,
a fait connaître que l'amiral Wit-
ttams, commandant la flotte asiati-
que, avait reçu l'ordre de se rendre
d'urgence de Manille à Changhtn,
pour surveiller de plus .près ld
situation en Chiaie.
QU'EUT PAYE CfRANÔ"?
Le grand lama va taxer ses sujets d'après
la longueur de leur nea
Londres, 7 janv. (d. Petit Parisien.)
Un message de l'India News Ser-
vice à Lhassa (Thibet) rapporte que
le grand lama, qui. comme tous les
souverains, a besoin de ressources,
vient de décider que, désormais, ses
sujets seraient frappés d'une taxe
sur leur nez. Le nouvel impôt,
d'ailleurs, ne sera pas uniforme. Les
nez camus en seront presque exo-
nérés. Par contre, les nez longs ou
aquilins seront mis fortement à
contribution. Déjà, l'an dernier, cet
innovateur original avait introduit
un impôt sur les oreilles, taxées
selon leur forme et leur largeur.
LA COMMUNE D'ERBÉVILLER
CITÉE A L'ORDRE DE L'ARMÉE
Le ministre de la Guerre cite à
l'ordre de l'armée la commune d-'Er-
béviller (Meurthe-et-Moselle)
Située à proximité du front, a sup-
porté, au cours d'une occupatfon de
quatre années de violents bombarde-
ments, subi courageusement les vexa-
tions dont elle a été l'objet de la part
de l'ennemi, faisant ainsi preune d'une
confiance tnébranlabie dans le succès
dt noir armes.
PA R T. S. F.
Le service téléphonique
Lontes-New-York
a été inauguré hier
« Transmission assez nette,
dit-on en Amérique,
« parfaite » en Angleterre
Londres, 7 janv. (d. Petit Parisien.)
Le service téléphonique entre
Londres et New-York a été inau-
guré aujourd'hui, à .13 h 45, par
M. Gifford, président de la compa-
gnie américaine des Télégraphes et
Téléphones, et par sir Evelyn
Murray, secrétaire du Post Office
britannique. Après un échange de
félicitations et de souhaits pour le
succès du nouveau service, les mai-
res de New-York et de Londres se
sont transmis les vœux de leurs
cité, respectives, par l'intermédiaire
d'un journal de Londres. La com-
munication avait été établie en une
demi-minute exactement.
Une fois les messages officiels ter-
minés, le service fut ouvert au
public au tarif de 25 dollars la
minute, avec un minimum de trois
minuties. Nombreux furent les clients
qui presque tous désiraient s'assurer
une large publicité.
Leur attente fut néanmoins déçue,
la compagnie s'étant abstenue de
divulguer la liste des premiers.
Dans les milieux techniques, on
envisage avec beaucoup d'optimisme
j le développement de ces services
transatlantiques. Des hier, diverses
maisons do commerce et établïsse-
ments bancaires ont. fait usage du
nouveau service. C'est ainsi que le
département d'outre-mer de la Mid-
dland Bank a opéré, avec l'Interna-
tional Acceptence Company de New-
York, d'importantes transactions en
dollars, francs, lires et marks. De
méme, l'International News Service a
transmis par cette nouvelle voi'e une
partie de sa communication quoti-
dienne.
A New-York on déclare que la
réception des messages de Londres
a été assez nette à Londres, l'audi-
tion .des messages de New-York a
été d'une clarté parfaite, à tel point
que pas un seul mot n'a d0 être
répété.
LE DESARMEMENT DU REICH
Le général von Pawels
quittera Berlin aujourd'hui
Berlin, 7 janv. (dép. Pctit Parisien)
Après plusieurs conférences tenues
en présence d'experts militaires et
de délégués de l'industrie, le cabinet
d'Empire a terminé aujourd'huil la
mise au point des instructions que
vont emporter le général von Pa-
wels et le conseiller Forster, qui
quitteront Berlin demain pour Paris.
Le président Coolidge
demande des crédits
pour la conférence du désarmement
Washington, 7 janvier {dép. Bavas.)
Le président Coolidge a demandé
aujourd'hui au Congrès de voter un
crédit supplémentaire de 75.000 dol-
lars pour la délégation américaine à
la conférence du désarmement.
Le président a dit notamment à ce
sujet que les Etats-Unis continueront
à coopérer pleinement cct effort,
afin d'amener aussitôt que possible
la conférence finale dans laquelle
d'autres mesures pourront être pri-
ses pour réduire la limite des arme-
ments.
M. BRIAND SERA A PARIS DIMANCHE
Cannes, 7 janvier (dép. Petit Paris.)
M. Briand a effectué ce matin une
promenade en mer bord du yacht
Charmiane, appartenant à M. Clé-
ment-Bayard, son ami, dont il est
l'hôte à la villa Bavard. Le ministre
des Affaires étrangères s'est ensuite
promené sur le boulevard du, Midi,
respectueusement salué par les pas-
sants. Dans l'après-midi, M. Briand
a eu un long entretien avec l'évêque
de Nice, venu spécialement à Cannes
pour le rencontrer puis il s'est
rendu en auto à Mandelieu visiter les
mimosas et les cultures florales du
domaine «Malgré-Tout".
M. Briand quittera Cannes demain
par le rapide de 3 heures de l'après-
midi, rentrant directement à Paris.
Le nouveau président
du tribunal d'arbitrage de La Haye
M. Thomas Nelson Perkins, de Boston,
te.nouveau président du tribunal d'arbi-
trage de la Haye, qui siégea à la com-
mission des réparations, est arrivé hier
à Paris, accompagné rie miss Adams, sa
belle-sœur. M. T. N. Psrkins séjournera
en France jusqu'au 20 février, date à
laquelle Il gagnera la Hollande.
AUX ASSISES DE LA SEINE
LÉONLÂFÔSSE
RACONTE AUX JURÉS
LA SCÈNE TRAGIQUE
Les témoins ne sont pas d'accord sur
les incidents qui précédèrent ou
marquèrent cette scène et leurs
déclarations s'opposent de telle
sorte que la vérité paraît difficile
à discerner
Deux audiences ont été prévues
pour le jugement du contremaître
Lafosse. accusé du meurtre de
l'ajusteur André Sabatier, ouvrier à
l'arsenal de Puteaux. Mais peut-être
les deux séanceu ne suffiront-elles
pas. Cinquante témoins ont, en effet,
été cités tant par l'accusation et la
défense que par la partie civile la
veuve et le fils de la victime, petit
garçon de cinq ans.
L'interrogatoire
Dès la début de son interroga-
I toire, le président Warrain fit pré-
ctser par l'accusé sa situation exacte
à la Radio-Technique. Lafosse n'était
pas. ingénieur, mais ses études lui
en donnaient les aptitudes. Il gagnait
à l'usine francs par mois et tes
renseignements sur son compte sont
excellents, comme d'ailleurs ceux
t qu'on a recueillis sur André Saba-
tier.
Le 12 octobre, expliqua-t-il, des
manifestants vinrent entourer fusine en
poussant des cris hostiles. Ce premier
groupe, d'environ cinq cents personnes,
fut repoussé par la police. Mais un autre
groupe se reforma.
Qui ne comptait qu'une cinquan-
taine de personnes.
Oui, mais ce groupe grossissait sans
cesse. Des pierres furent lancées. Un de
mes collègues, M. Vedovelli, fut atteint
Je fermai à clef le portillon.
Aviez-vous, dès lors, quelque appré
hensinn de ce qui allait se passer?
I Non, ayant fermé, je me croyais en
sûreté. Pourtant, comme les manifestants
à M. Vedovelli qu'il fallait les disperser
en les arrosant.
Mais M. Vedovellf, qui a plus de
sang-froid que vous, s'y refusa. Cepen-
dant. vous avez insisté et on finit, en
effet, par mettre en batterie la pompe à
incendie.
Oui, moi-même.
Cela ne flt qu'exciter les manifes-
tants.
Le jeu de la pompe n'avait duré
que quoique minutes. Les pierres conti-
nuèrent a pleuvoir et la grille fut for-
céç.
"J'ai tiré sans viser"
C'est ce moment, que Lafosse
reçut une pierre l'oreille et sortit
les deux revolvers qu'il avait dans
sa poche, dont un Hammerless.
Pourquoi deux revolvers ?
L'un pour me défendre au besoin.
l'autre pour effrayer les manifestants.
D'ailleurs, le second revolver, je l'ai pris
sur l'heure même, chez le concierge.
Et vous avez tiré?
Par terre.
On a, en effet, retrouvé cette pre-
mière balle dans Ia porte. Mais pourquoi
ne vous en êtes-vous pas tenu à cette
première balle?
Les manifestants venaient de forcer
la grille. Alors, par un réflexe, j'ai tiré
de nouveau.
Dans quelle direction?
Je ne sais, j'ai levé machinalement
le bras, sans regarder.
Et cette seconde balle alla attein-
dre Sabatier à la tempe. Ce n'était pas
un manifestant. Il n'était venu là que
pour chercher sa soeur. C'était un excel-
lent ouvrier, doux, jeune marié, syndi-
caliste comme c'était son- droit, mais ne
s'étant jamais fait remarquer parmi les
violents.
A cet hommage rendu à la victime,
Lafosse parut acquiescer par son
silence.
L'interrogal* porta alors sur
certaines décî; :l(ons faites par La-
fosse au débui de l'instruction et qui
dénotent une certaine hésitation dans
ses explications.
Je maintiens avoir tiré sans viser,
conclut-il.
Vous avez dit que vous avez été
affolé par votre responsabilité de chef.
Or votre responsabilité se trouvait à
couvert par la présence de vos chefs à
vos côtes.
Le directeur n était pas là et J'avais
la surveillance de l'usine-
Je dois, du reste, reprit le prési-
dent, constater que tout le monde,
l'usine, déclare que la situation était
grave.
A quel moment commença le jet
des pierres ?
Tout de suite, assure Lafosse.
Après les coups de revolver ripos-
tent les amis de Sabatier.
Il semble que ce soit avant, remar-
que le président, puisque Lafosse en a
reçu. Mais ie-s pierres ont-elles été lan-
cées avant la mise en action de la
pampe ? Ce point reste en discussion.
En discussion aussi, le point de
savoir à quel moment fut ouverte
la grille, car elle fut ouverte et non
enfoncée.
Les grévistes, déclara Lafosse, ne
l'ont pas enfoncée. mais ils ta secouaient.
Ce qui parait résulter des exper-
tises, c'est que Sabatier fut atteint
en dehors de la grille.
Mais on décida de réserver tous
ces points, après que MI Campinchi
eut annoncé qu'au besoin il deman-
derait un transport de justice sur
les lieux.
Vous avez exprimé des regrets, con-
clut le président.
Et je maintiens ces regrets, répond
l'accusé.
Vous avez fait une veuve et un
orphelin. Vous le regrettez profondé-
ment ?
Sincèrement. Mais, blessé moi-
même, entendant le bruit des vitres bri-
sées qui semblaient des coups de revol-
ver, je me suis cru en danger et Je me
suis défendu.
Mais les grévistes n'avaient pas de
motif particulier pour vous en vouloir
personnellement ?
C'était moi qui les arrosais. Et puis,
j'avais jadis assisté à la chasse donnée
à oe contremaître qui, pour se sauver.
se jeta dans la Seine et qui, lapidé par
ses assaillants, se noya.
C'est, en effet, un des épisodes les
plus douloureux de nos luttes sociales.
Me WillarcT. avocat de la partie
civile, demande alors à Lafosse,:
Au cours de la scène dramatique où
(Cliché Petit Parisien)
En haut: l'Ingénieur Lalosse pendant son
interrogatoire, et, assis au banc de la
défense, Me Camplnchl, son avocat.
En bas la veuve et l'enfant de la
victime qui se portent partie civile
(Instantanés d'audience.)
vous avez fait une victime, pourquoi
n'avez-vous pas tiré en l'air ?
Je craignais une invasion de l'usine.
Les manifestants pouvaient se précipiter
sur moi et s'emparer de mon arme. Je
me sentais en danger de mort.
Les témoins en désaccord
Avec les témoins on revient sur les
points contestés. Le docteur Paul
explique qu'il était tout naturel que
l'ouvrier Ratti n'eût pas vu la plaie
sur le visage de Lafosse, cette plaie
n'ayant pas plus de onze millimè-
tres. L'expert Flobert certifia que le
revolver de Lafosse ne tira' que deux
coups et non pas trois.
Le commissaire de police Lambert
n'a constaté aucune tracé d'effrac-
tion sur la grille. Il ajoute i]nc les
premières déclarations que lui fit
Lafosse n'étaient pas contormes à la
vérité. Fins tard seulement il fit des
aveux.
Au commissaire Guillaume non
plus Lafosse ne fit pas d'aveux.
Je ne voûtais pas parler. tout de
suite, pnr crainte de représailles, expli-
que Lafosse. Je me réservais de tout dire
à l'instruction.
M. Bonavitta, du service- de l'iden-
tité judiciaire, a. constaté que la
serrure de la grille fonctionnait mal
et pouvait être ouverte du dehors
quand elle avait été. fermée avec
précipitation. En ce cas, il suffisait
qu'un seul homme secouât la grille
pour qu'elle s'ouvrît. Mais, bien
fermée, on ne pouvait l'ouvrir.
L'inspecteur Ballerat r.'a pu' se
faire une opinion sur l'endroit exact
où Sabatier fut tué, tant les témoi-
gnages recueillis par lui sont oppo-
ses.
Parmi ces témoignages, il y a celui
de M. Damelot, directeur de l'usine,
qui déclare avoir vu Sabatier dans
la cour de l'usine et avoir été lui-
même frappé.
Ce témoignage allait être véhé-
mentement contredit par Me Wil-
lard, en des termes qui déterminè-
rent le président à intervenir.
Il fut encore contredit par une
voisine, d'après laquelle la grille
était fermée et ne fut pas secouée.
Les pierres n'auraient été lancées
qu'après le coup de revolver tiré sur
Sabatier, qui n'avait pas pénétré
'dans l'usine.
On confronta les deux témoins, et,
comme presque toujours dans ces
confrontations, chacun maintint ses
positions.
Aujourd'hui, on continuera ainsi
h opposer témoin à témoin, chacun
jurant sous la foi du serment, comme
font. fait M. Damelot et la voisine,
Mme Radot, qu'ils.disent la vérité.
LES PROFITEURS
Dire que d'w temps pareil, S* «wai
tendre l'eau 1 h. 53 le mètre jcutc
AVANT LE SCRUTIN SÉNATORIAL
L'ÉLECTION DE LA SEINE
Au terme d'une campagne principa-
lement consacrée aux problèmes
départementaux, elle apparaît,
pour le premier tour, comme une
compétition de personnes, que
peut suivre 'aax deuxième et
troisième tours ropposition de
deax niasses de coalition
Nous voici à la veille du scrutin
sénatorial, et dans le département de
la Seine les positions ne se sont
point sensiblement modifiées au
cours de la dernière semaine de
campagne .électorale ces positions
se sont tout simplement affermies,
et pour les hommes et pour les par-
tis, faisant apparaître, dès mainte-
nant, toutefois, pour les deuxième et
troisième tours, quelques-unes des
coalitions susceptibles de se former
entre certains groupements. Car cette
compétition entre des individualités
ou des listes au premier tour tend,
le premier résultat acquis, à des ras-
semblements de masses. C'est fort
compréhensible, si l'on ti'ent compte
que dans la Seine aucune formation
politique ne peut se flatter de l'em-
porter à la majorité absolue des suf-
frages. Seuls, quelques hommes, par
l'attrait de la sympathie, sont en
droit d'escompter une décision favo-
rable dès l'abord.
En dehors de ces succès indivi-
duels, que l'on s'accorde très géné-
ralement à tenir non seulement pour
possibles, mais pour probables, le
premier tour de scrutin apparaît
comme une épreuve de classement et
de sélection. Après le partage initial
des voix, la tactique tendra à les
agglomérer pour réunir la majorité
décisive. Des maintenant, les préli-
minaires pour ce regroupement des
électeurs sont engagés.
Les groupements de gauche et
il extrême gauche, dont les suffrages
se rassembleront au premier tour
sur les propres candidats de chacun
d'entre eux, ont ébauché un accord
pour faire liste commune au second
et au troisième tours. Il s'agit du
parti' radical, du parti socialiste
S. F. I. 0., de l'union des socialistes
communistes et des républicains so-
cialistes. Les délégués de ces grou-
pements ont convenu d'un système
proportionnel pour la formation
d'une liste commune, après le pre-
mier tour.
Par le jeu de cette entente sepré-
pare un rassemblement de voix/dont
Il est impossible d'évaluer rigou-
reusement l'importance et, par con-
séquent, de prévoir la part exacte
d'influence dans le résultat final mais
qui ne semble en aucun cas suscep-
tible d'atteindre par lui-méme à la
majorité absolue des suffrages.
L'effectif des suffrages sur lequel
se fonde l'action des groupements
républicains de gauche et répubü-
cains modérés présente un élément
de calcul certain dans le referendum
qui a abouti à la désignation de neuf
candidats. A cette épreuve prépara-
toire, 600 électeurs sur 1.075 avaient
la faculté dé prendre part; 504 en
ont usé. Point encore de ce côté de
majorité absolue explicitement afflr-
mée.
A la charnière de ces deux masses
électorales de rassemblement aux
forces à peu près égales se placent
des représentants de l'opinion radi-
cale socialiste répartis par fraction
dans l'une et dans l'autre. C'est l'un
des objectifs essentiels, soit des listes
soit des candidats isolés d'un et
d'autre côté, que de gagner la plus
large part possible de cette portion
du corps électoral.
Le parti communiste vient de for-
mer sa liste; il a inscrit en tête le
nom de M. Camélinal, « ancien
combattant de la Gommune » M. Ca-
mélinat, qui a quatre-vingt-sept ans,
sera, à cette élection, le doyen de
tous les candidats, non seulement
pour la Seine, mais pour tous les
départements soumis au renouvelle-
ment.
Avec son effectif électoral, le parti
communiste est appelé à jouer un
rôle d'appoint envers les groupe-
ments qui le rallieront. Les diri-
geants communistes ont clairement
révélé leur intention d'opposer les
votes de leurs amis aux candidats
républicains et républicains modérés,
ce qui fait présager le -u'ien de ces
suffrages, aux second et troisième
tours, pour la liste préparée par les
gauches.
De ce point de vue une lutte vive
est engagée, les candidats républi-
cains de gauche et républicains
modérés appelant à eux, de toutes les
parties de l'opinion, les éléments
opposés au communisme, pour empê-
cher celui-ci d'arbitrer l'élection, ce
qui se confond, dans les circulaires
adressées au corps électoral, avec
l'appel à l'union nationale. Tel l'appel
du doyen de la représentation sor-
tante, M. Strauss, quand il dit
Le relèvement financier de la France,
auquel est lié intimement tout notre
avenir économique et démographique,
nous oblige à serrer les rangs, à obser-
ver le plus longtemps possible la trêve
des partis, sans que se ralentisse, à au-
cun moment, l'effort continu d'agrandis-
sement et de renouvellement de l'outil-
lage national, de sauvegarde de la race.
Tel egt aussi l'avis exprimé dans
sa lettre au eorps électoral par,le
premier élu du référendum, M.
Ernest Billiet
Aujourd'hui, comme il y a sept ans,
la situation résultant de la guerre exige
la continuation de la trêve des partis.
L'union nationale, que certains hommes
m'ont reproché d'avoir préconisée et fait
triompher, le 16 novembre 1919, après
avoir eu deux années d'éclipse, à la
suite des élections du 11 mai 1924,
montre, de nouveau, son pouvoir bien-
faisant.
De même qu'elle fut pratiquée par les
socialistes français, les radicaux sooia-
lietes et les modérés en 1919 pour
l'élection des députés, en 1920 pour celle
des sénateurs, de même, en cette fin
d'année 1926, elle est réalisée au sein du
ministère Poincaré.
Il serait paradoxal que cette union des
républicains. jugée nécessaire pour gou-
verner, fat considérée comme inutile
pour élire les parlementaires. Cependant.
si les élections sénatoriales du 9 f anciér
1927 devaient être la condamnation de
l'effort tenté par MM. l'oincaré, Herriot
et Painlevé. il faudrait renoncer au re-
dressement financier et s'attendre à
revivre les heures pénibles du mois de
juillet.
Je suis donc convaincu que beaucoup
de délégués sénatoriaux, même parmi
les plus avancés, ne voudront pas tenter
une aventure d'où la France sortirait
blessée et la République compromise.
Dans tous les domaines, la incurie doit
céder le pas à l'esprit de réalisation. Il
faut courir au p!us p-niô ut faire
objectivement tout ce qui est possible.
Quelles doctrines absolues auraient
raison du déséquilibre provoqué par la
guerre Aucune. On le voit, seul le
bon sens est de règle pour faire face
aux difficultés, sans cesse renaissante*.
L'aperçu que nous venons de pré-
senter sur la répartition théorique
des suffrages reste de contours flous
et ne comporte nulle précision sta-
tistique. C'est qu'il intervient dans
cette élection, nous l'avons déjà dit
et nous ne pouvons que le répéter,
une tendance évidente à mettre en
avant, et hors des programmes et
des partis, les personnalités dans
tout leur relief. D'après le caractère
même qu'a pris et conservé la cartfr-
pagne électorale, le corps sénatorial
aura bien moins à départager lës
programmes et les partis quà fixer
un choix entre les hommes. Cela ré-
sulte de l'importance primordiale
accusée dans les entretiens entré
électeurs et candidats aux problèmes
d'organisat.ion départementale. Cette
orientation des esprits, sans suppri.-
mer le cadre des groupements par
opinion, va à fencontre d'un strict
M. Longuet
classement politique des suffrages
elle ouvre la voie des choix dictés
par l'attirance sympathique et les
vues techniques des candidats; elle
conduit au panachage. S'il était be-
soin d'illustrer d'un fait caractéris-
tique ce que nous avançons, il sufft-
rait de signaler que, certains délégués
modérés avant préparé des bulletins
où le nom de M. Millerand se joint
ceux qui ont obtenu la majorité au
REGION PARISIENNE. Temps un peu
plus frais, mais aucune menace de froids.
Ciel nuageux avec assez belles éclairclei.
Quelques bruines. Vent d'ouest faible. Nult
Jour 7".
EN FRANCE. Même temps sur toute la
France. Mistral Meez violent vallée du
atone, Provence et Roussillon.
SOLEIL lever, 7 h. 4S'; coucher, il h. 10.
LUNE premier quartier le pt. le 17.
sa' AM1TBB. V 18.211
SAMEDI
8
JANVIER 1927
̃ Saint Iinclon
BELGRADE ET ROME'
SEMBLENT APAISÉES
MAIS.
Toute menace de complications
n'a pas disparu et il faudra, de
part et d'autre, beaucoup de
prudence pour éviter qu'une
insurrection en Albanie ne crée
une situation dangereuse dans
les Balkans
Belgrade, 7 janv. (dép. Petit Paris.)
Un de nos compatriotes, visitant
récemment le Président de la Répu-
blique albanaise, Ahmed Zogou,
trouva. celui-ci souffrant et alité. Il
n'en fut pas moins reçu. Deux objets
le frappèrent dès qu'il pénétra dans
la chambre du jeune chef d'Etat
un revolver posé sur la table de
Ahmed Zogou
huit. une valise déjà bouclée au-
dessous du lit. Ces deux objets peu-
vent être considérés comme les
attributs du pouvoir en Albanie
ils en symbolisent les risques et la
précarité.
Ahmed Zogou se différencie toute-
fois de ses prédécesseurs par de très
réelles. qualités d'organisateur. C'est
un homme encore jeune, intelligent
et autoritaire. Il fait dans son pays
figure de réformateur.
Ajoutons que ce que nous appelons
crise ministérielle se règle là-bas à
coups de fusil. L'Albanie a une Cons-
utution et un Parlement; mais les
insurrections n'en continuent pas
moins à être l'issue normale des dif-
férends politiques.
'Et voilà le pays sur lequel la con-
clusion du pacte italo-albanais a
ramené l'attention du monde.
Gardons-nous autant d'un opti-
misme aveugle que d'un alarmisme
injustifié. Les faits se réduisent à
ceux-ci un pacte a été conclu entre
l'Italie et l'Albanie. Ou plus exacte-
ment entre le gouvernement de
M. Mussolini et Ahmed Zogou. Ce
pacte garantit non seuleu'fnt l'indé-
pendance albanaise, mais encore le
régime entendez la situation per-
sonnelle du Président de la Républi-
que d'Albanie.
Pareille clause ne figure habituel-
lement pas dans les instruments
diplomatiques de ce genre. Elle a
éveiilté aussitôt des défiances à Bel-
grade, où l'on craint non sans
logique qu'Ahmed Zogou ait
donné au cabinet de Rome des gages
équivalant à un»- aliénation partielle
de l'indépendanfe albanaise.
Toutefois, l'apaisement semble e
devoir se faire assez rapidement.
L'Italie proteste de la pureté de ses
intentions le gouvernement de Bel-
grade assure, de son côté, qu'il n'a
d'autre désir que de voir se renouer
avec sa. voisine occidentale les liens
d'amitié et de collaboration qui exis-
taient précédemment.
Mais attention Du fait que les
chancelleries trouvent une formule
d'entente qui interprète le pacte
italo-albanais de la manière la plus
rassurante, il ne s'ensuivra pas que
toute menace soit écartée. Car ce
bon peuple albanais prend habituel-
lement les armes au printemps et
en automne. Ces insurrections sai'-
sonnières entretiennent le moral de
la population. Elles ne sont toutefois
pas sans danger pour le gouverne-
ment installé à Tirana. Qu'advien-
dra-t-il en mars prochain, par
exemple, si: un soulèvement met en
danger l'autorité et la vie d'Ahmed
Zogou ?
Il adviendra d'abord qu'une partie
'de la presse italienne accusera les
Serbes d'être les instigateurs du
mouvement. Accusation gratuite,
mais qui ne sera pas faite pour
entretenir, dans l'opinion des deux
pays, le sang-froid et la prudence
nécessaires.
Il adviendra ensuite que Zogou se
tournera vers ses protecteurs. Les
Italiens recourront-ils jusqu'à une
intervention armée pour garantir sa
sécurité ? C'est une première ques-
tion. C'en est une seconde que de
savoir si le gouvernement de Bel-
grade, inébranlablement attaché au
principe les Balkans aux peuples
balkaniques, peut admettre qu'une
puissance non balkanique jette des
troupes dans la péninsule. Il y
aurait là une passe difficile. Sans
Qoute cherche-t-on, en ce moment
même, à régler les modalités d'ap-
plication du pacte italo-albanais de
telle façon qu'il n'en puisse résulter
ni risque ni surprise. Mais les chan-
celleries proposent et l'événement
dispose. On ne devra jamais perdre
de vue, dans les années qui vien-
nent, que les Balkans restent un des
secteurs les plus exposés de l'Eu-
rope et que, dans ce secteur, l'Alba-
nie constitue le point vulnérable par
excellence.
C'est dire que l'indépendance alba-
haise est un des postulats de la paix
européenne. Il importe de ne jamais
la laisser mettre en cause. Le com-
ble de l'absurde serait, de laisser se
développer à Tirana une situation
qui renferme le germe de complica-
tions internationales.
Al6ert dfousset.
LES ÉVÉNEMENTS DE CHINE
L'EMPRISËIMTONAISE
S'AFFIRME DE PLUS EN PLUS
SUR HANKÉOU
Malgré les paroles rassurantes
du ministre des affaires étran-
gères M. Chen, la colonie amé-
ricaine à son tour quitte la ville
D'autre part ordre est donné à la
flotte asiatique des Etats-Unis
de quitter Manille pour Changhaî
Londres, 7 janv. {d. Petit Parisien.)
Les messages de Chine, émanant
tantôt de Changhaï, tantôt de Uong-
Kong, tantôt de Pékin et..rarement
de Hankéou, ont donné aujourd'hui
des nouvelles contradictoires sur la
situation dans cette dernière cité,
qui se trouve à quelque mille kilo-
mètres de l'embouchure, du Yang-
Tsé-Kiang. L'envoyé Tpéeial du
Daily Mail, sir Percival Philipps,
actuellement à Hankéou, a adresse à
lEvening News une information
qui revêt une importance toute par-
ticulière. Sir Percival Philipps pré-
cise que la concession britannique à
Hankéou est déjà soumise au con-
trôle des Cantonais, dont J'action a
été si soudaine et si complète que
la communauté anglaise n'est. pas
encore revenue de sa surprise et
semble désemparée.
En fait, dit sir Percival Philipps, l'em-
prise cantemaise s'affirme de plus en
plus, en dépit des proclamations et des
articles de journaux.
C'est, d'ailleurs, ce' que l'on a con-
firmé officiellement aujourd'hui au
Foreign Office, où l'on assure que
la situation est calme pour le mo-
ment à Hankéou. On fait remarquer
qu'en cas de nécessité, le contre-
amiral Cameron, qui a reçu pleins
pouvoirs pour prendre les mesures
que commandent les événements,
pourrait aisément .mettra en ligne
les contingents de fusiliers dont il
dispose et qui s'élèvent à trois cents
unités. On compte, toutefois, que
M Chen tiendra la promesse qu'il a
faite solennellement de maintenir
l'ordre, encore que l'on se demande
dans quelle mesure le ministre des
Affaires étrangères cantonais pourra
contenir les éléments extrémistes et
les agitateurs qui ne cessent d'exci-
ter la populace chinoise contre les
étrangers et surtout contre les An-
glais. D'ores et déjà, toute» les pré-
cautions sont prises en vue dune
évacuation éventuelle des nationaux
britannique» demeurés 'il. Hankéou.
On annonce, par ailleurs, que e
soixante Amérrcains, femmes et
enfants, ont été embarqués à bord
d'un navire marchand et que des
centaines de réfugiés de la vallée du
i. Eugène Chen commissaire cautonals
aux Affaires étrangères. Derrière lui,
M. G. V. Marahall, secrétaire de la com-
mission municipale anglaise à Hankéou
Yang-Tsé sont déjà arrivés à Chan-
ghaï.
Un message Reuter de Changhaï
annonce, d'autre part, qu'hier après-
midi di graves désordres se sont
produits à Kiou-Kiang. La police
chinoise de cette ville arriva juste à
temps pour contenir la foule. Un
peu plus tard, cependant, les mani-
festants abattirent la porte du Bund
et ce ne fut qu'à grand'peine qu'on
put les empêcher d'envahir la con-
cession. L ordre paratt avoir été
rétabli.
Enfin, un message Exchange Tele-
graph de Washington rapporte que
M. Wilbur, ministre de la Marine,
a fait connaître que l'amiral Wit-
ttams, commandant la flotte asiati-
que, avait reçu l'ordre de se rendre
d'urgence de Manille à Changhtn,
pour surveiller de plus .près ld
situation en Chiaie.
QU'EUT PAYE CfRANÔ"?
Le grand lama va taxer ses sujets d'après
la longueur de leur nea
Londres, 7 janv. (d. Petit Parisien.)
Un message de l'India News Ser-
vice à Lhassa (Thibet) rapporte que
le grand lama, qui. comme tous les
souverains, a besoin de ressources,
vient de décider que, désormais, ses
sujets seraient frappés d'une taxe
sur leur nez. Le nouvel impôt,
d'ailleurs, ne sera pas uniforme. Les
nez camus en seront presque exo-
nérés. Par contre, les nez longs ou
aquilins seront mis fortement à
contribution. Déjà, l'an dernier, cet
innovateur original avait introduit
un impôt sur les oreilles, taxées
selon leur forme et leur largeur.
LA COMMUNE D'ERBÉVILLER
CITÉE A L'ORDRE DE L'ARMÉE
Le ministre de la Guerre cite à
l'ordre de l'armée la commune d-'Er-
béviller (Meurthe-et-Moselle)
Située à proximité du front, a sup-
porté, au cours d'une occupatfon de
quatre années de violents bombarde-
ments, subi courageusement les vexa-
tions dont elle a été l'objet de la part
de l'ennemi, faisant ainsi preune d'une
confiance tnébranlabie dans le succès
dt noir armes.
PA R T. S. F.
Le service téléphonique
Lontes-New-York
a été inauguré hier
« Transmission assez nette,
dit-on en Amérique,
« parfaite » en Angleterre
Londres, 7 janv. (d. Petit Parisien.)
Le service téléphonique entre
Londres et New-York a été inau-
guré aujourd'hui, à .13 h 45, par
M. Gifford, président de la compa-
gnie américaine des Télégraphes et
Téléphones, et par sir Evelyn
Murray, secrétaire du Post Office
britannique. Après un échange de
félicitations et de souhaits pour le
succès du nouveau service, les mai-
res de New-York et de Londres se
sont transmis les vœux de leurs
cité, respectives, par l'intermédiaire
d'un journal de Londres. La com-
munication avait été établie en une
demi-minute exactement.
Une fois les messages officiels ter-
minés, le service fut ouvert au
public au tarif de 25 dollars la
minute, avec un minimum de trois
minuties. Nombreux furent les clients
qui presque tous désiraient s'assurer
une large publicité.
Leur attente fut néanmoins déçue,
la compagnie s'étant abstenue de
divulguer la liste des premiers.
Dans les milieux techniques, on
envisage avec beaucoup d'optimisme
j le développement de ces services
transatlantiques. Des hier, diverses
maisons do commerce et établïsse-
ments bancaires ont. fait usage du
nouveau service. C'est ainsi que le
département d'outre-mer de la Mid-
dland Bank a opéré, avec l'Interna-
tional Acceptence Company de New-
York, d'importantes transactions en
dollars, francs, lires et marks. De
méme, l'International News Service a
transmis par cette nouvelle voi'e une
partie de sa communication quoti-
dienne.
A New-York on déclare que la
réception des messages de Londres
a été assez nette à Londres, l'audi-
tion .des messages de New-York a
été d'une clarté parfaite, à tel point
que pas un seul mot n'a d0 être
répété.
LE DESARMEMENT DU REICH
Le général von Pawels
quittera Berlin aujourd'hui
Berlin, 7 janv. (dép. Pctit Parisien)
Après plusieurs conférences tenues
en présence d'experts militaires et
de délégués de l'industrie, le cabinet
d'Empire a terminé aujourd'huil la
mise au point des instructions que
vont emporter le général von Pa-
wels et le conseiller Forster, qui
quitteront Berlin demain pour Paris.
Le président Coolidge
demande des crédits
pour la conférence du désarmement
Washington, 7 janvier {dép. Bavas.)
Le président Coolidge a demandé
aujourd'hui au Congrès de voter un
crédit supplémentaire de 75.000 dol-
lars pour la délégation américaine à
la conférence du désarmement.
Le président a dit notamment à ce
sujet que les Etats-Unis continueront
à coopérer pleinement cct effort,
afin d'amener aussitôt que possible
la conférence finale dans laquelle
d'autres mesures pourront être pri-
ses pour réduire la limite des arme-
ments.
M. BRIAND SERA A PARIS DIMANCHE
Cannes, 7 janvier (dép. Petit Paris.)
M. Briand a effectué ce matin une
promenade en mer bord du yacht
Charmiane, appartenant à M. Clé-
ment-Bayard, son ami, dont il est
l'hôte à la villa Bavard. Le ministre
des Affaires étrangères s'est ensuite
promené sur le boulevard du, Midi,
respectueusement salué par les pas-
sants. Dans l'après-midi, M. Briand
a eu un long entretien avec l'évêque
de Nice, venu spécialement à Cannes
pour le rencontrer puis il s'est
rendu en auto à Mandelieu visiter les
mimosas et les cultures florales du
domaine «Malgré-Tout".
M. Briand quittera Cannes demain
par le rapide de 3 heures de l'après-
midi, rentrant directement à Paris.
Le nouveau président
du tribunal d'arbitrage de La Haye
M. Thomas Nelson Perkins, de Boston,
te.nouveau président du tribunal d'arbi-
trage de la Haye, qui siégea à la com-
mission des réparations, est arrivé hier
à Paris, accompagné rie miss Adams, sa
belle-sœur. M. T. N. Psrkins séjournera
en France jusqu'au 20 février, date à
laquelle Il gagnera la Hollande.
AUX ASSISES DE LA SEINE
LÉONLÂFÔSSE
RACONTE AUX JURÉS
LA SCÈNE TRAGIQUE
Les témoins ne sont pas d'accord sur
les incidents qui précédèrent ou
marquèrent cette scène et leurs
déclarations s'opposent de telle
sorte que la vérité paraît difficile
à discerner
Deux audiences ont été prévues
pour le jugement du contremaître
Lafosse. accusé du meurtre de
l'ajusteur André Sabatier, ouvrier à
l'arsenal de Puteaux. Mais peut-être
les deux séanceu ne suffiront-elles
pas. Cinquante témoins ont, en effet,
été cités tant par l'accusation et la
défense que par la partie civile la
veuve et le fils de la victime, petit
garçon de cinq ans.
L'interrogatoire
Dès la début de son interroga-
I toire, le président Warrain fit pré-
ctser par l'accusé sa situation exacte
à la Radio-Technique. Lafosse n'était
pas. ingénieur, mais ses études lui
en donnaient les aptitudes. Il gagnait
à l'usine francs par mois et tes
renseignements sur son compte sont
excellents, comme d'ailleurs ceux
t qu'on a recueillis sur André Saba-
tier.
Le 12 octobre, expliqua-t-il, des
manifestants vinrent entourer fusine en
poussant des cris hostiles. Ce premier
groupe, d'environ cinq cents personnes,
fut repoussé par la police. Mais un autre
groupe se reforma.
Qui ne comptait qu'une cinquan-
taine de personnes.
Oui, mais ce groupe grossissait sans
cesse. Des pierres furent lancées. Un de
mes collègues, M. Vedovelli, fut atteint
Je fermai à clef le portillon.
Aviez-vous, dès lors, quelque appré
hensinn de ce qui allait se passer?
I Non, ayant fermé, je me croyais en
sûreté. Pourtant, comme les manifestants
à M. Vedovelli qu'il fallait les disperser
en les arrosant.
Mais M. Vedovellf, qui a plus de
sang-froid que vous, s'y refusa. Cepen-
dant. vous avez insisté et on finit, en
effet, par mettre en batterie la pompe à
incendie.
Oui, moi-même.
Cela ne flt qu'exciter les manifes-
tants.
Le jeu de la pompe n'avait duré
que quoique minutes. Les pierres conti-
nuèrent a pleuvoir et la grille fut for-
céç.
"J'ai tiré sans viser"
C'est ce moment, que Lafosse
reçut une pierre l'oreille et sortit
les deux revolvers qu'il avait dans
sa poche, dont un Hammerless.
Pourquoi deux revolvers ?
L'un pour me défendre au besoin.
l'autre pour effrayer les manifestants.
D'ailleurs, le second revolver, je l'ai pris
sur l'heure même, chez le concierge.
Et vous avez tiré?
Par terre.
On a, en effet, retrouvé cette pre-
mière balle dans Ia porte. Mais pourquoi
ne vous en êtes-vous pas tenu à cette
première balle?
Les manifestants venaient de forcer
la grille. Alors, par un réflexe, j'ai tiré
de nouveau.
Dans quelle direction?
Je ne sais, j'ai levé machinalement
le bras, sans regarder.
Et cette seconde balle alla attein-
dre Sabatier à la tempe. Ce n'était pas
un manifestant. Il n'était venu là que
pour chercher sa soeur. C'était un excel-
lent ouvrier, doux, jeune marié, syndi-
caliste comme c'était son- droit, mais ne
s'étant jamais fait remarquer parmi les
violents.
A cet hommage rendu à la victime,
Lafosse parut acquiescer par son
silence.
L'interrogal* porta alors sur
certaines décî; :l(ons faites par La-
fosse au débui de l'instruction et qui
dénotent une certaine hésitation dans
ses explications.
Je maintiens avoir tiré sans viser,
conclut-il.
Vous avez dit que vous avez été
affolé par votre responsabilité de chef.
Or votre responsabilité se trouvait à
couvert par la présence de vos chefs à
vos côtes.
Le directeur n était pas là et J'avais
la surveillance de l'usine-
Je dois, du reste, reprit le prési-
dent, constater que tout le monde,
l'usine, déclare que la situation était
grave.
A quel moment commença le jet
des pierres ?
Tout de suite, assure Lafosse.
Après les coups de revolver ripos-
tent les amis de Sabatier.
Il semble que ce soit avant, remar-
que le président, puisque Lafosse en a
reçu. Mais ie-s pierres ont-elles été lan-
cées avant la mise en action de la
pampe ? Ce point reste en discussion.
En discussion aussi, le point de
savoir à quel moment fut ouverte
la grille, car elle fut ouverte et non
enfoncée.
Les grévistes, déclara Lafosse, ne
l'ont pas enfoncée. mais ils ta secouaient.
Ce qui parait résulter des exper-
tises, c'est que Sabatier fut atteint
en dehors de la grille.
Mais on décida de réserver tous
ces points, après que MI Campinchi
eut annoncé qu'au besoin il deman-
derait un transport de justice sur
les lieux.
Vous avez exprimé des regrets, con-
clut le président.
Et je maintiens ces regrets, répond
l'accusé.
Vous avez fait une veuve et un
orphelin. Vous le regrettez profondé-
ment ?
Sincèrement. Mais, blessé moi-
même, entendant le bruit des vitres bri-
sées qui semblaient des coups de revol-
ver, je me suis cru en danger et Je me
suis défendu.
Mais les grévistes n'avaient pas de
motif particulier pour vous en vouloir
personnellement ?
C'était moi qui les arrosais. Et puis,
j'avais jadis assisté à la chasse donnée
à oe contremaître qui, pour se sauver.
se jeta dans la Seine et qui, lapidé par
ses assaillants, se noya.
C'est, en effet, un des épisodes les
plus douloureux de nos luttes sociales.
Me WillarcT. avocat de la partie
civile, demande alors à Lafosse,:
Au cours de la scène dramatique où
(Cliché Petit Parisien)
En haut: l'Ingénieur Lalosse pendant son
interrogatoire, et, assis au banc de la
défense, Me Camplnchl, son avocat.
En bas la veuve et l'enfant de la
victime qui se portent partie civile
(Instantanés d'audience.)
vous avez fait une victime, pourquoi
n'avez-vous pas tiré en l'air ?
Je craignais une invasion de l'usine.
Les manifestants pouvaient se précipiter
sur moi et s'emparer de mon arme. Je
me sentais en danger de mort.
Les témoins en désaccord
Avec les témoins on revient sur les
points contestés. Le docteur Paul
explique qu'il était tout naturel que
l'ouvrier Ratti n'eût pas vu la plaie
sur le visage de Lafosse, cette plaie
n'ayant pas plus de onze millimè-
tres. L'expert Flobert certifia que le
revolver de Lafosse ne tira' que deux
coups et non pas trois.
Le commissaire de police Lambert
n'a constaté aucune tracé d'effrac-
tion sur la grille. Il ajoute i]nc les
premières déclarations que lui fit
Lafosse n'étaient pas contormes à la
vérité. Fins tard seulement il fit des
aveux.
Au commissaire Guillaume non
plus Lafosse ne fit pas d'aveux.
Je ne voûtais pas parler. tout de
suite, pnr crainte de représailles, expli-
que Lafosse. Je me réservais de tout dire
à l'instruction.
M. Bonavitta, du service- de l'iden-
tité judiciaire, a. constaté que la
serrure de la grille fonctionnait mal
et pouvait être ouverte du dehors
quand elle avait été. fermée avec
précipitation. En ce cas, il suffisait
qu'un seul homme secouât la grille
pour qu'elle s'ouvrît. Mais, bien
fermée, on ne pouvait l'ouvrir.
L'inspecteur Ballerat r.'a pu' se
faire une opinion sur l'endroit exact
où Sabatier fut tué, tant les témoi-
gnages recueillis par lui sont oppo-
ses.
Parmi ces témoignages, il y a celui
de M. Damelot, directeur de l'usine,
qui déclare avoir vu Sabatier dans
la cour de l'usine et avoir été lui-
même frappé.
Ce témoignage allait être véhé-
mentement contredit par Me Wil-
lard, en des termes qui déterminè-
rent le président à intervenir.
Il fut encore contredit par une
voisine, d'après laquelle la grille
était fermée et ne fut pas secouée.
Les pierres n'auraient été lancées
qu'après le coup de revolver tiré sur
Sabatier, qui n'avait pas pénétré
'dans l'usine.
On confronta les deux témoins, et,
comme presque toujours dans ces
confrontations, chacun maintint ses
positions.
Aujourd'hui, on continuera ainsi
h opposer témoin à témoin, chacun
jurant sous la foi du serment, comme
font. fait M. Damelot et la voisine,
Mme Radot, qu'ils.disent la vérité.
LES PROFITEURS
Dire que d'w temps pareil, S* «wai
tendre l'eau 1 h. 53 le mètre jcutc
AVANT LE SCRUTIN SÉNATORIAL
L'ÉLECTION DE LA SEINE
Au terme d'une campagne principa-
lement consacrée aux problèmes
départementaux, elle apparaît,
pour le premier tour, comme une
compétition de personnes, que
peut suivre 'aax deuxième et
troisième tours ropposition de
deax niasses de coalition
Nous voici à la veille du scrutin
sénatorial, et dans le département de
la Seine les positions ne se sont
point sensiblement modifiées au
cours de la dernière semaine de
campagne .électorale ces positions
se sont tout simplement affermies,
et pour les hommes et pour les par-
tis, faisant apparaître, dès mainte-
nant, toutefois, pour les deuxième et
troisième tours, quelques-unes des
coalitions susceptibles de se former
entre certains groupements. Car cette
compétition entre des individualités
ou des listes au premier tour tend,
le premier résultat acquis, à des ras-
semblements de masses. C'est fort
compréhensible, si l'on ti'ent compte
que dans la Seine aucune formation
politique ne peut se flatter de l'em-
porter à la majorité absolue des suf-
frages. Seuls, quelques hommes, par
l'attrait de la sympathie, sont en
droit d'escompter une décision favo-
rable dès l'abord.
En dehors de ces succès indivi-
duels, que l'on s'accorde très géné-
ralement à tenir non seulement pour
possibles, mais pour probables, le
premier tour de scrutin apparaît
comme une épreuve de classement et
de sélection. Après le partage initial
des voix, la tactique tendra à les
agglomérer pour réunir la majorité
décisive. Des maintenant, les préli-
minaires pour ce regroupement des
électeurs sont engagés.
Les groupements de gauche et
il extrême gauche, dont les suffrages
se rassembleront au premier tour
sur les propres candidats de chacun
d'entre eux, ont ébauché un accord
pour faire liste commune au second
et au troisième tours. Il s'agit du
parti' radical, du parti socialiste
S. F. I. 0., de l'union des socialistes
communistes et des républicains so-
cialistes. Les délégués de ces grou-
pements ont convenu d'un système
proportionnel pour la formation
d'une liste commune, après le pre-
mier tour.
Par le jeu de cette entente sepré-
pare un rassemblement de voix/dont
Il est impossible d'évaluer rigou-
reusement l'importance et, par con-
séquent, de prévoir la part exacte
d'influence dans le résultat final mais
qui ne semble en aucun cas suscep-
tible d'atteindre par lui-méme à la
majorité absolue des suffrages.
L'effectif des suffrages sur lequel
se fonde l'action des groupements
républicains de gauche et répubü-
cains modérés présente un élément
de calcul certain dans le referendum
qui a abouti à la désignation de neuf
candidats. A cette épreuve prépara-
toire, 600 électeurs sur 1.075 avaient
la faculté dé prendre part; 504 en
ont usé. Point encore de ce côté de
majorité absolue explicitement afflr-
mée.
A la charnière de ces deux masses
électorales de rassemblement aux
forces à peu près égales se placent
des représentants de l'opinion radi-
cale socialiste répartis par fraction
dans l'une et dans l'autre. C'est l'un
des objectifs essentiels, soit des listes
soit des candidats isolés d'un et
d'autre côté, que de gagner la plus
large part possible de cette portion
du corps électoral.
Le parti communiste vient de for-
mer sa liste; il a inscrit en tête le
nom de M. Camélinal, « ancien
combattant de la Gommune » M. Ca-
mélinat, qui a quatre-vingt-sept ans,
sera, à cette élection, le doyen de
tous les candidats, non seulement
pour la Seine, mais pour tous les
départements soumis au renouvelle-
ment.
Avec son effectif électoral, le parti
communiste est appelé à jouer un
rôle d'appoint envers les groupe-
ments qui le rallieront. Les diri-
geants communistes ont clairement
révélé leur intention d'opposer les
votes de leurs amis aux candidats
républicains et républicains modérés,
ce qui fait présager le -u'ien de ces
suffrages, aux second et troisième
tours, pour la liste préparée par les
gauches.
De ce point de vue une lutte vive
est engagée, les candidats républi-
cains de gauche et républicains
modérés appelant à eux, de toutes les
parties de l'opinion, les éléments
opposés au communisme, pour empê-
cher celui-ci d'arbitrer l'élection, ce
qui se confond, dans les circulaires
adressées au corps électoral, avec
l'appel à l'union nationale. Tel l'appel
du doyen de la représentation sor-
tante, M. Strauss, quand il dit
Le relèvement financier de la France,
auquel est lié intimement tout notre
avenir économique et démographique,
nous oblige à serrer les rangs, à obser-
ver le plus longtemps possible la trêve
des partis, sans que se ralentisse, à au-
cun moment, l'effort continu d'agrandis-
sement et de renouvellement de l'outil-
lage national, de sauvegarde de la race.
Tel egt aussi l'avis exprimé dans
sa lettre au eorps électoral par,le
premier élu du référendum, M.
Ernest Billiet
Aujourd'hui, comme il y a sept ans,
la situation résultant de la guerre exige
la continuation de la trêve des partis.
L'union nationale, que certains hommes
m'ont reproché d'avoir préconisée et fait
triompher, le 16 novembre 1919, après
avoir eu deux années d'éclipse, à la
suite des élections du 11 mai 1924,
montre, de nouveau, son pouvoir bien-
faisant.
De même qu'elle fut pratiquée par les
socialistes français, les radicaux sooia-
lietes et les modérés en 1919 pour
l'élection des députés, en 1920 pour celle
des sénateurs, de même, en cette fin
d'année 1926, elle est réalisée au sein du
ministère Poincaré.
Il serait paradoxal que cette union des
républicains. jugée nécessaire pour gou-
verner, fat considérée comme inutile
pour élire les parlementaires. Cependant.
si les élections sénatoriales du 9 f anciér
1927 devaient être la condamnation de
l'effort tenté par MM. l'oincaré, Herriot
et Painlevé. il faudrait renoncer au re-
dressement financier et s'attendre à
revivre les heures pénibles du mois de
juillet.
Je suis donc convaincu que beaucoup
de délégués sénatoriaux, même parmi
les plus avancés, ne voudront pas tenter
une aventure d'où la France sortirait
blessée et la République compromise.
Dans tous les domaines, la incurie doit
céder le pas à l'esprit de réalisation. Il
faut courir au p!us p-niô ut faire
objectivement tout ce qui est possible.
Quelles doctrines absolues auraient
raison du déséquilibre provoqué par la
guerre Aucune. On le voit, seul le
bon sens est de règle pour faire face
aux difficultés, sans cesse renaissante*.
L'aperçu que nous venons de pré-
senter sur la répartition théorique
des suffrages reste de contours flous
et ne comporte nulle précision sta-
tistique. C'est qu'il intervient dans
cette élection, nous l'avons déjà dit
et nous ne pouvons que le répéter,
une tendance évidente à mettre en
avant, et hors des programmes et
des partis, les personnalités dans
tout leur relief. D'après le caractère
même qu'a pris et conservé la cartfr-
pagne électorale, le corps sénatorial
aura bien moins à départager lës
programmes et les partis quà fixer
un choix entre les hommes. Cela ré-
sulte de l'importance primordiale
accusée dans les entretiens entré
électeurs et candidats aux problèmes
d'organisat.ion départementale. Cette
orientation des esprits, sans suppri.-
mer le cadre des groupements par
opinion, va à fencontre d'un strict
M. Longuet
classement politique des suffrages
elle ouvre la voie des choix dictés
par l'attirance sympathique et les
vues techniques des candidats; elle
conduit au panachage. S'il était be-
soin d'illustrer d'un fait caractéris-
tique ce que nous avançons, il sufft-
rait de signaler que, certains délégués
modérés avant préparé des bulletins
où le nom de M. Millerand se joint
ceux qui ont obtenu la majorité au
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