Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1926-09-26
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 26 septembre 1926 26 septembre 1926
Description : 1926/09/26 (Numéro 18107). 1926/09/26 (Numéro 18107).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k606615z
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/10/2008
/TEMPS PROBABLE:
REGION PARISIENNE. Temps aesez frais,
1 nuageux ou très nuageux, avec éclaircies
1 et quelques ondées plutôt rares. Vent
Jour
i EN FRANCE. Même temps sur toute la
France. Rafraîchissement assez sensible sur
nos réglons Sud.
SOLEIL lever, 8 h. coucher, 18 h.
LUNE, dern. quart. le nouv. le 8 octobre.
X •>
DIMANCHE m
I 26
1 SEPTEMBRE 1926 f
LE PROBLÈME L'ASSAINISSEMENT
Comment la France, confiante en son papier-
monnaie, s'est abandonnée l'inflation*
Il faut revenir du factice au réel
1t est superflu de dire que la
actuelle toute la politique française.
Du succès des efforts et de l'açtion
rigoureuse, entrepris déjà, et à ]
1 poursuivre, dans ta voie de l'as-
mlnissement de notre monnaie, dé-
pend assurément le salut du pays.
On ne saurait donc trop se pénétrer
du problème, on ne saurait trop
l'expliquer, en fixer les origines,
foire comprendre la nécessfté de le
résoudre. Parmi les écrivains qui
se sont donné cetle tâche, M.- Jac-
ques Banville s'est distingué, non
Dculement par la clarté de son ar-
gumentation, mais encore par l'ab-
solue liberté d'esprit avec laquelle,
Iui, attaché par ses préférences
un parti de droite, il a essayé, en
dehors de toute préoccupation po-
litique, de démêler ce problème vi-
tal pour le pays. Nous lui auorzs
demandé de l'aire bénéficier de ses
méditations et de ses recherches les
leeteurs du Petit Parisien.
Voici son premier article:
Nous avons tous appris, sur les
bancs de l'école, qu'il y avait eu
jadis des « rois faux mon-
nayeurs ». ainsi nommés parce
que, généralement à la suite d'une
guerre, ils mettaient moins de
métal précieux dans les pièces de
monnaie tout en leur attribuant la
même valeur. ïlcus avons appris
aussi que, sous la Régcnce, on
avait connu le célèbre système du
banquier Law. qui consistait à
imprimer des billets, qui enrichit
quelque temps beaucoup de per-
sonnes et qui, à la fin, ruina tout
le momie. Et nous avons appris
enfin que, sous la Révolution, il
y eut les assignats qui, valant de
moins en moins d'année en année
puis de mois en mois, finirent par
ne plus rien valoir du tout.
Chacun de nous savait cela sans
en tirer aucune conclusion pra-
tique, et personne n'a jamais
regardé de travers un billet de la
Banque de France sous prétexte
que le système de Law avait fait
faillite et que les assignats étaient
restés pour compte aux infortunés
porteurs. De même nous avons vu
fa monnaie de l'Autriche et celle
de l'Allemagne, pour ne parler
que de ces deux Etats, rouler jus-
qu'au fond du gouffre. Mais on
disait que l'Autriche, tête- sans
corps, n'était pas viable, et que les
Allemands avaient fait exprès de
se ruiner pour ne pas payer les
réparations.
En somme, on ne voulait pas
eroire que la maladie pût attein-
dre notre pays. Lorsque la livre
eut monté jusqu'à 240 il fallut
pourtant avouer que nous n'étions
pas à l'abri de l'épidémie plus que
les autres. Et c'est ce jour-là qu'on
a dit « Il faut absolument faire
quelque chose, sinon le franc
tombera à zéro. n'
Mais'c'est peut-être ici que nous
distinguons le trait le plus curieux
et le plus important d'une situa-
tion à laquelle nous sommes arri-
vés tout doucement et sans nous
en apercevoir. La longue et ro-
buste confiance des Français dans
ieur ballet de banque a fait, au
fond, plus de mal que de bien.
Ainsi les gens qui comptent trop
sur leurs forces jouent avec leur
santé.
La pente de l'inflation
Notre billet avait une solidité
presque immémoriale puisque,
depuis la fondation de la Banque
de France, c'est-à-dire depuis plus
de trois générations, il n'avait
jamais été sérieusement déprécié.
Comment douter d'une vignette
qui, à aucun moment, n'avait
donné de déboires à nos parents
ni à nos grands-parents, ni même
à nos arrière grands parents ?
Bien des personnes sont encore
étonnées et sceptiques quand on
leur dit que, passé la frontière
suisse, un de nos billets de cent
francs ne vaut plus que quinze
francs.
Mais il est résulté de cette
espèce de respect héréditaire que
le papier-monnaie s'est multiplié
sans que le public ait vu que sa
multiplication était le grand péril.
En effet, la grandeur de nos
champs, le nombre de nos mai-
sons, le bétail, les récoltes, enfin
toutes nos richesses réelles ne se
multipliaient pas en même temps.
Et plus on imprimait de papier-
monnaie, plus cet écart grandis-
sait. Cependant nous continuions
de raisonner et de vivre comme
si le papier-monnaie jeté dans la
circulation n'avait pas justement!
servi à suppléer à l'insuffisance
des ressources vraies de la nation.
L'abondance de plus en plus
grande des moyens de paiement
dissimulait cette insuffisance, et,
par suite, permettait à la nation,
dans son ensemble, de mener le
même train de vie, quand ce
n'était pas de subvenir à de plus
grandes dépenses qu'autrefois.
Prenons les choses au commen-
cement. C'est le moyen de com-
prendre le mal et peut-être de le
combattre à sa racine.
Au mois de juillet 1914, la situa-
tion financière de la France est
parfaitement saine. Notre billet
vaut de l'or. Il peut à tout moment
être échangé contre de l'or, et
personne ne songe à s'encombrer
de louis parce que le billet est
bien plus commode. La quantité
de valeurs or dont nous disposions
est au moins égale à'nos besoins.
Survient la guerre. Que se
passe-t-il ?
L'Etat doit fuire face '11 des
dépenses énormes qui absorbent
rapidement, puis dépassent les
disponibilités. La France s'appau-
vrit tous les jours sans que les
Français s'en doutent. AJors,
comme les ressources réelles ne
suffisent plus, on en ajoute de fic-
tives. L'Etat, qui emprunte par-
tout, emprunte aussi- la Banque
de France. Il demande des avan-
ces à cet établissement qui, ayant
la faculté d'émettre des billets, n'a
qu'à en imprimer pour fournir à
l'Etat ce qui lui est nécessaire»
Ainsi d'énormes quantités de
billets ont été jetées dans la circu-
lation. Et elles ont donné l'illusion
que nous étions aussi riches, sinon
plus riches qu'avant, alors que
nous étions plus pauvres. On a
donc pu (dans l'ensemble tou-
jours, car je ne parle pas des
malheureuses victimes du « re-
venu fixe »), continuer à dépenser
autant et même plus qu'avant,
malgré la diminution continue du
pouvoir d'achat de ces trop nom-
breux billets, a,lors qu'il aurait
fallu dépenser 'moins.
L'inflation consiste, en somme, à
procurer les moyens de poursui-
vre un genre d'existence qui ne
répond plus à la situation de for-
tune d'un pays. La surabondance
des signes monéta.ires est trom-
peuse. Elle crée un bien-être fac-
tice, un paradis artificiel, exacte-
ment comme une drogue. Et c'est
pourquoi on peut la comparer à
son gré à l'alcool, à. la cocaïne ou
à la morphine.
Pour une cure raisonnée
Il n'est pas du tout inutile, pour
la guérison même, de savoir et de
répéter ces notions élémentaires,
car on ne peut 'pas entreprendre
une cure raisonnée sans connaî-
tre les causes profondes de la
maladie. Seulement on comprend
mieux la difficulté de la guérison.
Car la guérison. ce sera la cons-
tatation obligatoire de l'appau-
vrissement général. Il faudra pro-
portionner les dépenses de tous et
de chacun au véritable état de
fortune du pays, ô.ù il n'y a pas
plus de champs, de maisons, de
troupeaux ni de récoltes qu'avant,
tandis qu'il y a beaucoup plus de
dettes. Et l'Etat français tient à
garder sa réputation d'honnête
homme. Il ne veut pas exproprier
brutalement, comme l'a fait l'Al-
lemagne, ceux qui ont répondu à
son appel dans ses jours de besoin.
Tout le problème de l'assainis-
sement est là. Et c'est un dur pro-
blème. Il fest pour tout le monde.
Songez qu'il consiste à se dire
« En ce moment-ci, ma fortune
est évaluée à 100,000 francs. Je
n'en ai réellement que 15,000. Je
dois toucher 1,000 francs à la fin
du mois. Je n'en toucherai véri-
tablement que 150. J'ai un billet
de 100 francs dans ma poche. C'est
15 francs du temps jadis. » Pour
nous rendre compte des choses et
pour être sages, nous devrions
tous ramener à cette valeur ou à
une valeur approchante ce que
nous possédons et ce que nous
g a g n o n s Car l'assainissement
nous y ramènera.
Ce sera la « grande pénitence »
dont on a parlé mystérieusement,
Et les experts aussi avaient dit
que l'assainissement ne pouvait
pas se faire sans douleur. Il s'agit
de revenir du factice au réel, de
redescendre des nuages sur la*
terre, et d'en redescendre à temps
pour ne pas atterrir par une chute
mortelle. Assainir, c'est renoncer
i à la fiction pour revenir à la
vérité. Ne nous dissimulons pas
que ce sera désagréable, comme
le sont beaucoup de choses salu-
• taires.
L Jacques BAINVILLE.
LES UPPfiniiTinuo
CE QU'OFFRE
LE REICH
H propose de donner son contenu
tement à la commercialisa-
tion d'une première tranche
de deux milliards de marks
or d'obligations des chemins
de fer allemands
Mais il faudrait. pour cela que l,Alle-
magne renonçât à se prévaloir
..de la clause des transferts
Tout le--monde .sait maintenant
qu'une des pièces maîtresses du pro-
jet d'ensemble conçu,par MM. Briand:
et Slresemann, au cours de leurs
entretiens de Thoiry, est la commer-
cialisation des obligations des che-
mins de fer allemands.
Dans le compromis entrevu, c'est
le principal avantage qu'on nous
propose. J'ai pensé qu'il importait
de le, connaître avec détails et pré-'
cisions. Voici, fidèlement/ rapportes,
les renseignements de source abso-
lument sûre que j'ai pu obtenir il. cd
sujet
Lorsque, en vertu du plan Dawes,
les chemins de fer du Reieh s'étaient
constitués en compagnie autonome,
une obligation jjnique de- il mil-
liards de marks or a été remise à
la commission des réparations il.
l'aris. Ce titre n'est jamais sorti de
ses tiroirs. Il n'a pas été divisé en
tranches ni lancé dans la circulation.
La compagnie des chemins de fer
allemands dont l'administration, on
s'en souvient, se trouve sous la
haute surveillance de M. Leverve.
commissaire français, sert, pour ces
Il milliards, un intérêts do 5 0/0,
plus 1 0/0 pour l'amortissement,
c'est-à-dire millions de marks
or.
Pour être tout a fait exact, il fau-
drait* dire que, cette année encore,
elle ne -servira que millions,
mais, à partir de l'année prochaine,
c'est-à-dire à partir de septembre
1927, elle est appelée à servir tous
les ans les 66Q millions et cela pen-
dant quarante ans.
Ce service, qui est en totalité
versé à la commission des répara-
tions, puisque celle-ci détient l'obli-
gation unique de 11 milliards, se
fait sans aucune difficulté. Les che-
mins de fer allemands, à partir du
moment où ils furent constitués en
société. privée, ont cessé d'être en
déficit et) rapportent mëme, grâce à
l'habile administration des commis-
saires internationaux, des sommes
sensiblement supérieures au mon-
tant exigé par le plan Dawes.
En dehors de ces 660 millions, à
partir de 'l'année prochaine, la coin-
mission des réparations touchera
tous les ans 290 millions de marks
or provenant de l'impôt spécial sur
les transports, également institué par
le plan Dawes.
Ainsi, au total, à partir de 1927, la
commission des réparations recevra
des chemins de fer allemands
950 millions de marks or, c'est-à-
dire, au cours actuel, 8 milliards de
C'est cette somme que, selon le
programme de Tiroiry, il s'agirait de
mobiliser. Qu'est-ce à dire ? Sim-
«plemont ceci au l6eu de conserver
dans son tiroir l'obligation unique de
11 milliards de marks or, la com-!
mission des réparations la diviserait
en tranches' qui seraient mises en
vente comme toute autre valeur de
Bourse. Cette commercialisation,
d'ailleurs prévue dès l'abord par le
plan Dawes, n'a jamais été effectuée,
parce que, dans les premières
années de son fonctionnement, on
1 n'avait pas la certitude que l'Alla-,
magne pourrait assumer une pareille
charge d'intérêts.
(La suite à la Dernière Heure.)
APRÈS L'ACCIDENT DU "HEW-YORK- PARIS"
Un service religieux à la mémoire du radio.
télégraphide Clavier
N«\v-York,' 25 sept. {dép. Pettt Parisien.)
Un service religieux à la mémoire de
Charles Clavier a été célébré ce matin en
J'église catholique de Westbury (Long-
| Island), non loin du terrain d'aviation de
j Roosevelt-Fiold. où le malheureux oDé-
rateur radiotélégraphiste mourut carbo-
nisé lundi dernier.
Une seconde cérémonie aura lieu le
30 septembre, a l'église catholique fran-
I ça-isc de New-York, avant le départ du
corps pour la. France, où il sera inhumé.
L'attorney déclare que rien ne justifie
l'ouverture d'me instruction judiciaire
L'attorney Edwards, qui fut saisi hier
d'une lettre du colonel Hartney, accusant
Fonck d'incompétence, déclare aujour-
d'hui qu'aucun fait n'a été porté sa
connaissance, qui justiflo l'ouverture
d'une aetion judiciaire.
A LA DEUXIEME PAGE
LES EPREUVES SPORTIVES DU PETIT PARISIEN
LE RALLYE NATIONAL
de TAéro-CIub d'Auvergne
DIX-SEPT ANS APRÈS.
UN DRAME
AU POLE NORD
Le professeur Marvin, membre de
l'expédition Peary, que l'on avait
cru victime de mort accidentelle
fut en réalité tué d'un coup de feu
Le meurtrier quf vfent de .confesser
son crime est un Esquimau
de f escorte
New- York, sept. (d. Petit Paris.)
si/explorateur Putman, qui revient
actuellement du Groenland, après
une expédition dans les régions arc-
tiques, révèle, dans une 'lettre adres-
sée au New-York Times, une tragé-
die qui se produisit, il y a dix-sept
ans, sur la banquise polaire et dont
fut victime le professeur Ross Mar-
vin, un des aides de Peary. Marvin
revenait vers le Qroenland avec deux
Esquimaux quand, brusquement, il
aurait donné des signes de dérange-
ment cérébral et aurait menacé un
des indigènes de l'abandonner seul
et sans provisions au milieu des
solitudes -lacées. Le isecond Esqui-
mau, pour sauver son compatriote,
aurait alors abattu, Marvin dun coup
de fusil.
Revenus au Groenland les deux
Esquimaux avaient raconté que Mar-
vin s'était noyé, en traversant une
crevasse recouverte seulement d'une
émince couche-de glace et leur réoit
avait été accepté sans suspicion par
i Peary et les autres.membres de l'ex-
pédition. Cette tragédie serait restée
éternellement ignorée si l'Esquimau
coupable. qui so v convertit récem-
confessée pour libérer sa cons-
cience. Elle a été confirmée par son
compagnon.
Les anciens membres de l'expédi-
tion Peary sont enclins à ajouter foi
à ces révélations, mais ils estiment
que l'épouvantable malentendu a dû
se' produire parce que les Esqui-
maux ignoraient l'anglais et Marvin
ignorait leur dialecte. Ils durent
interpréter- inexactement un ordre
que leur donnait Marvin et, pris de
peur,, ils le tuèrent pour sauver leur
propre vie qu'ils croyaient mena-
1 cée.
LE GRAND PRIX WOL8ER
SERA DISPUTÉ AUJOURD'HUI
PAR UNE SÉLECTION
DE CHAMPIONS ROUTIERS
Le grand prix Wolbcr, qui est uné
sorte d'épreuve cycliste au « second
degré attendu que, seuls, peuvent y
prendre part les coureurs s'étant clas-;
sés dans les trois premiers d'une grande
épreuve, se dispute aujourd'hui sur l'iti-
néraire le Vésinet, Beauvais, Rouen,
Elbeuf, Evreux, Versailles, le Parc des
Princes.
Parmi les quatorze .concurrents qui le
disputeront, voici les favoris en haut
Henri Pélissier (à gauche) et Francis
Pélissier en bas Henri Suter (à gau-
che et Notter.
UN INCULPÉ DE L'AFFAIRE MATTEQTTI
AMERIGO DUMINI, EST ARRÊTÉ
POUR OUTRAGE AU "DUCE"
Rome, sept. (dép. Petit Parisien.)
La sûreté générale a procédé hier
soir, il. :5-on domicile de la piazza
Mazzini, à l'arrestation d'Amerigo
Dumini, sous l'inculpation d'outrage
à la personne du premier ministre.
Cette mesure, qui est prise contre
celui qui fut le principal inculpé
dans l'affaire Matteotti et qui était
en liberté depuis le 4 juin dernier,
ne manque pas de susciter uae cer-
taine ém^gn.
AU MARCHÉ DES CHANGES
Légère tension de la livre et du
dollar, hier, au marché des changes.
La première débuta à 174 10 et le
second à 35 88, contre 174 et 35 85
la veille, pour terminer à midi (heure
de la fermeture du samedi) à 174 50
et 35,96. Le marché était,d'ailleurs
peu actif.
POUR, ET CONTIjE
Les filous des Porcheries. françaises
viennent de soulager les- petits épar-
gnants d'une dizaine de millions.
Il y a donc un nouvel article à faire,
qui sera suivi de beaucoup d'autres,
sur la crédulité, sur l'ingénuité, sur la
candeur des pauvres gens qui ont des
économies à placer. Il y a même un
autre article à écrire sur les écono-
mies. Ainsi, à cette heure, de petites
gens trouvent le moyen de faire des
économies! C'est proprement fabuleux.
Ces petites gens, pourtant, n'ont pas
la ressource de supprimer les sous-
préfets ni les prisons.
J'aime mieux ne pas faire d'ironie.
J'aime mieux dire que je plains sincè-
rement les dolentes victimes de ces
escrocs ingénieux.
Achetez du cochon-or! disaient
les filous aux bonnes gens. Nous élè-
verons, nous engraisserons, nous ven-
drons à gros bénéfices les jolis habillés
de soie que vous aurez en pension chez
nous. Les gros bénéfices seront pour
vous. Au lieu d'avoir des valeurs de
papier, de ces valeurs indécises et
incertaines, vous posséderez une valeur
sûre, une valeur alimentaire, une valeur
jambon, une valeur charcuterie.
Et les bonnes gens songeaient, les
1 bonnes gens des villes:
C'est vrai, tout de même. Un
cochon bien gras, ça doit beaucoup
rapporter vu le prix de la plus petite
côtelette de porc chez le charcutier.
Tous les jours, ce prix augmente.
Tous les jours, le cochon « monte si
le franc descend, si le trois pour cent,
si le cinq pour cent, si le sept pour
cent faiblissent et dégringolent. Qu'y
,a-t-il de plus sûr, en ces temps trou-
blés, que le cochon, qui, de la tête aux
pieds, est comestible et succulent?.
Les bonnes gens prenaient « du co-
chon n! Les bonnes gens, en rêve,
voyaient un goret bien gras, bien
rose « leur » cochon! Avec les
bénéfices réalisés sur ce cochon,
n'allait-on pas pouvoir en acheter un
autre ?. Ainsi de suite. Le citadin
se découvrait, dans sa mansarde, une
âme d'agriculteur, d'éleveur, de fer-
mier.
Bonjour, veaux, vaches, cochons et
couvées! Bonjour!
Si les « vieux n avaient fait
comme moi, pensait avec orgueil
l'épargnant bien moderne, au lieu de
prendre de l'emprunt russe, au lieu de
prendre du trois pour cent! Peuh!
Ça vaut-il du boudin et du pâté de
foie?.
.Mais ne trouvera-t-on pas quelque
jour le moyen de protéger un peu con-
tre.tous les filous les pauvres gens de
France qui s'obstinent à faire des éco-
nomies ?. i Maurice Psax»
LES PLAINTES flFFLUEHT
CONTRE LES DIRECTEURS
DE LA "PORCHERIE FRANÇAISE"
Jamais, même au temps do sa plus
belle prospérité, la « Porcherie fran-
çaise n'avait vu aftluer à ses
bureaux une aussi nombreuse clien-
tèle. On faisait queue, hier, au 53
du boulevard Haussmann.
Mais ce n'était plus, hélas la
clientèle enthousiaste de la première
émission des « valeurs porcines ».
Les actionnaires d u p é s venaient
anxieusement aux nouvelles. Tous
semblaient porter le deuil de leurs
allusions aussi bien que du verrat
sur lequel chacun avait imprudem-
ment misé «-gagnant », et qui
mourut prématurément, comme ces
petits cochons de baudruche aussi-
tôt affaissés que gonflés.
Tout le personnel une quin-
zaine d'employés environ avait
été licencié la veille, et ceux qui,
parmi les mécontents, coimaissent
leurs classiques purent dire
Point d'argent, point de suisse, et la porte
[était close.
En désespoir de cause, le groupe
des actionnaires se disloqua petit à
petit, pour se reformer, peu après,
devant le bureau de M. Lefebvre,
commissaire aux délégations judi-
ciaires, qui reçut une véritable
averse de plaintes.
Le magistrat s'est) occupé tout
d'abord de dresser ses procès-ver-
baux ot de mettre divers objets
sous scellés. La semaine prochaine,
il examinera les pièces de compta-
bilité et procédera à l'ouverture des
coffres que les inculpés possèdent
dans des banques parisiennes.
Tontes les qaalités du businessman.
J'avais mis 30,000 francs dans l'af-
faire, nous dit un des malheureux action-
naires.
M. Itasse, qui m'avait reçu voici quel-
ques mois, était un beau parleur qui
i première vue, montrait toutes les
qualités du gros « businessman ». Il
savait répondre à toutes les objections,
aplanir toutes les difaculiés et déci-
der son homme par des promesses de
merveilleux bénétices 1
D'autre part, en entrant dans les bu-
reaux, on sentait tout de suite la forte
organisation commerciale. Les employés
paraissaient débordés de travail. Ils
considéraient tous leur patron comme
un homme 'd'une grande intelligence,
doublé d'un travailleur acharné. En
effet, le matin, il arrivait le premier
avant 9 heures et souvent, à il heures
du soir, il était encore dans son cabi-
net directorial.
Bien des gens comme moi, ajoute
notre interlocuteur, ont été séduits par
la belle présentation de l'affaire et atten-
daient avec confiance les revenus pro-
mis. Ces jours-ci, j'étais décidé à repren-
dre encore 20,000 francs d'actions.
Le directeur de la société savait
également faire de la bonne publicité
et, depuis plusieurs mois qm t'un-
meuble, en réparations, est entouré
de palissades, les passants, très nom-
breux dans le quartier central, s'ar-
rêtaient devant d'immenses affiches
illustrées, représentent un porc éton
namment gras, et sur laquelle on
lisait « Si vous voulez que votre
argent prospère, faites avec nous de
l'élevage. »
Les constatations de M. Bouvier
Les qualités de persuasion de
M. liasse nous ont été également
confirmées au cours d'une conversa-
tion avec M. Bouvier, qui n'est point,
comme il a été dit hier, le président
du conseil d'administration de la
Charcuterie française », mais
l'administrateur délégué de cette
société, sise 76, boulevard Victor-
Hugo, à Clichy.
M. Bouvier n'a pas éte's laissé en
liberté provisoire, pour l'excellente
raison qu'il ne saurait être inculpé.
Son rôle en cette affaire est, au
contraire, celui d'un accusateur, à
la suite des circonstances suivantes
Dès le mois d'octobre dernier. de
nombreux porteurs d'actions s'in-
quiétèrent de la marche de la « Por-
cherie française ». Un groupe im-
portant d'entre eux chargea M.
Bouvier de demander, en assemblée
générale, des explications au conseil,
et il reçut, au cours de cette réu-
nion, une mission de contrôle con-
sistant à établir aussi exactement
que possible le bilan à fin décem-
bre 1925. Ce travail, considérable,
au cours duquei M. Bouvier dut
dépouiller 4.000 fiches de compta-
bilité, révéla une perte, non pas de
1.800.000 francs comme le disait le
conseil d'administration. mais de
6.050.000 francs. Au surplus, le rap-
port de M. Martin, expert-compta-
ble, commissaire aux comptes, men-
tionne les difficultés que rencontra
M. Bouvier pour l'établissement de
ce bilan.
Le rapport déposé en juillet der-
nier par M. Bouvier a d'ailleurs été
con6rmé par les premières vérifica-
tions de M. Cruchon, expert, qui
accompagnait M. Lefebvre.
En ce qui concerne la « Charcute-
rie française », fondée un an après la
« Porcherie française p Par M. Ita&se,
ce dernier en avait dirigé les desti-
nées jusqu'à la fin de 1925. Mais, sur
des instances pressantes, il avait dû
résigner ses fonctions d'administra-
teur délégué, que reprit M. Bouvier.
Depuis janvier, le chiffre d'affaires
mensuel est remonté de 65.000 à
200.000 francs, e.t cette société est en
voie de relèvement. Il n'en est pas
moins vrai que M. Itasse aura à
répondre de sa gestion désastreuse
pour les années antérieures à 1926.
Les inculpés à l'instruction
MM. Gustave Itasse et Emile Ra-
mondou ont été amenés, hier, au
cabinet du juge d'instruction Folio-
lau, qui a procédé à la formalité de
l'interrogatoire d'identité. M. Itasse
a choisi pour défenseur Me Lionel
is'astorjï, et M. Ramondou M* Ray-
mond-Hubert,
Trois nègres lynchés et brûlés vifs
à Miami
Ils pillaient les corps de» rictiaes
Washington, 25 septembre {dép. Hauas.)
Trois nègres, qui -ont été surpris en
train de piller autour de Miami, ont été
lynchés par la-foule et leurs corps ont
été brûlés. L'un d'eux avait été vu cher-
chant à s'emparer de bagues apparte-
uant à une femme morte,
COMMENT i
J'AI BATTU
JACK DEMPSEY
par GENE TUNNEY
nouveau champion du monde J' j
Philadelphie, soptembre.
Le but que je me suis proposé pen-1
dant les meilleures années de ma
jeunesse est atteint et il ne l'a pas
été aisément. Je me suis d'ailleurs
rendu compte qua, dans la vie, les
meilleures choses arrivent toujours
avec la plus grande difficulté.
Si je n'avais pas réussi à battre
Dempsey mardi soir, c'eût été pour,
moi le plus grand de tous les échecs,
car cela eût signifié que j'avais perdu
mes jeunes années à courir après un
feu-follet. L'effort que j'ai fourni a
été grand, mais la récompense l'est
plus encore. Je me suis aperçu du-
rant toute ma vie que plus on lutte
pour obtenir quelque chose, plus oU:
est récompensé quand on réussit.
Maintenant que la victoire est
acquise et que me voici champion
ma tâche n'est pas terminée. Jp
dois m'efforcer continuellement de
rester digne du championnat
conquis et en conserver sans tache
les lauriers. J'ai le sentiment qu'en
même temps qu'un grand honneur,
une grande tâche m'est échue. Je suis
d'avis que la boxe mérite l'appui des
meilleurs éléments de la société et
que ceux qui ont à cœur le bien de
ce sport doivent s'efforcer constam-
ment de le maintenir en haute
estime et d'intéresser le meilleur de
l'humanité à un art qui nous vient
des temps les plus reculés et qui
constitue l'épreuve suprême de la va,4
leur phasique.
On a beaucoup parlé de mes leS-*
tures. Qu'il me soit permis d'en dire
iti un mot. Certains ont été enclins
à me critiquer parce que je recher-
che- la bonne ̃ littérature. J'estime
qu'un boxeur ne diffère pas des
autres hommes et qu'il doit cher-
cher à perfectionner son intelligence,
car à mesure qu'il perfectionne cette
dernière, il perfectionne son habileté
de pugiliste. Bien plus, il élève le
niveau du sport en élevant le niveau
de sa propre intelligence.
Il n y a aucune raison pour quel
les boxeurs ne soient pas des hom-
mes extrêmement cultivas unique-
ment parce' qu'ils se livrent à une
lutte physique. J'ai trouvé que la
littérature constituait pour moi une
aide considérable et je me propose
de continuer à chercher à m ins-
truire et à m'éclairer en lisant les
grands maitres de la littérature
exactement 'comme je cherche le
repos en jouant au golf qui n'est
point, n'en déplaise à certains de,
mes amis qui professent une opinion
contraire, un sport mesquin pour un
pugiliste^ pas plus d'ailleurs que pour,
qui cfue cg sent! •
Il est à peu près inutile que j.oi
revienne sur le comb'. de mardi
parce que les journaux l'ont narré
mieux que. je ne le saurais faire.
Tout ce que j'en sais, c'est que
j'étais venu pour vaincre et que J'ai
triomphé de l'homme que je cher-
chais depuis longtemps à battre.
J'ai donné tout ce que je pouvait
donner. J'ai le sentiment que Demp-
sey a donné lui aussi tout ce qu il
pouvait. Il s'est bien et loyalement
battu.
Je suis d'avis que notre combat a
servi les intérêts de la boxe. Voilà
à peu près tout ce que je puis dire
de notre rencontre sans risquer de
tomber dans la vantardise. Je m'en
tiendrai donc là.
Ce que je veux ajouter cepen-
dant, c'est qu'il y avait des mois, des
années même, que je projetais ce
combat. En vérité, je rêvais de sor-
tir vainqueur d'une rencontre pour
le championnat depuis le temps où,
pour ajouter à mon maigre salaire
d'employé d'une firme de navigation
de New-York, je prenais part aux
combats par lesquels débutent les
1 séances de boxe. Je songeais au
championnat quand je participais en
France aux séances de boxe organi-
sées aux armées comme représen-
tant'du corps des fusiliers marins.
Je songeais au championnat quand
je suis revenu de France et que je
me suis engagé dans la longue série
de combats qui devait m'amener à
boxer avec Dempsey et à lui ravir,
la victoire. i
Voici ce que j'ai appris c'est qus
si vous voulez quelque chose avère
suffisamment d'énergie et si voues
vous donnez tout entier pour l'obte-
nir, il y a toutes chances pour quoi
vous réussissiez.
En ce qui concerne mon avenir, iL
est encore trop tôt pour dire quels
sont mes projets. Il y a cependant)
une chose que je réalise, c'est que
ce championnat ne m'appartient pas
à moi tout seul. C'est un prix que
tout homme a le droit de recherchai
et par conséquent de disputer.
Je n'ai donc pas le droit de refu.
ser à n'importe quel compétiteur
qui en est digne la chance de con-.
quérir le titre. Rien ne me serait
plus agréable que de donner sa
revanche a Dempsey. La guggtiogi
REGION PARISIENNE. Temps aesez frais,
1 nuageux ou très nuageux, avec éclaircies
1 et quelques ondées plutôt rares. Vent
Jour
i EN FRANCE. Même temps sur toute la
France. Rafraîchissement assez sensible sur
nos réglons Sud.
SOLEIL lever, 8 h. coucher, 18 h.
LUNE, dern. quart. le nouv. le 8 octobre.
X •>
DIMANCHE m
I 26
1 SEPTEMBRE 1926 f
LE PROBLÈME L'ASSAINISSEMENT
Comment la France, confiante en son papier-
monnaie, s'est abandonnée l'inflation*
Il faut revenir du factice au réel
1t est superflu de dire que la
actuelle toute la politique française.
Du succès des efforts et de l'açtion
rigoureuse, entrepris déjà, et à ]
1 poursuivre, dans ta voie de l'as-
mlnissement de notre monnaie, dé-
pend assurément le salut du pays.
On ne saurait donc trop se pénétrer
du problème, on ne saurait trop
l'expliquer, en fixer les origines,
foire comprendre la nécessfté de le
résoudre. Parmi les écrivains qui
se sont donné cetle tâche, M.- Jac-
ques Banville s'est distingué, non
Dculement par la clarté de son ar-
gumentation, mais encore par l'ab-
solue liberté d'esprit avec laquelle,
Iui, attaché par ses préférences
un parti de droite, il a essayé, en
dehors de toute préoccupation po-
litique, de démêler ce problème vi-
tal pour le pays. Nous lui auorzs
demandé de l'aire bénéficier de ses
méditations et de ses recherches les
leeteurs du Petit Parisien.
Voici son premier article:
Nous avons tous appris, sur les
bancs de l'école, qu'il y avait eu
jadis des « rois faux mon-
nayeurs ». ainsi nommés parce
que, généralement à la suite d'une
guerre, ils mettaient moins de
métal précieux dans les pièces de
monnaie tout en leur attribuant la
même valeur. ïlcus avons appris
aussi que, sous la Régcnce, on
avait connu le célèbre système du
banquier Law. qui consistait à
imprimer des billets, qui enrichit
quelque temps beaucoup de per-
sonnes et qui, à la fin, ruina tout
le momie. Et nous avons appris
enfin que, sous la Révolution, il
y eut les assignats qui, valant de
moins en moins d'année en année
puis de mois en mois, finirent par
ne plus rien valoir du tout.
Chacun de nous savait cela sans
en tirer aucune conclusion pra-
tique, et personne n'a jamais
regardé de travers un billet de la
Banque de France sous prétexte
que le système de Law avait fait
faillite et que les assignats étaient
restés pour compte aux infortunés
porteurs. De même nous avons vu
fa monnaie de l'Autriche et celle
de l'Allemagne, pour ne parler
que de ces deux Etats, rouler jus-
qu'au fond du gouffre. Mais on
disait que l'Autriche, tête- sans
corps, n'était pas viable, et que les
Allemands avaient fait exprès de
se ruiner pour ne pas payer les
réparations.
En somme, on ne voulait pas
eroire que la maladie pût attein-
dre notre pays. Lorsque la livre
eut monté jusqu'à 240 il fallut
pourtant avouer que nous n'étions
pas à l'abri de l'épidémie plus que
les autres. Et c'est ce jour-là qu'on
a dit « Il faut absolument faire
quelque chose, sinon le franc
tombera à zéro. n'
Mais'c'est peut-être ici que nous
distinguons le trait le plus curieux
et le plus important d'une situa-
tion à laquelle nous sommes arri-
vés tout doucement et sans nous
en apercevoir. La longue et ro-
buste confiance des Français dans
ieur ballet de banque a fait, au
fond, plus de mal que de bien.
Ainsi les gens qui comptent trop
sur leurs forces jouent avec leur
santé.
La pente de l'inflation
Notre billet avait une solidité
presque immémoriale puisque,
depuis la fondation de la Banque
de France, c'est-à-dire depuis plus
de trois générations, il n'avait
jamais été sérieusement déprécié.
Comment douter d'une vignette
qui, à aucun moment, n'avait
donné de déboires à nos parents
ni à nos grands-parents, ni même
à nos arrière grands parents ?
Bien des personnes sont encore
étonnées et sceptiques quand on
leur dit que, passé la frontière
suisse, un de nos billets de cent
francs ne vaut plus que quinze
francs.
Mais il est résulté de cette
espèce de respect héréditaire que
le papier-monnaie s'est multiplié
sans que le public ait vu que sa
multiplication était le grand péril.
En effet, la grandeur de nos
champs, le nombre de nos mai-
sons, le bétail, les récoltes, enfin
toutes nos richesses réelles ne se
multipliaient pas en même temps.
Et plus on imprimait de papier-
monnaie, plus cet écart grandis-
sait. Cependant nous continuions
de raisonner et de vivre comme
si le papier-monnaie jeté dans la
circulation n'avait pas justement!
servi à suppléer à l'insuffisance
des ressources vraies de la nation.
L'abondance de plus en plus
grande des moyens de paiement
dissimulait cette insuffisance, et,
par suite, permettait à la nation,
dans son ensemble, de mener le
même train de vie, quand ce
n'était pas de subvenir à de plus
grandes dépenses qu'autrefois.
Prenons les choses au commen-
cement. C'est le moyen de com-
prendre le mal et peut-être de le
combattre à sa racine.
Au mois de juillet 1914, la situa-
tion financière de la France est
parfaitement saine. Notre billet
vaut de l'or. Il peut à tout moment
être échangé contre de l'or, et
personne ne songe à s'encombrer
de louis parce que le billet est
bien plus commode. La quantité
de valeurs or dont nous disposions
est au moins égale à'nos besoins.
Survient la guerre. Que se
passe-t-il ?
L'Etat doit fuire face '11 des
dépenses énormes qui absorbent
rapidement, puis dépassent les
disponibilités. La France s'appau-
vrit tous les jours sans que les
Français s'en doutent. AJors,
comme les ressources réelles ne
suffisent plus, on en ajoute de fic-
tives. L'Etat, qui emprunte par-
tout, emprunte aussi- la Banque
de France. Il demande des avan-
ces à cet établissement qui, ayant
la faculté d'émettre des billets, n'a
qu'à en imprimer pour fournir à
l'Etat ce qui lui est nécessaire»
Ainsi d'énormes quantités de
billets ont été jetées dans la circu-
lation. Et elles ont donné l'illusion
que nous étions aussi riches, sinon
plus riches qu'avant, alors que
nous étions plus pauvres. On a
donc pu (dans l'ensemble tou-
jours, car je ne parle pas des
malheureuses victimes du « re-
venu fixe »), continuer à dépenser
autant et même plus qu'avant,
malgré la diminution continue du
pouvoir d'achat de ces trop nom-
breux billets, a,lors qu'il aurait
fallu dépenser 'moins.
L'inflation consiste, en somme, à
procurer les moyens de poursui-
vre un genre d'existence qui ne
répond plus à la situation de for-
tune d'un pays. La surabondance
des signes monéta.ires est trom-
peuse. Elle crée un bien-être fac-
tice, un paradis artificiel, exacte-
ment comme une drogue. Et c'est
pourquoi on peut la comparer à
son gré à l'alcool, à. la cocaïne ou
à la morphine.
Pour une cure raisonnée
Il n'est pas du tout inutile, pour
la guérison même, de savoir et de
répéter ces notions élémentaires,
car on ne peut 'pas entreprendre
une cure raisonnée sans connaî-
tre les causes profondes de la
maladie. Seulement on comprend
mieux la difficulté de la guérison.
Car la guérison. ce sera la cons-
tatation obligatoire de l'appau-
vrissement général. Il faudra pro-
portionner les dépenses de tous et
de chacun au véritable état de
fortune du pays, ô.ù il n'y a pas
plus de champs, de maisons, de
troupeaux ni de récoltes qu'avant,
tandis qu'il y a beaucoup plus de
dettes. Et l'Etat français tient à
garder sa réputation d'honnête
homme. Il ne veut pas exproprier
brutalement, comme l'a fait l'Al-
lemagne, ceux qui ont répondu à
son appel dans ses jours de besoin.
Tout le problème de l'assainis-
sement est là. Et c'est un dur pro-
blème. Il fest pour tout le monde.
Songez qu'il consiste à se dire
« En ce moment-ci, ma fortune
est évaluée à 100,000 francs. Je
n'en ai réellement que 15,000. Je
dois toucher 1,000 francs à la fin
du mois. Je n'en toucherai véri-
tablement que 150. J'ai un billet
de 100 francs dans ma poche. C'est
15 francs du temps jadis. » Pour
nous rendre compte des choses et
pour être sages, nous devrions
tous ramener à cette valeur ou à
une valeur approchante ce que
nous possédons et ce que nous
g a g n o n s Car l'assainissement
nous y ramènera.
Ce sera la « grande pénitence »
dont on a parlé mystérieusement,
Et les experts aussi avaient dit
que l'assainissement ne pouvait
pas se faire sans douleur. Il s'agit
de revenir du factice au réel, de
redescendre des nuages sur la*
terre, et d'en redescendre à temps
pour ne pas atterrir par une chute
mortelle. Assainir, c'est renoncer
i à la fiction pour revenir à la
vérité. Ne nous dissimulons pas
que ce sera désagréable, comme
le sont beaucoup de choses salu-
• taires.
L Jacques BAINVILLE.
LES UPPfiniiTinuo
CE QU'OFFRE
LE REICH
H propose de donner son contenu
tement à la commercialisa-
tion d'une première tranche
de deux milliards de marks
or d'obligations des chemins
de fer allemands
Mais il faudrait. pour cela que l,Alle-
magne renonçât à se prévaloir
..de la clause des transferts
Tout le--monde .sait maintenant
qu'une des pièces maîtresses du pro-
jet d'ensemble conçu,par MM. Briand:
et Slresemann, au cours de leurs
entretiens de Thoiry, est la commer-
cialisation des obligations des che-
mins de fer allemands.
Dans le compromis entrevu, c'est
le principal avantage qu'on nous
propose. J'ai pensé qu'il importait
de le, connaître avec détails et pré-'
cisions. Voici, fidèlement/ rapportes,
les renseignements de source abso-
lument sûre que j'ai pu obtenir il. cd
sujet
Lorsque, en vertu du plan Dawes,
les chemins de fer du Reieh s'étaient
constitués en compagnie autonome,
une obligation jjnique de- il mil-
liards de marks or a été remise à
la commission des réparations il.
l'aris. Ce titre n'est jamais sorti de
ses tiroirs. Il n'a pas été divisé en
tranches ni lancé dans la circulation.
La compagnie des chemins de fer
allemands dont l'administration, on
s'en souvient, se trouve sous la
haute surveillance de M. Leverve.
commissaire français, sert, pour ces
Il milliards, un intérêts do 5 0/0,
plus 1 0/0 pour l'amortissement,
c'est-à-dire millions de marks
or.
Pour être tout a fait exact, il fau-
drait* dire que, cette année encore,
elle ne -servira que millions,
mais, à partir de l'année prochaine,
c'est-à-dire à partir de septembre
1927, elle est appelée à servir tous
les ans les 66Q millions et cela pen-
dant quarante ans.
Ce service, qui est en totalité
versé à la commission des répara-
tions, puisque celle-ci détient l'obli-
gation unique de 11 milliards, se
fait sans aucune difficulté. Les che-
mins de fer allemands, à partir du
moment où ils furent constitués en
société. privée, ont cessé d'être en
déficit et) rapportent mëme, grâce à
l'habile administration des commis-
saires internationaux, des sommes
sensiblement supérieures au mon-
tant exigé par le plan Dawes.
En dehors de ces 660 millions, à
partir de 'l'année prochaine, la coin-
mission des réparations touchera
tous les ans 290 millions de marks
or provenant de l'impôt spécial sur
les transports, également institué par
le plan Dawes.
Ainsi, au total, à partir de 1927, la
commission des réparations recevra
des chemins de fer allemands
950 millions de marks or, c'est-à-
dire, au cours actuel, 8 milliards de
C'est cette somme que, selon le
programme de Tiroiry, il s'agirait de
mobiliser. Qu'est-ce à dire ? Sim-
«plemont ceci au l6eu de conserver
dans son tiroir l'obligation unique de
11 milliards de marks or, la com-!
mission des réparations la diviserait
en tranches' qui seraient mises en
vente comme toute autre valeur de
Bourse. Cette commercialisation,
d'ailleurs prévue dès l'abord par le
plan Dawes, n'a jamais été effectuée,
parce que, dans les premières
années de son fonctionnement, on
1 n'avait pas la certitude que l'Alla-,
magne pourrait assumer une pareille
charge d'intérêts.
(La suite à la Dernière Heure.)
APRÈS L'ACCIDENT DU "HEW-YORK- PARIS"
Un service religieux à la mémoire du radio.
télégraphide Clavier
N«\v-York,' 25 sept. {dép. Pettt Parisien.)
Un service religieux à la mémoire de
Charles Clavier a été célébré ce matin en
J'église catholique de Westbury (Long-
| Island), non loin du terrain d'aviation de
j Roosevelt-Fiold. où le malheureux oDé-
rateur radiotélégraphiste mourut carbo-
nisé lundi dernier.
Une seconde cérémonie aura lieu le
30 septembre, a l'église catholique fran-
I ça-isc de New-York, avant le départ du
corps pour la. France, où il sera inhumé.
L'attorney déclare que rien ne justifie
l'ouverture d'me instruction judiciaire
L'attorney Edwards, qui fut saisi hier
d'une lettre du colonel Hartney, accusant
Fonck d'incompétence, déclare aujour-
d'hui qu'aucun fait n'a été porté sa
connaissance, qui justiflo l'ouverture
d'une aetion judiciaire.
A LA DEUXIEME PAGE
LES EPREUVES SPORTIVES DU PETIT PARISIEN
LE RALLYE NATIONAL
de TAéro-CIub d'Auvergne
DIX-SEPT ANS APRÈS.
UN DRAME
AU POLE NORD
Le professeur Marvin, membre de
l'expédition Peary, que l'on avait
cru victime de mort accidentelle
fut en réalité tué d'un coup de feu
Le meurtrier quf vfent de .confesser
son crime est un Esquimau
de f escorte
New- York, sept. (d. Petit Paris.)
si/explorateur Putman, qui revient
actuellement du Groenland, après
une expédition dans les régions arc-
tiques, révèle, dans une 'lettre adres-
sée au New-York Times, une tragé-
die qui se produisit, il y a dix-sept
ans, sur la banquise polaire et dont
fut victime le professeur Ross Mar-
vin, un des aides de Peary. Marvin
revenait vers le Qroenland avec deux
Esquimaux quand, brusquement, il
aurait donné des signes de dérange-
ment cérébral et aurait menacé un
des indigènes de l'abandonner seul
et sans provisions au milieu des
solitudes -lacées. Le isecond Esqui-
mau, pour sauver son compatriote,
aurait alors abattu, Marvin dun coup
de fusil.
Revenus au Groenland les deux
Esquimaux avaient raconté que Mar-
vin s'était noyé, en traversant une
crevasse recouverte seulement d'une
émince couche-de glace et leur réoit
avait été accepté sans suspicion par
i Peary et les autres.membres de l'ex-
pédition. Cette tragédie serait restée
éternellement ignorée si l'Esquimau
coupable. qui so v convertit récem-
confessée pour libérer sa cons-
cience. Elle a été confirmée par son
compagnon.
Les anciens membres de l'expédi-
tion Peary sont enclins à ajouter foi
à ces révélations, mais ils estiment
que l'épouvantable malentendu a dû
se' produire parce que les Esqui-
maux ignoraient l'anglais et Marvin
ignorait leur dialecte. Ils durent
interpréter- inexactement un ordre
que leur donnait Marvin et, pris de
peur,, ils le tuèrent pour sauver leur
propre vie qu'ils croyaient mena-
1 cée.
LE GRAND PRIX WOL8ER
SERA DISPUTÉ AUJOURD'HUI
PAR UNE SÉLECTION
DE CHAMPIONS ROUTIERS
Le grand prix Wolbcr, qui est uné
sorte d'épreuve cycliste au « second
degré attendu que, seuls, peuvent y
prendre part les coureurs s'étant clas-;
sés dans les trois premiers d'une grande
épreuve, se dispute aujourd'hui sur l'iti-
néraire le Vésinet, Beauvais, Rouen,
Elbeuf, Evreux, Versailles, le Parc des
Princes.
Parmi les quatorze .concurrents qui le
disputeront, voici les favoris en haut
Henri Pélissier (à gauche) et Francis
Pélissier en bas Henri Suter (à gau-
che et Notter.
UN INCULPÉ DE L'AFFAIRE MATTEQTTI
AMERIGO DUMINI, EST ARRÊTÉ
POUR OUTRAGE AU "DUCE"
Rome, sept. (dép. Petit Parisien.)
La sûreté générale a procédé hier
soir, il. :5-on domicile de la piazza
Mazzini, à l'arrestation d'Amerigo
Dumini, sous l'inculpation d'outrage
à la personne du premier ministre.
Cette mesure, qui est prise contre
celui qui fut le principal inculpé
dans l'affaire Matteotti et qui était
en liberté depuis le 4 juin dernier,
ne manque pas de susciter uae cer-
taine ém^gn.
AU MARCHÉ DES CHANGES
Légère tension de la livre et du
dollar, hier, au marché des changes.
La première débuta à 174 10 et le
second à 35 88, contre 174 et 35 85
la veille, pour terminer à midi (heure
de la fermeture du samedi) à 174 50
et 35,96. Le marché était,d'ailleurs
peu actif.
POUR, ET CONTIjE
Les filous des Porcheries. françaises
viennent de soulager les- petits épar-
gnants d'une dizaine de millions.
Il y a donc un nouvel article à faire,
qui sera suivi de beaucoup d'autres,
sur la crédulité, sur l'ingénuité, sur la
candeur des pauvres gens qui ont des
économies à placer. Il y a même un
autre article à écrire sur les écono-
mies. Ainsi, à cette heure, de petites
gens trouvent le moyen de faire des
économies! C'est proprement fabuleux.
Ces petites gens, pourtant, n'ont pas
la ressource de supprimer les sous-
préfets ni les prisons.
J'aime mieux ne pas faire d'ironie.
J'aime mieux dire que je plains sincè-
rement les dolentes victimes de ces
escrocs ingénieux.
Achetez du cochon-or! disaient
les filous aux bonnes gens. Nous élè-
verons, nous engraisserons, nous ven-
drons à gros bénéfices les jolis habillés
de soie que vous aurez en pension chez
nous. Les gros bénéfices seront pour
vous. Au lieu d'avoir des valeurs de
papier, de ces valeurs indécises et
incertaines, vous posséderez une valeur
sûre, une valeur alimentaire, une valeur
jambon, une valeur charcuterie.
Et les bonnes gens songeaient, les
1 bonnes gens des villes:
C'est vrai, tout de même. Un
cochon bien gras, ça doit beaucoup
rapporter vu le prix de la plus petite
côtelette de porc chez le charcutier.
Tous les jours, ce prix augmente.
Tous les jours, le cochon « monte si
le franc descend, si le trois pour cent,
si le cinq pour cent, si le sept pour
cent faiblissent et dégringolent. Qu'y
,a-t-il de plus sûr, en ces temps trou-
blés, que le cochon, qui, de la tête aux
pieds, est comestible et succulent?.
Les bonnes gens prenaient « du co-
chon n! Les bonnes gens, en rêve,
voyaient un goret bien gras, bien
rose « leur » cochon! Avec les
bénéfices réalisés sur ce cochon,
n'allait-on pas pouvoir en acheter un
autre ?. Ainsi de suite. Le citadin
se découvrait, dans sa mansarde, une
âme d'agriculteur, d'éleveur, de fer-
mier.
Bonjour, veaux, vaches, cochons et
couvées! Bonjour!
Si les « vieux n avaient fait
comme moi, pensait avec orgueil
l'épargnant bien moderne, au lieu de
prendre de l'emprunt russe, au lieu de
prendre du trois pour cent! Peuh!
Ça vaut-il du boudin et du pâté de
foie?.
.Mais ne trouvera-t-on pas quelque
jour le moyen de protéger un peu con-
tre.tous les filous les pauvres gens de
France qui s'obstinent à faire des éco-
nomies ?. i Maurice Psax»
LES PLAINTES flFFLUEHT
CONTRE LES DIRECTEURS
DE LA "PORCHERIE FRANÇAISE"
Jamais, même au temps do sa plus
belle prospérité, la « Porcherie fran-
çaise n'avait vu aftluer à ses
bureaux une aussi nombreuse clien-
tèle. On faisait queue, hier, au 53
du boulevard Haussmann.
Mais ce n'était plus, hélas la
clientèle enthousiaste de la première
émission des « valeurs porcines ».
Les actionnaires d u p é s venaient
anxieusement aux nouvelles. Tous
semblaient porter le deuil de leurs
allusions aussi bien que du verrat
sur lequel chacun avait imprudem-
ment misé «-gagnant », et qui
mourut prématurément, comme ces
petits cochons de baudruche aussi-
tôt affaissés que gonflés.
Tout le personnel une quin-
zaine d'employés environ avait
été licencié la veille, et ceux qui,
parmi les mécontents, coimaissent
leurs classiques purent dire
Point d'argent, point de suisse, et la porte
[était close.
En désespoir de cause, le groupe
des actionnaires se disloqua petit à
petit, pour se reformer, peu après,
devant le bureau de M. Lefebvre,
commissaire aux délégations judi-
ciaires, qui reçut une véritable
averse de plaintes.
Le magistrat s'est) occupé tout
d'abord de dresser ses procès-ver-
baux ot de mettre divers objets
sous scellés. La semaine prochaine,
il examinera les pièces de compta-
bilité et procédera à l'ouverture des
coffres que les inculpés possèdent
dans des banques parisiennes.
Tontes les qaalités du businessman.
J'avais mis 30,000 francs dans l'af-
faire, nous dit un des malheureux action-
naires.
M. Itasse, qui m'avait reçu voici quel-
ques mois, était un beau parleur qui
i première vue, montrait toutes les
qualités du gros « businessman ». Il
savait répondre à toutes les objections,
aplanir toutes les difaculiés et déci-
der son homme par des promesses de
merveilleux bénétices 1
D'autre part, en entrant dans les bu-
reaux, on sentait tout de suite la forte
organisation commerciale. Les employés
paraissaient débordés de travail. Ils
considéraient tous leur patron comme
un homme 'd'une grande intelligence,
doublé d'un travailleur acharné. En
effet, le matin, il arrivait le premier
avant 9 heures et souvent, à il heures
du soir, il était encore dans son cabi-
net directorial.
Bien des gens comme moi, ajoute
notre interlocuteur, ont été séduits par
la belle présentation de l'affaire et atten-
daient avec confiance les revenus pro-
mis. Ces jours-ci, j'étais décidé à repren-
dre encore 20,000 francs d'actions.
Le directeur de la société savait
également faire de la bonne publicité
et, depuis plusieurs mois qm t'un-
meuble, en réparations, est entouré
de palissades, les passants, très nom-
breux dans le quartier central, s'ar-
rêtaient devant d'immenses affiches
illustrées, représentent un porc éton
namment gras, et sur laquelle on
lisait « Si vous voulez que votre
argent prospère, faites avec nous de
l'élevage. »
Les constatations de M. Bouvier
Les qualités de persuasion de
M. liasse nous ont été également
confirmées au cours d'une conversa-
tion avec M. Bouvier, qui n'est point,
comme il a été dit hier, le président
du conseil d'administration de la
Charcuterie française », mais
l'administrateur délégué de cette
société, sise 76, boulevard Victor-
Hugo, à Clichy.
M. Bouvier n'a pas éte's laissé en
liberté provisoire, pour l'excellente
raison qu'il ne saurait être inculpé.
Son rôle en cette affaire est, au
contraire, celui d'un accusateur, à
la suite des circonstances suivantes
Dès le mois d'octobre dernier. de
nombreux porteurs d'actions s'in-
quiétèrent de la marche de la « Por-
cherie française ». Un groupe im-
portant d'entre eux chargea M.
Bouvier de demander, en assemblée
générale, des explications au conseil,
et il reçut, au cours de cette réu-
nion, une mission de contrôle con-
sistant à établir aussi exactement
que possible le bilan à fin décem-
bre 1925. Ce travail, considérable,
au cours duquei M. Bouvier dut
dépouiller 4.000 fiches de compta-
bilité, révéla une perte, non pas de
1.800.000 francs comme le disait le
conseil d'administration. mais de
6.050.000 francs. Au surplus, le rap-
port de M. Martin, expert-compta-
ble, commissaire aux comptes, men-
tionne les difficultés que rencontra
M. Bouvier pour l'établissement de
ce bilan.
Le rapport déposé en juillet der-
nier par M. Bouvier a d'ailleurs été
con6rmé par les premières vérifica-
tions de M. Cruchon, expert, qui
accompagnait M. Lefebvre.
En ce qui concerne la « Charcute-
rie française », fondée un an après la
« Porcherie française p Par M. Ita&se,
ce dernier en avait dirigé les desti-
nées jusqu'à la fin de 1925. Mais, sur
des instances pressantes, il avait dû
résigner ses fonctions d'administra-
teur délégué, que reprit M. Bouvier.
Depuis janvier, le chiffre d'affaires
mensuel est remonté de 65.000 à
200.000 francs, e.t cette société est en
voie de relèvement. Il n'en est pas
moins vrai que M. Itasse aura à
répondre de sa gestion désastreuse
pour les années antérieures à 1926.
Les inculpés à l'instruction
MM. Gustave Itasse et Emile Ra-
mondou ont été amenés, hier, au
cabinet du juge d'instruction Folio-
lau, qui a procédé à la formalité de
l'interrogatoire d'identité. M. Itasse
a choisi pour défenseur Me Lionel
is'astorjï, et M. Ramondou M* Ray-
mond-Hubert,
Trois nègres lynchés et brûlés vifs
à Miami
Ils pillaient les corps de» rictiaes
Washington, 25 septembre {dép. Hauas.)
Trois nègres, qui -ont été surpris en
train de piller autour de Miami, ont été
lynchés par la-foule et leurs corps ont
été brûlés. L'un d'eux avait été vu cher-
chant à s'emparer de bagues apparte-
uant à une femme morte,
COMMENT i
J'AI BATTU
JACK DEMPSEY
par GENE TUNNEY
nouveau champion du monde J' j
Philadelphie, soptembre.
Le but que je me suis proposé pen-1
dant les meilleures années de ma
jeunesse est atteint et il ne l'a pas
été aisément. Je me suis d'ailleurs
rendu compte qua, dans la vie, les
meilleures choses arrivent toujours
avec la plus grande difficulté.
Si je n'avais pas réussi à battre
Dempsey mardi soir, c'eût été pour,
moi le plus grand de tous les échecs,
car cela eût signifié que j'avais perdu
mes jeunes années à courir après un
feu-follet. L'effort que j'ai fourni a
été grand, mais la récompense l'est
plus encore. Je me suis aperçu du-
rant toute ma vie que plus on lutte
pour obtenir quelque chose, plus oU:
est récompensé quand on réussit.
Maintenant que la victoire est
acquise et que me voici champion
ma tâche n'est pas terminée. Jp
dois m'efforcer continuellement de
rester digne du championnat
conquis et en conserver sans tache
les lauriers. J'ai le sentiment qu'en
même temps qu'un grand honneur,
une grande tâche m'est échue. Je suis
d'avis que la boxe mérite l'appui des
meilleurs éléments de la société et
que ceux qui ont à cœur le bien de
ce sport doivent s'efforcer constam-
ment de le maintenir en haute
estime et d'intéresser le meilleur de
l'humanité à un art qui nous vient
des temps les plus reculés et qui
constitue l'épreuve suprême de la va,4
leur phasique.
On a beaucoup parlé de mes leS-*
tures. Qu'il me soit permis d'en dire
iti un mot. Certains ont été enclins
à me critiquer parce que je recher-
che- la bonne ̃ littérature. J'estime
qu'un boxeur ne diffère pas des
autres hommes et qu'il doit cher-
cher à perfectionner son intelligence,
car à mesure qu'il perfectionne cette
dernière, il perfectionne son habileté
de pugiliste. Bien plus, il élève le
niveau du sport en élevant le niveau
de sa propre intelligence.
Il n y a aucune raison pour quel
les boxeurs ne soient pas des hom-
mes extrêmement cultivas unique-
ment parce' qu'ils se livrent à une
lutte physique. J'ai trouvé que la
littérature constituait pour moi une
aide considérable et je me propose
de continuer à chercher à m ins-
truire et à m'éclairer en lisant les
grands maitres de la littérature
exactement 'comme je cherche le
repos en jouant au golf qui n'est
point, n'en déplaise à certains de,
mes amis qui professent une opinion
contraire, un sport mesquin pour un
pugiliste^ pas plus d'ailleurs que pour,
qui cfue cg sent! •
Il est à peu près inutile que j.oi
revienne sur le comb'. de mardi
parce que les journaux l'ont narré
mieux que. je ne le saurais faire.
Tout ce que j'en sais, c'est que
j'étais venu pour vaincre et que J'ai
triomphé de l'homme que je cher-
chais depuis longtemps à battre.
J'ai donné tout ce que je pouvait
donner. J'ai le sentiment que Demp-
sey a donné lui aussi tout ce qu il
pouvait. Il s'est bien et loyalement
battu.
Je suis d'avis que notre combat a
servi les intérêts de la boxe. Voilà
à peu près tout ce que je puis dire
de notre rencontre sans risquer de
tomber dans la vantardise. Je m'en
tiendrai donc là.
Ce que je veux ajouter cepen-
dant, c'est qu'il y avait des mois, des
années même, que je projetais ce
combat. En vérité, je rêvais de sor-
tir vainqueur d'une rencontre pour
le championnat depuis le temps où,
pour ajouter à mon maigre salaire
d'employé d'une firme de navigation
de New-York, je prenais part aux
combats par lesquels débutent les
1 séances de boxe. Je songeais au
championnat quand je participais en
France aux séances de boxe organi-
sées aux armées comme représen-
tant'du corps des fusiliers marins.
Je songeais au championnat quand
je suis revenu de France et que je
me suis engagé dans la longue série
de combats qui devait m'amener à
boxer avec Dempsey et à lui ravir,
la victoire. i
Voici ce que j'ai appris c'est qus
si vous voulez quelque chose avère
suffisamment d'énergie et si voues
vous donnez tout entier pour l'obte-
nir, il y a toutes chances pour quoi
vous réussissiez.
En ce qui concerne mon avenir, iL
est encore trop tôt pour dire quels
sont mes projets. Il y a cependant)
une chose que je réalise, c'est que
ce championnat ne m'appartient pas
à moi tout seul. C'est un prix que
tout homme a le droit de recherchai
et par conséquent de disputer.
Je n'ai donc pas le droit de refu.
ser à n'importe quel compétiteur
qui en est digne la chance de con-.
quérir le titre. Rien ne me serait
plus agréable que de donner sa
revanche a Dempsey. La guggtiogi
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.28%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.28%.
- Collections numériques similaires Stanislas I Stanislas I /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Stanislas I" or dc.contributor adj "Stanislas I")Maximes et réflexions politiques, morales et religieuses d'un administrateur couronné, qualifié du titre de philosophe bienfaisant, extraites des Mémoires de Stanislas Leckzinski,... /ark:/12148/bpt6k15255911.highres Oeuvres du philosophe bienfaisant. Avis du roi de Pologne à la reine de France, sa fille, lors de son mariage. - Lettre du roi de Pologne à la reine de France, sa fille, où il raconte sa sortie de Dantzig / . Tome premier [-quatrieme] /ark:/12148/bpt6k15236799.highres
- Auteurs similaires Stanislas I Stanislas I /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Stanislas I" or dc.contributor adj "Stanislas I")Maximes et réflexions politiques, morales et religieuses d'un administrateur couronné, qualifié du titre de philosophe bienfaisant, extraites des Mémoires de Stanislas Leckzinski,... /ark:/12148/bpt6k15255911.highres Oeuvres du philosophe bienfaisant. Avis du roi de Pologne à la reine de France, sa fille, lors de son mariage. - Lettre du roi de Pologne à la reine de France, sa fille, où il raconte sa sortie de Dantzig / . Tome premier [-quatrieme] /ark:/12148/bpt6k15236799.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k606615z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k606615z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k606615z/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k606615z/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k606615z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k606615z
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k606615z/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest