Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1925-08-16
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 août 1925 16 août 1925
Description : 1925/08/16 (Numéro 17701). 1925/08/16 (Numéro 17701).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/09/2008
REGION PARISIENNE. ASSEZ beau tem i
ciel nuageux avec éclaircies, vent de °°4wiKV\'dfltf
est faible ou modéré, température s
grand changement sur la veille. Nuit lIHW^P
• Jour
EN FRANCE. Beau temps général, peu
1 nuageux moitié Sud nuageux avec éclair-
ctes moitié Nord. Vent de nord-est modéré.
SOLEIL lever, h. 45 coucher. 20 h.
LUNE nouvelle le t9 prem. quart. le
DIMANCHE 1
j
AOUT 1925 f
saint Boch ̃
QUELQUES « GRANDS EN
M. DODMERGUE A RAMBOUILLET
Le Président de la République, tôt levé, parcourt la forêt
à pied ou en voiture, canote parfois, ne dédaigne
ni le billard, ni le mah-jong, et. travaille
Ce que je suis ? Le Président de h
République française. mais, en même
temps, le plus simple, le plus modeste de
ses citoyens
Ainsi parlait, naguère, M. Gaston Dou-
tnergue à ses amis du Gard qui fêtaient
Ion élection.
Le plus simple, le plus modeste.
Tous ceux qui ont approché le chef
Ce l'Etat ont pu connaître et apprécier
cette simplicité et cette modestie qui sont
ses qualités premières. Elles sont en lui
si naturelles et si saines qu'il semble
ignorer qu'elles vivent en toutes ses pa-
roles, en tous ses gestes, qu'elles corn-
viandent chaque acte de son existence.
« Le plus simple et le plus modeste de
fces citoyens
C'est, surtout, débarrassé de tout l'appa-
rat officiel, et délivré du joug protoco-
laire, c'est dans l'intimité que se montre
très nettement le vrai visage qu'a dessiné
notre sympathie, celui du simple et mo-
deste citoyen qu'est le Président de la
République. Et ce visage, nous le retrou-
vons ici dans ce château de Rambouillet où
JJ. Doumergue passe ses vacances.
Gris et morne et d'un style si lourd
tjc'alourdit encore sa grosse, son énorme,
sa lourde tour pansue, le vieux château
rafistolé, rapiécé, n'apparaît point, au pre-
mier abord, comme un séjour enchanteur.
Il s'offre avec un air rébarbatif que ne
démentent point, à l'intérieur, ses salles
nues et froides. L'une d'elles, pourtant,
détonne par son luxe. Des artistes y
ont prodigué sur ses portes et sur ses
murs des ciselures en plein bois avec une
précieuse finesse, une légèreté admirable,
une rare magnificence.
Mais, la grille franchie, il y a, caché
aux yeux du passant, ce merveilleux par-
terre où parmi les gazons verts se joue
la plus douce, la plus éclatante, la plus
tumultueuse, la plus somptueuse féerie de
couleurs et de lumière. Il y a le parc
avec ses grandes voûtes plus ombreuses
que celles de Versailles. Il y a les canaux
et le grand bassin où, les ailes éployées,
.voguent les cygnes indolents.
Et ceci excuse cela.
Le château de Rambouillet est pour le
Président de la République une retraite
charmante.
C'est la plus agréable maison de
fepos, dit-il, et si silencieuse-
Maison de repos 1 Il fut un temps, qui
n'est pas loin, où M. le député ou séna-
teur, ou ministre Gaston Doumergue se
reposait de ses travaux et de ses fatigues
en des vacances plus animées. Dans le
joli livre qu'il vient de publier le Pré-
:tident Doumergue, M. Maurice Verne
nnus conte, avec un humour délicieux, ce
qu'étaient ces vacances de naguère.
Chaque année, M. Doumergue s'accor-
,liait quelques semaines de vacances. Alors
tout lien était rompu avec la vie publique.
Le ministre allait d'abord embrasser sa
Vieille mère à Aigues-Vives, dans la de-
pneure familiale de la Grand'Rue, où rien
n'était changé pour sa venue. Il se mêlait
à ses anciens camarades d'école, qui
n'avaient pas plus le droit de l'appeler
Monsieur le ministre, qu'ils n'ont acquis,
aujourd'hui, celui de dire Monsieur le
Président. Il revoyait ses vignes, les piafs
où « bataillon scolaire a, il manœuvrait
le fusil de bois; il retournait méditer de-
vant les merveilles de Nimes la fon-
r îaine, sous la colline d'essences résineuses
où domine la tour Magne la délicieuse
ruine du Temple de Diane, les Arènes,
la Maison Carrée.
Là, le facétieux gardien du musée,
én désignant à M. Doumergue, qui
siait, les candides souvenirs de la préhis-
toire arrachés au sol de Nîmes, lui ser-
yait invariablement la plaisanterie qu'il
débita durant un demi-siècle
Ici, l'âge de fer™ ici, l'âge de
bronze»
Puis il prenait un temps et s'écriait
Et là, je dors.
Et le gardien ouvrait une sorte de pla-
tard où était aménagé son lit de la veille.
M. le ministre Doumergue acceptait, une
fois de plus, la galéjade. Et le bonhomme
1 rayonnait.
Ses visites terminées, le futur Prési-
dent de la République chaussait de gros
souliers de roulier et il quittait sa pro-
vince par la route.
Durant deux ou trois semaines, il parcou-
rait ainsi les routes de Suisse, de l'Itali2,
de la Forêt Noire. A raison de trente ou
quarante kilomètres par jour, comme les
compagnons de jadis, sac au dos, un
bâton à la main, accompagné de celui de
ses jeunes collaborateurs qui pouvait
s'engager à ne pas avoir besoin, au cours
du voyage, de voiture, du train, de l'auto.
Mais fini aujourd'hui 1 Plus de souliers
de roulier, plus de bâton, plus de sac 1
Le repos
Pourtant. NI. Gaston Doumergue n'a
pas encore ressenti le premier frisson de
j:i vieillesse Il est toujours jeune et
alerte et agile; il a toujours le pied solide
et, dans ses veines, bat aussi vigou-
reux, aussi ardent qu'autrefois, le sang
du Cévenol.
Mais le Président de la République
française peut-il courir les chemins, en
souliers ferrés, sac au dos et le bâton à
la main ?
Aujourd'hui, les vacances de M. Dou-
mergue sont protocolairement réglées.
Elles se passent à Rambouillet, non
ailleurs. Elles s'y passent dans le calme
et la paix, selon un ordre régulier et que
rien ne trouble. Elles sont, à l'image du
chef de l'Etat, simples et modestes.
Le Président de la République se lève
à cinq heures du matin, invariablement.
Vers six heures et demie, il quitte le châ-
teau. Au sortir de la vieille et sévère
demeure, il trouve l'impression de l'air
pur. et frais du dehors, le sourire des
fleurs, la sérénité des eaux, les grands
horizons boisés, la lumière et l'espace. Il
contemple un moment, toujours étonné et
ravi, le merveilleux spectacle qui est là
devant ses yeux. Et puis, il part.
Quel que soit le temps, M. Diumergue
part pour une petite promenade, une toute
petite promenade de dix à douze kilomè-
tres. La bonne promenade matinale où
s'éprouvent les forces physiques et mo-
rales. Un ami parfois l'accompagne, le
secrétaire général de la présidence, son
fidèle et affectionné collaborateur, M. Ju-
les Michel, ou un officier de la maison
militaire. Le plus souvent il est seul; seul
avec un livre autre ami.
Le parc ne suffit point à l'intrépide
voyageur que fut le Président de la
République. Il lui faut la forêt, la forêt
solitaire, endormie et un peu farouche,
qui n'ouvre ses portes qu'aux hôtes du
château.
Une allée d'abord se présente large et
qui offre des perspectives imprévues.
Mais, peu à peu, elle se rétrécit, la voûte
des arbres se referme au-dessus d'elle et
l'on ne marche plus que dans des sentiers
humides feutrés de mousse. Elle aboutit
à une sorte de carrefour qui sent bon
la menthe et l'œillet sauvages et que
longe, en flânant, insoucieux et pacifique,
un mince filet d'eau.
Le charme de ce carrefour c'est le
silence, c'est le calme, c'est l'oubli, dans
l'enveloppement des vieux arbres et des
vieux temps. Et cette paix immense n'est
troublée que de loin en loin par le batte-
ment d'ailes d'un faisan qui passe d'un
vol lourd ou le galop bondissant d'un
lapin, dont on aperçoit seulement l'ar-
rière-visage tout blanc surmonté d'une
blanche houppe.
C'est cet endroit de la forêt que
M. Doumergue préfère c'est là, an
milieu de ces arbres, à l'abri de cette
voûte de feuillage qu'il aime à s'arrêter
et à lire. C'est là que, hier, il lisait le
Voyage du condottiere, d'André Suarès.
Et puis, c'est le retour au château. Il
est neuf heures. Le /résident se met au
travail. Seul dans son cabinet, il parcourt
les journaux, il lit, il écrit, examine les
rapports et signe les pièces officielles que
la < valise présidentielle vient d'apporter
de Paris.
A midi et demi, déjeuner dans cette
salle à manger pleine de clarté et si vaste
que la petite table, avec ses quatre ou
cinq couverts, perdue dans ce grand vide,
apparait minuscule et préparée pour un
repas de poupée. Repas substantiel, le
seul de la journée, celui du soir, à peu
près nul, ne comptant pas. Café dans la
salle de jeux, partie de billard ou de mal-
jong, où M. Doumergue est de première
force.
C'est à ces heures de délassement que
le Président de la République se montre
vraiment simple et modeste citoyen. Sa
bonne humeur, son enjouement, sa natu-
relle amabilité, sa bonne grâce sourianle
sont un charme, dont on ne peut s'évader.
Et M. Gaston Doumergue est un si déli-
cieux causeur
Après le déjeuner, courte promenade
dans le parc, autour du bassin. Le chef
de l'Etat, parfois, se laisse tenter par
une partie de canot. Il s'avère habile
en l'art de manier le bout de bois s et
sous l'élan des avirons, vigoureusement
tirés, le lourd bachot, triste exem-
plaire d'une flottille dont la marine d'Etat
aurait tort de s'enorgueillir, le lourd
bachot prend les allures légères et gra-
cieuses d'un canoë.
Et puis, c'est de nouveau le travail, jus-
qu'à quatre non» heure du thé- une
promenade en voiture dans la forêt au
petit trot d'un cheval, sous le tranquille
déploiement des branches, dans la paix
infinie des choses.
A sept heures et demie, dîner, un dîner
toujours frugal un légume, un fruit,
un verre d'eau. Depuis des années, le
Président ne s'est point départi de ce
régime de quasi-abstinence. Causerie dans
la salle de jeux ou promenade dans le
parc.
A dix heures du soir, M. Gaston Dou-
mergue regagne ses appartements. Une
dernière fois, il regarde le beau jardin
fleuri qui dort à ses pieds, la nappe d'eau
qui miroite et, au delà, le moutonnement
confus des profondes chênaies qui fer-
ment l'horizon.
Et c'est le silence. On entend seule-
ment monter, des prairies où fument les
noirs canaux, le bêlement plaintif des
moutons et le tumulte enragé des gre-
nouilles.
lean Rontra.
LE MINISTRE DE GRÈCE A PARIS
MIS EN DISPONIBILITÉ
Athènes, i5 août
[dép. Radio.)
Par décret spé-
cial du gouverne-
ment hellénique,
M. Politis, minis-
Lre de Grèce à
Paris, a été mis
en disponibilité.
Dans certains
milieux, on pense
au'il sera rem-
placé par M. Ka-
klamanos, actuel-
lement ministre
de Grèce à Lon-
dres.
[La mise en dis-
ponibilité de M. Po-
litis, qui était pré-
vue depuis plp-
;ieurs jours, le poù-
»er»eme n-t graa
ayant laissé enten-
dre qu'il il considérait comme impossi-
ble toute collaboration avec lui, sera
profondément regrettée à Paris, où
le ministre de Grèce comptait de très
nombreuses amitiés. Elle le sera égale-
ment à Genève, où M. Politis a brillam-
ment représenté son pays et où il fut au
nombre des orateurs les plus remarqua-
hies et les plus écnutés de l'assemblée.
Tous ceux qui assistèrent à la session
de septembre dernier ont notamment
gardé le souvenir de l'exposé magistral
quy fit M. Politis de la question de
1 arbitrage, exposé où Il donna une défl-
nition aussi heureuse que précise de
l'agresseur et qui apporta, en fa-
veur du protocole, l'appui le plus effl-
cace Il la thèse française.]
LA TRAVERSÉE DE PARIS
A LA NAGEJ30 AOUT)
NAGEURS FAITES- VOUS
fNSCRIRE SANS TARDER
La liste des engagements
(A la Fédération de Natation. 3, rue Roilini)
sera close demain soir
lundi août
Nombreux orb et médailWn. Les tr*U de de A
h herain de fer refont rembour. k tous
des départements «t
avant terminé ta trnveftée n y
5* *J
iiiiltiimMfiiHHiiiiiiiiitiiHiiiiMMiiMiiiiimiiimimiH»
A LA DEUXIEME PAGE
PROPOS DE f* Alt/Il
BONNE HUMEUR
LA REMISE DES DECORATIONS AUX SAUVETEURS DE PENMARCH
M. Daniélou. sous-
secrétaire d'Etat il. ;:)
Marine marchande,
s'est rendu hier a
Penmarch et a rem's
aux sauveteurs les
distinctions honori-
fiques que le gou-
vernement tour
avait décernées. On
voit sur notre Mi»
ohé. assis au p.e
mier plan le srnu-
che g droite. MM
Jegou K e r 1 0 r et
Broukhorst, direc-
teur de l'inscri'ptîon
maritime; debout à
gauche, Pape; der-
rière, CoTe, Lanieol
et Legail, faits che-
valiers de la Légion
d'honneur; au der-
nier plaj, M. Larnl-
col. maire de Peu-
march.
M. VARENNE S'EST MIS
"EN DEHORS OU PARTI il
DIT LE CONES SOCIALISTE
Et 3 adopte à un&^rosse majorité
une motion de M. Bracke
Le congrès du parti socialiste fran-
çais, qui s'est ouvert hier, salle Japy,
a commencé ses travaux par l'exà-
men du « cas Varenne ». Il a adopté,'
à une très forte majorité, après une
longue discussion, dont on trouvera
plus loin le détail, une motion de
M. Bracke qui déclare que M. Va-
renne s'est mis, par son acceptation
du poste de gouverner de l'Indo-
chine, en dehors du parti.
Voici le texte de cette motion
Le congrès, après avoir constaté l'ab-
sence du citoyen Varenne, prend acte
d'une part de la décision du Puy-de-
Dfme, demandant à Varenne de choisir
entre la qualité de membre du parti et
l'acceptation dee fonctions de gouver-
Mur de l'Indochine, d'autre part de
la suite que le citoyen Varenne a donnée
à cette décision: le congrès déclare en
conséquence que Varenne s'est mis en
dehors du parti.
LE GAZ PLUS CHER
Le Bulletin municipal a publié hier
le décret et l'avenant concernant
l'augmentation du prix du gaz déci-
dée par le conseil municipal de Pa-
ris, et qui a pour effet de majorer
d'environ vingt pour cent le taux du
mètre cube.
Les prix de location du branche-
ment du compteur et tous autres
frais accessoires ne sont pas modi-
fiés.
Ne pouvant payer ses ouvriers, Edmond Stinnes
leur abandonne la moitié de ses actions
Berlin. 15 août (dép. Petit Parisien)
Le Dr Edmond Stinnes, fils aîné de
feu Hugo Stinnes, rencontre, comme
on sait, des difficultés sérieuses pour
maintenir en activité son usine d'au-
tomobiles de Lichtenberg, près de
Berlin, l'A. G. A.
A la suite d'un conflit avec le con-
sortium des banquiers qui liquide la
fortune de son père, Edmond Stinnes
s'est vu couper tout crédit et, faute
de 100.000 marks, n'a pu payer la
semaine de ses 2.500 ouvriers. Il a
convoqué alors le conseil d'usine
composé des délégués ouvriers et em-
ployés et il a annoncé qu'il abandon-
nait au personnel, collectivement, !a
moitié de ses actions de l'A. G. A.,
dont t il détient personnellemen
65 0/0 du total. Cette manifestation
est très commentée et plutôt défavo-
rablement dans les milieux indus-
triels.
Pour ET Comice
L'administration nous fait franche-
ment un aveu une moins-value sen-
sible « affecte les ventes des tabacs ».
Cette moins-value est due au « resser-
rement passager de la consommation
qui a suivi le relèvement des prix des
tabacs ordinaires réalisé le 15 mai der-
nier ».
C'est bien dit.
C'est aussi, vraiment, assez nou-
veau. Le consommateur se déciderait
donc à user enfin de l'arme la plus
puissante qu'il puisse avoir à sa dis-
position de l'abstention ?. Serait-ce,
Dieu, possible ?.
On nous a dit souvent « Dans le
doute abstiens-toi. » Les économistes
auraient bien dû ajouter « Abstiens-
toi aussi dans la vie chère. » L'ab-
stention aurait déjà eu raison de la
plupart de nos maux.
Des correspondats nombreux m'ont
écrit quand on a relevé ainsi le prix
du brave caporal.
Nous ne fumerons plus, c'est
juré affirmaient-ils.
Ils ont dû tenir leur serment. S'ils
y restent fidèles, nous verrons un de
ces jours le brave caporal demander
grâce aux consommateurs. Alors les
consommateurs auront compris. Ils
auront compris qu'ils peuvent être très
forts, s'ils le veulent à la condition
expresse qu'Us commencent à être
forts avec eux-mêmes. En ayant le
courage de se limiter un peu, ils limi-
teront aussi la vie trop chère. C'est
un remède héroïque, assurément, mais
c'est un remède certain.
Pour combattre la vie trop chère, il
ne faut pas la nourrir grassement il
ne faut pas l'alimenter sans cesse.
Pour « avoir » la vie trop chère, il
faut, tout d'abord, l'affaiblir. Il faut,
petit à petit, l'user, l'amoindrir il
faut la faire maigrir il faut tâcher
de la rendre débile et chancelante 1
C'est alors qu'on pourra lui flanquer
un bon coup
Il y a une grande leçon dans la
« moins-value » qui « affecte » les
ventes des tabacs. Les consomma-
teurs qui ne sont pas fumeurs peuvent
en tirer un sûr profit.
Maurice PRAX.
SUR LES GRANDS BOULEVARDS.
UNE CUBAINE EN VOYAGE
PERD 25.000 DOLLARS
UNE CONCIERGE LES TROUVE
ÎT GAGNE 50.000 FRANCS
Pharmacien à Cuba, M. Armando
Cartaya est depuis quelques jours à
Paris, en compagnie de sa femme.
Vendredi soir, les époux se rendi-
rent à pied en suivant les grands
boulevards, de leur hôtel du boule-
vard Montmartre, jusqu'à la rue du
Helder, pour dîner au restaurant.
En quittant l'hôtel, Mme Cartaya
avait glissé dans son ccrsage un sa-
chet en étoffe rouge renfermant
vingt-cinq billets de mille dollars.
Or, quelle ne fut pas la surprise de
la Cubaine, en arrivant rue du Hel-
der, de constater qu'elle avait perdu
le précieux sachet.
En hâte, le pharmacien et sa fem-
me refirent le trajet qu'ils venaient
d'accomplir en vue de retrouver se
précieux sachet. Ce fut en vain.
Ni. et Mme Cartaya allérent alors
au commissariat de la rue du Fau-
bourg-Montmartre pour déclarer la
perte de teurs 25.000 dollars plus
d'un demi-million de francs, au
cours du change et promettre une
récompense de 50.000 francs à la per-
sonne qui rapporterait le sachet avac
son contenu.
Tandis que !e couple cubain faisait
enregistrer sa déclaration, une fem-
me, Mme Juliette Simonet, âgée de
quarante-huit ans, concierge, 52, ga-
lerie Vivienne, se présentait au com-
missariat de la rue d'Amboise.
Voici. dëclara-t-elle, un sachet qui
renferme vingt-cinq billets de mille dol-
lars, que J'ai ramassé il y a une demi-
heure, boulevard des Italiens, non loin
du carrefour Dronot. sur le trottoir lon-
Keant les immeubles en démolition.
Je revenais da, la pare Saint-Lazare.
en compagnie de ma fllle aînéf, quand
j'aperçus sur le sol ce sachet, frtppé et
de poussière. Je me baissai.
Tu ne vas pas ramasser ça s'ex-
olama ma fllle.
Mais j'avais déjà le sachet dans ma
Mm* Juliette Simonet
main et, sans reRarder ce qu'il pouvait
renfermer, je continuai ma route.
Arrivée rue du 4-Septembre, curieu-
sement intriguée, ,j'ouvris le sachet il
était plein de billets de banque améri-
cains I
Jugez de ma surprise et de mon émo-
tion.
Ma fille et moi nous regagnâmes notre
loRe. Mon mari fut mis au courant de
la fabuleuse trouvaille. Il fut alors dé-
cidé que je viendrais immédiatement
vous apporter le sachet avec ses bil-
lets. Le voilà; comptez, il y a dedans
25.000 dollars
La déclaration de Mme Juliette
Simonet fut) enregistrée et le sachet
mis sous scellé.
Hier matin, le bureau des objets
trouvés à la préfecture de police re-
cevait et l'annonce de la perte faite
par Mme Cartaya et l'avis de la trou-
vaille effectuée par Mme Simonet.
La Cubaine et la concierge furent
immédiatement convoquées. La pre-
mière rentra en possession de sa for-
tune et la seconde touchera d'ici
peu, les 50.000 francs de récompense
promis.
Nous sommes allés féliciter, hier.
Mme Juliette Simonet.
Depuis plusieurs années, elle est
concierge, ainsi que son mari, dans la
galerie Vivienne. Elle est mère de
trois enfants, un fils âgé de vingt-
trois ans et deux filles qui ont res-
pectivement dix-huit et quatorze
ans. M. et Mme Simonet, ravis de
l'aubaine qui leur échoit, projettent
d'acheter un petit terrain et d'y faire
bâtir une maison qu'ils loueront
avant que soit venu le moment pour
eux de s'y retirer.
UN ÉCOSSAIS, NENTRANT APRÈS ANS D'ABSENCE
RETROUVE SA RANCÉE ET L'ÉPOUSE
Londres, 15 août (d. Petit Parisien.)
Un Ecossais de 75 ans, qui quitta
sa bonne ville natale de Perth, il y
a 50 ans, et qui servit dans la guerre
contre les Zoulous et les Boers est
rentré, il y a quelques semaines dans
son pays natal. Le vieux soldat y a
retrouvé celle qui fut sa fiancée en
1875 et tout naturellement il l'a
épousée.
lE TAMPONNEMENT DU PONT D E lA RÉVOLTE
A FAIT CINy/jgRTSETMIXANTE^ElJX BLESSÉS
L'enquête n'a pas encore établi les responsabilités, l'un des
deux sémaphores a pu ne pas fonctionner
UN NOUVEAU DÉCÈS
PARMI LES VICTIMES
DE L'ACCIDENT D'AMIENS
Amiens, 15 août (dép. Petit Parisien.)
Un des grands blessés de la catas-
trophe d'Amiens, M. Philippe Mac-
Guet, demeurant rue Saimt-Pierre, à
Berck-Ville, est mort cette nuit à
l'Hôtel-Dieu. Son décès porte à
douze le nombre des personnes
tuées.
Soixante-quatre blessés restent en
traitement à l'hôpital. Sept sont danî
un état très grave et en danger
mort. Quinze autres sont dans un
état grave. Vingt-trois resteront in-
firmes.
Tous les blessés sont maintenant
identifiés. Voici la liste de ceux dont
on n'avait pas encore parlé:
MM. Aubert, colonel en retraite, 25,
boulevard Pasteur, à Paris; Alexandre
Boursel, 15, rue Dupont-de-1'Eure, à Pa-
ris, et Mme Boursel M. Magnier, mé-
canicien, 95, rue des Boulets, à Paris,
et Mme Magnier; Mlle Alice Bernard,
22 ans, 14, rue Bellefond, à Paris;
Mmes veuve Lagenette, née Nlcolaï, 47,
rue Victor-Hugo, à Courbevoie; Baglin-
Brounert, 29 ans, 15, rue de la ViHette.
à Paris, et sa fillette, âgée de cinq ans
Mélanie Souillart, 4, rue Henri-Bocquil-
Ion, à Paris -Veuve Angèle Fréville,
4, rue Jcan-du-Beîiay, Paris Marie
Mauret, 64, rue Judaïque, à Bordeaux
Mlle Paulette Ravaux. quatre ans de
Paris.
Une fillette réclame sa grand'mère
qui a disparu. Qu'est-elle devenue?
Il reste à identifier une jeune
femme de corpulence assez forte.
Les cheveux châtains, elle est vêtue
d'une robe blanche à ramages roses-
rouges et feuillages verts. Elle porte
deux bagues à la main gauche et
deux autres à la droite, dont une
« fatma ».
ENCHAINÉE AU LIT DE SES PARENTS
UNE JEUNE FILLE TENTE
DE SE DONNER UNE MORT ATROCE
Précocement dévoyée, Hélène, âgée
de quatorze ans et demi, fille aînée
Héléne Rto
du ménage Léopold Rio, demeu-
rant rue de la Liberté, à Bagneux,
avait dû être, une première fois,
enfermée à Fresoes. Sortie non
amendée de la maison de correction,
la jeune Hélène n'avait pas tardé de
nouveau à se mal conduire. Si bien
que son père, en attendant l'aboutis-
sement de la demande qu'il avait
adressée au parquet en vue du réin-
ternement de sa fille, n'avait trouvé
rien de mieux pour mettre un terme
à ses escapades, que d'attacher celle-
ci au pied du lit de la mère.
Hier, tandis que son père lisait dans
le jardin, la jeune fille appela sa soeur
Anna, de deux ans sa cadette, la
priant de lui remettre une bouteille
d'essence et des allumettes.
Alors, tandis que la fillette, épou-
vantée à l'idée de ce qui allait se
passer, s'entourait le visage d'une
serviette, Hélène Rio répandait l'es-
sence sur ses vêtements et y mettait
le feu.
Instantanément, la jeune fille fut
transformée en torche vivante. Le
père. cependant, accouru aux appels
de sa fille cadette, put, au moyen
d'un édredon, maîtriser les flammes
qui entouraient son enfant. La mal-
heureuse Héîène, grièvement brûlée
à la poitrine et en diverses parties
du corps, fut transportée à l'hôpital.
Ajoutons qu'avant de mettre à exé-
cution son épouvantable projet, la
jeune fille avait préparé à l'inten-
tion de sa mère une lettre où elle
reconnaissait ses fautes et déclarait
ne pouvoir survivre à un camarade
qui avait fait battre son jeune coeur
et qui était mort quelques jours au-
paravant.
9 Trois autres morts sont malheu-
reusement venues s'ajouter aux deux
que nous annonçions hier, parmi les
victimes du tamponnement survenu
avant-hier, dans la soirée, au pont de
la Révolte, près de Saint-Denis, où
la locomotive du rapide Cologne-Pa-
ris a effroyablement heurté les der-
nières voitures de l'express Lille-
Paris à l'arrêt.
Les cinq morts sont
1° M. Chartes Rousseau, 66 ans, miro;-
lier, rue Jean-Levasseur, à Lille, qui su
rendait deux fois par mois à Paris,
rue Etienne-Marcel, où il avait u:ii:
chambre.
2° M. Georges Jourdan, àgé de 64 ans;
3° M. Jules Jourdan, âgé de 11 an»,
neveu et fils adoptif du précédent et
demeurant avec lui, 30, rue du Marché-
Lancelles, à Amiens.
4° M. Godin, kgè de 27 ans, décédé a
l'hôpital de Saint-Denis.
5° Une petite fille de cinq ans, Jeawe
Sebileau, dont les parents, habitat
Amiens, sont eux-mêmes en traitement Il
l'hôpilal Lariboisière, mais heureusement
pas dans un état grave.
Les mécaniciens des deux trains
ne sont pas d'accord avec l'aiguilleur
La responsabilité du mécanicien
tamponneur, NI. Leclair, du dépôt
de la Chapelle auquel, d'après les
toutes premières vérifications, on
reprochait d'avoir « brûlé » deux
signaux à l'arrêt, ne semble plus,
après l'enquête, plus approfondie
faite hier, aussi engagée qu'on le
croyait la veille.
Eu jCP.'jBjL^Cpncerne les signaux
qui auraient été à l'arrêt, M. Le-
clair et M. Poignon, mécanicien du
train tamponné, sont en cont.radic-
tion absolue avec l'aiguilleur.
M. Poignon, qui conduisait le train
tamponné, donne les précisions sui-
vantes
Après le passage de la gare de
Saint-Denis, j'ai trouvé mus les signaux
ouverts, donnant la voie libre, sauf le si-
gnal en losange dit « répétiteur SI
la voie était ainsi fermée, c'est qu'il fal-
lait laisser passer le train de Pontoise.
J'ai aussitôt actionné les freins rapides.
bientôt, mon train stoppait, au mament
même où le signal d'arrêt de la cabine
12 me laissait à nouveau la vole libre.
J'ai voulu alors reprendre ma rout»,
mais le débloquage des freins m'a de-
mandé quatre minutes environ. Pendant
ce temps-là, j'aurais dû être couvert pir
le sémaphore précédent qui eût indiqué
que je n'avais pu encore repartir. Mais
i: n'en fut point ainsi, et vous savez le
résultat.
J'ajoute que je n'ai pas entendu ta
détonation du pétard qui aurait dû écla-
ter au sémaphore et donner l'alarme k
mon collègue.
114. Auguste Leclair, qui pilotait la
machine 128 du train « Cologne-
Paris n'est ni moins afflrmatif,
ni moins précis
A la sortie de la gare de Saint-
Denis, dit-il, tous les signaux indiquaient
la voie libre et, seul, après le passage du
pont de la Révolte, le damier en losange
(répétiteur) indiquait l'arrêt. J'ai freiné
aussitôt et j'ai renversé la vapeur pour
ralentir mon convoi mais, lancé à 80 à
l'heure (vitesse normale), je n'ai pu ar-
rêter assez tôt pour éviter le tamponne-
ment. J'ai conscience de n'avoir commis
aucune imprudence ni aucune faute
professionnelle. J'affirme que de même
que mon collègue du train Paris-Lille je
n'al pas entendu le bruit des pétards.
L'enquête du service de contrôle
M. Gilles-Gardin, directeur par
intérim du contrôle, qui avait ac-
compagné le ministre des Travaux
publics au pont de la Révolte et qui
était resté sur place toute la nuit. a
remis, hier, à midi, son rapport à
M. Laval qui l'a commenté aux jour-
nalistes réunis dans son cabinet.
L'enquête a établi 1° que le
sémaphore n° 9 protégeant le train
318 arrêté et la palette Scm. étaient
fermés au moment où le tamponne-
ment s'est produit 2° que le porte-
pétard automatique appuyant t ce
sémaphore contenait une cartouche
percutée et non explosée, ce qui in-
dique que le signal a été franchi à
l'arrêt. Si, comme le dit le mécani-
cien Leclair, le sémaphore avait
indiqué la voie libre, aucune cartou-
che n'aurait dû être percutée à
moins que le poste n'ait omis de
signaler le franchissement du séma-
phore par un train précédent
3° que le damier vert et blanc qui
annonce le signal carré était égale-
ment fermé.
Pourtant, ajoute M. Gilles-Gardin,
le mécanicien du train 128 bit
affirme énergiquement, d'accord avec
le chef de train et le chauffeur, qu'il
a trouvé le sémaphore 9 st la palette
Sem à la position d'ouverture et que
ce n'est qu'en voyant le damier vert
et blanc fermé qu'il a actionné son
frein. Et le directeur du contre)''
remarque que le sémaphore fermé
avec ses deux feux rouge et vert eït
vi3ible d'une distance beaucoup plus
grande que le damier monté sur le
même mât.
Le mécanicien déclare qu'il avait
ralenti momentanément de 110 à 9O
kilomètres à l'heure, puis repris un
peu de vitesse en trouvant l'appareil
Sent du sémaphore 9 à voie libre.
L'examen de la banrlP enresistreusi.»
ciel nuageux avec éclaircies, vent de °°4wiKV\'dfltf
est faible ou modéré, température s
grand changement sur la veille. Nuit lIHW^P
• Jour
EN FRANCE. Beau temps général, peu
1 nuageux moitié Sud nuageux avec éclair-
ctes moitié Nord. Vent de nord-est modéré.
SOLEIL lever, h. 45 coucher. 20 h.
LUNE nouvelle le t9 prem. quart. le
DIMANCHE 1
j
AOUT 1925 f
saint Boch ̃
QUELQUES « GRANDS EN
M. DODMERGUE A RAMBOUILLET
Le Président de la République, tôt levé, parcourt la forêt
à pied ou en voiture, canote parfois, ne dédaigne
ni le billard, ni le mah-jong, et. travaille
Ce que je suis ? Le Président de h
République française. mais, en même
temps, le plus simple, le plus modeste de
ses citoyens
Ainsi parlait, naguère, M. Gaston Dou-
tnergue à ses amis du Gard qui fêtaient
Ion élection.
Le plus simple, le plus modeste.
Tous ceux qui ont approché le chef
Ce l'Etat ont pu connaître et apprécier
cette simplicité et cette modestie qui sont
ses qualités premières. Elles sont en lui
si naturelles et si saines qu'il semble
ignorer qu'elles vivent en toutes ses pa-
roles, en tous ses gestes, qu'elles corn-
viandent chaque acte de son existence.
« Le plus simple et le plus modeste de
fces citoyens
C'est, surtout, débarrassé de tout l'appa-
rat officiel, et délivré du joug protoco-
laire, c'est dans l'intimité que se montre
très nettement le vrai visage qu'a dessiné
notre sympathie, celui du simple et mo-
deste citoyen qu'est le Président de la
République. Et ce visage, nous le retrou-
vons ici dans ce château de Rambouillet où
JJ. Doumergue passe ses vacances.
Gris et morne et d'un style si lourd
tjc'alourdit encore sa grosse, son énorme,
sa lourde tour pansue, le vieux château
rafistolé, rapiécé, n'apparaît point, au pre-
mier abord, comme un séjour enchanteur.
Il s'offre avec un air rébarbatif que ne
démentent point, à l'intérieur, ses salles
nues et froides. L'une d'elles, pourtant,
détonne par son luxe. Des artistes y
ont prodigué sur ses portes et sur ses
murs des ciselures en plein bois avec une
précieuse finesse, une légèreté admirable,
une rare magnificence.
Mais, la grille franchie, il y a, caché
aux yeux du passant, ce merveilleux par-
terre où parmi les gazons verts se joue
la plus douce, la plus éclatante, la plus
tumultueuse, la plus somptueuse féerie de
couleurs et de lumière. Il y a le parc
avec ses grandes voûtes plus ombreuses
que celles de Versailles. Il y a les canaux
et le grand bassin où, les ailes éployées,
.voguent les cygnes indolents.
Et ceci excuse cela.
Le château de Rambouillet est pour le
Président de la République une retraite
charmante.
C'est la plus agréable maison de
fepos, dit-il, et si silencieuse-
Maison de repos 1 Il fut un temps, qui
n'est pas loin, où M. le député ou séna-
teur, ou ministre Gaston Doumergue se
reposait de ses travaux et de ses fatigues
en des vacances plus animées. Dans le
joli livre qu'il vient de publier le Pré-
:tident Doumergue, M. Maurice Verne
nnus conte, avec un humour délicieux, ce
qu'étaient ces vacances de naguère.
Chaque année, M. Doumergue s'accor-
,liait quelques semaines de vacances. Alors
tout lien était rompu avec la vie publique.
Le ministre allait d'abord embrasser sa
Vieille mère à Aigues-Vives, dans la de-
pneure familiale de la Grand'Rue, où rien
n'était changé pour sa venue. Il se mêlait
à ses anciens camarades d'école, qui
n'avaient pas plus le droit de l'appeler
Monsieur le ministre, qu'ils n'ont acquis,
aujourd'hui, celui de dire Monsieur le
Président. Il revoyait ses vignes, les piafs
où « bataillon scolaire a, il manœuvrait
le fusil de bois; il retournait méditer de-
vant les merveilles de Nimes la fon-
r îaine, sous la colline d'essences résineuses
où domine la tour Magne la délicieuse
ruine du Temple de Diane, les Arènes,
la Maison Carrée.
Là, le facétieux gardien du musée,
én désignant à M. Doumergue, qui
siait, les candides souvenirs de la préhis-
toire arrachés au sol de Nîmes, lui ser-
yait invariablement la plaisanterie qu'il
débita durant un demi-siècle
Ici, l'âge de fer™ ici, l'âge de
bronze»
Puis il prenait un temps et s'écriait
Et là, je dors.
Et le gardien ouvrait une sorte de pla-
tard où était aménagé son lit de la veille.
M. le ministre Doumergue acceptait, une
fois de plus, la galéjade. Et le bonhomme
1 rayonnait.
Ses visites terminées, le futur Prési-
dent de la République chaussait de gros
souliers de roulier et il quittait sa pro-
vince par la route.
Durant deux ou trois semaines, il parcou-
rait ainsi les routes de Suisse, de l'Itali2,
de la Forêt Noire. A raison de trente ou
quarante kilomètres par jour, comme les
compagnons de jadis, sac au dos, un
bâton à la main, accompagné de celui de
ses jeunes collaborateurs qui pouvait
s'engager à ne pas avoir besoin, au cours
du voyage, de voiture, du train, de l'auto.
Mais fini aujourd'hui 1 Plus de souliers
de roulier, plus de bâton, plus de sac 1
Le repos
Pourtant. NI. Gaston Doumergue n'a
pas encore ressenti le premier frisson de
j:i vieillesse Il est toujours jeune et
alerte et agile; il a toujours le pied solide
et, dans ses veines, bat aussi vigou-
reux, aussi ardent qu'autrefois, le sang
du Cévenol.
Mais le Président de la République
française peut-il courir les chemins, en
souliers ferrés, sac au dos et le bâton à
la main ?
Aujourd'hui, les vacances de M. Dou-
mergue sont protocolairement réglées.
Elles se passent à Rambouillet, non
ailleurs. Elles s'y passent dans le calme
et la paix, selon un ordre régulier et que
rien ne trouble. Elles sont, à l'image du
chef de l'Etat, simples et modestes.
Le Président de la République se lève
à cinq heures du matin, invariablement.
Vers six heures et demie, il quitte le châ-
teau. Au sortir de la vieille et sévère
demeure, il trouve l'impression de l'air
pur. et frais du dehors, le sourire des
fleurs, la sérénité des eaux, les grands
horizons boisés, la lumière et l'espace. Il
contemple un moment, toujours étonné et
ravi, le merveilleux spectacle qui est là
devant ses yeux. Et puis, il part.
Quel que soit le temps, M. Diumergue
part pour une petite promenade, une toute
petite promenade de dix à douze kilomè-
tres. La bonne promenade matinale où
s'éprouvent les forces physiques et mo-
rales. Un ami parfois l'accompagne, le
secrétaire général de la présidence, son
fidèle et affectionné collaborateur, M. Ju-
les Michel, ou un officier de la maison
militaire. Le plus souvent il est seul; seul
avec un livre autre ami.
Le parc ne suffit point à l'intrépide
voyageur que fut le Président de la
République. Il lui faut la forêt, la forêt
solitaire, endormie et un peu farouche,
qui n'ouvre ses portes qu'aux hôtes du
château.
Une allée d'abord se présente large et
qui offre des perspectives imprévues.
Mais, peu à peu, elle se rétrécit, la voûte
des arbres se referme au-dessus d'elle et
l'on ne marche plus que dans des sentiers
humides feutrés de mousse. Elle aboutit
à une sorte de carrefour qui sent bon
la menthe et l'œillet sauvages et que
longe, en flânant, insoucieux et pacifique,
un mince filet d'eau.
Le charme de ce carrefour c'est le
silence, c'est le calme, c'est l'oubli, dans
l'enveloppement des vieux arbres et des
vieux temps. Et cette paix immense n'est
troublée que de loin en loin par le batte-
ment d'ailes d'un faisan qui passe d'un
vol lourd ou le galop bondissant d'un
lapin, dont on aperçoit seulement l'ar-
rière-visage tout blanc surmonté d'une
blanche houppe.
C'est cet endroit de la forêt que
M. Doumergue préfère c'est là, an
milieu de ces arbres, à l'abri de cette
voûte de feuillage qu'il aime à s'arrêter
et à lire. C'est là que, hier, il lisait le
Voyage du condottiere, d'André Suarès.
Et puis, c'est le retour au château. Il
est neuf heures. Le /résident se met au
travail. Seul dans son cabinet, il parcourt
les journaux, il lit, il écrit, examine les
rapports et signe les pièces officielles que
la < valise présidentielle vient d'apporter
de Paris.
A midi et demi, déjeuner dans cette
salle à manger pleine de clarté et si vaste
que la petite table, avec ses quatre ou
cinq couverts, perdue dans ce grand vide,
apparait minuscule et préparée pour un
repas de poupée. Repas substantiel, le
seul de la journée, celui du soir, à peu
près nul, ne comptant pas. Café dans la
salle de jeux, partie de billard ou de mal-
jong, où M. Doumergue est de première
force.
C'est à ces heures de délassement que
le Président de la République se montre
vraiment simple et modeste citoyen. Sa
bonne humeur, son enjouement, sa natu-
relle amabilité, sa bonne grâce sourianle
sont un charme, dont on ne peut s'évader.
Et M. Gaston Doumergue est un si déli-
cieux causeur
Après le déjeuner, courte promenade
dans le parc, autour du bassin. Le chef
de l'Etat, parfois, se laisse tenter par
une partie de canot. Il s'avère habile
en l'art de manier le bout de bois s et
sous l'élan des avirons, vigoureusement
tirés, le lourd bachot, triste exem-
plaire d'une flottille dont la marine d'Etat
aurait tort de s'enorgueillir, le lourd
bachot prend les allures légères et gra-
cieuses d'un canoë.
Et puis, c'est de nouveau le travail, jus-
qu'à quatre non» heure du thé- une
promenade en voiture dans la forêt au
petit trot d'un cheval, sous le tranquille
déploiement des branches, dans la paix
infinie des choses.
A sept heures et demie, dîner, un dîner
toujours frugal un légume, un fruit,
un verre d'eau. Depuis des années, le
Président ne s'est point départi de ce
régime de quasi-abstinence. Causerie dans
la salle de jeux ou promenade dans le
parc.
A dix heures du soir, M. Gaston Dou-
mergue regagne ses appartements. Une
dernière fois, il regarde le beau jardin
fleuri qui dort à ses pieds, la nappe d'eau
qui miroite et, au delà, le moutonnement
confus des profondes chênaies qui fer-
ment l'horizon.
Et c'est le silence. On entend seule-
ment monter, des prairies où fument les
noirs canaux, le bêlement plaintif des
moutons et le tumulte enragé des gre-
nouilles.
lean Rontra.
LE MINISTRE DE GRÈCE A PARIS
MIS EN DISPONIBILITÉ
Athènes, i5 août
[dép. Radio.)
Par décret spé-
cial du gouverne-
ment hellénique,
M. Politis, minis-
Lre de Grèce à
Paris, a été mis
en disponibilité.
Dans certains
milieux, on pense
au'il sera rem-
placé par M. Ka-
klamanos, actuel-
lement ministre
de Grèce à Lon-
dres.
[La mise en dis-
ponibilité de M. Po-
litis, qui était pré-
vue depuis plp-
;ieurs jours, le poù-
»er»eme n-t graa
ayant laissé enten-
dre qu'il il considérait comme impossi-
ble toute collaboration avec lui, sera
profondément regrettée à Paris, où
le ministre de Grèce comptait de très
nombreuses amitiés. Elle le sera égale-
ment à Genève, où M. Politis a brillam-
ment représenté son pays et où il fut au
nombre des orateurs les plus remarqua-
hies et les plus écnutés de l'assemblée.
Tous ceux qui assistèrent à la session
de septembre dernier ont notamment
gardé le souvenir de l'exposé magistral
quy fit M. Politis de la question de
1 arbitrage, exposé où Il donna une défl-
nition aussi heureuse que précise de
l'agresseur et qui apporta, en fa-
veur du protocole, l'appui le plus effl-
cace Il la thèse française.]
LA TRAVERSÉE DE PARIS
A LA NAGEJ30 AOUT)
NAGEURS FAITES- VOUS
fNSCRIRE SANS TARDER
La liste des engagements
(A la Fédération de Natation. 3, rue Roilini)
sera close demain soir
lundi août
Nombreux orb et médailWn. Les tr*U de de A
h herain de fer refont rembour. k tous
des départements «t
avant terminé ta trnveftée n y
5* *J
iiiiltiimMfiiHHiiiiiiiiitiiHiiiiMMiiMiiiiimiiimimiH»
A LA DEUXIEME PAGE
PROPOS DE f* Alt/Il
BONNE HUMEUR
LA REMISE DES DECORATIONS AUX SAUVETEURS DE PENMARCH
M. Daniélou. sous-
secrétaire d'Etat il. ;:)
Marine marchande,
s'est rendu hier a
Penmarch et a rem's
aux sauveteurs les
distinctions honori-
fiques que le gou-
vernement tour
avait décernées. On
voit sur notre Mi»
ohé. assis au p.e
mier plan le srnu-
che g droite. MM
Jegou K e r 1 0 r et
Broukhorst, direc-
teur de l'inscri'ptîon
maritime; debout à
gauche, Pape; der-
rière, CoTe, Lanieol
et Legail, faits che-
valiers de la Légion
d'honneur; au der-
nier plaj, M. Larnl-
col. maire de Peu-
march.
M. VARENNE S'EST MIS
"EN DEHORS OU PARTI il
DIT LE CONES SOCIALISTE
Et 3 adopte à un&^rosse majorité
une motion de M. Bracke
Le congrès du parti socialiste fran-
çais, qui s'est ouvert hier, salle Japy,
a commencé ses travaux par l'exà-
men du « cas Varenne ». Il a adopté,'
à une très forte majorité, après une
longue discussion, dont on trouvera
plus loin le détail, une motion de
M. Bracke qui déclare que M. Va-
renne s'est mis, par son acceptation
du poste de gouverner de l'Indo-
chine, en dehors du parti.
Voici le texte de cette motion
Le congrès, après avoir constaté l'ab-
sence du citoyen Varenne, prend acte
d'une part de la décision du Puy-de-
Dfme, demandant à Varenne de choisir
entre la qualité de membre du parti et
l'acceptation dee fonctions de gouver-
Mur de l'Indochine, d'autre part de
la suite que le citoyen Varenne a donnée
à cette décision: le congrès déclare en
conséquence que Varenne s'est mis en
dehors du parti.
LE GAZ PLUS CHER
Le Bulletin municipal a publié hier
le décret et l'avenant concernant
l'augmentation du prix du gaz déci-
dée par le conseil municipal de Pa-
ris, et qui a pour effet de majorer
d'environ vingt pour cent le taux du
mètre cube.
Les prix de location du branche-
ment du compteur et tous autres
frais accessoires ne sont pas modi-
fiés.
Ne pouvant payer ses ouvriers, Edmond Stinnes
leur abandonne la moitié de ses actions
Berlin. 15 août (dép. Petit Parisien)
Le Dr Edmond Stinnes, fils aîné de
feu Hugo Stinnes, rencontre, comme
on sait, des difficultés sérieuses pour
maintenir en activité son usine d'au-
tomobiles de Lichtenberg, près de
Berlin, l'A. G. A.
A la suite d'un conflit avec le con-
sortium des banquiers qui liquide la
fortune de son père, Edmond Stinnes
s'est vu couper tout crédit et, faute
de 100.000 marks, n'a pu payer la
semaine de ses 2.500 ouvriers. Il a
convoqué alors le conseil d'usine
composé des délégués ouvriers et em-
ployés et il a annoncé qu'il abandon-
nait au personnel, collectivement, !a
moitié de ses actions de l'A. G. A.,
dont t il détient personnellemen
65 0/0 du total. Cette manifestation
est très commentée et plutôt défavo-
rablement dans les milieux indus-
triels.
Pour ET Comice
L'administration nous fait franche-
ment un aveu une moins-value sen-
sible « affecte les ventes des tabacs ».
Cette moins-value est due au « resser-
rement passager de la consommation
qui a suivi le relèvement des prix des
tabacs ordinaires réalisé le 15 mai der-
nier ».
C'est bien dit.
C'est aussi, vraiment, assez nou-
veau. Le consommateur se déciderait
donc à user enfin de l'arme la plus
puissante qu'il puisse avoir à sa dis-
position de l'abstention ?. Serait-ce,
Dieu, possible ?.
On nous a dit souvent « Dans le
doute abstiens-toi. » Les économistes
auraient bien dû ajouter « Abstiens-
toi aussi dans la vie chère. » L'ab-
stention aurait déjà eu raison de la
plupart de nos maux.
Des correspondats nombreux m'ont
écrit quand on a relevé ainsi le prix
du brave caporal.
Nous ne fumerons plus, c'est
juré affirmaient-ils.
Ils ont dû tenir leur serment. S'ils
y restent fidèles, nous verrons un de
ces jours le brave caporal demander
grâce aux consommateurs. Alors les
consommateurs auront compris. Ils
auront compris qu'ils peuvent être très
forts, s'ils le veulent à la condition
expresse qu'Us commencent à être
forts avec eux-mêmes. En ayant le
courage de se limiter un peu, ils limi-
teront aussi la vie trop chère. C'est
un remède héroïque, assurément, mais
c'est un remède certain.
Pour combattre la vie trop chère, il
ne faut pas la nourrir grassement il
ne faut pas l'alimenter sans cesse.
Pour « avoir » la vie trop chère, il
faut, tout d'abord, l'affaiblir. Il faut,
petit à petit, l'user, l'amoindrir il
faut la faire maigrir il faut tâcher
de la rendre débile et chancelante 1
C'est alors qu'on pourra lui flanquer
un bon coup
Il y a une grande leçon dans la
« moins-value » qui « affecte » les
ventes des tabacs. Les consomma-
teurs qui ne sont pas fumeurs peuvent
en tirer un sûr profit.
Maurice PRAX.
SUR LES GRANDS BOULEVARDS.
UNE CUBAINE EN VOYAGE
PERD 25.000 DOLLARS
UNE CONCIERGE LES TROUVE
ÎT GAGNE 50.000 FRANCS
Pharmacien à Cuba, M. Armando
Cartaya est depuis quelques jours à
Paris, en compagnie de sa femme.
Vendredi soir, les époux se rendi-
rent à pied en suivant les grands
boulevards, de leur hôtel du boule-
vard Montmartre, jusqu'à la rue du
Helder, pour dîner au restaurant.
En quittant l'hôtel, Mme Cartaya
avait glissé dans son ccrsage un sa-
chet en étoffe rouge renfermant
vingt-cinq billets de mille dollars.
Or, quelle ne fut pas la surprise de
la Cubaine, en arrivant rue du Hel-
der, de constater qu'elle avait perdu
le précieux sachet.
En hâte, le pharmacien et sa fem-
me refirent le trajet qu'ils venaient
d'accomplir en vue de retrouver se
précieux sachet. Ce fut en vain.
Ni. et Mme Cartaya allérent alors
au commissariat de la rue du Fau-
bourg-Montmartre pour déclarer la
perte de teurs 25.000 dollars plus
d'un demi-million de francs, au
cours du change et promettre une
récompense de 50.000 francs à la per-
sonne qui rapporterait le sachet avac
son contenu.
Tandis que !e couple cubain faisait
enregistrer sa déclaration, une fem-
me, Mme Juliette Simonet, âgée de
quarante-huit ans, concierge, 52, ga-
lerie Vivienne, se présentait au com-
missariat de la rue d'Amboise.
Voici. dëclara-t-elle, un sachet qui
renferme vingt-cinq billets de mille dol-
lars, que J'ai ramassé il y a une demi-
heure, boulevard des Italiens, non loin
du carrefour Dronot. sur le trottoir lon-
Keant les immeubles en démolition.
Je revenais da, la pare Saint-Lazare.
en compagnie de ma fllle aînéf, quand
j'aperçus sur le sol ce sachet, frtppé et
de poussière. Je me baissai.
Tu ne vas pas ramasser ça s'ex-
olama ma fllle.
Mais j'avais déjà le sachet dans ma
Mm* Juliette Simonet
main et, sans reRarder ce qu'il pouvait
renfermer, je continuai ma route.
Arrivée rue du 4-Septembre, curieu-
sement intriguée, ,j'ouvris le sachet il
était plein de billets de banque améri-
cains I
Jugez de ma surprise et de mon émo-
tion.
Ma fille et moi nous regagnâmes notre
loRe. Mon mari fut mis au courant de
la fabuleuse trouvaille. Il fut alors dé-
cidé que je viendrais immédiatement
vous apporter le sachet avec ses bil-
lets. Le voilà; comptez, il y a dedans
25.000 dollars
La déclaration de Mme Juliette
Simonet fut) enregistrée et le sachet
mis sous scellé.
Hier matin, le bureau des objets
trouvés à la préfecture de police re-
cevait et l'annonce de la perte faite
par Mme Cartaya et l'avis de la trou-
vaille effectuée par Mme Simonet.
La Cubaine et la concierge furent
immédiatement convoquées. La pre-
mière rentra en possession de sa for-
tune et la seconde touchera d'ici
peu, les 50.000 francs de récompense
promis.
Nous sommes allés féliciter, hier.
Mme Juliette Simonet.
Depuis plusieurs années, elle est
concierge, ainsi que son mari, dans la
galerie Vivienne. Elle est mère de
trois enfants, un fils âgé de vingt-
trois ans et deux filles qui ont res-
pectivement dix-huit et quatorze
ans. M. et Mme Simonet, ravis de
l'aubaine qui leur échoit, projettent
d'acheter un petit terrain et d'y faire
bâtir une maison qu'ils loueront
avant que soit venu le moment pour
eux de s'y retirer.
UN ÉCOSSAIS, NENTRANT APRÈS ANS D'ABSENCE
RETROUVE SA RANCÉE ET L'ÉPOUSE
Londres, 15 août (d. Petit Parisien.)
Un Ecossais de 75 ans, qui quitta
sa bonne ville natale de Perth, il y
a 50 ans, et qui servit dans la guerre
contre les Zoulous et les Boers est
rentré, il y a quelques semaines dans
son pays natal. Le vieux soldat y a
retrouvé celle qui fut sa fiancée en
1875 et tout naturellement il l'a
épousée.
lE TAMPONNEMENT DU PONT D E lA RÉVOLTE
A FAIT CINy/jgRTSETMIXANTE^ElJX BLESSÉS
L'enquête n'a pas encore établi les responsabilités, l'un des
deux sémaphores a pu ne pas fonctionner
UN NOUVEAU DÉCÈS
PARMI LES VICTIMES
DE L'ACCIDENT D'AMIENS
Amiens, 15 août (dép. Petit Parisien.)
Un des grands blessés de la catas-
trophe d'Amiens, M. Philippe Mac-
Guet, demeurant rue Saimt-Pierre, à
Berck-Ville, est mort cette nuit à
l'Hôtel-Dieu. Son décès porte à
douze le nombre des personnes
tuées.
Soixante-quatre blessés restent en
traitement à l'hôpital. Sept sont danî
un état très grave et en danger
mort. Quinze autres sont dans un
état grave. Vingt-trois resteront in-
firmes.
Tous les blessés sont maintenant
identifiés. Voici la liste de ceux dont
on n'avait pas encore parlé:
MM. Aubert, colonel en retraite, 25,
boulevard Pasteur, à Paris; Alexandre
Boursel, 15, rue Dupont-de-1'Eure, à Pa-
ris, et Mme Boursel M. Magnier, mé-
canicien, 95, rue des Boulets, à Paris,
et Mme Magnier; Mlle Alice Bernard,
22 ans, 14, rue Bellefond, à Paris;
Mmes veuve Lagenette, née Nlcolaï, 47,
rue Victor-Hugo, à Courbevoie; Baglin-
Brounert, 29 ans, 15, rue de la ViHette.
à Paris, et sa fillette, âgée de cinq ans
Mélanie Souillart, 4, rue Henri-Bocquil-
Ion, à Paris -Veuve Angèle Fréville,
4, rue Jcan-du-Beîiay, Paris Marie
Mauret, 64, rue Judaïque, à Bordeaux
Mlle Paulette Ravaux. quatre ans de
Paris.
Une fillette réclame sa grand'mère
qui a disparu. Qu'est-elle devenue?
Il reste à identifier une jeune
femme de corpulence assez forte.
Les cheveux châtains, elle est vêtue
d'une robe blanche à ramages roses-
rouges et feuillages verts. Elle porte
deux bagues à la main gauche et
deux autres à la droite, dont une
« fatma ».
ENCHAINÉE AU LIT DE SES PARENTS
UNE JEUNE FILLE TENTE
DE SE DONNER UNE MORT ATROCE
Précocement dévoyée, Hélène, âgée
de quatorze ans et demi, fille aînée
Héléne Rto
du ménage Léopold Rio, demeu-
rant rue de la Liberté, à Bagneux,
avait dû être, une première fois,
enfermée à Fresoes. Sortie non
amendée de la maison de correction,
la jeune Hélène n'avait pas tardé de
nouveau à se mal conduire. Si bien
que son père, en attendant l'aboutis-
sement de la demande qu'il avait
adressée au parquet en vue du réin-
ternement de sa fille, n'avait trouvé
rien de mieux pour mettre un terme
à ses escapades, que d'attacher celle-
ci au pied du lit de la mère.
Hier, tandis que son père lisait dans
le jardin, la jeune fille appela sa soeur
Anna, de deux ans sa cadette, la
priant de lui remettre une bouteille
d'essence et des allumettes.
Alors, tandis que la fillette, épou-
vantée à l'idée de ce qui allait se
passer, s'entourait le visage d'une
serviette, Hélène Rio répandait l'es-
sence sur ses vêtements et y mettait
le feu.
Instantanément, la jeune fille fut
transformée en torche vivante. Le
père. cependant, accouru aux appels
de sa fille cadette, put, au moyen
d'un édredon, maîtriser les flammes
qui entouraient son enfant. La mal-
heureuse Héîène, grièvement brûlée
à la poitrine et en diverses parties
du corps, fut transportée à l'hôpital.
Ajoutons qu'avant de mettre à exé-
cution son épouvantable projet, la
jeune fille avait préparé à l'inten-
tion de sa mère une lettre où elle
reconnaissait ses fautes et déclarait
ne pouvoir survivre à un camarade
qui avait fait battre son jeune coeur
et qui était mort quelques jours au-
paravant.
9 Trois autres morts sont malheu-
reusement venues s'ajouter aux deux
que nous annonçions hier, parmi les
victimes du tamponnement survenu
avant-hier, dans la soirée, au pont de
la Révolte, près de Saint-Denis, où
la locomotive du rapide Cologne-Pa-
ris a effroyablement heurté les der-
nières voitures de l'express Lille-
Paris à l'arrêt.
Les cinq morts sont
1° M. Chartes Rousseau, 66 ans, miro;-
lier, rue Jean-Levasseur, à Lille, qui su
rendait deux fois par mois à Paris,
rue Etienne-Marcel, où il avait u:ii:
chambre.
2° M. Georges Jourdan, àgé de 64 ans;
3° M. Jules Jourdan, âgé de 11 an»,
neveu et fils adoptif du précédent et
demeurant avec lui, 30, rue du Marché-
Lancelles, à Amiens.
4° M. Godin, kgè de 27 ans, décédé a
l'hôpital de Saint-Denis.
5° Une petite fille de cinq ans, Jeawe
Sebileau, dont les parents, habitat
Amiens, sont eux-mêmes en traitement Il
l'hôpilal Lariboisière, mais heureusement
pas dans un état grave.
Les mécaniciens des deux trains
ne sont pas d'accord avec l'aiguilleur
La responsabilité du mécanicien
tamponneur, NI. Leclair, du dépôt
de la Chapelle auquel, d'après les
toutes premières vérifications, on
reprochait d'avoir « brûlé » deux
signaux à l'arrêt, ne semble plus,
après l'enquête, plus approfondie
faite hier, aussi engagée qu'on le
croyait la veille.
Eu jCP.'jBjL^Cpncerne les signaux
qui auraient été à l'arrêt, M. Le-
clair et M. Poignon, mécanicien du
train tamponné, sont en cont.radic-
tion absolue avec l'aiguilleur.
M. Poignon, qui conduisait le train
tamponné, donne les précisions sui-
vantes
Après le passage de la gare de
Saint-Denis, j'ai trouvé mus les signaux
ouverts, donnant la voie libre, sauf le si-
gnal en losange dit « répétiteur SI
la voie était ainsi fermée, c'est qu'il fal-
lait laisser passer le train de Pontoise.
J'ai aussitôt actionné les freins rapides.
bientôt, mon train stoppait, au mament
même où le signal d'arrêt de la cabine
12 me laissait à nouveau la vole libre.
J'ai voulu alors reprendre ma rout»,
mais le débloquage des freins m'a de-
mandé quatre minutes environ. Pendant
ce temps-là, j'aurais dû être couvert pir
le sémaphore précédent qui eût indiqué
que je n'avais pu encore repartir. Mais
i: n'en fut point ainsi, et vous savez le
résultat.
J'ajoute que je n'ai pas entendu ta
détonation du pétard qui aurait dû écla-
ter au sémaphore et donner l'alarme k
mon collègue.
114. Auguste Leclair, qui pilotait la
machine 128 du train « Cologne-
Paris n'est ni moins afflrmatif,
ni moins précis
A la sortie de la gare de Saint-
Denis, dit-il, tous les signaux indiquaient
la voie libre et, seul, après le passage du
pont de la Révolte, le damier en losange
(répétiteur) indiquait l'arrêt. J'ai freiné
aussitôt et j'ai renversé la vapeur pour
ralentir mon convoi mais, lancé à 80 à
l'heure (vitesse normale), je n'ai pu ar-
rêter assez tôt pour éviter le tamponne-
ment. J'ai conscience de n'avoir commis
aucune imprudence ni aucune faute
professionnelle. J'affirme que de même
que mon collègue du train Paris-Lille je
n'al pas entendu le bruit des pétards.
L'enquête du service de contrôle
M. Gilles-Gardin, directeur par
intérim du contrôle, qui avait ac-
compagné le ministre des Travaux
publics au pont de la Révolte et qui
était resté sur place toute la nuit. a
remis, hier, à midi, son rapport à
M. Laval qui l'a commenté aux jour-
nalistes réunis dans son cabinet.
L'enquête a établi 1° que le
sémaphore n° 9 protégeant le train
318 arrêté et la palette Scm. étaient
fermés au moment où le tamponne-
ment s'est produit 2° que le porte-
pétard automatique appuyant t ce
sémaphore contenait une cartouche
percutée et non explosée, ce qui in-
dique que le signal a été franchi à
l'arrêt. Si, comme le dit le mécani-
cien Leclair, le sémaphore avait
indiqué la voie libre, aucune cartou-
che n'aurait dû être percutée à
moins que le poste n'ait omis de
signaler le franchissement du séma-
phore par un train précédent
3° que le damier vert et blanc qui
annonce le signal carré était égale-
ment fermé.
Pourtant, ajoute M. Gilles-Gardin,
le mécanicien du train 128 bit
affirme énergiquement, d'accord avec
le chef de train et le chauffeur, qu'il
a trouvé le sémaphore 9 st la palette
Sem à la position d'ouverture et que
ce n'est qu'en voyant le damier vert
et blanc fermé qu'il a actionné son
frein. Et le directeur du contre)''
remarque que le sémaphore fermé
avec ses deux feux rouge et vert eït
vi3ible d'une distance beaucoup plus
grande que le damier monté sur le
même mât.
Le mécanicien déclare qu'il avait
ralenti momentanément de 110 à 9O
kilomètres à l'heure, puis repris un
peu de vitesse en trouvant l'appareil
Sent du sémaphore 9 à voie libre.
L'examen de la banrlP enresistreusi.»
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