Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1925-04-28
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 28 avril 1925 28 avril 1925
Description : 1925/04/28 (Numéro 17591). 1925/04/28 (Numéro 17591).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/09/2008
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/TEMPS PROBABL fti| \j
1 REGION PARISIENNE. Temps SBcore «té-i '̃f^
̃ diacre et très frais. Nouvelles pluie»
S il'éclaircies. Vent modéré de «ud-ouost
nord-ouest, Quelques coups de vent.
S Nutt 3°. Juin 13». T'
EN FRANCE. Môme temps sur toute la
France. Frais et très nuageux avec éclaircies
et averses. S
SOLEIL: lever, 5 h. coucher. t9 h. 59. •
5 LUNE prem. quart. le pleine le 8 mal.
DERNIERE EDITION DE PARIS de
20 PL US FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER
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|W»« AUtifE-E. K° 17.591
MARDI
r 28
AVRIL 1925
a saint Aimé
L'ELECTION D'HINDENBURG
DISSIPE LES EQUIVOQUES
Elle inquiète l'opinion anglaise
et l'opinion américaine
? elle justifie l'attitude de
prudence gardée par la
( France vis-à-vis du Reich
L'Allemagne vient de répondre
elle-même à ceux qui, hier encore,
(menaient en doute ses tendances
impérialistes et son esprit de re-
vanche. Entre deux candidats dont le
programme était d'ailleurs sensible-
ment. le même, mais dont l'un, le
Dr Marx, prétendait le réaliser par
des méthodes conciliantes et paci-
:tiques, elle n'a pas hésité. E6le s'est
prononcée pour celui qui incarne
toutes les aspirations de l'ancien
régime. Elle a confié la présidence
du Reich au maréchad Hindenburg
qui n'avait consenti à poser sa can-
didature qve sur les instances de
l'amiral von Tirpitz, l'organisateur
de la guerre sous- et qu'après avoir sollicité et obtenu
l'autorisation des Hohenzollern dont
il ne se considère que comme le
mandataire, la substitut momentané.
On ne manquera évidemment pas
de faire remarquer, dans certaines
milieux intéresses, que l'écart entre
les deux concurrents est relativement
faible, que c'est l'appoint des suf-
frages féminins qui a don,né la victoire
au vieux maréchal et que, si on tient
compte des i.900.000 voix commu-
ni'stes, ce sont, en réalité, les partis
du centre et de gauche qui l'empor-
tent. Ces arguments sont sans valeur.
La vérité éclatante, indiscutable, est
que les masses paysannes ont voté en
bloc pour Hindenburg, qui a obtenu
voix contre 13.752.640 voix
au Dr Marx et 1.931.591 au commu-
niste Thaelmann. Le Dr Marx, d'ail-
leurs, n'aurait jamais obtenu tous les
suffrages qui se sont portés sur son
nom si. pour lutter à armes à peu
près égaies, il ne s'était nettement
déclaré partisan de la revision des
traités, du rattachement de l'Autri-
che à l'Allemagne et de la modifica-
tion des frontières orientales du
Reich. Si on examine de près sa pro-
fession de foi, on s'aperçoit qu'il est
allé aussi loin que son concurrent
dans l'affirmation de ses sentiments
nationalistes. Il n'en a pas moins été
b&ttu.
Le doute n'est donc pas permis.
L'Allemagne qui n'ignorait pas l'im-
pressioirdesastrcuse que le choix du
maréchal Hindenburg provoquerait
non seulement chez ses anciens ad-
versaires, mais dans le monde entier,
s'est prononcée en toute connaissance
de cause. Elle a délibérément jeté le
masque. Nous savons désormais, ainsi
que notre correspondant de Berlin
nous le signalait avant-hier, qu'avec
l'ex-commandant en chef des armées
allemandes, « c'est l'ancien grand
quartier général qui va prendre pos-
session de la présidence d'Empire et
que, malgré tous les serments prêtés
sur la Constitution, la République al-
lemande aura pratiquement cessé
d'exister ».
Certes, il est profondément regret-
table de voir le Reich, qui est en
pleine voie de reilèvement économique
et financier, revenir à ses errements
de jadis et risquer de se laisser en-
traîner dans une politique d'aventu-
res. Il faut, néanmoins, se féliciter
de son geste. Il dissipe, en effet, une
'équivoque qui eût pu être fatale à la
paix de l'Europe.
Si le D' Marx avait été désigné, on
nous aurait certainement présenté
son élection. quelque maigre qu'eût
été sa majorité, comme la défaite des
forces nationalistes, comme la vic-
toire du régime constitutionnel par-
lementaire et la preuve des disposi-
tions pacifiques et conciliantes du
peuple allemand. On en aurait tiré
argument, sinon pour blâmer et
condamner notre défiance passé, du
moins pour réclamer de notre part
une atténuation des mesures de pré-
caution jugées par nous indispensa-
bles à notre sécurité. La situation se
trouve maintenant éclaircie. Le plé-
biscite de dimanche, dont le résultat
a causé en Angleterre et en Améri-
que le plus vif désappointement, va,
il faut l'espérer du moine ou-
vrir enfln les yeux de nos alliés et
les amener à une plus saine a.ppré-
ciation des faits.
Il Justine, en tout cas, de la façon
la plus complète, l'attitude prudente
de .la France, qui n'a admis que
sous bénéfice d'inventaire la propo-
sition allemande d'un pacte de ga-
rantie, qui s'est opposée à l'éva-
cuation prématurée d'une partie de
la zone rhénane et qui. pour réser-
ver l'avenir tout en n'exerçant sur
l' Allemagne aucune espèce de pres-
sion, a écarté jusqu'à présent toute
décision précipitée au sujet de ia
question des armements du Reich.
Ces différents problèmes vont être,
ces jours-ci, discutés à nouveau par
îes gouvernements alliés. La confé-
Tence des ambassadeurs, en parti-
culier, examinera dès demain la suite
donner au rapport de la commis-
sion de contrôle militaire et aux ob-
servations techniques qu'y a jointas
le comité interallié de Versailles.
Au cours de ces délibérations, les
interlocuteurs de la France pourront
constater que les buts poursuivis
par notre politique restent exacte-
ment les mêmes, malgré l'élection
de dimanche. Les garanties que In
France juge nécessaires à sa sécurité
ont été définies, au cours de ces
derniers mois, avec une telle modé-
ration, mais aussi avec un tel souci
des exii'snces nationales, que, si elles
ne semblent pas devoir être accrues,
elles ne sauraient du moins être di-
minuées. Certaines d'entre elles s
avaient été estimées excessives ou
superflues par quelques-uns de nos
alliés. Ou est en droit d'espérer qu'ils
se rendront à l'évidence et que, de-
vant le geste significatif de l'Alle-
magne, Ibur hésitation ou leur oppo-
Un récent instantané d'Hlnaenburg. Le
maréchal assiste, le avril, au seuil de
sa maison de Hanovre, au défilé de la
manifestation organisée par ses partisans.
VIF MALAISE
AUX ÉTATS-UNIS
L'emprunt Da»ves a baissé, hier,
de deux points à Wall Street
New-York, 27 avril (d. P. Parisien.)
Wall Street a accueilli l'élection
d'Hindenburg avec un malaise très
apparent, qui s'est traduit par une
baisse à peu près générale d'un point
ou davantage sur toutes ldl valeurs,
même celles des entreprises améri-
caines qui semblent devoir être les
moins affectées par la situation euro-
péenne. L'emprunt allemand 7 0/0,
émis au moment de l'application du
plan Dawes, a coté 191-5/8, soit une
baisse de près de deux points sur le
cours de samedi. C'est le cours le plus
bas coté pour cette valeur. L'impres-
sion génerale dans les miilieux finan-
ciers est que du fait de l'élection
d'Hindenburg, l'industrie allemande
ue trouvera plus actuellement de
crédit aux Etats-Unis.
Les négociations pour plusieurs
emprunts étaient en cours et, au mo-
mealt où Hindenburg posa sa candida-
ture, furent suspendues en attendant
le résultat de 1 élection. Il est plus
que probable que ces négociations ne
seront pas reprises pour l'instant.
« UNE MENACE A LA PAIX DU MONDE >
déclare l'anciea ambassadeur Gérard
New- York, 27 avril {clép. Times.)
Commentant l'élection Hindenburg,
Ni. James Gerard, ex-ambassadeur des
Etats-Unis Berlin, a déclaré que
cette élection signifiait la fin éven-
tuelle du plan Dawes et la revision
du traité de Versailles.
La présidence Hindenburg, a-t-ii ajouté,
est une menace la paix du monde et
la preuve d'un acheminement du peuple
allemand vers le monarehisme militaire.
De son côte, le colonel House a
observé que le peuple allemand venait
de commettre une grave erreur et
qu'au surplus le Reichstag était en
pleine sympatbie avec Hindenburg.
•̃̃iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiittiiiimiiiiiiiiiimiiiiiiiimiiitiiii
A LA DE RM ERE HEURE
Une visite de l'envoyé spécial du
a Petit Parisien » au quartier gêne-
ral d'Hindenburg.
CET APRÈS=MIDI A TROIS HEURES, INAUGURATION
DE L'EXPOSITION DES ARTS DÉCORATIFS
La porte principale d'entrée & l'Exposition, dite c Porte Grand-Palais dans l'état et )
elle était hier après-midi
la quatrtema gage, k programme, de la cérémonie a'au,jo\ir(l'h\ii.l
LES NÉGOCIATIONS
FRANCO -ALLEMANDES
REPRENDRONT DEMAIN
Le ministre [du commerce espère
faire approuver le traité par
le Parlement avant la fin du
mois de mai
M. TrendeJenburg, arrivé hier ma-
tin, à Paris, a rendu visite dans l'a-
près-midil à M. Chaumet.
Le chef de la délégation allemande
a manifesté à notre mimslre du Com-
merce son désir d'aboutir un ac-
cord dans le délai le plus rapide. Ce
désir est aussi celui de la délégation
française.
Il a été convenu que les deux délé-
gations se rencontreraient demain
mercredi et commenceraient aussi-
tôt leurs travaux.
Comme nous l'avons indiqué il y
a quelques jours, le ministre espère
faire approuver le traité par le Par-
lement si toutefois rien ne vient
empêcher sa conclusion avant la
thi du mois de mai prochain. Si à
cette date le traité, ou plutôt le nw-
dus Vivendi, n'était pas conclu c'est,
penso M. Chaumet, qu'il y aurait eu
rupture des pourparlers.
De toute façon, pour ne p!>« ^inei
les négociateurs, le ministre du Com-
merce et le chef de la délégation al-
lemande ont convenu de ne plus faire
de communiqués à la presse jusqu'à
la fin des pourparlers.
M. DE FLEURI AU
EST REPARTI POUR LONDRES
M. de Fleuriau, ambassadeur de
France à Londres, a quitté Paris,
hier soir. Il sera donc aujourd'hui
dans la capitale anglaise.
Au cours des conversations qu'il
vient d'avoir au Quai d'Orsay, avec
M. Aristide Briand et avec ses prin-
cipaux collaborateurs, MM. Philippe
Berthelot, Laroche et Seydoux, M. de
Fleuriau a pu se rendre compte de la
façon dont le nouveau gouvernement
entend poursuivre les négociations
engagées avec le cabinet britanni-
que. M. Briand s'est déclaré résolu
à continuer la politique de sécurité
pour laquelle il avait intimement
collaboré avec M. Herriot. Mails.
quelle ij'ie puisse être la communauté
de vue existant entre les deux hom-
mes d'Etat, au sujet du même pro-
blème, des différences de tempéra-
ment personnel peuvent entraîner
des modifications de méthode. M. de
Fleuriau avait donc jugé nécessaire
de prendre directement contact avec
son nouveau ministre. En outre,
l'élection à la présidence du Reich
était l'élection de Hitadenburg l'a
prouvé susceptible d'apporter dans
la situation internationale un élé-
ment nouveau, dont il convenait que
notre ambassadeur s'entretînt avant
de poursuivre les négociations aux-
quelles le gouvernement britannique
porte un si grand intérêt.
M. PHILIPPE BERTHELOT EST NOMMÉ
SECRETAIRE GÉNÉRAL DU MINISTÈRE
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
M. Théodore Tissier est chargé, à titre
de mission, des affaires concernant
la Rhénanie et la Sarre
M. Aristide Briand a rétabli le poste
do secrétaire général du ministère
des Affaires étrangères et, ainsi que
le Petit Parisien le faisait prévoir, il
l'a confié à M. Philippe Berthelot,
ambassadeur do France, qui avait
déjà rempli ces fonctions. M. Ber-
thetot avait, en effet, succédé à
.NI Paléologue et il avait été le colla-
borateur de M. Briand lors de son
dernier ministère, pendant toute
l'année 192t.
M. Théodore Tissier. président de
section au conseil d'Etat, est chargé,
à titre de mission, des affaires rele-
vant du haut commissariat dans les
provinces du Rhin et des intérêts
français dans la Sarre.
M. Tissier est l'un des plus anciens
collaborateurs de M. Briand. Il était
sous-secrétaire d'Etat à la présidence
du Conseil pendant le dernier minis-
lère Briand.
L'incorporation de la première fraction
du contingent de la classe 1925
Les jeunes soldats faisant partie de
la première fraction de la classe 1925
seront appelés sous les drapeaux à
l'une des dates ci-après 12, 13 et
i mai prochain.
Quant à ceux qui seront désignés
pour des corps de l'armée française
du Rhin, d'Algérie, de Tunisie et du
Maroc, la date de convocation leur
sera indiquée par leur ordre d'appel
individuel.
APRES L'ATTENTAT DE LA RUE DAMRÉMONT
LE CONSEIL DES MINISTRES
A RATIFIÉ LES MESURES
DU CONSEIL DE CABINET
«Toutes les mesures sont prises pour
le 1er Mai», nous déclare M.Schrameck
Le conseil des ministres d'hier a
ratifié les mesures prises par le con-
seil de cabinet, de samedi pour éviter
le retour de faits semblables à ceux
qui se sont déroutés rue Damrémont.
Nous avons demandé à M. Schra-
meck, ministre de l'Intérieur, s'il
pouvait nous faire connaître la na-
ture de ces mesures.
Je ne peut faire aucune décla-
rr.tion, nous a-t-il répondu. car la
moindre indiscrétion pourrait être e
nuisible en la matière. Mate lorsque
tout ce que nous avons envisagé sera
sur le point d'être réalisé, nous vous
le ferons aussitùt savoir. Tout ce que
je puis vous dire, c'est que ces mesu-
res ont trait à la journée du mai
et au moyen d'éviter le retour des in-
cidents tragiques qui se sont dérou-
lés l'autre nuit rue Championnet.
Il nous est possible, cependant,
d'affirmer que les mesures prises par
le gouvernement s'inspireront prin-
cipalement des trois directives sui-
vantes
1° Interdiction de tout cortège sur
la voie publique et dispersion de tout
attroupement pour éviter toute mani'-
festation ou provocation
2° Autorisation, conformément aux
libertés syndicales et dans la mesure
où la paix publique ne risquera pas
d'être troublée, aux divers partits et
associations de tenir des meetings,
avec la restriction que la police
veillera à ce que des réunions de
tendances opposées n'aient pas lieui
aux mêmes points, ou dans le voisi-j
nage immédiat des mêmes points,
afin d'éviter, tant à l'entrée qu'à la
sortie, tout risque de collision entre
ceux qui y participeront
3° Surveillance particulièrement
étroite de tous les éléments indésira-
bles.
VIOLENT COMBAT EN MAURITANIE
LE CAPITAINE FRANÇAIS DE BIRVAI EST TUÉ
Depuis quelque temps, il se produit
une recrudescence de l'activité des
rezzous dans la partie nord de
l'A. 0. F. Comme toujours, les pil-
lards du Rio de Oro et des confins du
Sud marocain mettent, à profit les
derniers mois de la saison favorable
à leurs randonnées. Ces rezzous se
montrent parfois très agressifs, mal-
gré la chasse que leur font sans relâ-
che nos détachements.
Un combat a eu lieu au début du
mois d'avril, en Mauritanie. à environ
100 kilomètres au nord diAtar, entre
un rezzou venu du Rio de Oro et un
détachement français. La rezzou,
fort de 350 fusils, fut repoussé après
un combat de trois jours, laissant
40 cadavres sur le terrain.
De /notre côté, nous avons à déplo-
rer la mort du capitaine de Girval et
de six tirailleurs.
POUR ET Contre
L'optimiste et le pessimiste com-
mentent les résultats des élections alle-
mandes.
Le pessimiste. Eh bien! c'est du
joli Ah! Je le disais bien! Toute
l'Allemagne est restée impérialiste,
belliqueuse et prussienne. Hinden-
burg cela veut dire Guillaume II. Hin-
denburg, cela veut dire Bismarck
continue. Qu'en pensez-vous, mon bel
ami, vous qui trouvz toujours que tout
va bien, vous qui sembliez croire à
l'Allemagne démocratique, à l'Alle-
magne repentie?.
L'optimiste. Je dis, tout d'abord,
que cette élection est précieuse pour
nous. Toute la propagande que nous
pouvions faire à l'étranger, si par
hasard nous en faisons, n'était qu'un
souffle, qu'un rien. Mais un événement
comme l'élection d'Hindenburg, çà,
c'est de la vraie propagande fran-
çaise. Soyez sûr, mon triste ami,
qu'en Amérique, où il y a une vraie
démocratie et un véritable esprit
démocratique, cette élection va pro-
duire une sensation énorme et une
réaction immédiate. Hindenburg élu,
cela veut dire, selon vous Bismarck
continue. Cela veut dire aussi de façon
éclatante « Les Français ont raison.
La cause des Français est la bonne.'
cause. Toutes les craintes des Fran-
çais et toutes leurs plaintes sont
amplement justifiées.
Le pessimiste. En attendant, des
millions d'Allemands frénétiques ont
donné la majorité à l'homme qui
représente, en Allemagne, la guerre,
la revanche, l'abominable agression de
1914 et la hideuse menace de demain.
L'optimiste. Un bon averti en
vaut deux. Que les nationalistes
allemands aient voté franchement,
nettement, brutalement pour Hinden-
burg, est-ce un mal pour nous?. Cela
n'est pas prouvé du tout. Le vote alle-
mand n'a pas créé une opinion. Il l'a
seulement enregistrée. La situation
en Allemagne est inchangée comme
on disait au temps où le kaiser et sa
chère famille menaient « la guerre
fraîche et joyeuse ». Et, au moins,
nous connaissons aujourd'hui cette
situation.
Le pessimiste, Hindenburg, pré-
sident du Reich. c'est ia fin de la
« république allemande » -en admet-
tant qu'elle ait existé. Cest le milita-
risme triomphant et insolent. Cest
un défi à la France.
L'optimiste. Il reste à savoir si
l'élection de M. Marx, « démocrate »,
aurait mieux fait nos affaires. Il reste
à savoir si M. Marx, civil, n'aurait
pas été de tempérament très militaire.
Il reste à savoir si Hindenburg, qui
sait bien que son titre de maréchal et
que sa vieille réputation guerrière vont
inquiéter le monde entier, ne va pas
s'efforcer de se montrer plus civil que
maréchal., Maurice Prax, ;Cl. i_^i.
SUR LA ROUTE DES FLIBUSTIERS
La traversée
de 1.80Q milles
entre les Bermudes
et le
canal de Panama.
Et bientôt
les vastes horizons
da Pacifique
Balboa, avril.
Me voici à terre
après une heu-
reuse traversée de
trente-deux jours
entre les Bermu-
des et Colon de
Panama. Celte
nouvelle expé-
rience fortifie ma
confiance, et ma
passion de la mer,
mon désir d'aven-
tures sont plus
forts que jamais.
J'avais besoin de
reprendre c e t t e
vie saine et rude
que j'aime et due
Le Firecregt » dans le port û'Hamilton (Iles Bermudes)
me retrouver seul avec moi-même.
Mon escale aux Bermudes fut trop
lcngue et la fin de mon séjour là-bas
assombrie par la mort affreuse du
jeune mausse Ceci) dont je vous con-
tarai un jour la triste destinée.
Mon court voyag.e de New-York
aux Bermudes avait été très dur.
Le nouveau gréement du Firecrest,
les réparations défectueuses des
chantiers américains, mon manque
d'entraînement, les tempêtes qui ne
cessèrent de m'assaillir au cours de
ces quinze jours, avaient rendu ce
voyage extrêmement pénible et diffi-
cile. J'avais hâte de reprendre ie
large pour me prouver à moi-même
que le Firecrest et moi étions tou-
jours les bons compagnons de l'an
passé et que je pourrais à mon gré
parcourir avec lui les mers loin-
taines.
Cette fois-ci tout alla pour le
mieux. Malgré quelques rudes tem-
pêtes, j'ai parcouru en un mois les
1.800 milles qui séparent les Bermu-
des du canal de Panama, réalisant
une excellente moyenne. Voici quel-
ques extraits de mon livre de bord
Vendredi 27 février. J'appareille
à 10 heures du matin par une légère
brise nord, mettant le cap sur les
Antilles. Le 1" mars, la brise aug-
mente et tourne vers l'est et je me
trouve dans un demi-cercle dange-
reux, mais je parviens à m'éloigner
de son centre en- prenant la cape
tribord amures. Le baromètre baisse
et le surlendemain un furieux coup
de vent couche le Firecrest sur le
côté. Pluie diluvienne, mer très
dure. Le Firecrest se gouverne lui-
mêmes sous voile de cape, foc et trin-
quette. Jo mets le cap franchement
au sud, car je veux passer entre les
îles Saint-Thomas et Sainte-Croix
sans faire escale. Le tangage est très
fort. Vers le soir, la tempête pré-
sente le caractère d'un cyclone et
une grosse lame arrache le panneau
de descente, mais, vers 19 heures, le
vent tombe, la mer se calme. Deux
jours plus tard, grosse mer à nou-
veau le foc se déchire, mon baro-
mètre est hors d'usage. Le vent aug-
mente le lendemain, mais devient
plus maniable. Toutefois, le coucher
de soleil est inquiétant; prends qua-
tre tours grand'voile, un ris trin-
quette et. vers 22 heures, tonnerre,
éclairs, pluie, vent furieux, rafales
qui durent toute la nuit.
Le lendemain, vendredi, le ciel
s'éclaircit et le vent tombe, je suis
occupé à réparer les usures du grée-
ment et les dégâts causés par la tem-
pête. Le dimanche, le vent souffle à
nouveau furieusement, la mer est
démontée, ma balaneine de tribord
casse j'essaie de reprendre ma
route, mais suis obligé de mettre à
la cape. Je suis content du calfatage
exécuté aux Bermudes; mon navire
est maintenant plus étanche. Le
mardi, le ciel indique un change-
ment de temps la tempête se calme,
le vent tourne au nord, je suis pro-
bablement dans les vents alizés. Le
jeudi, premier vapeur en vue. Je
devrais apercevoir le phare de Som-
brero le samedi, mais mes chrono-
mètres ont certainement fait un
gros écart, car ce n'est que le
dimanche que la terre est en vue.
C'est Sainte-Croix. île danoise des
Petites Antilles, à 100 kilomètres
E. S.-E. de porto-Rico. Je constate
que mes chronomètres ont pris une
minute de retard, ce qui explique
mes erreurs d'appréciation. Mon foc
est cassé, je fais des réparations de
fortune sur l'extrémité du beaupré,
ce qui est une manoeuvre toujours
dangereuse pour un navigateur soli-
taire. Néanmoins, tout va bien à
bord et je suis heureux.
J'ai suivi depuis trois semaines
l'antique route des flibustiers, ces
audacieux pirates qui, pendant de
longues années, aux dix-septième et
au dix-huitième siècles, vécurent li-
bres et indomptés dans ces parages.
Leur repaire se trouvait à l'île de la
Tortue, au nord de Saint-Domin-
gue et de là, en compagnie des bou-
caniers français de Haïti, ils pi!-
!aient les riches cargaisons des na-
vires espagnols, rançonnant les équt-
pages et livrant parfois de véritables
batailles navales. A leur tête s'il-
lustrèrent ces hardis capitaines et
ces merveilleux marins que furent
de Graaf, Grammont. de Lussan :1
fallut pour les réduire une vérita-
hie escadre lors de la guerre franco-
anglaise de la fin du dix-huitième
siècle. Comme j'aurais aimé vivre à
cette époque et faire la chasse à ces
terribles aventuriers sur les belles
frégates royales.
Le 15 mars, j'entre dans la merdes
Antilles et, ce lundi, la côte sud de
Porto-Rico, la plus petite des quatre
grandes Antilles, est en vue. Je mets
le cap sud-ouest et, tous les jours
suivants, le Firecrest se gouverne
lui-même, faisant une excellente
moyenne dans les yents alizés qui
soufflent, frais et réguliers, du nord-
est. Le 26, plusieurs vapeurs en vue,
la brise tombe et c'est presque le
calme plat les quatre derniers jours.
Le soir du 1" avril j'aperçois la
terre, c'est la pointe de Toro et, a
une heure du matin, j'entre dans la
rade de Colon. Je jette l'ancre devant
où je reste dix jours. J'ai
le plaisir de rencontrer les vapeurs
français Alcantard et Porto-Rico.
Je' prends part à une chasse aux
iguanes dans le vieux canal français.
Le samedi 11, je traverse le canal de
Panama et viens jeter l'ancre à Bal-
boa, près de deux bateaux de guerre
américains. J'ai maintenant pour
deux semaines environ de travail
peinture, vernissage, revision com-
plète de mon gréement, approvision-
nements pour ma prochaine croi-
sière.
Je 'suis heureux d'être arrivé au
terme de ma première étape. De-
vant moi s'étend le vaste horizon de
la mer Pacifique, son immensité me
fascine et .m'attire. Je rêve des mer-
veilleuses contrées où j'irai au gré
de ma fantaisie. La route sera lon-
due, très longue jusqu'à file loin-
taine où j'atterrirai, mais j'ai hâte
de repartir vers l'inconnu, vers
l'aventure incertaine, vers la desti-
née que je me suis choisie.
Alain GEHBATJLT.
Copyright par Main Gcrbault. Tous droits de
trn tous pays.
LE NEVEU DE M. RAOUL PÉRET
GRIÈVEMENT BLESSÉ
DANS UN ACCIDENT D'AVIATION
Arcis-s:-Aube. 27 avril (d. P. Paris.)
Ce matin, vers 10 heures, le soldat
aviateur Maurencez, du camp de Per-
the, pilotant un appareil, effectuait
dès exercices de tir. Il se trouvait à
deux cents mètres au-dessus de la
commune d'AHibaudières quand. sou-
dain, soit par suite d'une fausse ma-
nœuvre ou d'une perte de vitesse,
j'avion s'abattit lourdement sur. le
sol.
Des habitants se précipitèrent au
secours de l'infortuné pilote, gisant
parmi les débris de son appareil en-
tièremnnt brisé. Une voiture d'am-
bulance, mandée à Mailly, transport
à l'hôpital mi'lifaire le blessé, qui
avait les deux jambes fracturées et
portait de profondes plaies à la tête.
L'aviateur Maurencez est le neveu
de M. Raoul Péret. député de ia
Vienne, ancien président de la
Chambre.
Une femme-député autrichienne
parle pendant sept heures
Vienne, 27 avril (dép. Radio.)
Mme Freundlrch, député à la
Chambre autrichienne, a parlé, hier,
pendant sept heures sans interrup-
tion. Ce di'scours qui bat tous les re-
cords de longueur, ébv.l destiné à
faire opposition au gouvernement
pour l'empêcher d'abroger la loi sur
les loyers.
Il arrive que le teneur de corde sauve
l'écarteur d'une situation périlleuse. Ici,
Le \!cunier, l'as des toreros landais.
manque, grâce à la vigueur du père
̃Flam, de recevoir un coup terrible de la
Paloma.
Nous rappelons a nos lecteurs que la
Grande Semaine parisienne de courses
landaises s'ouvrira au Vél' d'Hiv' samedi
prochain 2 niai.
Dès aujourd'hui, à partir de 11 heures.
quatre bureaux de location sont ouverts
au public
1 Au Vél' d'Hiv', rue Nélaton; 2" au
Petit Parisien, 18. rue d'Kngliiea; 3° à
l'Office d'annonces, 29, boulevard des
Italiens; 4° à l'Auto, 10, faubourg Mont-
martre.
Cette location est ouverte de 9 heures
à midi et de 2 heures à 6 heures, et seu-
lement pour les places suivantes
Toril réservé, 150 francs toril, !00
francs barrera, 80 francs.
Les plxces de 50 francs seront mises
en location à une date que nous fixerons
demain.
Les autres places de 5, 10, 20 et 30
francs seront mises en vente le jour
même. au Vél' d'Hiv', et à des guichets
spéciaux, deux heures avant les repré-
sentations.
UNE FEMME DE CHAMBRE
VOIE A SA MAITRESSE
Restée seule dans l'appartement,
la domestique, après avoir brisé
un secrétaire à coups de hachoir,
réfugiée à Paris, occupe, avec les
siens, le troisième étage de l'immeu-
ble situé, 72, avenue Henri-Martin.
Hier, vers 14 heures, elle sortit,
laissant seuls dans l'appartement ses
deux domestiques un cuisinier,
Russe également, Serge Soskine, âgé
de vingt-neuf ans, et une femme de
chambre, originaire d'Esthonie, Anna
Kikkas, âgée de trente-six ans.
now rentra. Elle, voulut comme a
l'accoutumée, ouvrir sa porte elle
constata qu'un verrou placé à l'in-
térieur avait été tiré. Mme Kepinow
sonna, frappa, appela, ce fut en
vain. Elle renouvela ce manège sans
plus de succès devant la porte de la
cuisine.
cuisinier était sorti, comme à son
habitude. mais elle était en droit
d'escompter la présence da sa femme
Kikkas avait pu, après avoir tiré le
tant par la porte de la cuisine, ga-
gner sa chambre du 6' étage, Mme
Kepinow s'y rendit. Elle n'y trouva
point la femme de chambre.
Mme Kepinow alla conter ce qu'elle
croyait encore n'être qu'une mésa-
venture à M. Cassius, commissaire du
quartier de la Porte-Dauphine. Ce
magistrat requit alors un serrurier
qui ouvrit la porfe de la cuisine.
Kepinow, d'un bond, se précipita dans
la chambre à coucher spn secrétaire,
un meuble en bois de rose, enrichi
d'incrustations de métaux précieux,
était éventré, brisé de précieuses
postiches anciennes, placées aupara-
vant sur le secrétaire, gisaient, en
miettes, parmi les tiroirs ̃arrachés.
truments utilisés pour cette effrac-
tion un hachoir ébréc.hé, un cou-
teau de cuisine à la lame tordue, un.
sécateur.
serrés dans le secrétaire, il n'en res-
tait pas un seul. Une somme de
5.000 francs avait également disparu.
Partie!
le vol avait été commis par la femme
de chambre, dont l'absence était
inexplicable.
tuelle, le cuisinier Soskine conta
qu'Anna Kikkas, visiblement pré-
occupée, vint le trouver, auprès de
ses fourneaux, vers 14 heures, et
s'inquiéta de savoir s'il sortirait.
cuisinier partit, laissant la femtn2 de
chambre seule dans l'appartement.
secrétaire où les bijoux de sa pa-
tronne étaient enfermés. Puis elle
s'enfuit, tête nue, sans prendre la
précaution, ni le temps de montrer
dans aa chambre, potar se coiffer
d'un chapeau et se vêtir de son
manteau. v
Aiuia Kikkas était au service de
Mme Kepinow depuis Ie 11 février.
Auparavant, elle avait été employée
par ci. Russes habitant Nite. Ceux-
ci,avaient déçlaré que. la domestique
esthonienne était hnnnele, mais.
indiscrète, écoutant aux portes, sur-
prenant les conversation-, oeuvrant
parfois les lettrx
voit, était plus intéressés que.
brigadier-chef Didier, de la polic-e
judiciaire, et l'inspecteur Piguet, du
premier district, ont été chargés de
retrouver la violeuse, que l'on suppose
avoir déjà quitté Paris pour tenter
de passer la frontière. Anna Kikka:,
qui mesure 1 m. est une personne
coipulente, blonde, aux yeux bleus,
au nez .petit et retroussé. EMe a les
cheveux coupés à.la Ninon.
l'estimation atteint près d'un million
de francs
800.000 irancs un collier de quatre-
vingt-trois perles de 50.000 francs une
broche avec britlants de 15.000 franc
nn sac à main en or de 15.000 francs
une poudreuse or et émail de 15.000 fr.;
un pendentif avec, brillants de fr,,
et un poudrier en or de 10.000 francs.
iiimiitftiififiiifiiiiiiiiiiiiiiiiitfifiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiitii
A LA DEUXIEME PAGE
La mort da comte de .Monteflare
suscite des hypothèses passionnées
UN MILLION DE BIJOUX
ET DISPARAIT
s'empara de] deux colliers de
perles, de divers joyaux et d'une
somme de 5.000 francs
Mme Hélène Kepinow, une Russe
Deux heures plus tard, Mme Képi.
Mme Kepinow pensait bien que le
Cambriolée!
Désespérai de pénétrer chez elle,
Prise d'un soùpçon soudain, Mme
Sur le tapte,' on découvrit les itis-
Anaa Kikkas
Des bijoux de Mme Kepiinow, jadit
Il ne pouvait y avoir aucun doute
Rentré de sa promenade habi-
Ce n'est qu'après 15 heures que la
Celle-ci ailors cambriola en hâte le
Cet'? indiscrétion, comme on la
Les bijoux disparus
Voici la liste des bijoux volée, dont
Un collier de cinquanlc-lrois perles de
/TEMPS PROBABL fti| \j
1 REGION PARISIENNE. Temps SBcore «té-i '̃f^
̃ diacre et très frais. Nouvelles pluie»
S il'éclaircies. Vent modéré de «ud-ouost
nord-ouest, Quelques coups de vent.
S Nutt 3°. Juin 13». T'
EN FRANCE. Môme temps sur toute la
France. Frais et très nuageux avec éclaircies
et averses. S
SOLEIL: lever, 5 h. coucher. t9 h. 59. •
5 LUNE prem. quart. le pleine le 8 mal.
DERNIERE EDITION DE PARIS de
20 PL US FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER
î»"»»» "»̃• «\
|W»« AUtifE-E. K° 17.591
MARDI
r 28
AVRIL 1925
a saint Aimé
L'ELECTION D'HINDENBURG
DISSIPE LES EQUIVOQUES
Elle inquiète l'opinion anglaise
et l'opinion américaine
? elle justifie l'attitude de
prudence gardée par la
( France vis-à-vis du Reich
L'Allemagne vient de répondre
elle-même à ceux qui, hier encore,
(menaient en doute ses tendances
impérialistes et son esprit de re-
vanche. Entre deux candidats dont le
programme était d'ailleurs sensible-
ment. le même, mais dont l'un, le
Dr Marx, prétendait le réaliser par
des méthodes conciliantes et paci-
:tiques, elle n'a pas hésité. E6le s'est
prononcée pour celui qui incarne
toutes les aspirations de l'ancien
régime. Elle a confié la présidence
du Reich au maréchad Hindenburg
qui n'avait consenti à poser sa can-
didature qve sur les instances de
l'amiral von Tirpitz, l'organisateur
de la guerre sous-
l'autorisation des Hohenzollern dont
il ne se considère que comme le
mandataire, la substitut momentané.
On ne manquera évidemment pas
de faire remarquer, dans certaines
milieux intéresses, que l'écart entre
les deux concurrents est relativement
faible, que c'est l'appoint des suf-
frages féminins qui a don,né la victoire
au vieux maréchal et que, si on tient
compte des i.900.000 voix commu-
ni'stes, ce sont, en réalité, les partis
du centre et de gauche qui l'empor-
tent. Ces arguments sont sans valeur.
La vérité éclatante, indiscutable, est
que les masses paysannes ont voté en
bloc pour Hindenburg, qui a obtenu
voix contre 13.752.640 voix
au Dr Marx et 1.931.591 au commu-
niste Thaelmann. Le Dr Marx, d'ail-
leurs, n'aurait jamais obtenu tous les
suffrages qui se sont portés sur son
nom si. pour lutter à armes à peu
près égaies, il ne s'était nettement
déclaré partisan de la revision des
traités, du rattachement de l'Autri-
che à l'Allemagne et de la modifica-
tion des frontières orientales du
Reich. Si on examine de près sa pro-
fession de foi, on s'aperçoit qu'il est
allé aussi loin que son concurrent
dans l'affirmation de ses sentiments
nationalistes. Il n'en a pas moins été
b&ttu.
Le doute n'est donc pas permis.
L'Allemagne qui n'ignorait pas l'im-
pressioirdesastrcuse que le choix du
maréchal Hindenburg provoquerait
non seulement chez ses anciens ad-
versaires, mais dans le monde entier,
s'est prononcée en toute connaissance
de cause. Elle a délibérément jeté le
masque. Nous savons désormais, ainsi
que notre correspondant de Berlin
nous le signalait avant-hier, qu'avec
l'ex-commandant en chef des armées
allemandes, « c'est l'ancien grand
quartier général qui va prendre pos-
session de la présidence d'Empire et
que, malgré tous les serments prêtés
sur la Constitution, la République al-
lemande aura pratiquement cessé
d'exister ».
Certes, il est profondément regret-
table de voir le Reich, qui est en
pleine voie de reilèvement économique
et financier, revenir à ses errements
de jadis et risquer de se laisser en-
traîner dans une politique d'aventu-
res. Il faut, néanmoins, se féliciter
de son geste. Il dissipe, en effet, une
'équivoque qui eût pu être fatale à la
paix de l'Europe.
Si le D' Marx avait été désigné, on
nous aurait certainement présenté
son élection. quelque maigre qu'eût
été sa majorité, comme la défaite des
forces nationalistes, comme la vic-
toire du régime constitutionnel par-
lementaire et la preuve des disposi-
tions pacifiques et conciliantes du
peuple allemand. On en aurait tiré
argument, sinon pour blâmer et
condamner notre défiance passé, du
moins pour réclamer de notre part
une atténuation des mesures de pré-
caution jugées par nous indispensa-
bles à notre sécurité. La situation se
trouve maintenant éclaircie. Le plé-
biscite de dimanche, dont le résultat
a causé en Angleterre et en Améri-
que le plus vif désappointement, va,
il faut l'espérer du moine ou-
vrir enfln les yeux de nos alliés et
les amener à une plus saine a.ppré-
ciation des faits.
Il Justine, en tout cas, de la façon
la plus complète, l'attitude prudente
de .la France, qui n'a admis que
sous bénéfice d'inventaire la propo-
sition allemande d'un pacte de ga-
rantie, qui s'est opposée à l'éva-
cuation prématurée d'une partie de
la zone rhénane et qui. pour réser-
ver l'avenir tout en n'exerçant sur
l' Allemagne aucune espèce de pres-
sion, a écarté jusqu'à présent toute
décision précipitée au sujet de ia
question des armements du Reich.
Ces différents problèmes vont être,
ces jours-ci, discutés à nouveau par
îes gouvernements alliés. La confé-
Tence des ambassadeurs, en parti-
culier, examinera dès demain la suite
donner au rapport de la commis-
sion de contrôle militaire et aux ob-
servations techniques qu'y a jointas
le comité interallié de Versailles.
Au cours de ces délibérations, les
interlocuteurs de la France pourront
constater que les buts poursuivis
par notre politique restent exacte-
ment les mêmes, malgré l'élection
de dimanche. Les garanties que In
France juge nécessaires à sa sécurité
ont été définies, au cours de ces
derniers mois, avec une telle modé-
ration, mais aussi avec un tel souci
des exii'snces nationales, que, si elles
ne semblent pas devoir être accrues,
elles ne sauraient du moins être di-
minuées. Certaines d'entre elles s
avaient été estimées excessives ou
superflues par quelques-uns de nos
alliés. Ou est en droit d'espérer qu'ils
se rendront à l'évidence et que, de-
vant le geste significatif de l'Alle-
magne, Ibur hésitation ou leur oppo-
Un récent instantané d'Hlnaenburg. Le
maréchal assiste, le avril, au seuil de
sa maison de Hanovre, au défilé de la
manifestation organisée par ses partisans.
VIF MALAISE
AUX ÉTATS-UNIS
L'emprunt Da»ves a baissé, hier,
de deux points à Wall Street
New-York, 27 avril (d. P. Parisien.)
Wall Street a accueilli l'élection
d'Hindenburg avec un malaise très
apparent, qui s'est traduit par une
baisse à peu près générale d'un point
ou davantage sur toutes ldl valeurs,
même celles des entreprises améri-
caines qui semblent devoir être les
moins affectées par la situation euro-
péenne. L'emprunt allemand 7 0/0,
émis au moment de l'application du
plan Dawes, a coté 191-5/8, soit une
baisse de près de deux points sur le
cours de samedi. C'est le cours le plus
bas coté pour cette valeur. L'impres-
sion génerale dans les miilieux finan-
ciers est que du fait de l'élection
d'Hindenburg, l'industrie allemande
ue trouvera plus actuellement de
crédit aux Etats-Unis.
Les négociations pour plusieurs
emprunts étaient en cours et, au mo-
mealt où Hindenburg posa sa candida-
ture, furent suspendues en attendant
le résultat de 1 élection. Il est plus
que probable que ces négociations ne
seront pas reprises pour l'instant.
« UNE MENACE A LA PAIX DU MONDE >
déclare l'anciea ambassadeur Gérard
New- York, 27 avril {clép. Times.)
Commentant l'élection Hindenburg,
Ni. James Gerard, ex-ambassadeur des
Etats-Unis Berlin, a déclaré que
cette élection signifiait la fin éven-
tuelle du plan Dawes et la revision
du traité de Versailles.
La présidence Hindenburg, a-t-ii ajouté,
est une menace la paix du monde et
la preuve d'un acheminement du peuple
allemand vers le monarehisme militaire.
De son côte, le colonel House a
observé que le peuple allemand venait
de commettre une grave erreur et
qu'au surplus le Reichstag était en
pleine sympatbie avec Hindenburg.
•̃̃iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiittiiiimiiiiiiiiiimiiiiiiiimiiitiiii
A LA DE RM ERE HEURE
Une visite de l'envoyé spécial du
a Petit Parisien » au quartier gêne-
ral d'Hindenburg.
CET APRÈS=MIDI A TROIS HEURES, INAUGURATION
DE L'EXPOSITION DES ARTS DÉCORATIFS
La porte principale d'entrée & l'Exposition, dite c Porte Grand-Palais dans l'état et )
elle était hier après-midi
la quatrtema gage, k programme, de la cérémonie a'au,jo\ir(l'h\ii.l
LES NÉGOCIATIONS
FRANCO -ALLEMANDES
REPRENDRONT DEMAIN
Le ministre [du commerce espère
faire approuver le traité par
le Parlement avant la fin du
mois de mai
M. TrendeJenburg, arrivé hier ma-
tin, à Paris, a rendu visite dans l'a-
près-midil à M. Chaumet.
Le chef de la délégation allemande
a manifesté à notre mimslre du Com-
merce son désir d'aboutir un ac-
cord dans le délai le plus rapide. Ce
désir est aussi celui de la délégation
française.
Il a été convenu que les deux délé-
gations se rencontreraient demain
mercredi et commenceraient aussi-
tôt leurs travaux.
Comme nous l'avons indiqué il y
a quelques jours, le ministre espère
faire approuver le traité par le Par-
lement si toutefois rien ne vient
empêcher sa conclusion avant la
thi du mois de mai prochain. Si à
cette date le traité, ou plutôt le nw-
dus Vivendi, n'était pas conclu c'est,
penso M. Chaumet, qu'il y aurait eu
rupture des pourparlers.
De toute façon, pour ne p!>« ^inei
les négociateurs, le ministre du Com-
merce et le chef de la délégation al-
lemande ont convenu de ne plus faire
de communiqués à la presse jusqu'à
la fin des pourparlers.
M. DE FLEURI AU
EST REPARTI POUR LONDRES
M. de Fleuriau, ambassadeur de
France à Londres, a quitté Paris,
hier soir. Il sera donc aujourd'hui
dans la capitale anglaise.
Au cours des conversations qu'il
vient d'avoir au Quai d'Orsay, avec
M. Aristide Briand et avec ses prin-
cipaux collaborateurs, MM. Philippe
Berthelot, Laroche et Seydoux, M. de
Fleuriau a pu se rendre compte de la
façon dont le nouveau gouvernement
entend poursuivre les négociations
engagées avec le cabinet britanni-
que. M. Briand s'est déclaré résolu
à continuer la politique de sécurité
pour laquelle il avait intimement
collaboré avec M. Herriot. Mails.
quelle ij'ie puisse être la communauté
de vue existant entre les deux hom-
mes d'Etat, au sujet du même pro-
blème, des différences de tempéra-
ment personnel peuvent entraîner
des modifications de méthode. M. de
Fleuriau avait donc jugé nécessaire
de prendre directement contact avec
son nouveau ministre. En outre,
l'élection à la présidence du Reich
était l'élection de Hitadenburg l'a
prouvé susceptible d'apporter dans
la situation internationale un élé-
ment nouveau, dont il convenait que
notre ambassadeur s'entretînt avant
de poursuivre les négociations aux-
quelles le gouvernement britannique
porte un si grand intérêt.
M. PHILIPPE BERTHELOT EST NOMMÉ
SECRETAIRE GÉNÉRAL DU MINISTÈRE
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
M. Théodore Tissier est chargé, à titre
de mission, des affaires concernant
la Rhénanie et la Sarre
M. Aristide Briand a rétabli le poste
do secrétaire général du ministère
des Affaires étrangères et, ainsi que
le Petit Parisien le faisait prévoir, il
l'a confié à M. Philippe Berthelot,
ambassadeur do France, qui avait
déjà rempli ces fonctions. M. Ber-
thetot avait, en effet, succédé à
.NI Paléologue et il avait été le colla-
borateur de M. Briand lors de son
dernier ministère, pendant toute
l'année 192t.
M. Théodore Tissier. président de
section au conseil d'Etat, est chargé,
à titre de mission, des affaires rele-
vant du haut commissariat dans les
provinces du Rhin et des intérêts
français dans la Sarre.
M. Tissier est l'un des plus anciens
collaborateurs de M. Briand. Il était
sous-secrétaire d'Etat à la présidence
du Conseil pendant le dernier minis-
lère Briand.
L'incorporation de la première fraction
du contingent de la classe 1925
Les jeunes soldats faisant partie de
la première fraction de la classe 1925
seront appelés sous les drapeaux à
l'une des dates ci-après 12, 13 et
i mai prochain.
Quant à ceux qui seront désignés
pour des corps de l'armée française
du Rhin, d'Algérie, de Tunisie et du
Maroc, la date de convocation leur
sera indiquée par leur ordre d'appel
individuel.
APRES L'ATTENTAT DE LA RUE DAMRÉMONT
LE CONSEIL DES MINISTRES
A RATIFIÉ LES MESURES
DU CONSEIL DE CABINET
«Toutes les mesures sont prises pour
le 1er Mai», nous déclare M.Schrameck
Le conseil des ministres d'hier a
ratifié les mesures prises par le con-
seil de cabinet, de samedi pour éviter
le retour de faits semblables à ceux
qui se sont déroutés rue Damrémont.
Nous avons demandé à M. Schra-
meck, ministre de l'Intérieur, s'il
pouvait nous faire connaître la na-
ture de ces mesures.
Je ne peut faire aucune décla-
rr.tion, nous a-t-il répondu. car la
moindre indiscrétion pourrait être e
nuisible en la matière. Mate lorsque
tout ce que nous avons envisagé sera
sur le point d'être réalisé, nous vous
le ferons aussitùt savoir. Tout ce que
je puis vous dire, c'est que ces mesu-
res ont trait à la journée du mai
et au moyen d'éviter le retour des in-
cidents tragiques qui se sont dérou-
lés l'autre nuit rue Championnet.
Il nous est possible, cependant,
d'affirmer que les mesures prises par
le gouvernement s'inspireront prin-
cipalement des trois directives sui-
vantes
1° Interdiction de tout cortège sur
la voie publique et dispersion de tout
attroupement pour éviter toute mani'-
festation ou provocation
2° Autorisation, conformément aux
libertés syndicales et dans la mesure
où la paix publique ne risquera pas
d'être troublée, aux divers partits et
associations de tenir des meetings,
avec la restriction que la police
veillera à ce que des réunions de
tendances opposées n'aient pas lieui
aux mêmes points, ou dans le voisi-j
nage immédiat des mêmes points,
afin d'éviter, tant à l'entrée qu'à la
sortie, tout risque de collision entre
ceux qui y participeront
3° Surveillance particulièrement
étroite de tous les éléments indésira-
bles.
VIOLENT COMBAT EN MAURITANIE
LE CAPITAINE FRANÇAIS DE BIRVAI EST TUÉ
Depuis quelque temps, il se produit
une recrudescence de l'activité des
rezzous dans la partie nord de
l'A. 0. F. Comme toujours, les pil-
lards du Rio de Oro et des confins du
Sud marocain mettent, à profit les
derniers mois de la saison favorable
à leurs randonnées. Ces rezzous se
montrent parfois très agressifs, mal-
gré la chasse que leur font sans relâ-
che nos détachements.
Un combat a eu lieu au début du
mois d'avril, en Mauritanie. à environ
100 kilomètres au nord diAtar, entre
un rezzou venu du Rio de Oro et un
détachement français. La rezzou,
fort de 350 fusils, fut repoussé après
un combat de trois jours, laissant
40 cadavres sur le terrain.
De /notre côté, nous avons à déplo-
rer la mort du capitaine de Girval et
de six tirailleurs.
POUR ET Contre
L'optimiste et le pessimiste com-
mentent les résultats des élections alle-
mandes.
Le pessimiste. Eh bien! c'est du
joli Ah! Je le disais bien! Toute
l'Allemagne est restée impérialiste,
belliqueuse et prussienne. Hinden-
burg cela veut dire Guillaume II. Hin-
denburg, cela veut dire Bismarck
continue. Qu'en pensez-vous, mon bel
ami, vous qui trouvz toujours que tout
va bien, vous qui sembliez croire à
l'Allemagne démocratique, à l'Alle-
magne repentie?.
L'optimiste. Je dis, tout d'abord,
que cette élection est précieuse pour
nous. Toute la propagande que nous
pouvions faire à l'étranger, si par
hasard nous en faisons, n'était qu'un
souffle, qu'un rien. Mais un événement
comme l'élection d'Hindenburg, çà,
c'est de la vraie propagande fran-
çaise. Soyez sûr, mon triste ami,
qu'en Amérique, où il y a une vraie
démocratie et un véritable esprit
démocratique, cette élection va pro-
duire une sensation énorme et une
réaction immédiate. Hindenburg élu,
cela veut dire, selon vous Bismarck
continue. Cela veut dire aussi de façon
éclatante « Les Français ont raison.
La cause des Français est la bonne.'
cause. Toutes les craintes des Fran-
çais et toutes leurs plaintes sont
amplement justifiées.
Le pessimiste. En attendant, des
millions d'Allemands frénétiques ont
donné la majorité à l'homme qui
représente, en Allemagne, la guerre,
la revanche, l'abominable agression de
1914 et la hideuse menace de demain.
L'optimiste. Un bon averti en
vaut deux. Que les nationalistes
allemands aient voté franchement,
nettement, brutalement pour Hinden-
burg, est-ce un mal pour nous?. Cela
n'est pas prouvé du tout. Le vote alle-
mand n'a pas créé une opinion. Il l'a
seulement enregistrée. La situation
en Allemagne est inchangée comme
on disait au temps où le kaiser et sa
chère famille menaient « la guerre
fraîche et joyeuse ». Et, au moins,
nous connaissons aujourd'hui cette
situation.
Le pessimiste, Hindenburg, pré-
sident du Reich. c'est ia fin de la
« république allemande » -en admet-
tant qu'elle ait existé. Cest le milita-
risme triomphant et insolent. Cest
un défi à la France.
L'optimiste. Il reste à savoir si
l'élection de M. Marx, « démocrate »,
aurait mieux fait nos affaires. Il reste
à savoir si M. Marx, civil, n'aurait
pas été de tempérament très militaire.
Il reste à savoir si Hindenburg, qui
sait bien que son titre de maréchal et
que sa vieille réputation guerrière vont
inquiéter le monde entier, ne va pas
s'efforcer de se montrer plus civil que
maréchal., Maurice Prax, ;Cl. i_^i.
SUR LA ROUTE DES FLIBUSTIERS
La traversée
de 1.80Q milles
entre les Bermudes
et le
canal de Panama.
Et bientôt
les vastes horizons
da Pacifique
Balboa, avril.
Me voici à terre
après une heu-
reuse traversée de
trente-deux jours
entre les Bermu-
des et Colon de
Panama. Celte
nouvelle expé-
rience fortifie ma
confiance, et ma
passion de la mer,
mon désir d'aven-
tures sont plus
forts que jamais.
J'avais besoin de
reprendre c e t t e
vie saine et rude
que j'aime et due
Le Firecregt » dans le port û'Hamilton (Iles Bermudes)
me retrouver seul avec moi-même.
Mon escale aux Bermudes fut trop
lcngue et la fin de mon séjour là-bas
assombrie par la mort affreuse du
jeune mausse Ceci) dont je vous con-
tarai un jour la triste destinée.
Mon court voyag.e de New-York
aux Bermudes avait été très dur.
Le nouveau gréement du Firecrest,
les réparations défectueuses des
chantiers américains, mon manque
d'entraînement, les tempêtes qui ne
cessèrent de m'assaillir au cours de
ces quinze jours, avaient rendu ce
voyage extrêmement pénible et diffi-
cile. J'avais hâte de reprendre ie
large pour me prouver à moi-même
que le Firecrest et moi étions tou-
jours les bons compagnons de l'an
passé et que je pourrais à mon gré
parcourir avec lui les mers loin-
taines.
Cette fois-ci tout alla pour le
mieux. Malgré quelques rudes tem-
pêtes, j'ai parcouru en un mois les
1.800 milles qui séparent les Bermu-
des du canal de Panama, réalisant
une excellente moyenne. Voici quel-
ques extraits de mon livre de bord
Vendredi 27 février. J'appareille
à 10 heures du matin par une légère
brise nord, mettant le cap sur les
Antilles. Le 1" mars, la brise aug-
mente et tourne vers l'est et je me
trouve dans un demi-cercle dange-
reux, mais je parviens à m'éloigner
de son centre en- prenant la cape
tribord amures. Le baromètre baisse
et le surlendemain un furieux coup
de vent couche le Firecrest sur le
côté. Pluie diluvienne, mer très
dure. Le Firecrest se gouverne lui-
mêmes sous voile de cape, foc et trin-
quette. Jo mets le cap franchement
au sud, car je veux passer entre les
îles Saint-Thomas et Sainte-Croix
sans faire escale. Le tangage est très
fort. Vers le soir, la tempête pré-
sente le caractère d'un cyclone et
une grosse lame arrache le panneau
de descente, mais, vers 19 heures, le
vent tombe, la mer se calme. Deux
jours plus tard, grosse mer à nou-
veau le foc se déchire, mon baro-
mètre est hors d'usage. Le vent aug-
mente le lendemain, mais devient
plus maniable. Toutefois, le coucher
de soleil est inquiétant; prends qua-
tre tours grand'voile, un ris trin-
quette et. vers 22 heures, tonnerre,
éclairs, pluie, vent furieux, rafales
qui durent toute la nuit.
Le lendemain, vendredi, le ciel
s'éclaircit et le vent tombe, je suis
occupé à réparer les usures du grée-
ment et les dégâts causés par la tem-
pête. Le dimanche, le vent souffle à
nouveau furieusement, la mer est
démontée, ma balaneine de tribord
casse j'essaie de reprendre ma
route, mais suis obligé de mettre à
la cape. Je suis content du calfatage
exécuté aux Bermudes; mon navire
est maintenant plus étanche. Le
mardi, le ciel indique un change-
ment de temps la tempête se calme,
le vent tourne au nord, je suis pro-
bablement dans les vents alizés. Le
jeudi, premier vapeur en vue. Je
devrais apercevoir le phare de Som-
brero le samedi, mais mes chrono-
mètres ont certainement fait un
gros écart, car ce n'est que le
dimanche que la terre est en vue.
C'est Sainte-Croix. île danoise des
Petites Antilles, à 100 kilomètres
E. S.-E. de porto-Rico. Je constate
que mes chronomètres ont pris une
minute de retard, ce qui explique
mes erreurs d'appréciation. Mon foc
est cassé, je fais des réparations de
fortune sur l'extrémité du beaupré,
ce qui est une manoeuvre toujours
dangereuse pour un navigateur soli-
taire. Néanmoins, tout va bien à
bord et je suis heureux.
J'ai suivi depuis trois semaines
l'antique route des flibustiers, ces
audacieux pirates qui, pendant de
longues années, aux dix-septième et
au dix-huitième siècles, vécurent li-
bres et indomptés dans ces parages.
Leur repaire se trouvait à l'île de la
Tortue, au nord de Saint-Domin-
gue et de là, en compagnie des bou-
caniers français de Haïti, ils pi!-
!aient les riches cargaisons des na-
vires espagnols, rançonnant les équt-
pages et livrant parfois de véritables
batailles navales. A leur tête s'il-
lustrèrent ces hardis capitaines et
ces merveilleux marins que furent
de Graaf, Grammont. de Lussan :1
fallut pour les réduire une vérita-
hie escadre lors de la guerre franco-
anglaise de la fin du dix-huitième
siècle. Comme j'aurais aimé vivre à
cette époque et faire la chasse à ces
terribles aventuriers sur les belles
frégates royales.
Le 15 mars, j'entre dans la merdes
Antilles et, ce lundi, la côte sud de
Porto-Rico, la plus petite des quatre
grandes Antilles, est en vue. Je mets
le cap sud-ouest et, tous les jours
suivants, le Firecrest se gouverne
lui-même, faisant une excellente
moyenne dans les yents alizés qui
soufflent, frais et réguliers, du nord-
est. Le 26, plusieurs vapeurs en vue,
la brise tombe et c'est presque le
calme plat les quatre derniers jours.
Le soir du 1" avril j'aperçois la
terre, c'est la pointe de Toro et, a
une heure du matin, j'entre dans la
rade de Colon. Je jette l'ancre devant
où je reste dix jours. J'ai
le plaisir de rencontrer les vapeurs
français Alcantard et Porto-Rico.
Je' prends part à une chasse aux
iguanes dans le vieux canal français.
Le samedi 11, je traverse le canal de
Panama et viens jeter l'ancre à Bal-
boa, près de deux bateaux de guerre
américains. J'ai maintenant pour
deux semaines environ de travail
peinture, vernissage, revision com-
plète de mon gréement, approvision-
nements pour ma prochaine croi-
sière.
Je 'suis heureux d'être arrivé au
terme de ma première étape. De-
vant moi s'étend le vaste horizon de
la mer Pacifique, son immensité me
fascine et .m'attire. Je rêve des mer-
veilleuses contrées où j'irai au gré
de ma fantaisie. La route sera lon-
due, très longue jusqu'à file loin-
taine où j'atterrirai, mais j'ai hâte
de repartir vers l'inconnu, vers
l'aventure incertaine, vers la desti-
née que je me suis choisie.
Alain GEHBATJLT.
Copyright par Main Gcrbault. Tous droits de
trn
LE NEVEU DE M. RAOUL PÉRET
GRIÈVEMENT BLESSÉ
DANS UN ACCIDENT D'AVIATION
Arcis-s:-Aube. 27 avril (d. P. Paris.)
Ce matin, vers 10 heures, le soldat
aviateur Maurencez, du camp de Per-
the, pilotant un appareil, effectuait
dès exercices de tir. Il se trouvait à
deux cents mètres au-dessus de la
commune d'AHibaudières quand. sou-
dain, soit par suite d'une fausse ma-
nœuvre ou d'une perte de vitesse,
j'avion s'abattit lourdement sur. le
sol.
Des habitants se précipitèrent au
secours de l'infortuné pilote, gisant
parmi les débris de son appareil en-
tièremnnt brisé. Une voiture d'am-
bulance, mandée à Mailly, transport
à l'hôpital mi'lifaire le blessé, qui
avait les deux jambes fracturées et
portait de profondes plaies à la tête.
L'aviateur Maurencez est le neveu
de M. Raoul Péret. député de ia
Vienne, ancien président de la
Chambre.
Une femme-député autrichienne
parle pendant sept heures
Vienne, 27 avril (dép. Radio.)
Mme Freundlrch, député à la
Chambre autrichienne, a parlé, hier,
pendant sept heures sans interrup-
tion. Ce di'scours qui bat tous les re-
cords de longueur, ébv.l destiné à
faire opposition au gouvernement
pour l'empêcher d'abroger la loi sur
les loyers.
Il arrive que le teneur de corde sauve
l'écarteur d'une situation périlleuse. Ici,
Le \!cunier, l'as des toreros landais.
manque, grâce à la vigueur du père
̃Flam, de recevoir un coup terrible de la
Paloma.
Nous rappelons a nos lecteurs que la
Grande Semaine parisienne de courses
landaises s'ouvrira au Vél' d'Hiv' samedi
prochain 2 niai.
Dès aujourd'hui, à partir de 11 heures.
quatre bureaux de location sont ouverts
au public
1 Au Vél' d'Hiv', rue Nélaton; 2" au
Petit Parisien, 18. rue d'Kngliiea; 3° à
l'Office d'annonces, 29, boulevard des
Italiens; 4° à l'Auto, 10, faubourg Mont-
martre.
Cette location est ouverte de 9 heures
à midi et de 2 heures à 6 heures, et seu-
lement pour les places suivantes
Toril réservé, 150 francs toril, !00
francs barrera, 80 francs.
Les plxces de 50 francs seront mises
en location à une date que nous fixerons
demain.
Les autres places de 5, 10, 20 et 30
francs seront mises en vente le jour
même. au Vél' d'Hiv', et à des guichets
spéciaux, deux heures avant les repré-
sentations.
UNE FEMME DE CHAMBRE
VOIE A SA MAITRESSE
Restée seule dans l'appartement,
la domestique, après avoir brisé
un secrétaire à coups de hachoir,
réfugiée à Paris, occupe, avec les
siens, le troisième étage de l'immeu-
ble situé, 72, avenue Henri-Martin.
Hier, vers 14 heures, elle sortit,
laissant seuls dans l'appartement ses
deux domestiques un cuisinier,
Russe également, Serge Soskine, âgé
de vingt-neuf ans, et une femme de
chambre, originaire d'Esthonie, Anna
Kikkas, âgée de trente-six ans.
now rentra. Elle, voulut comme a
l'accoutumée, ouvrir sa porte elle
constata qu'un verrou placé à l'in-
térieur avait été tiré. Mme Kepinow
sonna, frappa, appela, ce fut en
vain. Elle renouvela ce manège sans
plus de succès devant la porte de la
cuisine.
cuisinier était sorti, comme à son
habitude. mais elle était en droit
d'escompter la présence da sa femme
Kikkas avait pu, après avoir tiré le
tant par la porte de la cuisine, ga-
gner sa chambre du 6' étage, Mme
Kepinow s'y rendit. Elle n'y trouva
point la femme de chambre.
Mme Kepinow alla conter ce qu'elle
croyait encore n'être qu'une mésa-
venture à M. Cassius, commissaire du
quartier de la Porte-Dauphine. Ce
magistrat requit alors un serrurier
qui ouvrit la porfe de la cuisine.
Kepinow, d'un bond, se précipita dans
la chambre à coucher spn secrétaire,
un meuble en bois de rose, enrichi
d'incrustations de métaux précieux,
était éventré, brisé de précieuses
postiches anciennes, placées aupara-
vant sur le secrétaire, gisaient, en
miettes, parmi les tiroirs ̃arrachés.
truments utilisés pour cette effrac-
tion un hachoir ébréc.hé, un cou-
teau de cuisine à la lame tordue, un.
sécateur.
serrés dans le secrétaire, il n'en res-
tait pas un seul. Une somme de
5.000 francs avait également disparu.
Partie!
le vol avait été commis par la femme
de chambre, dont l'absence était
inexplicable.
tuelle, le cuisinier Soskine conta
qu'Anna Kikkas, visiblement pré-
occupée, vint le trouver, auprès de
ses fourneaux, vers 14 heures, et
s'inquiéta de savoir s'il sortirait.
cuisinier partit, laissant la femtn2 de
chambre seule dans l'appartement.
secrétaire où les bijoux de sa pa-
tronne étaient enfermés. Puis elle
s'enfuit, tête nue, sans prendre la
précaution, ni le temps de montrer
dans aa chambre, potar se coiffer
d'un chapeau et se vêtir de son
manteau. v
Aiuia Kikkas était au service de
Mme Kepinow depuis Ie 11 février.
Auparavant, elle avait été employée
par ci. Russes habitant Nite. Ceux-
ci,
esthonienne était hnnnele, mais.
indiscrète, écoutant aux portes, sur-
prenant les conversation-, oeuvrant
parfois les lettrx
voit, était plus intéressés que.
brigadier-chef Didier, de la polic-e
judiciaire, et l'inspecteur Piguet, du
premier district, ont été chargés de
retrouver la violeuse, que l'on suppose
avoir déjà quitté Paris pour tenter
de passer la frontière. Anna Kikka:,
qui mesure 1 m. est une personne
coipulente, blonde, aux yeux bleus,
au nez .petit et retroussé. EMe a les
cheveux coupés à.la Ninon.
l'estimation atteint près d'un million
de francs
800.000 irancs un collier de quatre-
vingt-trois perles de 50.000 francs une
broche avec britlants de 15.000 franc
nn sac à main en or de 15.000 francs
une poudreuse or et émail de 15.000 fr.;
un pendentif avec, brillants de fr,,
et un poudrier en or de 10.000 francs.
iiimiitftiififiiifiiiiiiiiiiiiiiiiitfifiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiitii
A LA DEUXIEME PAGE
La mort da comte de .Monteflare
suscite des hypothèses passionnées
UN MILLION DE BIJOUX
ET DISPARAIT
s'empara de] deux colliers de
perles, de divers joyaux et d'une
somme de 5.000 francs
Mme Hélène Kepinow, une Russe
Deux heures plus tard, Mme Képi.
Mme Kepinow pensait bien que le
Cambriolée!
Désespérai de pénétrer chez elle,
Prise d'un soùpçon soudain, Mme
Sur le tapte,' on découvrit les itis-
Anaa Kikkas
Des bijoux de Mme Kepiinow, jadit
Il ne pouvait y avoir aucun doute
Rentré de sa promenade habi-
Ce n'est qu'après 15 heures que la
Celle-ci ailors cambriola en hâte le
Cet'? indiscrétion, comme on la
Les bijoux disparus
Voici la liste des bijoux volée, dont
Un collier de cinquanlc-lrois perles de
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