Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-08-15
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1923 15 août 1923
Description : 1923/08/15 (Numéro 16969). 1923/08/15 (Numéro 16969).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
IY1P.S PROBABLE
REGION PARISIENNE
Iea fêtes de l'Assomption,
*> -s chaudes. Brume le matin,
puis ciel clair à peu nuageux.
Vente de N.-E. à E. faibles.
Nuit jour 30 à 31".
EN FRANCE
Moitié Sud, même temps que
région parisienne.
Moitié Nord, température brû-
lante, mais ciel devenant nua-
geux à très nuageux orages
prochains au Sud-Ouest.
SOLEIL lev. 5 h. 43; couc. 20 h. 7
LUNE pro quo le 19 pl. le 26
48' ANNÉE. M 16.969
MERCREDI
15
AOUT 1923
ASSOMPTION
ABONNEMENTS 3 mil i mil lu
Seine et S.-U. 12.50 24.» 46.»
France et Col. 13.» 25.»
Etranger 22.
16à22,RPED'ENGHIEN,PARI3
LES DÉBUTS DU NOUVEAU CHANCELIER
Dans sa déclaration M. Stresemann laisse entendre qu'il
continuera, en ce qui concerne la Ruhr, la politique
de résistance de son prédécesseur. Pour dénoncer
l'«injusticecommiseà l'égard de l'Allemagne», il fait
état de la note anglaise. Sans celle-ci, son discours
aurait été probablement de ton différent
Un regard de chasseur dans un visage
pille, arrondi, indistinct, de professeur
allemand tel apparaît, derrière son
lorgnon sans cesse en mouvement le
Ion-; de sou nez, et avec la petite mous-
tache fauve, que l'on dirait di.'lét.! sur
sa. lèvre, If nouveau chancelier du
Reich, le docteur (iuslav StrescMiiani).
A quarante-cinq ans, un Berlinois pa-
reil en apparence ci. beaucoup d'autres,
vif sous une enveloppe lourde, parlant
volontiers et facilement, et quand il fit
assis, se frottant les reins contre le
dossier de son faute i ri Pourtant. ceux
qui le connaissent lui accordent une
valcur exceptionnelle, une grande cul-
turc, du sens politique. Un disait de lui
quand, il se décidera h prendre le pou-
voir, tout changera.
Sans perdre du temps, il a prononce,
hier, au Heichstair, un discours dont on
lira plus loin le résumé, Il semble bien,
examiner ses déclarations, que le
''hautement n'est \>w>. an.-si .rand qu'on
Je pouvait penser.
On avait liait =rand bruit de son indé-
pendance l'égard des grands indus-
triels allemands qui mènent secrète-
ment la bataille contre la France et ia
M. Stresemann
Belgique. Bien que M. Stresemann fût
le chef de ce parti populiste, qui repré-
sente au Reichstag les intérêts de l'in-
dustrie allemande, on rappelait qu'il
avait débuté, il y ,a vingt ans, comme
secrétaire d'un syndicat industriel saxon
en lutte contre les magnats. Il passait
LA déclaration!
Berlin, li août (dép. Havas,)
La séance s'ouvre au Reiehstag à 2 h. 25.
La salle et.' les tribunes sont combles. Dans
la tribune diplomatique, on constate la
présence de nombreux représentants des
puissances étrangères.
Le nouveau chancelier donne lecture de
la liste ministérielle. Il indique qu'il
assume provisoirement la direction des
Affaires étrangère. Le ministère des Af-
faires'étrangères et colui des Postes rece-
vront incessamment leurs titulaires.
Le sort de la Rhénanie
Puis, le chancelier déclare
Ni. Fuchs. appartient au cabinet en qualité
de ministre sans portefeuille. Les affaires de
la Ruhr et des pays occupés de Rhénanie
seront de son ressort. Il faut que la Rhénanie
sache que le gouvernement s'intéresse toujours
particulièrement h elle. (Applaudissements, pro-
testations sur les bancs communistes.)
La ̃•'iia^celier apostrophe assez vigou-
reusement l'ezt.rême gauche, en disant
« La démocratie est le régime de la majo-
rité et nnn la dictature d'une minorité.
(Applaudissements)
Le chancelier fait l'éloge de son prédé-
cesseur.
Il eut, dit-il, des a mais aucun ennemi personnel. Les critiyues
que-l'on adresse à son cabinet ne doivent pas
faire oublier que, jusqu'à présent, toute poli-
tique de consolidation intérieure allemande a
r!é rendue impossible par l'Etranger. Le caçnc-
tère du nouveau cabinet est indiqué par les
circonstances qui lui ont donné naissance. Il
est établi sur d<« bases parlementaires et a
vu le jour dans une période extrêmement
grave et comportant de grosses responsabilité.
La situation extérieure
Nous nous trouvons en présence, au point de
vue extérieur et intérieur, d'une tension ex-
tréme et de graves décisions à prendre. Il est
absolument superflu de demander actuellement
si le présent cabinet sera plus influencé par un
parti politique ou par un autre. L'Etat ne sup-
portera les assauts qui le menacent à l'intérieur
et à l'extérieur que si le gouvernement et l'op-
position communient dans le souci de l'avenir
tàe l'Allemagne.
¡.'étranger ne doit pas croire que ce chan-
ociiunt ue cabinet est un signe de faiblesse.
Ce cabinet, construit sur la base parlemen-
taire la plus large depuis la création de 'la
république allemande, veat attssi être le cabi-
net qui montrera le plus d'énergie contre toute
Idée de violettce à l'égard de l'Allemagne (Vifs
applaudissements.) Il dépendra de la coltabo-
ration avec les Etats particuliers et avec le
peuple allematad tout entier que ce but soit
Quiconque, à l'heure actuelle, croit que les
cireenstances lui donnent le droit de se livrer
à des attaques violentes contre la Constitution
se heurtera à la volonté inébranlable du gou-
vernement du Reich de repousser ces violences
en faisant appel i toutes ses forces. [Vifs
applaudissements.) Le gouvernement du Reich
a la volonté de le faire: il en a le moyen et
!i a aussi l'intention d'employer la force
contre quironquc s'oublierait à miner l'Etat et
sa Constitution. ( Yifs applaudissements.)
.Le Ehanceiiei; espère, gue i'opinion
pour l'adversaire de Stinnes, et pour
s'être opposé, en 1921, à la mainmise
des grands féodaux sur les chemins da
fer du Reich.
Ce n'était pas tout. Après s'être fait
connaître par son intransigeance à
regard des allié?, et la vivacité récente
de ses discours sur la Ruhr, il était
représenté comme converti à la néces-
sité d'un accommodement avec la Fran-
cc. Certain discours prononcé par lui
au Reichstag, le Il avril dernier, avait
plu aux socialistes, comme à la Vossis-
che Zeitung. Son opinion était, assu-
rait-on, qu'il fallait proposer aux alliés
un règlement des réparations dont la
France et la Belgique eussent été les
seules bénéficiaires.
On était tenté d'en conclure que
NI. Stresemann s'efforcerait de modifier
l'attitude de l'Aliemagne dans l'affaire
de la Ruhr. Mais son premier discours
de chancelier ne donne pas l'impression
qn'il fera dès maintenant cet effort.
Faut-il s'en étonner? La vérité est
que M. Stresemann n'est ni un adver-
saire farouche des grands magnats, ni
un partisan résolu du rapprochement
soit avec la France, soit avec l'Angle-
terre. C'est beaucoup plutôt que tout
cela un représentant, sous la livrée par-
lementaire, de ces éminents bureaucra-
tes prussiens de l'ancien régime, pour
qui tous les ingrédients politiques
étaient également bons. Monarchiste, il
s'est rallié à la république. Défenseur
des patrons, il sait faire des avances
aux socialistes. Recette prussienne^ lé-
guée par Bismarck, pour fabriquer
l'omelette nationale.
Mais attendons. En tous cas, si l'opi-
nion anglaise voulait connaître les
effets de la tactique suivie actuel-
lement par son gouvernement, elle
tient aujourd'hui un rappant exemple.
M. Stresemann eût probablement dé-
buté par un discours d'un tout autre ton,
si la récente note anglaise n'était venue
reveiller à Berlin l'espoir, d'ailleurs
trompeur, d'une intervention anglaise.
A coup sûr, le nouveau chancelier, pre-
nant vivement le vent, a su triompher
du passage de la note anglaise où est
contestée la légalité de l'occupation de
la Ruhr. La conséquence est que le nou-
veau gouvernement allemand ne parait
pas encore près de mettre fin à la résis-
tance passive dont la France et la Bel-
gique exigent la fin.
Cependant, contrairement à ce que
M. Stresemann paraît croire, la malen-
contreuse^ note anglaise, loin de dislo-
quer l'opinion française, l'a serrée plus
étroitement encore, de la gauche à la
droite, derrière le gouvernement du
pays. Dans cette lutte de résolution et
d'endurance, il est permis de l'assurer
à M. Stresemann, Ja seule chose cer-
taine est que, quoi qu'il arrive, ce n'est
pas l'Allemagne qui aura ledernier mot.
Philippe MILLET.
)e^m7stresemann
publique soutiendra le gouvernement dans
sa tâchc
A l'époque démocratique actuelle, pour-
suit-il, on ne peut lutter qu'en ayant pour soi
l'opinion publique du pays.
Cette constatation, qui est exacte à l'intérieur,
s'applique également de lutte dans la
Ruhr et sur le Rhin. Jusqu'à présent, dans cette
lutte, l'opinion publique allemande tout entière
s'est soulevée avec énergie cantre la violence
faite au droit de l'Allemagne. La France et la
Belgique peuvent-elles s'appuyer sur une opi-
nion publique semblable ? Quelle force ne doit
pas avoir le sentiment de L'injustice commise
à l'égard de l'Allemagne, du moment que la
note anglaise, malgré tes liens étroits qui unis-
sent les alliés, étale cette injustice au-v yeux
de L'opinion pubtique mondiale ?
La résistance passive de la population alle-
mande a ses racines profondes dans la convic-
tion de notre bon droit. Ce bon droit est mainte-
nant également reconnu par le gouvernement
anglais. Bien qu'il ne faille pas espérer que les
déclarations1 de la note anglaise concernant
l'illégalité de l'occupation de la Ruhr amènent
une solution du problème de la Ruhr et du
Rhin, nous devons cependant admettre que la
publication du point de vue anglais ne restera
pas sans effets en France et en Belgique.
Le gouvernement du Reich est également
d'accord de son coté pour que la question de
la légalité ou due l'illégalité de l'occupation de
la Ruhr soit soumise à un tribunal arbitral
international.
Nous ne doutons pas qu'une décision impar-
tiale nous rendra la didposition du territoire
de la Ruhr. Le jour où l'on nous aura rendu
la disposition de la Ruhr, toutes les forces
seront mises en jsu pour redonner son acti-
vité cet organe vital de l'économie allemande.
Conformément à ce qu'a déclaré le précé-
dent ministre des Affaires étrangères, et à ce
que j'ai dit moi-même, en présence de cette
assemblée, le 8 août dernier, je répète encore
aujourd'hui que le peuple allemand a entre-
pris une résistance passive dans un but bien
déterminé.
Le paiement des réparations
Lorsque l'on nous aura rendu la libre et In-
dépendante disposition de la Ruhr, que les
pags rhénans se trouveront de nouveau garan-
tis par les traités internationaux, lorsque tous
les Allemands opprimés de la Ruhr et du Rhin
auront été remis en liberté ou seront rentrés
dans Eetars pays et que le tentps de respirer
nous aura été laissé, alors nous pourrons, en
faisant appel à to2ttes les forces économiques
du pays, réuni les moyens nécessaires en vue
d'un règlement de la question des réparations
dans la mesure où les charges qui nous sont
imposées nous permettront, en travaillant ru-
dement, d'assurer notre existence nationale et
économique ninsi que le développement utté-
rieur de notre peuple.
La consolidation de notre situation politique
et économique intérieure est aussi une condi-
tion préalable à la reprise des prestations en
nature qui ont dû être interrompues par suite
de l'occupation de la Ruhr.
Rien ne serait plus faux, poursuit le chance-
lier, de faire de la note anglaise la base d'une
politique léthargique. Nous ne savons point
qu'elles seront les conséquences politiques de
c6tje note, pas plus que nous ne savons quand
èïes se manifesteront. On réclame de nous
uni»< politique extérieure active. La meilleure
pslKîque extérieure active est celle qui consiste
à maintenir l'ordre à l'intérieur de 1 Allemagne.
Voir la suite eta de. j heure.
L'autocar tombé
dans le précipice
Les victimes de cet effroyable accident
sont des touristes hollandais.
Six cadavres qui avaient été entraînés
par le courant ont été repêchés
dans le Gave
Tarbes, 14 août (dép. Petit Parisien.)
Voici de nouveaux renseignements sur la
catastrophe de Saint-Sauveur. Lundi, un
groupe de touristes hollandais, au nombre
de vingt-deux, descendus dans un hôtel de
Lourdes, prenaient place, en compagnie de
leur guide, dans un autocar de l'entreprise
de transports Boudou. Le chauffeur, Léon
Augé, était au volant. Les touristes allaient
excursionner à Gavarnie. Le voyage d'aller
se passa sans incident.
Au retour, vers cinq heures, alors que
le car dévalait vers Gèdre et Saint-Sau-
veur, le soleil aveugla le chauffeur au
moment où, à un tournant, une femme
venait en sens inverse. Pour éviter l'acci-
dent, M. Augé freina, mais avec une telle
violence que l'arrière du véhicule fut dé-
porté et alla défoncer le parapet. L'auto-
car et les voyageurs furent alors préci-
pités dans le goufre.
Cet effroyable, accident eut pour seul
témoin celle qui a failli en être la .seule
victime, Marie Pouey, qui circulait sur le
pont Napoléon. Elle appela au secours. Des
touristes accoururent, et. plus tard les au-
torités de Luz, de Saint-Sauveur, d'Argolès,
de Lourdes, qui envoyèrent des équipes de
sauveteurs.
Le fond du gouffre ayant été exploré il,
l'aide de puissantes junjellos, on avait ae-*
quis la certitude que les infortunés tou-
ristes hollandais, dont on apercevait les
corps inanimés et sanglants, avaient cessé
de vivre à l'exception d'un seul griève-
ment blessé. t
Les secours s'organisèrent aussitôt mais,
étant donné les difficultés rencontrées pour
descendre en cet endroit particulièrement
accidenté, les sauveteurs opérèrent avec
peine. Un jeune homme do Luz s'offrit
pour tenter de porter secours aux victimes.
Il se munit d'un litre de rhum en vue de
réconforter les blessés et, à l'aide d'une
corde longue de trois cents mètres, il en-
treprit la périlleuse descente. Avant d'ar-
river au fond du gouffre, il aperçut, ac-
croché aux aspérités d'un rocher, un des
voyageurs qui paraissait être âgé de vingt-
deux ans et poussait des cris épouvan-
tables. Vainement le courageux sauveteur
tenta de l'attacher à sa corde, l'état du
blessé ne le lui permit pas. Celui-ci avait,
en effet, tes deux jambes brisées et la
poitrine. défoncée.
Hier :;oir, à la tombée de la nuit, on re-
pécha en aval du pont, à quatre cents
mètres du lieu de l'accident, six cadavres
de femmes et de jeunes filles, qui avaient
été entraînés par le courant.
On remonta également le corps de
M. Jean Berend Besker, dans les poches de
vêtements duquel on trouva deux montres
arrêtées, l'une dis-sept heures deux,
l'autre à dix-sept'heures trente-cinq.
Un autre car qui suivait à deux cents
mètres celui qui venait de tomber dans le
précipice continua sa route sans que ni le
conducteur, ni les passagers se fussent
aperçues de l'épouvantable accident qui
venait de se produire.
On ignore jusqu'ici les noms des vic-
times.
M. FARALICQ PERQUISITIONNE
dans les milieux anarchistes
Depuis quelque on signalait, au
palais de justice et à la préfecture de police
qu'un peu partout, surtout dans les quar-
tiers de la périphérie, on distribuait en
abondance des tracts révolutionnaires et
anarchistes. On en jeta même dans plu-
sieurs théâtres, notamment au Châtelet
el h l'Opéra-Comique. et quatre arresta-
tiens s'ensuivirent. Devant cette recru-
de la propagande soviétique, M.
Barnaud, juge d'instruction, fut chargé
d'ouvrir une information.
Hier, le magistrat confiait à M. Faralicq
diverses opérations et perquisitions rela-
tues a cette affaire.
Le commissaire, de la police judiciaire
s'est rendu chez les quatre inculpés, par-
mi lesquels se trouve le frère de l'anar-
chiste Cottin, l'agresseur de M. Clemen-
ceau, qui occupe son domicile, rue de la
Convention.
M. Faralicq se livra à une minutieuse
perquisition qui ne donna pas ies résultats
escomptés et ne permit pas de relever une
inculpation quelconque contre le locataire
actuel du logement.
Mais M. Faralicq y découvrit un anar-
chiste de vingt ans, nommé Barbot, plus
connu dans les milieux libertaires sous !e
surnom de qui fut trouvé porteur
d'un revolver muni de ses cartouches et
d'une grenade amorcée.
Ce jeune anarchiste qui travaille régu-
lièrement et dont la conduite n'a jamais
permis la moindre critique, a été mis à
la disposition de M. Barnaud.
M. POINCARE PARLERA DIMANCHE A CHARLEVILLE
,NI. Poincaré .présidera dimanche pro-
chain, la cérémonie d'inauguration du mo-
nument aux morts de Charleville et pro-
noncera un discours à cette occasion.
LE GENERAL GOURAUD AUX ETATS-UNIS
,A Hollywood, Douglas Fairbanln explique comment on prend les films, et comme le français du célèbre
artiste, l'anglais du général ne suffisent pas, la conversation Je complète par force gestes.
Un paquebot anglais
heurte les récifs
des Minquiers
Les passagers, sur des chaloupes,
puis le navire, par ses propres moyens
réussirent finalement à gagner
Saint-Malo
Londres, 14 août (dép. Petit Parisien.)
Le paquebot anglais Princesse Pna, parti
de Southampton hier avec deux cent dix-
sept passagers à bord, Londoniens en va-
cances pour la plupart, a heurté ce matin,
vers cinq heures quarante-cinq, au milieu
d'un brouiHard intense, les écueils de
Minquiers, à mi-chemin entre Jersey et
Saint-Malo. Une voie d'eau s'est déclarée
dans le navire et le capitaine, par mesure
de précaution, a fait mettre les chaloupes
à la mer. Tous les passagers y ont pris
place et se sont dirigés vers la côte fran-
¡;aise, distante d'environ trente kilomètres.
Toutefois, le capitaine du paquebot
s'est rendu compte que le sinistre n'était
pas d'une extrême gravité et permettait en-
core au navire de gagner Saint-Malo par
ses propres moyens. Une heure après, en
effet, il profitait de la marée haute pour se
dégager des écueils et pour s'acheminer
lentement vers le port français, où il est
arrivé un peu avant neuf heures.
Mais toutes les inquiétudes n'étaient pas
dissipées à Southampton au sujet d'w deux
cent dix-sept passagers qui s'étaient réfu-
giés dans les canots due sauvetage. Le bruit
a couru que deux dos chaloupes ayant à
b,yrd ixeiite passagers n'étaient pas encore
stevées ce soir, à dix-sept heures, ci l'on
recommençait à redouter une catastrophe.
Le remorqueur Dnke of Normandy est
parti de Jersey à la recherche des
soixante disparus, mais on apprend, an
dernier moment, par un message de Saint-
Malo, que la Princesse Ena a repris à son
bord les occupants des deux canots et les
a ramenés à Saint-Malo.
Le vice-président socialiste du sénat belge
malmené par les fonctionnaires allemands
Londres. .août (dép. Petit Parisien.)
On mande de Copenhague à l'Exchange
Telegraph le congrès international des
Parlements ost' à la veille de s'ouvrir
dans la capitale danoise.
Ce sera la première réunion qui aura
lieu depuis la fin de la guerre mondiale.
Tous les délégués sont arrivés.
L'un d'eux, M. Lafontaine, vice-prési-
dent socialiste du sénat balige, a déclare
qu'en traversant l'Allemagne, il avait été
soumis à des vexations intolérables et
traité presque à l'égal d'un criminel par
les fonctionnaires subalternes allemands
auxquels il avait eu affaire.
LE TRAFIC DES CARNETS MEDICAUX
Une enquête est ouverte à l'encontre de quel-
praticiens de Paris et de la banlieue
A la demande du parquet de la Seine,
M. Pachot, commissaire aux délégations
judiciaire, s'occupe, depuis quelque
temps déjà, d'une délicate affaire dd tra-
fic de carnets médicaux.
Bien que la police judiciaire observe à
ce propos une grande discrétion, nous
croyons savoir que plusieurs médecins de
Paris et de banlieue n'appartenant
point, hâtons-nous de la dire, à l'élite de
l'honorable corporation ont déjà été
soumis à l'enquête et que les investiga-
'tiens commencées pour rechercher les
responsabilités auraient déjà établi, sur
la preuve de vérifications faites à la pré-
fecture de la Seine, le trafic coupable de
plusieurs de ces praticiens sans notoriété.
Dès que M. Pachot aura déposé son
rapport ce qui ne saurait maintenant
tarder des inculpations seront vrai-
isemblablement relevées contre plusieurs
médecins et un juge sera aussitôt désigné
ipar le parquet pour instruire cette af-
faire.
FURNAND LECLERCQ
l'assassin de Marcelle Gibrat
ne veut pas être gracié
Fernand Leclercq, le faux avocat qui
fut condamné à mort, le 23 juin dernier,
».pour avoir assassiné Marcallle Cxibrat, la
'jeune dactylographe à qui i'1 promettait
'le mariage, sans lui dire qu'il était lui-
même marié, ne veut à aucun prix être
gracié. Son suprême désir e.st d'être guil-
'lotiné, pour aller rejoindre, espère-t-il,
celle qu'M a tuée, et sa volonté à cet égard
est si formelle que son défenseur, M'
Joseph Python, ne croit pas devoir de-
'mander audience au Président de la Ré-
publique.
En attendant, Leclercq collectionne les
propositions que lui vaut l'offre qu'il fit
la cour d'assises de livrer son corps,
«près son exécution, aux expériences des
savants. Un. étudiant en médecine entre
,autres, qui assure avoir déjà réussi à
faire battre le cœur, après la mort, dans
la poitrine des rats, des cochons d'Inde et
dus carpes propose à Leclercq de rem-
placer son cœur, après une injection d'al-
ibuinose qui empêcherait la coagulation
(tu sang, par un mécanisme formé de deux
corps de pompe aspirante et foulante, et
réglé par un moteur électrique.
Mais la proposition ne paraît guère
sourire Leclercq.
NOTRE ENQUÊTE AU BAGNE
MONSIEUR DUEZ. ET MADAME
En haut Duez et sa iemme dans leur domaine en h;n, ;v gauche Het la Mère; droite
Mme Duez et son jardinier
Cayenne. (de notre envoyé spécial).
On dit Monsieur Duez.
Ses anciens collègues, les forçats, disent
Monsieur Duez.
Quand il vient à Cayenne, pour affai-
res, le peuple libre qui le rencontre lui
dit « Bonjour, monsieur Duez 1
II a finit sa peine. Ses douze ans sont
achevés. Mais comme il « écopa plus
de sept années, il est astreint à la rési-
dence perpétuelle.
Il vient à O~>nne parce qu'il n'habite
pas à Cayenne. Il est concessionnaire d'une
île à deux heures de là. Duez fut, liqui-
dateur, puis bagnard; maintenant il est
éleveur. Son domaine, romantique au mi-
lieu de ces flots hargneux, porte le r>o»n
d'Ilet la Mère. A côté, il y a l'Ilet'le Père.
Plus loin, le rocher sinistre avec son feu
rouge l'Enfant perdu
Duez ? Un forçat « à la noix de coco l
Telle est l'opinion de ses pajrs, qui ajou-
tent « En dou'/3 ans il n'a pas planté
une rame » »
L'île Royale était son séjour. Il n'a ja-
mais connu la case. Il habitait seul, dans
un carbet, sur la belle route brique qui
monte au plateau. GaT"):n de la pn-i-
drière c'était son titre: c'est-à-dire,
rentier.
Puis, il fut libéré
Un jour, on vit débarquer du Biskra à
Cayenne (un àeul bateau vient à Cayenne
le Biskra, car, pour parler comme les gens
du cru, la Guyane n est pas un pays, c'est
le cul de sac du monde), on vit débarquer
une dame très bien. Pendant la traversée,
le bord se demanda quelle pouvait être
cette dame très bien qui allait à Cayenne.
C'était Mme Péronnet.
C'était Mme Péronnet, épouse divorcée
de M. Duez, venant, après douze ans, re-
joindre son ex-mari.
Alors, une légende courut la côte du châ-
timent.
Ce n'est pas clair, dit-on. Ces choses-
là n'arrivent jamais. Les femmes les plus
amoureuses écrivant pendant un an, deux
ans, trois ans, c'est le maximum. L'une tint,
cinq années, mais c'était une excentrique 1
Qu'est-ce que Mme Peronnet vient faire
dans cette galèrs
Quand on apprit que, pendant la guerre,
Mme Péronnet avait fréquenté le « deuxiè-
me bureau », chacun se frappa le front
« J'y suis 1 Elle est envoyée par la sûreté.
On a peur que Duez fasse des galipettes.
Il pourrait écrire ses mémoires, les vendre
à l'étranger s'évader On lui envoie la
chaîne, la douce chaîne »
Vime Péronnet débarquait avec deux cent
cinquante mille francs.
Duez avait obtenu la concession, ma-
dame la mettrait en valeur.
Et secouant leurs semelles sur les cail-
loux de Cayenne, ils partirent tous les deux,
dans une petite barque, un lendemain ma-
tin, pour l'ile en pain de sucre, leur
royaume de noces d'argent.
Dans File en pain de sucre
Le soleil se levait, ce jour-là. Et la mer
aussi Nous étions sur le quai, le directeur
des douanes, M. Gontier, et votre reporter.
Le canot automobile ne voulait rien savoir.
Il aurait dû pétarader, il ruait. Le directeur
des douanes m'accompagnait à l'îlet la
Mère pour régler une affaire avec Duez. Ses
services lui avaient signalé que, la veille,
une tapouille brésilienne s'était arrêtée
deux heures à l'îlet. L'îlet n'est pas un
port, aucun bateau, si tapouille soit-il, ne
doit y relâcher. Duez le, premier savait
cela. « II doit faire de la contrebande, ce
coco-la » disait le directeur.
Le tout était de démarrer. Une fois au
large, on mettrait la 'voile et le vent tra-
vaillerait.
Regardez mon mécanicien il est gen-
til, ce petit gars. Il a tué un gendarme
dans une grève, à Montceau, cet écervelé-
là Et savez-vous ce que fait son père ?
Son père est capitaine de gendarmerie.
Comment veux-tu, lui dit son aide,
porteur de la camisole comme lui, com-
ment veux-tu que ton père nourrisse ta
mère si tu lui supprimes ses instruments
de travail
Ça peut aller, fit « écervelé ».
On embarqua.
Ça n'alla pas du tout. Pendant deux heu-
res nous vîmes plutôt la mer au-dessus de
nous qu'au-dessous.
On m'aurait affirmé que je n'étais plus
un homme, mais l'àme d'une mèche de vi-
lebrequin en action, que je n'aurais pas
'rectifié. Dire que les originaux qui, dans
les foires, paient cinquante centimes pour
monter dans un panier à salade appellent
cela aller à la fête! 1
Le gréviste excessif avait de la poigne. Il.
vainquit les flots. Et tout en naviguant de
travers on arriva droit à l'îlet la Mère.
L'émoi était dans la place. Nous vîmes
cela en approchant. D'abord un homme
sortit de la maison, il regarda puis ce fut
une dame, puis un autre homme. Puis la
dame courut. Ellc partait passer une plus
belle robe.
On abordait avec précaution. Cela prit
cinq minutes. Puis les trois insulaires
s'avancèrent curieusement, comme si nous
étions des sirènes £eLâtpa#t. de brisants en.
brisants. On sauta sur le sol. Ils n'eurent
pas peur.
Voilà Duez, dit M. Gontier.
Oui ? Le petit en pyjama ?
Oui.
Il n'a donc plus de ventre ?
Bonjour, monsieur Duez, fit le direc-
teur des douanes.
Bonjour, monsieur le directeur.
Je vous présente monsieur, qui est
journaliste.
Ah ah
Duez continua les présentations, un peu
r Mme Péronnet
Mes hommages, madame, mes.
Le lieutenant Péronnet (pas parent).
C'était un grand diable qui portait la
légion d'honneur.
Madame intervient
Monsieur le directeur, dit Mme Pé-
ronnet, qui prit de suite ligure de com-
mandant militaire de 'l'île; je sais ce qui
nous vaut l'honneur de votre visite. C'est
pour la tapouille d'hier.
Oui, madame, le gouverneur n'est pas
content.'Les tapouilles.
-Les tàpouilles! les tapouilles! En
voilà une histoire pour une tapouilde
Vous n'allez pas vous imaginer -o'apri,;
avoir dépensé 225.000 francs de mon ar-
gent là-dedans, je vais compromettre ma
situation pour vendre trois cochons au
Brésil 1 J'irai le voir, le gouverneur, moi
Mais elles. p"'î-' i^ le droit.
Que voulez-vous que j'y fasse ? Elles
s'arrêtent ici pour prendre de l'eau.
F.:t-ce que je peux refuser de l'en u de.
gens qui ont s";f? Me voyez-vous, sur la
rive, criant à des navigateurs « Non 1
vous ne boi-rez pas M.lez-vous-en le
gouverneur ne veut pas que vous buviez!
la France non plus 1 Sur ce coin perdu du
monde nous sommes la Francel
Un beau drapeau tricolore claquait à la
porte d' l'île.
Et l'autre nuit? Cela vou l'avez
pas su. Sur ce rocher-là que vous voyez.
car vous connaissez le pays. 11 n'y a que
rochers dans votre pays, même dans la
mer. Et moi qui' habitais Paris! L'autre
nuit une goélette s'est fracassée dessus.
Nous avons été réveillés par des cris ré-
clamant secours. Alors j'aurais dù hurler
à ces malheureux « Koyez-vou?! N'abor-
dez pas! Ordre du directeur des douanes! »
Eh bien! nous sommes allés les chercher.
C'est une décoration qu',on devrait nous
donner. Ils sont restés tout un jour ici.
(Tétaient des Brésiliens aussi. Ils ont re-
tapé leur barque. Et je ne leitr ai pas
vendu de cochons
Se tournant vers moi
Je savais que vous étiez ici. Je sais
tout. Si vous n'étiez pas venu, j'aurais été
vous trouver. Il ne faut pas qu'on nous
fasse de la misère.
Et au directeur des douanes.
D'ailleurs, vous allez les compter,
mes cochons, et un par un. Edmond!
cria-t-elle à Duez, rassemble les cochons.
C'est ma femme, me dit incidemment
Duez, avec qui je partis rassembler les
Cochons, qui dirige tout içi
Nous marchions vers la porcherie.
Eh bien voilà, me dit-il, on se
fait à tout. Et si je vous dirais qi;e par-
fois j'ai la nostalgie de mon petit cabaret
de l'î1e Royale
Edmond où es-tu
Je comprends cela, lis- je.
Et s'arrêtant, sans répondre à sa femme
Je n'ai jamais pu m'expliquer ma
condamnation. Tous, juges d'instruction,
avocats, me disaient: « Laissez-nous
faire. » Quand les membres du jury entrè-
rent en délibération, ils firent appeler le
président. Il vint avec' l'avocat général.
Le -président du jury dit: Monsieur le
président, tous les coupables. ng sont pas
REGION PARISIENNE
Iea fêtes de l'Assomption,
*> -s chaudes. Brume le matin,
puis ciel clair à peu nuageux.
Vente de N.-E. à E. faibles.
Nuit jour 30 à 31".
EN FRANCE
Moitié Sud, même temps que
région parisienne.
Moitié Nord, température brû-
lante, mais ciel devenant nua-
geux à très nuageux orages
prochains au Sud-Ouest.
SOLEIL lev. 5 h. 43; couc. 20 h. 7
LUNE pro quo le 19 pl. le 26
48' ANNÉE. M 16.969
MERCREDI
15
AOUT 1923
ASSOMPTION
ABONNEMENTS 3 mil i mil lu
Seine et S.-U. 12.50 24.» 46.»
France et Col. 13.» 25.»
Etranger 22.
16à22,RPED'ENGHIEN,PARI3
LES DÉBUTS DU NOUVEAU CHANCELIER
Dans sa déclaration M. Stresemann laisse entendre qu'il
continuera, en ce qui concerne la Ruhr, la politique
de résistance de son prédécesseur. Pour dénoncer
l'«injusticecommiseà l'égard de l'Allemagne», il fait
état de la note anglaise. Sans celle-ci, son discours
aurait été probablement de ton différent
Un regard de chasseur dans un visage
pille, arrondi, indistinct, de professeur
allemand tel apparaît, derrière son
lorgnon sans cesse en mouvement le
Ion-; de sou nez, et avec la petite mous-
tache fauve, que l'on dirait di.'lét.! sur
sa. lèvre, If nouveau chancelier du
Reich, le docteur (iuslav StrescMiiani).
A quarante-cinq ans, un Berlinois pa-
reil en apparence ci. beaucoup d'autres,
vif sous une enveloppe lourde, parlant
volontiers et facilement, et quand il fit
assis, se frottant les reins contre le
dossier de son faute i ri Pourtant. ceux
qui le connaissent lui accordent une
valcur exceptionnelle, une grande cul-
turc, du sens politique. Un disait de lui
quand, il se décidera h prendre le pou-
voir, tout changera.
Sans perdre du temps, il a prononce,
hier, au Heichstair, un discours dont on
lira plus loin le résumé, Il semble bien,
examiner ses déclarations, que le
''hautement n'est \>w>. an.-si .rand qu'on
Je pouvait penser.
On avait liait =rand bruit de son indé-
pendance l'égard des grands indus-
triels allemands qui mènent secrète-
ment la bataille contre la France et ia
M. Stresemann
Belgique. Bien que M. Stresemann fût
le chef de ce parti populiste, qui repré-
sente au Reichstag les intérêts de l'in-
dustrie allemande, on rappelait qu'il
avait débuté, il y ,a vingt ans, comme
secrétaire d'un syndicat industriel saxon
en lutte contre les magnats. Il passait
LA déclaration!
Berlin, li août (dép. Havas,)
La séance s'ouvre au Reiehstag à 2 h. 25.
La salle et.' les tribunes sont combles. Dans
la tribune diplomatique, on constate la
présence de nombreux représentants des
puissances étrangères.
Le nouveau chancelier donne lecture de
la liste ministérielle. Il indique qu'il
assume provisoirement la direction des
Affaires étrangère. Le ministère des Af-
faires'étrangères et colui des Postes rece-
vront incessamment leurs titulaires.
Le sort de la Rhénanie
Puis, le chancelier déclare
Ni. Fuchs. appartient au cabinet en qualité
de ministre sans portefeuille. Les affaires de
la Ruhr et des pays occupés de Rhénanie
seront de son ressort. Il faut que la Rhénanie
sache que le gouvernement s'intéresse toujours
particulièrement h elle. (Applaudissements, pro-
testations sur les bancs communistes.)
La ̃•'iia^celier apostrophe assez vigou-
reusement l'ezt.rême gauche, en disant
« La démocratie est le régime de la majo-
rité et nnn la dictature d'une minorité.
(Applaudissements)
Le chancelier fait l'éloge de son prédé-
cesseur.
Il eut, dit-il, des a
que-l'on adresse à son cabinet ne doivent pas
faire oublier que, jusqu'à présent, toute poli-
tique de consolidation intérieure allemande a
r!é rendue impossible par l'Etranger. Le caçnc-
tère du nouveau cabinet est indiqué par les
circonstances qui lui ont donné naissance. Il
est établi sur d<« bases parlementaires et a
vu le jour dans une période extrêmement
grave et comportant de grosses responsabilité.
La situation extérieure
Nous nous trouvons en présence, au point de
vue extérieur et intérieur, d'une tension ex-
tréme et de graves décisions à prendre. Il est
absolument superflu de demander actuellement
si le présent cabinet sera plus influencé par un
parti politique ou par un autre. L'Etat ne sup-
portera les assauts qui le menacent à l'intérieur
et à l'extérieur que si le gouvernement et l'op-
position communient dans le souci de l'avenir
tàe l'Allemagne.
¡.'étranger ne doit pas croire que ce chan-
ociiunt ue cabinet est un signe de faiblesse.
Ce cabinet, construit sur la base parlemen-
taire la plus large depuis la création de 'la
république allemande, veat attssi être le cabi-
net qui montrera le plus d'énergie contre toute
Idée de violettce à l'égard de l'Allemagne (Vifs
applaudissements.) Il dépendra de la coltabo-
ration avec les Etats particuliers et avec le
peuple allematad tout entier que ce but soit
Quiconque, à l'heure actuelle, croit que les
cireenstances lui donnent le droit de se livrer
à des attaques violentes contre la Constitution
se heurtera à la volonté inébranlable du gou-
vernement du Reich de repousser ces violences
en faisant appel i toutes ses forces. [Vifs
applaudissements.) Le gouvernement du Reich
a la volonté de le faire: il en a le moyen et
!i a aussi l'intention d'employer la force
contre quironquc s'oublierait à miner l'Etat et
sa Constitution. ( Yifs applaudissements.)
.Le Ehanceiiei; espère, gue i'opinion
pour l'adversaire de Stinnes, et pour
s'être opposé, en 1921, à la mainmise
des grands féodaux sur les chemins da
fer du Reich.
Ce n'était pas tout. Après s'être fait
connaître par son intransigeance à
regard des allié?, et la vivacité récente
de ses discours sur la Ruhr, il était
représenté comme converti à la néces-
sité d'un accommodement avec la Fran-
cc. Certain discours prononcé par lui
au Reichstag, le Il avril dernier, avait
plu aux socialistes, comme à la Vossis-
che Zeitung. Son opinion était, assu-
rait-on, qu'il fallait proposer aux alliés
un règlement des réparations dont la
France et la Belgique eussent été les
seules bénéficiaires.
On était tenté d'en conclure que
NI. Stresemann s'efforcerait de modifier
l'attitude de l'Aliemagne dans l'affaire
de la Ruhr. Mais son premier discours
de chancelier ne donne pas l'impression
qn'il fera dès maintenant cet effort.
Faut-il s'en étonner? La vérité est
que M. Stresemann n'est ni un adver-
saire farouche des grands magnats, ni
un partisan résolu du rapprochement
soit avec la France, soit avec l'Angle-
terre. C'est beaucoup plutôt que tout
cela un représentant, sous la livrée par-
lementaire, de ces éminents bureaucra-
tes prussiens de l'ancien régime, pour
qui tous les ingrédients politiques
étaient également bons. Monarchiste, il
s'est rallié à la république. Défenseur
des patrons, il sait faire des avances
aux socialistes. Recette prussienne^ lé-
guée par Bismarck, pour fabriquer
l'omelette nationale.
Mais attendons. En tous cas, si l'opi-
nion anglaise voulait connaître les
effets de la tactique suivie actuel-
lement par son gouvernement, elle
tient aujourd'hui un rappant exemple.
M. Stresemann eût probablement dé-
buté par un discours d'un tout autre ton,
si la récente note anglaise n'était venue
reveiller à Berlin l'espoir, d'ailleurs
trompeur, d'une intervention anglaise.
A coup sûr, le nouveau chancelier, pre-
nant vivement le vent, a su triompher
du passage de la note anglaise où est
contestée la légalité de l'occupation de
la Ruhr. La conséquence est que le nou-
veau gouvernement allemand ne parait
pas encore près de mettre fin à la résis-
tance passive dont la France et la Bel-
gique exigent la fin.
Cependant, contrairement à ce que
M. Stresemann paraît croire, la malen-
contreuse^ note anglaise, loin de dislo-
quer l'opinion française, l'a serrée plus
étroitement encore, de la gauche à la
droite, derrière le gouvernement du
pays. Dans cette lutte de résolution et
d'endurance, il est permis de l'assurer
à M. Stresemann, Ja seule chose cer-
taine est que, quoi qu'il arrive, ce n'est
pas l'Allemagne qui aura ledernier mot.
Philippe MILLET.
)e^m7stresemann
publique soutiendra le gouvernement dans
sa tâchc
A l'époque démocratique actuelle, pour-
suit-il, on ne peut lutter qu'en ayant pour soi
l'opinion publique du pays.
Cette constatation, qui est exacte à l'intérieur,
s'applique également de lutte dans la
Ruhr et sur le Rhin. Jusqu'à présent, dans cette
lutte, l'opinion publique allemande tout entière
s'est soulevée avec énergie cantre la violence
faite au droit de l'Allemagne. La France et la
Belgique peuvent-elles s'appuyer sur une opi-
nion publique semblable ? Quelle force ne doit
pas avoir le sentiment de L'injustice commise
à l'égard de l'Allemagne, du moment que la
note anglaise, malgré tes liens étroits qui unis-
sent les alliés, étale cette injustice au-v yeux
de L'opinion pubtique mondiale ?
La résistance passive de la population alle-
mande a ses racines profondes dans la convic-
tion de notre bon droit. Ce bon droit est mainte-
nant également reconnu par le gouvernement
anglais. Bien qu'il ne faille pas espérer que les
déclarations1 de la note anglaise concernant
l'illégalité de l'occupation de la Ruhr amènent
une solution du problème de la Ruhr et du
Rhin, nous devons cependant admettre que la
publication du point de vue anglais ne restera
pas sans effets en France et en Belgique.
Le gouvernement du Reich est également
d'accord de son coté pour que la question de
la légalité ou due l'illégalité de l'occupation de
la Ruhr soit soumise à un tribunal arbitral
international.
Nous ne doutons pas qu'une décision impar-
tiale nous rendra la didposition du territoire
de la Ruhr. Le jour où l'on nous aura rendu
la disposition de la Ruhr, toutes les forces
seront mises en jsu pour redonner son acti-
vité cet organe vital de l'économie allemande.
Conformément à ce qu'a déclaré le précé-
dent ministre des Affaires étrangères, et à ce
que j'ai dit moi-même, en présence de cette
assemblée, le 8 août dernier, je répète encore
aujourd'hui que le peuple allemand a entre-
pris une résistance passive dans un but bien
déterminé.
Le paiement des réparations
Lorsque l'on nous aura rendu la libre et In-
dépendante disposition de la Ruhr, que les
pags rhénans se trouveront de nouveau garan-
tis par les traités internationaux, lorsque tous
les Allemands opprimés de la Ruhr et du Rhin
auront été remis en liberté ou seront rentrés
dans Eetars pays et que le tentps de respirer
nous aura été laissé, alors nous pourrons, en
faisant appel à to2ttes les forces économiques
du pays, réuni les moyens nécessaires en vue
d'un règlement de la question des réparations
dans la mesure où les charges qui nous sont
imposées nous permettront, en travaillant ru-
dement, d'assurer notre existence nationale et
économique ninsi que le développement utté-
rieur de notre peuple.
La consolidation de notre situation politique
et économique intérieure est aussi une condi-
tion préalable à la reprise des prestations en
nature qui ont dû être interrompues par suite
de l'occupation de la Ruhr.
Rien ne serait plus faux, poursuit le chance-
lier, de faire de la note anglaise la base d'une
politique léthargique. Nous ne savons point
qu'elles seront les conséquences politiques de
c6tje note, pas plus que nous ne savons quand
èïes se manifesteront. On réclame de nous
uni»< politique extérieure active. La meilleure
pslKîque extérieure active est celle qui consiste
à maintenir l'ordre à l'intérieur de 1 Allemagne.
Voir la suite eta de. j heure.
L'autocar tombé
dans le précipice
Les victimes de cet effroyable accident
sont des touristes hollandais.
Six cadavres qui avaient été entraînés
par le courant ont été repêchés
dans le Gave
Tarbes, 14 août (dép. Petit Parisien.)
Voici de nouveaux renseignements sur la
catastrophe de Saint-Sauveur. Lundi, un
groupe de touristes hollandais, au nombre
de vingt-deux, descendus dans un hôtel de
Lourdes, prenaient place, en compagnie de
leur guide, dans un autocar de l'entreprise
de transports Boudou. Le chauffeur, Léon
Augé, était au volant. Les touristes allaient
excursionner à Gavarnie. Le voyage d'aller
se passa sans incident.
Au retour, vers cinq heures, alors que
le car dévalait vers Gèdre et Saint-Sau-
veur, le soleil aveugla le chauffeur au
moment où, à un tournant, une femme
venait en sens inverse. Pour éviter l'acci-
dent, M. Augé freina, mais avec une telle
violence que l'arrière du véhicule fut dé-
porté et alla défoncer le parapet. L'auto-
car et les voyageurs furent alors préci-
pités dans le goufre.
Cet effroyable, accident eut pour seul
témoin celle qui a failli en être la .seule
victime, Marie Pouey, qui circulait sur le
pont Napoléon. Elle appela au secours. Des
touristes accoururent, et. plus tard les au-
torités de Luz, de Saint-Sauveur, d'Argolès,
de Lourdes, qui envoyèrent des équipes de
sauveteurs.
Le fond du gouffre ayant été exploré il,
l'aide de puissantes junjellos, on avait ae-*
quis la certitude que les infortunés tou-
ristes hollandais, dont on apercevait les
corps inanimés et sanglants, avaient cessé
de vivre à l'exception d'un seul griève-
ment blessé. t
Les secours s'organisèrent aussitôt mais,
étant donné les difficultés rencontrées pour
descendre en cet endroit particulièrement
accidenté, les sauveteurs opérèrent avec
peine. Un jeune homme do Luz s'offrit
pour tenter de porter secours aux victimes.
Il se munit d'un litre de rhum en vue de
réconforter les blessés et, à l'aide d'une
corde longue de trois cents mètres, il en-
treprit la périlleuse descente. Avant d'ar-
river au fond du gouffre, il aperçut, ac-
croché aux aspérités d'un rocher, un des
voyageurs qui paraissait être âgé de vingt-
deux ans et poussait des cris épouvan-
tables. Vainement le courageux sauveteur
tenta de l'attacher à sa corde, l'état du
blessé ne le lui permit pas. Celui-ci avait,
en effet, tes deux jambes brisées et la
poitrine. défoncée.
Hier :;oir, à la tombée de la nuit, on re-
pécha en aval du pont, à quatre cents
mètres du lieu de l'accident, six cadavres
de femmes et de jeunes filles, qui avaient
été entraînés par le courant.
On remonta également le corps de
M. Jean Berend Besker, dans les poches de
vêtements duquel on trouva deux montres
arrêtées, l'une dis-sept heures deux,
l'autre à dix-sept'heures trente-cinq.
Un autre car qui suivait à deux cents
mètres celui qui venait de tomber dans le
précipice continua sa route sans que ni le
conducteur, ni les passagers se fussent
aperçues de l'épouvantable accident qui
venait de se produire.
On ignore jusqu'ici les noms des vic-
times.
M. FARALICQ PERQUISITIONNE
dans les milieux anarchistes
Depuis quelque on signalait, au
palais de justice et à la préfecture de police
qu'un peu partout, surtout dans les quar-
tiers de la périphérie, on distribuait en
abondance des tracts révolutionnaires et
anarchistes. On en jeta même dans plu-
sieurs théâtres, notamment au Châtelet
el h l'Opéra-Comique. et quatre arresta-
tiens s'ensuivirent. Devant cette recru-
de la propagande soviétique, M.
Barnaud, juge d'instruction, fut chargé
d'ouvrir une information.
Hier, le magistrat confiait à M. Faralicq
diverses opérations et perquisitions rela-
tues a cette affaire.
Le commissaire, de la police judiciaire
s'est rendu chez les quatre inculpés, par-
mi lesquels se trouve le frère de l'anar-
chiste Cottin, l'agresseur de M. Clemen-
ceau, qui occupe son domicile, rue de la
Convention.
M. Faralicq se livra à une minutieuse
perquisition qui ne donna pas ies résultats
escomptés et ne permit pas de relever une
inculpation quelconque contre le locataire
actuel du logement.
Mais M. Faralicq y découvrit un anar-
chiste de vingt ans, nommé Barbot, plus
connu dans les milieux libertaires sous !e
surnom de qui fut trouvé porteur
d'un revolver muni de ses cartouches et
d'une grenade amorcée.
Ce jeune anarchiste qui travaille régu-
lièrement et dont la conduite n'a jamais
permis la moindre critique, a été mis à
la disposition de M. Barnaud.
M. POINCARE PARLERA DIMANCHE A CHARLEVILLE
,NI. Poincaré .présidera dimanche pro-
chain, la cérémonie d'inauguration du mo-
nument aux morts de Charleville et pro-
noncera un discours à cette occasion.
LE GENERAL GOURAUD AUX ETATS-UNIS
,A Hollywood, Douglas Fairbanln explique comment on prend les films, et comme le français du célèbre
artiste, l'anglais du général ne suffisent pas, la conversation Je complète par force gestes.
Un paquebot anglais
heurte les récifs
des Minquiers
Les passagers, sur des chaloupes,
puis le navire, par ses propres moyens
réussirent finalement à gagner
Saint-Malo
Londres, 14 août (dép. Petit Parisien.)
Le paquebot anglais Princesse Pna, parti
de Southampton hier avec deux cent dix-
sept passagers à bord, Londoniens en va-
cances pour la plupart, a heurté ce matin,
vers cinq heures quarante-cinq, au milieu
d'un brouiHard intense, les écueils de
Minquiers, à mi-chemin entre Jersey et
Saint-Malo. Une voie d'eau s'est déclarée
dans le navire et le capitaine, par mesure
de précaution, a fait mettre les chaloupes
à la mer. Tous les passagers y ont pris
place et se sont dirigés vers la côte fran-
¡;aise, distante d'environ trente kilomètres.
Toutefois, le capitaine du paquebot
s'est rendu compte que le sinistre n'était
pas d'une extrême gravité et permettait en-
core au navire de gagner Saint-Malo par
ses propres moyens. Une heure après, en
effet, il profitait de la marée haute pour se
dégager des écueils et pour s'acheminer
lentement vers le port français, où il est
arrivé un peu avant neuf heures.
Mais toutes les inquiétudes n'étaient pas
dissipées à Southampton au sujet d'w deux
cent dix-sept passagers qui s'étaient réfu-
giés dans les canots due sauvetage. Le bruit
a couru que deux dos chaloupes ayant à
b,yrd ixeiite passagers n'étaient pas encore
stevées ce soir, à dix-sept heures, ci l'on
recommençait à redouter une catastrophe.
Le remorqueur Dnke of Normandy est
parti de Jersey à la recherche des
soixante disparus, mais on apprend, an
dernier moment, par un message de Saint-
Malo, que la Princesse Ena a repris à son
bord les occupants des deux canots et les
a ramenés à Saint-Malo.
Le vice-président socialiste du sénat belge
malmené par les fonctionnaires allemands
Londres. .août (dép. Petit Parisien.)
On mande de Copenhague à l'Exchange
Telegraph le congrès international des
Parlements ost' à la veille de s'ouvrir
dans la capitale danoise.
Ce sera la première réunion qui aura
lieu depuis la fin de la guerre mondiale.
Tous les délégués sont arrivés.
L'un d'eux, M. Lafontaine, vice-prési-
dent socialiste du sénat balige, a déclare
qu'en traversant l'Allemagne, il avait été
soumis à des vexations intolérables et
traité presque à l'égal d'un criminel par
les fonctionnaires subalternes allemands
auxquels il avait eu affaire.
LE TRAFIC DES CARNETS MEDICAUX
Une enquête est ouverte à l'encontre de quel-
praticiens de Paris et de la banlieue
A la demande du parquet de la Seine,
M. Pachot, commissaire aux délégations
judiciaire, s'occupe, depuis quelque
temps déjà, d'une délicate affaire dd tra-
fic de carnets médicaux.
Bien que la police judiciaire observe à
ce propos une grande discrétion, nous
croyons savoir que plusieurs médecins de
Paris et de banlieue n'appartenant
point, hâtons-nous de la dire, à l'élite de
l'honorable corporation ont déjà été
soumis à l'enquête et que les investiga-
'tiens commencées pour rechercher les
responsabilités auraient déjà établi, sur
la preuve de vérifications faites à la pré-
fecture de la Seine, le trafic coupable de
plusieurs de ces praticiens sans notoriété.
Dès que M. Pachot aura déposé son
rapport ce qui ne saurait maintenant
tarder des inculpations seront vrai-
isemblablement relevées contre plusieurs
médecins et un juge sera aussitôt désigné
ipar le parquet pour instruire cette af-
faire.
FURNAND LECLERCQ
l'assassin de Marcelle Gibrat
ne veut pas être gracié
Fernand Leclercq, le faux avocat qui
fut condamné à mort, le 23 juin dernier,
».pour avoir assassiné Marcallle Cxibrat, la
'jeune dactylographe à qui i'1 promettait
'le mariage, sans lui dire qu'il était lui-
même marié, ne veut à aucun prix être
gracié. Son suprême désir e.st d'être guil-
'lotiné, pour aller rejoindre, espère-t-il,
celle qu'M a tuée, et sa volonté à cet égard
est si formelle que son défenseur, M'
Joseph Python, ne croit pas devoir de-
'mander audience au Président de la Ré-
publique.
En attendant, Leclercq collectionne les
propositions que lui vaut l'offre qu'il fit
la cour d'assises de livrer son corps,
«près son exécution, aux expériences des
savants. Un. étudiant en médecine entre
,autres, qui assure avoir déjà réussi à
faire battre le cœur, après la mort, dans
la poitrine des rats, des cochons d'Inde et
dus carpes propose à Leclercq de rem-
placer son cœur, après une injection d'al-
ibuinose qui empêcherait la coagulation
(tu sang, par un mécanisme formé de deux
corps de pompe aspirante et foulante, et
réglé par un moteur électrique.
Mais la proposition ne paraît guère
sourire Leclercq.
NOTRE ENQUÊTE AU BAGNE
MONSIEUR DUEZ. ET MADAME
En haut Duez et sa iemme dans leur domaine en h;n, ;v gauche Het la Mère; droite
Mme Duez et son jardinier
Cayenne. (de notre envoyé spécial).
On dit Monsieur Duez.
Ses anciens collègues, les forçats, disent
Monsieur Duez.
Quand il vient à Cayenne, pour affai-
res, le peuple libre qui le rencontre lui
dit « Bonjour, monsieur Duez 1
II a finit sa peine. Ses douze ans sont
achevés. Mais comme il « écopa plus
de sept années, il est astreint à la rési-
dence perpétuelle.
Il vient à O~>nne parce qu'il n'habite
pas à Cayenne. Il est concessionnaire d'une
île à deux heures de là. Duez fut, liqui-
dateur, puis bagnard; maintenant il est
éleveur. Son domaine, romantique au mi-
lieu de ces flots hargneux, porte le r>o»n
d'Ilet la Mère. A côté, il y a l'Ilet'le Père.
Plus loin, le rocher sinistre avec son feu
rouge l'Enfant perdu
Duez ? Un forçat « à la noix de coco l
Telle est l'opinion de ses pajrs, qui ajou-
tent « En dou'/3 ans il n'a pas planté
une rame » »
L'île Royale était son séjour. Il n'a ja-
mais connu la case. Il habitait seul, dans
un carbet, sur la belle route brique qui
monte au plateau. GaT"):n de la pn-i-
drière c'était son titre: c'est-à-dire,
rentier.
Puis, il fut libéré
Un jour, on vit débarquer du Biskra à
Cayenne (un àeul bateau vient à Cayenne
le Biskra, car, pour parler comme les gens
du cru, la Guyane n est pas un pays, c'est
le cul de sac du monde), on vit débarquer
une dame très bien. Pendant la traversée,
le bord se demanda quelle pouvait être
cette dame très bien qui allait à Cayenne.
C'était Mme Péronnet.
C'était Mme Péronnet, épouse divorcée
de M. Duez, venant, après douze ans, re-
joindre son ex-mari.
Alors, une légende courut la côte du châ-
timent.
Ce n'est pas clair, dit-on. Ces choses-
là n'arrivent jamais. Les femmes les plus
amoureuses écrivant pendant un an, deux
ans, trois ans, c'est le maximum. L'une tint,
cinq années, mais c'était une excentrique 1
Qu'est-ce que Mme Peronnet vient faire
dans cette galèrs
Quand on apprit que, pendant la guerre,
Mme Péronnet avait fréquenté le « deuxiè-
me bureau », chacun se frappa le front
« J'y suis 1 Elle est envoyée par la sûreté.
On a peur que Duez fasse des galipettes.
Il pourrait écrire ses mémoires, les vendre
à l'étranger s'évader On lui envoie la
chaîne, la douce chaîne »
Vime Péronnet débarquait avec deux cent
cinquante mille francs.
Duez avait obtenu la concession, ma-
dame la mettrait en valeur.
Et secouant leurs semelles sur les cail-
loux de Cayenne, ils partirent tous les deux,
dans une petite barque, un lendemain ma-
tin, pour l'ile en pain de sucre, leur
royaume de noces d'argent.
Dans File en pain de sucre
Le soleil se levait, ce jour-là. Et la mer
aussi Nous étions sur le quai, le directeur
des douanes, M. Gontier, et votre reporter.
Le canot automobile ne voulait rien savoir.
Il aurait dû pétarader, il ruait. Le directeur
des douanes m'accompagnait à l'îlet la
Mère pour régler une affaire avec Duez. Ses
services lui avaient signalé que, la veille,
une tapouille brésilienne s'était arrêtée
deux heures à l'îlet. L'îlet n'est pas un
port, aucun bateau, si tapouille soit-il, ne
doit y relâcher. Duez le, premier savait
cela. « II doit faire de la contrebande, ce
coco-la » disait le directeur.
Le tout était de démarrer. Une fois au
large, on mettrait la 'voile et le vent tra-
vaillerait.
Regardez mon mécanicien il est gen-
til, ce petit gars. Il a tué un gendarme
dans une grève, à Montceau, cet écervelé-
là Et savez-vous ce que fait son père ?
Son père est capitaine de gendarmerie.
Comment veux-tu, lui dit son aide,
porteur de la camisole comme lui, com-
ment veux-tu que ton père nourrisse ta
mère si tu lui supprimes ses instruments
de travail
Ça peut aller, fit « écervelé ».
On embarqua.
Ça n'alla pas du tout. Pendant deux heu-
res nous vîmes plutôt la mer au-dessus de
nous qu'au-dessous.
On m'aurait affirmé que je n'étais plus
un homme, mais l'àme d'une mèche de vi-
lebrequin en action, que je n'aurais pas
'rectifié. Dire que les originaux qui, dans
les foires, paient cinquante centimes pour
monter dans un panier à salade appellent
cela aller à la fête! 1
Le gréviste excessif avait de la poigne. Il.
vainquit les flots. Et tout en naviguant de
travers on arriva droit à l'îlet la Mère.
L'émoi était dans la place. Nous vîmes
cela en approchant. D'abord un homme
sortit de la maison, il regarda puis ce fut
une dame, puis un autre homme. Puis la
dame courut. Ellc partait passer une plus
belle robe.
On abordait avec précaution. Cela prit
cinq minutes. Puis les trois insulaires
s'avancèrent curieusement, comme si nous
étions des sirènes £eLâtpa#t. de brisants en.
brisants. On sauta sur le sol. Ils n'eurent
pas peur.
Voilà Duez, dit M. Gontier.
Oui ? Le petit en pyjama ?
Oui.
Il n'a donc plus de ventre ?
Bonjour, monsieur Duez, fit le direc-
teur des douanes.
Bonjour, monsieur le directeur.
Je vous présente monsieur, qui est
journaliste.
Ah ah
Duez continua les présentations, un peu
r Mme Péronnet
Mes hommages, madame, mes.
Le lieutenant Péronnet (pas parent).
C'était un grand diable qui portait la
légion d'honneur.
Madame intervient
Monsieur le directeur, dit Mme Pé-
ronnet, qui prit de suite ligure de com-
mandant militaire de 'l'île; je sais ce qui
nous vaut l'honneur de votre visite. C'est
pour la tapouille d'hier.
Oui, madame, le gouverneur n'est pas
content.'Les tapouilles.
-Les tàpouilles! les tapouilles! En
voilà une histoire pour une tapouilde
Vous n'allez pas vous imaginer -o'apri,;
avoir dépensé 225.000 francs de mon ar-
gent là-dedans, je vais compromettre ma
situation pour vendre trois cochons au
Brésil 1 J'irai le voir, le gouverneur, moi
Mais elles. p"'î-' i^ le droit.
Que voulez-vous que j'y fasse ? Elles
s'arrêtent ici pour prendre de l'eau.
F.:t-ce que je peux refuser de l'en u de.
gens qui ont s";f? Me voyez-vous, sur la
rive, criant à des navigateurs « Non 1
vous ne boi-rez pas M.lez-vous-en le
gouverneur ne veut pas que vous buviez!
la France non plus 1 Sur ce coin perdu du
monde nous sommes la Francel
Un beau drapeau tricolore claquait à la
porte d' l'île.
Et l'autre nuit? Cela vou l'avez
pas su. Sur ce rocher-là que vous voyez.
car vous connaissez le pays. 11 n'y a que
rochers dans votre pays, même dans la
mer. Et moi qui' habitais Paris! L'autre
nuit une goélette s'est fracassée dessus.
Nous avons été réveillés par des cris ré-
clamant secours. Alors j'aurais dù hurler
à ces malheureux « Koyez-vou?! N'abor-
dez pas! Ordre du directeur des douanes! »
Eh bien! nous sommes allés les chercher.
C'est une décoration qu',on devrait nous
donner. Ils sont restés tout un jour ici.
(Tétaient des Brésiliens aussi. Ils ont re-
tapé leur barque. Et je ne leitr ai pas
vendu de cochons
Se tournant vers moi
Je savais que vous étiez ici. Je sais
tout. Si vous n'étiez pas venu, j'aurais été
vous trouver. Il ne faut pas qu'on nous
fasse de la misère.
Et au directeur des douanes.
D'ailleurs, vous allez les compter,
mes cochons, et un par un. Edmond!
cria-t-elle à Duez, rassemble les cochons.
C'est ma femme, me dit incidemment
Duez, avec qui je partis rassembler les
Cochons, qui dirige tout içi
Nous marchions vers la porcherie.
Eh bien voilà, me dit-il, on se
fait à tout. Et si je vous dirais qi;e par-
fois j'ai la nostalgie de mon petit cabaret
de l'î1e Royale
Edmond où es-tu
Je comprends cela, lis- je.
Et s'arrêtant, sans répondre à sa femme
Je n'ai jamais pu m'expliquer ma
condamnation. Tous, juges d'instruction,
avocats, me disaient: « Laissez-nous
faire. » Quand les membres du jury entrè-
rent en délibération, ils firent appeler le
président. Il vint avec' l'avocat général.
Le -président du jury dit: Monsieur le
président, tous les coupables. ng sont pas
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