Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1922-08-14
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1922 14 août 1922
Description : 1922/08/14 (Numéro 16603). 1922/08/14 (Numéro 16603).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION -PARISIENNE
Rafraîchissement. Ciel en-
core coavert ou très nua-
geux avec éclaircies et quel-
ques ondées amélioration
le soir. Vent tournant à nord-
ouest.
Nuit Jour
EN FRANCE
Moitié Süd temps. beau
et chaud vent faible. Moi-
tié Nord ciel nuageux ou
très nuageux quelques on-
dées rafraîchissement. Vent
modéré de nord-ouest.
SOLEIL: Iev.5h.43; couch.8 h.08
LUNE dern. qu. 15; nouv. 22
47«ANNÉP. N° 16.603
LUNDI
14
AOUT
Saint Eusebe
ABONNEMENTS Sots S Mit 1 u
Seine et S.-O. a M.»
FraneectCol. 13.
Etranger. a2. 82.»
RUE D'ENGHTFN, PARIS
A QUOI LA CONFERENCE DE LONDRES
ABOUTIRA TELLE AUJOURD'HUI ?
SOLUTION TRANSACTIONNELLE
OU CONSTATATION DU DÉSACCORD ?
Londres, 13 août (dép. Petit Parisien.)
La situation n'a point changé.
C'est dire que lorsque s'ouvrira de-
main matin la réunion des premiers
̃ jnirmtres, ils risquent de se trouver en
présence d'un conflit, franco-britan-
gaique nullement atténué.
Dans ces conditions, et sans perdre
J'espoir que les meilleurs conseil
finissent par prévaloir du côté anglais,
al faut prévoir le pire, c'est-à-dire l'im-
possibilité de parvenir à un accord sur
tes questions actuellement posées.
Il se peut que, ni *ur les mines fls-
tale,s, ni sur les t'oivis domaniales, on
ne parvienne à rallier les Anglais à la
•thèse franco-beige en ce cas, la délé-
gation française, de son côté, refuse-
rait, sans doute, de consentir au nou-
;veau moratorium. Ce serait l'échec de la
conférence.
En présence de cette perspective, de
bons esprits suggèrent, dans les délé-
gations alliées, que, du moins, il ne
ratidrait pas se séparer sans prendre
rendez-vous, à plus ou moins brèva
échéance, pour le règlement général des
réparations et des dettes interalliées,
qui n'a pti être abordé cette fois-ci.
Leur thèse est dictée par le bon sens
cependant, il faut reconnaître qu'elle
prendra difficilement corps si l'attitude
de l'Angleterre ne se modifie pas.
C'est la note de lord Ba^four sur les
dettes interalliées qui a paru rendre
impossible un règlement général or,
tout le monde en reconnaît la nécessité.
C'est pourquoi il n'est pas excessif de
prévoir qu'on instituera» un jour, en
commun, des débats plus larges et plus
décisifs.
Mais, en aMendant, il faut laisser la
parole à M.' Lloyd George.
DIVERGENCES FONDAMENTALES
Londres, 13 août {dép. Petit Par'isien.)
.Après une semaine de délibérations, la
jeemiérence continue et, pareillement, la
£rise se prolonge. C'est lundi dernier
ifui'eut lieu la première séance. Il n'est pas
'Impossible que la dernière soit tenue de-
AujourcPhui. les experts ont pris une
.Journée de repos bien gagné, après de lon-
ges et pénibles- délibérations- qui- se sont
malheureusement révélées infructueuses.
M, Lloyd George s'est reposé à la campa-
Elle, et, quant aux autres premiers minis-
tres, ils ne sont pas restés absolument
dnautifs.
La Conférence du Claridge
"M. Poincaré est de Lasteyrie ont reçu
.fce matin, au Claridge, MM. Theunis et
'ÎSetianzer, assistés de leurs ministres des
finances. Au cours de cette conversation,
il-s se sont ingéniés à découvrir les issues
qu'on pourrait trouver à l'impasse ac-
111,11', et je crois savoir que M. Sohanzer,
qui jusqu'ici n'avait, pa- jour un rôle très
actif, a affirmé son grand désir de colla-
borer à la recherche d'une solution mé-
idiatriee.
Dans quelle mesure son intervention
tardive se révélera-t-elle efficace? C'est ce
que nul ne peut encore prévoir, car le
conflit qu'il s'agit, de résoudre est plus
profond qu'on ne se l'imagine peut-être.
Les divergences des experts au point rie
Mio technique ne sont que des éléments
de la criso. Ce qui les rend sé-
rieuses et apparemment insolubles, c'est
que nous sommes en présence de deux
politiques qui s'affrontent dans leurs
principes fondamentaux.
La thèse de M. Lloyd George
.l'apprends, en effet, qu'au cours de !a
exauce du cabinet britannique, qui «'est
.tenue hier matin Downing Street, M.
Lloyd George présenta la situation à ses
Collègues de la marnière suivante
Nous sommes saisis d'une série tte pro-
positions françaises qui stipulent un
groupe de wesures destinées à faire pres-
iion sur l'Allemagne pour la contrai-ndrc ù
effectuer ses paiements au titre des répa-
rations.
Notre politique il nous consiste, au con-
traire, à amener d'Allemagne par la raison
il coopérer volontairement avec les alliés
pour l'application du traité de Versailles.
A ccs principes, qui constituent le fonde-
raient de la politique britanniques, nous tae
pouvons pas renoncer.
Et le cabinet, unanimement, approuva
le premier ministre, en même temps qu'il
lui donnait plens pouvoir pour poursui-
vre les négociations.
Pour concilier une attitude aussi réso-
lue de la part de M. Llovd George et la
détermination non moins* ferme de M,
Foincaré de ne pas accorder un morato-
rium s'il n'a pour contre-partie des gages
les âtiégute de l'Amerlsas Légion plioU>gr»plili* a Jeux «rrtréo à la gare Saiol-Luu»
productifs, il faudrait que le chef de la
Consulta fût capable d'étaborer une com-
binazione qui, apparemment, excède les
ressources de l'esprit humain. Sachons
cependant gré à NI. Sohanzer de s'offrir
il! extremis pour une méditation si diffi-
Mais, dira-t-on, ne faut-il pas, de-toute
nécessité, qu'une décision soit prise avant
le 15 août, pour permet!re à la commis-
sion des réparations de répondre à la de-
mande de moratorium formulée par l'Alle-
magne ?
Nullement. Ainsi que M. Poincaré l'ex-
pliquait ce soir même, la commission des
réparations peut se borner éventuelle-
ment aviser le cabinet de BerLin qu'elle
n'est pas en mesure, pour l'instant de lui
faire connaître sa décision. Il y a d'ail-
leurs eu san prgcédeht identique, au mois
de mai 1921, lorsque fut dressé l'état de
paiements auquel l'Allemagne demande
aujourd'hui la faculté de nc pas .se cora-
former.
Jl. Poincaré a, d'ailleurs, envoyé à cet
égard les instructions nécessaires a M. Du-
bois, président de la commission dés ré-
parations.
Les ministres roumain et serbe
chez M. Poincaré
Le président, du Conseil français a reçu
cet après-midi, au Claridge, les ministres
roumain et serbe à Londres, qui sont vie-
nuo lui exprimer leur étonneraient de
n'avoir pas été convoqués à une réunion
interalliée où l'on discute des réparations.
Ils ont fait valoir qu'en leur qualité de
représentants d'Etats créanciers de nos
anciens ennemis, ils auraient pu être, ad-
mis à participer ai ces entretiens au môme
degré que le Japon, qui, on le aait, n'est
intéressé que lorsqu'il s'agit de questions
maritimes, ce qui n'était pas le cas en
M. Poincaré, n'ayant pas fait lui-même
les convocations à cette conférence, ne
pouvait que prendre acte de leur demande.
C'est ce qu'il a fait, en donnant à ses visi-
teurs l'assurance quen défendant les'inté-
rèts des nations créditrices à l'égard de
l'Allemagne, la France se préoccupait en
même temps d'assurer la sauvegarde des
intérêts de ses anciens alliés. Il leur a
également promis que le jour où le débat
s'étendrait et où il serait question, non
plus d'un simple moratorium. mais d'un
règlement général du problème des répa-
rations et des dettes interalliées, il ap-
puierait toute requête qu'ils' pourraient
-faranuler délibéra-
tions interalliées.
Demain, à onze heures, aura lieu, à Dow-
ning Street, une première réunion des cinq
délégations, c'est-à-dire de MM. Lioyd
Geonge, Poincaré Theunis. Schanzer et du
baron Hayashi, ambassadeur du Japon.
C'est au cours de cette conférence préli-
minaire qu'on explorera à nouveau et
sans doute d'une façon définitive toutes
les issues possibles de la crise actuelle, et
il est probable que, quelle que soit la déci-
sion à laquelle on aboutira, une séance plé-
nière de la conférence sera tenue dans
l'après-midi, aux fins de l'entériner, qu'il
s'agisse de sceller un compromis ou de
constater officiellement un désaccord fon-
damrental. Jean Jfassip.
Erhardf, le fondateur de la fameuse organisation «Consul 0
poursuit son activité en Haute- Siiésie
Londres, 13 août ïdép. Petit Parisien.)
Le correspondant du Tisnes à Oppeln
indique que les armes et munitions qui ont.
été livrées jusqu'ici par le corps allemand
d'auto-protection en Haute-Silésie, en exé-
cution des mesures prescrites par le cabi-
net de Berlin, comprennent un canon de
campagne, 3 miunenwerfers, 7 mortiers de
tranchée, 82 mitrailleuses, 119 pistolets et
revolvers de divers modèles, fusils et
mitrailleuses. 1.005 obus,. 38.965 grenades à
main, 1.052 mines et plus de 380.000 car-
touches.
Le < correspondant ajoute que, en dépit de
ces livraisons, les agents militaristes atle-
imandis poursuivent leur activité dans la
Haute-Silésie où ils s'efforcent de faire de
nouvelles recrues, et que le principal d'en-
tre eux, Erhardt, le chef bien connu de
l'ancienne brigade Erhardt et le fondateur
de l'organisation C se déplace continuelle-
ment dans ce pays en empruntant les dé-
guisements Jes plus variés.
Assurez-vous gratuitement contre
les accidents, dès aujourd'hui, si
vous ne l'aoez déjà fait
Vous trouverez un BULLETIN
d'ADHÉSION en cinquième page
UNE DÉLÉGATION
DE L'AMERICAN LEGION
EST ARRIVEE A PARIS^
Après une chaleureuse réception à.Cher-'
bourg, nos amis américains, aussitôt
débarqués dans la capitale, ont tenu à
ce que leur premier geste fût un geste
d'émouvante fraternité. Ils sont allés
porter des fleurs à un grand blessé aux
Invalides.
Oherbourg, 13 août {dép. Petit Parisien.)
Les membres de l'American Legion
qu'une musique, l'union cherbourgeoise,
était allée saluer sur rade, pendant qu'ils
qu'il (aient letpaquobot Président-Roosevelt,
sont arrivés à onze heures, à la gare mari-
time, aux accents de l'Hymne américain et
de la Marseillaise.
Les capitaines Wilker, Coudai et
M. Bailey, chefs de la Légion, se sont
avancés sur la passerelle, à 'l'extrémité de
laquelle se trouvaient le contre-amiral
Grout, préfet maritime MM. Grégoire,
sous-préfet Libor, adjoint au maire de
Cherbourg, et Dorey, président de l'Asso-
ciation des combattants et mutilés, délé-
gué par la Fédération nationale. Le pré-
fet maritime a souhaité la bienvenue à
l'American Légion sur la terre de France,
puis les membres de la délégation ont été
reçus dans le hall, de la gare maritime,
richement décorné.
L'amiral Grout prit la parole au nom
du gouvernement et de la marine fran-
çaise. Il rappela en quelques mots heu-
reux le concours apporté par l'Amérique
à la cause du droit, concours qui, assura
la victoire.
Vous nous avez aidé à gagneur la guerre,
dit-il; il faut maintenant que vous nous aidiez
à gagner la-paix. Vous allez revoir les lieux où
les vôtres se sont illustrés. Vous vous rendrez
compte que la vie commence renaître parmi
tant de désastres, et, en rentrant chez vous,
vous pourrez atfirmer que la France travaille
et veut vivre.. 1
Des allocutions furent également pro-
noncées par MM. Grégoire, sous-préfet
Libor, adjoint au maire et Dorey, prési-
dent des mutilés,' qui offrit aux combat-
tants américains les souhaits de M. Magi-
not, ministre de la Guerre.
Le^ capitaines Wicker et Croulai re-
mercièrent les autorités de l'accueil cha-
leureux que leur avait réservé Cherbourg
et terminèrent leurs toasts par les cris
de « Vive la France l »
En désignant les dames américaines qui
accompagnent la délégation, M: Bailey
s'exprime ensuite en ces termes
Nous ne sommes pas venus seuls; nous
avons amené nos mères, nos femmes, nos saurs
et nos flanc-ées pour qu'elles voient la France
et les pays où nous avons combattu ensemble.
Quand nous serons de retour en Amérique, noue
saurons fnire une grande propagande pour
faire aimer, comme nous l'aimons nous-mêmes,
la France par tous les Américains.
L'heure du départ du train était venu
Aux Invalides
La "délégation de rAmerican Légion, que-*
le cdlonel Cabol-Ward, commandeur de
la Légion en Europe, était allé attendre à
Emile Vautler
Cherbourg, est arrivée à 5 h. 40 à la gare
Saint-Lazare. Les légionnaires, qui sont
une trentaine, dont un marin et plusieurs
dames, sous la direction de M. Wilcker,
furent reçus à la descente du wagon par
le capitaine anglais Taylor, vice-président
de la Fédération interalliée M. René-Mel,
représentant les combattants français; M.
Chaumié, adjoint au cabinet de M. Poin-
caré, président du Conseil le comman-
dant Marty, représentant le ministre de
la Guerre le capitaine Lhopital, officier
d'ordonnance du maréchal Foch le major
Kipling et le capitaine Francis Jacques, de
l'armée américaine M. Lesueur, inspec-
teur principal de la gare Saint-Lazare,
etc.
Une compagnie du 5* d'infanterie, avec
musique et drapeau ainsi qu'un détache-
ment de soldats américains escortant le
drapeau étoi'lé, rendaient les honneurs mi-
litaires.
Les légionnaires et les invités écoutè-
rent respectueusement l'hymne américain,
exécuté par la musique militaire, puis les
glorieux combattants de la nation amie et
alliée décidèrent spontanément, avant
même de s'en aller à leur hôtel, de porter
des fleurs à un mutilé français. Ils fixè-
rent leur choix sur l'hbpital des Inva-
lides. Ils y furent reçus par Mlle Bofer-
ding, infirmière-major. Une délicieuse
jeune femme, miss Hildesworth, de Rich-
mond (Virginie), avait apporté de Cher-
bourg, à cette intention, une belle gerbe
de roses, enrubannée aux couleurs fran-
çaises et américaines.
Au milieu de la cour de l'établissement,
un ancien combattant était là sur sa voi-
turette mécanique. C'est un ancien soldat
du 137* d'infanterie nommé Emfte Vati-
lier, atteint d'une balle à la colonne ver-
tébrale, à Vauxaillon (Aisne), le 30 mars
1917. Miss Hillesworth lui remit sa gerbe
et l'embrassa. Le colonel Ward souligna
le geste de sa compatriote par quelques
paroles aimables. Puis les délégués visi-
tèrent les salles et offrirent des bonbons
aux blessés. Les légionnaires se firent con-
duire ensuite à leur hôtel.
Ce matin, à 10 h. 30. ils iront déposer
une couronne sur la tombe du Soldat
inconnu. A midi, ils assisteront à un ban-
quet, au palais d'Orsay, présidé par
-Ni. Maginot. ministre de la Guerre.
Demain matin, ile partiront visiter ies
champs de bataille de la Marne et de la
LE PROJET OE TRANSSAHARIEN EST-IL REALISABLE?
̃̃̃ ̃' ̃ -̃ ̃̃̃̃̃̃– ̃• ̃̃WW>– ̃̃ ̃̃– ̃ h
OUI, SI LA QUESTION DE L'EAU EST RÉSOLUE
On parle beaucoup
en ce moment du
transsaharien. Cette
question étant à l'or-
dre du jour, nous
avons pensé qu'il pou-
vait être intéressant,
pour nos lecteurs, de
connaître l'opinion
d'une personnalité
ayant une connais-
sance pratique du Sa-
hara. CI
ious nous s som-
mes adressé à M. An-
dré B o n a m y, admi-
nistrateur en chef des
colonies, qui a résidé
plusieurs années à à
Tombouctou, et qui
fut chargé par le gou-
vernement, en 1917,
d'une mission politi-
quéà travers le Sahara.
Parti d'Alger en fé-
vrier, M. André Bona-
my atteignit Tombouc-
tou au début de sep-
tembre, après avoir
visite 1 e Touat. 1 e
Tidikelt, le Hoggar et
l'Adrar.
J'ai toujours été ë
convaincu de la néoes-
:*i"té d'une Maison polilù
que, économique et mili-
taire entre l'Afrique du
Nord et
dentale, nous dit M. An-
dré Bonamy c'est vous
dire que jfc suis ardem-
ment partisan du trans-
saharien, en tant que
chemin de fer intçrcolo-
nial. J e considère 1 e
transsaharien comme !e
couronnement de l'œuvre
française en Afrique.
Les enseignements de
la guerre font. qu'au-
jourd'hui on pense sérieusement à la construc-
tion de ce chemin de fer, que beaucoup, jus-
qu'ici, se plaisaient à. considérer comme une
chimère.
La question s'est posée de savoir si l'exé-
euUan de ce gigantesque travail était réali-
saWle, et si l'exploitation d'une ldgne de ahe-
mbn de fer en pays désertique, était possitiie.
Nous croyons pouvoir répondre par l'affirma-
tive, sans toutefois vouloir dissimuler les dif-
flcultés que présentant et la construction et
l'exploitation du transsaharien.
On a beaucoup écrit sur le Sahara, souvent
des choses inexactes. Certains font de ce pays
un épouvantable désert un enfer terrestre
d'autres, au contraire, assurent que les forêts
y alternent avec de verts pâturages. On a
exagéré dans les deux ^ens. Le Sahara n'est
pas complètement désertique, car itl y a au
Touat et au TidlkeK, de véritables chapelets
d'oasis, et au Hoggar, on rencontre, certai-
nes attitudes, de petites palmeraies où des
sédentaires cultivent avec peine, de misâca–
Mes. jardins. Mais, c'est' a peu près tout. Il
faut descendre jusqu'au dix-neuvième paral-
lèle, c'est-à-dire jusqu'à la vallée du Niger.
pour. trouver ia végétation et les prairies où
pai&seat les immenses troupeaux des Toua-
reg. En dehors de ces quelques points, c'est
bien le désert, avec une absence de pluie à
peu près complète en 1917, lors de mon pas-
sage, il n'avait pas plu depuis six ans qui
entraîne l'absence de toute vie, aussi bien
végétale qu'animale. Le sol, si l'on excepte
le Grand Erg, pays des dunes, qui s'étend
vers le sud jusqu'au vingt-neuvième paral-
lèle, est généralement composé de « reg »,
terrain dur et plat il. dénivellation insensi-
ble, ou de hammada », sorte de table ro-
cheuse semée de gros blocs de grès.
Notez bien que cette configuration du sot,
où l'ensablement n'est pas rtdoitter, rendra
d'aiîteurs singulièrement faciles les travaux
d'infrastructure du chemin de fer, car le rail
pourra être posé directement sur un sol plat
et solide. Mats les ressources d'un Gel pays
sont absolument nulles.
La question du climat ne joue-t-elle
pas, là-bas, un r6ie important? deman-
dai-je.
Le climat du Sahara est très supportable,
me dit M. André Bonamy froid marne en
hiver. il, est torride en été. Le thermomètre
monte généralement il. 40° au milieu de la
journée pendant les mois «l'été, et atteint
parfois Un vent violent et brûlant souffle
sans interruption pendant le jour. Afl cours
de ma traversée du Tanezrouft, effectuée 6t
est vrai, au pius mauvais moment, c'est-à-dire
au mois de juiH-et, te tempête de vent et de
sable cammençait dès le lever du soleil, pour
ne cesser qu'à son coucher. Il était imipoSsible
de dresser une tente et de faire la moindre
cuisine un sable imipailipabile envahissait tout.
La rigueur du dltaiat saharien durant les
mois d'été g6nera, sans doute, la ccwisibruction
du chemin de fer; il y aura à vaincre des
difftcu'ltés pour acclimater la main-d'œuvre
sur les chantiers; et plus tard, dans les sta-
tions dé la ligne, il sera nécessaire d'initier
aux mystères du .tété-graphe Mors« des Arabes
et des Touareg, seuls capables d'habiter en
pemianence dans le Tanezrouft.
Ces obstacles ne sont cependant pas insur-
montables.
Mais, et la question de l'eau, dont on
a tant parlé, qu'en pensez-vous ?
La question capitale de l'eau
M. André Bonamy réfléchit un instant,
comme «pour mieux mesurer la valeur et
la portée de ses mots
Llne seule quection, à mon avis, me dit-jï,
est grave dans la construclion du chemin de
fer transsaharien c'est, en effet, la question
de l'eau. C'est le problème le ptua important
celui qn'il faut résoudre aviint d'entreprendre
ln.pose du-rail. Les paints d'eau sont rares au
,Sahara. et teur débit est très faible. Dans maints
endroits, après avoir abreuvé cinquante cha-
meaux, les puits sont taris et il faut attendre
vingt-quatre ou quarante-huit Ireures avant
qu'ils se remplissent. Or, pour construire un
chemin de fer et faire vivre le personnel indis-
pensable à son exploitation, il faut de l'eau,
beaucoup d'eau on a calculé que la traction
d'un train de 300 tonnes nécessiterait 20 tonnes
d'eau pa,r 100 kilomètres parcourus-; en ajou-
tant l'eau nécessaire au personnel le long de la
voie ferrée, c'est environ 300 tonnes d'eau qui
seraient indispensables pour franchir 1.000
kilomètres de désert, soit l'espace compris
entre la pointe extrême sud du Touat et la val-
lée du Niger, par exemple.
Les ressources en eau de cette région, de
l'avis de Inus les Sahariens, sont loin de pou-
voir fournir celle consommation. Il est impru-
dent aussi de compter sur les nappes d'eau
artésiennes, car, oitlre que les (les
formages demeurent toujours incertaine, les tra-
vaux qu'ils en I rainent ne peuvent être exécutés
que le long d'une ligne de chemin de fer déjà
éïiiMie. Les nappes souterraines, d'autre part,
sVpuisent parfois et celte l'vmtualité est parti-
«̃uliiTi-ment à redouter, dans un pays oit les
explorateurs ont été unanimes à signaler le
dessèchement progressif du sol.
En plusieurs endroits, au cours de mon
vovagv, j'iil pu constater des traces, de palme-
raies alKindonnées et des vestiges d'hnbihit
humain. Au bas Touat, dernier point habité
avant le désert, des vieillards me montrant le
sud-ouest, en direction de Tombouctou, me
disaient, qu'autrefois, les caravanes se ren-
dî«€p!, au ^igex^ aujour-
d'hui c'est impossible car les p-uite sont
« morts. »
Toute la question du tran&saJiafien est liée au
problème de d'eau. Or il y a peu ou pas
d'eau au Sanara et souvent elle est chargée de
sels qui la. rendent impropre à la consommation
Il faut donc amener, par des moyen» à. re-
chercher, une quantité d'eau suffisante pour
permettre la traction des trains et aussi pour
asôuner aux hommes des postes de la ligne
l'eau potable indispensable à leur subsis-
tance.
Puis-je me permettre encore une
question, monsieur l'administrateur en
chef ? Que pensez-vous du projet Sabat-
tier?
Le système préconisé par -NI. Camillc
Sabattier, me dit en terminant M. Bonamy, qui
consisterait à capter les eaux du Ouir et, au
moyen d'une canalisation établie le long de la
tîgne, à lee amener en plein Sahara est très
lnT?ces&nt-irnrfrtt
Et ponctuant ses mots, M. Bonamy
ajouta
C'est de ce côté que doit être recherchée
la solution du problème.
C'est là, certes, un gros travail à entrepren-
dre, mais* il n'est pas au-dessus de nos forces.
C'est aussi une dépense supplémentaire consi-
dérable à envisager, mais je la juge indispen-
sable, car je &\ois que toute entreprise de che-
min de fer qui négligerait mu préalable la
question de l'eau est vouée à l'insuccès.
r»3El.ISOlNrS EST I»DÉ33NriTE3i«rOIE:iî.S
"L'ECOLE DE PIMATÏTJE DOULLENS
Doultens, 13 août (de notre envoyé spécial.)
Transportons-nous en pensée, dans une
salle de justice. Une jeune prévenue est
assise entre les gendarmes son procès
s'achève elle est acquittée « comme ayant
agi sans discernement ». Mais le jugement
dit qu'elle sera retenue jusqu'à sa ma-
jorité dans une colonie pénitentiaire.
Ainsi s'exprime le code pénal, et le pu-
blic traduif « Elle ira dans une maison
de. correction.
Le public, comme le code, fait erreur.
Il n'y a plus de colonies pénitentiaires,
plus de maisons de correction. Acquittée
ou condamnée, la jeune fille est dirigée
sur une Ecole de préservation. Affaire do
mots, di-ra-t-on quels que soient les noms
dont on les nomme, ce sont toujours des
« bagnes d'enfants ».
Je confesse que, hier encore. je parla-
geais cette opinion populaire. On est tou-
jours plus ou moins victime des vieillies
littératures, et les plus noirs préjugés
sont souvent les plus tenaces. Nous allons
connaître la vérité.
La « maison » de Doullens occupe, au
bout de la ville, une citadelle construite.
par les Espagnols et par Va-uban. sur
d'antiques souterrains picards, où la lé-
gende place le cachot de Gaston, prince
d'Orléans. Plus récemment. la forteresse
détint Blanqui (avril 18i9) et Raspail
(1835). J'appris cela du cocher, durant le
trajet de la gare au faubourg de l'école.
iNous paissions enlre des maisons basses.
Une torpeur engourdissait la vile. Per-
sonne dans les larges rues de l'herbe pas-
sait enrf-e les pavés le vent apportait de
.LA CITADELIJa
lointains appels de clairon et quelques
chants de coqs. Nous arrivions sous
l'épaisse verdure d'un double rang de pla-
tanes encore quelques centaines de mè-
tres et.
Voici la citadelle, monsieur, dit le
cocher.
Un rempart dresse contre le ciel sa fa-
laise abrupte, qui, jadis, devait plongeur
son reflet dans l'eau morte des douves.. Au-
jourd'hui, les fossés sont à sec, mais le
pont à sept arc.heg subsiste, qui conduit à
l'entrée des fortifications. Cette entrée.qui
date du seizième siècle, est faiie d'une
lourde maçonnerie, que domine an pignon
et que soutiennent quatre colonnes ados-
sées. Une toute petite poterne s'ouvre au
bas de cette massive construction. A l'in-
térieur, un chemin de ronde passe en ser-
pentant sous des voulus d'accè,; tout cela
est sombre, lourd, avec un air de bastille.
A pas lents je gravis ln rampe et. sou-
dain, accédant ia deuxième ciiceinle, je
suit? comme ébloui un jardin fait de
hautes herbes, de Heurs sauvages et. d'ar-
bres centenaires s'étale sur !es glacis. l'n
bourdonnement d'insectes remplit l'air,
chargés d'odeurs rustiques. Encore quel-
que. pas et. dans un sentier, je rencontre
le « gouverneur du château ». Je me fais
connaitre et lui' fais part des sentiments
qui m'animent.
Fort bien. dit-il. Vous voulez voir nies
fflies. Nous allons les voir ensemble.
« Mes miles ». Il a dit cela d'un ton si
paternel que j'en ,nis surprix, presque mis
en défiance. On fanf. dit et tant écrit de
choses sur tes établissements de correc-
tion Sans doute mon hôte devine-t-il ma
DANS LE TRAIN
1'\ y a trop souvenr, hélas, des catastrophes
de chemin de fer et il y a trop de trains qui
déraiftent
Mais il n'y a pas que les trainss qui dérail-
lent. Beaucoup de voyageurs aussi déraillent
en chemin de fer.
Des lectrices alarmées me signalent ces conti-
nuels et détestables accidents.
Les jeunes voyageurs, et notamment ks
jeunes soldats, se conduisent, parait-il, en troi-
sième Classe, aussi mal qu'il est passible.
D'abord, bien entendu, ils fument. Ils fu-
ment sans se préoccuper de savoir s'ils se trou-
vent dans des compartiments de fumeurs et
si la fumée du tabac n'incommode pas les au-
tres voyageurs, les dames surtout.
Mais c'est là leur plus petit péché. Ce qui
est beaucoup plus grave, c'est qu'ils boivent en
même temps qu'ils fument. Ils boivent du vin
rouge et ils boivent comme des trous. Pour
nos poilus, quand ils voyagent, l'usage immo-
déré du pinard est devenu une sorte de loi
absolue, qu'ils ne voudraient, pour rien au
monde, transgresser.
Il faut boire, boire, boire 1. Ils vident leurs
bidons et à chaque arrêt font emplette, au
buffet, de nouvelles munitions liquides. Ms
fument. Ils boivent Et ils se saouletlt.
Le mouvement du train, la qualité, parfois
douteuse du pinard qu'ils ingurgitent, le tabac
trop fort, l'excitation du voyage, tout cela
précipite leur ivresse. Et c'est alors, pour leurs
infortunés compagnons de route, la catastro-
phe affreuse.
Ces jeunes gens qui, pris isolément et à
jeun seraient des jeunes gens charmants,
gentls qt bien élevés, deviennent insuppor-
tables, insolents, indécents. et dégoûtants.
Ils perdent à la fois et le respect des autres
voyageurs et le re;pect d'eux-mêmes.
Ils entonnent des refrains immondes, qui
offusqueraient des chimpanzés. Des femmes,
des jeunes fulles, dont les oreilles peuvent être
sensibles, doivent entendre ces horreurs et ces
saletés. Ce n'est vraiment pas très agréable.
11-y a les chansons obscènes. Il y a autre
chose. Il y a certains accidents sur la nature
desquels il n'est pas nécessaire d'insister. La
nature veut que l'on rende ce que l'on a pris
en trop.
Les compartiments deviennent ainsi des por
cheries. Et les pauvres voyageurs qui ne sont
pas ivres n'ont pas d'autre ressource que d'aller
se réfugier dans le couloir.
Une lectrice m'écrit':
« J'étais en l'armes. J'étais en deuil. M;-
fille (quinze ans) m'accompagnait. J'allais à
Pari^ où mon pauvre fils ainé venait de mourir.
Pendant tout le temps du voyage un cal-
vaire. des permissionnaires n'ont pas cessé
de boire, ni de chanter. Je ne peux pas vous
dire ce qu'ils ont bu. Je ne peux surtout pas
vous dire ce qu'ils ont chanté C'était répu-
gnant. Deux d'entre eux ont été malades.» t
Ces jeunes pefmissionriaires étaient certai-
nement de lwrus garçons. Ils se sont conduits
pourtant, sans le vouloir comme de petits
mufles.
.Jeunes gens, jeunes gens, tâchez donc
d'être plus sages, quand vous voyagez Ne
déraillez pas. on peut parfaitement passer son
temps en chemin de fer sans se saouler, sans
rugir des refrains idiots et sales. Le jour, il
y. a le paysage. Rcgande^–as peu la belle
campagne de France. Ça vaut bien un verre
de « pinard u. La nuit» pour ne pas empêcher
vos compagnons de route de dormir, essayez
donc de dormir va:mêmes.
.Jeunes gens, qni voyagez, jeunes gens,
songez à la triste lettre de la vieillie pauvre
femme qui avait perdu son enfant. Songez
que vos mamans, que vos sueurs voyagent elles
aussi. Que diriez-vous si vous saviez qu'elles
voyagent en compagnie d'ivrognes obscènes et
vomissants ?. Maurice Prax.
REGION -PARISIENNE
Rafraîchissement. Ciel en-
core coavert ou très nua-
geux avec éclaircies et quel-
ques ondées amélioration
le soir. Vent tournant à nord-
ouest.
Nuit Jour
EN FRANCE
Moitié Süd temps. beau
et chaud vent faible. Moi-
tié Nord ciel nuageux ou
très nuageux quelques on-
dées rafraîchissement. Vent
modéré de nord-ouest.
SOLEIL: Iev.5h.43; couch.8 h.08
LUNE dern. qu. 15; nouv. 22
47«ANNÉP. N° 16.603
LUNDI
14
AOUT
Saint Eusebe
ABONNEMENTS Sots S Mit 1 u
Seine et S.-O. a M.»
FraneectCol. 13.
Etranger. a2. 82.»
RUE D'ENGHTFN, PARIS
A QUOI LA CONFERENCE DE LONDRES
ABOUTIRA TELLE AUJOURD'HUI ?
SOLUTION TRANSACTIONNELLE
OU CONSTATATION DU DÉSACCORD ?
Londres, 13 août (dép. Petit Parisien.)
La situation n'a point changé.
C'est dire que lorsque s'ouvrira de-
main matin la réunion des premiers
̃ jnirmtres, ils risquent de se trouver en
présence d'un conflit, franco-britan-
gaique nullement atténué.
Dans ces conditions, et sans perdre
J'espoir que les meilleurs conseil
finissent par prévaloir du côté anglais,
al faut prévoir le pire, c'est-à-dire l'im-
possibilité de parvenir à un accord sur
tes questions actuellement posées.
Il se peut que, ni *ur les mines fls-
tale,s, ni sur les t'oivis domaniales, on
ne parvienne à rallier les Anglais à la
•thèse franco-beige en ce cas, la délé-
gation française, de son côté, refuse-
rait, sans doute, de consentir au nou-
;veau moratorium. Ce serait l'échec de la
conférence.
En présence de cette perspective, de
bons esprits suggèrent, dans les délé-
gations alliées, que, du moins, il ne
ratidrait pas se séparer sans prendre
rendez-vous, à plus ou moins brèva
échéance, pour le règlement général des
réparations et des dettes interalliées,
qui n'a pti être abordé cette fois-ci.
Leur thèse est dictée par le bon sens
cependant, il faut reconnaître qu'elle
prendra difficilement corps si l'attitude
de l'Angleterre ne se modifie pas.
C'est la note de lord Ba^four sur les
dettes interalliées qui a paru rendre
impossible un règlement général or,
tout le monde en reconnaît la nécessité.
C'est pourquoi il n'est pas excessif de
prévoir qu'on instituera» un jour, en
commun, des débats plus larges et plus
décisifs.
Mais, en aMendant, il faut laisser la
parole à M.' Lloyd George.
DIVERGENCES FONDAMENTALES
Londres, 13 août {dép. Petit Par'isien.)
.Après une semaine de délibérations, la
jeemiérence continue et, pareillement, la
£rise se prolonge. C'est lundi dernier
ifui'eut lieu la première séance. Il n'est pas
'Impossible que la dernière soit tenue de-
AujourcPhui. les experts ont pris une
.Journée de repos bien gagné, après de lon-
ges et pénibles- délibérations- qui- se sont
malheureusement révélées infructueuses.
M, Lloyd George s'est reposé à la campa-
Elle, et, quant aux autres premiers minis-
tres, ils ne sont pas restés absolument
dnautifs.
La Conférence du Claridge
"M. Poincaré est de Lasteyrie ont reçu
.fce matin, au Claridge, MM. Theunis et
'ÎSetianzer, assistés de leurs ministres des
finances. Au cours de cette conversation,
il-s se sont ingéniés à découvrir les issues
qu'on pourrait trouver à l'impasse ac-
111,11', et je crois savoir que M. Sohanzer,
qui jusqu'ici n'avait, pa- jour un rôle très
actif, a affirmé son grand désir de colla-
borer à la recherche d'une solution mé-
idiatriee.
Dans quelle mesure son intervention
tardive se révélera-t-elle efficace? C'est ce
que nul ne peut encore prévoir, car le
conflit qu'il s'agit, de résoudre est plus
profond qu'on ne se l'imagine peut-être.
Les divergences des experts au point rie
Mio technique ne sont que des éléments
de la criso. Ce qui les rend sé-
rieuses et apparemment insolubles, c'est
que nous sommes en présence de deux
politiques qui s'affrontent dans leurs
principes fondamentaux.
La thèse de M. Lloyd George
.l'apprends, en effet, qu'au cours de !a
exauce du cabinet britannique, qui «'est
.tenue hier matin Downing Street, M.
Lloyd George présenta la situation à ses
Collègues de la marnière suivante
Nous sommes saisis d'une série tte pro-
positions françaises qui stipulent un
groupe de wesures destinées à faire pres-
iion sur l'Allemagne pour la contrai-ndrc ù
effectuer ses paiements au titre des répa-
rations.
Notre politique il nous consiste, au con-
traire, à amener d'Allemagne par la raison
il coopérer volontairement avec les alliés
pour l'application du traité de Versailles.
A ccs principes, qui constituent le fonde-
raient de la politique britanniques, nous tae
pouvons pas renoncer.
Et le cabinet, unanimement, approuva
le premier ministre, en même temps qu'il
lui donnait plens pouvoir pour poursui-
vre les négociations.
Pour concilier une attitude aussi réso-
lue de la part de M. Llovd George et la
détermination non moins* ferme de M,
Foincaré de ne pas accorder un morato-
rium s'il n'a pour contre-partie des gages
les âtiégute de l'Amerlsas Légion plioU>gr»plili* a Jeux «rrtréo à la gare Saiol-Luu»
productifs, il faudrait que le chef de la
Consulta fût capable d'étaborer une com-
binazione qui, apparemment, excède les
ressources de l'esprit humain. Sachons
cependant gré à NI. Sohanzer de s'offrir
il! extremis pour une méditation si diffi-
Mais, dira-t-on, ne faut-il pas, de-toute
nécessité, qu'une décision soit prise avant
le 15 août, pour permet!re à la commis-
sion des réparations de répondre à la de-
mande de moratorium formulée par l'Alle-
magne ?
Nullement. Ainsi que M. Poincaré l'ex-
pliquait ce soir même, la commission des
réparations peut se borner éventuelle-
ment aviser le cabinet de BerLin qu'elle
n'est pas en mesure, pour l'instant de lui
faire connaître sa décision. Il y a d'ail-
leurs eu san prgcédeht identique, au mois
de mai 1921, lorsque fut dressé l'état de
paiements auquel l'Allemagne demande
aujourd'hui la faculté de nc pas .se cora-
former.
Jl. Poincaré a, d'ailleurs, envoyé à cet
égard les instructions nécessaires a M. Du-
bois, président de la commission dés ré-
parations.
Les ministres roumain et serbe
chez M. Poincaré
Le président, du Conseil français a reçu
cet après-midi, au Claridge, les ministres
roumain et serbe à Londres, qui sont vie-
nuo lui exprimer leur étonneraient de
n'avoir pas été convoqués à une réunion
interalliée où l'on discute des réparations.
Ils ont fait valoir qu'en leur qualité de
représentants d'Etats créanciers de nos
anciens ennemis, ils auraient pu être, ad-
mis à participer ai ces entretiens au môme
degré que le Japon, qui, on le aait, n'est
intéressé que lorsqu'il s'agit de questions
maritimes, ce qui n'était pas le cas en
M. Poincaré, n'ayant pas fait lui-même
les convocations à cette conférence, ne
pouvait que prendre acte de leur demande.
C'est ce qu'il a fait, en donnant à ses visi-
teurs l'assurance quen défendant les'inté-
rèts des nations créditrices à l'égard de
l'Allemagne, la France se préoccupait en
même temps d'assurer la sauvegarde des
intérêts de ses anciens alliés. Il leur a
également promis que le jour où le débat
s'étendrait et où il serait question, non
plus d'un simple moratorium. mais d'un
règlement général du problème des répa-
rations et des dettes interalliées, il ap-
puierait toute requête qu'ils' pourraient
-faranuler délibéra-
tions interalliées.
Demain, à onze heures, aura lieu, à Dow-
ning Street, une première réunion des cinq
délégations, c'est-à-dire de MM. Lioyd
Geonge, Poincaré Theunis. Schanzer et du
baron Hayashi, ambassadeur du Japon.
C'est au cours de cette conférence préli-
minaire qu'on explorera à nouveau et
sans doute d'une façon définitive toutes
les issues possibles de la crise actuelle, et
il est probable que, quelle que soit la déci-
sion à laquelle on aboutira, une séance plé-
nière de la conférence sera tenue dans
l'après-midi, aux fins de l'entériner, qu'il
s'agisse de sceller un compromis ou de
constater officiellement un désaccord fon-
damrental. Jean Jfassip.
Erhardf, le fondateur de la fameuse organisation «Consul 0
poursuit son activité en Haute- Siiésie
Londres, 13 août ïdép. Petit Parisien.)
Le correspondant du Tisnes à Oppeln
indique que les armes et munitions qui ont.
été livrées jusqu'ici par le corps allemand
d'auto-protection en Haute-Silésie, en exé-
cution des mesures prescrites par le cabi-
net de Berlin, comprennent un canon de
campagne, 3 miunenwerfers, 7 mortiers de
tranchée, 82 mitrailleuses, 119 pistolets et
revolvers de divers modèles, fusils et
mitrailleuses. 1.005 obus,. 38.965 grenades à
main, 1.052 mines et plus de 380.000 car-
touches.
Le < correspondant ajoute que, en dépit de
ces livraisons, les agents militaristes atle-
imandis poursuivent leur activité dans la
Haute-Silésie où ils s'efforcent de faire de
nouvelles recrues, et que le principal d'en-
tre eux, Erhardt, le chef bien connu de
l'ancienne brigade Erhardt et le fondateur
de l'organisation C se déplace continuelle-
ment dans ce pays en empruntant les dé-
guisements Jes plus variés.
Assurez-vous gratuitement contre
les accidents, dès aujourd'hui, si
vous ne l'aoez déjà fait
Vous trouverez un BULLETIN
d'ADHÉSION en cinquième page
UNE DÉLÉGATION
DE L'AMERICAN LEGION
EST ARRIVEE A PARIS^
Après une chaleureuse réception à.Cher-'
bourg, nos amis américains, aussitôt
débarqués dans la capitale, ont tenu à
ce que leur premier geste fût un geste
d'émouvante fraternité. Ils sont allés
porter des fleurs à un grand blessé aux
Invalides.
Oherbourg, 13 août {dép. Petit Parisien.)
Les membres de l'American Legion
qu'une musique, l'union cherbourgeoise,
était allée saluer sur rade, pendant qu'ils
qu'il (aient letpaquobot Président-Roosevelt,
sont arrivés à onze heures, à la gare mari-
time, aux accents de l'Hymne américain et
de la Marseillaise.
Les capitaines Wilker, Coudai et
M. Bailey, chefs de la Légion, se sont
avancés sur la passerelle, à 'l'extrémité de
laquelle se trouvaient le contre-amiral
Grout, préfet maritime MM. Grégoire,
sous-préfet Libor, adjoint au maire de
Cherbourg, et Dorey, président de l'Asso-
ciation des combattants et mutilés, délé-
gué par la Fédération nationale. Le pré-
fet maritime a souhaité la bienvenue à
l'American Légion sur la terre de France,
puis les membres de la délégation ont été
reçus dans le hall, de la gare maritime,
richement décorné.
L'amiral Grout prit la parole au nom
du gouvernement et de la marine fran-
çaise. Il rappela en quelques mots heu-
reux le concours apporté par l'Amérique
à la cause du droit, concours qui, assura
la victoire.
Vous nous avez aidé à gagneur la guerre,
dit-il; il faut maintenant que vous nous aidiez
à gagner la-paix. Vous allez revoir les lieux où
les vôtres se sont illustrés. Vous vous rendrez
compte que la vie commence renaître parmi
tant de désastres, et, en rentrant chez vous,
vous pourrez atfirmer que la France travaille
et veut vivre.. 1
Des allocutions furent également pro-
noncées par MM. Grégoire, sous-préfet
Libor, adjoint au maire et Dorey, prési-
dent des mutilés,' qui offrit aux combat-
tants américains les souhaits de M. Magi-
not, ministre de la Guerre.
Le^ capitaines Wicker et Croulai re-
mercièrent les autorités de l'accueil cha-
leureux que leur avait réservé Cherbourg
et terminèrent leurs toasts par les cris
de « Vive la France l »
En désignant les dames américaines qui
accompagnent la délégation, M: Bailey
s'exprime ensuite en ces termes
Nous ne sommes pas venus seuls; nous
avons amené nos mères, nos femmes, nos saurs
et nos flanc-ées pour qu'elles voient la France
et les pays où nous avons combattu ensemble.
Quand nous serons de retour en Amérique, noue
saurons fnire une grande propagande pour
faire aimer, comme nous l'aimons nous-mêmes,
la France par tous les Américains.
L'heure du départ du train était venu
Aux Invalides
La "délégation de rAmerican Légion, que-*
le cdlonel Cabol-Ward, commandeur de
la Légion en Europe, était allé attendre à
Emile Vautler
Cherbourg, est arrivée à 5 h. 40 à la gare
Saint-Lazare. Les légionnaires, qui sont
une trentaine, dont un marin et plusieurs
dames, sous la direction de M. Wilcker,
furent reçus à la descente du wagon par
le capitaine anglais Taylor, vice-président
de la Fédération interalliée M. René-Mel,
représentant les combattants français; M.
Chaumié, adjoint au cabinet de M. Poin-
caré, président du Conseil le comman-
dant Marty, représentant le ministre de
la Guerre le capitaine Lhopital, officier
d'ordonnance du maréchal Foch le major
Kipling et le capitaine Francis Jacques, de
l'armée américaine M. Lesueur, inspec-
teur principal de la gare Saint-Lazare,
etc.
Une compagnie du 5* d'infanterie, avec
musique et drapeau ainsi qu'un détache-
ment de soldats américains escortant le
drapeau étoi'lé, rendaient les honneurs mi-
litaires.
Les légionnaires et les invités écoutè-
rent respectueusement l'hymne américain,
exécuté par la musique militaire, puis les
glorieux combattants de la nation amie et
alliée décidèrent spontanément, avant
même de s'en aller à leur hôtel, de porter
des fleurs à un mutilé français. Ils fixè-
rent leur choix sur l'hbpital des Inva-
lides. Ils y furent reçus par Mlle Bofer-
ding, infirmière-major. Une délicieuse
jeune femme, miss Hildesworth, de Rich-
mond (Virginie), avait apporté de Cher-
bourg, à cette intention, une belle gerbe
de roses, enrubannée aux couleurs fran-
çaises et américaines.
Au milieu de la cour de l'établissement,
un ancien combattant était là sur sa voi-
turette mécanique. C'est un ancien soldat
du 137* d'infanterie nommé Emfte Vati-
lier, atteint d'une balle à la colonne ver-
tébrale, à Vauxaillon (Aisne), le 30 mars
1917. Miss Hillesworth lui remit sa gerbe
et l'embrassa. Le colonel Ward souligna
le geste de sa compatriote par quelques
paroles aimables. Puis les délégués visi-
tèrent les salles et offrirent des bonbons
aux blessés. Les légionnaires se firent con-
duire ensuite à leur hôtel.
Ce matin, à 10 h. 30. ils iront déposer
une couronne sur la tombe du Soldat
inconnu. A midi, ils assisteront à un ban-
quet, au palais d'Orsay, présidé par
-Ni. Maginot. ministre de la Guerre.
Demain matin, ile partiront visiter ies
champs de bataille de la Marne et de la
LE PROJET OE TRANSSAHARIEN EST-IL REALISABLE?
̃̃̃ ̃' ̃ -̃ ̃̃̃̃̃̃– ̃• ̃̃WW>– ̃̃ ̃̃– ̃ h
OUI, SI LA QUESTION DE L'EAU EST RÉSOLUE
On parle beaucoup
en ce moment du
transsaharien. Cette
question étant à l'or-
dre du jour, nous
avons pensé qu'il pou-
vait être intéressant,
pour nos lecteurs, de
connaître l'opinion
d'une personnalité
ayant une connais-
sance pratique du Sa-
hara. CI
ious nous s som-
mes adressé à M. An-
dré B o n a m y, admi-
nistrateur en chef des
colonies, qui a résidé
plusieurs années à à
Tombouctou, et qui
fut chargé par le gou-
vernement, en 1917,
d'une mission politi-
quéà travers le Sahara.
Parti d'Alger en fé-
vrier, M. André Bona-
my atteignit Tombouc-
tou au début de sep-
tembre, après avoir
visite 1 e Touat. 1 e
Tidikelt, le Hoggar et
l'Adrar.
J'ai toujours été ë
convaincu de la néoes-
:*i"té d'une Maison polilù
que, économique et mili-
taire entre l'Afrique du
Nord et
dentale, nous dit M. An-
dré Bonamy c'est vous
dire que jfc suis ardem-
ment partisan du trans-
saharien, en tant que
chemin de fer intçrcolo-
nial. J e considère 1 e
transsaharien comme !e
couronnement de l'œuvre
française en Afrique.
Les enseignements de
la guerre font. qu'au-
jourd'hui on pense sérieusement à la construc-
tion de ce chemin de fer, que beaucoup, jus-
qu'ici, se plaisaient à. considérer comme une
chimère.
La question s'est posée de savoir si l'exé-
euUan de ce gigantesque travail était réali-
saWle, et si l'exploitation d'une ldgne de ahe-
mbn de fer en pays désertique, était possitiie.
Nous croyons pouvoir répondre par l'affirma-
tive, sans toutefois vouloir dissimuler les dif-
flcultés que présentant et la construction et
l'exploitation du transsaharien.
On a beaucoup écrit sur le Sahara, souvent
des choses inexactes. Certains font de ce pays
un épouvantable désert un enfer terrestre
d'autres, au contraire, assurent que les forêts
y alternent avec de verts pâturages. On a
exagéré dans les deux ^ens. Le Sahara n'est
pas complètement désertique, car itl y a au
Touat et au TidlkeK, de véritables chapelets
d'oasis, et au Hoggar, on rencontre, certai-
nes attitudes, de petites palmeraies où des
sédentaires cultivent avec peine, de misâca–
Mes. jardins. Mais, c'est' a peu près tout. Il
faut descendre jusqu'au dix-neuvième paral-
lèle, c'est-à-dire jusqu'à la vallée du Niger.
pour. trouver ia végétation et les prairies où
pai&seat les immenses troupeaux des Toua-
reg. En dehors de ces quelques points, c'est
bien le désert, avec une absence de pluie à
peu près complète en 1917, lors de mon pas-
sage, il n'avait pas plu depuis six ans qui
entraîne l'absence de toute vie, aussi bien
végétale qu'animale. Le sol, si l'on excepte
le Grand Erg, pays des dunes, qui s'étend
vers le sud jusqu'au vingt-neuvième paral-
lèle, est généralement composé de « reg »,
terrain dur et plat il. dénivellation insensi-
ble, ou de hammada », sorte de table ro-
cheuse semée de gros blocs de grès.
Notez bien que cette configuration du sot,
où l'ensablement n'est pas rtdoitter, rendra
d'aiîteurs singulièrement faciles les travaux
d'infrastructure du chemin de fer, car le rail
pourra être posé directement sur un sol plat
et solide. Mats les ressources d'un Gel pays
sont absolument nulles.
La question du climat ne joue-t-elle
pas, là-bas, un r6ie important? deman-
dai-je.
Le climat du Sahara est très supportable,
me dit M. André Bonamy froid marne en
hiver. il, est torride en été. Le thermomètre
monte généralement il. 40° au milieu de la
journée pendant les mois «l'été, et atteint
parfois Un vent violent et brûlant souffle
sans interruption pendant le jour. Afl cours
de ma traversée du Tanezrouft, effectuée 6t
est vrai, au pius mauvais moment, c'est-à-dire
au mois de juiH-et, te tempête de vent et de
sable cammençait dès le lever du soleil, pour
ne cesser qu'à son coucher. Il était imipoSsible
de dresser une tente et de faire la moindre
cuisine un sable imipailipabile envahissait tout.
La rigueur du dltaiat saharien durant les
mois d'été g6nera, sans doute, la ccwisibruction
du chemin de fer; il y aura à vaincre des
difftcu'ltés pour acclimater la main-d'œuvre
sur les chantiers; et plus tard, dans les sta-
tions dé la ligne, il sera nécessaire d'initier
aux mystères du .tété-graphe Mors« des Arabes
et des Touareg, seuls capables d'habiter en
pemianence dans le Tanezrouft.
Ces obstacles ne sont cependant pas insur-
montables.
Mais, et la question de l'eau, dont on
a tant parlé, qu'en pensez-vous ?
La question capitale de l'eau
M. André Bonamy réfléchit un instant,
comme «pour mieux mesurer la valeur et
la portée de ses mots
Llne seule quection, à mon avis, me dit-jï,
est grave dans la construclion du chemin de
fer transsaharien c'est, en effet, la question
de l'eau. C'est le problème le ptua important
celui qn'il faut résoudre aviint d'entreprendre
ln.pose du-rail. Les paints d'eau sont rares au
,Sahara. et teur débit est très faible. Dans maints
endroits, après avoir abreuvé cinquante cha-
meaux, les puits sont taris et il faut attendre
vingt-quatre ou quarante-huit Ireures avant
qu'ils se remplissent. Or, pour construire un
chemin de fer et faire vivre le personnel indis-
pensable à son exploitation, il faut de l'eau,
beaucoup d'eau on a calculé que la traction
d'un train de 300 tonnes nécessiterait 20 tonnes
d'eau pa,r 100 kilomètres parcourus-; en ajou-
tant l'eau nécessaire au personnel le long de la
voie ferrée, c'est environ 300 tonnes d'eau qui
seraient indispensables pour franchir 1.000
kilomètres de désert, soit l'espace compris
entre la pointe extrême sud du Touat et la val-
lée du Niger, par exemple.
Les ressources en eau de cette région, de
l'avis de Inus les Sahariens, sont loin de pou-
voir fournir celle consommation. Il est impru-
dent aussi de compter sur les nappes d'eau
artésiennes, car, oitlre que les (les
formages demeurent toujours incertaine, les tra-
vaux qu'ils en I rainent ne peuvent être exécutés
que le long d'une ligne de chemin de fer déjà
éïiiMie. Les nappes souterraines, d'autre part,
sVpuisent parfois et celte l'vmtualité est parti-
«̃uliiTi-ment à redouter, dans un pays oit les
explorateurs ont été unanimes à signaler le
dessèchement progressif du sol.
En plusieurs endroits, au cours de mon
vovagv, j'iil pu constater des traces, de palme-
raies alKindonnées et des vestiges d'hnbihit
humain. Au bas Touat, dernier point habité
avant le désert, des vieillards me montrant le
sud-ouest, en direction de Tombouctou, me
disaient, qu'autrefois, les caravanes se ren-
dî«€p!, au ^igex^ aujour-
d'hui c'est impossible car les p-uite sont
« morts. »
Toute la question du tran&saJiafien est liée au
problème de d'eau. Or il y a peu ou pas
d'eau au Sanara et souvent elle est chargée de
sels qui la. rendent impropre à la consommation
Il faut donc amener, par des moyen» à. re-
chercher, une quantité d'eau suffisante pour
permettre la traction des trains et aussi pour
asôuner aux hommes des postes de la ligne
l'eau potable indispensable à leur subsis-
tance.
Puis-je me permettre encore une
question, monsieur l'administrateur en
chef ? Que pensez-vous du projet Sabat-
tier?
Le système préconisé par -NI. Camillc
Sabattier, me dit en terminant M. Bonamy, qui
consisterait à capter les eaux du Ouir et, au
moyen d'une canalisation établie le long de la
tîgne, à lee amener en plein Sahara est très
lnT?ces&nt-irnrfrtt
Et ponctuant ses mots, M. Bonamy
ajouta
C'est de ce côté que doit être recherchée
la solution du problème.
C'est là, certes, un gros travail à entrepren-
dre, mais* il n'est pas au-dessus de nos forces.
C'est aussi une dépense supplémentaire consi-
dérable à envisager, mais je la juge indispen-
sable, car je &\ois que toute entreprise de che-
min de fer qui négligerait mu préalable la
question de l'eau est vouée à l'insuccès.
r»3El.ISOlNrS EST I»DÉ33NriTE3i«rOIE:iî.S
"L'ECOLE DE PIMATÏTJE DOULLENS
Doultens, 13 août (de notre envoyé spécial.)
Transportons-nous en pensée, dans une
salle de justice. Une jeune prévenue est
assise entre les gendarmes son procès
s'achève elle est acquittée « comme ayant
agi sans discernement ». Mais le jugement
dit qu'elle sera retenue jusqu'à sa ma-
jorité dans une colonie pénitentiaire.
Ainsi s'exprime le code pénal, et le pu-
blic traduif « Elle ira dans une maison
de. correction.
Le public, comme le code, fait erreur.
Il n'y a plus de colonies pénitentiaires,
plus de maisons de correction. Acquittée
ou condamnée, la jeune fille est dirigée
sur une Ecole de préservation. Affaire do
mots, di-ra-t-on quels que soient les noms
dont on les nomme, ce sont toujours des
« bagnes d'enfants ».
Je confesse que, hier encore. je parla-
geais cette opinion populaire. On est tou-
jours plus ou moins victime des vieillies
littératures, et les plus noirs préjugés
sont souvent les plus tenaces. Nous allons
connaître la vérité.
La « maison » de Doullens occupe, au
bout de la ville, une citadelle construite.
par les Espagnols et par Va-uban. sur
d'antiques souterrains picards, où la lé-
gende place le cachot de Gaston, prince
d'Orléans. Plus récemment. la forteresse
détint Blanqui (avril 18i9) et Raspail
(1835). J'appris cela du cocher, durant le
trajet de la gare au faubourg de l'école.
iNous paissions enlre des maisons basses.
Une torpeur engourdissait la vile. Per-
sonne dans les larges rues de l'herbe pas-
sait enrf-e les pavés le vent apportait de
.LA CITADELIJa
lointains appels de clairon et quelques
chants de coqs. Nous arrivions sous
l'épaisse verdure d'un double rang de pla-
tanes encore quelques centaines de mè-
tres et.
Voici la citadelle, monsieur, dit le
cocher.
Un rempart dresse contre le ciel sa fa-
laise abrupte, qui, jadis, devait plongeur
son reflet dans l'eau morte des douves.. Au-
jourd'hui, les fossés sont à sec, mais le
pont à sept arc.heg subsiste, qui conduit à
l'entrée des fortifications. Cette entrée.qui
date du seizième siècle, est faiie d'une
lourde maçonnerie, que domine an pignon
et que soutiennent quatre colonnes ados-
sées. Une toute petite poterne s'ouvre au
bas de cette massive construction. A l'in-
térieur, un chemin de ronde passe en ser-
pentant sous des voulus d'accè,; tout cela
est sombre, lourd, avec un air de bastille.
A pas lents je gravis ln rampe et. sou-
dain, accédant ia deuxième ciiceinle, je
suit? comme ébloui un jardin fait de
hautes herbes, de Heurs sauvages et. d'ar-
bres centenaires s'étale sur !es glacis. l'n
bourdonnement d'insectes remplit l'air,
chargés d'odeurs rustiques. Encore quel-
que. pas et. dans un sentier, je rencontre
le « gouverneur du château ». Je me fais
connaitre et lui' fais part des sentiments
qui m'animent.
Fort bien. dit-il. Vous voulez voir nies
fflies. Nous allons les voir ensemble.
« Mes miles ». Il a dit cela d'un ton si
paternel que j'en ,nis surprix, presque mis
en défiance. On fanf. dit et tant écrit de
choses sur tes établissements de correc-
tion Sans doute mon hôte devine-t-il ma
DANS LE TRAIN
1'\ y a trop souvenr, hélas, des catastrophes
de chemin de fer et il y a trop de trains qui
déraiftent
Mais il n'y a pas que les trainss qui dérail-
lent. Beaucoup de voyageurs aussi déraillent
en chemin de fer.
Des lectrices alarmées me signalent ces conti-
nuels et détestables accidents.
Les jeunes voyageurs, et notamment ks
jeunes soldats, se conduisent, parait-il, en troi-
sième Classe, aussi mal qu'il est passible.
D'abord, bien entendu, ils fument. Ils fu-
ment sans se préoccuper de savoir s'ils se trou-
vent dans des compartiments de fumeurs et
si la fumée du tabac n'incommode pas les au-
tres voyageurs, les dames surtout.
Mais c'est là leur plus petit péché. Ce qui
est beaucoup plus grave, c'est qu'ils boivent en
même temps qu'ils fument. Ils boivent du vin
rouge et ils boivent comme des trous. Pour
nos poilus, quand ils voyagent, l'usage immo-
déré du pinard est devenu une sorte de loi
absolue, qu'ils ne voudraient, pour rien au
monde, transgresser.
Il faut boire, boire, boire 1. Ils vident leurs
bidons et à chaque arrêt font emplette, au
buffet, de nouvelles munitions liquides. Ms
fument. Ils boivent Et ils se saouletlt.
Le mouvement du train, la qualité, parfois
douteuse du pinard qu'ils ingurgitent, le tabac
trop fort, l'excitation du voyage, tout cela
précipite leur ivresse. Et c'est alors, pour leurs
infortunés compagnons de route, la catastro-
phe affreuse.
Ces jeunes gens qui, pris isolément et à
jeun seraient des jeunes gens charmants,
gentls qt bien élevés, deviennent insuppor-
tables, insolents, indécents. et dégoûtants.
Ils perdent à la fois et le respect des autres
voyageurs et le re;pect d'eux-mêmes.
Ils entonnent des refrains immondes, qui
offusqueraient des chimpanzés. Des femmes,
des jeunes fulles, dont les oreilles peuvent être
sensibles, doivent entendre ces horreurs et ces
saletés. Ce n'est vraiment pas très agréable.
11-y a les chansons obscènes. Il y a autre
chose. Il y a certains accidents sur la nature
desquels il n'est pas nécessaire d'insister. La
nature veut que l'on rende ce que l'on a pris
en trop.
Les compartiments deviennent ainsi des por
cheries. Et les pauvres voyageurs qui ne sont
pas ivres n'ont pas d'autre ressource que d'aller
se réfugier dans le couloir.
Une lectrice m'écrit':
« J'étais en l'armes. J'étais en deuil. M;-
fille (quinze ans) m'accompagnait. J'allais à
Pari^ où mon pauvre fils ainé venait de mourir.
Pendant tout le temps du voyage un cal-
vaire. des permissionnaires n'ont pas cessé
de boire, ni de chanter. Je ne peux pas vous
dire ce qu'ils ont bu. Je ne peux surtout pas
vous dire ce qu'ils ont chanté C'était répu-
gnant. Deux d'entre eux ont été malades.» t
Ces jeunes pefmissionriaires étaient certai-
nement de lwrus garçons. Ils se sont conduits
pourtant, sans le vouloir comme de petits
mufles.
.Jeunes gens, jeunes gens, tâchez donc
d'être plus sages, quand vous voyagez Ne
déraillez pas. on peut parfaitement passer son
temps en chemin de fer sans se saouler, sans
rugir des refrains idiots et sales. Le jour, il
y. a le paysage. Rcgande^–as peu la belle
campagne de France. Ça vaut bien un verre
de « pinard u. La nuit» pour ne pas empêcher
vos compagnons de route de dormir, essayez
donc de dormir va:mêmes.
.Jeunes gens, qni voyagez, jeunes gens,
songez à la triste lettre de la vieillie pauvre
femme qui avait perdu son enfant. Songez
que vos mamans, que vos sueurs voyagent elles
aussi. Que diriez-vous si vous saviez qu'elles
voyagent en compagnie d'ivrognes obscènes et
vomissants ?. Maurice Prax.
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