Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1878-08-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 17 août 1878 17 août 1878
Description : 1878/08/17 (Numéro 5713). 1878/08/17 (Numéro 5713).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k593745f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/08/2008
ADMINISTRATION ■& REDACTION
• - - - à Paris,rue Iafayefcte,61 -
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UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
les man uscrits déposes ne sont pas rendus
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s1xm0is 9ïev
un an! 18 Ht.
SAMEDI 17 AOUT 187?
Numéro 5713
SEIZIÈME -ANNÉE
VENDREDI 16 AOU^jtpTS» ji K t.\| tribune, se-révélait le plus pathétique des-
' ' ■ • ~ historiens. Par une de ces transformation^
.•:à/g* rçu travail, les Girondin$; qui avaient été lèa
fHéros.^de sa pensée,étaient distancés; i-dàEfêi
L! STATUE III
Lamartine!,. ' \ Î V;Y IV > V : _
- Çc nom a rempli d'admiration~.ew4fen-
' Jiéusiasme la France et l'Europe pendant
cinquante années. - -
Poète, Lamartine a fait battre, les. cœurs.
Historien, ïl a exalté Ios esprits. •
* Orateur, il a soulevé les tehrpêtes et cal-
x ' ni<5 £mAiifP' Homme d'Etat, il a fondé la République,
• arçe qu'il lui a donné des assises solides,
la liberté; la vérité,-là générosité.' '
. Et cé génie, si grand, Si universel, serait
to.ribé dans; l'oubli î v .
Non, cela no se peut pas,c^la n'est pas.
Paris s'est laissé distancer dans la répa-
j cation pair ,ïa villè natale de Lamartine,
Mâcon ; maisParis aura--aussi sou jour de
manifestation pieuse en l'honneur de La
martine.
l,"s fêtes de Mâcon commencent demain
samedi. ■ ' -
/Nous en rendrons compte. Aujourd'hui je
voudrais rappeler ce qu'a été' Lamartine,
quelle influence il a exercée, comment il
est descendu des sommets éblouissants de
la popularité d'ans lès tris tijsses somhres de
l'abandon. -■ f .■ / . : • : • . ' ' • -
Le génie, cette exception presque surna
turelle, a de cés expiations. -
Ce n'est .pas pour avoir proclamé, la
République après avoir chanté la monar
chie; ce n'est pas pour avoir été vaincu ; ce
n'qst pas pour avoir tendu la main avec
.une sorte de déni de dignité inconsciente;
roii'est pour s'être survécu moralement et
intellectuellement que Lamartine a connu
les tristes retours de-la gloire.: , - -, - . . ,
C'est pour avoir été:un homme de génie.
-Dieu frappe aux sommets pour appren
dre aux hommes ordinaires à prendre leur
mal en patience, et à supporter leur sort.
Lamartine fut jusqu'à sa mort spiritua
lité et ne renia jamais sa foi ; ce souvenir
est bon à fixer à une époque où, par l'effet
r'es violences cléricales, lalibre-pensée veut
s'emparer de la République.
Mais il est dans l'histoire de Lamartine
! vois épisodes qu'il nous faut plus particu
lièrement mettre en lumière: les Giron
dins, le banquet de Mâcon, — les jour
nées de Juin.
Nous en empruntons le récit à- l'ouvrage
de M. Henri de".Lacre4elle,.député, ami par-,
t eulier de Lamartine, témoin oculaire dè ce
qu'il raconte : Lamartine et ses amis (1 vol.
■ hi-12, librairie Dreyfous):
. I . .. Un grand livre qui racontait Une ré
volution et qui en contenait une autre, les
Girondins, "-paraissait depuis deux ans et
t. usait .haleter les souffles de tous ceux qui
lisaient.- - . . ." : -
L'émotien se renouvelait* à chaque tri
mestre, qui voyait éclore un volume. La
martine, après avoir été un des plus grands
des poètes et un de ces éléments passion
nés qui remuent unç foule du haut de la
fait les. physionomies et -écouté.-pour, ainsi
dire les voix, imbibé de son sujet, trans-
1 porté près des sourdes, - il écrivait dé sa
-main fluide et prodigieusement rapide. Il
1/interet qui sortait des pages* par Rot>es-fe$ie dicta jamais, que dans les dernières sai?
• pierre, Qui lé crôirait? Lamartine lui lais- *""■— J -* - ' - j -~ «-•—-■»-•- -
'sant la.robe de sang dont il s'est couvert,
s'était senti attiré par l'austérité de ses ha
bitudes, et par la sincérité hardie dé son
spiritualisme, qui lui valut la haine de quel
ques-uns desatliées.qui firent le 9 Thermidor
Le scandale de cette quasi-réhabilitation
fut immense, et les philosophes seuls am
nistièrent Lamartine, ; que les royalistes
lapidèrent depuis, le jour et la nuit Mais
rien; ; n'y- faisait; et,, l'ouvrage passionnait
coipino un roman et se retenait comme les
Annales .de Tacite. Lo style historique y
avait reyêtu des couleurs inconnues • l'inta
rissable courant de la verve y ciselait, mal
gré tout, le$ Ilots qu'il répandait , et qui
s'immobilisaient dans l'admiration, comme
des flots de marbre. On sentait que ces pa
ges frissonnantes étaient un l'ait, et que le
cœur d'un peuple se tournait par elles du
côté de la-Révolution.
Il était clair que le premier mot qu'on
prononcerait serait celui de République!
Les superficiels et les ennemis de parti
pris, ont prétendu que les Girondins ne
pouyaient,pas être classés parmiles œuvres
sérieuses. Peut-être parce qu'ils ne ren
ferment, dans aucune de leurs syllabes,
une .parcelle d'ennui?. Comment! un livre
qui s'est multiplié par des éditions sans
nombre, "et qui au dénoûment a emporté
une dynastie, n'est pas un livre sérieux ?
.L'armée qui met bas les armes, le roiqui
se sauve,' les barricades qui. montent, la
garde, nationale qui crie d-une seule poi-
triue :;Vivft la informé ! tout cela en grande
partie parce que les idées concentrées en
nuit volumes ont germé dans les esprits,
ce n'ist pas sérieux b
Cherchez dans les chroniques des .peu*
pies et dans les bibliothèques des siècles,
beaucoup de livres qui commencent dans
l'enthousiasme du public e&qui se termi
nent par les scènes de i'Hôtel-de-Ville, par
iar l'abolition de
le drapeau rouge refoulé, par
la. peine de mort et par la proclamation de
la vérité éternelle, de la République !
Au reste, -j'ai vu Lamartine écrire les
Girondins. r -
Je dis écrire, et ce n'est pas entièrement
exactt
IMesapprenait; il allait voiries paysages
et les maisons qu'il devait peindre ; "il fai
sait venir lessurvivants delà grande épopée.
11 à Visité, près de Villefranche, la de
meure de Mme Rolland, celle ae.ïa tante de
Charlotte. Gorday en Normandie, les caves
de Marùt, l'appartement de Robespierre,
rue Saint-Honoré.. Il a interrogé la veuve
de Danton ; il a compulsé tous les journaux
contemporains et toutes les lettres. Un vieil
ami dé- FoUquier-Thinville, — il en avait,
— est venu à son appel, Lamartine l'inter
rogeait sur le. procureur de la guillotine,
—• Au "demeurant, quel homme était-ce?
lui demanda-t-il.
— Charmant ! toujours .gai! répondit le
visiteur.
Lamartine projetait un vovage en Breta
gne polir un volume à part sur la guerre de
la .Vendée. Février est intervenu. Le voyage
n'eut pas lieu, le volume no fut pas com
posé; : •
Quand il s'était enauis, quand il avait re-
%èns de^ a. vie* Le "m^usèrit des: Girondins
fut payé près de quatre cent jnills francs, et
l'éditéur-fit une affaire d'or. ; ■-">
Mâcon s'émut, et nous sentîmes la néces-
-sité d'une maniféstatiop.
De quelle nature pouvait-elle être ? Les
réunions publiques étaient défeudues. Lès
préfectures fermaient les "yeux sur les ban
quets. Un banquet . fut décidé • én juillet
1847. Une commission fût désignée. Les
rôles se partagèrent. Ils: étaient faciles à
tenir i Le feu était à l'dpinion. Les répu
blicains voulaient; se compter chez nous.
Le 'mot né devait pis être ;prononcé, mais
l'idée courait sous ces réticences imposées;
Vingt départements a'ûnonçaiént leurs dé
légations. Un emplacement immense se
préparait. On aurait à recevoir une popu
lation > . • ;
le banquet de Màt-oa
Le jour était briilant à Mâcon le 18 juillet
(1847), et six mille respirations étrangères
cherchaient dans les rues un souffle qui
manquait/ Le département envoyait toute
sa population libre. Soixante villes avaient
leurs députations. Le chemin de fer n'exis
tait pas encore, et des carrioles et des-om-
nibus sans nombre couraient dans là pous
sière des routes, à travers les paysans, qui
traînaient leurs enfants vers un spectacle
unique. :■
L'emplacement, choisi couvrait plus d'un
hectare, sur la rive droite de la Saône, au
quai des Marans. C'était un long parallélo
gramme où cinq cents tables faisaient écla
ter leurs nappes blanches sous des bande-
rollesetdes tentes qui coupaient lé soleil.
D'immenses gradins s'espaçaient dans une
galerie qui régnait sur les quatre côtés - , et
devaient "recevoir les femmes et les dilet
tantes du banquet. ;Au bout de là salle, une
t-iible plus élevée pour Lamartine et une és-
ttrade pour les autorités.
Ce fut,mie des dernières exhibitions des
costumes de la Bresse et du Mâconnais.
Les fermières richés tirèrent des armoires
séculaires les robes de soie et les coiffes
de dentelles qui passent de la mère à la
fille et qui datent de Marguerite de Savoie.
Des émaux de Bourg se montrèrent. Les
colliers et les croix d'or éclatèrent au soleil.
Six m,ille spectateurs s'entassèrent sur
les- gradins et autour des tables. Le pêle-
mêle était confus et majestueux. Journalis
tes venus de Paris et de partout, paysans
en blouses, prêtres en soutanes, demoiselles
en rose, ouvriers en vestes, citadins en vê
tements blancs d'été, soldats de passage,
Anglais qui.s'étaient détournés de leur-tour
d'Europe pour voir .un meeting français,
tous dans .un bain 1 de sueur, gesticulant,
s'interpellant, ' faisant miroiter : un prisme
de couleur, et penchés.vers rinconnu comme
pour attendre une révélation.
Le rideau allait se lever. Un épisode de
mauvais goût vint .distraire l'attente par
l'hilarité. Quatre marmitons apportant ma
jestueusement, vers la table d'honneur, nn
veau rôti tout entiçr ! Ceci était homérique,
mais n'est imposant que. dans l'Iliade. M.
Calvet-Rôgnat devait retrouver cette inspi-
a'tion sous l'Empire, auquel elle allait. Il â
commencé par l'aigle et hni par le veau.
Quatre" heures sonnèrent à la tour du
vieux Saint-Vincent. Lamartine parlât''avec
son escorte municipale. Il était en habil
noir et très pâle, mais pâle d'une joie qui
lui payait Mea des larines !. . , , . -
Ce qu'il y eut de vivats, de mains re
muées, de fleurs jetées, , de coeuis envoyés
sur son passage désespère un narrateur.
Avoir fait ainsi une seule fois toute sa vie-
vingt pas dans une telle •acclamation, doil
rendre plus, tard le martyre bien léger,.,
ou bien lourd ! , ■
Le frémissement dura un quart d'heure
Charles Rolland prjt la parole.'
Ce fut un rare honneur pour, un homme
de cet.âge, d.é donner la bienvenue à un
tel hôte. Cet honneur rencontrant un sen
timent «national si sûr,-valut à Rolland
deux nominations : à la Constituante, en
1848, et à l'Assemblée nationale en 1870,
sans compter celles que l'avenir lui réserve.
Son discours fut heureux et très'applaudi ;
il -sut prendre pour lui un peu de cet in
térêt qui était, si puissamment ailleurs. ;
Un orage se préparait ; un véritable orage,
dans le ciel. Les dernières paroles vibraient
encore, que les éclairs sortirent des nuages
amoncelés par la chaleur écrasante. Le vent
courut sur le tonnerre. Les superstitieux y
virent un présage politique. La Révolution
allait se déchaîner. Les Tuileries durent
trembler par contre-coup. Les tentes et les
banderolles. s'envolèrent. La grêle et l i
pluie nous hachèrent. La foudre croisa se. :
bras furieui. Le ciel s'entr'ouvrit. Mais, la
curiosité, et l'admiration ê'aient ; si, puis
santes que sûr ces six mille, spectateurs, à
peine quelques femmes affolées s'enfuirent-
elles. Lamartine s'avança sur l'estrade.
Il eut un début d'un bonheur magnifique,
— Vous êtes bien les fils de ces Gaulois
qui disaient que si le ciel s'écroulait sur
eux, ilsJe relèveraient avec le 1er de leurs
lancés.! s'écria-t-il. . .
Et tous restaient. Pour mieux voir, nous
étions montés sur les tables."De temps en
temps, une d'entre elles se brisait, sous k
poids. Des spectateurs.tombaient;, Des-hles-
sures se faisaient. Pas un cri.Nous.serrions
nos rangs comme à un combat, après que
le canon a creusé une, trouée.
Et le discours continuait. Il dura deu.i
heures, coupé par des bravos incendiaires,
tant ils étaient frénétiques.-Ce fut une des
plus magnifiques et des plus vivantes im
provisations que le monde ait entendues.
Les coups de .force n'ôtaient rien à la ma
jesté delà formé. Le tonnerre accompagn i
longtemps la voix, comme une basse sour
de Mais il s'était lassé avant le tribun. I:
faut lire sans interruption cette';haraague
orageuse. J'en prends au hasard quelque;
lambeaux que le vent nous jetait :
« Eii écouta.nt ces paroles que vient de
m'adresser en .votre nom M, Rolland, jàxon
jeune ami, le premier magistrat de votro
ville .qui'a déposé ici sa magistrature offi-
cielle pour revêtir seulement celle de votre
amitié ! en ..contemplant cet immeÂsa con
cours de concitoyens et d'étrangers, ce camp
d'amis, cette armée d(fconvives et cette,dé
coration de femmes qui représentent ici le
plus beau rôle dans l'histoire des révolu
tions, le riôle de la miséricorde et de la. pi
tié, quel voyageur^ s'il passait par hasard
dans nos murs, ou s'il voguait sur notre
beau fleuve, ne se demanderait quel événe
ment national célèbre aujourd'hui notre
pays, èt-quelle commémoration civique on
y renouvelle, quelle grandeur de la terre.
FEUILLETON DU 17. AOUT 1878
UN' BO^BEAtJ
PREMIÈRE PARTIE
■ ...ùXVIII • \ ^ :
; — Suite — . .
Mais le jour .s'écoula ;sans que rien vînt
j tranquilliser. Le lendemain, Rigolo ne
narut pas davantage, et pendant huit jours,
il se consuma en inquiétudes mortelles.
Enfin, le huitième jour, comme il venait
de se lever,il ouvrit d'une main distraite les
iournaux que son valet lui avait apportés;
c-l son intention fut aussitôt attirée par un
article, en tète duquel figurait en grosses
capitales le fitre suivant -t,
LE DRAME DE LA RUE MONGE
Il s'assit et lut: ■
« C'est le 30 mai dernier qu'eut lieu, rue
Monge, chez le sieur Rebard, le doublé
meurtre que nous avons raconté à l'époque"
et sur lequel nous avons, les premiers,
donné les détails qui avaient transpiré dans
Je public. " ■ ,
Ce double meurtrô avait à un haut degré
excité la curiosité publique, et l'on atten
dait chaque jour que quelque révélation
vînt faire connaître enfla les misérables
qui avaient çommis ,cet abominable crime.
Pour ne pas gêner l'action de là justice
et entraver l'instruction commencée, nous
nous étions abstenus de rien dire de ce que
nous savions ; mais nos reporters ne res
taient pas inactifs, et ils rassemblaient
pour lè nïdment où la publicité ne serait
pas dangereuse, tous les éléments d'une en
quête $u cours de laquelle les découver
tes les plus inattendues sont venues don
ner à cette aûaire un caractère nouveau.
On se "rappelle que la première victime
est restée inconnue.
La-valise que l'on a recherchée avec obs
tination n'a pu être retrouvée, et il parais
sait impossible d'établir l'identité de çé
malheureux,-:
Quant à l'autre, l'habileté de Buvard, l'ai
geïit de la sûreté, n'a point été mise en dé
faut un- seul instant, et, dès le premier
jour, on «ht que cette soi-disant victime
était bel et bien un forçat en rupture dé
ban qui avait été assassiné par son-complice.
Maisqùèl était ce complice, quql mobile
l'avaitpoussé à ce double meurtre?
C'est ce que l'on avait un intérêt puissant
à découvrir.
Or, voici bientôt trois mois que le crime
avait été commis-, et la lumière ne s'était
point faite encore sur les obscurités dont il
est entouré. •• -,
. On commençait à mal parler delà police.
Et .l'on avait tort,.. car, depuis quelques
jçwrs,l'affairé vient d'entrer dans une phase
nouvelle qui nôûs réserve des étonnements
auxquels les amateurs de drames judiciai
res n'ont pas été habitués,
Nous savoùs avec quelle discrétion il faut
parler de ces choses délicates, et nous nous
garderons bien de nous laisser entraîner
sur un terrain aussi dangereux.
Mais nous manquerions à notre devoir
de journaliste si, par excès de prudence,
nous privions nos-lecteurs des faits curieux
qui sont venus à notre connaissance.
Le point le plus important qu'il s'agissait
d'établir était évidemment celui qui touche
à l'identité de la victime... l'état civil de
l'homme assassiné une fois mis en lumière,
on devait plus facilement démêler le mo
bile de l'assassin et circonscrire étroite
ment le cercle d'observation et de recher
che, et c'est autour de cette piste que se
sont exercés les agents choisis par la police.
Il nous est interdit de préciser les résul
tats obtenus à ce jour, mais il ne nous est
pas défendu d'annoncer que, selon les bruits
qui nous, parviennent, on serait enfin par-,
venu à un, commencement de probabilité
qui touche à la certitude. : .
Nous n'en dirons pas plus long !, Mais,
sous peu de jours, nous pourrons lever tous
les voiles, et donner complète satisfaction
àla curiosité bien légitime que cette affaire
a provoquée. " ' " ,
En attendant, voici la grosse nouvelle que
Ton nous apporte à l'instant, et qui nous
paraît attester quç" la justice esteuau sur la
' voie des vraies découvertes..
; On dit que, le drame de la rue Moage au
rait des ramifications jusque dans la so
ciété aristocratique de Paris et qu'uneper*
sonne du plus grand monde pourrait bien
être impCiquée dans l'affaire.
On ne dit point encore le nom do cette
personne, mais on nous a assuré quelo jour
où il sera livré au public, ce sera un éton-
nement pour tùus, et pour mieux dire, une
véritable stupéfaction.
Quelle que soit la gravité de la nouvelle,
nous poiivons en garantir la parfaite authen
ticité, car nous la tenous d'une soUrcè auto
risée à laquelle nous nous adressons quel
quefois, et qui ne nous a jamais trompé.
Au surplus, l'attente ne peut être longue,
e* le mois d'août ne sera pas achevé ; que
tout ce que nous annonçons no sera plus
un mystère pour personne. . ^
: dernières nouvelles . — Au moment do
mettre sous presse, on nous apporte l'infor
mation suivante.:.
« Dans la nuit d'hier, un vol des plus im
portants aurait qu ; . lieu, faubourg S&int-
Honoré, dans l'hôtel du comte de .Senne-
terre. On se rappelle sans doute que noua
avons rendu compte d'une fêtfc qui s'est
donnée,ces jours derniers, à cemême hôtel,
et à laquelle avait été convié le tout-Paris
élégant et titré. Il s'agissait de la présen
tation officielle du vicomte desTournelles,
comme fiancé de Mlle de Senneterre.
A cette occasion, le comte de SeQaeterre,
• - - - à Paris,rue Iafayefcte,61 -
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TBiï 24 ra.
.QUOTIDIEN.
UN NUMÉRO : 5 CENTIMES
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Abonnements Parla
trois mois c 5lr.
s1xm0is 9ïev
un an! 18 Ht.
SAMEDI 17 AOUT 187?
Numéro 5713
SEIZIÈME -ANNÉE
VENDREDI 16 AOU^jtpTS» ji K t.\| tribune, se-révélait le plus pathétique des-
' ' ■ • ~ historiens. Par une de ces transformation^
.•:à/g* rçu travail, les Girondin$; qui avaient été lèa
fHéros.^de sa pensée,étaient distancés; i-dàEfêi
L! STATUE III
Lamartine!,. ' \ Î V;Y IV > V : _
- Çc nom a rempli d'admiration~.ew4fen-
' Jiéusiasme la France et l'Europe pendant
cinquante années. - -
Poète, Lamartine a fait battre, les. cœurs.
Historien, ïl a exalté Ios esprits. •
* Orateur, il a soulevé les tehrpêtes et cal-
x ' ni<5 £mAiifP' Homme d'Etat, il a fondé la République,
• arçe qu'il lui a donné des assises solides,
la liberté; la vérité,-là générosité.' '
. Et cé génie, si grand, Si universel, serait
to.ribé dans; l'oubli î v .
Non, cela no se peut pas,c^la n'est pas.
Paris s'est laissé distancer dans la répa-
j cation pair ,ïa villè natale de Lamartine,
Mâcon ; maisParis aura--aussi sou jour de
manifestation pieuse en l'honneur de La
martine.
l,"s fêtes de Mâcon commencent demain
samedi. ■ ' -
/Nous en rendrons compte. Aujourd'hui je
voudrais rappeler ce qu'a été' Lamartine,
quelle influence il a exercée, comment il
est descendu des sommets éblouissants de
la popularité d'ans lès tris tijsses somhres de
l'abandon. -■ f .■ / . : • : • . ' ' • -
Le génie, cette exception presque surna
turelle, a de cés expiations. -
Ce n'est .pas pour avoir proclamé, la
République après avoir chanté la monar
chie; ce n'est pas pour avoir été vaincu ; ce
n'qst pas pour avoir tendu la main avec
.une sorte de déni de dignité inconsciente;
roii'est pour s'être survécu moralement et
intellectuellement que Lamartine a connu
les tristes retours de-la gloire.: , - -, - . . ,
C'est pour avoir été:un homme de génie.
-Dieu frappe aux sommets pour appren
dre aux hommes ordinaires à prendre leur
mal en patience, et à supporter leur sort.
Lamartine fut jusqu'à sa mort spiritua
lité et ne renia jamais sa foi ; ce souvenir
est bon à fixer à une époque où, par l'effet
r'es violences cléricales, lalibre-pensée veut
s'emparer de la République.
Mais il est dans l'histoire de Lamartine
! vois épisodes qu'il nous faut plus particu
lièrement mettre en lumière: les Giron
dins, le banquet de Mâcon, — les jour
nées de Juin.
Nous en empruntons le récit à- l'ouvrage
de M. Henri de".Lacre4elle,.député, ami par-,
t eulier de Lamartine, témoin oculaire dè ce
qu'il raconte : Lamartine et ses amis (1 vol.
■ hi-12, librairie Dreyfous):
. I
volution et qui en contenait une autre, les
Girondins, "-paraissait depuis deux ans et
t. usait .haleter les souffles de tous ceux qui
lisaient.- - . . ." : -
L'émotien se renouvelait* à chaque tri
mestre, qui voyait éclore un volume. La
martine, après avoir été un des plus grands
des poètes et un de ces éléments passion
nés qui remuent unç foule du haut de la
fait les. physionomies et -écouté.-pour, ainsi
dire les voix, imbibé de son sujet, trans-
1 porté près des sourdes, - il écrivait dé sa
-main fluide et prodigieusement rapide. Il
1/interet qui sortait des pages* par Rot>es-fe$ie dicta jamais, que dans les dernières sai?
• pierre, Qui lé crôirait? Lamartine lui lais- *""■— J -* - ' - j -~ «-•—-■»-•- -
'sant la.robe de sang dont il s'est couvert,
s'était senti attiré par l'austérité de ses ha
bitudes, et par la sincérité hardie dé son
spiritualisme, qui lui valut la haine de quel
ques-uns desatliées.qui firent le 9 Thermidor
Le scandale de cette quasi-réhabilitation
fut immense, et les philosophes seuls am
nistièrent Lamartine, ; que les royalistes
lapidèrent depuis, le jour et la nuit Mais
rien; ; n'y- faisait; et,, l'ouvrage passionnait
coipino un roman et se retenait comme les
Annales .de Tacite. Lo style historique y
avait reyêtu des couleurs inconnues • l'inta
rissable courant de la verve y ciselait, mal
gré tout, le$ Ilots qu'il répandait , et qui
s'immobilisaient dans l'admiration, comme
des flots de marbre. On sentait que ces pa
ges frissonnantes étaient un l'ait, et que le
cœur d'un peuple se tournait par elles du
côté de la-Révolution.
Il était clair que le premier mot qu'on
prononcerait serait celui de République!
Les superficiels et les ennemis de parti
pris, ont prétendu que les Girondins ne
pouyaient,pas être classés parmiles œuvres
sérieuses. Peut-être parce qu'ils ne ren
ferment, dans aucune de leurs syllabes,
une .parcelle d'ennui?. Comment! un livre
qui s'est multiplié par des éditions sans
nombre, "et qui au dénoûment a emporté
une dynastie, n'est pas un livre sérieux ?
.L'armée qui met bas les armes, le roiqui
se sauve,' les barricades qui. montent, la
garde, nationale qui crie d-une seule poi-
triue :;Vivft la informé ! tout cela en grande
partie parce que les idées concentrées en
nuit volumes ont germé dans les esprits,
ce n'ist pas sérieux b
Cherchez dans les chroniques des .peu*
pies et dans les bibliothèques des siècles,
beaucoup de livres qui commencent dans
l'enthousiasme du public e&qui se termi
nent par les scènes de i'Hôtel-de-Ville, par
iar l'abolition de
le drapeau rouge refoulé, par
la. peine de mort et par la proclamation de
la vérité éternelle, de la République !
Au reste, -j'ai vu Lamartine écrire les
Girondins. r -
Je dis écrire, et ce n'est pas entièrement
exactt
IMesapprenait; il allait voiries paysages
et les maisons qu'il devait peindre ; "il fai
sait venir lessurvivants delà grande épopée.
11 à Visité, près de Villefranche, la de
meure de Mme Rolland, celle ae.ïa tante de
Charlotte. Gorday en Normandie, les caves
de Marùt, l'appartement de Robespierre,
rue Saint-Honoré.. Il a interrogé la veuve
de Danton ; il a compulsé tous les journaux
contemporains et toutes les lettres. Un vieil
ami dé- FoUquier-Thinville, — il en avait,
— est venu à son appel, Lamartine l'inter
rogeait sur le. procureur de la guillotine,
—• Au "demeurant, quel homme était-ce?
lui demanda-t-il.
— Charmant ! toujours .gai! répondit le
visiteur.
Lamartine projetait un vovage en Breta
gne polir un volume à part sur la guerre de
la .Vendée. Février est intervenu. Le voyage
n'eut pas lieu, le volume no fut pas com
posé; : •
Quand il s'était enauis, quand il avait re-
%èns de^ a. vie* Le "m^usèrit des: Girondins
fut payé près de quatre cent jnills francs, et
l'éditéur-fit une affaire d'or. ; ■-">
Mâcon s'émut, et nous sentîmes la néces-
-sité d'une maniféstatiop.
De quelle nature pouvait-elle être ? Les
réunions publiques étaient défeudues. Lès
préfectures fermaient les "yeux sur les ban
quets. Un banquet . fut décidé • én juillet
1847. Une commission fût désignée. Les
rôles se partagèrent. Ils: étaient faciles à
tenir i Le feu était à l'dpinion. Les répu
blicains voulaient; se compter chez nous.
Le 'mot né devait pis être ;prononcé, mais
l'idée courait sous ces réticences imposées;
Vingt départements a'ûnonçaiént leurs dé
légations. Un emplacement immense se
préparait. On aurait à recevoir une popu
lation > . • ;
le banquet de Màt-oa
Le jour était briilant à Mâcon le 18 juillet
(1847), et six mille respirations étrangères
cherchaient dans les rues un souffle qui
manquait/ Le département envoyait toute
sa population libre. Soixante villes avaient
leurs députations. Le chemin de fer n'exis
tait pas encore, et des carrioles et des-om-
nibus sans nombre couraient dans là pous
sière des routes, à travers les paysans, qui
traînaient leurs enfants vers un spectacle
unique. :■
L'emplacement, choisi couvrait plus d'un
hectare, sur la rive droite de la Saône, au
quai des Marans. C'était un long parallélo
gramme où cinq cents tables faisaient écla
ter leurs nappes blanches sous des bande-
rollesetdes tentes qui coupaient lé soleil.
D'immenses gradins s'espaçaient dans une
galerie qui régnait sur les quatre côtés - , et
devaient "recevoir les femmes et les dilet
tantes du banquet. ;Au bout de là salle, une
t-iible plus élevée pour Lamartine et une és-
ttrade pour les autorités.
Ce fut,mie des dernières exhibitions des
costumes de la Bresse et du Mâconnais.
Les fermières richés tirèrent des armoires
séculaires les robes de soie et les coiffes
de dentelles qui passent de la mère à la
fille et qui datent de Marguerite de Savoie.
Des émaux de Bourg se montrèrent. Les
colliers et les croix d'or éclatèrent au soleil.
Six m,ille spectateurs s'entassèrent sur
les- gradins et autour des tables. Le pêle-
mêle était confus et majestueux. Journalis
tes venus de Paris et de partout, paysans
en blouses, prêtres en soutanes, demoiselles
en rose, ouvriers en vestes, citadins en vê
tements blancs d'été, soldats de passage,
Anglais qui.s'étaient détournés de leur-tour
d'Europe pour voir .un meeting français,
tous dans .un bain 1 de sueur, gesticulant,
s'interpellant, ' faisant miroiter : un prisme
de couleur, et penchés.vers rinconnu comme
pour attendre une révélation.
Le rideau allait se lever. Un épisode de
mauvais goût vint .distraire l'attente par
l'hilarité. Quatre marmitons apportant ma
jestueusement, vers la table d'honneur, nn
veau rôti tout entiçr ! Ceci était homérique,
mais n'est imposant que. dans l'Iliade. M.
Calvet-Rôgnat devait retrouver cette inspi-
a'tion sous l'Empire, auquel elle allait. Il â
commencé par l'aigle et hni par le veau.
Quatre" heures sonnèrent à la tour du
vieux Saint-Vincent. Lamartine parlât''avec
son escorte municipale. Il était en habil
noir et très pâle, mais pâle d'une joie qui
lui payait Mea des larines !. . , , . -
Ce qu'il y eut de vivats, de mains re
muées, de fleurs jetées, , de coeuis envoyés
sur son passage désespère un narrateur.
Avoir fait ainsi une seule fois toute sa vie-
vingt pas dans une telle •acclamation, doil
rendre plus, tard le martyre bien léger,.,
ou bien lourd ! , ■
Le frémissement dura un quart d'heure
Charles Rolland prjt la parole.'
Ce fut un rare honneur pour, un homme
de cet.âge, d.é donner la bienvenue à un
tel hôte. Cet honneur rencontrant un sen
timent «national si sûr,-valut à Rolland
deux nominations : à la Constituante, en
1848, et à l'Assemblée nationale en 1870,
sans compter celles que l'avenir lui réserve.
Son discours fut heureux et très'applaudi ;
il -sut prendre pour lui un peu de cet in
térêt qui était, si puissamment ailleurs. ;
Un orage se préparait ; un véritable orage,
dans le ciel. Les dernières paroles vibraient
encore, que les éclairs sortirent des nuages
amoncelés par la chaleur écrasante. Le vent
courut sur le tonnerre. Les superstitieux y
virent un présage politique. La Révolution
allait se déchaîner. Les Tuileries durent
trembler par contre-coup. Les tentes et les
banderolles. s'envolèrent. La grêle et l i
pluie nous hachèrent. La foudre croisa se. :
bras furieui. Le ciel s'entr'ouvrit. Mais, la
curiosité, et l'admiration ê'aient ; si, puis
santes que sûr ces six mille, spectateurs, à
peine quelques femmes affolées s'enfuirent-
elles. Lamartine s'avança sur l'estrade.
Il eut un début d'un bonheur magnifique,
— Vous êtes bien les fils de ces Gaulois
qui disaient que si le ciel s'écroulait sur
eux, ilsJe relèveraient avec le 1er de leurs
lancés.! s'écria-t-il. . .
Et tous restaient. Pour mieux voir, nous
étions montés sur les tables."De temps en
temps, une d'entre elles se brisait, sous k
poids. Des spectateurs.tombaient;, Des-hles-
sures se faisaient. Pas un cri.Nous.serrions
nos rangs comme à un combat, après que
le canon a creusé une, trouée.
Et le discours continuait. Il dura deu.i
heures, coupé par des bravos incendiaires,
tant ils étaient frénétiques.-Ce fut une des
plus magnifiques et des plus vivantes im
provisations que le monde ait entendues.
Les coups de .force n'ôtaient rien à la ma
jesté delà formé. Le tonnerre accompagn i
longtemps la voix, comme une basse sour
de Mais il s'était lassé avant le tribun. I:
faut lire sans interruption cette';haraague
orageuse. J'en prends au hasard quelque;
lambeaux que le vent nous jetait :
« Eii écouta.nt ces paroles que vient de
m'adresser en .votre nom M, Rolland, jàxon
jeune ami, le premier magistrat de votro
ville .qui'a déposé ici sa magistrature offi-
cielle pour revêtir seulement celle de votre
amitié ! en ..contemplant cet immeÂsa con
cours de concitoyens et d'étrangers, ce camp
d'amis, cette armée d(fconvives et cette,dé
coration de femmes qui représentent ici le
plus beau rôle dans l'histoire des révolu
tions, le riôle de la miséricorde et de la. pi
tié, quel voyageur^ s'il passait par hasard
dans nos murs, ou s'il voguait sur notre
beau fleuve, ne se demanderait quel événe
ment national célèbre aujourd'hui notre
pays, èt-quelle commémoration civique on
y renouvelle, quelle grandeur de la terre.
FEUILLETON DU 17. AOUT 1878
UN' BO^BEAtJ
PREMIÈRE PARTIE
■ ...ùXVIII • \ ^ :
; — Suite — . .
Mais le jour .s'écoula ;sans que rien vînt
j tranquilliser. Le lendemain, Rigolo ne
narut pas davantage, et pendant huit jours,
il se consuma en inquiétudes mortelles.
Enfin, le huitième jour, comme il venait
de se lever,il ouvrit d'une main distraite les
iournaux que son valet lui avait apportés;
c-l son intention fut aussitôt attirée par un
article, en tète duquel figurait en grosses
capitales le fitre suivant -t,
LE DRAME DE LA RUE MONGE
Il s'assit et lut: ■
« C'est le 30 mai dernier qu'eut lieu, rue
Monge, chez le sieur Rebard, le doublé
meurtre que nous avons raconté à l'époque"
et sur lequel nous avons, les premiers,
donné les détails qui avaient transpiré dans
Je public. " ■ ,
Ce double meurtrô avait à un haut degré
excité la curiosité publique, et l'on atten
dait chaque jour que quelque révélation
vînt faire connaître enfla les misérables
qui avaient çommis ,cet abominable crime.
Pour ne pas gêner l'action de là justice
et entraver l'instruction commencée, nous
nous étions abstenus de rien dire de ce que
nous savions ; mais nos reporters ne res
taient pas inactifs, et ils rassemblaient
pour lè nïdment où la publicité ne serait
pas dangereuse, tous les éléments d'une en
quête $u cours de laquelle les découver
tes les plus inattendues sont venues don
ner à cette aûaire un caractère nouveau.
On se "rappelle que la première victime
est restée inconnue.
La-valise que l'on a recherchée avec obs
tination n'a pu être retrouvée, et il parais
sait impossible d'établir l'identité de çé
malheureux,-:
Quant à l'autre, l'habileté de Buvard, l'ai
geïit de la sûreté, n'a point été mise en dé
faut un- seul instant, et, dès le premier
jour, on «ht que cette soi-disant victime
était bel et bien un forçat en rupture dé
ban qui avait été assassiné par son-complice.
Maisqùèl était ce complice, quql mobile
l'avaitpoussé à ce double meurtre?
C'est ce que l'on avait un intérêt puissant
à découvrir.
Or, voici bientôt trois mois que le crime
avait été commis-, et la lumière ne s'était
point faite encore sur les obscurités dont il
est entouré. •• -,
. On commençait à mal parler delà police.
Et .l'on avait tort,.. car, depuis quelques
jçwrs,l'affairé vient d'entrer dans une phase
nouvelle qui nôûs réserve des étonnements
auxquels les amateurs de drames judiciai
res n'ont pas été habitués,
Nous savoùs avec quelle discrétion il faut
parler de ces choses délicates, et nous nous
garderons bien de nous laisser entraîner
sur un terrain aussi dangereux.
Mais nous manquerions à notre devoir
de journaliste si, par excès de prudence,
nous privions nos-lecteurs des faits curieux
qui sont venus à notre connaissance.
Le point le plus important qu'il s'agissait
d'établir était évidemment celui qui touche
à l'identité de la victime... l'état civil de
l'homme assassiné une fois mis en lumière,
on devait plus facilement démêler le mo
bile de l'assassin et circonscrire étroite
ment le cercle d'observation et de recher
che, et c'est autour de cette piste que se
sont exercés les agents choisis par la police.
Il nous est interdit de préciser les résul
tats obtenus à ce jour, mais il ne nous est
pas défendu d'annoncer que, selon les bruits
qui nous, parviennent, on serait enfin par-,
venu à un, commencement de probabilité
qui touche à la certitude. : .
Nous n'en dirons pas plus long !, Mais,
sous peu de jours, nous pourrons lever tous
les voiles, et donner complète satisfaction
àla curiosité bien légitime que cette affaire
a provoquée. " ' " ,
En attendant, voici la grosse nouvelle que
Ton nous apporte à l'instant, et qui nous
paraît attester quç" la justice esteuau sur la
' voie des vraies découvertes..
; On dit que, le drame de la rue Moage au
rait des ramifications jusque dans la so
ciété aristocratique de Paris et qu'uneper*
sonne du plus grand monde pourrait bien
être impCiquée dans l'affaire.
On ne dit point encore le nom do cette
personne, mais on nous a assuré quelo jour
où il sera livré au public, ce sera un éton-
nement pour tùus, et pour mieux dire, une
véritable stupéfaction.
Quelle que soit la gravité de la nouvelle,
nous poiivons en garantir la parfaite authen
ticité, car nous la tenous d'une soUrcè auto
risée à laquelle nous nous adressons quel
quefois, et qui ne nous a jamais trompé.
Au surplus, l'attente ne peut être longue,
e* le mois d'août ne sera pas achevé ; que
tout ce que nous annonçons no sera plus
un mystère pour personne. . ^
: dernières nouvelles . — Au moment do
mettre sous presse, on nous apporte l'infor
mation suivante.:.
« Dans la nuit d'hier, un vol des plus im
portants aurait qu ; . lieu, faubourg S&int-
Honoré, dans l'hôtel du comte de .Senne-
terre. On se rappelle sans doute que noua
avons rendu compte d'une fêtfc qui s'est
donnée,ces jours derniers, à cemême hôtel,
et à laquelle avait été convié le tout-Paris
élégant et titré. Il s'agissait de la présen
tation officielle du vicomte desTournelles,
comme fiancé de Mlle de Senneterre.
A cette occasion, le comte de SeQaeterre,
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