Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-04-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 avril 1874 30 avril 1874
Description : 1874/04/30 (Numéro 4143). 1874/04/30 (Numéro 4143).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592178g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/08/2008
lie Petit Journal
-:p
Mêle SainfrDenis, de même qu'elle a racheté
celui dû cànal Saint-Martin.
Ce projet a un double but d'abord favo-
riser la navigation, entravée par les usiniers
riverains ensuite augmenter la -quantité
d'eau distribuée dans Pans.
En employant ces eaux au lavage et à l'ar-
rosage de la voie publique, on rendra dispo-
nible une partie des eaux potables de la
Marné et de- la Seine..
La ville aura, non-seulement à racheter les
privilèges, mais aussi à indemniser les usi-
nes. Le. chiure des offres à faire aux pro-
priëtairès sera fixé par le conseil municipal.
Par décret Sbijtt nomiriés commandeur de
la Légion d'honneur M. Gouin, président
de là chambre de commerce de Paris. Of-
ficier M. Rivôiré, président du tribunal de
commerce de Marseille.– Chevalier M. Des-
grândçhamps> employé au chemin de fer
d'Orléàns:
Un violent tapage et des cris d'effroi ont
réveillé la nuit dernière les habitants d'une
maison dé la rue Mansart.
Un locataire, négociant fort à son aise,
étanfrèntrè à minuit, avaitréveillé safemme,
puis ayant saisi un couteau-poignard, il lui
annonça qu'il la tuerait une fois qu'elle se
rendormirait.
La femme, affolée, poussa des cris de ter-
reur et se leva pour prendre la fuite. Toute
la maison se leva; le-bruit attira les agents;.
quand ils arrivèrent, ils'trouvèrent la femme
à la porte d'entrée de la maison, tout, effarée
et presque, sur le point de s'évanouir. Elle
était parvenue à êchapper à son mari, qui l'a-
vait poursuivie.
Les agents auxquels elle raconta ce qui
lui était arrivé, montèrent et trouvèrent le
mari couché, tenant toujours son couteau-
poignard à la main.
Il déclara aux agents qu'il n'avait aucune
mauvaise intention et qu'il avait voulu seu-
lement effrayer sa femme. e
La femme, en attendant, s'était réfugiée
chez dés voisins, et peu confiante dans les dé-
clarations de son mari, n'a pas voulu rentrer
chez lui.
On assure qu'elle va lui intenter un pro-
cès-en séparation. En'attendant, il sera pour-
suivi pour scandale nocturne.
Hier ont eu lieu les obsèques du curé de
éainte-Marguerite, en présence d'une grande
affluence de fidèles, du maire du 11- arron-
dissement et d'une députation envoyée par
Mgr lé cardinal de Paris.
Les coins du poêle étaient tenus parles ab-
bélLëg raûd, curé de St-Germain-1'Aûxérïois,
et Millaud, curé de Saint-Roch, MM. Reboul
et G&éflnaillès, chanoines.
L'inhumation a 'eu lieu au cimetière du
Père-Lachaise.
Les deux frères L. ont le domicile que
le hasard leur fournit. Hier ils avaient jeté
leur dévoluaur un terrain vague de la rue
des Amiraùx'(XVIIIe); En entrant, ils trou-
vèrent couchée à terre une vieille dame ri-
chement vêtue,
Ils éveillèrent la dame et lui dirent qu'ils
étaient agents de police et étaient forces de
ta mener au poste. Avant de partir ils lui
prirent sa montre, sa chaîne et ses boucles
d'oreilles en diamants.
En sortant, les trois personnes furent aper-
çues par de véritables agents, qui leur de-
mandèrent dés explications. Les deux gail-
lardsse troublèrent et furent menés au poste.
Quant à la dame, ses réponses étaient des
plus incohérentes. Un médaillon trouvé sur
elle fit connaître son adresse. Elle e st at-
teinte d'aliénation mentale et avait échappé
à la surveillance exercée sur elle. On l'a
rendue sa famille.,
Dimanche prochain, 3 mai, grandes eaux
t Versailles.
Des billets d'aller et retour, de Paris à
Versailles, seront délivrés aux gares des che-
mins de fer de l'Ouest (rive droite et rive
gauche). Trains régùliers d'heure en heure
efrtrainssupplémentairessuivant les besoins.
feuilleton du 30 Avril 1874
LE ROI DE CORSE
Troisième partie
UNE ROYAUTÉ QUI TOMBE •
[1ÔQJ CHAPITRE Il
de qu'on dit.au palais et cequ'on
dit dans' la rue
Suitè
"» Gâ c' est certàin, mamali Thérésa, répli-
qua lé gamin, des parchemins ça n'a pas assez
ûe valeur pour qu'on les entretienne. aux frais
du gouvernement.
Insolent! iîtla vieille en levant sa canne,
aux éclats de rirfe de tous les badauds pré-
sents.
=- Vous auriez tort de me casser la tête,
ïnanian Thèrésa,-je ne pourrais plus vous
faire demain lé-ptfrtrait de l'affreux bandit.
Va-t'en au diable fils de satan.
Après vous, maman Thérésa; je vous
dois le respect. Mais regardez donc que c'est
beau là-bas. Comme le palais s'illumine. Et
cette musique, hein! ea donne envie de
danser.
Ça donne encore plus envie de manger
LES CONCERTS MILITAIRES
Programme du Mercredi avril,
de- 5 h. à 6 li. 1/2
Tuileries, 48' de ligne; chef g M. Digues.
1. Le Songe d'une Nuit d'Été. A. Thomas.
2. Les Huguenots (fantaisie). Meyerbeer
3. La Livry (polka) PIROUELLS.
4. Grande fantaisie sur l'Africaine MEYERBEER.
5. Si, j'étais Roi (fantaisie) ADAM:
6. Les Bébés '(polka) BupT.
Palais-Royal. de ligne; chef: M. Boohet
1. Grande Marche triomphale • Hoffmann.
2. Ouverture du Serment AUBER.
3. 1 Lombardi (mosaïque) VERDI.
4. Fraisés au Champagne. Klein
5. Ernahi (fantaisie) VERDI.
6. Polka VANDER-VELPEa
REVUE, DBSI THÉASKES--
Ce soir, réouverture du Cirque d'été, aux Champs*
Elysées.
X La pièce reçue il y a quelques jours par le Co-
mité du Théâtre-Francais est de MM. Labiche et Le-
gouvé. Elle est intitulée la Cigale et la Fourmi, et
aura pour interprètes M. Delaunay et Mlle Tholer.
X On annonce, au Gymnase, la préparatiQn d'une
grande représentation dont le produit est destiné à
ériger uri monument funèbre à Aimée Desclée.
Ce jour-là, quelle que soit l'élévation du prix des
places, la salle sera trop petite.
X M. Charles Masset, qui joue en ce moment à
l'Odéon le rôle du roi, dans la Jeunesse de Louis XIV,
est on;agé à la Porte-Saint-Martin pour la saison
Droenaine.
X On répète au Théàtre-Cluny le drame-vaude-
ville de MM Beauvallet, une Nuit de Paris. La pièce
aura douze tableaux, La musique est de MM. Chan-
tague et Singla. Une Nuit de Paris passera dans
quelques jours.
X Hier a eu lieu, aux Menus-Plaisirs, la reprise
de Cent mille francs et ma fille, de MM. Jaime et
Gille, arrangé avec musique nouvelle' de M. Costé.
La salle, qui est devenue charmante, réunissait
une société d'élite; M: Costé appartient à plusieurs
des cercles élégants de Paris, et ses amis étaient
venus en grand nombre- La soirée s'est fort bien
passée; la bouffonnerie de MM, Gille et Jaime est
de celles qui ne laissent guère le public se refroi-
dir, et l'on a ri du commencement à la fin, surtout
pendant lés deux derniers actes. La musique de M.
Costé a toutes les qualités que le genre impose,
gaieté, clarté;' mélodie franche et abondante. Au
dernier acte, un chœur de brigands a été fortement
bissé.
Nous croyons que Cent mille francs et ma fille eût
obtenu un succâs étourdissant si la pièce avait été
jouée comme mainte opérette que nous pourrions.ci-
ter, mais la troupe des Menus-Plaisirs manque en-
core d'ensemble et de quelques premiers sujets. Cela
n'empêché pàs Mu* Sealini d'être .une bien jolie
femme, et MM.iGabel, Legrenay et Tissier de mon-
trer dé l'entrain dans plusieurs scènes. On peut être
assure que dans quelques représentations, lorsque
l'ensemble de l'exécution sera irréprochable, le spec-
tecle des Menus-Plaisirs sera un des plus amusants
qu'on puisse voir à Paris en ce moment.
X Samedi prochain, aux Folies-Marigny, pre-
mière représentation des Rosières du canton, de MM.
Hènri Buguet et Maurice Qrdonneau. Tout le per-
sonnel féminin des.Folies-Marigny sera sous les ar-
mes dans cette solennité.
X Les jeunes sœurs Thecla, une pianiste de dix ans
et une violoncelliste de quinze ans, ont donné cette
semaine leur concert annuel à la salle Hertz. Les deux
jeunes artistes ont obtenu un très grand succès.
X Le Tivoli Waux-Hall ouvre ce soir mercredi,
ses magnifiques salons d'été. Mercredi prochain,
grande fête.Charles darcodrs.
TROP DE RUBAN
CHAMBRE CORRECTIONNELLE
PRÉSIDENCE DE M. BÂRBA.HOUX
Audience du mardi 28 avril
-1 Tout le monde, aujourd'hui, veut plus ou
moins avoir la croix. Noble ambition, assu-
rément, mais encore faut-il qu'elle soit jus-
tifiée. Cet amour du galon a acquis, dans no-
tre pays, des proportions véritablement in-
quiétailtes. Il semble à beaucoup de gens crue
leur toilette manque d'un élément essentiel,
s'ils n'ont pas à leur redingote un mince bout
de ruban rouge.
Le jeune Anatole Belin poussait plus loin
encore l'enthousiasme décoratif. Ce garçon
inofiensif, mais maniaque, était affligé d'une
quand on a faim, dit une voix rude et claire
dans la foule.
Chacun se retourna et regarda son voisin,
mais personne ne découvrit l'auteur de cette
phrase tant soit peu lugubre.
Diable! ci doit être, fit Jacobi. Mais que
voulez-vous? il faut être philosophe, on a
faim aujourd'hui, on mange demain. Moi,
c'est mon système. Si je ne soupe pas, je dors
un peu plus, il y a compensation.
= Il est plein de sagesse, ce petit, dit un
énorme monsieur qui passait, et sur le gros
ventre duquel reluisait une superbe chaîne
Le roi Théodore est de cet avis, riposta
la même voix qui sembla venir d'un autre
groupe. C'est pourquoi il amuse sa cour avec
l'argent qui nous donnerait du pain et des
armes.
r- Un roi est un roi, dit philosophique-
ment Jacobi. Mais je voudrais bien voir ce-
lui qui parle, moi.
Est-ce, vous? demanda une femme à son
voisin.
Non ca venait de là.
Je l'ai'bien entendu. Ce doit être vous,
alors?
Non; je crois que c'est celui-ci.
Par exemple!
-Mais qui donc?
:f- Est-ce que je sais? -Jjaissez-méi tran-
quille.
Une rumeur s'éleva, moitié bourrue, moi-
tié Joyeuse. On n'était d'accord que sur un
.̃ ̃"̃' Ã [
idée dont la fixité invétérée ne manquerait
pas de fournir quelque sujet d'étude à un de
ces spécialistes qui traitent exclusivement les
affections mentales.
Anatole Belin était persuadé qu'à moins
d'avoir la croix, un homme ne saurait vivre;
il se répétait constamment qu'un citoyen pri-
vé derulian est un être incomplet il avait,
en fait de récompenses honorifiques, des
théories si subversives que le pauvre écer-
velé s'imaginait volontiers que tout petit
Français, en venant au monde, doit trouver
la croix dansson berceau; il se figurait qu'on',
peut appartenir à la Légion d'honneur. de
naissance.
Ajoutons qu'il était sur le point de con-
tracter une union avantageuse. Bien qu'il
n'eût que dix-neuf ans, il était décidé à s'en-
rôler dans la grande armée matrimoniale. Il
trouvai^ semblerait-il, certains profits à se
faire passer, auprès de la famille nouvelle
dans laquelle il allait entrer, pour un gen-
dre plein de mérite.
Belin avait fait à Paris la rencontre d'un
certain marquis d'OgljLostro, Italien d'origine,
qui, tout marquis qu'il était, ne dédaignait
pas de se livrer au commerce. A ce noble
devenu par nécessité trafiquant, Belin attri-
buait bénévolement une inffuenée qui, pen-
sait-il, pouvait aller juqu'à lui procurer la
réalisation de son rêve.
-Il me fera décerner un ruban de son
pays, se disait-il à défaut de mieux, les or-
dres étrangers doivent être les bienvenus.
Il fut d'abord question du Saint-Maurice et
Lazare, dont ie-galon est vert. Belin, lui, pré-
féra le Saint-Gréqoire de Naziange qui étant
rouge, bien que bordé de noir, produit infi-
niment plus d'illusion..
M. d'Ogliostro ne se montrait que peu dis-
posé à céder au vû3U de son jeune ami.
Mais oelui-ci écrivait des lettres désespérées.
Qu'on en juge par celle-ci, datée d'octobre
dernier -•.
Mon cher marquis.
Je viens vous annoncer officiellement que je me
marie le 14 de ce mois. Je vous rappelle que vous
n'avez encore rien demandé pour ma boutonnière et
'qu'elle est veuve, bien que je porte de temps à au-
tre, comme légitime aux yeux de tout le monde, la
décoration que vous m avez donnée:
Je rie puis cependant pas me marier sans cela, ce
serait honteux. Il me faut une rosette ou deux. Je
promets sur l'honneur à l'Italie l'appui de ma plume
et au besoin de mon épée.
Sa plume et son épée Belin écrit-il quel-
que part? Commande-t-il dans quelque ré-
giment ? Il se dit journaliste. Le tribunal,
du reste, écoute patiemment ses explications,
ainsi que celles que fournit son co-accusé le
marquis.
Mettons encore sous les yeux du lecteur
quelques extraits de cette correspondance si
etonnamment fantaisiste
Maintenant, pour les décorations, si vous n'avez
pu obtenir pour le jour fixé, il né faut pas trouver
étonnant que je porte la rosette, que j'ai et si vous
èn avez une très fraîche, je compte sur vous pour
me' l'envoyer demain. Elle fera l'ornement de mon
habit noir. Je suis à votre disposition pour faire l'é-
loge de l'Italie, de -Victor-Emmanuel et d'Amédée.
Je donrierais bien une valeur de 500 fr. à 90 jours.
Je vous en supplie, ne me faites pas manquer mon
affaire, j'aimerais mieux perdre 10,000 fr. Il vaudrait
mieux pour moi que je sois mort, si je n'étais pas
décoré le 14 octobre.
On le voit, c'était absolument de la mono-
manie. Après cela, peut-être y àvait-t-il tout
simplement dans cette innovation un em-
blème et Belin voulait-il affirmerseulement
que l'on porte la croix dès que l'on est mari.
Une autre fois, comme s'il eût éprouvé le
besoin de mettre' du ruban à son gilet de
flanelle, voire sur ses chaussettes et jusque
dans son dos, il écrivait encore
Soyez assez bon pour remettre au porteur ûn pa-
quet de jolies décorations. J'en ai besoin pour ce soir.
Je tente un trait d'audace.
Le trait d'audace, c'était, paraît-il, la pré-
sentation à la future.
Celui qui a tracé ces lignes n'est pourtant
pas un être dénué d'intelligence. Les juges
ont devant eux un grand jeune homme aux
allures correctes, qui porte des favoris blonds
et partage ses cheveux par une raie irrépro-
chable.
Belin est" le fils d'un fabricant de caout-
point: l'endroit d'oùétait.venue la voix qu'on
cherchait.
Est=ce que la musique vous empêche
d'entendre 1 armée française qui marche sur
vous?
C'était la voix encore, mais venant d'un
point tout à fait opposé.
Jacobi se précipita.
Ah! je te trouverai bien, dit-il, bavard
endiablé.
Un éclat de rire lui réppndit à la place qu'il
venait de quitter.
Jésus Dieu! s'écria là vieille Thérésa,
c'est sans doute la sorcière.
Il y eut alors plusieurs éclats de rire à la
fois, venant de divers points.
Dans la foule il se fit un silence subit.
Allons-nous-en, dit Thérésa, il ne fait
pas bon ici.
Mais alors la voix rude et perçante se fit en-
tendre au loin, toujours distinctement, avec
un redoublement d'ironie.
11 vendra la Corse, le roi Théodore, illa
vendra au roi de France. Il lui faut de l'ar-
gent pour donner des fêtes à la reine.
Il y avait beaucoup de monde dans les rues
d'A jaceio. Mais depuis que Thérésa avait pro-
noncé le mot de sorcière, pas un ne se sen-
tait le courage de poursuivre la recherche de
cette voix étrange, qui semblait venir de par-
tout.
Seuil, Jacobi protesta en paroles.
Vendre la Corse! exclama-t-il, celui qui
verra ça n'est ,'Cas de ce monde, sorcière, de.
chouc. Peut-être convient-il de chercher
dans cette origine le secret de son élasticité
en matières de décoration.
Quant au marquis d'Ogliostro, la prévenu
tion lui conteste son titre; mais il démontre
pièces en main, qu'il appartient à la plus
vieille noblesse de Naples. Au surplus, il n'a
fait que prêter ses rubans, sans remettre au-
cun brevet à Belin, dont Me Lachaud défend
la cause.
Belin est condamné à un mois de prison ef
cinquante francs d'amende. M.. d'Ogliostro.
est acquitté.
DÉPARTEMENTS-
En 1867, le* nommé Tison, engagé dans la
légion belge, revenant avec l'armée, du
Mexique, débarquait à Nantes. Officier de la
gendarmerie mexicaine, décoré de l'ordre da
Maximilien, mais sans ressources, et fêtant
dit originaire du département du Nord, il fut
dirigé- sur tille.
Le maire, sur le vu de ses états de services
s'intéressa à Tison et finit par lui procurer
une place de secrétaire chez un des commis--
saires de police:
Depuis cette époque, Tison avait fait pari
tie de la police locale, sauf durant la campa-
gne de 1870, pendant laquelle il servit dans
un régiment d'artillerie. Depuis sa rentrée,
il était devenu secrétaire du commissariat
central.
Tout à coup le secrétaire disparut empor*
tant tous les fonds et bijoux trouvés déposés
depuis le commencement de l'année.
Son signalement fut envoyé de tous côtés;
il y a quelques jours, il fut arrêté par la
gendarmerie à Vervins. Seulement on apprit
alors que, le prétendu Tison s'appelait Tho-
mas, qu'il avait été condamné par contumace
aux travaux forcés à perpétuité pour divers
attentats.
Sous le coup de poursuites, 'cet homme
instituteur à Petites-Armoises (Ardennes)*
avait pris la fuite en 1863, et s'était engagé en
Belgique, dans la légion belge.
Il était tranquillement à Lille, quand il fut
rencontré et reconnu par un jeune hommed
.originaire des Ardennes.
Bien que celui-ci n'eût rien dit, le faux Ti-
son, craignant des révélations, avait pris la
fuite..
Un événement regrettable a eu lieu avants
hier à Arras.
A la sortie du théâtre, une discussion s'en*
gagea entre un volontaire et un jeune hom"
me de la ville, un officier arriva\ au secours
du volontaire, d'autres personnes intervins
rent ̃
Un officier du 93', qui remontait la rue
Ernestale, se vit subitement entouré; il est
l'objet de voies de fait; il est secouru par
d'autres officiers, puis la patrouille arrive,
et quelques individus dés plus violents sont
menés au poste.
Mais cela ne fait pas le compte de la fouie,
qui réclame ses prisonniers, et menace d'en-
lever le poste. i
Les soldats, devant l'attitude déterminée
des assaillants, durent prendre des mesures
énergiques. Ils croisent la baïonnette et char-
gent la foule. Quelques personnes furent lé-
gèrement blessées.
Enfin, force reste à la loi M. le commis-
saire central survient, et par quelques paro-
les sages, parvient enfin à disperser les der»
niers rassemblements.
L'affaire se dénouera en police correction*»
nelle.
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malheur! Et si le roi Théodore avait jamais
cette intention-là, on le pendrait, tout roi qu'il
est, quand il n'y aurait que moi pour tirer la
corde.
Tiens, dit le gros monsieur, qui rave.
nait tranquille de l'autre bout de la placé,
le petit bonhomne n'est plus philosophie.
Ah! reprit Jacobi, dont la tête se mon-
tait en raison du vide de l'estomac peut-être.
On a faim et l'on rit, on va pieds nus et l'on
danse, soit. Mais quand il s'agit de la patrie,
on cesse de rire et de danser, par Belzebuth
on se bat, et quand on est comme moi un
pauvre diable sans carabine, on crache sa mi-
sère au nez de l'étranger; ça l'empoisonne
ou ca l'étouffé.
Les charpentiers, qùi avaient fini démonter
l'échafaud, s'étaient assis dessus, et se mon-
traient l'enfant en parlanttout bas. Cette sot.,
tie vigoureuse avait un peu rassuré les
trembleurs.Jacobi.se grisait à son, propre
enthousiasme et à sonbavardage.
Allons dire au roi, fit-il, que nous ne
voulons pas qu'on vende la Corse.
Allons, firent quelques-uns entraînés
par sa résolution.
Eh! bien, et vous autres ? Est-ce que vous1
allez rester assis là-dessus comme des mor-
ceaux de votre machine? Vous en êtes de la
Corse, et là Corse va dire sa façon de penser
auroi.
-En avant les charpentiers, crièrent plus
sieurs voix.
Les ouvriers ne se firent pas trop prier poufc
-:p
Mêle SainfrDenis, de même qu'elle a racheté
celui dû cànal Saint-Martin.
Ce projet a un double but d'abord favo-
riser la navigation, entravée par les usiniers
riverains ensuite augmenter la -quantité
d'eau distribuée dans Pans.
En employant ces eaux au lavage et à l'ar-
rosage de la voie publique, on rendra dispo-
nible une partie des eaux potables de la
Marné et de- la Seine..
La ville aura, non-seulement à racheter les
privilèges, mais aussi à indemniser les usi-
nes. Le. chiure des offres à faire aux pro-
priëtairès sera fixé par le conseil municipal.
Par décret Sbijtt nomiriés commandeur de
la Légion d'honneur M. Gouin, président
de là chambre de commerce de Paris. Of-
ficier M. Rivôiré, président du tribunal de
commerce de Marseille.– Chevalier M. Des-
grândçhamps> employé au chemin de fer
d'Orléàns:
Un violent tapage et des cris d'effroi ont
réveillé la nuit dernière les habitants d'une
maison dé la rue Mansart.
Un locataire, négociant fort à son aise,
étanfrèntrè à minuit, avaitréveillé safemme,
puis ayant saisi un couteau-poignard, il lui
annonça qu'il la tuerait une fois qu'elle se
rendormirait.
La femme, affolée, poussa des cris de ter-
reur et se leva pour prendre la fuite. Toute
la maison se leva; le-bruit attira les agents;.
quand ils arrivèrent, ils'trouvèrent la femme
à la porte d'entrée de la maison, tout, effarée
et presque, sur le point de s'évanouir. Elle
était parvenue à êchapper à son mari, qui l'a-
vait poursuivie.
Les agents auxquels elle raconta ce qui
lui était arrivé, montèrent et trouvèrent le
mari couché, tenant toujours son couteau-
poignard à la main.
Il déclara aux agents qu'il n'avait aucune
mauvaise intention et qu'il avait voulu seu-
lement effrayer sa femme. e
La femme, en attendant, s'était réfugiée
chez dés voisins, et peu confiante dans les dé-
clarations de son mari, n'a pas voulu rentrer
chez lui.
On assure qu'elle va lui intenter un pro-
cès-en séparation. En'attendant, il sera pour-
suivi pour scandale nocturne.
Hier ont eu lieu les obsèques du curé de
éainte-Marguerite, en présence d'une grande
affluence de fidèles, du maire du 11- arron-
dissement et d'une députation envoyée par
Mgr lé cardinal de Paris.
Les coins du poêle étaient tenus parles ab-
bélLëg raûd, curé de St-Germain-1'Aûxérïois,
et Millaud, curé de Saint-Roch, MM. Reboul
et G&éflnaillès, chanoines.
L'inhumation a 'eu lieu au cimetière du
Père-Lachaise.
Les deux frères L. ont le domicile que
le hasard leur fournit. Hier ils avaient jeté
leur dévoluaur un terrain vague de la rue
des Amiraùx'(XVIIIe); En entrant, ils trou-
vèrent couchée à terre une vieille dame ri-
chement vêtue,
Ils éveillèrent la dame et lui dirent qu'ils
étaient agents de police et étaient forces de
ta mener au poste. Avant de partir ils lui
prirent sa montre, sa chaîne et ses boucles
d'oreilles en diamants.
En sortant, les trois personnes furent aper-
çues par de véritables agents, qui leur de-
mandèrent dés explications. Les deux gail-
lardsse troublèrent et furent menés au poste.
Quant à la dame, ses réponses étaient des
plus incohérentes. Un médaillon trouvé sur
elle fit connaître son adresse. Elle e st at-
teinte d'aliénation mentale et avait échappé
à la surveillance exercée sur elle. On l'a
rendue sa famille.,
Dimanche prochain, 3 mai, grandes eaux
t Versailles.
Des billets d'aller et retour, de Paris à
Versailles, seront délivrés aux gares des che-
mins de fer de l'Ouest (rive droite et rive
gauche). Trains régùliers d'heure en heure
efrtrainssupplémentairessuivant les besoins.
feuilleton du 30 Avril 1874
LE ROI DE CORSE
Troisième partie
UNE ROYAUTÉ QUI TOMBE •
[1ÔQJ CHAPITRE Il
de qu'on dit.au palais et cequ'on
dit dans' la rue
Suitè
"» Gâ c' est certàin, mamali Thérésa, répli-
qua lé gamin, des parchemins ça n'a pas assez
ûe valeur pour qu'on les entretienne. aux frais
du gouvernement.
Insolent! iîtla vieille en levant sa canne,
aux éclats de rirfe de tous les badauds pré-
sents.
=- Vous auriez tort de me casser la tête,
ïnanian Thèrésa,-je ne pourrais plus vous
faire demain lé-ptfrtrait de l'affreux bandit.
Va-t'en au diable fils de satan.
Après vous, maman Thérésa; je vous
dois le respect. Mais regardez donc que c'est
beau là-bas. Comme le palais s'illumine. Et
cette musique, hein! ea donne envie de
danser.
Ça donne encore plus envie de manger
LES CONCERTS MILITAIRES
Programme du Mercredi avril,
de- 5 h. à 6 li. 1/2
Tuileries, 48' de ligne; chef g M. Digues.
1. Le Songe d'une Nuit d'Été. A. Thomas.
2. Les Huguenots (fantaisie). Meyerbeer
3. La Livry (polka) PIROUELLS.
4. Grande fantaisie sur l'Africaine MEYERBEER.
5. Si, j'étais Roi (fantaisie) ADAM:
6. Les Bébés '(polka) BupT.
Palais-Royal. de ligne; chef: M. Boohet
1. Grande Marche triomphale • Hoffmann.
2. Ouverture du Serment AUBER.
3. 1 Lombardi (mosaïque) VERDI.
4. Fraisés au Champagne. Klein
5. Ernahi (fantaisie) VERDI.
6. Polka VANDER-VELPEa
REVUE, DBSI THÉASKES--
Ce soir, réouverture du Cirque d'été, aux Champs*
Elysées.
X La pièce reçue il y a quelques jours par le Co-
mité du Théâtre-Francais est de MM. Labiche et Le-
gouvé. Elle est intitulée la Cigale et la Fourmi, et
aura pour interprètes M. Delaunay et Mlle Tholer.
X On annonce, au Gymnase, la préparatiQn d'une
grande représentation dont le produit est destiné à
ériger uri monument funèbre à Aimée Desclée.
Ce jour-là, quelle que soit l'élévation du prix des
places, la salle sera trop petite.
X M. Charles Masset, qui joue en ce moment à
l'Odéon le rôle du roi, dans la Jeunesse de Louis XIV,
est on;agé à la Porte-Saint-Martin pour la saison
Droenaine.
X On répète au Théàtre-Cluny le drame-vaude-
ville de MM Beauvallet, une Nuit de Paris. La pièce
aura douze tableaux, La musique est de MM. Chan-
tague et Singla. Une Nuit de Paris passera dans
quelques jours.
X Hier a eu lieu, aux Menus-Plaisirs, la reprise
de Cent mille francs et ma fille, de MM. Jaime et
Gille, arrangé avec musique nouvelle' de M. Costé.
La salle, qui est devenue charmante, réunissait
une société d'élite; M: Costé appartient à plusieurs
des cercles élégants de Paris, et ses amis étaient
venus en grand nombre- La soirée s'est fort bien
passée; la bouffonnerie de MM, Gille et Jaime est
de celles qui ne laissent guère le public se refroi-
dir, et l'on a ri du commencement à la fin, surtout
pendant lés deux derniers actes. La musique de M.
Costé a toutes les qualités que le genre impose,
gaieté, clarté;' mélodie franche et abondante. Au
dernier acte, un chœur de brigands a été fortement
bissé.
Nous croyons que Cent mille francs et ma fille eût
obtenu un succâs étourdissant si la pièce avait été
jouée comme mainte opérette que nous pourrions.ci-
ter, mais la troupe des Menus-Plaisirs manque en-
core d'ensemble et de quelques premiers sujets. Cela
n'empêché pàs Mu* Sealini d'être .une bien jolie
femme, et MM.iGabel, Legrenay et Tissier de mon-
trer dé l'entrain dans plusieurs scènes. On peut être
assure que dans quelques représentations, lorsque
l'ensemble de l'exécution sera irréprochable, le spec-
tecle des Menus-Plaisirs sera un des plus amusants
qu'on puisse voir à Paris en ce moment.
X Samedi prochain, aux Folies-Marigny, pre-
mière représentation des Rosières du canton, de MM.
Hènri Buguet et Maurice Qrdonneau. Tout le per-
sonnel féminin des.Folies-Marigny sera sous les ar-
mes dans cette solennité.
X Les jeunes sœurs Thecla, une pianiste de dix ans
et une violoncelliste de quinze ans, ont donné cette
semaine leur concert annuel à la salle Hertz. Les deux
jeunes artistes ont obtenu un très grand succès.
X Le Tivoli Waux-Hall ouvre ce soir mercredi,
ses magnifiques salons d'été. Mercredi prochain,
grande fête.Charles darcodrs.
TROP DE RUBAN
CHAMBRE CORRECTIONNELLE
PRÉSIDENCE DE M. BÂRBA.HOUX
Audience du mardi 28 avril
-1 Tout le monde, aujourd'hui, veut plus ou
moins avoir la croix. Noble ambition, assu-
rément, mais encore faut-il qu'elle soit jus-
tifiée. Cet amour du galon a acquis, dans no-
tre pays, des proportions véritablement in-
quiétailtes. Il semble à beaucoup de gens crue
leur toilette manque d'un élément essentiel,
s'ils n'ont pas à leur redingote un mince bout
de ruban rouge.
Le jeune Anatole Belin poussait plus loin
encore l'enthousiasme décoratif. Ce garçon
inofiensif, mais maniaque, était affligé d'une
quand on a faim, dit une voix rude et claire
dans la foule.
Chacun se retourna et regarda son voisin,
mais personne ne découvrit l'auteur de cette
phrase tant soit peu lugubre.
Diable! ci doit être, fit Jacobi. Mais que
voulez-vous? il faut être philosophe, on a
faim aujourd'hui, on mange demain. Moi,
c'est mon système. Si je ne soupe pas, je dors
un peu plus, il y a compensation.
= Il est plein de sagesse, ce petit, dit un
énorme monsieur qui passait, et sur le gros
ventre duquel reluisait une superbe chaîne
Le roi Théodore est de cet avis, riposta
la même voix qui sembla venir d'un autre
groupe. C'est pourquoi il amuse sa cour avec
l'argent qui nous donnerait du pain et des
armes.
r- Un roi est un roi, dit philosophique-
ment Jacobi. Mais je voudrais bien voir ce-
lui qui parle, moi.
Est-ce, vous? demanda une femme à son
voisin.
Non ca venait de là.
Je l'ai'bien entendu. Ce doit être vous,
alors?
Non; je crois que c'est celui-ci.
Par exemple!
-Mais qui donc?
:f- Est-ce que je sais? -Jjaissez-méi tran-
quille.
Une rumeur s'éleva, moitié bourrue, moi-
tié Joyeuse. On n'était d'accord que sur un
.̃ ̃"̃' Ã [
idée dont la fixité invétérée ne manquerait
pas de fournir quelque sujet d'étude à un de
ces spécialistes qui traitent exclusivement les
affections mentales.
Anatole Belin était persuadé qu'à moins
d'avoir la croix, un homme ne saurait vivre;
il se répétait constamment qu'un citoyen pri-
vé derulian est un être incomplet il avait,
en fait de récompenses honorifiques, des
théories si subversives que le pauvre écer-
velé s'imaginait volontiers que tout petit
Français, en venant au monde, doit trouver
la croix dansson berceau; il se figurait qu'on',
peut appartenir à la Légion d'honneur. de
naissance.
Ajoutons qu'il était sur le point de con-
tracter une union avantageuse. Bien qu'il
n'eût que dix-neuf ans, il était décidé à s'en-
rôler dans la grande armée matrimoniale. Il
trouvai^ semblerait-il, certains profits à se
faire passer, auprès de la famille nouvelle
dans laquelle il allait entrer, pour un gen-
dre plein de mérite.
Belin avait fait à Paris la rencontre d'un
certain marquis d'OgljLostro, Italien d'origine,
qui, tout marquis qu'il était, ne dédaignait
pas de se livrer au commerce. A ce noble
devenu par nécessité trafiquant, Belin attri-
buait bénévolement une inffuenée qui, pen-
sait-il, pouvait aller juqu'à lui procurer la
réalisation de son rêve.
-Il me fera décerner un ruban de son
pays, se disait-il à défaut de mieux, les or-
dres étrangers doivent être les bienvenus.
Il fut d'abord question du Saint-Maurice et
Lazare, dont ie-galon est vert. Belin, lui, pré-
féra le Saint-Gréqoire de Naziange qui étant
rouge, bien que bordé de noir, produit infi-
niment plus d'illusion..
M. d'Ogliostro ne se montrait que peu dis-
posé à céder au vû3U de son jeune ami.
Mais oelui-ci écrivait des lettres désespérées.
Qu'on en juge par celle-ci, datée d'octobre
dernier -•.
Mon cher marquis.
Je viens vous annoncer officiellement que je me
marie le 14 de ce mois. Je vous rappelle que vous
n'avez encore rien demandé pour ma boutonnière et
'qu'elle est veuve, bien que je porte de temps à au-
tre, comme légitime aux yeux de tout le monde, la
décoration que vous m avez donnée:
Je rie puis cependant pas me marier sans cela, ce
serait honteux. Il me faut une rosette ou deux. Je
promets sur l'honneur à l'Italie l'appui de ma plume
et au besoin de mon épée.
Sa plume et son épée Belin écrit-il quel-
que part? Commande-t-il dans quelque ré-
giment ? Il se dit journaliste. Le tribunal,
du reste, écoute patiemment ses explications,
ainsi que celles que fournit son co-accusé le
marquis.
Mettons encore sous les yeux du lecteur
quelques extraits de cette correspondance si
etonnamment fantaisiste
Maintenant, pour les décorations, si vous n'avez
pu obtenir pour le jour fixé, il né faut pas trouver
étonnant que je porte la rosette, que j'ai et si vous
èn avez une très fraîche, je compte sur vous pour
me' l'envoyer demain. Elle fera l'ornement de mon
habit noir. Je suis à votre disposition pour faire l'é-
loge de l'Italie, de -Victor-Emmanuel et d'Amédée.
Je donrierais bien une valeur de 500 fr. à 90 jours.
Je vous en supplie, ne me faites pas manquer mon
affaire, j'aimerais mieux perdre 10,000 fr. Il vaudrait
mieux pour moi que je sois mort, si je n'étais pas
décoré le 14 octobre.
On le voit, c'était absolument de la mono-
manie. Après cela, peut-être y àvait-t-il tout
simplement dans cette innovation un em-
blème et Belin voulait-il affirmerseulement
que l'on porte la croix dès que l'on est mari.
Une autre fois, comme s'il eût éprouvé le
besoin de mettre' du ruban à son gilet de
flanelle, voire sur ses chaussettes et jusque
dans son dos, il écrivait encore
Soyez assez bon pour remettre au porteur ûn pa-
quet de jolies décorations. J'en ai besoin pour ce soir.
Je tente un trait d'audace.
Le trait d'audace, c'était, paraît-il, la pré-
sentation à la future.
Celui qui a tracé ces lignes n'est pourtant
pas un être dénué d'intelligence. Les juges
ont devant eux un grand jeune homme aux
allures correctes, qui porte des favoris blonds
et partage ses cheveux par une raie irrépro-
chable.
Belin est" le fils d'un fabricant de caout-
point: l'endroit d'oùétait.venue la voix qu'on
cherchait.
Est=ce que la musique vous empêche
d'entendre 1 armée française qui marche sur
vous?
C'était la voix encore, mais venant d'un
point tout à fait opposé.
Jacobi se précipita.
Ah! je te trouverai bien, dit-il, bavard
endiablé.
Un éclat de rire lui réppndit à la place qu'il
venait de quitter.
Jésus Dieu! s'écria là vieille Thérésa,
c'est sans doute la sorcière.
Il y eut alors plusieurs éclats de rire à la
fois, venant de divers points.
Dans la foule il se fit un silence subit.
Allons-nous-en, dit Thérésa, il ne fait
pas bon ici.
Mais alors la voix rude et perçante se fit en-
tendre au loin, toujours distinctement, avec
un redoublement d'ironie.
11 vendra la Corse, le roi Théodore, illa
vendra au roi de France. Il lui faut de l'ar-
gent pour donner des fêtes à la reine.
Il y avait beaucoup de monde dans les rues
d'A jaceio. Mais depuis que Thérésa avait pro-
noncé le mot de sorcière, pas un ne se sen-
tait le courage de poursuivre la recherche de
cette voix étrange, qui semblait venir de par-
tout.
Seuil, Jacobi protesta en paroles.
Vendre la Corse! exclama-t-il, celui qui
verra ça n'est ,'Cas de ce monde, sorcière, de.
chouc. Peut-être convient-il de chercher
dans cette origine le secret de son élasticité
en matières de décoration.
Quant au marquis d'Ogliostro, la prévenu
tion lui conteste son titre; mais il démontre
pièces en main, qu'il appartient à la plus
vieille noblesse de Naples. Au surplus, il n'a
fait que prêter ses rubans, sans remettre au-
cun brevet à Belin, dont Me Lachaud défend
la cause.
Belin est condamné à un mois de prison ef
cinquante francs d'amende. M.. d'Ogliostro.
est acquitté.
DÉPARTEMENTS-
En 1867, le* nommé Tison, engagé dans la
légion belge, revenant avec l'armée, du
Mexique, débarquait à Nantes. Officier de la
gendarmerie mexicaine, décoré de l'ordre da
Maximilien, mais sans ressources, et fêtant
dit originaire du département du Nord, il fut
dirigé- sur tille.
Le maire, sur le vu de ses états de services
s'intéressa à Tison et finit par lui procurer
une place de secrétaire chez un des commis--
saires de police:
Depuis cette époque, Tison avait fait pari
tie de la police locale, sauf durant la campa-
gne de 1870, pendant laquelle il servit dans
un régiment d'artillerie. Depuis sa rentrée,
il était devenu secrétaire du commissariat
central.
Tout à coup le secrétaire disparut empor*
tant tous les fonds et bijoux trouvés déposés
depuis le commencement de l'année.
Son signalement fut envoyé de tous côtés;
il y a quelques jours, il fut arrêté par la
gendarmerie à Vervins. Seulement on apprit
alors que, le prétendu Tison s'appelait Tho-
mas, qu'il avait été condamné par contumace
aux travaux forcés à perpétuité pour divers
attentats.
Sous le coup de poursuites, 'cet homme
instituteur à Petites-Armoises (Ardennes)*
avait pris la fuite en 1863, et s'était engagé en
Belgique, dans la légion belge.
Il était tranquillement à Lille, quand il fut
rencontré et reconnu par un jeune hommed
.originaire des Ardennes.
Bien que celui-ci n'eût rien dit, le faux Ti-
son, craignant des révélations, avait pris la
fuite..
Un événement regrettable a eu lieu avants
hier à Arras.
A la sortie du théâtre, une discussion s'en*
gagea entre un volontaire et un jeune hom"
me de la ville, un officier arriva\ au secours
du volontaire, d'autres personnes intervins
rent ̃
Un officier du 93', qui remontait la rue
Ernestale, se vit subitement entouré; il est
l'objet de voies de fait; il est secouru par
d'autres officiers, puis la patrouille arrive,
et quelques individus dés plus violents sont
menés au poste.
Mais cela ne fait pas le compte de la fouie,
qui réclame ses prisonniers, et menace d'en-
lever le poste. i
Les soldats, devant l'attitude déterminée
des assaillants, durent prendre des mesures
énergiques. Ils croisent la baïonnette et char-
gent la foule. Quelques personnes furent lé-
gèrement blessées.
Enfin, force reste à la loi M. le commis-
saire central survient, et par quelques paro-
les sages, parvient enfin à disperser les der»
niers rassemblements.
L'affaire se dénouera en police correction*»
nelle.
JARDIN D'ACCLIMATATION du. bois de Boulogne»
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malheur! Et si le roi Théodore avait jamais
cette intention-là, on le pendrait, tout roi qu'il
est, quand il n'y aurait que moi pour tirer la
corde.
Tiens, dit le gros monsieur, qui rave.
nait tranquille de l'autre bout de la placé,
le petit bonhomne n'est plus philosophie.
Ah! reprit Jacobi, dont la tête se mon-
tait en raison du vide de l'estomac peut-être.
On a faim et l'on rit, on va pieds nus et l'on
danse, soit. Mais quand il s'agit de la patrie,
on cesse de rire et de danser, par Belzebuth
on se bat, et quand on est comme moi un
pauvre diable sans carabine, on crache sa mi-
sère au nez de l'étranger; ça l'empoisonne
ou ca l'étouffé.
Les charpentiers, qùi avaient fini démonter
l'échafaud, s'étaient assis dessus, et se mon-
traient l'enfant en parlanttout bas. Cette sot.,
tie vigoureuse avait un peu rassuré les
trembleurs.Jacobi.se grisait à son, propre
enthousiasme et à sonbavardage.
Allons dire au roi, fit-il, que nous ne
voulons pas qu'on vende la Corse.
Allons, firent quelques-uns entraînés
par sa résolution.
Eh! bien, et vous autres ? Est-ce que vous1
allez rester assis là-dessus comme des mor-
ceaux de votre machine? Vous en êtes de la
Corse, et là Corse va dire sa façon de penser
auroi.
-En avant les charpentiers, crièrent plus
sieurs voix.
Les ouvriers ne se firent pas trop prier poufc
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