Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-04-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 23 avril 1874 23 avril 1874
Description : 1874/04/23 (Numéro 4136). 1874/04/23 (Numéro 4136).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592171t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/08/2008
]Ue Petit Journal
̃ S
personnes qui jettent sur la voie publique des
iétritus de toutes sortes.
Hier soir, vers sept heures, un ouvrier
mécanicien, père de deux enfants, le nommé
â: demeurant rue Polonceaui 44 (18e ar-
'ondissement), passant au coin de la rue du
Mont-Genis, a glissé si malheureusement
tur un détritus de légume qu'il est tomté et
('est cassé une jambe. Cet ouvrier, retenu
lepuis cinq mois au lit par un rhumatisme
iraculàire, sortait, pour la première fois,
ifiji de chercher de rouvrage.
Faites attention aux pièces fausses; disons-.
nous souvent à nos lecteurs.
Quand c'est un acheteur qui la détient, et
lue le marchand s'en aperçoit, l'acheteur en
bst quitte pour s'excuser d'une erreur, la
plupart du temps involontaire.
1 Mais quand c est la marchande qui rend
la la .fausse monnaie, cela peut être plus
grave.
Une marchande des quatre saisons l'a ex-
périmenté hier. Elle a été arrêtée pour avoir
une pièce de deux francs fausse.
M. Richard, commissaire de police, con-
vaincu de la bonne foi de cette brave femme,
jui pleuvrait à chaudes larmes, l'a remise en
liberté.
La gaieté franehé, emblème d'une cons-
cience pure, est revenue à la marchande qui
;'est écriée:
Je'vends des carottes'et des nouvelles
encore, mais j'en tira pas de malhonnêtes
A la suite d'un incendie qui a éclaté dans
un magasin de fourrages, rue du Faubourg-
|aint-Honoré, 232, incendie sans importance
d'ailleurs, le garde-magasin a été arrêté par
les ordres du commissaire de'police, M. An-
geli. Cet homme, qui couchait dans le gre-
nier à foin, est accusé d'avoir mis le feu.
Il nie énergiquemsnt; il est fortement
brûlé au-bras droit.
Les enfants demandent une surveillance
constante, à Paris surtout. Deux accidents
ont eu lieu hier dont les victimes sont des
enfants non surveillés un instant.
Rue de Joinville, une pauvre petite fille
de quatre ans a été écrasée par une voiture.
La mort été instantanée.
Rue de la Voûte-du-'eours, une enfant de
deux ans à été renversée por une voiture et
a été grièvement blessée à la tête.
Procès-verbal a été dressé contre le voitu-
Avant-hier soir, un vieillard se mettrait à
table, vers six heures, au restaurant Méti-
vier, rue de Rambuteâu.
A peine avait-il mangé la première huître
de la douzaine qu'il avait commandée, qu'il
s'est afiaissé sur la table.
11 était mort.
Par lés soins de M. Dodiau, commissaire
le police des Hàlles, cet homme a été trans-
orté au poste de police; tous les soins ont
Mé impuissants à lé faire revenir à la vie.
L'apoplexie avait été foudroyante.
C est un nommé Hamand (Jules), âgé de
77 ans, imprimeur à Paris.
Le succès toujours croissant de la Mode
illustrée prouve qu'aux yeux du public, ce
journal a résolu le problème si difficile de
l'économie dans l'élégance, tout en se met-,
tant à la portée de chaque bourse par la mo-
dicité de son prix d'abonnement. numéros
et 500 patrons par an, ne coûtant,pour Paris,
que 3 tr. par trimestre; 12 fr. par an; pour
les départements, 3 50 le trimestre; 14f. par an.
REVUE DES THÉÂTRES
aujourd'hui, à l'Opéra-Comique, première repré-
sentation de Gille et Gillotin, opéra-comique en un
acte, de M. Thomas Sauvage, musique de M. Am-
broise Thomas, joué par autorité de justice.
X Au Chàtelet, reprisé de la Belle au bois dormant,
'interrompue depuis trois jours par une indisposition
de Mme Mélanie Rëbôux. s
X Au Gymnase, dernière représentation de hlon-
lieur Alphonse.
X On annonce que Mme Georges Sand a promis
Fenilleî©! dû 23 avril
J931 RIVALES
CHAPITRE XXVI .•••'
Un duel ««s* l'Océan
Suite
Les deux jeunes gens s'inclinèrent.
1 C'était le troisième jour après celui où la
reine deCorse avait décrête qu'on accepte-
rait le duel de la reine des 'Vagues. Le na-
vire le Sauveur, commandé par Théodore en
personne, se balançait sous le môle, prêt à
appareiller, car l'heure approchait ou il de-
vait aller à la rencontre de la corvette rouge,
à laquelle on ne connaissait point d'autre
nom. Tout était silencieux et grave il bord
du Sauveur on sentait que ce combat serait
plus décisif que celui de deux armées; les
chefs étaient recueillis, les matelots sem-
blaient respecter leur recueillement.
Làreine seule conservait cet enjouement
presque enfantin, qui la faisait parfois si
charmante; elle riait de la gravité du roi, des
précautions sans. sombre de Frédéric, et de
l'humeur de Robert qui trouvait insensé ce
duel de hasard. Elle avait accaparé Tony,
i'insouc;antPârislen,qi1isedéciaraitsonhuni-
ple serviteur, jusqu'à l'heure du branlfibis^.
pour l'hiver prochain, une comédie-drame inédite à
M. Duquesnel, directeur de l'Odéon.
X Le théâtre Cluny va mettre en répétition un
drame de MM Beauvallet père et fils, joué autrefois
avec succès à l'Ambigu les Nuits de Paris.
X La pièce avec laquelle le théâtre du Château-
d'Eau fera sa réouverture, à l'automne prochain, est
une grande féerie musicale dont on parle très-avan-
tageusement. Le canevas est de MM. Clairville et
Gaston Marot, la musique sera de M. Debillemont.
Titre: Le Treizième coup de minuit.
X Au café-concert de la Scala, le Polonais d'en
face, vaudeville en un acte, de MM. Félix Savard et
Alfred Aubert, joué aux Folies-Marigny, a obtenu
hier un très grand succès.
X On annonce pour la semaine prochaine, à la
salle d'horticulture de la rue de Grenelle, une con-
conférence de M. Paat Féval. Le sujet sera le Théâ-
tre honnête.
X Une grande messe de Requiem, composée par
Verdi, sera exécutée pour l'anmversaire de la mort
du poète, Manzcmi. le 22 mai prochain, dans l'église
San-Marco, à Milan. Cent chanteurs et cent instru-
mentistes prendront part à cette solennité. Cette
messe est, croyons-nous, la première aeuvre reli-
gieuse importante que Yerdi ait écrite.
CHARLES DARCOURS.
LES CONCERTS MILITAIRES
Nous donnons ci-dessous la liste des en-
droits où auront lieu les concerts; plusieurs
de nos confrères ont publié une liste (copiée
sur celle de l'année dernière) devenue com-
plètement inexacte par suite des change-
ments de garnison et de la suppression d'une
des musiques de la garde républicaine.
Jardin des Tuileries
Mardi Garde républicaine.
Mercredi Infanterie.
Jeudi Infanterie.
Samedi Infanterie.
Dimanche. Infanterie.
Palais-Royal
Mardi Infanterie.
Mercredi. Infanterie.
Jeudi Garde républicaine.
Samedi Infanterie.
Dimanche Infanterie.
Mardi GhasseUre à pied.
Jeudi Infanterie.
Parc Monceaux
Jeudi Chasseurs à pied.
Dimanche: Infanterie.
Square Parmentier
Jeudi. Infanterie.
Dimanche Infanterie.
Place des Vosges
Jeudi. Infanterie.
Dimanche. Infanterie.
du mercredi a* avril
de 5 b' 6 à h. 1/2
TUILERIES. de ligne chef M. Boybb.
Le Songe d'une nuit d'été. A. Thomas
2. Ouverture de \a,Muette de Portici Aubeh.
3. Les Mousquetaires de la Reine
(fantaisie) HALÉVY.
4. Les Cent (valse). Lecoq.
5. La Reine 'dit Chypre (fantaisie) Halévy.
6. La Havanaise (Valse) BOREL.
PALAIS-ROYAL.-48* de ligne; chef: M.Pochet
1. Ouverture de la Muette AUBER.
2. Si f épais Roi (fantaisie) Adam.
3. Quatre heures (màzurka). MUZARD.
4. Grande fantaisie sur l'Africaine Meyerbeer.
5. Fantaisie sur les Vêpres sici-
liennés. VERDI.
6. Les Bébés (polka). BUOT.
DIX-NEUF COUPS DE HACHE
COUR D'ASSISES DE LA SEINE
Présidence de M. le conseiller SEVESTRE
Audience du 21 avril
Dix-neuf coups de hache A première vue,
cela ressemble à un bien gros forfait et sup-
pose, comme conséquence, une grave con-
damnation. Ne nous laissons pas dominer par
Je vais donc la revoir enfin, disait-elle,
cette jolie corvette aux voiles rouges, si co-
quette et si sournoise. Je vais. la voir de près.
Nous saurons cette fois où se cachent ses ca-
nons, M. de Lewen, et nous lui rendrons sa
bienvenue.
Tout cela était un peu fébrile sans doute;
mais il y aurait eu honte vraiment à se mon-
trer plus inquiet et plus soucieux que cette
adorable jeune femme, qui risquait en riant
son trône- et sa vie.
Elle redevint plus familière avec Frédéric,
fut charmante avec Robert et voulut voir les
matelote. Elle les ensorcela. Il n'y en avait
pas un seul qui n'eût voulut mourir pour elle.
Théodore essaya une seule fois de la rien-
voyeur à terre..
Vous m'aimez donc bien peu, sire, lui
dit-elle avec coquetteriei que la pensée de
mourir avec moi n'ait pouç vous aucun
charme? Vous serez vainqueur, je n'en doute
pas, mais si vous succombiez, quelle superbe
légende j'aurais avec vous.
C'était bien la pensionnaire de Port-Royal
en ses jours de mutinerie.
Quand on appareilla, elle eut peut-être un
frisson, mais quil'eût definé devant son ex-
clamation joyeuse.
Enfin
Elle battait l'une contre l'autre ses jolies
mains; encore endolories par les cornes du
Robéit et Frédéric se rendirent £ leur
retint le dernier:
cette impression; examinons le cas avec le-
calme que le jury a apporté dans sa délibé^
ration remontons aux causes déterminantes,
et nous arriverons à conclure que si Louise
Lefort a été criminelle en répandant le sang
de son époux, le vrai coupable est, en somme,
celui-là même sur qui se sont exercées ses
fureurs.
Nous sommes en présence d'une de ces cau-
ses dont les débats jettent un jour sinistre
sur certains intérieurs parisiens.
LouiseLefort sait comment la misère s'ins-
talle trop souvent au foyer des ménages ou-
vriers, en même temps que le désordre et la
discorde. Elle a soufiert longtemps, la pau-
vre femme; d'abord silencieuse, résignée.;
puis, impatiente, minée par cette colère sourde
qui gronde au fond des coeurs* des opprimés.
Enfin, les sentiments qui s'agitaient en elle
ont fait explosion,, et c'est dans un moment
d'égarement provoqué par des menaces et
par des voies de fait qu'elle a frappé Lefort.
Paresseux, buveur, ami du plaisir, ou-
blieux .de tous les devoirs que lui imposait
sa situation de chef de famille, celui-ci usait
envers celle à qui, en la prenant pour com-
pagne, il avait Jurë aide et protection,
des traitements les plus odieux..
Lorsqu'elle le conjurait do revenir au bien,
à.ses supplications, il répondait par des cris
de colère; à ses larmes, il répliquait par des
coups.
Les sévices de ce maître implacable avaient
pris un caractère si cruel que, vers les der-
niers temps, montrant f, une voisine une
hache qu'elle avait la Précaution de j;énir, en
cas de danger, à la portée de sa main
Je crains bien, disait Louise, d'être obli-
gée de me servir de cet outil un moment ou
l'autre
Ce moment arriva plus tôt que la malheu-
reuse ne l'avait pense.
Dans la soirée du 14 janvier dernier, Lefort
rentrait ivre. Elle était couchée. Il ne reve-
nait à la maison que pour un instant, le
temps de mettre la main sur la mince somme
que sa femme était parvenue a soustraire
aux insatiables appétits'du débauché. Cette
somme, c'était le pain de plusieurs jours
Louise s'opposa à ce que son mari s'en saisît.
Lui, ne voulait rien entendre
Je vais au bail vociférait-il, rarement il
me faut l'argent!
Il s'avança vers le lit où reposait Louise;
terrible, Ies traits convulsés par la rage, il
leva le bras sur elle. Cette dernière violence
amena une explosion d'autant plus terrible
qu'elle avait été plus longtemps contenue.
L'ouvrière se leva, et, s'emparant de la
hache, elle opposa à son agresseur coup pour
coup, jusqu'au moment où Lefort, épuisé,
tomba baigné dans son sang.
Tel est, en résumé, ce drame conjugal,
dont les deux auteurs, hier, paraissaient re-
gretter au même degré, mais par malheur
un peu tard, les brutales péripéties.
Sur le banc des accusés, Louise Letort
pleurait, pendant que, de son côté, à la barre
des témoins, Lefort faisait une déposition
entrecoupée de larmes.
Le verdict du jury a rendu l'un à l'autre
ces époux auxquels une dure leçon aura,,
tout le démontre jusqu'ici, réussi à créerune
existence nouvelle.
Sur ce verdict négatif, Louise Lefort a été
acquittée.
DEPARTEMENTS
On se rappelle la rencontre de deux trains
qui a eu lieu il y à quinze jours, à cinq kilo-
mètres de pijon et qui coûtala vie à M. Billy,
ingénieur des mines et au conducteur d'un
'des trains.
Le conducteur-chef Blousard, qui n'avait
pas couvert la voie à l'arrière de son train,
ce qui amena la rencontre, a été condamné
à six mois de prison.
Les journaux de Lyon racontent un acci-
dent survenu ces jours-ci dans cette ville
et qui est dû à une imprudence trop fré-
quente
Un consommateur nommé Rozier ayant,
par imprudence, laissé tombeur une allu-
Monsieur de Lewen, lui dit-elle, après
la bataille, vous irez à Gorte, n'est-ce pas?
Je l'espère, madame.
Vous verrez l'abbé Dominique, vous lui
raconterez tout. Tout entendez-vous?
Je lui dirai surtout, madame, que l'é-
quipage du Sauveur, parmi ses héros, avait
une héroïne qui a fait leur vaillance.
L'abbé Dominique sera content, fit Re-
née avec une véritable joie d'enfant.
Frédéric crut enfin la comprendre. Le
jeune prêtre àvçiit été témoin d'une, faute,
d'un entraînement, d'une folie d'une heure
que la reine regrettait- Touchée de la haute
vertu de Doininique, elle voulait se réhabili-
ter à ses yeux. C'était noble et. courageux.
Elle avait donc du cœur? un grand coeur,
peut-être.
Frédéric lui baisa la main avec respect.
Ouï, madame, dit-il, oui, l'abbé ^Domi-
nique sera content, car Dieu doit l'être.
Madame Madame! vint dire Tony en
courant, Votre Majesté veut être prévenue
quand on apercevra la corvette rouge. On la
voit.
Renée monta sur le pont.
On voyait, en eflet, la corvette au loin ac-
.courant, de toute vitesse au rendez-vous
mortel. Mais l'en voyait autre chose aussi.
Bien loin, derrière le joli navire, à l'hori-
zon, montait un point noir menaçant; Dieu
allait-il se mettre de la partie?
Les conditions du combat étaient que nul
canot de sauvetage ne serait mis à Ia--mer^
mette dans la fosse d'aisance d'un café, une
détonation violente se produisit aussitôt. Le 1
gaz enflammé aveuglait et rôtissait le mal-
heureux, qui, affolé par la terreur, no pou-
vait tirer la targette de la porte.
Quand on arriva, M. Rozier était étendu à
terre et affreusement brûlé. il a été aussitôt
transporté à l'hôpital de la Croix-Rousse. Son
état est grave.
Un Prêtre a inventé un remède guérissant à vie*
0Qrs,0gnonsèa(3fT)i:nvoif° Martin, 30 fg Montmartre
EN purifiant le sang, les pilules dépuratives du
D'Gôlvin, de la Faculté d'Erlangen (Bavière), gué-
rissent,les maladies les plus rebelles à tout autre
traitement. La boite, 2 fr., y compris son livre-guide
de la santé. Dans les bonnes pharmacies.
EXPIATION DU CRIME D'AiroiLLAC
(Correspondance télégraphique du Petât Journal)
Toulouse, le 21 avril 1874.
Ainsi que je vous le faisais pressentir hier,
l'arrêt prononcé le 4 mars dernier par la
cour d'assises de la Haute-Garonne, contre le
nommé Philippe Levaineur dit Mitron, et
Lasserre, a reçu ce matin son exécution.
Les crimes de vol, d'assassinat et d'incen-
die dont s'étaient rendus coupables ces deux
hommes, sont encore.trop présents dans les
souvenirs pourque nous le rappelions même
sommairement.
Avant-hier mardi, Mitron, selon,son habi.
tude, avait pris ses repas avec un fortbpn ap,
petit; quant àLasserre,il avait été plus silenr
cieux.plus sombre, plus -taciturne que le,
jours précédents, et bien que restant poli, il
avait refusé constamment par un non, pro<
noncé sèchement les quelques adoucisse
ments qu'on voulait lui donner.
« Mon sort est fixé, disait-il le soir avant de
se coucher, j'ai lu mon arrêt dans les yeux de
M. l'abbé et puis les deux visites de la jour-
née. tout cela est pour moi des indices fâ-
£lieux. »
Il ne pensait pas dire si vrai, car pendant
qu'il prononçait ces paroles, Roch, l'exécu-
J, eur des arrêts criminels, et ses aides, arri-
vés le matin même à Toulouse, faisaient
conduire la voiture contenant les bois de jus-
tice de la gare du chemin de fer, où elle était
restee remisée, la place habituelle des exé-
cutions
Ce transport de l'échafaud ne se serait pas
effectué sans désordre, si la voiture n'avait
été protégée par une forte escouade de ser-
gents de ville et un piquet de chasseurs à
pied.
Ainsi escortée, elle arriva bientôt à l'en*
droit désigné, le Port-Garaud.
Cet emplacement a nn aspect charmant.
Un bras de la Garonne le borde d'un côté
et des arbres séculaires l'ombragent; plu^
loin, en face, on aperçoit.une île verdoyante
toute peuplée d'usines, d'auberges et de
guinguettes, qui lui ont fait donner le nom
de Ramier du moulin du château.
C'est là que l'instrument du supplice s'est
dressé cette nuit, en présence d'une assis-
tance fort peu nombreuse.
Le jour et l'heure de l'expiation n'ayant
pas été connus, la curiosité malsaine de ces
sanglantes exécutions pu, pour cette fois,
être épargnée à notre population.
A une heure du matin, la guillotine était
debout et n'attendaitplusque les condamnés.
Pendant ce temps, Mitron dormait paisi-
blement son dernier sommeil, tandis que
Lasserre, en proie aux mêmes agitations que
la veille,' sommeillait fiévreusement.
A trois heures et demie du matin, la porte
de'la cellule de Mitron s'est ouverte pour li-
vrer passage à M. Darrouy. directeur de la
prison, au greffier, au gardien chef et à M.
Pelletan, aumônier, assisté d'un autre abbé
d'une paroisse voisine ae la prison.
Mitron dormait toujours profondément, et
l'on a été obligé de le réveiller pour lui an- w
noncer la fatale nouvelle.
Il a jeté un cbup d'oeil paisible sur ces vi-
siteurs matinals, comprenant qu'il n'a plus
désormais qu'à espérer en Dieu.
Lasserre s'était réveillé.
Mon repentir n'a donc pas trouvé grâcft
afin que les combattants n'eussent aucune
retraite possible en cas de défaite.
Seul, le navire vainqueur pourrait les re-
cueillir à son bord, et resterait maître de leur
elle des lignes brillantes d'écume et de phos-
phore. Elle s'avançait et reculait, allait de
droite à gauche, puis reprenait sa course
vers le vaisseau du roi, comme si elle voulût,
la coquette, user devant lui de toutes ses sé-
"ductions. Et quand, dans ces changements
capricieux, le vent venait de l'arrière, ..elle
déployait toutes ses voiles, comme des atours
dont une femme est fière. et marchait aussi
vite dans là direction opposée, faisant der-
rière elle caracoler et bondir les lames, qui
venaient mourir à ses pieds, pour faire place
aux vagues, soulevées par le vent qui com-
mençait à monter.
On eût dit qu'elle voulût montrer à l'en-
nemi sa puissance sur les flots, et jeter deux
défis àlafois: l'un à Dieu, l'autre aux hom-
mes. 1
L'atmosphère s'était alourdie d'une façon
inquiétante, le nuage noir à l'horizon prenait
des teintes rouges, sinistres, l'heure du duel
n'avait pas sonné encore, la corvette pourpre
volait toujours, rapide comme une fléche et
capricieuse comme une hirondelle. Puis,
quand cette heure fùt'enfin arrivée, elle eut
un moment d'arrêt, et se mit à marier len-
tement.
iLasuiteàdemain)l
̃ S
personnes qui jettent sur la voie publique des
iétritus de toutes sortes.
Hier soir, vers sept heures, un ouvrier
mécanicien, père de deux enfants, le nommé
â: demeurant rue Polonceaui 44 (18e ar-
'ondissement), passant au coin de la rue du
Mont-Genis, a glissé si malheureusement
tur un détritus de légume qu'il est tomté et
('est cassé une jambe. Cet ouvrier, retenu
lepuis cinq mois au lit par un rhumatisme
iraculàire, sortait, pour la première fois,
ifiji de chercher de rouvrage.
Faites attention aux pièces fausses; disons-.
nous souvent à nos lecteurs.
Quand c'est un acheteur qui la détient, et
lue le marchand s'en aperçoit, l'acheteur en
bst quitte pour s'excuser d'une erreur, la
plupart du temps involontaire.
1 Mais quand c est la marchande qui rend
la la .fausse monnaie, cela peut être plus
grave.
Une marchande des quatre saisons l'a ex-
périmenté hier. Elle a été arrêtée pour avoir
une pièce de deux francs fausse.
M. Richard, commissaire de police, con-
vaincu de la bonne foi de cette brave femme,
jui pleuvrait à chaudes larmes, l'a remise en
liberté.
La gaieté franehé, emblème d'une cons-
cience pure, est revenue à la marchande qui
;'est écriée:
Je'vends des carottes'et des nouvelles
encore, mais j'en tira pas de malhonnêtes
A la suite d'un incendie qui a éclaté dans
un magasin de fourrages, rue du Faubourg-
|aint-Honoré, 232, incendie sans importance
d'ailleurs, le garde-magasin a été arrêté par
les ordres du commissaire de'police, M. An-
geli. Cet homme, qui couchait dans le gre-
nier à foin, est accusé d'avoir mis le feu.
Il nie énergiquemsnt; il est fortement
brûlé au-bras droit.
Les enfants demandent une surveillance
constante, à Paris surtout. Deux accidents
ont eu lieu hier dont les victimes sont des
enfants non surveillés un instant.
Rue de Joinville, une pauvre petite fille
de quatre ans a été écrasée par une voiture.
La mort été instantanée.
Rue de la Voûte-du-'eours, une enfant de
deux ans à été renversée por une voiture et
a été grièvement blessée à la tête.
Procès-verbal a été dressé contre le voitu-
Avant-hier soir, un vieillard se mettrait à
table, vers six heures, au restaurant Méti-
vier, rue de Rambuteâu.
A peine avait-il mangé la première huître
de la douzaine qu'il avait commandée, qu'il
s'est afiaissé sur la table.
11 était mort.
Par lés soins de M. Dodiau, commissaire
le police des Hàlles, cet homme a été trans-
orté au poste de police; tous les soins ont
Mé impuissants à lé faire revenir à la vie.
L'apoplexie avait été foudroyante.
C est un nommé Hamand (Jules), âgé de
77 ans, imprimeur à Paris.
Le succès toujours croissant de la Mode
illustrée prouve qu'aux yeux du public, ce
journal a résolu le problème si difficile de
l'économie dans l'élégance, tout en se met-,
tant à la portée de chaque bourse par la mo-
dicité de son prix d'abonnement. numéros
et 500 patrons par an, ne coûtant,pour Paris,
que 3 tr. par trimestre; 12 fr. par an; pour
les départements, 3 50 le trimestre; 14f. par an.
REVUE DES THÉÂTRES
aujourd'hui, à l'Opéra-Comique, première repré-
sentation de Gille et Gillotin, opéra-comique en un
acte, de M. Thomas Sauvage, musique de M. Am-
broise Thomas, joué par autorité de justice.
X Au Chàtelet, reprisé de la Belle au bois dormant,
'interrompue depuis trois jours par une indisposition
de Mme Mélanie Rëbôux. s
X Au Gymnase, dernière représentation de hlon-
lieur Alphonse.
X On annonce que Mme Georges Sand a promis
Fenilleî©! dû 23 avril
J931 RIVALES
CHAPITRE XXVI .•••'
Un duel ««s* l'Océan
Suite
Les deux jeunes gens s'inclinèrent.
1 C'était le troisième jour après celui où la
reine deCorse avait décrête qu'on accepte-
rait le duel de la reine des 'Vagues. Le na-
vire le Sauveur, commandé par Théodore en
personne, se balançait sous le môle, prêt à
appareiller, car l'heure approchait ou il de-
vait aller à la rencontre de la corvette rouge,
à laquelle on ne connaissait point d'autre
nom. Tout était silencieux et grave il bord
du Sauveur on sentait que ce combat serait
plus décisif que celui de deux armées; les
chefs étaient recueillis, les matelots sem-
blaient respecter leur recueillement.
Làreine seule conservait cet enjouement
presque enfantin, qui la faisait parfois si
charmante; elle riait de la gravité du roi, des
précautions sans. sombre de Frédéric, et de
l'humeur de Robert qui trouvait insensé ce
duel de hasard. Elle avait accaparé Tony,
i'insouc;antPârislen,qi1isedéciaraitsonhuni-
ple serviteur, jusqu'à l'heure du branlfibis^.
pour l'hiver prochain, une comédie-drame inédite à
M. Duquesnel, directeur de l'Odéon.
X Le théâtre Cluny va mettre en répétition un
drame de MM Beauvallet père et fils, joué autrefois
avec succès à l'Ambigu les Nuits de Paris.
X La pièce avec laquelle le théâtre du Château-
d'Eau fera sa réouverture, à l'automne prochain, est
une grande féerie musicale dont on parle très-avan-
tageusement. Le canevas est de MM. Clairville et
Gaston Marot, la musique sera de M. Debillemont.
Titre: Le Treizième coup de minuit.
X Au café-concert de la Scala, le Polonais d'en
face, vaudeville en un acte, de MM. Félix Savard et
Alfred Aubert, joué aux Folies-Marigny, a obtenu
hier un très grand succès.
X On annonce pour la semaine prochaine, à la
salle d'horticulture de la rue de Grenelle, une con-
conférence de M. Paat Féval. Le sujet sera le Théâ-
tre honnête.
X Une grande messe de Requiem, composée par
Verdi, sera exécutée pour l'anmversaire de la mort
du poète, Manzcmi. le 22 mai prochain, dans l'église
San-Marco, à Milan. Cent chanteurs et cent instru-
mentistes prendront part à cette solennité. Cette
messe est, croyons-nous, la première aeuvre reli-
gieuse importante que Yerdi ait écrite.
CHARLES DARCOURS.
LES CONCERTS MILITAIRES
Nous donnons ci-dessous la liste des en-
droits où auront lieu les concerts; plusieurs
de nos confrères ont publié une liste (copiée
sur celle de l'année dernière) devenue com-
plètement inexacte par suite des change-
ments de garnison et de la suppression d'une
des musiques de la garde républicaine.
Jardin des Tuileries
Mardi Garde républicaine.
Mercredi Infanterie.
Jeudi Infanterie.
Samedi Infanterie.
Dimanche. Infanterie.
Palais-Royal
Mardi Infanterie.
Mercredi. Infanterie.
Jeudi Garde républicaine.
Samedi Infanterie.
Dimanche Infanterie.
Mardi GhasseUre à pied.
Jeudi Infanterie.
Parc Monceaux
Jeudi Chasseurs à pied.
Dimanche: Infanterie.
Square Parmentier
Jeudi. Infanterie.
Dimanche Infanterie.
Place des Vosges
Jeudi. Infanterie.
Dimanche. Infanterie.
du mercredi a* avril
de 5 b' 6 à h. 1/2
TUILERIES. de ligne chef M. Boybb.
Le Songe d'une nuit d'été. A. Thomas
2. Ouverture de \a,Muette de Portici Aubeh.
3. Les Mousquetaires de la Reine
(fantaisie) HALÉVY.
4. Les Cent (valse). Lecoq.
5. La Reine 'dit Chypre (fantaisie) Halévy.
6. La Havanaise (Valse) BOREL.
PALAIS-ROYAL.-48* de ligne; chef: M.Pochet
1. Ouverture de la Muette AUBER.
2. Si f épais Roi (fantaisie) Adam.
3. Quatre heures (màzurka). MUZARD.
4. Grande fantaisie sur l'Africaine Meyerbeer.
5. Fantaisie sur les Vêpres sici-
liennés. VERDI.
6. Les Bébés (polka). BUOT.
DIX-NEUF COUPS DE HACHE
COUR D'ASSISES DE LA SEINE
Présidence de M. le conseiller SEVESTRE
Audience du 21 avril
Dix-neuf coups de hache A première vue,
cela ressemble à un bien gros forfait et sup-
pose, comme conséquence, une grave con-
damnation. Ne nous laissons pas dominer par
Je vais donc la revoir enfin, disait-elle,
cette jolie corvette aux voiles rouges, si co-
quette et si sournoise. Je vais. la voir de près.
Nous saurons cette fois où se cachent ses ca-
nons, M. de Lewen, et nous lui rendrons sa
bienvenue.
Tout cela était un peu fébrile sans doute;
mais il y aurait eu honte vraiment à se mon-
trer plus inquiet et plus soucieux que cette
adorable jeune femme, qui risquait en riant
son trône- et sa vie.
Elle redevint plus familière avec Frédéric,
fut charmante avec Robert et voulut voir les
matelote. Elle les ensorcela. Il n'y en avait
pas un seul qui n'eût voulut mourir pour elle.
Théodore essaya une seule fois de la rien-
voyeur à terre..
Vous m'aimez donc bien peu, sire, lui
dit-elle avec coquetteriei que la pensée de
mourir avec moi n'ait pouç vous aucun
charme? Vous serez vainqueur, je n'en doute
pas, mais si vous succombiez, quelle superbe
légende j'aurais avec vous.
C'était bien la pensionnaire de Port-Royal
en ses jours de mutinerie.
Quand on appareilla, elle eut peut-être un
frisson, mais quil'eût definé devant son ex-
clamation joyeuse.
Enfin
Elle battait l'une contre l'autre ses jolies
mains; encore endolories par les cornes du
Robéit et Frédéric se rendirent £ leur
retint le dernier:
cette impression; examinons le cas avec le-
calme que le jury a apporté dans sa délibé^
ration remontons aux causes déterminantes,
et nous arriverons à conclure que si Louise
Lefort a été criminelle en répandant le sang
de son époux, le vrai coupable est, en somme,
celui-là même sur qui se sont exercées ses
fureurs.
Nous sommes en présence d'une de ces cau-
ses dont les débats jettent un jour sinistre
sur certains intérieurs parisiens.
LouiseLefort sait comment la misère s'ins-
talle trop souvent au foyer des ménages ou-
vriers, en même temps que le désordre et la
discorde. Elle a soufiert longtemps, la pau-
vre femme; d'abord silencieuse, résignée.;
puis, impatiente, minée par cette colère sourde
qui gronde au fond des coeurs* des opprimés.
Enfin, les sentiments qui s'agitaient en elle
ont fait explosion,, et c'est dans un moment
d'égarement provoqué par des menaces et
par des voies de fait qu'elle a frappé Lefort.
Paresseux, buveur, ami du plaisir, ou-
blieux .de tous les devoirs que lui imposait
sa situation de chef de famille, celui-ci usait
envers celle à qui, en la prenant pour com-
pagne, il avait Jurë aide et protection,
des traitements les plus odieux..
Lorsqu'elle le conjurait do revenir au bien,
à.ses supplications, il répondait par des cris
de colère; à ses larmes, il répliquait par des
coups.
Les sévices de ce maître implacable avaient
pris un caractère si cruel que, vers les der-
niers temps, montrant f, une voisine une
hache qu'elle avait la Précaution de j;énir, en
cas de danger, à la portée de sa main
Je crains bien, disait Louise, d'être obli-
gée de me servir de cet outil un moment ou
l'autre
Ce moment arriva plus tôt que la malheu-
reuse ne l'avait pense.
Dans la soirée du 14 janvier dernier, Lefort
rentrait ivre. Elle était couchée. Il ne reve-
nait à la maison que pour un instant, le
temps de mettre la main sur la mince somme
que sa femme était parvenue a soustraire
aux insatiables appétits'du débauché. Cette
somme, c'était le pain de plusieurs jours
Louise s'opposa à ce que son mari s'en saisît.
Lui, ne voulait rien entendre
Je vais au bail vociférait-il, rarement il
me faut l'argent!
Il s'avança vers le lit où reposait Louise;
terrible, Ies traits convulsés par la rage, il
leva le bras sur elle. Cette dernière violence
amena une explosion d'autant plus terrible
qu'elle avait été plus longtemps contenue.
L'ouvrière se leva, et, s'emparant de la
hache, elle opposa à son agresseur coup pour
coup, jusqu'au moment où Lefort, épuisé,
tomba baigné dans son sang.
Tel est, en résumé, ce drame conjugal,
dont les deux auteurs, hier, paraissaient re-
gretter au même degré, mais par malheur
un peu tard, les brutales péripéties.
Sur le banc des accusés, Louise Letort
pleurait, pendant que, de son côté, à la barre
des témoins, Lefort faisait une déposition
entrecoupée de larmes.
Le verdict du jury a rendu l'un à l'autre
ces époux auxquels une dure leçon aura,,
tout le démontre jusqu'ici, réussi à créerune
existence nouvelle.
Sur ce verdict négatif, Louise Lefort a été
acquittée.
DEPARTEMENTS
On se rappelle la rencontre de deux trains
qui a eu lieu il y à quinze jours, à cinq kilo-
mètres de pijon et qui coûtala vie à M. Billy,
ingénieur des mines et au conducteur d'un
'des trains.
Le conducteur-chef Blousard, qui n'avait
pas couvert la voie à l'arrière de son train,
ce qui amena la rencontre, a été condamné
à six mois de prison.
Les journaux de Lyon racontent un acci-
dent survenu ces jours-ci dans cette ville
et qui est dû à une imprudence trop fré-
quente
Un consommateur nommé Rozier ayant,
par imprudence, laissé tombeur une allu-
Monsieur de Lewen, lui dit-elle, après
la bataille, vous irez à Gorte, n'est-ce pas?
Je l'espère, madame.
Vous verrez l'abbé Dominique, vous lui
raconterez tout. Tout entendez-vous?
Je lui dirai surtout, madame, que l'é-
quipage du Sauveur, parmi ses héros, avait
une héroïne qui a fait leur vaillance.
L'abbé Dominique sera content, fit Re-
née avec une véritable joie d'enfant.
Frédéric crut enfin la comprendre. Le
jeune prêtre àvçiit été témoin d'une, faute,
d'un entraînement, d'une folie d'une heure
que la reine regrettait- Touchée de la haute
vertu de Doininique, elle voulait se réhabili-
ter à ses yeux. C'était noble et. courageux.
Elle avait donc du cœur? un grand coeur,
peut-être.
Frédéric lui baisa la main avec respect.
Ouï, madame, dit-il, oui, l'abbé ^Domi-
nique sera content, car Dieu doit l'être.
Madame Madame! vint dire Tony en
courant, Votre Majesté veut être prévenue
quand on apercevra la corvette rouge. On la
voit.
Renée monta sur le pont.
On voyait, en eflet, la corvette au loin ac-
.courant, de toute vitesse au rendez-vous
mortel. Mais l'en voyait autre chose aussi.
Bien loin, derrière le joli navire, à l'hori-
zon, montait un point noir menaçant; Dieu
allait-il se mettre de la partie?
Les conditions du combat étaient que nul
canot de sauvetage ne serait mis à Ia--mer^
mette dans la fosse d'aisance d'un café, une
détonation violente se produisit aussitôt. Le 1
gaz enflammé aveuglait et rôtissait le mal-
heureux, qui, affolé par la terreur, no pou-
vait tirer la targette de la porte.
Quand on arriva, M. Rozier était étendu à
terre et affreusement brûlé. il a été aussitôt
transporté à l'hôpital de la Croix-Rousse. Son
état est grave.
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EXPIATION DU CRIME D'AiroiLLAC
(Correspondance télégraphique du Petât Journal)
Toulouse, le 21 avril 1874.
Ainsi que je vous le faisais pressentir hier,
l'arrêt prononcé le 4 mars dernier par la
cour d'assises de la Haute-Garonne, contre le
nommé Philippe Levaineur dit Mitron, et
Lasserre, a reçu ce matin son exécution.
Les crimes de vol, d'assassinat et d'incen-
die dont s'étaient rendus coupables ces deux
hommes, sont encore.trop présents dans les
souvenirs pourque nous le rappelions même
sommairement.
Avant-hier mardi, Mitron, selon,son habi.
tude, avait pris ses repas avec un fortbpn ap,
petit; quant àLasserre,il avait été plus silenr
cieux.plus sombre, plus -taciturne que le,
jours précédents, et bien que restant poli, il
avait refusé constamment par un non, pro<
noncé sèchement les quelques adoucisse
ments qu'on voulait lui donner.
« Mon sort est fixé, disait-il le soir avant de
se coucher, j'ai lu mon arrêt dans les yeux de
M. l'abbé et puis les deux visites de la jour-
née. tout cela est pour moi des indices fâ-
£lieux. »
Il ne pensait pas dire si vrai, car pendant
qu'il prononçait ces paroles, Roch, l'exécu-
J, eur des arrêts criminels, et ses aides, arri-
vés le matin même à Toulouse, faisaient
conduire la voiture contenant les bois de jus-
tice de la gare du chemin de fer, où elle était
restee remisée, la place habituelle des exé-
cutions
Ce transport de l'échafaud ne se serait pas
effectué sans désordre, si la voiture n'avait
été protégée par une forte escouade de ser-
gents de ville et un piquet de chasseurs à
pied.
Ainsi escortée, elle arriva bientôt à l'en*
droit désigné, le Port-Garaud.
Cet emplacement a nn aspect charmant.
Un bras de la Garonne le borde d'un côté
et des arbres séculaires l'ombragent; plu^
loin, en face, on aperçoit.une île verdoyante
toute peuplée d'usines, d'auberges et de
guinguettes, qui lui ont fait donner le nom
de Ramier du moulin du château.
C'est là que l'instrument du supplice s'est
dressé cette nuit, en présence d'une assis-
tance fort peu nombreuse.
Le jour et l'heure de l'expiation n'ayant
pas été connus, la curiosité malsaine de ces
sanglantes exécutions pu, pour cette fois,
être épargnée à notre population.
A une heure du matin, la guillotine était
debout et n'attendaitplusque les condamnés.
Pendant ce temps, Mitron dormait paisi-
blement son dernier sommeil, tandis que
Lasserre, en proie aux mêmes agitations que
la veille,' sommeillait fiévreusement.
A trois heures et demie du matin, la porte
de'la cellule de Mitron s'est ouverte pour li-
vrer passage à M. Darrouy. directeur de la
prison, au greffier, au gardien chef et à M.
Pelletan, aumônier, assisté d'un autre abbé
d'une paroisse voisine ae la prison.
Mitron dormait toujours profondément, et
l'on a été obligé de le réveiller pour lui an- w
noncer la fatale nouvelle.
Il a jeté un cbup d'oeil paisible sur ces vi-
siteurs matinals, comprenant qu'il n'a plus
désormais qu'à espérer en Dieu.
Lasserre s'était réveillé.
Mon repentir n'a donc pas trouvé grâcft
afin que les combattants n'eussent aucune
retraite possible en cas de défaite.
Seul, le navire vainqueur pourrait les re-
cueillir à son bord, et resterait maître de leur
elle des lignes brillantes d'écume et de phos-
phore. Elle s'avançait et reculait, allait de
droite à gauche, puis reprenait sa course
vers le vaisseau du roi, comme si elle voulût,
la coquette, user devant lui de toutes ses sé-
"ductions. Et quand, dans ces changements
capricieux, le vent venait de l'arrière, ..elle
déployait toutes ses voiles, comme des atours
dont une femme est fière. et marchait aussi
vite dans là direction opposée, faisant der-
rière elle caracoler et bondir les lames, qui
venaient mourir à ses pieds, pour faire place
aux vagues, soulevées par le vent qui com-
mençait à monter.
On eût dit qu'elle voulût montrer à l'en-
nemi sa puissance sur les flots, et jeter deux
défis àlafois: l'un à Dieu, l'autre aux hom-
mes. 1
L'atmosphère s'était alourdie d'une façon
inquiétante, le nuage noir à l'horizon prenait
des teintes rouges, sinistres, l'heure du duel
n'avait pas sonné encore, la corvette pourpre
volait toujours, rapide comme une fléche et
capricieuse comme une hirondelle. Puis,
quand cette heure fùt'enfin arrivée, elle eut
un moment d'arrêt, et se mit à marier len-
tement.
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