Le Petit Journal
8
.NE COUPEZ PAS
h prochain numéro du Journal iSlMatré,
car il est destiné à se développer et offrir à
ies lecteurs la plus grande gravure d'une
jeule pièce qui ait jamais été faite.
Cette gravure, qui ne mesure pas moins
de UN MÈTRE 20 CENTIMÈTRES de longueur, re-
présente le panorama de Paris, pris au-
dessus des ponts en construction sur le bou-
levard Saint-Germain. Rien de plus beau, de
plus actuel, de plus intéressant, de plus im-
prévu.
Et, ce qui paraîtra le plus extraordinaire,
c'est que, malgré les frais énormes qu'en-
traîne une semblable publication. malgré
les difficultés matérielles qu'il a fallu .vain-
cre pour pouvoir l'entreprendre, le prix
de ce numéro vraiment exceptionnel reste
fixé à quinze centimes.
-Il n'est pas un lecteur du Petit Journal
qui ne veuille' se procurer ce numéro du
Journal illustré. Aussi engageons-nous
à se presser de le demander aux libraires et
marchands de journaux, afin que le tirage
ne soit pas interromou avant que l'on sache
le nombre d'exemplaires .auquel il doit
s'élever.
Ce numéro exceptionnel paraît ce matin.
ÎE MOUVEAU SUPÉRIEUR' 6ÉBÉRAL DES FRÈRES
DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE
Hier, à une heure et demie de l'après-
midi, a eu lieu l'élection du nouveau supé-
rieur. Le nombre des membres du chapitre
était de 75: la majorité absolue était de 38
zoix; le nouveau titulaire a obtenu plus des
deux tiers des suffrages.
Le successeur du frère Philippe est le frère
Jean-Olympe, ancien assistant de son prédé-
cesseur; son nom de famille est Paget (Jo-
seph-Juste). Né le 4 juillet 1813, à La Cha-
pello-des-Bois (Doubs), il va avoir soixante
et un ans.
Dès sa tendre jeunesse, le nouveau supé-
rieur manifestait un grand penchant pour
VAix.: «r.r'.fc*iast.imie: aussi ses nremières étu-
des farect-s.Ues dirigées dans ce sens; mais,
au moment d'entrer au séminaire, il renonça
à sou but primitif et se fit frère des écoles.
Ses vastes connaissances le désignèrent
bientôt à l'attention de ses supérieurs, qui
lui confièrent les postes les plus importants,
lorsqu'au t86,'5, il fat nommé assistant au su-
périeur général. Depuis cette époque il n'a
plus auiîîé Paris.
Après l'élection, tout le chapitre s'est ren-
du à Ja chapelle de l'Institut, où un Te DeHm
solennel a clôturé les opérations de l'élection.
Dans l'après-midi, le nouveau supérieur a
reçu tous les frères directeurs des maisons
PARIS
La journée a été belle hier; le matin
et le soir la température était extrêmement
fraîche.
Le matin, les maraîchers des environs de
Paris constataient à leur grand étonnement
une légère gelée blanche?, nuisible à la vé-
gétation qui, grâce au beau temps de la
journée, ne fait que progresser. La veille, il
est tombé un peu de grêle dans les environs
de Paris
Hier a eu lieu, à Saint-Germain-l'Auxer-
rois, en présence d'un.public d'élite, l'exé-
cution des Chants de la Sainte-Chapelle, tirés
des manuscrits du treizième siècle, et mis en
par ties avec accompagnement d'orgue et
d'instruments à cordes.
Cinquante artistes, sous la direction de
M, Félix Glément, vice-président de la société
dt Saint-Jean, pour l'encouragement de l'art
chrétien, ont pris part à cette exécution, qui
i été du plus puissant eflet sous les voûtes
ionores de la vieille église.
Ces chants, dits de la Sainte-Chapelle, ont
retenti plusieurs fois, avec le même concours
de la société de Saint-Jean, dans les princi-
pales églises deParis, puis à Londres, àPiome
Feuilleton du Il Avril 1874
LE ROI DEGORSE
CHAPITRE XXI
•;̃̃. •- iLa. fuite (Suite).
Au nom du roi Théodore Ier, il est dé-
:ÎÈdu de livrer le passage du château d'O-
̃feza. '̃̃'
Prenez-le de force! hurla Barbera.
iVanina arrivait près du pont elle s'avança
se trouva devant son¡aînée. Dechaquecoté,
"ii face, du vide; sous leurs pieds, les deux
•jurs se mesurèrent.
-La petite Vanina semblait avoir grandi;
*le était superbe dans sa simple robe blan-
-'̃îevstfn front respirait la force, son regard
Wîbnté.
Le roi de Corse vous somme de vous re-
j*er. dit-elle, ou il vous considérera comme
i'Jts rebelles.
Cette enfant estiplle cria Barbera. Bais-
• )Z le pont.
Mais Vanina était si calme et si forte, toute
personne respirait une volonté si puis-
,.lite que les hommes, à l'intérieur, se cour-
.aient devant elle.
et à Moscou et partout l'épreuve a été cou
ronnée de succès.
Des ouvriers se rendant de très bonne
heure au travail furent fort surpris, en pas-
rue de Turenne, de voir sur le n° 12 un
homme qui courait d'un air aflolé sur la
toiture,
Au bout d'un instant, il essaya de descen-
dre en se laissant glisser le long d'une
gouttière.
Les ouvriers lui crièrent de demeurer où
il était, et qu'on monterait pour le chercher.
mais il ne parut pas comprendre leur avis,
et continua sa périlleuse descente.
Arrivé au quatrième étage, ses mains ont
abandonné la gouttière, et il est venu tom-
ber sur le trottoir.
On l'a relevé grièvement blessé. Il n'a re-
pris connaissaissance .qu'à l'Hôtel-Dieu, où
on l'a transporté.
C'est un ouvrier sculpteur; il ne se rap-
pelle pas comment il est monté sur le toit. Il
sait seulement qu'il avait un peu trop bu la
veille; peut-être aussi a-t-il eu un accès de
somnambulisme.
Le Soir mentionne le bruit de l'arrestation
d'un employé du collège Louis-le-Grand.
Cette mesure se rattacherait au fait récent
de l'incendie plus ou moins spontané qui a
éclaté dans les bureaux do l'économat de cet
établissemeht.
M. Beulé, qui vient de mourir si subite-
ment, s'était marié de la façon la plus roma-
nesque.
Il y a quelques années, dit le Figaro, un
peintre de talent fit son' portrait et le mit à
l'exposition.
Une jeune orpheline, parcourant les salles
dé peinture avec son tuteur, s'arrêta tout à
coup devant ce tableau.
Après l'avoir regardé longtemps
Je n'épouserai jamais, dit-elle, que l'o-
riginal de ce portrait
Son tuteur se moqua d'elle mais l'enfant
était entêtée, spirituelle et gâtée. Il fallut se
mettre en quête de ce M. B. dont l'image
avait tourné une ieune tête. On \p. rlér\nnvrif.
on lui raconta de quelle façon princière une
jolie personne avait décrété qu'elle serait sa
femme.
Il s'estima très heureux d'un pareil choix,
et il eut raison, car il rencontra le plus gé-
néreux cœur sous les fantaisies de l'esprit.
Hélas cette enfant, par qui le honneur
même se laissait conquérir, est aujourd'hui
une bien triste veuve 1
A huit heures et demie, hier Mme Brun,
marchande de vin, rue de Rennes, a trouvé
sur un tas de sable, devant sa maison, à l'an-
gle de la rue d'Enter, un enfant nouveau-né
du sexe masculin.
Après avoir réchauffé la pauvre créature,
et lui avoir donné quelques soins, elle est
allé le porter chez le commissaire de police
du quartier, qui l'a envoyé aux Enfants-
Trouvés.
Les passants ont été bien intrigués hier, à
quatre heures, en voyant déboucher près du
pont Saint-Michel et se diriger vers le Pont-
au-Ghange, deux immenses chars ornés d'o-
riflammes tricolores et blanches.
Ces chars sont ceux qui servent d'habitude
aux promenades carnavalesques.
Pourquoi étaient-ils sortis hier ?
Personne n'en sait rien encore.
M. Létissier, coiffeur, rue de Charonne,
est allé déclarer hier, au commissaire de
police de son quartier que sa petite fille, âgée
de six ans, lui avait été enlevée le matin,
tandis qu'elle jouait dans la rue.
Cette enfant était vêtue d'une robe à car-
reaux verts et d'un tablier noir, et chaussée
de bottines à lacets.
M. Dulac, commissaire de police du quar-
tier de Charonne, a ouvert une enquête.
Edmond Gauthier, ouvrier corroyeur avait
tellement soif hier, que ne voulant pas se dé-
ranger de son travail, il saisit une cruche
qu'il croyait pleine d'eau et en avala une
gorgée.
Tenez bon, et attendez-moi, dit-elle.
Pendant qu'au dehors ceux qui ne pou-
vaient entrer se préparaient à l'attaque du
château, Vanina cournt à l'oratoire dont elle
ouvrit la fenêtre. 0 bonheur! l'échelle de
cordese balançait daLS le vide, et'bien haut,
sur le rochier, on voyait Un point noir.
Frédéric ou Dominique s'apprêtait à des-
cendre.
Voilà votre sauveur, madame écoutez
bien, dit rapidement lajeune fille. Vous allez
attendre là, au pied de ce mur, dans le jar-
din vous laisserez faire l'homme qui se pré-
sentera à vous, et vous serez sauvée.
Mais cet homme.
Oh soyez tranquille, il s'appellera l'abbé
Dominique ou Frédéric de Lewen.
Renée eut un cri de joie, et embrassa Va-
Maintenant, reprit la jeune fille, quand
vous serez sur le rocher, vous n'aurez plue;
rien à craindre vous enverrez tout de suite à
mon secours celui qui vous aura sauvée.
~r- Courez-vous donc aussi quelque dan-
ger ?
Est-ce que Barbara pardonne? dit Yaniha
avec une profonde amertume. Ecoutez.
elle fait assié;er lo château, bâtez-vous, ma-
dame. Moi, je vais retarder le plus possible
l'entrée des assiégeants. Ditesànotre sauveur
qu'il ne perde pas une seconde. Je serai aus-
sitôt que lui au bas de la muraille.
Penée s'enfuit par le chemin que lui mon-
tra Vanina, et la noble ieunc fille revint pren-
Il poussa un cri rauque et roula par terra,
en proie à d'atroces souffrances.
Le malheureux s'était emparé dans sa
précipitation, d'un cruchon d'alcali dont on
se sert dans l'atelier de son patron.
Transporté dans une pharmacie, par ses
camarades, il a reçu des soins qui lui ont
permis d'être conduit à son domicile dans
une voiture.
DU BIEN
"Henri Morphin, peintre, et Julie Bour-
riaux, blanchisseuse, demeurantl6, cité Joly,
passaient hier à une heure rue de Lancry,
lorsque le pied de Morphin heurta un porte-
feuille qui contenait huit billets de banque
de mille francs.
Ces honnêtes ouvriers se sont empressés
de porter leur trouvaille chez le commissaire
de police, qui les a vivement félicités de cet
acte de probité.
REVUE DES THÉÂTRES
Aujourd'hui, à l'Ambigu, première représentation
de la Lettre rouge, drame en cinq actes et huit ta-
bleaux, de MM. Marc Fournier et Lermina.
X L'Opéra annonce pour dimanche une représen-
tation extraordinaire de Faust, dans laquelle Mlle
Fidès-Devriès chantera pour la dernière fois le rôle
de Marguerite.
X 0 l'Opéra-Comique on compte donner la reprise
de Joconde dans les premiers jours de la semaine
prochaine..
X Il est question de l'engagement au Théâtre-
Français de plusieurs artistes appartenant à la
troupe de l'Odéon. Dans le nombre on cite Mmes
Emilie Broisat et Blanche Baretta.
X En présence de l'insuccès des Parisiennes, le
directeur du théâtre des Boulfes a pris un grand
parti il a engagé toute la troupe lyrique de la Gaité
qui était depuis plusieurs mois en représentations au
théâtre de la Renaissance. Cette troupe, composée
de Mmes Théo, Laurence Grivot, Dartaux, de MM.
d'Aubray, Bonnet, Habay, etc., apporte avec elle
le répertoire complet de Jacques Onenbach.
Ce nouveau personnel, joins à celui dont les Bouf-
fes disposent permettra de rendre au public les ou-
vrages qui l'attirèrent au passage Choiseul pendant
plusieurs années. On annonce déjà comme très pro-
uutuMu la Mme
Peschard, dans le rôle du jeune clerc de notaire.
On donne également comme assuré le rengage-
ment de Mme Judic à ce théâtre. °
X Bon Juan d'Autriche., de Casimir Delavigne,
est en répétition à la Porte-Saint-Martin. Les prin-
cipaux rôles sont distribués à MM. Taillade, Du-
maine, René Didier, Mmes Patry et Angèle Moreau.
X Dimanche prochain, aux matinées de la Tour-
d'Auvergne, aura lieu la première représentation
d'un Service d'ami, comédie inédite en deux actes
et en vers, de M. Federmann.
X On vient de jouer, à Vienne, le Lion amoureux
de Ponsard, traduit en allemand. La pièce a obtenu
un immense succès. CHARLES DARCOURS.
EXÉCUTION CAPITALE â
(Corresoondance particulière du Petit Journal.)
Bayonne, 8 avril 1874.
Le 21 octobre 1872, vers deux heures de
l'après-midi, la découverte d'un crime hor-
rible, accompli dans des circonstances excep-
tionnelles d'audace et de cruauté, répandait
une profonde émotion parmi les habitants
de Bayonne.
Un homme inoffensif, d'habitudes régu-
lières, riche et charitable, venait d'être as-
sassiné à l'entrée des Allées-Marines, aux
portes de la ville, à quelques pas du poste de
la douane et d'un corps de garde.
A côté d'une haute palissade, clôturant un
jardin, une marre de sang indiquait l'endroit
précis où la victime avait été frappée. La pa-
lissade avait été couverte de sang.
Dans le jardin, sous un épais massif d'ar-
bustes verts, 'le cadavre horriblement, mu-
tilé, avait été soigneusement caché.
Une afireuse blessure divisait le cou de-
puis l'oreille gauche jusqu'au niveau du lo-
bule de l'oreille droite l'instrument du
crime avait coupé la langue à sa base, tra-
versé le pharinx, ouvert des deux côtés les
artères carotides et les veines jugulaires, la
tête était presque détachée du tronc.
Ce cadavre ainsi mutilé, était celui de Fré-
déric Rausch, riche et généreux, et dont la
dre sa place au danger.
-Un baril de poudre! demanda-t-elle à
des hommes de service, dont elle était sûre
parce qu'ils l'aimaient, et suivez-moi.
Elle monta par le grand escalier, et vint se
placer seule, en vue de tous, surl'appuid'une
fenêtre, Une carabine l'ajusta rapidement; c'é-
tait celle de Barbera. Le coup partit, mais un
bras avait fait dévier l'arme, en.s'appuyant
sur celui de l'assassin.
Barbera, exaspérée, se retourna pour frap-
per derrière elle; mais le sauveur de l'enfant
était le duc d'Orezza.
Pendant cela, Vanina avait allumé une
torche. Elle fit signe qu'elle -voulait lar-
1er. Ou tâcha 'de l'entendre.
Elle voyait que les soldats allaient faiblir
et baisser le pont.
̃– Mon père, dit-elle, et toi, ma sœur Bar-
bera, et vous tous qui les suivez dans votre
criminelle entreprise, si le pont-levis tombe
devant-vous, je fais sauter le château.
Et sedétournant, elle laissa voir le baril de
poudre derrière elle.
Les soldats qui tenaient déjà les cordes des
poulies, les rattachèrent.
En avani! cria Barbera.
Attendez! commanda le duc à son tour..
Il avaitpeur pour son enlant,mais la reine
des vagues s'inquiétait peu que Vanina pérît;
et l'évêque, et la tante paralytique, et tous les
serviteurs aussi, pourvu que la reine de Gorse
disparût, avec eux.
Vanina quitta la fenêtre»
bourse était toujours ouverte aux Espagnols
sans ressources réfugiés à Bayonne, et c'e-
taient des Espagnols qui étaient les meur-
triers de cet homme charitable les enquê-
tes et les investigations de la justice firent
tomber sous sa main cinq d'entre eux.
Le 5 février comparurent devant la cour
d'assises des Basses-Pyrénées, les nommés
JJamion, Corillo Gestat, dit Cosmes Corréas,
âgé de 32 ans; Balbino Bannelos, âgé de
47 ans; PédrO Bannelos, âgé de 26 ans Au-
gustino Bancielo, âgé de 23 ans, et enfin Do-
lorès Oyharbide, femme Rodriguez âgée de
36 ans, femme de ménage.
Après quatre audiences, la cour condamna
Corréas et Bannelos père à la peine de mort,
Pédro Bannelos à vingt ans de travaux for-
cés Augustine à dix ans de réclusion Do-
lorès fut acquittée.
Corréas et Bannelos interjetèrent appel
leur pourvoi tut rejeté le i9 mars. Il ne res-
tait plus que le recours en grâce.
Seul, Balbino Bannelos, a vu sa peine com-
muée en celle des travaux forcés à perpé-
tuité quant à Corréas, justice devait être
faite.
En vertu de cette suprême décision, Roch,
l'exécuteur des arrêts criminels, reçut sa-
medi l'ordre de partirpour Bayonne, afin d'y
exécuter l'arrêt de la cour d'assises des Basses-
Pyrénées en date du 9 février.
Son départ s'effeetuale dimanche, et c'est
dans la nuit de lundi à mardi, à six heures
quarante-cinq minutes du matin qu'il arri-
vait à Bayonne avec trois de ses aides, traî-
nant après euxl'instrument du supplice.
Après avoir recu les derniers ordres 'du
procureur de la 'République, Roch prit ses
mesures pour dresser la guillotine sur la
place du marché au bétail. C'est pendant la
nuit que ce funèbre travail s'accomplit.
Au moment où l'instrument de mort se
dressait, Corréas arrivait de Pau par le der-
nier train, c'est-à-dire à 11 h. 45 m. Il était
accompagné de l'aumônier des prisons, qui
ne cessait de l'exhorter à la résignation.
La foule était énorme sur le lieu du sup-
plice, et cela s'explique, en raison de la nou-
velle qui s'en était promptement répandue
La dernière exécution qui a eu lieu à
Bayonne remonte à plus d'un siècle. en l'an-
née 1748; et ce fut, comme aujourd'hui, un
Espagnol du nom de Morante, qui fut pendu
sur la place Notre-Dame, pour crime d'as-
sassinat.
A cinq heures et demie, tout étant prêt,Roch
et ses aides se sont rendus à la prison pour
procéder à la toilette du condamné. Corréas
était extrêmement abattu. Une complète pros-
trations'est emparée de lui et ne l'a plus aban-
donné.Il n'avait plus conscience de lui-même.
A six heures moins quelques minutes, justice
était faite et Corréas avait payé sa dette à la
société.
Roch s'est rendu de Bayonne à Poitiers, où
doit avoir lieu ce matin l'exécution d'un
nommé Marsaûlt.– L. L.
DÉPARTEMENTS
Le ministère des travaux publics prévient
les navigateurs qu'une trompette à vapeur a
été installée sur le phar du Four (Finistère).
à l'entrée du passage de ce nom, par 48° 31'
23" de latitude, et 7o 8' 31" de longitude
ouest, et qu'elle se fera entendre désormais
pendant toute la durée des brumes. A un
coup de trompette durant pendant cinq mi-
nutes succédera un intervalle silencieux do
vingt secondes, et ainsi de suite.
Une pauvre famille, après avoir réalisé ses
faibles ressources, était partie le 29 du mois
dernier d'Auray (Morbihan) pour Niort, pas-
sant par Nantes et le Poissonnière. Tout son
avoir se composait de 800 fr. en billets et
10 fr. en or, placés dans un porte-monnaie.
En arrivant,-les pauvres gens s'aperçurent
qu'ils avaient perdu cette somme
On comprend leur désolation. La personne
qui l'aurait trouvée est priée de s'adresser
M. Destouches, correspondant du Petit Jour.
nal à Niort (Deux-Sèvres).
Dans un quart d'heure, dit-elle, vous
baisserez le pont et vous ouvrirez les portes
au duc d'Orezza. Le roi de Corse récompen..
sera largement votre conduite,
Elle avait calculé que Renée devait être en
sûreté et que le jeune homme, Frédéric ou
Dominique, était déjà de retour. Elle courut
au jardin.
Il n'y avait personne, et l'échelle de corde
avait disparu.
Elle avait donné aux hommes de garde un
quart d'heure pour baisserle pont, elle atten-
dit ce quart d'heure, un siècle! au pied de la
muraille, croyanttoujoursvoir apparaître un
sauveur.
Elle appela tour à tour Frédéric et Domini-
que, mais sa voi x affaiblie se perdait dans l'es-
pace, et l'écho seul lui réDondait.
Alors elle se dit qu'un accident, une chose
inattendue pouvait être cause de ce retard, et
elle courut de nouveau pour donner l'ordre
d'attendre encore.
Cela devait être inutile. Le pont-levis était
baissé, la porte ouverte, et Barbera, comme
une furie, traversait la cour, brandissant son
poignard, et cherchant Vanina.
Tout le courage de la pauvre enfant tomba
devant cette situation nouvelle; son dévoue-
ment ne la soutenaitplus, et l'idée de la mort
donnée par sa soeur l'épouvantait.
Il fallait pourtant l'accepter.
Elle no serendit point chez madame deLec-
ca, pour éparguer à la vieille dame le specta-
cle d'une seèae sanglante. Plu?-£aertefxue vive
8
.NE COUPEZ PAS
h prochain numéro du Journal iSlMatré,
car il est destiné à se développer et offrir à
ies lecteurs la plus grande gravure d'une
jeule pièce qui ait jamais été faite.
Cette gravure, qui ne mesure pas moins
de UN MÈTRE 20 CENTIMÈTRES de longueur, re-
présente le panorama de Paris, pris au-
dessus des ponts en construction sur le bou-
levard Saint-Germain. Rien de plus beau, de
plus actuel, de plus intéressant, de plus im-
prévu.
Et, ce qui paraîtra le plus extraordinaire,
c'est que, malgré les frais énormes qu'en-
traîne une semblable publication. malgré
les difficultés matérielles qu'il a fallu .vain-
cre pour pouvoir l'entreprendre, le prix
de ce numéro vraiment exceptionnel reste
fixé à quinze centimes.
-Il n'est pas un lecteur du Petit Journal
qui ne veuille' se procurer ce numéro du
Journal illustré. Aussi engageons-nous
à se presser de le demander aux libraires et
marchands de journaux, afin que le tirage
ne soit pas interromou avant que l'on sache
le nombre d'exemplaires .auquel il doit
s'élever.
Ce numéro exceptionnel paraît ce matin.
ÎE MOUVEAU SUPÉRIEUR' 6ÉBÉRAL DES FRÈRES
DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE
Hier, à une heure et demie de l'après-
midi, a eu lieu l'élection du nouveau supé-
rieur. Le nombre des membres du chapitre
était de 75: la majorité absolue était de 38
zoix; le nouveau titulaire a obtenu plus des
deux tiers des suffrages.
Le successeur du frère Philippe est le frère
Jean-Olympe, ancien assistant de son prédé-
cesseur; son nom de famille est Paget (Jo-
seph-Juste). Né le 4 juillet 1813, à La Cha-
pello-des-Bois (Doubs), il va avoir soixante
et un ans.
Dès sa tendre jeunesse, le nouveau supé-
rieur manifestait un grand penchant pour
VAix.: «r.r'.fc*iast.imie: aussi ses nremières étu-
des farect-s.Ues dirigées dans ce sens; mais,
au moment d'entrer au séminaire, il renonça
à sou but primitif et se fit frère des écoles.
Ses vastes connaissances le désignèrent
bientôt à l'attention de ses supérieurs, qui
lui confièrent les postes les plus importants,
lorsqu'au t86,'5, il fat nommé assistant au su-
périeur général. Depuis cette époque il n'a
plus auiîîé Paris.
Après l'élection, tout le chapitre s'est ren-
du à Ja chapelle de l'Institut, où un Te DeHm
solennel a clôturé les opérations de l'élection.
Dans l'après-midi, le nouveau supérieur a
reçu tous les frères directeurs des maisons
PARIS
La journée a été belle hier; le matin
et le soir la température était extrêmement
fraîche.
Le matin, les maraîchers des environs de
Paris constataient à leur grand étonnement
une légère gelée blanche?, nuisible à la vé-
gétation qui, grâce au beau temps de la
journée, ne fait que progresser. La veille, il
est tombé un peu de grêle dans les environs
de Paris
Hier a eu lieu, à Saint-Germain-l'Auxer-
rois, en présence d'un.public d'élite, l'exé-
cution des Chants de la Sainte-Chapelle, tirés
des manuscrits du treizième siècle, et mis en
par ties avec accompagnement d'orgue et
d'instruments à cordes.
Cinquante artistes, sous la direction de
M, Félix Glément, vice-président de la société
dt Saint-Jean, pour l'encouragement de l'art
chrétien, ont pris part à cette exécution, qui
i été du plus puissant eflet sous les voûtes
ionores de la vieille église.
Ces chants, dits de la Sainte-Chapelle, ont
retenti plusieurs fois, avec le même concours
de la société de Saint-Jean, dans les princi-
pales églises deParis, puis à Londres, àPiome
Feuilleton du Il Avril 1874
LE ROI DEGORSE
CHAPITRE XXI
•;̃̃. •- iLa. fuite (Suite).
Au nom du roi Théodore Ier, il est dé-
:ÎÈdu de livrer le passage du château d'O-
̃feza. '̃̃'
Prenez-le de force! hurla Barbera.
iVanina arrivait près du pont elle s'avança
se trouva devant son¡aînée. Dechaquecoté,
"ii face, du vide; sous leurs pieds, les deux
•jurs se mesurèrent.
-La petite Vanina semblait avoir grandi;
*le était superbe dans sa simple robe blan-
-'̃îevstfn front respirait la force, son regard
Wîbnté.
Le roi de Corse vous somme de vous re-
j*er. dit-elle, ou il vous considérera comme
i'Jts rebelles.
Cette enfant estiplle cria Barbera. Bais-
• )Z le pont.
Mais Vanina était si calme et si forte, toute
personne respirait une volonté si puis-
,.lite que les hommes, à l'intérieur, se cour-
.aient devant elle.
et à Moscou et partout l'épreuve a été cou
ronnée de succès.
Des ouvriers se rendant de très bonne
heure au travail furent fort surpris, en pas-
rue de Turenne, de voir sur le n° 12 un
homme qui courait d'un air aflolé sur la
toiture,
Au bout d'un instant, il essaya de descen-
dre en se laissant glisser le long d'une
gouttière.
Les ouvriers lui crièrent de demeurer où
il était, et qu'on monterait pour le chercher.
mais il ne parut pas comprendre leur avis,
et continua sa périlleuse descente.
Arrivé au quatrième étage, ses mains ont
abandonné la gouttière, et il est venu tom-
ber sur le trottoir.
On l'a relevé grièvement blessé. Il n'a re-
pris connaissaissance .qu'à l'Hôtel-Dieu, où
on l'a transporté.
C'est un ouvrier sculpteur; il ne se rap-
pelle pas comment il est monté sur le toit. Il
sait seulement qu'il avait un peu trop bu la
veille; peut-être aussi a-t-il eu un accès de
somnambulisme.
Le Soir mentionne le bruit de l'arrestation
d'un employé du collège Louis-le-Grand.
Cette mesure se rattacherait au fait récent
de l'incendie plus ou moins spontané qui a
éclaté dans les bureaux do l'économat de cet
établissemeht.
M. Beulé, qui vient de mourir si subite-
ment, s'était marié de la façon la plus roma-
nesque.
Il y a quelques années, dit le Figaro, un
peintre de talent fit son' portrait et le mit à
l'exposition.
Une jeune orpheline, parcourant les salles
dé peinture avec son tuteur, s'arrêta tout à
coup devant ce tableau.
Après l'avoir regardé longtemps
Je n'épouserai jamais, dit-elle, que l'o-
riginal de ce portrait
Son tuteur se moqua d'elle mais l'enfant
était entêtée, spirituelle et gâtée. Il fallut se
mettre en quête de ce M. B. dont l'image
avait tourné une ieune tête. On \p. rlér\nnvrif.
on lui raconta de quelle façon princière une
jolie personne avait décrété qu'elle serait sa
femme.
Il s'estima très heureux d'un pareil choix,
et il eut raison, car il rencontra le plus gé-
néreux cœur sous les fantaisies de l'esprit.
Hélas cette enfant, par qui le honneur
même se laissait conquérir, est aujourd'hui
une bien triste veuve 1
A huit heures et demie, hier Mme Brun,
marchande de vin, rue de Rennes, a trouvé
sur un tas de sable, devant sa maison, à l'an-
gle de la rue d'Enter, un enfant nouveau-né
du sexe masculin.
Après avoir réchauffé la pauvre créature,
et lui avoir donné quelques soins, elle est
allé le porter chez le commissaire de police
du quartier, qui l'a envoyé aux Enfants-
Trouvés.
Les passants ont été bien intrigués hier, à
quatre heures, en voyant déboucher près du
pont Saint-Michel et se diriger vers le Pont-
au-Ghange, deux immenses chars ornés d'o-
riflammes tricolores et blanches.
Ces chars sont ceux qui servent d'habitude
aux promenades carnavalesques.
Pourquoi étaient-ils sortis hier ?
Personne n'en sait rien encore.
M. Létissier, coiffeur, rue de Charonne,
est allé déclarer hier, au commissaire de
police de son quartier que sa petite fille, âgée
de six ans, lui avait été enlevée le matin,
tandis qu'elle jouait dans la rue.
Cette enfant était vêtue d'une robe à car-
reaux verts et d'un tablier noir, et chaussée
de bottines à lacets.
M. Dulac, commissaire de police du quar-
tier de Charonne, a ouvert une enquête.
Edmond Gauthier, ouvrier corroyeur avait
tellement soif hier, que ne voulant pas se dé-
ranger de son travail, il saisit une cruche
qu'il croyait pleine d'eau et en avala une
gorgée.
Tenez bon, et attendez-moi, dit-elle.
Pendant qu'au dehors ceux qui ne pou-
vaient entrer se préparaient à l'attaque du
château, Vanina cournt à l'oratoire dont elle
ouvrit la fenêtre. 0 bonheur! l'échelle de
cordese balançait daLS le vide, et'bien haut,
sur le rochier, on voyait Un point noir.
Frédéric ou Dominique s'apprêtait à des-
cendre.
Voilà votre sauveur, madame écoutez
bien, dit rapidement lajeune fille. Vous allez
attendre là, au pied de ce mur, dans le jar-
din vous laisserez faire l'homme qui se pré-
sentera à vous, et vous serez sauvée.
Mais cet homme.
Oh soyez tranquille, il s'appellera l'abbé
Dominique ou Frédéric de Lewen.
Renée eut un cri de joie, et embrassa Va-
Maintenant, reprit la jeune fille, quand
vous serez sur le rocher, vous n'aurez plue;
rien à craindre vous enverrez tout de suite à
mon secours celui qui vous aura sauvée.
~r- Courez-vous donc aussi quelque dan-
ger ?
Est-ce que Barbara pardonne? dit Yaniha
avec une profonde amertume. Ecoutez.
elle fait assié;er lo château, bâtez-vous, ma-
dame. Moi, je vais retarder le plus possible
l'entrée des assiégeants. Ditesànotre sauveur
qu'il ne perde pas une seconde. Je serai aus-
sitôt que lui au bas de la muraille.
Penée s'enfuit par le chemin que lui mon-
tra Vanina, et la noble ieunc fille revint pren-
Il poussa un cri rauque et roula par terra,
en proie à d'atroces souffrances.
Le malheureux s'était emparé dans sa
précipitation, d'un cruchon d'alcali dont on
se sert dans l'atelier de son patron.
Transporté dans une pharmacie, par ses
camarades, il a reçu des soins qui lui ont
permis d'être conduit à son domicile dans
une voiture.
DU BIEN
"Henri Morphin, peintre, et Julie Bour-
riaux, blanchisseuse, demeurantl6, cité Joly,
passaient hier à une heure rue de Lancry,
lorsque le pied de Morphin heurta un porte-
feuille qui contenait huit billets de banque
de mille francs.
Ces honnêtes ouvriers se sont empressés
de porter leur trouvaille chez le commissaire
de police, qui les a vivement félicités de cet
acte de probité.
REVUE DES THÉÂTRES
Aujourd'hui, à l'Ambigu, première représentation
de la Lettre rouge, drame en cinq actes et huit ta-
bleaux, de MM. Marc Fournier et Lermina.
X L'Opéra annonce pour dimanche une représen-
tation extraordinaire de Faust, dans laquelle Mlle
Fidès-Devriès chantera pour la dernière fois le rôle
de Marguerite.
X 0 l'Opéra-Comique on compte donner la reprise
de Joconde dans les premiers jours de la semaine
prochaine..
X Il est question de l'engagement au Théâtre-
Français de plusieurs artistes appartenant à la
troupe de l'Odéon. Dans le nombre on cite Mmes
Emilie Broisat et Blanche Baretta.
X En présence de l'insuccès des Parisiennes, le
directeur du théâtre des Boulfes a pris un grand
parti il a engagé toute la troupe lyrique de la Gaité
qui était depuis plusieurs mois en représentations au
théâtre de la Renaissance. Cette troupe, composée
de Mmes Théo, Laurence Grivot, Dartaux, de MM.
d'Aubray, Bonnet, Habay, etc., apporte avec elle
le répertoire complet de Jacques Onenbach.
Ce nouveau personnel, joins à celui dont les Bouf-
fes disposent permettra de rendre au public les ou-
vrages qui l'attirèrent au passage Choiseul pendant
plusieurs années. On annonce déjà comme très pro-
uutuMu la Mme
Peschard, dans le rôle du jeune clerc de notaire.
On donne également comme assuré le rengage-
ment de Mme Judic à ce théâtre. °
X Bon Juan d'Autriche., de Casimir Delavigne,
est en répétition à la Porte-Saint-Martin. Les prin-
cipaux rôles sont distribués à MM. Taillade, Du-
maine, René Didier, Mmes Patry et Angèle Moreau.
X Dimanche prochain, aux matinées de la Tour-
d'Auvergne, aura lieu la première représentation
d'un Service d'ami, comédie inédite en deux actes
et en vers, de M. Federmann.
X On vient de jouer, à Vienne, le Lion amoureux
de Ponsard, traduit en allemand. La pièce a obtenu
un immense succès. CHARLES DARCOURS.
EXÉCUTION CAPITALE â
(Corresoondance particulière du Petit Journal.)
Bayonne, 8 avril 1874.
Le 21 octobre 1872, vers deux heures de
l'après-midi, la découverte d'un crime hor-
rible, accompli dans des circonstances excep-
tionnelles d'audace et de cruauté, répandait
une profonde émotion parmi les habitants
de Bayonne.
Un homme inoffensif, d'habitudes régu-
lières, riche et charitable, venait d'être as-
sassiné à l'entrée des Allées-Marines, aux
portes de la ville, à quelques pas du poste de
la douane et d'un corps de garde.
A côté d'une haute palissade, clôturant un
jardin, une marre de sang indiquait l'endroit
précis où la victime avait été frappée. La pa-
lissade avait été couverte de sang.
Dans le jardin, sous un épais massif d'ar-
bustes verts, 'le cadavre horriblement, mu-
tilé, avait été soigneusement caché.
Une afireuse blessure divisait le cou de-
puis l'oreille gauche jusqu'au niveau du lo-
bule de l'oreille droite l'instrument du
crime avait coupé la langue à sa base, tra-
versé le pharinx, ouvert des deux côtés les
artères carotides et les veines jugulaires, la
tête était presque détachée du tronc.
Ce cadavre ainsi mutilé, était celui de Fré-
déric Rausch, riche et généreux, et dont la
dre sa place au danger.
-Un baril de poudre! demanda-t-elle à
des hommes de service, dont elle était sûre
parce qu'ils l'aimaient, et suivez-moi.
Elle monta par le grand escalier, et vint se
placer seule, en vue de tous, surl'appuid'une
fenêtre, Une carabine l'ajusta rapidement; c'é-
tait celle de Barbera. Le coup partit, mais un
bras avait fait dévier l'arme, en.s'appuyant
sur celui de l'assassin.
Barbera, exaspérée, se retourna pour frap-
per derrière elle; mais le sauveur de l'enfant
était le duc d'Orezza.
Pendant cela, Vanina avait allumé une
torche. Elle fit signe qu'elle -voulait lar-
1er. Ou tâcha 'de l'entendre.
Elle voyait que les soldats allaient faiblir
et baisser le pont.
̃– Mon père, dit-elle, et toi, ma sœur Bar-
bera, et vous tous qui les suivez dans votre
criminelle entreprise, si le pont-levis tombe
devant-vous, je fais sauter le château.
Et sedétournant, elle laissa voir le baril de
poudre derrière elle.
Les soldats qui tenaient déjà les cordes des
poulies, les rattachèrent.
En avani! cria Barbera.
Attendez! commanda le duc à son tour..
Il avaitpeur pour son enlant,mais la reine
des vagues s'inquiétait peu que Vanina pérît;
et l'évêque, et la tante paralytique, et tous les
serviteurs aussi, pourvu que la reine de Gorse
disparût, avec eux.
Vanina quitta la fenêtre»
bourse était toujours ouverte aux Espagnols
sans ressources réfugiés à Bayonne, et c'e-
taient des Espagnols qui étaient les meur-
triers de cet homme charitable les enquê-
tes et les investigations de la justice firent
tomber sous sa main cinq d'entre eux.
Le 5 février comparurent devant la cour
d'assises des Basses-Pyrénées, les nommés
JJamion, Corillo Gestat, dit Cosmes Corréas,
âgé de 32 ans; Balbino Bannelos, âgé de
47 ans; PédrO Bannelos, âgé de 26 ans Au-
gustino Bancielo, âgé de 23 ans, et enfin Do-
lorès Oyharbide, femme Rodriguez âgée de
36 ans, femme de ménage.
Après quatre audiences, la cour condamna
Corréas et Bannelos père à la peine de mort,
Pédro Bannelos à vingt ans de travaux for-
cés Augustine à dix ans de réclusion Do-
lorès fut acquittée.
Corréas et Bannelos interjetèrent appel
leur pourvoi tut rejeté le i9 mars. Il ne res-
tait plus que le recours en grâce.
Seul, Balbino Bannelos, a vu sa peine com-
muée en celle des travaux forcés à perpé-
tuité quant à Corréas, justice devait être
faite.
En vertu de cette suprême décision, Roch,
l'exécuteur des arrêts criminels, reçut sa-
medi l'ordre de partirpour Bayonne, afin d'y
exécuter l'arrêt de la cour d'assises des Basses-
Pyrénées en date du 9 février.
Son départ s'effeetuale dimanche, et c'est
dans la nuit de lundi à mardi, à six heures
quarante-cinq minutes du matin qu'il arri-
vait à Bayonne avec trois de ses aides, traî-
nant après euxl'instrument du supplice.
Après avoir recu les derniers ordres 'du
procureur de la 'République, Roch prit ses
mesures pour dresser la guillotine sur la
place du marché au bétail. C'est pendant la
nuit que ce funèbre travail s'accomplit.
Au moment où l'instrument de mort se
dressait, Corréas arrivait de Pau par le der-
nier train, c'est-à-dire à 11 h. 45 m. Il était
accompagné de l'aumônier des prisons, qui
ne cessait de l'exhorter à la résignation.
La foule était énorme sur le lieu du sup-
plice, et cela s'explique, en raison de la nou-
velle qui s'en était promptement répandue
La dernière exécution qui a eu lieu à
Bayonne remonte à plus d'un siècle. en l'an-
née 1748; et ce fut, comme aujourd'hui, un
Espagnol du nom de Morante, qui fut pendu
sur la place Notre-Dame, pour crime d'as-
sassinat.
A cinq heures et demie, tout étant prêt,Roch
et ses aides se sont rendus à la prison pour
procéder à la toilette du condamné. Corréas
était extrêmement abattu. Une complète pros-
trations'est emparée de lui et ne l'a plus aban-
donné.Il n'avait plus conscience de lui-même.
A six heures moins quelques minutes, justice
était faite et Corréas avait payé sa dette à la
société.
Roch s'est rendu de Bayonne à Poitiers, où
doit avoir lieu ce matin l'exécution d'un
nommé Marsaûlt.– L. L.
DÉPARTEMENTS
Le ministère des travaux publics prévient
les navigateurs qu'une trompette à vapeur a
été installée sur le phar du Four (Finistère).
à l'entrée du passage de ce nom, par 48° 31'
23" de latitude, et 7o 8' 31" de longitude
ouest, et qu'elle se fera entendre désormais
pendant toute la durée des brumes. A un
coup de trompette durant pendant cinq mi-
nutes succédera un intervalle silencieux do
vingt secondes, et ainsi de suite.
Une pauvre famille, après avoir réalisé ses
faibles ressources, était partie le 29 du mois
dernier d'Auray (Morbihan) pour Niort, pas-
sant par Nantes et le Poissonnière. Tout son
avoir se composait de 800 fr. en billets et
10 fr. en or, placés dans un porte-monnaie.
En arrivant,-les pauvres gens s'aperçurent
qu'ils avaient perdu cette somme
On comprend leur désolation. La personne
qui l'aurait trouvée est priée de s'adresser
M. Destouches, correspondant du Petit Jour.
nal à Niort (Deux-Sèvres).
Dans un quart d'heure, dit-elle, vous
baisserez le pont et vous ouvrirez les portes
au duc d'Orezza. Le roi de Corse récompen..
sera largement votre conduite,
Elle avait calculé que Renée devait être en
sûreté et que le jeune homme, Frédéric ou
Dominique, était déjà de retour. Elle courut
au jardin.
Il n'y avait personne, et l'échelle de corde
avait disparu.
Elle avait donné aux hommes de garde un
quart d'heure pour baisserle pont, elle atten-
dit ce quart d'heure, un siècle! au pied de la
muraille, croyanttoujoursvoir apparaître un
sauveur.
Elle appela tour à tour Frédéric et Domini-
que, mais sa voi x affaiblie se perdait dans l'es-
pace, et l'écho seul lui réDondait.
Alors elle se dit qu'un accident, une chose
inattendue pouvait être cause de ce retard, et
elle courut de nouveau pour donner l'ordre
d'attendre encore.
Cela devait être inutile. Le pont-levis était
baissé, la porte ouverte, et Barbera, comme
une furie, traversait la cour, brandissant son
poignard, et cherchant Vanina.
Tout le courage de la pauvre enfant tomba
devant cette situation nouvelle; son dévoue-
ment ne la soutenaitplus, et l'idée de la mort
donnée par sa soeur l'épouvantait.
Il fallait pourtant l'accepter.
Elle no serendit point chez madame deLec-
ca, pour éparguer à la vieille dame le specta-
cle d'une seèae sanglante. Plu?-£aertefxue vive
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