Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-03-06
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 06 mars 1874 06 mars 1874
Description : 1874/03/06 (Numéro 4088). 1874/03/06 (Numéro 4088).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592123v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
AlpmSTRATÏOFet
i
,-v -Oomements Paris
six mois 9rR.
UN AU. 18 ÏR..
tIN NUMERO;: S CENTIMES 1
Abonnements Déjà*.
sukois. .12 ni.
EN AN ,24 FB.
Douzième Année ,NI),
Vendredi 6 Mars
JEUDI 5 MARS 1874 ?
« Quand on n'a pas de quoi payer son
terme, il faut avoir une maison à soi. »
Cet axiome ironique a toujours eu le
don de faire rire aux éclats une salle de
spectacle. L'esprit frauçais a de ces bou-
tades. satiriques qui vengent dés mésa-
ventures..
Dire du mal. de son propriétaire, le ridi-
culiser, cela semble bon au locataire à
court d'argent et qui-voudrai bien seper-
suader qu'il a droit à être logé gratis.
On a beau se dire « Après tout, le pro-
̃ priétalre a mis sa fortune en maisons les
loyers sont des revenus àussi honorables
que les autres il est fort heureux qu'il y
ait des propriétaires, sans quoi, les dix-
neuf vingtièmes des Parisiens couche-.
raient à la belle étoile..
On a béa 'se dire cela, les jours de
terme sont désagréables et l'on rit volon-
tiers des bons tours joués par les locataires
qui déménagent par lesfenêtres, àlaficelle.
Parisiens, mes frères, n'allez pas croire
ou à une critique ou a" une apologie du
propriétaire; /'ai moins que cela à vous
offrir.
y Je vous apporte le récit d'une belle et
généreuse action accomplie simplement.
Pourquoi donc. ce début léger?
C'est qu'il s'agit d'un hommequivous
a fait rire bien souvent, d'un caricaturiste
àla fois comique et philosophe.
J'ai nommé Daumier.'
'Tout le monde a feuilleté ses albums de
caricatures, et vu ses dessins publiés par
» le.Charivari.
D'un coup de crayon, Daumier dessine
un bonhomme- à grands traits il le fait
grimacer, terriblement et la légende, tou-
jours-courte et serrée, donne un sens pro-
fond à cette image d'une gaieté quelque-
fois farouche.
Daumier a tout caricaturé sans pitié,
et ses dessins ont eu souvent le retentis-
sement du pamphlet.
Jusqu'en ces derniers temps, le public
avait vu ses œuvres nouvelles dans le Clza-
rivari; puis sa signature disparut.
Quelques fidèles de l'artiste s'en éton-
nèrent, disant «Pourquoi donc Daumier
nedonne-t-ilplus rien? Puis. on pensa'
à autre chose.
Hélas! Daumier ne donnera plus de
dessins ni au Charivari ni à d'autres four-
nâux sa carrière artistique est finie, on
a tout au moins de grandes craintes.
Le malheureux artiste a perdu la vue.
On ne peut pas dire qu'il soit complété-
ment aveugle, niais il n'y voit pas assez
pour travailler cruelle situation pour un
Feuilleton du 6 lars 1874
LA CELLULE iT 7
[88J DEUXIÈME PARTIE
Le groupe se resserra.
Imaginez-vous, chère madame, reprit
aussitôt celle que l'on venait de désigner,
imaginez-vôus que, hier soir, entre sept et
huit heures, ainsi qu'on vient de le dire, je
rentrais chez moi par le petit sentier qui con-
duit à notre habitation, quand, au moment
d'atteindre la grille, j'ai vu tout à coup un
homme se dresser devant moi.
quel homme!
Vous allezvoir il ne faisait pas encore
`nuit; on pouvait distinguer ses traits, et à
'première vue, j'avouerai en toute sincérité,
que je ne remarquai rien d'extraordinaire
dans son aspect; du reste, il paraissait
^'occuper fort peu de nous et toute son at-
tention était absorbé par l'examen des dif-
férentes uroDriétés gui nous .entourent»
des outils..
d'un peintre devenu aveugle depuis deux
ans; -.c-j v ̃ ':>̃:̃ :̃̃
La dru paysagiste
Ànastasi; ori se rappelle que ses confreres
organisèrent une vente à son profit et que
les tableaux -offerts gracieusement donnè-
rent un total de 100,000 fr. environ, grâce
auxquels la vieillesse d'Anastasi sera à
.l'abri du besoin.
Cette fois, l'art s'est montré également
généreux, mais le mérite en revient à un
seul.
Je dirais bien tout de suite le nom1 du
bienfaiteur, mais je e préfère 'raconter les;
'péripéties du don; on verra mieux avec
quelle délicatesse il a su rendre le bienfait
irrévocable.
Daumier habite Auvers, un joli village
de Seine-et-Oise, centre d'une petite colo-
nie de peintres, parmi lesquels Daubigny,
Jules Dupré, Ribot.
Ces messieurs, témoins du chagrin de
leur confrère, s'efforcent de lui faire ou-
blier son malheur; ils le voient tous les
jours, lui tiennent compagnie comme on
dit communément, et leur conversation
joviale amène le sourire sur les lèvres de
l'artiste.
Malgré leur fréquentation journalière,
ils n'avaient pas vu que Daumier était
pauvre et presque dans lagêrie.
Un des plus anciens amis de Daumier
le comprit, lui, dans une visite qu'il lui
lit, et, comme il est à la fois riche et d'une
grande bonté, il résolut de le tirer d'em-
Mais comment'faire ? Quel procède em-
ployer ?Les artistes sont très susceptibles
dans leur dignité.
L'ami de Daumier >,prit des renseigne-
ments il apprit que le propriétaire de la
maison, habitée par le caricaturiste, était
décidé à l'expulser pour défaut de paye-
ment. ¡
Dès lors sa résolution fut prise.
Quelques jours avant la saisie qui devait
être opérée chez Daumier celui-ci reçut
par la poste un grand pli; il se fit lire les
papiers qué ce pli contenait.
C'étaient les actes en due forme de pro-
priété de la maison avec ses attenances.
Daumier était surpris, on le comprend
sans peine; il ne savait que penser et n'é-
tait pas loin de croire à une odieuse mys-
tification.
Le mystère fut bientôt éclairci. v
Une dernière feuille de papier restait à
lir e elle portait ces simples mots
« Cette fois, mon cher ami, je défie bien
» ton propriétaire de te mettre à la porte.
» COROT. »
C'était Corot, en efletl le paysagiste aux
Eh bien !•
Aussi, j'allais passer, et répondre même
au salut fort courtois.dont il nous accueillit
quand Mme déPortblanc, qui nous accompa-
gnait, jeta un. cri effrayé, et se rejeta presque
dans le fossé de gauche.
:Madame de Portblanc! fit la Pâlotte!
qui écoutait d'un air un peu distrait, tant
elle était loin de soupçonner que ce récit pût
l'intéresser.
Sans doute, Mme de Portblanc! répondit
la jeune femme qui lui parlait, ou .si vous
aimez mieux Mlle Valentine de la Chatai-
gneraie qui a épousé M. de Portblanc, un
jeune secrétaire d'ambassade, et qui s'est
arrêtée à Menton, au retour de son voyage
d'Italie. Elle habite à quelques pas de moi,
et elle revenait avec moi, pendant que son
mari fumait un cigare à peu de distance.
Et quelle était la cause de la frayeur de
Mme dePortblanc?
Au cri qu'elle jeta, nous crûmes d'a-
bord qu'un accident était arrivé, et nous nous
précipitâmes, vers elle. Mais son émotion
avait une tout autre cause, et c'est à peine si
elle put tout d'abord répondre à nos ques-
tions. Cependant, elle finit par se remettre,
et elle nous demanda, avec un reste d'épou-
vante, ce qu'était devenu l'homme que nous
venions de rencontrer. t
Nous n'y pensions déjà plus!
Nous regardâmes de tous côtés, mais,il
n'y avait plus personne. et l'inconnu avait
toiles si poétiques et si charmantes, qu
avait acheté la maison au-nom de Dau-
mier.
J'ai appris par un heureux hasard cette
belle action et je la fais connaître.
Corot nous en voudra peut-être de
faire violence à sa modestie mais voilà
trop longtemps que ce grand artiste met
son grand cœur au service de tous ses
confrères, ou inconnues ou malheureux.
'Tant qu'il n'a donné sans compter que
ses'tableâùx, qui se transforment si 'faci-
lement et si. vite en billets de banque,
nous n'avons rien dit. Corot est de ces
hommes qui laissent ignorer à leur main
gauche ce que donne leur ïnajn droite si
l'on abuse, il ne daigne pas s'en aper-
cevoir.
Aujourd'hui,' il fait un acte qui aune
tout autre portée, il serait injuste que le
public n'en lût pas informé.
La famille, artistique s'est, en toute cir-
constance, montrée généreuse elle pourra
inscrire sur son livre d'or l'acte qui ho-
nore à la fois l'artiste bienfaiteur, et l'ar-
tiate digne du bienfait.
t .ri -• THOMAS' GRIMM..
DERNIÈRES NOUVEUES
Le Journal officiel publie le décret qui fixe
les élections dans la Gironde et la Haute-
Marne au 29 mars prochain, ainsi que nous
favïons annoncé dans notre numéro d'hier.
La commission des lois constitutionnèlles
a voté hier une des plus graves résolutions
qu'elle ait encore prises, en inscrivant à la
suite du projet de loi électorale l'article sui-
vantrelatif à l'éligibilité politique.
u Sont éligibles à la chambre des repré-
sentants le"itoyens âgés de vingt-cinq ans
qui sont électeurs conformément aux dispo-
sitions de la présente loi, et ont leur domicile
électoral, civil ou 'd'origine dans le départe-
ment ou y sont inscrits au rôle de l'une des
quatre contributions directes ou y ont payé
pendant cinq ans la cote personnelle.
Versailles, 4 mars midi.
Il paraît certain que le gouvernement dé-
posera sur le bureau de l'Assemblée, avant
Ja fin de la session, un projet de loi concer-
nant la seconde Chambre. M. Batbie doit
déposer lé projet de loi électorale la semaine
prochaine. On espère que l'Assemblée dis-
cutera ces deux projets dans le courant de la
session d'été.
D'importantes nominations à diflérents
grades de la Légion d'honneur vont être faites
dans l'armée pour pourvoir aux vacances
notifiées par M. le général Vinoy, le grand
Ces nominations paraîtraient à l'Officiel du
i5 au 16 courant. “"̃ "•
Le montant 'des listes de souscriptions à
l'OEuvre des Fourneaux économiques, pu-
bliées par le Journal officiel, s'élève à la
somme de 366,348 fr. 70 c.
Alors, elle se rassura tout, à fait. Et voici
ce qu'elle nous raconta
Ainsi que nous l'avons dit, la Pâlotte écou-
tait,avec indifférence le récit qui lui était
fait, et elle se demandait en souriant, ce qui
pouvait, dans ce qu'elle venait d'entendre,
provoquer chez les jeunes femmes une si
grande émotion.
Nulle de vous, mesdames, reprit l'hé-r
roïné de l'aventure, n'ignore que 'Mme de
Portblanc est la fille de M. de. la Châtaigne-
raie, le juge d'instruction, et, à ce titre, elle
a suivi dans tous ses détails la fameuse af-
faire du prince Liprani et de Mlle Clotilde
de Lucenayv •
La Pâlotte tressaillit de tous ses memtres,
et cette fois, involontairement, elle se rap-
procha., le cœur violemment ému.
Elle a connu particulièrement le prince.
elle était liée presque intimement avec Mlle
de Lucenay, et pendant quelques mois elle a
Qu'occasion de voir M. de Liprani presque
tous les jours. Or vous savez que ce malheu-
reux a été condamné aux travaux forcés à
perpétuité, et qu'il attendait à Toulon le mo-
ment où un vaisseau de l'Etat devait le trans-
porter à la Nouvelle-Calédonie. Eh bien!
dans cet homme, cet inconnu qu'elle venait
de rencontrer, Valentine avait crut recon-
naître le prince lui-même.
Mais c'est impossible 1 s'acria la Pâlotte
en frissonnant.
Oui c'est impossible voilà ce que nous
avons dit toutes d'une même voix, etM.de
lï!. E. OLLIVSERJT L'WAŒt
Nous avons reçu hier après-midi du bu-
reau de M. le secrétaire perpétuel de l'Aca-, ̃
demie francaise une note ainsi conçûe
« La séance de réception de M. Emile Ollii.
j vier est ajournée. » ̃•
L'agence Havas communique aux jour·
naux, sur cette affaireJ les détails qui sui-
vent
« L'Académie francaise s'estréunie aujour-
d'hui pour la seconde fois à une heure, afin
de prendre une décision relative à la récep-
tion de M. E. Ollivier, qui devait avoir lieu
dentain. ''•
» M. Patin, secrétaire- perpétuel, qui avait
été délégué hier par ses collègues- auprès de
M. Ollivier, a rendu compte de sa mission..
» M. le secrétaire perpétuel avait été chargé ̃
de demander au recipiendiaire qu'il voulût
bien communiquer son discours à l'Acadé-
mie, comme il l'avait fait pour la commis-^
sion.
» En- même temps, M. Patin devait expri-
mer à M. E. Ollivier, le regret que l'Acadé-
mie avait éprouvé de quelques paroles un
peu vives qui avaient été échangées dans le
sein de la commission entre lui et M. Guizot.
» A ces avances, ,M. E. Ollivier a répondu
par une fin de non-recevoir.
1 Bien plus, au début de la séance d'alijout^
d'hui, il a été donné lecture d'une lettre da
M. Emile Ollivier, déclarant en termes très
vifs qu'il refusait de soumettre son discours
au jugement de l'Académie, et qu'il avait cru
également devoir s'abstenir de se rendre la,
séance d'aujourd'hui, ajoutant qu'il ne vou-
lait pas s'exposer denouveau à desreproches
semblables à ceux qui lui avaient déjà été
adressés dans la commission.
» En conséquence, l'Académie francaise,
dans sa séance de ce jour, à la majorité de
20 voix contre 6; a décidé que la réception, de
M. Emile Ollivier serait indéfiniment ajour- »
née non pas à cause des parties un peu vives
de son discours, mais bien parce que le réci-
piendaire avait refusé d'an donner commu-
nication.
ÂSSENiBLÉENlïïlONÀLE
Séance ''du 4 mars
Le discours de M. Bocher a porté le de^;
nier coup au projet de surtaxe sur les alcools.
Au scrutin par lequel s'ouvre la séance ,cet,
impôt est rejeté par 488 voix contre 171.
Deux articles du projet de la commission
intéressent encore cette matière des plut'
L'un réduit de 40 à 20 litres la tëtoce'
accordée aux petits distillateurs opérant sur
leur récolte e. désignés sous le nom dq
bouilleurs de cru.
L'autre dispose qu'un règlement d'admi-
nistration publique déterminera les modifi.
cations de détail de l'exercice auquel les bouu-
leurs sont soumis.
372 voix contre 255 se prononcent pour la
réduction à 20 litres.. '.«,»
L'article suivant est adopté sans difficulté,
L'Assemblée, après une courte discussion,
adopte un amendement de M. Claude, qui de«
mande que les alcools denaturés pour usages,
industrzels soient soumis à une taxe de 30 îïr
par hectolitre.
Portblanc, qui nous rejoignit peu après, con-
sidéra lui-même la chose comme invraisem.
blable. Il ajouta de plus que, d'après les ren
sei-gnements fournis par un journal de iou*
Ion le départ des forçats avait dû avoir lieu
le même jour, et que, par conséquent. on ne
pouvait supposer que Liprani fût à Menton,
pendant que ses compagnons faisaient voile
vers la Nouvelle-Calédonie.
il avait raison 1 '<
Il avait raison' hier, mais ce matin.
Qu'est-il donc survenu ?
La confirmation pure et simple de'
soupçons de Valentine.
Comment cela? • -••̃
Ce matin, en effet, on a appris qu au mo-
ment de l'embarquement, trois forçats avaienf
réussi à s'évader., • >
Et parmi les forçats?
LeprinceLipranifigureaupremierrang.
Il y eut un si.ence.
Tout le monde se regardait avec une sorte
de stupeur, et aucune des jeunes femmes
n'osait prendre la parole.
Cette situation pénible dura un instant.
Puis la frayeur générale s'évanouit peu a
peu, et une voix, encore mal afierjnie,, rom,-
pit le silence. nr^A*-
J'admets, disait cette voix, que M Portbltnc ait reconnu le prince, et que ce
dernier se soit, après son évasion, dirige au
côté de Menton, c'est-à-dire qu'il ait pris la
route d'Italie. mais je ne vois pas qu. il y ait
rien à redouter pour nous, et je suppose
i
,-v -Oomements Paris
six mois 9rR.
UN AU. 18 ÏR..
tIN NUMERO;: S CENTIMES 1
Abonnements Déjà*.
sukois. .12 ni.
EN AN ,24 FB.
Douzième Année ,NI),
Vendredi 6 Mars
JEUDI 5 MARS 1874 ?
« Quand on n'a pas de quoi payer son
terme, il faut avoir une maison à soi. »
Cet axiome ironique a toujours eu le
don de faire rire aux éclats une salle de
spectacle. L'esprit frauçais a de ces bou-
tades. satiriques qui vengent dés mésa-
ventures..
Dire du mal. de son propriétaire, le ridi-
culiser, cela semble bon au locataire à
court d'argent et qui-voudrai bien seper-
suader qu'il a droit à être logé gratis.
On a beau se dire « Après tout, le pro-
̃ priétalre a mis sa fortune en maisons les
loyers sont des revenus àussi honorables
que les autres il est fort heureux qu'il y
ait des propriétaires, sans quoi, les dix-
neuf vingtièmes des Parisiens couche-.
raient à la belle étoile..
On a béa 'se dire cela, les jours de
terme sont désagréables et l'on rit volon-
tiers des bons tours joués par les locataires
qui déménagent par lesfenêtres, àlaficelle.
Parisiens, mes frères, n'allez pas croire
ou à une critique ou a" une apologie du
propriétaire; /'ai moins que cela à vous
offrir.
y Je vous apporte le récit d'une belle et
généreuse action accomplie simplement.
Pourquoi donc. ce début léger?
C'est qu'il s'agit d'un hommequivous
a fait rire bien souvent, d'un caricaturiste
àla fois comique et philosophe.
J'ai nommé Daumier.'
'Tout le monde a feuilleté ses albums de
caricatures, et vu ses dessins publiés par
» le.Charivari.
D'un coup de crayon, Daumier dessine
un bonhomme- à grands traits il le fait
grimacer, terriblement et la légende, tou-
jours-courte et serrée, donne un sens pro-
fond à cette image d'une gaieté quelque-
fois farouche.
Daumier a tout caricaturé sans pitié,
et ses dessins ont eu souvent le retentis-
sement du pamphlet.
Jusqu'en ces derniers temps, le public
avait vu ses œuvres nouvelles dans le Clza-
rivari; puis sa signature disparut.
Quelques fidèles de l'artiste s'en éton-
nèrent, disant «Pourquoi donc Daumier
nedonne-t-ilplus rien? Puis. on pensa'
à autre chose.
Hélas! Daumier ne donnera plus de
dessins ni au Charivari ni à d'autres four-
nâux sa carrière artistique est finie, on
a tout au moins de grandes craintes.
Le malheureux artiste a perdu la vue.
On ne peut pas dire qu'il soit complété-
ment aveugle, niais il n'y voit pas assez
pour travailler cruelle situation pour un
Feuilleton du 6 lars 1874
LA CELLULE iT 7
[88J DEUXIÈME PARTIE
Le groupe se resserra.
Imaginez-vous, chère madame, reprit
aussitôt celle que l'on venait de désigner,
imaginez-vôus que, hier soir, entre sept et
huit heures, ainsi qu'on vient de le dire, je
rentrais chez moi par le petit sentier qui con-
duit à notre habitation, quand, au moment
d'atteindre la grille, j'ai vu tout à coup un
homme se dresser devant moi.
quel homme!
Vous allezvoir il ne faisait pas encore
`nuit; on pouvait distinguer ses traits, et à
'première vue, j'avouerai en toute sincérité,
que je ne remarquai rien d'extraordinaire
dans son aspect; du reste, il paraissait
^'occuper fort peu de nous et toute son at-
tention était absorbé par l'examen des dif-
férentes uroDriétés gui nous .entourent»
des outils..
d'un peintre devenu aveugle depuis deux
ans; -.c-j v ̃ ':>̃:̃ :̃̃
La dru paysagiste
Ànastasi; ori se rappelle que ses confreres
organisèrent une vente à son profit et que
les tableaux -offerts gracieusement donnè-
rent un total de 100,000 fr. environ, grâce
auxquels la vieillesse d'Anastasi sera à
.l'abri du besoin.
Cette fois, l'art s'est montré également
généreux, mais le mérite en revient à un
seul.
Je dirais bien tout de suite le nom1 du
bienfaiteur, mais je e préfère 'raconter les;
'péripéties du don; on verra mieux avec
quelle délicatesse il a su rendre le bienfait
irrévocable.
Daumier habite Auvers, un joli village
de Seine-et-Oise, centre d'une petite colo-
nie de peintres, parmi lesquels Daubigny,
Jules Dupré, Ribot.
Ces messieurs, témoins du chagrin de
leur confrère, s'efforcent de lui faire ou-
blier son malheur; ils le voient tous les
jours, lui tiennent compagnie comme on
dit communément, et leur conversation
joviale amène le sourire sur les lèvres de
l'artiste.
Malgré leur fréquentation journalière,
ils n'avaient pas vu que Daumier était
pauvre et presque dans lagêrie.
Un des plus anciens amis de Daumier
le comprit, lui, dans une visite qu'il lui
lit, et, comme il est à la fois riche et d'une
grande bonté, il résolut de le tirer d'em-
Mais comment'faire ? Quel procède em-
ployer ?Les artistes sont très susceptibles
dans leur dignité.
L'ami de Daumier >,prit des renseigne-
ments il apprit que le propriétaire de la
maison, habitée par le caricaturiste, était
décidé à l'expulser pour défaut de paye-
ment. ¡
Dès lors sa résolution fut prise.
Quelques jours avant la saisie qui devait
être opérée chez Daumier celui-ci reçut
par la poste un grand pli; il se fit lire les
papiers qué ce pli contenait.
C'étaient les actes en due forme de pro-
priété de la maison avec ses attenances.
Daumier était surpris, on le comprend
sans peine; il ne savait que penser et n'é-
tait pas loin de croire à une odieuse mys-
tification.
Le mystère fut bientôt éclairci. v
Une dernière feuille de papier restait à
lir e elle portait ces simples mots
« Cette fois, mon cher ami, je défie bien
» ton propriétaire de te mettre à la porte.
» COROT. »
C'était Corot, en efletl le paysagiste aux
Eh bien !•
Aussi, j'allais passer, et répondre même
au salut fort courtois.dont il nous accueillit
quand Mme déPortblanc, qui nous accompa-
gnait, jeta un. cri effrayé, et se rejeta presque
dans le fossé de gauche.
:Madame de Portblanc! fit la Pâlotte!
qui écoutait d'un air un peu distrait, tant
elle était loin de soupçonner que ce récit pût
l'intéresser.
Sans doute, Mme de Portblanc! répondit
la jeune femme qui lui parlait, ou .si vous
aimez mieux Mlle Valentine de la Chatai-
gneraie qui a épousé M. de Portblanc, un
jeune secrétaire d'ambassade, et qui s'est
arrêtée à Menton, au retour de son voyage
d'Italie. Elle habite à quelques pas de moi,
et elle revenait avec moi, pendant que son
mari fumait un cigare à peu de distance.
Et quelle était la cause de la frayeur de
Mme dePortblanc?
Au cri qu'elle jeta, nous crûmes d'a-
bord qu'un accident était arrivé, et nous nous
précipitâmes, vers elle. Mais son émotion
avait une tout autre cause, et c'est à peine si
elle put tout d'abord répondre à nos ques-
tions. Cependant, elle finit par se remettre,
et elle nous demanda, avec un reste d'épou-
vante, ce qu'était devenu l'homme que nous
venions de rencontrer. t
Nous n'y pensions déjà plus!
Nous regardâmes de tous côtés, mais,il
n'y avait plus personne. et l'inconnu avait
toiles si poétiques et si charmantes, qu
avait acheté la maison au-nom de Dau-
mier.
J'ai appris par un heureux hasard cette
belle action et je la fais connaître.
Corot nous en voudra peut-être de
faire violence à sa modestie mais voilà
trop longtemps que ce grand artiste met
son grand cœur au service de tous ses
confrères, ou inconnues ou malheureux.
'Tant qu'il n'a donné sans compter que
ses'tableâùx, qui se transforment si 'faci-
lement et si. vite en billets de banque,
nous n'avons rien dit. Corot est de ces
hommes qui laissent ignorer à leur main
gauche ce que donne leur ïnajn droite si
l'on abuse, il ne daigne pas s'en aper-
cevoir.
Aujourd'hui,' il fait un acte qui aune
tout autre portée, il serait injuste que le
public n'en lût pas informé.
La famille, artistique s'est, en toute cir-
constance, montrée généreuse elle pourra
inscrire sur son livre d'or l'acte qui ho-
nore à la fois l'artiste bienfaiteur, et l'ar-
tiate digne du bienfait.
t .ri -• THOMAS' GRIMM..
DERNIÈRES NOUVEUES
Le Journal officiel publie le décret qui fixe
les élections dans la Gironde et la Haute-
Marne au 29 mars prochain, ainsi que nous
favïons annoncé dans notre numéro d'hier.
La commission des lois constitutionnèlles
a voté hier une des plus graves résolutions
qu'elle ait encore prises, en inscrivant à la
suite du projet de loi électorale l'article sui-
vantrelatif à l'éligibilité politique.
u Sont éligibles à la chambre des repré-
sentants le"itoyens âgés de vingt-cinq ans
qui sont électeurs conformément aux dispo-
sitions de la présente loi, et ont leur domicile
électoral, civil ou 'd'origine dans le départe-
ment ou y sont inscrits au rôle de l'une des
quatre contributions directes ou y ont payé
pendant cinq ans la cote personnelle.
Versailles, 4 mars midi.
Il paraît certain que le gouvernement dé-
posera sur le bureau de l'Assemblée, avant
Ja fin de la session, un projet de loi concer-
nant la seconde Chambre. M. Batbie doit
déposer lé projet de loi électorale la semaine
prochaine. On espère que l'Assemblée dis-
cutera ces deux projets dans le courant de la
session d'été.
D'importantes nominations à diflérents
grades de la Légion d'honneur vont être faites
dans l'armée pour pourvoir aux vacances
notifiées par M. le général Vinoy, le grand
Ces nominations paraîtraient à l'Officiel du
i5 au 16 courant. “"̃ "•
Le montant 'des listes de souscriptions à
l'OEuvre des Fourneaux économiques, pu-
bliées par le Journal officiel, s'élève à la
somme de 366,348 fr. 70 c.
Alors, elle se rassura tout, à fait. Et voici
ce qu'elle nous raconta
Ainsi que nous l'avons dit, la Pâlotte écou-
tait,avec indifférence le récit qui lui était
fait, et elle se demandait en souriant, ce qui
pouvait, dans ce qu'elle venait d'entendre,
provoquer chez les jeunes femmes une si
grande émotion.
Nulle de vous, mesdames, reprit l'hé-r
roïné de l'aventure, n'ignore que 'Mme de
Portblanc est la fille de M. de. la Châtaigne-
raie, le juge d'instruction, et, à ce titre, elle
a suivi dans tous ses détails la fameuse af-
faire du prince Liprani et de Mlle Clotilde
de Lucenayv •
La Pâlotte tressaillit de tous ses memtres,
et cette fois, involontairement, elle se rap-
procha., le cœur violemment ému.
Elle a connu particulièrement le prince.
elle était liée presque intimement avec Mlle
de Lucenay, et pendant quelques mois elle a
Qu'occasion de voir M. de Liprani presque
tous les jours. Or vous savez que ce malheu-
reux a été condamné aux travaux forcés à
perpétuité, et qu'il attendait à Toulon le mo-
ment où un vaisseau de l'Etat devait le trans-
porter à la Nouvelle-Calédonie. Eh bien!
dans cet homme, cet inconnu qu'elle venait
de rencontrer, Valentine avait crut recon-
naître le prince lui-même.
Mais c'est impossible 1 s'acria la Pâlotte
en frissonnant.
Oui c'est impossible voilà ce que nous
avons dit toutes d'une même voix, etM.de
lï!. E. OLLIVSERJT L'WAŒt
Nous avons reçu hier après-midi du bu-
reau de M. le secrétaire perpétuel de l'Aca-, ̃
demie francaise une note ainsi conçûe
« La séance de réception de M. Emile Ollii.
j vier est ajournée. » ̃•
L'agence Havas communique aux jour·
naux, sur cette affaireJ les détails qui sui-
vent
« L'Académie francaise s'estréunie aujour-
d'hui pour la seconde fois à une heure, afin
de prendre une décision relative à la récep-
tion de M. E. Ollivier, qui devait avoir lieu
dentain. ''•
» M. Patin, secrétaire- perpétuel, qui avait
été délégué hier par ses collègues- auprès de
M. Ollivier, a rendu compte de sa mission..
» M. le secrétaire perpétuel avait été chargé ̃
de demander au recipiendiaire qu'il voulût
bien communiquer son discours à l'Acadé-
mie, comme il l'avait fait pour la commis-^
sion.
» En- même temps, M. Patin devait expri-
mer à M. E. Ollivier, le regret que l'Acadé-
mie avait éprouvé de quelques paroles un
peu vives qui avaient été échangées dans le
sein de la commission entre lui et M. Guizot.
» A ces avances, ,M. E. Ollivier a répondu
par une fin de non-recevoir.
1 Bien plus, au début de la séance d'alijout^
d'hui, il a été donné lecture d'une lettre da
M. Emile Ollivier, déclarant en termes très
vifs qu'il refusait de soumettre son discours
au jugement de l'Académie, et qu'il avait cru
également devoir s'abstenir de se rendre la,
séance d'aujourd'hui, ajoutant qu'il ne vou-
lait pas s'exposer denouveau à desreproches
semblables à ceux qui lui avaient déjà été
adressés dans la commission.
» En conséquence, l'Académie francaise,
dans sa séance de ce jour, à la majorité de
20 voix contre 6; a décidé que la réception, de
M. Emile Ollivier serait indéfiniment ajour- »
née non pas à cause des parties un peu vives
de son discours, mais bien parce que le réci-
piendaire avait refusé d'an donner commu-
nication.
ÂSSENiBLÉENlïïlONÀLE
Séance ''du 4 mars
Le discours de M. Bocher a porté le de^;
nier coup au projet de surtaxe sur les alcools.
Au scrutin par lequel s'ouvre la séance ,cet,
impôt est rejeté par 488 voix contre 171.
Deux articles du projet de la commission
intéressent encore cette matière des plut'
L'un réduit de 40 à 20 litres la tëtoce'
accordée aux petits distillateurs opérant sur
leur récolte e. désignés sous le nom dq
bouilleurs de cru.
L'autre dispose qu'un règlement d'admi-
nistration publique déterminera les modifi.
cations de détail de l'exercice auquel les bouu-
leurs sont soumis.
372 voix contre 255 se prononcent pour la
réduction à 20 litres.. '.«,»
L'article suivant est adopté sans difficulté,
L'Assemblée, après une courte discussion,
adopte un amendement de M. Claude, qui de«
mande que les alcools denaturés pour usages,
industrzels soient soumis à une taxe de 30 îïr
par hectolitre.
Portblanc, qui nous rejoignit peu après, con-
sidéra lui-même la chose comme invraisem.
blable. Il ajouta de plus que, d'après les ren
sei-gnements fournis par un journal de iou*
Ion le départ des forçats avait dû avoir lieu
le même jour, et que, par conséquent. on ne
pouvait supposer que Liprani fût à Menton,
pendant que ses compagnons faisaient voile
vers la Nouvelle-Calédonie.
il avait raison 1 '<
Il avait raison' hier, mais ce matin.
Qu'est-il donc survenu ?
La confirmation pure et simple de'
soupçons de Valentine.
Comment cela? • -••̃
Ce matin, en effet, on a appris qu au mo-
ment de l'embarquement, trois forçats avaienf
réussi à s'évader., • >
Et parmi les forçats?
LeprinceLipranifigureaupremierrang.
Il y eut un si.ence.
Tout le monde se regardait avec une sorte
de stupeur, et aucune des jeunes femmes
n'osait prendre la parole.
Cette situation pénible dura un instant.
Puis la frayeur générale s'évanouit peu a
peu, et une voix, encore mal afierjnie,, rom,-
pit le silence. nr^A*-
J'admets, disait cette voix, que M
dernier se soit, après son évasion, dirige au
côté de Menton, c'est-à-dire qu'il ait pris la
route d'Italie. mais je ne vois pas qu. il y ait
rien à redouter pour nous, et je suppose
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