Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 27 février 1874 27 février 1874
Description : 1874/02/27 (Numéro 4081). 1874/02/27 (Numéro 4081).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592116n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Ee Petit <3bu£ïia!
3
Pourquoi vous sauvez-vous? cria le gar-
dien Bélat:
L'un "des deux individus s'ar-r-êta, tira de
sa b]ous^ une. arme q,ue les, gardiens, prirent
Laissez-nous nous sauver, dit-il ou je
vous tue. Et ils prirent la, fuite.
Comme ils continuèrent à fuir malgré les
sommations des agents, ceux-ci leur tirè-
rent des coups de pistolet dans les jambes.
L'un d'eux tomba, l'autre disparut.
Les habitants du quartier, réveillés par le
bruit, semirent aux fenêtres ou descendirent.
On transporta le blesse an poste rue des
Petites-Ecuries. Le docteur Tinébault lui
donna les soins nécessaires. La balle, entrée
sous le mollet, était était sortie par le tibia.
D'après la déclaration du blessé, il est ar-
rivé depuis trois jours du Havre. Il avait bu
et s'était diverti au bal des Folies-Méricourt,
avec les trois individus qu'il prétend ne pas
connaître. C'est lui qui a menacé les agents
ayec le ciseau qu'on a trouvé sur lui.
lia déjà suhi deux condamnations pour
vol, coups et blessures. Il n'a pas voulu
avouer pourquoi il rôdait avec son monsei-
gneicr une heure si tardive.
Cet homme a été transporté àLariboisière.
PETITES NOUVELLES
Un décret du président de la République règle
Ja nomination des maires et adjoints en Algérie.
Dini£inclie proshaki, diner de 80 couverts au
ministère des affaires étrangères.
Il est question d'établir une poste pneumati-
que entre Paris et Versailles, au moyen d'un tube
souterrain de 15 centimètres de diamètre.
L'exposition des travaux des élèves de l'Ecole
municipale de dessin pour les jeunes filles, est ou-
verte jusqu'à.samedi, de 1 h. à 4 Il., rue Sainte-
Elisabeth, 12. Rentrée des classes, le 2 mars.
rzr Aujourd'hui à 1 h., sermon de charité, à
Sainte-Clotilde, en faveur des prisonnières libérées.
»=̃ Les électeurs du canton de Canisy (Manche)
srfnt çquTpqiîés pour le dimanche 15 mars, à l'effet
d'élire leur représentant au conseil général.
M. Beaune, avocat général près la cour d'ap-
pel de Dijon, est nommé procureur général près la
cour d'appel d'Alger. •
t> Le choléra est enfm en décroissance à Munich.
PARIS
La température continue à être assez clé-
ment. yier à deux heures, le thermomètre
morguait 10 degrés au-dessus de zéro.
Par- décret sont nommés
Président de chambre à la cour d'appel de
Paris, M. Etignard de là Faulotte, conseiller
à la même cour, en remplacement de M.
Pasquier, décédé.
Conseilleur à la cour d'appel de Paris, M.
Violais, président de chambre à la cour d'ap-
pel de Oaen..
Les dernières dépêches du Creuzot relati-
ves à l'état de santé dé M. Schneider sont
moins satisfaisantes que les précédentes.
L'honorable directeur du grand établisse-
ment métallurgique a éprouve une rechute.
La boxe est certainement un exercice sa-
lutaire, mais il faut l'employer en temps et
lieux convenables, et non comme un jeune
Anglais qui,avec un camarade, frappait à mi-
nuit chez un marchand de vin de la rue
Pûnthieu.
Le marchand ouvrit, les deux camarades
entrèrent comme une trombe et demandèrent
à. boire. Le marchand leur montra la pen-
dulè et refusa.
L'Anglais, quoique sachant très bien le
français, répondit par un vigoureux coup de
poing qui envoya le marchand rouler à dix
pas, puis iI voulut s'en aller.
Mais le bruit avait attiré d'abord un cocher
qui intercepta le passage, puis un gardien de
la paix.
Celui-ci eut de la peine à maîtriser le jeune
LE ROI DECORSE
!», 2'PABÏIE.-«S RIVALES
du roi de Corse
C'était Frédéric de Lewen qui attendait au
salon d'honneur les demoiselles de Leschel-
les. Il ne put retenir, à la vue de Renée, un
mouvement de surprise et d'admiration puis
il s'inclina profondément devant elle:
Madame! dit-il.
La supérieure connaissait déjà'le but du
message, car elle avança un fauteuil à Renée,
et se retira.
Marianne s'assit auprès de sa soeur; Frédé-
ric resta debout, jusqu'à ce que Renée l'invi-
'Vous êtes, je crois, monsieur, dit la
jeune fille la première, 'le neveu de Théo-
doré Ier
cet honneur, madame, et cet autre,
ajouta-t-il, d'être chargé par sa majesté d'un
message important auprès de vous.
Soyez le bienvenu, monsieur, pour vo-
tre oncle et pour vous:
Marianne restait interdite devant l'aisance
et la dignité gracieuse de sa soeur. Elle se
oui jouait
homme, qui fut finalement conduit au violon
on il aura difficilement trouvé boxer.
Par une décision, en date du février, le
président de la République a commué la
peine de mort, prononcée par la cour d'assi-
ses de la Seine le 24 janvier dernier contre
Moignon, en celle des travaux forcés à perpé-
'Ordre a, été transmis au parquet, afin qu'en
audience publique lecture des lettres de
grâces, soit donnée au condamné.'
Un employé de commerce qui demeure à
Colombos, était parti hier soir de la gare'
11 était mouté sur l'impériale. Un peu
avant d'arriver sous le pont de Batiguollès,
il eut l'imprudence de se pencher en dehors,
et sa tête donna contre l'angle du pont. Il fut
grièvement blessé.
Après avoir reçu les soins n'un médecin
de la Compagnie, il a été conduit à l'hospice
Beaujon. Son état est très grave..
Vers trois heures, hier, un ouvrier tra'
vaillant à la nouvelle mairie de Passy, a été
grièvement blessé par un madrier d'un poids
énorme qui lui est tombé sur la tête. Après
avoir reçu les premiers soins à la pharmacie
de la rue de la Pompe, par le docteur Conan,
le lilessé a, été porté à son domicile. On'es-
père le sauyer.
Le même jour, un magnifique cheval de
selle, monté par un palfrenier, s'est emporté
sur le boulevard de l'Empereur. Ils'estabattu
contre un arbre, et s'est tué raide. Le cava-
lier a sauté à temps sur la piste et n'a pas
été blessé.
REVuI~DES THÉiTREaj
L'Odéon vient de reprendre la Vie de Bohême, dont
il fait alterner les représentations avec celles du
Marcjuisde Villemer. Ces deux ouvrages seront bien-
t6t remplacés par la Jeunesse de ̃̃ Inouïs. J/F, dont les
répétitions touchent à leur terme.
X Le suepès, plus grand encore que la der-
nière fais, obtenu dimanche, à la Porte-Saint-
Martin, par la conié'rcnce de M. Legouyé sur Scribe,
avait doilné à penser qu'une nouvelle répétition de
cette conférence aurait lieu, mais M. Legouvé n'a
point voulu, consentir il la promettre à JV1. JjSallande.
Dimanche prochain, on jouera le Dépit amoureux,
comédie en cinq actes de Molière, précédé d'une con-
férence par Francisque Sarcey,
X Il y a quelques jours, un fait assez bizarre s'est
passé au petit tlisâtre La Bourdonhaye, qui était
absolument plein. Parmi les pièces qui composaient
le spectacle, figuraient la Tasse de thé et le Bourreau
des' crânes. Mais après avoir attendu longtemps le
lever du rideau sur la première de ces pièces, le
public, qui commençait avec juste raison a s'impa-
tienter, fat prévenu que Mlle Jeanne Valbelle, un
des premiers sujets de la troupe,ne s'étant pointren-
due au théâtre, la représentation ne pouvait conti-
nuer, iL moins que l'on ne voulût bien accepter
qu'une autre actrice lût ses rôles.
Le .public n'hésita guère la Tgsse de ihH et le
Bourreau des crânes furent joués avec une artiste
tenant la brochure il la main, et n'en eurent pas
pour cela moins de succès. charles darcouçs.
L'AFFAIRE
DE LA BASTIDE-BESPUS
SOUVENIR JUDICIAIRE
XIX
Dans la même minute, deux incidents se
produisirent avec une incroyable rapidité.
L'homme masqué, à la faveur de l'anxiété
qui détournait de lui toute attention, s'es-
quiva sans qu'un regard s'attachât à ses pas.
L'hercule se releva, jeta autour de l'arène
un coup d'œil prompt comme l'éclair et bon-
dit vers le point où le cri s'était fait en-
tendre.
La femme évanouie était piétinée par la
foule, tant avait été imprévoyante la célérité
des secours.
On s'entassait, on s'étouilait auprès d'elle.
Peut-être en réveillant dans ses membres
engourdis la sensation de la douleur, cet
écrasement levait-il réussir à la tirer de sa
torpeur mieux que ne l'eussent fait des soins
délicats. Toujours est-il qu'au moment où
Audouy parvenait à ses côtés, la malheu-
reuse recouvrait ses sens.
une heure plus tot sur la pelouse. La trans-
formation était complète. Renée, devenue
instantanément femme du monde, était à la
hauteur de cette fortune etdecerangqu'elle
avait tant rêvé.
Ce lut elle qui présenta son aînée à l'am-
bassadeur de son futur époux.
Frédéric lui remit la lettre royale, et se
retira.
Sa majesté, dit-il, ma donné l'ordre de
me présenter une deuxième fois devant vous
dans trois jours, si tel est votre bon plaisir.
M'accordez-vous, madame, cet honneur d'o-
béir au roi de Corse!
Les ordres du roi sont les miens, mon-
Renée tendit la main à Frédéric, qui la
baisa avec un prbfond respect, et salua Ma-
CHAPITRE II
Ou Ee, roi de France reconnaît
le roi de «Cojr>§e
La lettre volumineuse de Théodore n'était
autre chose qu'un compte rendu exact de ses
travaux, depuis son arrivée dans l'île. Il ne
voulait pas tromper mademoiselle de Les-
chelles; il l'initiait aux difficultés vaincues,
et aux obstacles à vaincre encore. Il se mon-
1 trait plein de foi dans l'avenir, d'amour pour
le peuple qu'il voulait Taire libre, et de con-
i fiance dans la parole donnée par plusieurs
gouvernants de l'Europe. A
Le saltimbanque poussa une exclamation,
en reconnaissant la maîtresse qu'il avait aban-,
donnée depuis que son cœur appartenait
Madeleine. C'était une fille assez laide, Maria
Delmas, lingèré de son état.
Pendant'que, lentement, le public s'écou-
lait, il se passa entra elle et lui une de ces
scènes intimes auxquelles n'a pas a s'attar-
dërle narrateur,' parce que partout et en tout
temps le'fond en est le même Amers repro-
ches delà délaissée, explications embarrassées
de l'amant.
Maria Deimas se résigna, à la retraite, sur
çe^té exhortation d'Audouy. '<
Retourne à Fôix; je t'y rejoindrai sous
peu de jours..
L'hercule avait besoin d'être seul. Sa pen-
sée s'en allait' vers Madeleine enveloppée
d'un linceul de mort son ëœùr battait à se
rompre; il lui semblait, en l'écoutant, enten-
dre le glas de sa conscience ilsentaitplaner
sur son 'front le châtiment avant la faute. Le
remords précédait le crime.
Et il ne cherchait pas a seçouer ce suaire
sanglant; à arracher, eut-il du emporter des
lambeaux de sa propre chair, cette robe de
Nessus sous laquelle son corps se consumait
comme jadis celui d'un autre Hercule;
conjurer la fatalité en implorant le Dieu
qui soutient les faibles, guide les incons-
cients, ranime les désespérés.
Il ne savait que maudire son coupable
amour, gémir sur l'opprobre du lendemain,
et, instrument passit, s'abandonner, lâche-
ment aux scélérats qui le tenaient à leur
merci. « Madeleine périrait sous leurs coups,
répétait-il. Il le faut!)) Oh! pourquoi fa-
vait-il connue?
Si quelque indiscret, à ce moment, eût ap-
pliqué son oeil entre deux planches de la ba-
raque, il eût pu voir, pleurant et labourant
sa poitrine de ses ongles, le baladin dont les
lazzis, une heure avant, mettaient là foule en
gaieté.
Une transformation d'un autre genre s'é-
tait opérée chez le lutteur noir.
Le vainqueur d'Audouy avait gagné préci-
pitamment un cabaret du voisinage, dé-
pouillé sa défroqué de combat pour repa*
raître sous les traits de Latour, et payé, 'au
comparse dont il avait usurpé le rôle, le prix
de sa complaisançe.
Puis, le iorçat s'était hâté de quitter Saint-
Girons ou l'on eût pu le reconnaître, car il
était originaire de l'arrondissement.
Le ciel était noir, l'air tourbillonnait gla-
cial, la neige tombait dru; le repris de jus-
tice, qui ne voulait rien livrer a.u hasard,
aima mieux cependant errer à l'aventure,
que de se retrouver à proximité de La Bas-
tide-Besplas avant 'd'avoir mûri son horrible
plan.
Aussi, le 19, le vit-en dans les environs de
Toulouse, à Fonsegrives; le 20, retournant
sur ses pas, il se montrait à Cazerès; le 21, a
Mauran le 22, il regagnait Montesquieu et
passait la soirée au café Auban, où il fut
rejoint par Grimace.
Le 23, l'ardoisier rencontrait son complice*
à Fornex. De Fornex, hameau construit au
sommet d'une colline qui domine la vallée
de l'Arize, la vue embrasse en ses moindres
reliefs le château de Baillard. Le pailler de
Thouars mettait Latour à quatre kilomètres
et demi de La Bastide la position de For-
nex réduisait la distance à deux kilomètres
environ.
A quelque cent pas du hameau, le bandit
s'était pratiqué un refuge dans un champ
dîajonçs, sous un dôme de lianes entrela-
cées, à l'abri de la pluie, à l'abri des regards.
Grimaéeexhiba unpaquet et mita jour deux;
de ces haches à manche court, âlàme évasée,
dont le dos se rétrécit en forme de marteau.
Choisais, dit-il froidement.
Latour prit au hasard l'un des deux hache-
reaux, le soupesa du manche et de la lame,
comme pour s'assurer qu'il était bien en
main, et, le faisant disparaître dans les pro-
fondeurs de son cabas
Admirable I prononça-t-il, avec un rica-
nement cynique.
Quand reviendrai-je? interrogera l'ar-
doisier.
Ne te risques plus, ordonna le repris de
Suivait une déclaration chaleureuse et di-
gne de son amour, et l'offre de son trône.
Renée ne vit, ne comprit que cela. Elle lut
légèrement l'histoire de ces insulaires, sur
lesquels cependant on l'atjpelait a régner,
tandis que ces détails éveillaient l'intérêt et
la symp >.thie de sa sœur.
Cet homme est grand, murmura Ma-
rianne quand elle eut achevé cette lecture.
On est forcé de l'avouer.
Cependant, elle tint parole à Robert de Til-
lemant, et chercha à détourner sa sceur de ce
mariage royal. Quelle que fût la bonne vo-
ldrité- de '1 Iiéôd6re, une royauté si nouvelle
devait être soumise à toutes sortes de hasards,
dont elle aurait voulu éloigner Renée. Mais
elle prenait une peine inutile: soit que la
jeune fille fùt vraiment ambitieuse/soit.que
la prédiction de la sybille de Ghevreuse in-
fluençat ses résolutions, par une sorte de fa-
talisme facile aux natures crédulés, Renée
ne voulût pas réfléchir, et force fut à l'aînée
de se résigner, quels que fussent ses pressen-
timents.
Il lui restait un espoir: les nouvelles delà
cour de France, que devait lui apporter Ro-
bert.
Le chevalier de Tillemant revint à Port-
Royal découragé, abattu, malheureux. Ma-
dame de Pompadour avait pris le roi de Corse
sous sa protection, et Louis XV avait reçu
intéressaient la favorite et amusaient son en-
jauyé et royal amant: sa cause était gagnée.
justice; notre sort, maintenant, dépend de
Pélagie. Regarde chaque soir du côté de
Fornex; quand la flamme luira au bord de la
montagne, accours.
Serons-nous en nombre?
Heu. Il me semble. à tr<)is.
 tout hasard, j'amènerai du renfort;
ne crains rien. uii gaillard solide, sur qui
on peut compter. A quand le coup ?
Jeudi, sans doufe. Le jeudi m'a tou-
jours porté bonheur
Ce dialogue sinistre s'échangeait un mardi.
Le lendemain,2!1, à la brune, Latour accom-
plit encore le trajet de Montesquieu et
acheta chez Macarry, pour la dernières fois,
sa ration quotidienne de pain.
Le forçat espérait, l'après-midi du. jeudi,
rencontrer au château Pélagie seule avec la
vieille Raymonde.
Il s'aperçut qu'il se trompait, lorsqu'après
s'être glissé jusque vers la cour, il se trouva
tout d'un coup face à face avec Marie Dedieu
et sa tante.
La femme de charge fut impuissante à re-
tenir un cri de joie. C'était lui! Il revenait,
L'autre, l'ouvrière, fronçait le sourcil
=.encore vous! ne put-élle s'empêcher de
dire..
̃– Je passais, bégaya le forçat, j'ai voulu
donner ici un bonjour. Qui sait quand ce
pays me reverra!
Tout en parlant, et comme par contenance,
il râtelait ses favoris du petit peigne noir
qu'il portait constamment en poche.
On causa un instant. Laissant en arrière
sa nièce, la servante fit mine de reconduire
son visiteur. Dès qu'ils eurent marché quel-
Ce soir, à dix heures, à la porte du jar-
din, prononça vivement le forçat 'à voix basse.
"et comme Corbeau, tout inquiet, grondait
et renâclait, le misérable ajouta
Il faut éloigner ce chien.
La nuit vint.
Comme dix heures sonnaient à La Bastide
Lçîtoùr pénétrait au château par l'entrée du
jardin, que venait d'ouvrir Pélagie. *•
'Il saisit par le bras la gouvernante qui
tremblait, et se penchant à son oreille, dans
l'obscurité du corridor
J'ai cru voirLacanal épier mon pa,ssage;
vous ne devez pas être soupçonnée-. Coures
à l'écurie' J'attends. v T
Elle obéit.
Le bandit, resté seul, se déchaussa.
Et, pieds nus, il franchit l'escalier dû pfS'
mier étage.
Pendant ee temps, sur les sommets de
Fornex.une haute flambée de bois, mort acte-*
vait de se consumer.
{Là suite à demain) a'i. daisème*1
CONSEIL HYGIÉNIQUE A NQS LECTEURS
Où découvert récemment que les inalâ-'
dies de l'estomac, qu'on croyait très différen-
tes, ne tiennent qu'à une cause unique, et
cette cause qui siége dans le nerf pneumo-
gastrique est rapidement détruite par la pou-
are de Beasifort, qu'on trouve pharmacie
Pénilleaù, 148, rue Saint-Dominique, Paris,
Envoiftanco pour 5 fr.
LES MALADIES RÉGNANTE^
LES LARYNGITES
Déguisé sous. les sourires menteurs du
faux printemps dont nous jouissons, un
souffle malfaisant vient de passer sur Pans,
et voilà que de. Montmartre à la Glacière, on
s'enroue, on tousse; on parle du nez
Le mal, cette fois, nous prend à la gorge
et les belles imprudentes dont une chaude
fourrure ne protège point, à la sortie du
théâtre ou du bal, les délicates épaules, sen-
tent bientôt se poser sur leur poitrine une
griffe de-feu.
Menacés par le chat qui les guette, les
voix les plus sympathiques aux Parisiens
hésitent à'se faire entendre; les théâtres iy-;
riaues enveloppent d'ouate leurs ténors, et
ont fait quelque bruit dans les gazettes.
Frédéric eut même à la cour un succès tcf
manesquo les dames voulurent le voir, et il
fut reçu en petit comité, dans la réunion in'
time du roi chez sa maîtresse.
Le roi de Corse; après s'être emparé ûa^
iacciô, où lui et son neveu avaient fait des
prodiges, avait établi sa cour dans cette ville.
Là il fit en quelques jours plusieurs lois sa-
ge! et régla l'étiquette; il établit l'ordre de
là Délivrance, se créa une nouvelle noblesse.
Puis il fit battre monnaie.
Ce dernier acte fut un brillant coup do
commerce. LamonnaieCorse, mîseàlamode,
fit le tour de l'Europe; on la youlaitpartout,
et on la payait fort cher..
A la cour de France, cela devint une to-
quade de la cour, la mode passa dans la
bourgeoisie et jusque dans le peuple; cha-
I cun voulait avoir dans sa poche 1 effigie de
Théodore premier.
Cet engouement pour un petit monarque
qui ne lui portait pas- ombrage faisait rire
Louis XV, et la favorite savait gré à l'a,ven-
turier de distraire ainsi le roi maussade,
qu'elle ne pouvait guérir du spleen.
Frédéric lui avaifofiert, de la part de son
oncle et vénéré maître, un cadeau vraiment
roval; c'était une magnifique parure en co-
rail blanc-rosé, alors très rare, dont chaque
pièce avait un brillant pour attache.
Lafavorite ne dédaignait pas ces attentions;
elles lui pouvaient qu'elle tenait le sceptre »
et ou'on le savait :Dieu.
3
Pourquoi vous sauvez-vous? cria le gar-
dien Bélat:
L'un "des deux individus s'ar-r-êta, tira de
sa b]ous^ une. arme q,ue les, gardiens, prirent
Laissez-nous nous sauver, dit-il ou je
vous tue. Et ils prirent la, fuite.
Comme ils continuèrent à fuir malgré les
sommations des agents, ceux-ci leur tirè-
rent des coups de pistolet dans les jambes.
L'un d'eux tomba, l'autre disparut.
Les habitants du quartier, réveillés par le
bruit, semirent aux fenêtres ou descendirent.
On transporta le blesse an poste rue des
Petites-Ecuries. Le docteur Tinébault lui
donna les soins nécessaires. La balle, entrée
sous le mollet, était était sortie par le tibia.
D'après la déclaration du blessé, il est ar-
rivé depuis trois jours du Havre. Il avait bu
et s'était diverti au bal des Folies-Méricourt,
avec les trois individus qu'il prétend ne pas
connaître. C'est lui qui a menacé les agents
ayec le ciseau qu'on a trouvé sur lui.
lia déjà suhi deux condamnations pour
vol, coups et blessures. Il n'a pas voulu
avouer pourquoi il rôdait avec son monsei-
gneicr une heure si tardive.
Cet homme a été transporté àLariboisière.
PETITES NOUVELLES
Un décret du président de la République règle
Ja nomination des maires et adjoints en Algérie.
Dini£inclie proshaki, diner de 80 couverts au
ministère des affaires étrangères.
Il est question d'établir une poste pneumati-
que entre Paris et Versailles, au moyen d'un tube
souterrain de 15 centimètres de diamètre.
L'exposition des travaux des élèves de l'Ecole
municipale de dessin pour les jeunes filles, est ou-
verte jusqu'à.samedi, de 1 h. à 4 Il., rue Sainte-
Elisabeth, 12. Rentrée des classes, le 2 mars.
rzr Aujourd'hui à 1 h., sermon de charité, à
Sainte-Clotilde, en faveur des prisonnières libérées.
»=̃ Les électeurs du canton de Canisy (Manche)
srfnt çquTpqiîés pour le dimanche 15 mars, à l'effet
d'élire leur représentant au conseil général.
M. Beaune, avocat général près la cour d'ap-
pel de Dijon, est nommé procureur général près la
cour d'appel d'Alger. •
t> Le choléra est enfm en décroissance à Munich.
PARIS
La température continue à être assez clé-
ment. yier à deux heures, le thermomètre
morguait 10 degrés au-dessus de zéro.
Par- décret sont nommés
Président de chambre à la cour d'appel de
Paris, M. Etignard de là Faulotte, conseiller
à la même cour, en remplacement de M.
Pasquier, décédé.
Conseilleur à la cour d'appel de Paris, M.
Violais, président de chambre à la cour d'ap-
pel de Oaen..
Les dernières dépêches du Creuzot relati-
ves à l'état de santé dé M. Schneider sont
moins satisfaisantes que les précédentes.
L'honorable directeur du grand établisse-
ment métallurgique a éprouve une rechute.
La boxe est certainement un exercice sa-
lutaire, mais il faut l'employer en temps et
lieux convenables, et non comme un jeune
Anglais qui,avec un camarade, frappait à mi-
nuit chez un marchand de vin de la rue
Pûnthieu.
Le marchand ouvrit, les deux camarades
entrèrent comme une trombe et demandèrent
à. boire. Le marchand leur montra la pen-
dulè et refusa.
L'Anglais, quoique sachant très bien le
français, répondit par un vigoureux coup de
poing qui envoya le marchand rouler à dix
pas, puis iI voulut s'en aller.
Mais le bruit avait attiré d'abord un cocher
qui intercepta le passage, puis un gardien de
la paix.
Celui-ci eut de la peine à maîtriser le jeune
LE ROI DECORSE
!», 2'PABÏIE.-«S RIVALES
du roi de Corse
C'était Frédéric de Lewen qui attendait au
salon d'honneur les demoiselles de Leschel-
les. Il ne put retenir, à la vue de Renée, un
mouvement de surprise et d'admiration puis
il s'inclina profondément devant elle:
Madame! dit-il.
La supérieure connaissait déjà'le but du
message, car elle avança un fauteuil à Renée,
et se retira.
Marianne s'assit auprès de sa soeur; Frédé-
ric resta debout, jusqu'à ce que Renée l'invi-
'Vous êtes, je crois, monsieur, dit la
jeune fille la première, 'le neveu de Théo-
doré Ier
cet honneur, madame, et cet autre,
ajouta-t-il, d'être chargé par sa majesté d'un
message important auprès de vous.
Soyez le bienvenu, monsieur, pour vo-
tre oncle et pour vous:
Marianne restait interdite devant l'aisance
et la dignité gracieuse de sa soeur. Elle se
oui jouait
homme, qui fut finalement conduit au violon
on il aura difficilement trouvé boxer.
Par une décision, en date du février, le
président de la République a commué la
peine de mort, prononcée par la cour d'assi-
ses de la Seine le 24 janvier dernier contre
Moignon, en celle des travaux forcés à perpé-
'Ordre a, été transmis au parquet, afin qu'en
audience publique lecture des lettres de
grâces, soit donnée au condamné.'
Un employé de commerce qui demeure à
Colombos, était parti hier soir de la gare'
11 était mouté sur l'impériale. Un peu
avant d'arriver sous le pont de Batiguollès,
il eut l'imprudence de se pencher en dehors,
et sa tête donna contre l'angle du pont. Il fut
grièvement blessé.
Après avoir reçu les soins n'un médecin
de la Compagnie, il a été conduit à l'hospice
Beaujon. Son état est très grave..
Vers trois heures, hier, un ouvrier tra'
vaillant à la nouvelle mairie de Passy, a été
grièvement blessé par un madrier d'un poids
énorme qui lui est tombé sur la tête. Après
avoir reçu les premiers soins à la pharmacie
de la rue de la Pompe, par le docteur Conan,
le lilessé a, été porté à son domicile. On'es-
père le sauyer.
Le même jour, un magnifique cheval de
selle, monté par un palfrenier, s'est emporté
sur le boulevard de l'Empereur. Ils'estabattu
contre un arbre, et s'est tué raide. Le cava-
lier a sauté à temps sur la piste et n'a pas
été blessé.
REVuI~DES THÉiTREaj
L'Odéon vient de reprendre la Vie de Bohême, dont
il fait alterner les représentations avec celles du
Marcjuisde Villemer. Ces deux ouvrages seront bien-
t6t remplacés par la Jeunesse de ̃̃ Inouïs. J/F, dont les
répétitions touchent à leur terme.
X Le suepès, plus grand encore que la der-
nière fais, obtenu dimanche, à la Porte-Saint-
Martin, par la conié'rcnce de M. Legouyé sur Scribe,
avait doilné à penser qu'une nouvelle répétition de
cette conférence aurait lieu, mais M. Legouvé n'a
point voulu, consentir il la promettre à JV1. JjSallande.
Dimanche prochain, on jouera le Dépit amoureux,
comédie en cinq actes de Molière, précédé d'une con-
férence par Francisque Sarcey,
X Il y a quelques jours, un fait assez bizarre s'est
passé au petit tlisâtre La Bourdonhaye, qui était
absolument plein. Parmi les pièces qui composaient
le spectacle, figuraient la Tasse de thé et le Bourreau
des' crânes. Mais après avoir attendu longtemps le
lever du rideau sur la première de ces pièces, le
public, qui commençait avec juste raison a s'impa-
tienter, fat prévenu que Mlle Jeanne Valbelle, un
des premiers sujets de la troupe,ne s'étant pointren-
due au théâtre, la représentation ne pouvait conti-
nuer, iL moins que l'on ne voulût bien accepter
qu'une autre actrice lût ses rôles.
Le .public n'hésita guère la Tgsse de ihH et le
Bourreau des crânes furent joués avec une artiste
tenant la brochure il la main, et n'en eurent pas
pour cela moins de succès. charles darcouçs.
L'AFFAIRE
DE LA BASTIDE-BESPUS
SOUVENIR JUDICIAIRE
XIX
Dans la même minute, deux incidents se
produisirent avec une incroyable rapidité.
L'homme masqué, à la faveur de l'anxiété
qui détournait de lui toute attention, s'es-
quiva sans qu'un regard s'attachât à ses pas.
L'hercule se releva, jeta autour de l'arène
un coup d'œil prompt comme l'éclair et bon-
dit vers le point où le cri s'était fait en-
tendre.
La femme évanouie était piétinée par la
foule, tant avait été imprévoyante la célérité
des secours.
On s'entassait, on s'étouilait auprès d'elle.
Peut-être en réveillant dans ses membres
engourdis la sensation de la douleur, cet
écrasement levait-il réussir à la tirer de sa
torpeur mieux que ne l'eussent fait des soins
délicats. Toujours est-il qu'au moment où
Audouy parvenait à ses côtés, la malheu-
reuse recouvrait ses sens.
une heure plus tot sur la pelouse. La trans-
formation était complète. Renée, devenue
instantanément femme du monde, était à la
hauteur de cette fortune etdecerangqu'elle
avait tant rêvé.
Ce lut elle qui présenta son aînée à l'am-
bassadeur de son futur époux.
Frédéric lui remit la lettre royale, et se
retira.
Sa majesté, dit-il, ma donné l'ordre de
me présenter une deuxième fois devant vous
dans trois jours, si tel est votre bon plaisir.
M'accordez-vous, madame, cet honneur d'o-
béir au roi de Corse!
Les ordres du roi sont les miens, mon-
Renée tendit la main à Frédéric, qui la
baisa avec un prbfond respect, et salua Ma-
CHAPITRE II
Ou Ee, roi de France reconnaît
le roi de «Cojr>§e
La lettre volumineuse de Théodore n'était
autre chose qu'un compte rendu exact de ses
travaux, depuis son arrivée dans l'île. Il ne
voulait pas tromper mademoiselle de Les-
chelles; il l'initiait aux difficultés vaincues,
et aux obstacles à vaincre encore. Il se mon-
1 trait plein de foi dans l'avenir, d'amour pour
le peuple qu'il voulait Taire libre, et de con-
i fiance dans la parole donnée par plusieurs
gouvernants de l'Europe. A
Le saltimbanque poussa une exclamation,
en reconnaissant la maîtresse qu'il avait aban-,
donnée depuis que son cœur appartenait
Madeleine. C'était une fille assez laide, Maria
Delmas, lingèré de son état.
Pendant'que, lentement, le public s'écou-
lait, il se passa entra elle et lui une de ces
scènes intimes auxquelles n'a pas a s'attar-
dërle narrateur,' parce que partout et en tout
temps le'fond en est le même Amers repro-
ches delà délaissée, explications embarrassées
de l'amant.
Maria Deimas se résigna, à la retraite, sur
çe^té exhortation d'Audouy. '<
Retourne à Fôix; je t'y rejoindrai sous
peu de jours..
L'hercule avait besoin d'être seul. Sa pen-
sée s'en allait' vers Madeleine enveloppée
d'un linceul de mort son ëœùr battait à se
rompre; il lui semblait, en l'écoutant, enten-
dre le glas de sa conscience ilsentaitplaner
sur son 'front le châtiment avant la faute. Le
remords précédait le crime.
Et il ne cherchait pas a seçouer ce suaire
sanglant; à arracher, eut-il du emporter des
lambeaux de sa propre chair, cette robe de
Nessus sous laquelle son corps se consumait
comme jadis celui d'un autre Hercule;
conjurer la fatalité en implorant le Dieu
qui soutient les faibles, guide les incons-
cients, ranime les désespérés.
Il ne savait que maudire son coupable
amour, gémir sur l'opprobre du lendemain,
et, instrument passit, s'abandonner, lâche-
ment aux scélérats qui le tenaient à leur
merci. « Madeleine périrait sous leurs coups,
répétait-il. Il le faut!)) Oh! pourquoi fa-
vait-il connue?
Si quelque indiscret, à ce moment, eût ap-
pliqué son oeil entre deux planches de la ba-
raque, il eût pu voir, pleurant et labourant
sa poitrine de ses ongles, le baladin dont les
lazzis, une heure avant, mettaient là foule en
gaieté.
Une transformation d'un autre genre s'é-
tait opérée chez le lutteur noir.
Le vainqueur d'Audouy avait gagné préci-
pitamment un cabaret du voisinage, dé-
pouillé sa défroqué de combat pour repa*
raître sous les traits de Latour, et payé, 'au
comparse dont il avait usurpé le rôle, le prix
de sa complaisançe.
Puis, le iorçat s'était hâté de quitter Saint-
Girons ou l'on eût pu le reconnaître, car il
était originaire de l'arrondissement.
Le ciel était noir, l'air tourbillonnait gla-
cial, la neige tombait dru; le repris de jus-
tice, qui ne voulait rien livrer a.u hasard,
aima mieux cependant errer à l'aventure,
que de se retrouver à proximité de La Bas-
tide-Besplas avant 'd'avoir mûri son horrible
plan.
Aussi, le 19, le vit-en dans les environs de
Toulouse, à Fonsegrives; le 20, retournant
sur ses pas, il se montrait à Cazerès; le 21, a
Mauran le 22, il regagnait Montesquieu et
passait la soirée au café Auban, où il fut
rejoint par Grimace.
Le 23, l'ardoisier rencontrait son complice*
à Fornex. De Fornex, hameau construit au
sommet d'une colline qui domine la vallée
de l'Arize, la vue embrasse en ses moindres
reliefs le château de Baillard. Le pailler de
Thouars mettait Latour à quatre kilomètres
et demi de La Bastide la position de For-
nex réduisait la distance à deux kilomètres
environ.
A quelque cent pas du hameau, le bandit
s'était pratiqué un refuge dans un champ
dîajonçs, sous un dôme de lianes entrela-
cées, à l'abri de la pluie, à l'abri des regards.
Grimaéeexhiba unpaquet et mita jour deux;
de ces haches à manche court, âlàme évasée,
dont le dos se rétrécit en forme de marteau.
Choisais, dit-il froidement.
Latour prit au hasard l'un des deux hache-
reaux, le soupesa du manche et de la lame,
comme pour s'assurer qu'il était bien en
main, et, le faisant disparaître dans les pro-
fondeurs de son cabas
Admirable I prononça-t-il, avec un rica-
nement cynique.
Quand reviendrai-je? interrogera l'ar-
doisier.
Ne te risques plus, ordonna le repris de
Suivait une déclaration chaleureuse et di-
gne de son amour, et l'offre de son trône.
Renée ne vit, ne comprit que cela. Elle lut
légèrement l'histoire de ces insulaires, sur
lesquels cependant on l'atjpelait a régner,
tandis que ces détails éveillaient l'intérêt et
la symp >.thie de sa sœur.
Cet homme est grand, murmura Ma-
rianne quand elle eut achevé cette lecture.
On est forcé de l'avouer.
Cependant, elle tint parole à Robert de Til-
lemant, et chercha à détourner sa sceur de ce
mariage royal. Quelle que fût la bonne vo-
ldrité- de '1 Iiéôd6re, une royauté si nouvelle
devait être soumise à toutes sortes de hasards,
dont elle aurait voulu éloigner Renée. Mais
elle prenait une peine inutile: soit que la
jeune fille fùt vraiment ambitieuse/soit.que
la prédiction de la sybille de Ghevreuse in-
fluençat ses résolutions, par une sorte de fa-
talisme facile aux natures crédulés, Renée
ne voulût pas réfléchir, et force fut à l'aînée
de se résigner, quels que fussent ses pressen-
timents.
Il lui restait un espoir: les nouvelles delà
cour de France, que devait lui apporter Ro-
bert.
Le chevalier de Tillemant revint à Port-
Royal découragé, abattu, malheureux. Ma-
dame de Pompadour avait pris le roi de Corse
sous sa protection, et Louis XV avait reçu
intéressaient la favorite et amusaient son en-
jauyé et royal amant: sa cause était gagnée.
justice; notre sort, maintenant, dépend de
Pélagie. Regarde chaque soir du côté de
Fornex; quand la flamme luira au bord de la
montagne, accours.
Serons-nous en nombre?
Heu. Il me semble. à tr<)is.
 tout hasard, j'amènerai du renfort;
ne crains rien. uii gaillard solide, sur qui
on peut compter. A quand le coup ?
Jeudi, sans doufe. Le jeudi m'a tou-
jours porté bonheur
Ce dialogue sinistre s'échangeait un mardi.
Le lendemain,2!1, à la brune, Latour accom-
plit encore le trajet de Montesquieu et
acheta chez Macarry, pour la dernières fois,
sa ration quotidienne de pain.
Le forçat espérait, l'après-midi du. jeudi,
rencontrer au château Pélagie seule avec la
vieille Raymonde.
Il s'aperçut qu'il se trompait, lorsqu'après
s'être glissé jusque vers la cour, il se trouva
tout d'un coup face à face avec Marie Dedieu
et sa tante.
La femme de charge fut impuissante à re-
tenir un cri de joie. C'était lui! Il revenait,
L'autre, l'ouvrière, fronçait le sourcil
=.encore vous! ne put-élle s'empêcher de
dire..
̃– Je passais, bégaya le forçat, j'ai voulu
donner ici un bonjour. Qui sait quand ce
pays me reverra!
Tout en parlant, et comme par contenance,
il râtelait ses favoris du petit peigne noir
qu'il portait constamment en poche.
On causa un instant. Laissant en arrière
sa nièce, la servante fit mine de reconduire
son visiteur. Dès qu'ils eurent marché quel-
Ce soir, à dix heures, à la porte du jar-
din, prononça vivement le forçat 'à voix basse.
"et comme Corbeau, tout inquiet, grondait
et renâclait, le misérable ajouta
Il faut éloigner ce chien.
La nuit vint.
Comme dix heures sonnaient à La Bastide
Lçîtoùr pénétrait au château par l'entrée du
jardin, que venait d'ouvrir Pélagie. *•
'Il saisit par le bras la gouvernante qui
tremblait, et se penchant à son oreille, dans
l'obscurité du corridor
J'ai cru voirLacanal épier mon pa,ssage;
vous ne devez pas être soupçonnée-. Coures
à l'écurie' J'attends. v T
Elle obéit.
Le bandit, resté seul, se déchaussa.
Et, pieds nus, il franchit l'escalier dû pfS'
mier étage.
Pendant ee temps, sur les sommets de
Fornex.une haute flambée de bois, mort acte-*
vait de se consumer.
{Là suite à demain) a'i. daisème*1
CONSEIL HYGIÉNIQUE A NQS LECTEURS
Où découvert récemment que les inalâ-'
dies de l'estomac, qu'on croyait très différen-
tes, ne tiennent qu'à une cause unique, et
cette cause qui siége dans le nerf pneumo-
gastrique est rapidement détruite par la pou-
are de Beasifort, qu'on trouve pharmacie
Pénilleaù, 148, rue Saint-Dominique, Paris,
Envoiftanco pour 5 fr.
LES MALADIES RÉGNANTE^
LES LARYNGITES
Déguisé sous. les sourires menteurs du
faux printemps dont nous jouissons, un
souffle malfaisant vient de passer sur Pans,
et voilà que de. Montmartre à la Glacière, on
s'enroue, on tousse; on parle du nez
Le mal, cette fois, nous prend à la gorge
et les belles imprudentes dont une chaude
fourrure ne protège point, à la sortie du
théâtre ou du bal, les délicates épaules, sen-
tent bientôt se poser sur leur poitrine une
griffe de-feu.
Menacés par le chat qui les guette, les
voix les plus sympathiques aux Parisiens
hésitent à'se faire entendre; les théâtres iy-;
riaues enveloppent d'ouate leurs ténors, et
ont fait quelque bruit dans les gazettes.
Frédéric eut même à la cour un succès tcf
manesquo les dames voulurent le voir, et il
fut reçu en petit comité, dans la réunion in'
time du roi chez sa maîtresse.
Le roi de Corse; après s'être emparé ûa^
iacciô, où lui et son neveu avaient fait des
prodiges, avait établi sa cour dans cette ville.
Là il fit en quelques jours plusieurs lois sa-
ge! et régla l'étiquette; il établit l'ordre de
là Délivrance, se créa une nouvelle noblesse.
Puis il fit battre monnaie.
Ce dernier acte fut un brillant coup do
commerce. LamonnaieCorse, mîseàlamode,
fit le tour de l'Europe; on la youlaitpartout,
et on la payait fort cher..
A la cour de France, cela devint une to-
quade de la cour, la mode passa dans la
bourgeoisie et jusque dans le peuple; cha-
I cun voulait avoir dans sa poche 1 effigie de
Théodore premier.
Cet engouement pour un petit monarque
qui ne lui portait pas- ombrage faisait rire
Louis XV, et la favorite savait gré à l'a,ven-
turier de distraire ainsi le roi maussade,
qu'elle ne pouvait guérir du spleen.
Frédéric lui avaifofiert, de la part de son
oncle et vénéré maître, un cadeau vraiment
roval; c'était une magnifique parure en co-
rail blanc-rosé, alors très rare, dont chaque
pièce avait un brillant pour attache.
Lafavorite ne dédaignait pas ces attentions;
elles lui pouvaient qu'elle tenait le sceptre »
et ou'on le savait :Dieu.
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